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'The search for truth even unto ils innermost parts'
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The biational Women's Comrnittee
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
TOME P REMI EU
IM'Or.lîAI'llIi; KIliMIN DIDOT. — MKS.Ml. (kIIII:).
BIOGRAPHIE
UNIVERSEIXK
DES MUSICIENS
ET
BIlJLIOi^RAPlHE GÉNÉRALE DE L\ MllSIOUE
00>0:;c«>
DEUXIÈME ÉDITION
ENVlÈRKMtNT REFONDUE ET AUGMENTÉE DE PLUS DE MOITIÉ
PAR F. J. "PETIS
MAITRE DE CHAPELLE DU KOI DES BELGES
iHniiCTElIll DU CONSERVATOIKE ROYAL DE MUS10"n DK IIRUXELLES, ETC.
TOME PREMIER
-C-g,i?:;^~^^^^S-ii.
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C"
IMPRIiMEURS DE l' INSTITUT, RLE JACOB, 56
1868
Tous droits réserves.
PREFACE
DE LA DEUXIÈME ÉDITION.
L'histoire de la musique a deux aspects également dignes d'in-
térêt : à l'un de ses points de vue, elle nous montre les éléments
de cet art coordonnés d'une manière systématique dès les premiers
âges du monde. Elle nous apprend que, pleins de reconnaissance
pour les émotions douces, consolatrices ou joyeuses qu'ils en rece-
vaient, les plus anciens habitants de la terre dont il reste des sou-
venirs ont donné à la musique une origine céleste. Partout dans
l'antiquité, nous la trouvons mêlée aux mythologies, aux cosmogo-
nies, aux théories les plus abstraites de la philosophie. Intimement
liée à la poésie , laquelle était toujours chantée , la musique nous
apparaît dans le monde habité comme l'expression caractéristique
de l'organisation physiologique des peuples , et comme le résultat
des climats sous lesquels ils vivaient, des circonstances qui les mo-
difiaient, et des phases de leur civilisation.
Le chant populaire est l'histoire vivante de la musique primitive
sur toute la surface de la terre ; il semble n'avoir eu d'autre auteur
que les peuples eux-mêmes. Il n'a rien d'individuel ; car il émane
d'un sentiment commun ; il est l'accent de la voix de tous ; enfin, il
est le fruit de l'inspiration collective. Chez toutes les nations, dans
l'Inde comme à la Chine, chez les populations arabes, dans la Grèce,
en Italie, chez les peuples germaniques et celtiques, le chant po-
pulaire, dont le chant religieux n'est qu'une forme, est en quelque
sorte l'histoire traditionnelle. Mélancolique ou joyeux, naïf ou pas-
sionné, il nous instruit de la situation politique et morale des hom-
mes chez lesquels il a pris naissance; il est toujours le produit d'une
idée générale, d'un sentiment unanime, ou de certaines croyances
qu'il transmet d'âge en âge.
Les progrès delà civilisation modifient les instincts populaires et
Eeferenoe:
91456
ij PRÉFACE
en altèrent l'originalité. Par degrés ;, les facultés de production
spontanée de poésie et de chant s'affaiblissent dans les masses : ce
moment est celui où les génies individuels commencent à se révé-
ler. L'art tend alors à se modifier, à prendre des formes plus régu-
lières, mais non d'une manière complètement indépendante. De cer-
taines idées, qui ne sont souvent que des préjugés, s'imposent à l'ar-
tiste et limitent l'essor de son imagination. Leur despotime est même
parfois si absolu, qu'il devient un obstacle invincible à l'introduc-
tion de l'art dans des voies meilleures. On en voit un exemple remar-
quable chez les Grecs, où la fausse doctrine de la stabilité de certains
principes erronés retint la musique hors de son domaine véritable. Il
fallut des siècles pour affranchir le monde de ces erreurs partagées
par les plus hautes intelligences , au nombre desquelles on remar-
que Platon, Aristote et Plutarque. Toutefois le temps fait toujours
son œuvre; des faits inconnus se révèlent; de faibles lueurs se font
apercevoir dans le lointain ; insensiblement la lumière devient
plus sensible; elle acquiert plus d'éclat et fait découvrir quelque
principe inconnu dont les conséquences sont la transformation de
l'art, ou même la création d'un art nouveau.
C'est ainsi que le principe de l'harmonie des sons simultanés,
méconnu de l'antiquité, comme je l'ai prouvé ailleurs (1), en dépit
de tout ce qui a été écrit dans ces derniers temps pour établir le con-
traire; c'est ainsi, dis-je, que ce principe s'est introduit dans la mu-
sique en Europe pendant les siècles de barbarie, s'y est développé,
épuré, pendant le moyen âge, et a donné naissance à l'art véritable ;
art pur, idéal, complet, existant par lui-même, et indépendant de
toute relation extérieure. Dès qu'il eut été découvert et compris, ce
principe devint la base de la musique; car il ne peut en être l'ac-
cessoire. Ses conséquences ne furent pas aperçues par ceux qui, les
premiers, en firent l'application : ils n'en firent qu'une chose bar-
bare dont notre oreille serait blessée, mais qui eut alors ses parti-
sans, à cause de sa nouveauté. De longues périodes de temps s'é-
coulèrent avant que l'application du principe s'améliorât; mais, par
(1) Voyez mon Mémoire sur t harmonie simultanée des sons chez les Grecs et
les Romains. Bruxelles, Muquardt-, Paris, Aubry, 1850, 1 vol. in-4".
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. iij
de lents progrès, il finit par se dégager de sa grossière enveloppe,
et, par les travaux de quelques hommes d'élite , il créa enfin Tart
des successions dans l'harmonie, ou^ ce qui est la même chose, l'ac-
cord de l'harmonie avec la tonalité. Dès ce moment (XV siècle) toutes
les conséquences de la constitution fondamentale de la musique ar-
rivèrent chacune à leur temps. Une carrière immense s'ouvrit de-
vant les artistes assez bien organisés pour faire les déductions suc-
cessives du principe. Le génie , le talent, se manifestèrent dans la
hardiesse de ces déductions et dans le bon emploi qu'on sut en
faire. Avec le temps, il en sortit des principes nouveaux et spéciaux,
dont les conséquences durent aussi se développer progressivement.
Le premier point de vue de l'histoire générale de la musique est
donc celui de l'art en lui-même, se créant, se développant, et se
transformant en vertu de principes divers, qui tour à tour se succé-
daient. Chacun de ces principes porte en lui toutes ses conséquences ;
et celles-ci sont découvertes périodiquement, par des hommes de
génie y dans un ordre logique que rien ne peut intervertir, et qui ,
lorsqu'il est bien observé, inspire autant d'étonnement que d'admi-
ration.
Cette histoire de l'art a été l'objet des études , des travaux d'une
grande partie de ma vie , et de plus de méditation encore que de
travail. Vingt fois je l'ai recommencée, lorsque je croyais connaître
mieux les causes des faits , et à mesure que mes aperçus devenaient
plus nets, plus simples, plus généraux. Si Dieu m'accorde le temps
nécessaire, je la publierai immédiatement après l'ouvrage dont je
donne aujourd'hui la deuxième édition; car l'âge m'avertit qu'il
faut me hâter et qu'il est temps de finir.
L'autre point de vue de l'histoire générale de la musique est celui
qui nous fait connaître la valeur des travaux des artistes, et delà part
de chacun d'eux dans les développements et dans les transforma-
tions de l'art. Cette autre partie de l'histoire, non moins digne
d'intérêt que la première, est l'objet de la Biographie universelle des
Musiciens. Je regrettais autrefois d'y avoir consacré trop de temps ;
je me félicite aujourd'hui d'en avoir donné beaucoup plus à l'amé-
lioration de cet ouvrage; car les tendances oublieuses de notre
époque imposent plus que jamais aux âmes courageuses et con-
a.
iv PRÉFACE
vaincues le devoir de protester contre le dédain de l'ignorance pour
ce qu'elle ne connaît pas , et de rappeler les titres du génie et du
talent à l'admiration universelle. Il y a déjà longtemps que j'ai en-
trepris cette tâche par mes concerts historiques^ et que j'ai démontré,
par l'exécution d'un choix d'oeuvres empruntées à toutes les époques
de l'art harmonique, cette vérité trop méconnue, que l'idée et le
sentiment, sous quelque forme qu'on les trouve, et quels que soient
les moyens employés pour leur expression, conservent dans tous les
temps leur signification et leur mérite. On peut ignorer l'exis-
tence des ouvrages qui ont cette valeur; mais on ne pourra jamais
les entendre sans qu'ils produisent leur effet. Mes efforts n'ont point
été infructueux ; car une réaction s'est opérée dans l'opinion en fa-
veur des belles œuvres du passé, et j'ai eu des imitateurs.
L'exactitude dans les faits, la sincérité, l'impartialité dans l'appré-
ciation du mérite, sont les devoirs principaux du biographe. La
sincérité, l'impartialité, ne sont pas cependant des garanties suffi-
santes de la justesse du jugement dans un art qui n'a de règle qu'en
lui-même et pour lequel la diversité de goût est le résultat du
tempérament autant que de l'éducation. Il faut quelque chose de
plus pour donner de l'autorité aux opinions sur la valeur des œu-
vres du musicien. Ce quelque chose, c'est la connaissance de tout
ce qui est du domaine de la musique. Les gens du monde n'avouent
pas volontiers la nécessité de cette connaissance pour l'appréciation
d'un art dont ils croient que les produits n'ont d'action que sur la
sensibilité. Il n'est pas nécessaire, en effet, de connaître pour éprou-
ver de la sympathie à l'audition d'une œuvre musicale et du dégoût
pour une autre ; mais ce sont-là des impressions bonnes pour ceux
qui les éprouvent et non des jugements. Comme appréciation du
mérite des ouvrages, elles n'ont aucune valeur.
Ce que j'appelle la connaissance n'est pas seulement le résultat
des études techniques : c'est aussi la philosophie de l'art, qui ne
s'acquiert que par l'étude bien faite de son histoire. Quelle place oc-
cupe dans cette histoire l'auteur d'une production quelconque ? A
quelle époque appartient-il? Quel est le caractère essentiel de son ta-
lent? Quel estTolyet de son œuvre? dans quel ordre d'idées l'a-t-il
conçue? Quelle était la direction de l'art avant lui ? Quelle modifi-
DE LA DKUXIÈMK ÉDITION. v
calions y a-l-il apportées? Que restè-t-il de lui depuis que d'autres
transformations se sont opérées? Voilà les questions qui se présen-
tent, pour chacun dans la biographie des artistes^ avant qu'on puisse
porter un jugement sain, équitable , de leur talent et de la valeur
de leurs œuvres : elles ne peuvent être résolues que par la connais-
sance suffisante de toutes les parties de l'art, et cette connaissance
doit être accompagnée d'un sentiment fin, délicat, énergique, d'une
grande expérience, et d'une disposition éclectique de l'esprit.
Un des plus grands obstacles à la justesse des jugements sur la
valeur des œuvres musicales se trouve dans la doctrine du progrès
appliquée aux arts. J'ai eu longtemps à lutter contre elle, et j'ai dû
supporter d'ardentes polémiques lorsque je soutenais que la musique
se transforme, etqu'elleneprogresse que dans ses éléments matériels.
Aujourd'hui, en présence de la situation de l'art dans toute l'Europe,
on n'ose plus m'opposer le progrès , et l'on garde un silence prudent.
Peut-être ne trouverais-je pas maintenant beaucoup d'adversaires si
je disais, selon ma conviction , que certaines choses, considérées
comme le progrès, sont en réalité la décadence. Par exemple,
le développement de la pensée d'une œuvre, dans certaines limites,
est, sans nul doute, une condition delà beauté ; mais, si l'on dépasse
le but, il y a divagation , et l'effet de la pensée première s'affaiblit.
Parvenue au point où elle est aujourd'hui, la manie du dévelop-
pement ne produit plus que fatigue et dégoût : c'est la décadence.
Le caractère de la grandeur fait naitre notre admiration ; nous le
trouvons élevé à sa plus haute puissance dans les œuvres de
Haendel, de Gluck, et delà deuxième époque de Beethoven ; mais le
gigantesque, le disproportionné, qu'on a voulu réaliser plus tard
dans certaines productions, sont des monstruosités qui indiquent
une époque d'égarement. La modulation élégante, inattendue,
lorsqu'elle n'est pas prodiguée, est une des richesses nées de la tona-
lité moderne : Mozart, ce modèle de la perfection , qu'il faut tou-
jours citer, y a puisé des effets admirables : mais multipliée à l'excès,
employée à chaque instant, pour déguiser la pauvreté de la pensée
mélodique, suivant la méthode de certains compositeurs, la modu-
lation équivaut à la monotonie , et devient un indice du dépérisse-
ment de l'art. Enfin, le coloris instrumental est une des plus belles
vj PRÉFACE
conquêtes de la musique moderne : ses développements ont été le
fruit du perfectionnement progressif des instruments et de l'inven-
tion de plusieurs nouveaux éléments de sonorité ; mais il ne faut
pas en abuser. Rien de trop dans les moyens pour l'artiste qui s'en
sert avec goût comme l'ornement d'une pensée belle d'inspiration
et d'originalité, et qui, dans la multitude d'effets possibles, sait
choisir et trouver à la fois le secret de la nuance propre et celui de
la variété; mais l'excès de l'instrumentation ; la fatigue qu'elle cause
par la réunion incessante de tous ses éléments ; le bruit, le fracas
toujours croissant de ses forces exagérées, dont l'oreille est assour-
die de nos jours, c'est la décadence, rien que la décadence, loin
d'être le progrès.
Disons-le donc avec assurance : la doctrine du progrès, bonne et
vraie pour les sciences comme pour l'industrie, n'a rien à faire dans
les arts d'imagination , et moins dans la musique que dans tout
autre. Elle ne peut donner aucune règle valable pour l'appréciation
du talent et des œuvres d'un artiste. C'est dans l'objet même de ces
œuvres, dans la pensée et dans le sentiment qui les ont dictées,
qu'il en faut chercher la valeur. Avec des développements peu éten-
dus , des modulations simples et rares , enfin, avec une instrumen-
tation réduite aux éléments du quatuor, Alexandre Scarlatti a mé-
rité la qualification de grand artiste, dans les dernières années du
dix-septième siècle. Reinhardt Keiser, qui vécut à la même époque,
n^a été surpassé par personne pour l'originalité de la pensée! Enfin,
Mozart, qui écrivit Don Juan soixante-quinze ans avantle moment où
je trace ces lignes, est resté le plus grand des musiciens modernes,,
parce qu'il eut ce qui ne progresse pas, le génie le plus riche, le plus
fécond , le plus souple, le plus varié, le plus délicat et le plus pas-
sionné, réuni au goût le plus pur.
Il y a des tendances, des formes particulières à chaque époque,
que le vulgaire prend pour le beau, parce que la mode leur donne
une valeur momentanée. La critique elle-même, cédant à l'entraî-
nement du jour, s'y laisse souvent égarer. Mais, après l'engouement
vient la réaction : la mode change, et la forme usée, si elle n'a
pour soutien la beauté de la pensée, disparaît sans retour, pour faire
place à des formes nouvelles, dont la valeur n'a pas plus de réalité.
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. Vij
Ces variations de goût offrent plus d'un danger au biographe
éclairé qui veut remplir sa mission avec impartialité; car d'une
part, elles l'obligent souvent à condamner ce qui est admiré par ses
contemporains; et de l'autre, à soutenir le mérite des œuvres du
passé contre l'opinion du présent. Qu'arrive-t-il de là? C'est qu'on
l'accuse d'être réactionnaire, et de dénigrer ce qui est, dans le des-
sein d'exalter ce qui n'est plus. J'ai passé parla; mais je ne m'en
suis point effrayé. Depuis que j'ai publié la première édition de
mon livre , la situation est devenue plus périlleuse , les rangs des
grands artistes se sont éclaircis, et la génération actuelle s'est laissé
entraîner à d'étranges égarements , sur lesquels il est nécessaire que
je m'explique ici.
Ilyaeude tout temps des hommes qui, caressantles penchants mo-
mentanés d'un public vulgaire, ont fait de leur art métier et mar-
chandise. De nos jours, leur nombre s'est accru dans d'effrayantes
proportions. De ceux-là, la critique n'a point à s'occuper : la men-
tion sommaire de leurs frivoles productions est tout ce qui leur est
dû. Mais le siècle présent a vu se produire, dans les vingt-cinq ou
trente dernières années, des artistes plus sérieux qui possèdent une
incontestable habileté à se servir des ressources de l'harmonie et de
l'instrumentation, et qui aspirent à la réalisation du beau dans
leurs ouvrages. Hommes de cœur, ils sont à sa recherche avec
bonne foi ; mais une erreur singulière leur fait manquer le but vers
lequel ils croient se diriger. Elle consiste à se persuader que le
beau n'est pas le simple. Incessamment préoccupés de la crainte de
tomber dans le commun, ils se jettent dans le bizarre. La cadence
rhythmique des phrases, les conclusions etles repos qui en résultent,
sont au nombre de leurs antipathies. Pour les éviter, ils ont un sys-
tèmed'enchevêtrementpar lequel, de suspension en suspension, d'in-
cidence en incidence, ils prolongent indéfiniment la contexture des
périodes ; de telle sorte qu'elles se déroulent comme les papiers sans
fin qui se fabriquent à la mécanique, et que leur terminaison ne semble
pas avoir de nécessité. Mendelsohn, le premier, s'est jeté dans cette
voie où Schumann et d'autres l'ont suivi. Nonobstant le talent réel qui
brille en certaines parties de leurs ouvrages, la cause que je viens
d'indiquer y jette un vague perpétuel, d'au naissent la fatigue et la
vSj PREFACE
distraction de l'auditoire. Ajoutons à ce défaut considérable l'excès
d'un travail harmonique sous lequel la pensée principale est comme
étouffée : car la simplicité du style est aussi une des aversions de la
nouvelle École. S'ils étudiaient davantage les immortelles produc-
tions des grands maîtres qui les ont précédés, les artistes dont je
parle verraient que Haydn et Mozart, dans les parties de leurs sym-
phonies où le développement du sujet acquiert la plus grande
énergie, ont écrit souvent leur harmonica deux parties. Néanmoins
ils frappentcomme la foudre, et leur pensée est saisissante de clarté.
Il est une autre cause qui contribue à mettre de l'obscurité dans
les productions de l'École nouvelle : je veux parler de l'incertitude
qui y règne sans cesse sur la tonalité, parla fréquence des résolutions
harmoniques dans des tons différents de ceux où elles devraient se
faire d'une manière naturelle. Certes, l'artifice est excellent en soi,
et l'on en connaît des exemples dont l'effet est admirable ; mais
converti en formule banale , il devient insupportable. On est, dit-
on, puni par où l'on pèche : je suis obligé de reconnaître cette vé-
rité et de m'en faire l'application; car le premier j'ai fait connaître
dans mes cours de philosophie de la musique et dans mon Traité
de l'harmonie l'ordre omnitonique produit par les altérations des
intervalles des accords, comme le dernier terme de la transition to-
nale. Il est vrai que j'y avais mis ce correctif, que l'effet de ces
modulations serait d'autant plus grand, qu'on en userait avec plus
de discrétion. Les nouveaux compositeurs n'en ont pas jugé comme
moi : ils ne prennent qu'un petit nombre de successions omnitoni-
ques parmi celles dont j'ai enseigné le mécanisme; mais ils en
usent largement et en reproduisent l'emploi jusqu'à faire naître la
fatigue et le dégoût. C'est qu'il est plus facile de contracter des ha-
bitudes que d'avoir des idées.
Il est une remarque qui peut être tirée de la Biographie uni-
verselle des Musiciens , et qui a de l'importance à l'époque actuelle,
à savoir, que la spécialité du style a fait les grandes renommées
d'artistes. On y voit, en effet, la conscience de ces hommes dé-
voués à leur art présider constamment à leurs travaux aussi bien
que leur génie. Les compositeurs célèbres qui ont écrit dans tous
les genres, particulièrement au dix-huitième siècle, se modifient ^
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. \x
se transforment même, en raison du genre qu'ils traitent. Us ont un
style pour l'église, un autre pour le théâtre, un troisième pour la
musique instrumentale. Ajoutons que sous ces aspects divers où se
montre leur talent, ils restent originaux, et se font reconnaître par
le cachet de leur individualité. Si l'on accorde quelque attention à
ce fait remarquable , on est frappé de la différence qui existe entre
cette variété de style de l'art d'autrefois et l'uniformité de l'art
d'aujourd'hui. D'où vient cette différence? Certes, ce n'est pas l'ha-
bileté qui fait défaut chez quelques-uns de nos artistes ; mais une
tendance sociale de l'époque actuelle exerce sur leurs travaux une
fâcheuse influence : cette tendance est un besoin général d'émo-
tions nerveuses qu'ont fait naître des révolutions multipliées, et qui
ont accumulé plus d'événements extraordinaires et de revirements
politiques depuis soixante-dix ans qu'il n'y en avait eu en dix siè-
cles. Cette disposition fait rechercher le dramatique en toute chose.
En musique, le dramatique s'exprime par de certains accents, par
de certaines harmonies, par de certaines combinaisons de sono-
rités, qui développent l'émotion et la maintiennent dans une pro-
gression constante. A la scène, ces choses ont de la valeur si des
idées les soutiennent, et si elles ne deviennent pas des recettes ba-
nales de moyens; mais ce n'est pas seulement au théâtre que nous
les trouvons ; car tout se formule en drame. Dans la messe , le
psaume, la symphonie, et jusque dans les moindres bluettes desti-
nées aux pianos des boudoirs, nous les retrouvons sans cesse. Par-
fois le talent réel se fait apercevoir dans ces choses; mais pourquoi
toujours cet entraînement vers le dramatique? Pourquoi ces efforts
et ces airs mystérieux pour les choses les plus simples? il n'y a pas de
pensée musicale qui conserve sa valeur primitive sous la persistance
incessante de ces teintes forcées; et, par une conséquence inévitable,
elles anéantissent toute propriété de style et toute possibilité de
donner au talent un caractère déterminé. Par l'effet de cette funeste
tendance, la plupart des ouvrages que nous voyons se produire
tiennent plus ou moins les uns des autres.
Avec une éducation musicale moins complète , les compositeurs
français dont les ouvrages brillèrent au théâtre dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle et au commencement dudix-neuviôme
X PRÉFACE
(pour ne parler que de ceux-là), comprirent bien mieux la destina-
tion de l'art et leur mission personnelle. Chacun d'eux resta dans
la nature du talent dont il était doué, sans prendre souci de ce
qui faisait les succès d' autrui. Philidor, Monsigny, Grétry, D'Alayrac,
Méhul, Berton, Boïeldieu, brillent par les qualités qui leur sont pro-
pres. Chacun d'eux est un type qui ne se confond pas avec un autre.
Tous sont devenus des modèles : celui-ci d'une exquise sensibilité ;
celui-là , d'esprit scénique et de vérité d'accent; cet autre, d'énergie
dramatique ; ce quatrième, d'élégance et de grâce. Tous sont restés
dans la sphère de leur sentiment , et par cela même, leurs produc-
tions conserveront leur valeur dans tous les temps.
C'est, je l'avoue, un sujet de profond étonnement pour moi que
l'obstination de la plupart des artistes de notre temps à persévérer
dans leur système d'uniformité de style ; système si contraire à la
destination de la musique , et si peu favorable aux succès qu'ils
s'efforcent d'obtenir! Plusieurs m'accusent de sévérité, d'injustice
même à leur égard ; mais quoi ? ne voient-ils pas le froid accueil
fait à leurs productions par les auditoires les plus intelligents?
N'ont-ils jamais mis en parallèle l'oubli dans lequel leurs ouvrages
tombent tour à tour, en dépit de tous les moyens employés pour
leur donner du retentissement, avec l'admiration universelle dont
jouissent les œuvres des grands maîtres , parmi lesquelles il en est
qui comptent près d'un siècle d'existence ? Cette comparaison n'est-
elle pas assez significative, et ne m'absout-elle pas de toute suspi-
cion de partialité ? Ils affirment qu'on ne les comprend pas : qu'est-
ce à dire? Les œuvres d'art sont-elles des énigmes, des problèmes?
La musique dont une bonne exécution ne donne pas l'intelligence
est un art qui s'égare.
Les compositeurs dont je viens de parler n'ont que le tort de
faire abus des moyens qui leur sont offerts par l'art, et d'en faire
des formules; car d'ailleurs ils respectent cet art et ne sortent
pas de son domaine. Il n'est pas de même d'une secte qui a pris
naissance en Allemagne depuis peu d'années, et dont les efforts ne
vont pas à moins qu'à l'anéantissement de la musique dramati-
que, ou plutôt de toute musique. Le chef et les disciples de cette
secte nient la tonalité, le rhythme périodique, les lois de l'harmonie
DE LA DEUXIÈME EDITIOxX. xj
en ce qui concerne la nécessité de la résolution des dissonances. Au
théâtre, ils repoussent l'opéra et n'admettent que le drame. Leur
principe esthétique, disent-ils , est le vrai. Or, suivant eux , toutes
les formes adoptées jusqu'à ce jour pour la musique de la scène
sont en opposition avec ce principe ; car l'air, par exemple, n'existe
que par la répétition fréquente des paroles, laquelle n'est pas dans
la nature. Le duo, le trio, tous les morceaux d'ensemble, en un
mot , sont frappés de la même réprobation , parce qu'il est égale-
ment hors de toute vraisemblance que les personnages d'une action
dramatique parlent tous à la fois. Le chœur seul est admis, parce
qu'il est l'expression des sentiments qui animent les masses. La
mélodie n'échappe pas à la proscription, parce que ses formes s'éloi-
gnent delà vérité de la déclamation : elle ne peut avoir d'existence
que dans la ballade, dans la chanson, parce que le chant est dans
la nature et que le chanteur ne parle pas. Le récitatif seul , s'il n'est
qu'une déclamation notée, est la musique qui convient au drame :
il doit être interrompu ça et là par des phrases isolées de chant ou
de musique instrumentale par lesquelles chacun des personnages
est caractérisé !
Ainsi qu'on le voit, la secte dont je parle est réaliste. Son principe
du vrai n'est autre que la fausse doctrine de l'abbé Batteux , de
Burk, de Diderot et de leurs disciples, à savoir que les arts ont pour
objet rimitation de la nature : opinion dérivée d'un système de phi-
losophie sensualiste. Dans son application même aux arts du dessin, à
la peinture, à la sculpture, une doctrine semblable ne peut avoir pour
résultat le beau, qui doit être le but du travail de l'artiste. L'homme
n'est pas le copiste de la nature : il s'inspire simplement de son
spectacle et lui dérobe ses formes pour en composer des œuvres
qu'il ne doit qu'à son propre génie. Si l'artiste n'avait pour objet
de son œuvre que l'imitation de la nature , son travail serait pour
lui une cause de continuelles déceptions et de désespoir; car la vie
réelle, qui anime la nature, donnerait toujours au modèle une in-
comparable supériorité sur la copie.
En donnant cette imitation pour but aux arts, on suppose né-
cessairement que l'illusion est pour eux le dernier terme de la per-
fection; mais pour avoir la preuve de la fausseté d'une semblable
xij PRÉFACE
conception , il suffit de se souvenir du Diorama, où la représenta-
tion atteint un degré d'illusion qu'on ne trouvera jamais dans la
peinture véritable. Tous les objets y sont à leur place et en relief;
il semble que la main va les toucher. Cependant, qui a jamais songé
à mettre en parallèle les tableaux du Diorama avec ceux qui font
la gloire de nos grands peintres, si ce n'est le vulgaire, dont les sens
sont plus exercés que l'intelligence et le sentiment? Loin d'être un
perfectionnement de la peinture par l'exactitude de la représenta-
tion, le Diorama est, au contraire, dans un ordre très-inférieur, par
cela seul que son but est l'illusion. Ce qui le prouve, c'est que la na-
ture organique ne peut paraître dans ces tableaux qu'à l'état de ca-
davre : l'homme debout y manquerait de mouvement et de vie;
dès lors l'illusion serait détruite. Or, personne n'a jamais remarqué
que les personnages ne se meuvent pas dans les tableaux des grands
artistes ; car ceux-ci y ont mis la vie et le mouvement de l'art, qui
ne sont pas ceux de la nature. Dans ces derniers temps, un peintre
français s'est dévoué à la réalisation de l'imitation exacte de la na-
ture : on sait quelles grossières images en ont été le produit.
Si l'imitation de la nature n'est pas l'objet essentiel des arts dont
les produits offrent les représentations du monde extérieur j en un
mot; si leur but est le beau et non le vrai, que dira-t-on de la mu-
sique , l'art idéal par excellence? N'ayant pas d'autre programme
que les inspirations du génie de l'artiste, et ne pouvant réaliser le
beau que dans le libre exercice de cette faculté , que peut-on es-
pérer des limites imposées à l'imagination par la nécessité du vrai ?
La musique dramatique a sans doute pour mission d'exprimer les
sentiments des personnages mis en scène, mais avec les moyens
qui lui sont propres et les formes qui la constituent comme
art. Elle est aussi vraie qu'elle doit l'être , quand elle fait passer
l'émotion dans l'àme des spectateurs, et elle a de plus l'immense
mérite d'être belle par le caractère d'originalité que lui imprime
le talent de l'artiste. Gluck a porté aussi loin qu'il a pu la puissance
de l'expression dramatique , mais en restant dans les limites de
l'art : en portant ses tendances jusqu'aux derniers excès, la secte
des réalistes en musique s'affranchit de ces limites , et dans ses œu-
vres monstrueuses, elle parvient jusqu'à l'anéantissement des con-
DE LA DEUXIEME EDITION. xiij
ditions en vertu desquelles l'art existe, pour lui substituer des pué-
rilités qui ne peuvent faire naître chez les gens de cœur que le dé-
goût et l'ennui.
11 faut aimer l'art ou n'être pas artiste ; car lui seul peut donner
la récompense des sacrifices qu'on lui fait. La démonstration de
cette vérité se trouve partout dans la biographie des musiciens cé-
lèbres. C'est par l'amour pur et désintéressé de leur art; c'est en
le faisant le but unique de leur existence, qu'ils ont produit les gran-
des et belles œuvres qui recommandent leur mémoire à l'admiration
de la postérité! Quiconque aspirera à se placer au rang de ces
grands hommes devra les imiter dans leur noble abnégation des
autres jouissances. A l'époque actuelle, ce détachement devient, à
la vérité, plus difficile et plus méritoire ; car la carrière des artistes
est incessamment menacée par un mal d'autant plus dangereux,
qu'il est dans sa nature de s'accroître, au lieu de s'affaiblir. Je veux
parler du matérialisme pratique, de la fièvre industrielle et finan-
cière, enfin, de l'amour insatiable du bien-être et du luxe qui gou-
vernent aujourd'hui le monde.
Rien n'est plus antipathique, rien ne peut être plus préjudiciable
au sentiment de Fart qu'une telle situation. Les préoccupations de
l'esprit, dans cet ordre de choses, ne laissant point aux populations
la liberté nécessaire pour accorder à la poésie, à la musique, l'at-
tention et l'intérêt qu'elles réclament. Ce qu'on demande mainte-
nant à ces arts, ce ne sont plus les jouissances de l'âme, mais l'émo-
tion nerveuse et la distraction. Si la peinture est plus favorisée,
c'est que ses produits deviennent une valeur réalisable sur laquelle
la spéculation peut s'exercer. A voir avec quelle rapidité diparais-
sent de la scène les œuvres des meilleures artistes, et le profond
oubli dans lequel elles tombent peu de temps après qu'elles ont vu
le jour, on ne peut se dissimuler que la nouveauté est devenue, pour
une population distraite et préoccupée, le mérite le plus considé-
rable de ces ouvrages : lorsque sa curiosité est satisfaite, tout in-
térêt d'art disparaît.
Quelle affligeante comparaison nous pouvons faire de cette situa-
tion avec les époques antérieures de la musique dramatique ! Con-
sidérons la période comprise entre 1775 et 1830, nous y verrons,
xiv PRÉFACE
non-seulement les artistes et les amateurs, mais tout ce qui compose
le public habituel des théâtres, émus et charmés par les œuvres de
Gluck, de Piccinni, de Sacchini, de Mozart, de Paisiello, de Cima-
rosa, de Grétry, de Chérubini, de Méhul, de Berton, de Spontini,
de Rossini, de Weber! Les œuvres mêmes qui n'avaient pas réussi
à la scène étaient autrefois des sujets d'étude pour les uns ; pour
les autres, des objets d'admiration. Des livrets dépourvus d'intérêt
ou mal coupés pour la musique avaient, ou causé la chute, ou borné
le succès des partitions de Sacchini, Renaud, et Chimène; à^Iphigénie
en Tauride, de Piccinni ; de Loc?oïsA;a, deMédée,d'Élisa, à'Anacréon,
des Ahencérages , de Chérubini ; de Phrosine et Mélidor, à^Ariodant,
à'' Adrien, de Méhul ; mais ces partitions étaient recherchées, applau-
dies avec enthousiasme dans les réunions d'artistes et d'amateurs;
on les trouvait dans toutes les bibliothèques. Les œuvres de tous
les grands musiciens, de quelques pays qu'elles vinssent, à
quelque école qu'elles appartinssent, étaient répétées dans les
concerts et dans les salons ; la vie de l'art était répandue dans
la société. D'autre part , ceux que le succès avait couronnés au
théâtre n'en disparaissaient pas. Les compositeurs avaient un ré-
pertoire , comme on disait alors ; et, lorsque l'âge avait éteint leur
imagination , lorsqu'ils sortaient de la carrière active , la représen-
tation perpétuée de leurs ouvrages leur assurait une existence in-
dépendante pour la vieillesse. Au lieu de cela, que voyons-nous
maintenant? Auber, artiste de premier ordre, a écrit plus de qua-
rante ouvrages qui , presque tous , ont eu de brillants succès ; Ha-
lévy, homme d'un talent bien supérieur à ce que pense le vulgaire,
a produit aussi un nombre considérable de belles partitions ; qu'est
devenu leur répertoire à Paris ?
Que résulte-t-il de cet état de choses? Hélas! le plus grand mal
qui puisse se manifester, c'est-à-dire, l'ébranlement de la foi dans
l'art chez les artistes. Pour qui considère avec attention, ce scepti-
cisme est de toute évidence : le découragement en est la conséquence
inévitable. L'art ne se prenant plus au sérieux, on n'est occupé que
de la recherche de l'effet momentané. On ne sait plus que faire pour
amuser le public, médisait, il n'y a pas longtemps, un des jeunes
compositeurs qui écrivent habituellement pour la scène. Amuser!
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xv
c'est donc à cela que l'art est descendu? Qu'on ne s'y trompe pas :
si les artistes acceptent cette dégradation de la musique, c'en est
fait d'elle pour l'avenir, ou du moins pour longtemps. C'est à eux
qu'il appartient de résister à cette déplorable tendance par toutes
les forces de la conviction, par toutes les ressources du talent. Qu'ils
se gardent bien d'accepter à la lettre cet axiome si souvent répété,
qu'on ne réforme pas son temps ; qu'ils se persuadent , au contraire ,
qu'on le domine quand on est fort par la tête et par le cœur. Qu'ils
prennent exemple de quelques hommes d'élite qui, défenseurs dé-
voués de la philosophie morale, menacée par les tendances actuelles,
n'ont pas désespéré de la vertu , et ont écrit récemment des livres
aussi remarquables par l'honnêteté du but que par l'évidence des
principes et le talent du style. Certes, rien n'est plus opposé à la
morale de ces livres que les entraînements de notre époque ; ce-
pendant le plus beau succès en a signalé la publication ; les édi-
tions s'en sont multipliées , et leur éloge s'est trouvé dans toutes les
bouches. C'est que dans les sociétés les plus corrompues , il y a tou-
jours de nobles cœurs que n'ébranlent pas les vices de leur temps,
et qui imposent aux autres. De même, alors que le goût se déprave
et semble s'anéantir, il se trouve des âmes heureusement douées qui
ne perdent jamais le sentiment du beau, qui lui vouent un culte, et
qui le préservent du naufrage. C'est pour ces organisations excep-
tionnelles et pour lui-même que l'artiste doit travailler pendant
les périodes d'égarement des sociétés civilisées : elles sont en petit
nombre , sans doute, mais elles finissent par dominer le sentiment
vulgaire de la foule.
On objectera peut-être que travailler pour le petit nombre ne
conduit ni au succès ni à la fortune. Mais, qu'est-ce que le succès
momentané qui ne repose pas sur des beautés réelles ? Qu'est-ce que
la fortune pour qui trouve ses jouissances les plus vives dans la
culture de son art, et qu'est-il besoin pour l'artiste des raffinements
du riche? Ce qu'il doit laisser à la postérité, ce sont de beaux ou-
vrages, non des palais et des meubles somptueux. Que ceux qui ne
se trouvent pas assez récompensés de leurs efforts par le plaisir que
donne le travail et par une position modeste, lisent la biographie des
grands hommes qui sont nos maîtres et nos modèles ! Qu'ils voient
x-vj PRÉFACE
Jean-Sébastien Bach élevant sa nombreuse famille avec le mince re-
venu d'un emploi dont ne se contenterait pas aujourd'huile plus mi-
nime coryphée de nos théâtres, et de plus obligé d'y ajouter le pro-
duit de ses leçons et des copies qu'il faisait lui-même de ses ouvrages ;
toutefois , il était heureux en écrivant de magnifiques composi-
tions dont le retentissement n'allait pas au-delà de l'enceinte d'une
petite ville, et qui, publiées pour la première fois un siècle après la
mort de leur auteur, frappent aujourd'hui les artistes d'admiration
et de stupeur. Qu'ils suivent pendant toute sa vie le compositeur le
plus original, le plus complet, Mozart, dont le nom ne se prononce
pas sans éveiller l'enthousiasme : ils le verront incessamment aux
prises avec les embarras d'une existence précaire ; mais il suffit de
lire sa correspondance pour comprendre les joies dont son coeur
était inondé lorsque lui venaient les inspirations à'Idoménée, de Don
Juan et des Noces de Figaro. Qu'on examine la position de Beetho-
ven : il ne trouvait pas dans le produit de ses nobles créations un
revenu suffisant pour ses modestes besoins ; il ne fut à l'abri de la
misère que par la générosité d'un prince impérial. De plus, par
une cruauté inouïe du sort , il était privé de l'ouïe , et ne goûtait
jamais le plaisir d'entendre exécuter ses ouvrages. Que lui restait-il
contre tant d'infortunes? il nous l'apprend dans son testament ; l'art
l'a soutenu. Quels artistes que de tels hommes! Quel dévoùment à
l'art que le leur, et qu'on serait heureux au même prix de le porter
si haut !
J'ai dit qijie si l'art ne progresse pas , il n'en est pas de même de
la science : or, il y a la science de l'art. Celle-là a fait des progrès
immenses depuis cinquante ans. Préparée par de laborieux et utiles
travaux, pendant le dix-huitième siècle, elle s'est enrichie dans celui-ci
de l'esprit de méthode , sans lequel il est impossible de fonder une
science véritable. La plupart des questions fondamentales, ou simple-
ment entrevues autrefois, ou dénaturées par l'esprit de système qui
régna surtout au dix-huitième siècle, ont été examinées de nouveau ,
dans des vues plus philosophiques et plus saines. La théorie de l'har-
monie, livrée depuis Rameau à un vain étalage de calculs et d'ex-
périences de physique, a été ramenée à son principe évident, lequel
est purement métaphysique, puisqu'il s'agit d'un art qui, comme
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xvij
tel, ne peut avoir de base que dans l'intellig-ence et dans le senti-
ment. Ramenée à ce point de vue , la théorie de l'harmonie s'est
trouvée d'accord avec la constitution des tonalités, ainsi qu'avec
l'histoire de la musique en général, et a présenté les développe-
ments de ses phénomènes dans un ordre parfaitement identique à
celui des transformations de l'art.
Quant à l'histoire de la musique en elle-même, pour laquelle
Marpurg, le P. Martini, l'abbé Gerbert, Burney, Hawkins et Forkel
ont fait des recherches très-estimables , mais qui n'avait pas été exa-
minée suffisamment à ses sources, et pour laquelle d'ailleurs l'esprit
critique et philosophique manquait à ces écrivains , on peut dire
avec assurance que depuis peu d'années seulement on est entré dans
la voie qui seule peut conduire au but, parce qu'on s'est attaché à la
recherche des monuments pour les étudier avec soin. A vrai dire,
on n'a fait jusqu'à ce jour que de l'archéologie musicale : l'histoire
de la musique proprement dite n'existe point encore; mais on en a
éclairci des points intéressants. En cela, l'ordre naturel a été suivi;
mais il y a loin de la patience dans les recherches à la conception
d'un ensemble complet et à l'esprit généralisateur sans lequel un
tel ensemble ne peut être formé. Peut-être l'historien de l'art se
trouvera-t-il enfin.
La science de l'acoustique, ébauchée au dix-septième siècle, n'est
entrée dans son domaine véritable, c'est-à-dire dans la physique ex-
périmentale, que par les travaux de Chladni et de Savart. Les décou-
vertes de ces hommes si distingués, celles de M. Cagniard de Latour
et de quelques autres savants , ont donné des bases certaines à une
science qui n'existait auparavant que de nom.
Enfin, une science plus nouvelle, la science de la science,
c'est-à-dire la philosophie de la musique , a pris naissance de nos
jours. Une de ses parties seulement, Veslhéiique , a été traitée dans
quelques ouvrages spéciaux, suivant des vues plus ou moins justes,
plus ou moins étendues ou circonscrites, et avec une connaissance
plus ou moins suffisante de l'art. L'ensemble de cette science a été
l'objet d'un grand travail qui n'a point encore vu le jour.
La Biograp/iie universelle des Musiciens renferme des renseigne-
ments sur tous les ouvrages qui ont pour objet l'une ou l'autre de
b
xviij PRÉFACE
ces parties de la science générale de la musique, et sur leurs au-
teurs.
On a dit souvent, et l'on dit peut-être encore , en parlant de l'au-
teur d'un dictionnaire historique de la nature de celui-ci , le com-
pilateur de cette biographie. L'expression ne manque pas de justesse
pour certains ouvrages dans lesquels les écrivains copient simple-
ment leurs devanciers^ prenant un peu partout, et montrant dans
la critique ou l'impuissance, ou la partialité inspirée par des pré-
jugés d'époques, de pays, et d'école; mais on ne peut nier que
cette partie de la littérature a fait de remarquables progrès dans
le dix -neuvième siècle, particulièrement en France. Une biographie
générale n'aurait plus la moindre chance de succès , si elle n'était
qu'une compilation. Comme dans toutes les études historiques, les
auteurs de bons ouvrages de ce genre ont reconnu la nécessité de
remonter aux sources, de comparer les autorités, d'en discuter la
valeur, au lieu d'accepter simplement les faits transmis par la tra-
dition.
C'est un long et rude travail, lorsqu'on veut le fairebien. Les dif-
ficultés se multiplient à mesure que le cadre s'élargit. Dans une
monographie, les erreurs sont moins excusables que dans un recueil
biographique qui embrasse toute une époque, tout un pays, ou
toute une catégorie de savants, de littérateurs ou d'artistes. L'im-
possibilité d'éviter la multiplicité des erreurs dans une biographie
générale qui serait faite par un seul homme a déterminé les édi-
teurs d'ouvrages de ce genre à partager le travail entre un certain
nombre de rédacteurs , à raison de la spécialité de leurs connais-
sances. Des recueils estimables, bien qu'ils ne soient pas à l'abri de
tout reproche , ont été le produit de cette méthode ; mais il serait
difficile que la collaboration aboutît heureusement dans une bio-
graphie collective d'artistes qui ont cultivé le même art, particuliè-
rement la musique, laquelle fait naître une si grande diversité de
goûts, d'opinions et de doctrines. 11 est hors de doute que l'unité de
vues est indispensable dans un ouvrage de cette nature : pour qu'elle
y fût, j'ai dû entreprendre seul la tâche immense qui m'était pré-
sentée. Il en est résulté des avantages évidents, mais aussi de graves
inconvénients ; car, lorsqu'il s'agit de faits, un seul homme ne peut
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xix
tout savoir, quelque soin qu'il prenne de s'informer, ei de quelque
résolution qu'il soit animé.
Le travail auquel je me suis livré pour la composition et pour
l'amélioration de la Biographie universelle des Musiciens a été d'au-
tant plus considérable, que je me suis imposé la tâche de rendre
cet ouvrage aussi exact, aussi complet qu'il m'a été possible, en ce
qui concerne les renseignements bibliographiques. Quelques-uns
de mes lecteurs penseront peut-être que j'ai poussé trop loin cette
recherche ; d'autres me reprocheront, au contraire, de n'avoir pas
fait assez; car tout le monde ne cherche pas les mêmes choses dans
un livre. Quoi qu'il en soit, je considère la bibliographie comme
digne de beaucoup d'intérêt pour l'histoire de l'art et de la science.
Pour de certains travaux, elle est une nécessité. Je n'ai donc pas dû
négliger ce qui pouvait rendre meilleure cette partie de mon livre.
En dépit de ma patience et de mes soins, j'ai bien peur qu'elle ne
soit encore imparfaite ; car il est des faits dans la science des livres
qui ne sont indiqués nulle part, et que le hasard seul fait découvrir.
Si l'on compare la deuxième édition de la Biographie universelle des
Musiciens avec la première, on la trouvera immensément augmentée
dans la nomenclature des artistes, et l'on verra que la plupart des
articles anciens ont été remaniés, complétés, purgés des erreurs de
faits et de dates qui s'y étaient glissées; enfin, que beaucoup d'autres
ont été refaits en entier, d'après de meilleurs documents. De longs
voyages entrepris à diverses époques, dans l'espace de vingt ans,
en Allemagne, en Italie, en Angleterre et en France, m'ont fait re-
cueillir de précieux matériaux dans les grandes bibliothèques , ainsi
que beaucoup d'ouvrages rares. Plusieurs hommes de haut mérite et
des amis dévoués m'ont aidé dans mes recherches et m'ont fourni
des indications nombreuses pour le perfectionnement de mon livre.
Ma reconnaissance doit signaler en particulier Dehn , érudit conser-
vateur de la riche collection d'œuvres musicales de la bibliothèque
royale de Berlin , qu'une mort prématurée vient d'enlever à sa fa-
mille, à ses amis, au monde musical, et dont l'inépuisable obli-
geance a été pour moi un véritable trésor; M. Gaspari, de Bo-
logne, bibliographe exact, consciencieux, et musicien fort instruit;
Auguste Gathy, au cœur noble et pur, également frappé par la mort
b.
XX PREFACE
depuis peu , et qui, animé du sentiment le plus généreux, a puisé
dans les matériaux de la nouvelle édition qu'il préparait de son
Lexique musical delà Conversation, et les a mis à ma disposition, par-
ticulièrement sur ce qui concerne les artistes allemands de l'époque
actuelle ; M. Danjou, mon digne ami et ancien collaborateur, à qui je
suis redevable de notes pleines d'intérêt sur des manuscrits peu ou
point connus que renferment les bibliothèques de Florence, de Rome
et d'autres villes d'Italie ; M. Gachard, membre de l'Académie royale
de Belgique et conservateur des archives générales du royaume ,
ainsi que M. Pinchart, laborieux et exact employé des mômes ar-
chives; M. Léon de Barbure, amateur de musique et littérateur
distingué , qui m'ont fait connaître des documents authentiques
inconnus jusqu'à ce jour, lesquels jettent une vive lumière sur les
origines de l'ancienne école des musiciens belges et néerlandais ;
M. de Beauchesne , secrétaire du Conservatoire impérial de musique
de Paris, dont l'obligeance ne se lasse point à fouiller dans les re-
gistres de cette école , pour me fournir des faits et des dates sur les
artistes qui y ont reçu leur éducation nmsicale ; enfin M. Théodore
Parmentier, officier supérieur du génie de la plus grande distinction,
amateur de musique fort instruit et compositeur, qui a bien voulu
relire mon ouvrage mot à mot pour m'en signaler les erreurs de
détails , et pour relever toutes les fautes typographiques. Je les prie
de recevoir ici l'expression de ma sincère gratitude.
La critique de certains écrits, ainsi que celle des journaux pu-
bliés en divers pays , m'a été fort utile , bien qu'elle n'ait pas été
toujours bienveillante et qu'elle se soit quelquefois fourvoyée; car
la vérité, lorsqu'elle se fait jour, est bonne à prendre partout. Cette
critique s'attache parfois à des minuties auxquelles j'avoue que j'ac-
corde assez peu d'importance. Personne plus que moi n'a le désir
d'être exact dans les faits, car c'est un devoir de l'être autant qu'on
le peut; mais, enfin, si je me trompe sur une date , si je dis André
pour Miclwl, ou Michel pour Ajidré; si ma mémoire, qui me servait
si bien autrefois et qui maintenant m'abandonne, me trahit sur
quelque circonstance peu importante, je confesse que je ne suis
nullement disposé à m'en désespérer. Ce n'est pas dans de pareilles
choses que consiste la valeur de mon œuvre : je la place plus haut.
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xxj
J'abandonne donc volontiers à mes aristarques de détails le plaisir
de me donner sur les doigts dans ces occasions. Mais, si je me suis
montré facile sur ce qui me concernait personnellement dans les
attaques dirigées contre mon livre; si depuis longtemps je garde le
silence; si j'ai évité avec soin toute polémique à ce sujet, il ne faut
pas qu'on se persuade que j'aie accepté comme fondées des criti-
ques de faits historiques contre lesquels on n'a opposé que des sup-
positions gratuites ou des textes mal compris. J'ai attendu seule-
ment avec patience que le moment fût venu de faire triompher,
non ma cause personnelle, qui est de peu d'intérêt, mais celle de
la vérité, que personne n'a le droit d'abandonner. Or, les faits dont
il s'agit appartiennent à l'histoire de la musique , et c'est-là seule-
ment qu'ils peuvent être discutés avec les développements néces-
saires. La biographie de certains hommes éminents s'y trouve
intimement liée par la part qu'ils y ont prise; mais les limites
d'une notice biographique, qui n'est point une monographie, ne
permettent pas ces développements : les faits ne peuvent donc y
être présentés qu'avec brièveté. J'attendrai le moment où la pu-
blication de mon Histoire générale de la Musique me permettra de
dissiper les ténèbres et de mettre la vérité dans tout son jour. Tou-
tefois, il me paraît nécessaire de faire voir, par deux exemples, les
difficultés qu'on m'a faites, et de constater les erreurs de mes ad-
versaires. C'est ce que je vais faire avec autant de rapidité que je
pourrai.
On sait que l'histoire de l'art n'a pas de nom plus célèbre , plus
populaire que celui de Guido, ou Gui d'Arezzo. Huit siècles ont con-
sacré sa gloire universelle. Les manuscrits des ouvrages de ce moine
sont répandus et multipliés dans toutes les grandes bibliothèques
de l'Europe , et depuis soixante-quinze ans ceux qui lui appartien-
nent, ainsi que d'autres qu'on lui attribue , ont été publiés dans la
collection des auteurs ecclésiastiques sur la musique dont le prince-
abbé Gdrbert est éditeur (1). Rien de plus facile donc que de savoir,
par les paroles mêmes de Guido, ce qu'il a fait pour mériter une si
grande renommée: il semble qu'il ne s'agisse que de lire et de
' (1) Scr/piares ecclesiastici de Musiea sacra potissimum, 1784, 3 vol. m-4"'.
XX ij PRÉFACE
comprendre; mais, soit que la paresse humaine s'accommode mieux
de traditions vulgaires que du soin d'en vérifier la valeur; soit que
comprendre ne soit donné qu'à peu d'intelligences, on se plait à répé-
ter de vieilles erreurs sur les résultats des travaux du célèbre bé-
nédictin ; erreurs presque aussi anciennes que lui, et que le chroni-
queur Sigebert de Gemblours propageait dès le commencement du
douzième siècle.
Si l'on en croit les traditions, Guido ne serait pas moins que l'in-
venteur de la gamme, dont il aurait pris le nom du gamma grec em-
ployé pour représenter la note la plus grave de l'échelle des sons.
Il serait Fauteur des noms des six premières notes de cette gamme,
ut, ré, mi, fa, sol, la, qui sont encore en usage en France , en Bel-
gique et dans l'Europe méridonale , et les aurait tirés de la pre-
mière strophe de l'hymne de Saint-Jean :
UT queant Iaxis
REsonare fibris ,
Mira gestorum
FAmuli tuorum,
SOLve poUuti
LAbii reatum,
Sancte Johaanes.
Et, comme il n'y a là que six noms de notes, il aurait réduit l'échelle
diatonique à six sons, c'est-à-dire à l'hexacorde, et aurait imaginé
le système monstrueux de solmisation qui fut en usage depuis le
douzième siècle jusqu'au commencement du dix-huitième ; système
d'après lequel les noms des signes représentatifs des sons changeaient
à chaque instant dans un même chant, et qu'on appelait, à cause de
cela, système des muances. De plus, comme il fallait un guide au mi-
lieu de ce dédale, Guido aurait inventé la main musicale, méthode
à l'aide de laquelle on retrouvait les noms de l'échelle générale
des sons, au nombre de dix-neuf, sur les articulations des doigts de
la main gauche, suivant un certain ordre de classement. Savoir sa
main fut la science première de tout musicien , depuis le moyen
Age jusqu'à la seconde moitié du dix-septième siècle.
Suivant la tradition , les innovations de Guido ne se seraient pas
bornées à ces choses : il aurait inventé la notation du plain-chant
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. • xxiij
maintenant en usage , et que beaucoup d'écrivains désignent en-
core sous le nom de notation guidonienne; on lui devrait l'existence
du contrepoint j du monocorde, du clavecin et de plusieurs autres
instruments. La plupart de ces erreurs ont été répétées par Mersenne,
par Kircher, dans leurs volumineuses encyclopédies de musique ,
par Brossard et par Jean-Jacques Rousseau , dans leurs dictionnaires,
ainsi que par Angeloni , dans sa Monographie sur la vie et les tra-
vaux de Guido d'Arezzo.
Dans l'article de la Biographie universelle des Musiciens sur cet
homme célèbre , j'ai démontré, par des passages extraits de ses ou-
vrages, ainsi que par son silence sur ce qui lui est attribué, que rien
de tout cela ne lui appartient. S'il indique le chant de l'hymne de
Saint-Jean , c'est comme un exemple, pour atteindre le but qu'il se
propose. Il écrit à un moine de ses amis, et lui explique sa méthode
pour enseigner à retenir les sons qui correspondent aux signes de la
notation. « Si vous voulez, dit-il, fixer dans votre mémoire un son ou
« une note, de manière à pouvoir l'entonner quand vous voudrez,
« en quelque chant que ce soit , que vous le sachiez, ou que vous
« l'ignoriez , choisissez une phrase mélodique qui vous soit fami-
« lière , et au commencement de laquelle se trouve ce son ou cette
« note ; lorsque vous voudrez vous souvenir de celle-ci , vous aurez
(( recours à cette mélodie. Soit, par exemple , ce chant dont je me
« sers pour les enfants qui commencent comme pour ceux qui sont
« plus avancés (1). »
On voit avec évidence, dans ce passage, que Guido ne veut ensei-
gner qu'un procédé de mnémonique pour fixer dans la mémoire les
intonations correspondantes aux signes. L'exemple qu'il donne est
choisi avec intelligence , parce que le chant s'élève d'un degré à
chaque hémistiche, de telle sorte que par le moyen d'une seule mé-
lodie, six sons différents pouvaient être fixés dans la mémoire. Mais
(1) Si quam ergo vocem vcl neumam vis ita memoriae coramendare, ut ubicum-
que velis, in quocumque cantu, quem scias, vel nescias, tibi mox illum indubitante
possis enuntiare, debes ipsam vocem vel neumam in capite alicujus notissimœ sym-
pboniae notar€, et pro unaquaque voce memoriae retiuenda bujusmodi syniphoniam
in promptu habere, quae ab eadem vocem incipiat : utpote sit hsec symphonia, qua
ego docendis pueris imprimis atque etiam in ullimis utor.
xxiv PRÉFACE
les vues de Guido n'allaient point au delà. Il est si vrai qu'il n'en-
seignait pas une nomenclature de notes dans son école, que Jean
Cotton, premier commentateur de Guido, et qui écrivait dans les
dernières années du onzième siècle , ou au commencement du dou-
zième dit on ces termes précis, dans le premier chapitre de son traité
de musique : « Les Anglais, les Français et les Allemands se servent
« de ces six syllabes ut, ré, mi, fa, sol, la; mais les Italiens en ont
« d'autres (1). » Or c'est en Italie que Guido enseignait.
Il n'a pas plus imaginé l'hexacorde que la méthode des muances,
dont il ne dit pas un mot. Il y a à ce sujet quelque chose de plus
qu'une preuve négative ; car il dit d'une manière formelle : « Comme
« il y a vingt-quatre lettres dans toute écriture, de môme, nous avons
« aussi sept sons dans toute espèce de chant; car ainsi qu'il y a sept
« jours dans la semaine, de même il y a sept sons dans la musi-
« que (2). )) 11 n'est pas davantage l'auteur de la main musicale,
car il n'y a pas un mot qui concerne cette méthode dans un seul de
ses ouvrages.
Il n'a pas donné le nom de gamme à l'échelle diatonique des sons ;
car ce mot ne se trouve pas une seule fois dans ses écrits. Il donne à
cette ccnelle le nom de monocorde, parce que ses degrés sont mar-
qués sur la table de cet instrument. Enfin, il ne s'attribue pas l'ad-
jonction du gamma grec aux lettres romaines pour la représenta-
tion du son le plus grave de l'échelle générale; car il dit lui-même
que ce sont les modernes (relativement à lui) qui ont fait cette ad-
jonction (3).
Guido n'a point inventé la notation actuelle du plain-chant, qu'il
n'a pas plus connue que ses contemporains. Il n'a pas imaginé da-
vantage les lignes de diverses couleurs pour reconnaître les signes
de certains sons que nous appelons ut et fa, afin d'avoir des points
de repère pour les autres signes : il en parle comme de choses con-
(1) Verum Angli, Francigense, Alemanai utuatur his vf, re, mi, fa, sol, la; Itali
autem alias habent.
(2) Sicut m omni scriptura XX et IIII litteras, ita in omni cantu septem tantum
habemus voces. Nam sicut septem dies in hebdooiada, ita septem sunt voces in
musica. (V. Gerb. II, p. 46.)
C3) In primis ponatur F grœcum a modernis adjunctum.
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xxv
nues, et ne s'en attribue pas le mérite. D'ailleurs il existe des manus-
crits ou des fragments du dixième siècle où ces lignes se trouvent (1).
Ce qui appartient réellement à Guido , c'est d'avoir complété la
portée de quatre lignes, non pour la notation actuelle du plain-
chant , qui lui est postérieure , mais pour fixer la position des signes
compliqués de la notation du moyen âge, appelée communément
neumatique: parce que ces signes, souvent mal formés et disposés
d'une manière irrégulière, jetaient les chantres dans l'incertitude
pour les intonations. Au surplus , Guido , qui a expliqua en termes
très-précis l'objet du perfectionnement qu'il avait voulu introduire
dans cette notation , ne nous laisse pas ignorer qu'il préfère les sept
lettres de saint Grégoire. « Nous avons trouvé plus avantageux, dit-
« il , de noter avec des lettres seules ; car elles sont ce qu'il y a de
« plus facile pour apprendre le chant, si l'on s'en sert avec assiduité
« l'espace de trois mois. Les neumes sont en usage parce qu'ils
« abrègent : s'ils sont faits avec soin, on les considère comme des
« lettres, lorsque celles-ci sont disposées de cette manière, etc. (2). yy
Ce raisonnement est très-juste; car les neumes, lorsqu'ils n'étaient
pas de simples points, étaient des signes collectifs de plusieurs sons
qui abrégeaient les notations; mais les lettres avaient sur eux l'a-
vantage de la clarté et de la précision.
A l'égard de l'invention du contrepoint attribuée à Guido, il est
hors de doute qu'on' ne trouve dans ses écrits d'autre trace d'har-
monie que la diaphonie, c'est-à-dire les successions non interrom-
pues de quartes et d'octaves dont Hucbald de Saint-Amand avait
donné des règles et des exemples plus d'un siècle avant lui.
Le monocorde, dont on lui a fait également honneur, se trouve
dans les traités de musique de Ptolémée et de Boëce, qui datent de
plusieurs siècles avant sa naissance. Le jésuite Kircher a voulu aussi
(1) Martiui, Storia délia Musica, t. 1, p. 184.
(2) Solis lUteris notare optimum probavi mus
Quihus ad discendum cantum nihil est facilius,
Si assidue utuntur saltem tribus mensibus.
Causa veio breviandi neumae soient fieri,
Quse si curiosœ fiant, habentur pro litteris,
". . ' Hoc si modo disponautur litterae cum lineis.
xxvj PRÉFACE
qu'il fût inventeur du clavecin et de l'épinette; cela est trop ridicule
pour avoir besoin d'être réfuté.
Après avoir mis au néant, par une discussion dont on vient de
voir l'aperçu , toutes les fables débitées sur les inventions préten-
dues de Guido , j'ai supposé, dans l'article de la biographie, qu'on
me ferait cette question : k Si Guido n'est l'auteur d'aucune des in-
« novations qui lui sont attribuées et que vous lui refusez , que lui
« reste-t-il donc, et sur quelles bases s'est établie sa renommée de-
ce puis plus de huit cents ans? » J'ai répondu alors, et je répète
aujourd'hui que j'accorde à ce digne prêtre ce qui lui appartient
et ce que lui-même réclame, à savoir : une méthode par laquelle il
enseignait aux enfants en quelques mois ce que les chantres de son
temps ne parvenaient pas à apprendre en dix ans; c'est-à-dire a
trouver immédiatement l'intonation représentée par un signe quel-
conque de la notation, à l'aide d'un procédé de mnémonique, et
d'un monocorde pour les commençants. De plus, il a complété le
moyen imaginé avant lui de donner une signification déterminée
aux signes de la notation neumatique. C'étaient là des services au
temps oùil vivait; car les instruments étaient rares alors, et l'on ne
connaissait pas le diapason ou le son modèle. La tradition et la mé-
moire pouvaient seules venir en aide pour fixer les intonations.
Qui croirait qu'une discussion si approfondie et si lumineuse ait
pu être l'objet d'une critique qui s'exprime en ces termes : « Qui
« ne sera étonné après cela de lire dans la Biographie des Musiciens
« par M, Fétis (t. IV, p. 458, 2. col.) les paroles suivantes :
« Ce que j'ai rapporté démontre qu'aucune notation n''a été consi-
« dérée, spécialement jusqu'au seizième siècle, comme une' invention de
« Guido; et que pour l'enseignement du plain-chant, l'usage des an-
« ciennes lettres grégoriennes s'était conservé même jusqu'à cette
« époque.
a II faut , ou que M. Fétis n'ait jamais lu les écrits de Gui, ou
a qu'il compte extraordinairement sur ses lecteurs pour avancer de
« telles propositions (l). «
Le P. Lambillotte, jésuite, qui m'adresse ces paroles, ne s'aperçoit
(1) Esthétique ou théorie du chant grégorien, par le P. Lambillotte, p. 2i 4.
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xxvij
pas qu'il tombe dans l'absurde; car il vient d'écrire à la page pré-
cédente (213) : « De plus , il est constant , d'après les paroles mêmes
« de notre auteur ( Guidod'Arezzo), que les caractères dont il se
c( servit pour le chant dans ces lignes étaient les anciens neumes. »
Puis il cite le premier vers : Solis litleris notare, etc. ; mais il sup-
prime les deux autres, qui auraient démontré trop évidemment ce
que j'avais avancé sur la conservation des lettres grégoriennes pour
l'enseignement du chant ecclésiastique.
11 est à remarquer que le P. Lambillotte a traduit dans son livre le
micrologue de Guido , sa lettre au moine Michel , et quelques frag-
ments d'autres opuscules; qu'il est résulté de ses traductions, pour
les moins lettrés, que le moine d'Arezzo n'est l'auteur ni de la
nomenclature des degrés de la gamme, ni des hexacordes, ni de la.
méthode des muances , ni de la main musicale , ni de l'invention
du contrepoint; ce que j'avais démontré dix-huit ans auparavant.
Cependant il termine par cette sortie contre ma démonstration •:
« Nous trouvons bien étrange, qu'il nous soit permis de le
« dire en passant, qu'un homme, quel qu'il soit, aussi savant que
« possible, jette publiquement un blâme à une série de siècles qui
« ont vu briller tant de génies dans tous les genres, et qu'il ose dire
« à tant d'hommes qui se sont occupés de la chose en question ,
« qu'ils n'ont pas compris ce qu'a fait Gui d'Arezzo en réalité. Du
« reste , la lecture des lettres de Gui et ses œuvres , que nous venons
<( de mettre sous les yeux de nos lecteurs, leur apprendra assez que
« l'article de la Biographie de M. Fétis fait peu d'honneur à ce grand
« musicographe. «
Cette conclusion du vénérable prêtre, à qui Dieu fasse paix, me
rappelle une anecdote que voici : Mozart , visitant une abbaye d'Al-
lemagne, fut conduit dans l'église parle prieur. L'un des pères
joua de l'orgue. Quand il eut fini de préluder, le prieur demanda
à l'illustre compositeur ce qu'il pensait du talent du moine , et
ajouta immédiatement : Cest un homme excellent et d'une simplicilé
migélique. — Four sa simplicité , réi^ondii Mozart, je ne la mets
pas en cloute^ car sa main gauche ne se doute pas de ce que fait sa
droite.
Le deuxième exemple , que je choisis dans les critiques dont mes
xxviij PRÉFACE
assertions et mes idées sur certains points de l'histoire de la musique
ont été les objets, est celui-ci :
Marchetto, dit de Padoue, à cause du lieu de sa naissance, fut le
musicien le plus singulier du treizième siècle. Auteur de deux traités
de musique, dont un, daté de 1274, a pour titre : Lucidarium in arle
musicœ planœ, c'est-à-dire, en latin du moyen âge, La lumière ( por-
tée ) dans l'art du plain-chant, il présente dans celui-ci des passages
d'harmonie dont voici quelques-uns :
N" 1.
Dessus. J ut, ut dièse, ré.
1 fa, fa dièse, sol.
sol, sol dièse, la.
Basse. ( fa, mi, ré. fa, ré, ut.
sol, mi, ré.
N" 2.
Dessus. l'é, ut dièse, ut.
Basse. ' ré, mi, fa.
sol, fa dièse, fa.
si, la, ut.
ut, ré, fa.
sol, la, la bémol.
NO3.
Dessus, j la, si bémol, si, ut.
ut, si, si bémol, la. ]
ré, ut, ut bémol. [| ut bémol, ut, ré. \
Basse, j la, sol, mi, ut.
ut, mi,
sol, , la.
ré, mi,
fa. \fa, mi, ré.
Ces successions, si insolites, si étranges, non-seulement à l'époque
où Marchetto écrivait, mais inconnues longtemps après lui , m'ont
fait dire, dans la notice qui concerne cet écrivain : « Le Lucidaire est
« surtout remarquable par les exemples d'harmonie chromatique
« qu'il présente dans les deuxième, cinquième et huitième traités
« renfermés dans cet ouvrage. Les successions harmoniques qu'of-
« frent ces exemples sont des hardiesses prodigieuses pour le temps
c( où elles ont été imaginées. Elles semblaient devoir créer immé-
a diateraent une tonalité nouvelle; mais, trop prématurées, elles ne
a furent pas comprises par les musiciens, et restèrent sans signiîi-
« cation jusqu'à la fin du seizième siècle. » Qu'a-t-on objecté
contre ces paroles, qui sont l'expression d'une vérité de toute évi-
dence pour qui a étudié d'une manière sérieuse les monuments des
tonalités et de l'harmonie, non en archéologue, mais en musicien
qui s'attache moins aux mots qu'à la nature des choses? Ce qu'en
a objecté , le voici :
« Si M. Fétis a supérieurement caractérisé la tonalité moderne,
« qui est notre élément musical, ses travaux ne sont pas aussi satis-
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xxix
« faisants en ce qui concerne la tonalité du chant de l'église. C'est
« du moins mon opinion ; et l'on verra bientôt à quel point elle est
« fondée.
« Quand on traite de la tonalité du plain-chant, on enseigne
« toujours qu'elle est purement diatoniqiie; qu'elle est dépouillée
a du caractère attractif du quatrième degré et de la note sensible ;
« que la seule altération permise en cette tonalité ne peut affecter
« que la note si , par le moyen du bémol et du bécarre; enfin, que
« l'emploi du dièse y est formellement interdit, selon les uns , et
« quelquefois toléré , selon les autres, soit pour éviter la relation di-
« recte du triton ou de la fausse quinte , soit par euphonie dans les
« cadences.
« On ignore que la tonalité du plain-chant ne repose pas toute
« entière dans la tonalité grégorienne. Celle-ci n'en est qu'une par-
« tie , considérable sans doute , mais qui ne constitue pas à elle
« seule la liturgie musicale (1). »
J'écarte ce qui suit immédiatement , parce que mon critique a
pour habitude de se jeter dans des excursions qui font perdre de
vue la chose dont il s'agit, et je viens au passage sur lequel il fait
reposer la discussion. Le voici :
« Ce dont personne ne se doutait , c'est que saint Grégoire et
« saint Ambroise , bien qu'inspirés tous deux par les théories grec-
ce ques , n'ont cependant pas suivi la même route. Le premier a
« choisi le genre diatonique , le plus sévère et le plus grave des
« trois genres de musique des anciens Hellènes ; l'autre a préféré le
« genre chromatique, plus doux, plus élégant, plus simple; l'un a
« songé aux barbares du Nord , au peuple, aux masses; l'autre a
« voulu plaire aux oreilles délicates des Romains (2). »
Arrêtons-nous un moment pour faire remarquer une méprise
singulière de mon critique, M. Nisard : Ambroise, Gaulois d'ori-
gine, n'eut point de rapports avec Rome, partagée à cette époque
entre les restes du paganisme et l'arianisme. 11 n'était pas homme
à vouloir plaire à des oreilles quelconques ; et, si quelqu'un travailla
(1) Études sur la restauration du chant grégorien au XIX'' siècle, par Théo-
dore Nisard, p. 15.
(2) Ibid.
XXX PRÉFACE
pour le peuple , pour les masses, dans les objets du culte , dans le
chant particulièrement, ce fut lui. Il suffit de lire les Confessions
de saint Augustin pour en être convaincu. A l'égard de saint Gré-
goire, pourquoi aurait-il eu en vue les barbares du Nord, qui n'oc-
cupaient que l'Italie centrale et la Lombardie , et qui ne pénétrèrent
pointa Rome sous son pontificat?
Mon critique poursuit sa thèse en citant ce passage extrait d'un
traité de musique attribué à saint Odon , abbé de Cluny (1) , qui
gouverna ce monastère célèbre depuis 927 jusqu'en 942 : « Il
« y a des genres de musique dont les intervalles ne se mesurent pas
« sur le monocorde de la même manière que ceux du diatonique ;
« mais nous ne parlons ici que de ce dernier genre, parce qu'il
« est le plus parfait , le plus naturel et le plus suave, d'après le
« témoignage des saints et des musiciens les plus instruits Il y
« a une chose certaine, c'est que l'emploi du genre diatonique ,
« adopté par saint Grégoire, repose sur la double autorité de la
« science humaine et de la révélation divine. Les mélodies de saint
c( Ambroise, homme très-versé dans l'art musical , ne s'écartent de
« la méthode grégorienne que dans les endroits où la voix s'amol-
« lit d'une manière lascive et dénature la rigidité des intervalles
« diatoniques (2).
M. Nisard cite ensuite un passage extrait d'un petit traité de mu-
sique par Réginon, abbé du Prum, qui fut contemporain d'Odon,
abbé de Cluny. Dans ce passage, Réginon, comme la plupart des
écrivains du moyen âge, divise la musique artificielle en diatonique,
chromatique et enharmonique; il ajoute qu'on entend fréquemment
des exemples du genre chromatique dans les chœurs de musique
(1) Il y a beaucoup de motifs pour ne pas reconnaître saint Odon comme l'auteur
de cet ouvrage, dont il n'existait que deux manuscrits avant que l'un d'eux eût été
détruit dans un incendie. Celui qui se trouve encore à la Bibliothèque de Leipsick,
l'attribue à Bernon, et le passage cité par M. Nisard ne s'y trouve pas.
(2) La traduction serait plus exacte si M, Nisard disait : la mélodie de saint /am-
broise ne s'écarte pas de cette règle, si ce ii'est dans les endroits où la voix la
dénature par des délicatesses trop lascives. (Sancti quoque Ambrosii, prudentis-
simi in liac arte, symphonia nequaquam ab hac discordât régula, nisi in quihus-
dam nimium delicatarum vocum pervertit lascivia. )
DE LA DEUXIEME EDITION. xxxj
des femmes, et qu'on les trouve également dans l'hymne Ut queant
Iaxis (1).
Après ces citations, et beaucoup d'écarts qui font oublier ce qui
est en question , le critique revient au sujet de la discussion , et
dit : « Sans doute, la tonalité du chant grégorien est diatonique :
« c'est la règle ; mais en connaît-on toutes les exceptions pratiques ?
« A-t-on contrôlé sur ce point fondamental les assertions obscures,
{( embrouillées ou incomplètes des didacticiens du moyen âge?
« Pourrait-on dire d'une manière précise les limites de l'influence
« réciproque qu'ont exercée l'une sur l'autre l'œuvre de saint Gré-
« goire et l'œuvre de saint Ambroise? »
On voit que jusqu'ici M. Nisard est dans l'incertitude sur la ques-
tion qu'il a soulevée; mais bientôt nous allons le voir prendre
un ton plus décidé, et ne plus mettre en doute l'existence d'un plain-
chant chromatique. De plus, il affirmera également que l'harmo-
nie chromatique a existé de tout temps , et il écrira cette curieuse
note (2) :
«. Dans sa Biographie universelle des Musiciens {d^vi, Marchetto y
« t. IV, p. 269) M. Fétis répète la même opinion (déjà produite au-
B paravant), mais en des termes plus inadmissibles encore ; car Mar-
« chetto n'a pas eu de hardiesses prodigieuses en fait d'harrfionie :
« il n'a fait qu'exposer la doctrine reçue et suivie depuis long-
« temps. )>
S'il en est ainsi, je ne mérite pas les éloges qui m'ont été donnés,
et que le critique a répétés en commençant. Non-seulement je n'ai
pas supérieurement caractérisé la tonalité moderne, qui est notre élé-
ment musical, mais j'ai dit de grosses sottises sur ce sujet, puis-
qu'il n'y aurait pas de différence entre la tonalité du chant grégorien
et celle de la musique moderne , ou plutôt qu'il n'y aurait qu'une
tonalité. Heureusement, nous ne faisons pas le roman de la musi-
que : nous écrivons son histoire. Nous n'avons pas de conjectures à
faire là où sont les monuments , et nous ne sommes pas des Chris-
tophe Colomb allant au hasard, sur unemer inconnue, à la recherche
(1) Sicut in choro mulieruin ludentium fréquenter auditur, et in hymno Ut
queant Iaxis , etc.
(2) Études sur le chant grégorien, page 153, n. 1.
xxxij PRÉFACE
d'un nouveau lîlonde musical. Il me suffira, pour mettre au néant
toutes ces suppositions gratuites, toutes ces pétitions de principes,
de rentrer dans le domaine de la réalité. Je regrette seulement de
ne pouvoir être plus concis dans ma tâche.
Reprenons d'abord le texte de l'ouvrage attribué à Odon : Il y a
des genres dont les intervalles ne se mesurent pas sur le monocorde de
la même manière que ceux du diatonique. Cette traduction est-elle
exacte? Je suis obligé de répondre négativement, car le texte dit
simplement : il y a d'autres genres de musique, lesquels ont d'autres
mesures (1). En cela l'auteur de l'opuscule ne nous apprend rien de
nouveau : il répète ce qu'ont dit avant lui Ptolémée, Boëce, Auré-
lien de Réomé, Rémi d'Auxerre et d'autres écrivains qui suivaient
la doctrine de Boëce. Mais cela n'indique en aucune manière qu'on
se servit au dixième siècle des genres chromatique et enharmonique.
On ne parlait plus depuis douze siècles de ces genres que d'une ma-
nière spéculative. Aristote nous apprend qu'il n'existait plus de son
temps de musicien capable de chanter les nomes d'Olympe , parce
que la musique était devenue purement diatonique , et que les an-
ciens genres enharmonique et chromatique avaient été abandonnés.
Le texte que M. Nisard invoque affirme également que le chant de
saint Grégoire est diatonique , et que celui de saint Ambroise n'en
diffère pas, si ce n'est dans les cas où la voix le dénature par des dé-
licatesses trop lascives. Mais pourquoi mon critique a-t-il omis ce qui
suit dans le même paragraphe de l'ouvrage qu'il cite? Là se trouve
parfaitement expliqué ce que l'auteur entend par des délicatesses
lascives de la voix; là aussi se voit la preuve qu'il s'agit, non de ce
que M. Nisard appelle Vœuvre de saint Amhroise , mais de mauvaises
traditions de certains chantres que l'auteur flétrit du nom de jon-
gleurs. "Voici le passage supprimé par mon critique : « Or, nous sa-
« vous par expérience que la plupart de ceux dont l'esprit cor-
« rompu dirige leurs voix de cette manière ne chantent pas selon
« la règle de vérité, mais suivent plutôt leur propre caprice, pour
c( acquérir une vaine gloire. Cest d'eux qu'on a dit que l'ignorance
« de la musique fait d'un chantre un jongleur. C'est pourquoi saint
(1) Sunt prEctcrea et alla musicso gênera, aliis meusuris aptata.
DE LA DEUXIÈME EDITION. xxxiij
« Isidore pose cet axiome, que Dieu n'est pas glorifié par des voix
« semblables (1). »
En vérité, il est bien extraordinaire que mon critique n'ait pas vu,
par cette suite du paragraphe de son auteur, que l'autorité invo-
quée par lui s'élève contre son système et l'anéantit!
Reste la citation d'après Réginon de Prum. Ici j'éprouve quelque
embarras, car le passage ne se trouve ni dans le texte publié par
l'abbé Gerbert, ni dans le manuscrit que j'ai découvert à la biblio-
thèque royale de Belg'ique; j'ignore donc ce. qui suit l'endroit où mon
critique s'est arrêté. Toutefois, ce qu'il en a cité suffit pour démon-
trer que les paroles de l'abbé de Prum n'ont pas la signification
qu'il leur prête. De quoi s'agit-il ? de la musique artificielle. Qu'est-
ce que la musique artificielle? C'est celle des instruments. Réginon
lui-même nous dit en effet ce qu'il entend par ces mots : « On ap-
te pelle musique artificielle, dit-il, celle qui est produite et inven-
te tée par l'art et le génie humain, et qui consiste dans l'usage de
« certains instruments (2). » Or, j'ai démontré dans mes Recherches
sur la musique des rois de France ai' moyen âge, d'après les comptes
de leur maison (3), que les instruments orientaux appelés psaltérions,
canons et demi-canons , étaient joués par certains musiciens employés
à leur service, et que ces mêmes instruments étaient connus en
Europe. On sait que leurs nombreuses cordes étaient et sont encore
accordées dans le système arabe , de dix-sept sons par octave. Quels
rapports veut-onque ces choses aient avec la tonalité duplain-chant?
Encore une fois il n'est question que de la musique artificielle, c'est-
à-diro delà musique instrumentale. Il est vrai que dans la citation
faite par mon critique il est fait mention de l'hymne Ut qucant Iaxis,
après le chœur musical des femmes. J'avoue que je ne sais ce que
cela signifie, car on n'en peut tirer aucun sens raisonnable. Si cet
(1) Experimento namque didicimus, qiiod plurimi dissolut! meute hujus niodi
voces habentes uulluni pêne cantum secundum veritatis regulam, sed magis secun-
dum propriara voluntatem pronunciant, maxime inanis gloriœ cupidi ; de qualibus
dicitur : quia ignorata musica de cantore joculatorem facit; pro quo S. Isidorus po-
nit, quia talibus vocibus uon famulatur Deo. {Jp. Cerb.^ tome I, page 275.)
(2) Artiflcialis musica dicitur, quac arte et iugenio liumauo excogitata est, et in-
venta, quac in quibusdam consistit instrumeutis. {Jp. Gerb., tom. I; p 237. )
(3) Revue musicale, année 1832, n» 25 et suivant.
:ixxiv PREFACE
hymne n'avait pas appartenu au genre diatonique, Guido d'A-
rezzo ne l'aurait pas choisi pour mettre dans la mémoire de ses
élèves les notes initiales des antiennes.
On a vu que ce n'est pas dans le plain-chant seul que M. Nisard
veut trouver l'emploi du genre chromatique , mais aussi dans l'har-
monie. Suivant lui, et ici il est affirmatif autant qu'on peut l'être ,
ce que j'ai trouvé de prodigieux dans les successions harmoniques de
Marchetto est la chose la plus simple : cela s'est fait de tout temps ;
Marchetto n'a fait qu'exposer une doctrine établie longtemps avant
lui. M. Nisard oublie de nous apprendre où il a trouvé les docu-
ments qui l'autorisent à tenir ce langage. Pour moi je n'éprouve aucun
embarras à démontrer son erreur, car je m'appuie sur l'évidence.
Marchetto, dit mon critique, lorsqu'il écrit ses harmonies, expose
la doctrine établie longtemps avant lui. Voyons de quoi traite le
sixième chapitre du deuxième traité contenu dans le Lucidaire?
du diesis , qui, dit-il , est la cinquième partie d'un ton (1). Il ajoute :
Si Von divise le ton en deux parties pour colorer quelque conson-
nance , par exemple , la tierce , la sixte ou la dixième, tendante vers
une autre consonnance , la première partie du ton ainsi divisé , si elle
est ascendante, est la plus grande et s'appelle chroma, la partie qui
reste se nomme diésis (2) . Quel galimatias ! Cette théorie a la pré-
tention d'être empruntée aux Grecs ; mais jamais un intervalle ne
s'est appelé chroma, et une tierce, une sixte, une dixième, dont
l'intervalle prendrait les quatre cinquièmes d'un ton pour éta-
blir sa tendance, serait complètement fausse et insupportable à l'o-
reille. C'est pour la démonstration de cette absurdité que sont écrits
les exemples placés sous le n° 1 .
Le deuxième chapitre du huitième traité du Lucidaire, où se trou-
vent les successions que j'ai fait connaître sous le n° 3 , traite du
changement de nom des notes dans la solmisation par le système des
hexacordes et par la méthode des muances. Or, ce système et cette
(1) Diesis quinta pars esttoni.
(2) Diesis quinta pars est toni, puta cum aliquis tonus bipartitur propter aliquam
cousonautiarn colorandam subter tertiam, sextani sive dccimam , tendendo ad ali-
quam consonantiam ; quia prima pars toni sic divisi, si per ascensum fit, major est,
et vocatur chroma ; pars vero quœ restât diesis dicitur. {.4p, Gerb., t. 111, p. 73.)
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xxxv
méthode ont pour base unique le genre diatonique , comme le
prouve invinciblement la main musicale. Quels rapports donc
peuvent exister entre les successions de Marchelto et l'objet du
chapitre ?
Enfin ^ n'avons-nous pas, pour démontrer que les successions et
les harmonies dont il s'agit n'appartiennent pas au temps où elles ont
été écrites, les monuments de Fart à la fin du douzième siècle et môme
de l'année 1267, que j'ai publiés dans la Revue de la musique reli-
gieuse de M. Danjou, et ne savons-nous pas qu'alors les tierces ma-
jeures et les sixtes de même nature étaient considérées comme des
dissonances et bannies du contrepoint? De plus, n'avons-nous pas
des morceaux à trois voix d'Adam de la Halle , contemporain de
Marchetto, pour nous fournir la preuve que l'harmonie de ce temps
n'a aucun rapport avec ce que nous voyons dans l'œuvre de celui-ci?
Que deviennent donc, en présence de ces faits, les assertions in-
croyables de M. Nisard? Que devient sa négation des vérités que j'ai
énoncées? Non-seulement j'étais dans le vrai, lorsque je disais que
les exemples de successions harmoniques de Marchetto sont des
choses prodigieuses (j'aurais pu dire absurdes) dans la tonalité de
son temps, mais j'étais en droit d'ajouter que longtemps même
après l'introduction dans l'art du principe de la tonalité moderne ,
de pareilles successions y étaient inconnues. Quatre siècles s'étaient
écoulés depuis Marchetto, lorsque Stradella, et après lui Alexandre
Scarlatti , ont fait entendre les premières successions chromatiques
avec l'attraction tonale. L'étude quelque peu attentive des règles en-
seignées dans les traités de musique des quatrième et cinquième siè-
cles fait voir avec évidence qu'elles ont pour objet d'éviter des rela-
tions d'intervalles bien moins hardies que celles de l'écrivain de
Padoue.
Les deux exemples de critiques que je viens d'analyser et de ré-
futer, par de solides preuves, font voir que si je voulais relever de la
même manière tout ce qui a été produit contre mes doctrines, je
devrais écrire d'immenses volumes , source de fatigue pour moi et
d'ennui pour mes lecteurs. Certains archéologues , dans ces derniers
temps, se sont attachés à des points de vue particuliers sur lesquels
ils se contredisent souvent entre eux , bien que le but de la plupart
xxxvj PRÉFACE
soit de me combattre. La vue de l'ensemble leur échappe, ce qui est
cause qu'ils ne me comprennent pas toujours. Ils sont à l'histoire de
la musique ce que seraient plusieurs tailleurs qui voudraient tra-
vailler à la confection du même habit, chacun de son côté : celui-ci
ferait la taille, cet autre les manches, un troisième le collet. Tous se
complairaient à bien faire la partie qui leur serait échue ; mais,
quand viendrait le moment d'assembler le tout, rien ne s'accorde-
rait. Avec du savoir, de l'érudition , on croit pouvoir résoudre mieux
certains problèmes de l'histoire de la musique en bornant le cercle
des études à ces questions particulières ; mais dans cet art, dont les
transformations sont si fréquentes, dans cette science qui embrasse
tant d'objets, si l'on n'a tout examiné; si de longues méditations sur
l'ensemble et l'enchainement des faits par leurs causes n'ont pas
étendu les vues du savant le plus consciencieux , on risque de ne
parvenir qu'à des conclusions erronées. Il faut avoir tout approfondi
pour traiter avec certitude une des milles questions difficiles qui se
présentent dans cette science infinie.
Ces considérations m'ont déterminé à faire disparaître de la
deuxième édition de mon livre le Résumé philosophique de l'histoire de
la musique, que j'avais placé en tête de la première. Ce morceau ren-
ferme une très-grandequantité d'aperçus nouveaux, dont quelques-uns
ont été quaAiiiés (ï hypothèses. Le conseiller impérial de Kiesewetter
en a eu tant d'émotions, qu'elles l'ont préoccupé pendant les quinze
dernières années de sa vie et lui ont fait produire dans cet intervalle
ses livres sur la musique de V Église grecque, sur Vhistoire de la mu-
sique européenne, sur la musique mondaine , sur la musique des Ara-
bes , sur Guido d'Arezzo et sur la théorie mathématique des échelles
tonales, sous le titre de Nouveaux Aristoxéniens. De plus, il a rem-
pli les journaux de musique allemands d'articles dirigés contre
mes idées, sous divers pseudonymes. D'autres se sont aussi essayés
contre ce que j'ai écrit dans ce résumé sur les origines de l'harmonie,
sur celles des notations et sur beaucoup d'autres choses. Reproduire
simplement mon tableau rapide de l'histoire de la musique , sans
tenir compte de toutes ces oppositions, ne serait pas possible; les
discuter serait changer le caractère de ce morceau, lui ôter sa desti-
nation et le transformer en une lourde et illisible dissertation. Je
DE LA DEUXIÈME ÉDITION. xxxvij
me suis dit qu'il n'est plus temps de présenter sous une forme
abrégée des vérités historiques et des idées que saisissent mal ceux
qui n'en connaissent pas les développements. L'histoire générale
de la musique, dont la publication suivra celle du présent ouvrage,
exposera ces choses avec le cortège de preuves qui doit les appuyer,
et fera cesser d'oiseux débats.
En terminant, je déclare que, loin de me plaindre des attaques
dont mes assertions et mes théories ont été l'objet, je m'en réjouis,
si elles restent dans des termes qui conviennent à d'honnêtes gens.
Mieux vaut cent fois l'animation qui règne dans le domaine de la
littérature musicale depuis un certain nombre d'années , au risque
de quelques égarements, que l'indifférence dont j'ai été témoin
dans ma jeunesse, et que j'ai eu pour but de faire cesser par
mes efforts. Au milieu de quelques erreurs, que le temps dissipera ,
se sont produites de bonnes choses qui porteront leurs fruits. Sous
ce rapport, le progrès n'est pas douteux.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
AARON, abbé de Saint-Martin de Cologne,
naquit en Ecosse dans les dernières années du
dixième siècle. Il était jeune encore lorsqu'il fit
un pèlerinage à Tabbaye de Saint-Martin : beau-
coup d'Écossais venaient à cette époque visiter
pieusement cette abbaye. Aaron y trouva le terme
de ses voyages, et, peu de temps après son arrivée
à Cologne, il y prit l'habit du monastère, dont il
devint abbé en 1042. 11 n'était point alors extra-
ordinaire qu'un seul abbé dirigeât deux abbayes:
Aaron nous en fournit un exemple, car, peu de
temps après qu'il eut été élevé à la dignité d'abbé
de Saint-Martin, on lui confia aussi la direction
de l'abbaye de Saint-Pantaléon , de l'ordre de
Saint-Denoît, près de Cologne. 11 mourut à l'âge
d'environ soixante ans, le 14 décembre 1052. Un
traité De utlUtate Cantus vocalis et de Modo
cantandi ulqxie psallendi, écrit par Aaron, se
trouvait en manuscrit dans la bibliothèque de
Saint-Martin, avant la suppression de cette ab-
baye. Trithème (in Cliron. Hirsaug.) dit aussi
que ce moine a laissé un livre intitulé : De Regu-
lis tonorum et symphoniarum. {Yoy. Josephi
Hartzeim Bïbliotheca coloniensis , p. 1.)
AAROIV, ou ARON (Pietro), écrivain
didactique sur la musique , et professeur distingué
de cet art, naquit à Florence, dans la seconde
moitié du quinzième siècle, suivant les rensei-
gnements que nous fournissent les titres de ses
ouvrages et ses épîtres dédicatoires. Les deux
orthographes du nom de cet auteur sont employées
par lui-même ; car on trouve Aron au second
livre qu'il publia, et Aaron aux titres des autres.
Poccianti (1), Cinelli (2) et le jésuite Negri (3)
(!) Catalogus illustrium Scriptorum Florentinorum.
(2) Bibliotcca volante. Scansia 8\
(i) Istoria de' Fiorentini Scrittori, p. isa.
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. T. 1.
nous apprennent peu de choses concernant la
vie de ce savant musicien ; ce qu'on en sait est
indiqué par lui-même. Ainsi la lettre placée en
tête de l'édition de son livre intitulé Toscanello
in musïca , publié en 1539 , et datée du 7 octobre
de la môme année, nous informe qu'Aron avait
vingt-six ans lorsqu'il publia son premier livre ,
en 151G; d'où il suit qu'il était né en 1489 ou
1490. On voit dans une autre épîlre de l'édition
de 1523, qu'il était né pauvre, et qu'il chercha
des ressources pour sa fortune dans ses travaux
sur l'art. On peut induire de ses paroles qu'il
s'était rendu à Rome, et qu'ayant été ordonné
prêtre, il recherchait la faveur du pape Léon X;
mais la mort de ce pontife trahit ses espérances.
Heureusement, il trouva aiorsnn protecteur dans
Sébastien Michèle, noble vénitien et chevalier de
Saint-Jean de Jérusalem (4). Or Léon X mourut
le 1^"" décembre 1521, et avant cette époque
Aaron avait déjà publié ses trois livres DelV Isti-
tuzione armonica, à Bologne, en 1516. 11 est
donc au moins vraisemblable qu'il se trouvait
alors dans cette ville, où Flaminio, son ami,
publia dans la même année une version latine du
même livre. Depuis cette époque jusqu'au mois
de février 1521 , les traces de l'existence d'Aaron
(4) ... Sotto il suo pontificato ( de Léon X ), molti
si sono affaticati, ciascuno seconda le lor forze, di
far profttto in esta pcr çiU ampi premii che a le loro
fatiche vedevano essere proposti. Tra gli quali io sono
stato uno , il quale in tenue forUina nato, riccrcindo
per alcuna honestâ via sostentaie la. mie tenutta
neçili studii di musica , mi sono non poco affatt-
cato , se non eos felicemenle corne harei (sic] io/«(o,
almeno quanto l' ingeçino et la mia indiistria mi ha po-
tuto ; et harei al tutto dissipato il premio a le fatiche
mie per la importuna morte di Leone, se vostra figno-
ria non mi si fiissi offerta iinico prcsidio a la afjlitta
miafortuna, etc. •
1
AARON
disparaissent ; mais un document publié dans le
n° 17 de la neuvième année de la Gazetta musi-
cale di Milano (27 avril 1851) nous apprend
qu'il était alors à Imola , petite ville de l'État
de l'Église, et siège d'un évêclié, où il occupait la
place de chantre (ou maître de chapelle et insti-
tuteur des enfants de chœur) à l'église cathédrale.
Ce document est un acte dressé par le notaire
Vincent Gibelti , de cette ville, en date du 15 fé-
\rier 1521, par lequel les chanoines, après déli-
bération , accordent à Aaron, pour tout salaire
annuel de son service, et sans indemnité de loge-
ment, seize mesures de froment (1). Il paraît
hors de doute que, peu satisfait du résultat de la
délibération, ce savant maître abandonna sa
place de l'église d'imola , et se rendit à Rome
immédiatement après. Les munilicences de
Léon X, son goût décidé pour les arts, et la
faveur que ce pape accordait aux Florentins,
tout faisait entrevoir à Aaron un sort plus heu-
reux; mais la mort prématurée du pontife
renversa de nouveau ses espérances. Cependant
il ne tarda pas à se trouver dans une meilleure
situation, ayant obtenu, par la protection du
chevalier Sébastien Michèle, un canonicat à la
cathédrale de Rimini, dont il était pourvu
dès 1522, ainsi que le prouvent le titre et i'é-
pllre dédicatoire du Toscanello, publié dans celte
même année.
Il jouissait encore de ce bénéfice lorsque paru-
rent les éditions de ce livre publiées en 1525
ot 1529; mais il paraît qu'il ne l'obligeait pas à
résidence; car il était en môme temps maître de
chapelle de la maison de son protecteur, le che-
valier Sébastien Michèle, prieur de Saint-Marc de
Venise, et vivait dans cette ville, ainsi qu'on le voit
par le titre de son livre intitulé : Tratlale délia
natura et délia cognizione di tutti gli tuoni
(0 Et prtrdicti syndicus wansionarioriim , et man-
sionarii prœdicti, obtcnto partito per fabas quatuor
albas ex quinqiie de dando dicto D. l'ctro Arnn corbes
Xflfrumenti de prsedicta mensvra, se obllgaverunt dare
et consignare in recollectu proximc future dicto V. Petro
y4ron dictas corbes Xf^I frumenti, pro eo quod promisit
in choro divinis interesse et cantu se occupare dicbus
solemnibus ctfcstivis perannum incipicndum in halcndis
vmrtii proxime futuris ,et xtt scquitur , hac tamcncovdi-
tione, quod non facta interpellatione per mensem unte
flnitum annum per alterum partem de conducta non
perseveranda : intelligatnr perseverare eo modo et forma
quo anno tune pneterito , et sic per transitum rt^ensem
fcrdurare peralium annum rum eodem salaria.
Suivant les tables de variations de la valeur de l'arscnt
et du prix des denrées , données par Dupré de Saint-Maur
dans son Essai srir les Monnaies, et en supposant que
la mesnrt romaine de blé fût à peu prés l'équivalent du
Relier de France, coté en 152i à -s livres tournois 3 sous
et 4 deniers , qui répondent à li> franc." de notre inoniraie,
les seize mesures de froment aeconiés à Aiiron représin-
trraient aujourd'hui un traitement annuel ds 210 fraûcs !
nel canfo figurato, qui fut publié en 1525. La
mort du prélat et la modicité du revenu de son
canonicatmirent plus tard Aaron dans une situa-
lion peu prospère; car il se décida, en 1535, à
se faire moine de l'ordre des Hiéronymites <
(appelé en Italie VOrdine de" crociferi ou
Crosachieri), dans le couvent de Saint-Léonard ,
à Rergame. 11 en prit l'habit le 12 mars 1536, et
l'on voit dans une lettre qu'il écrivit le lende-
main à son ami Giovanni del Lfigo, maître de
chapelle vénitien, que sa profession se fit avec
beaucoup de solennité, qu'on lui rendit des
honneurs inaccoutimiés, et que les musiciens et
chanteurs qui assistaient à la cérémonie lui té-
moignèrent de l'alfection. Pour l'honorer, dit-
il, et à cause de l'amitié qu'ils avaient pour lui, le
maître de chapelle, Messer Gasparo et ses vingt-
deux chantres exécutèrent des psaumes spez-
zati et un Magnificat à deux chœurs, et toutes
les antiennes en contre point , aussi bien qu'on
aurait pu le faire à Venise; puis le Veni Creator
fut chanté dès qu'il eut revêtu l'habit. Il ajoute :
« Après les cérémonies , je fus accompagné dans
« le couvent par monseigneur patron (le supé-
« rieur), avec les chantres et une partie du
« peuple. Une somptueuse collation de pâtisseries
« et de confitures était pré{)arée ; et , sans que
« j'en eusse été prévenu , on chanta à ma louange
« un madrigal à six voix (1). » Trois ans après,
il écrivait au même : « Je suis mieux que je
« n'ai jamais été; bien vu et caressé; j'ai bonne
« vie et repos; je suis libre, et j'ai quelques écus
« dans ma bourse (2). » Dans une autre lettre
il dit encore : « Vous savez quelle était ma situa-
« lion à Venise ; s'il m'était survenu une maladie,,
« j'aurais été sans asile (3). » Il passa plus tard
du couvent de Bergame à celui de Padoue, puis-
(1) Per lo amore quale a me portano questi signori
musici et cantori, Tnesser Gasparo, maestro di cappella,
qua con ventidue cantori (fu) ad honorarmi, et qua
fil cantato im vespero a dui chori da loro a psulmi
spezzati , molto egregiamente, con un Magnificat a dui
chori, et tutte le antifone in contrapunto ; cosa che
non haria creduto, tanto bene che sarebbe bastuto in
f'infgia : da poi uno Venl Creator Spiritus, quando fui
vestito, etc.
Finito le cérémonie, fui accompagnato dal
reverendo Monsignore mio patrone in casa con tutti li
canton et parte del popolo, dove era apparecclnuto vna
belUssima colntione abundante di marzapani et confetti :
da poi fu cantato un mandriali (sic) a sei noci , del quale
non sapevoniente, in laude mia. (Voy. Lucidarlo in mu-
sica , etc.)
(2) lo sto meglio eh' io stetti mai; ben visto, ben acha-
rezzato, buon vivere con riposo, libéra et qualcke scttdo
in borsa. ( Ibid.)
{5) foi sapete bene qnello che in f-^enetia al présente
havcvo se mi fusse vcnu{a una malattia , saria umlato
rumimjo. (Ibid.)
AARON — ABADIA
à celui de Venise. On ignore l'époque de la mort
d'Aaron ; mais on sait qu'il vivait encore en 1545,
car il publia dans cette année son Lucïdarïo in
Musica. C'est donc entre celte date et 1562
qu'il cessa de vivre ; car la dernière édition de
son Toscanello in Musica , publiée précisément
dans cette année 1562, porte au frontispice ces
mots : Con V aggiuntafatta dall' aulore stesso
innanzi che morisse (avec l'addition faite par
l'auteur lui-même avant qu'il mourût). Les soins
qu'il avait pris pour les progrès de la musique, et la
réputation dont jouissaient ses ouvrages, lui pro-
curèrent riionneur, unique parmi ses contempo-
rains , de voir son portrait placé dans la galerie
ducale de Florence, près de- ceux des musiciens
les plus célèbres des temps antérieurs. Ou a de
lui les livres dont voici les titres : l° / tre libri
deir Istituzionc armonica, stampati in Bolo-
gna nel 1516 da Benedetlo di Ettore , in-4°.
Ce volume est composé de 62 feuillets cliiffrés
d'un seul côté. Jean-Antoine Flaminio, ami de
l'auteur, traduisit ce livre en latin, et publia
sa version sous ce titre : Libri très de Institu-
tione harmonica, editi a Petro Aaron , Flo-
rentine; interprète Giov. Ànt. Flaminio Fora-
corneliensi. Bononiœ , 1516, petit in-4°. Cet
ouvrage (it naître une vive contestation entre
l'auteur et Gafori, qui y trouvait des fautes
graves en grand nombre. L'objet de la dispute
était la division des tétracordes dans les genres
diatonique, chromatique et enharmonique; dis-
putes vaines <iu'on agitait volontiers dans ces
temps anciens, et qu'on assaisonnait d'injures
réciproques. La cause d'Aaron fut soutenue
contre Gafori par Jean Spataro et Nicolas Vulso
(voyez ces noms), et des pamphlets, devenus
très-rares, furent échangés à cette occasion.
Longtemps après, Aaron est revenu sur ce sujet
dans le second livre de son Lucidario (page 10);
il y fait une critique vigoureuse des arguments
de son adversaire. 1" Toscanello in Musica di
messer Pielro Aron Fiorentino canonico in
Fàmini. In Vineggia, 1523, petit in-fol. C'est
le meilleur des ouvrages d'Aaron. Les règles du
contre point y .sont mieux exposées que dans les
autres livres publiés avant ceux de Zarlino. Il y
en a d'autres éditions publiées en 1525, 1529,
1539 et 1662, toutes imprimées à Venise, petit
in-fol. Dans l'édition de 1539, imprimée par
Marchio Sessa, on trouve, après le second livre,
une addition (aggiunta) tort importante con-
cernant l'usage du bécarre et du dièse dans la
tonalité du plain-chant. L'édition de 1562, im-
primée à Venise par Dominique Mcolini , petit
in-fol., est la dernière de ce livre- Elle a pour
litre ; Toscanello, opéra dcW eccelleniissimo
musica Pietro Aron fiorentino , nellaquale,
dopo le laudi, la origine, la definitione , et
la divisione délia musica, con esaltissimo
et agevolissimo trattato s' insegna tutto
quello, che alla pratica del cantare et del
comporre canti , et a divenirepcrfetlo musico
è necessario. Con V aggiunta fatta dalV aulore
stesso, innanzi che morisse. 3° Trattato
délia natura et cognitione di tutti gli tuoni
di canto figurato non da altrui più scritti,
composli per messer Pietro Aaron, musico fio-
rentino, canonico in Rimini, maestro di casa
del rêver, et magnifico cavalière hierosoli-
mitano messer Sebastiano Michèle priore di
Venetia. Impresso in Vinegia, per maestro
Bernardino Vitali, 1525, petit in-fol. La Borde
cite une deuxième édition de ce livre, qui aurait
été publiée en 1527, in-fol. : Je la crois sup-
posée. 4° Lucidario in Musica di alcune opi-
nioni antiche et moderne; Venise, 1545 , in-4°.
Ce livre contient des éclaircissements sur quel-
ques difficultés relatives à la théorie de la mu-
sique, particulièrement en ce qui concerne les
proportions. 5" Compendïolo di molli dubbi,
segreti et sentenze , intorno al canto ferma
et figurato , da molli eccellenti consumât i
musici dichiarato; raccolte dall' eccellente et
scienzato autore fratre Pietra Aaron, deW or-
dine de' Crosachieri, et delta inclita ciltà di
Firenze. In Milano , per Giov. Antonio da
Castigligne, in-8° (sans date) (1). Les ouvrages
d'Aaron ont encore aujourd'hui une assez grande
valeur historique; la doctrine qui y est exposée
est puisée en grande partie dans les œuvres de
ïinctoris.
ABACO (Évariste-Felice del), né à Vérone
en 1602, fut directeur des concerts de l'électeur
Max. limmanuel de Bavière, et mourut dans la
soixante-quatrième année de son âge, le 2G
février 1726. Il a publié cinq œuvres de musique
qui ont tous été gravés à Amsterdam , savoir :
1" douze sonates pour violon et basse, in-4"
oblong; 2" dix concerts à quatre pour l'église;
3" douze sonates pour deux violons , violoncelle
et basse; 4° une sonate pour violon et basse;
5° six concerts pour quatre violons, alto, bas-
son , violoncelle et basse. Son œuvre quatrième
a été arrangé pour la musette.
ABADIA (Natale), compositeur de musique
ecclésiastique et théâtrale, né à Gênes le 11
(1) J'ai fait une erreur considérable, en disant , dan.s la
première éJilion de la Bioyraphie unlverstlle des Musi-
ciens, que c'e^t le Compendiolo qui a été traduit eu latin
par Flaminio .- je ne connaissais pas alors le premier
ouvrage d'Aaron, que n'indiquent ni Martini, n-i l-orkel,
ni LichtcntUal. J'ai copié l'erreur do ceux-ci
1.
ABADIA — ABÉLARD
mars 1792, a fait ses premières études nmsicales
sous la direction de P. Raiinondi : il les termina
dans l'école de L. Cerro, son compatriote. On
connaît de lui une messe à trois voix , une autre
à quatre, avec orciieslre, des vêpres complètes
et quelïjiies motels. Pour le théâtre, il a écrit
un opéra bouffe intitulé : V ImbrogUone ed il
Castirjamatti, et en 18 12 il a donné au théâtre
di S. Agostino, à Gênes, le drame qui a pour
tilre la Giannina di Poniieu, ossia la Villa-
nelln d' onore.
ABAILARD ou ABÉLARD (Pierhe) ,
célèbre par ses talents , ses amours et ies mal-
heurs , naquit en 1079 au Palet, petit bourg à
peu de distance de Nantes. Doué d'un esprit
vif, d'une imagination ardente, d'une mémoire
prodigieuse et d'un goût passionné pour l'étude,
il posséda toutes les connaissances de ces temps
barbares , et créa cette philosophie scolastiqua
qui semblait alors renfermer toutes les sciences,
et qui fut si longtemps un obstacle aux progrès
de l'esprit humain. A la rhétorique, à la gram-
maire et à la dialectique, il avait ajouté l'étude
de ce qu'on appelait de son temps le qiiadri-
viiim, c'est-à-dire l'arithmétique, la géométrie,
l'astronomie et la musique. 11 possédait particu-
lièrement la théorie et la pratique de cette dernière
science. Dès l'âge de vingt-deux ans, sa répu-
tation comme savant et comme homme éloquent
effaçait celle des plus habiles professeurs , et son
école était devenue célèbre. Au milieu de ses
succès, il vit Héloï«e , nièce de Fulbert, cha-
noine de Paris, l'aima, la séduisit et l'enleva. H
la conduisit en Bretagne, où elle accoucha d'un
lils qui ne vécut point. Abailard proposa alors à
Fulbert d'épouser sa nièce en secret; celui-ci y
consentit, ne pouvant faire mieux, mais il di-
vulgua cette union : Héloïse, sacrifiant sa répu-
tation aux volontés de son époux, la nia avec
serment. Fulbert irrité la maltraita, et Ahnilard,
pour la soustraire à ses mauvais traitements,
l'enleva une seconde fois, et la mit au couvent
d'Argenteuil. Le désir de se venger conduisit
alors Fulbert à une action atroce : des gens
apostés entrèrent la nuit dans la chambre d'A-
bailard et lui firent subir une mutilation infâme.
Cet attentat fut bientôt connu , et son auteur
décrété, exilé, dépouillé de ses biens; mais le
bonheur d'Abailard était détruit pour toujours.
11 alla cacher sa honte à l'abbaye de Saint-Denis,
qu'il ne quitta que lorsqu'il fut nommé abbé de
Saint-Gildas au diocèse <le Vannes. 11 finit par être
simple moine à l'abbaye de Cluny, et mourut
au prieuré de St-Marccl, près de Châlon-sur-
SaAne, le 21 avril 1142, âgé de soixante-trois
ans. Nous avons dit que la musique était un des
talents d'Abailard. Il avait fait les paroles et le
chant de plusieurs chansons dont le sujet était
ses amours : il les chantait avec goût. Bientôt
répétées en tous lieux, elles eurent une vogue
extraordinaire. Héloïse elle-même nous apprend
quel tut leur succès, par ce passage d'une de ses
lettres : •> Quand, pour vous délasser des travaux
« de la philosophie, vous composiez en rimes des
« chansons amoureuses , tout le monde voulait
'< les chanter à cause de la douceur de leur mé-
« lodie. Par elles mon nom se trouvait dans toutes
'< les bouches, les places publiques retenti.ssaient
« du nom d'Héloïse. » {Lettres d'Héloïse et d'A-
bailard, Uaihiclion nouvelle par le bibliophile
Jacob, page 131, dans la Bibliothèque d'é-
lite. ) Ces chansons amoureuses n'ont point
été retrouvées jusqu'à ce jour : elles ont donné
lieu à beaucoup de conjectures contradictoires.
L'abbé Dubos a cru qu'elles étaient en langue
vulgaire {Histoire de la poésie française,
page 114); Lévèque de la Ravallière a repoussé
cette opinion {de V Ancienneté des Chansons
françaises, dans les Poésies du roij de Navarre,
tome I, pages 206 et suivantes), se fondant sur
ce qu'il n'a trouvé aucun vestige de ces poésies;
ce qui est peu concluant, car ce qui n'a point
été trouvé dans un temps peut être découvert
dans un autre. Lévêque de la Ravalière paraît
d'ailleurs être dans le vrai lorsqu'il soutient que
les chansons d'Abailard étaient en langue latine.
M. Leroux de Lincy , qui partage cette opinion,
l'appuie par cette considération qu'Abailard
montre en ses écrits trop de dédain pour les
langues vulgaires, pour supposer qu'il eût re-
noncé dans ses poésies amoureuses à la langue
de Virgile et d'Ovide , et se fût servi du français
encore au berceau. {Recueil de Chants histori-
ques français , Introduction, page vi. ) Une
découverte récente semble d'ailleurs donner
gain de cause à cette opinion; car M. Charles
Greilli , pasteur à Mœrscliwyl, près de Saint-
Gall, a trouvé à Rome, dans le manuscrit LXXXV
de la Bibliothèque du Vatican, volume in-s°
sur vélin, du XIIP siècle, qui provient du fon<is
de la reine Christine de Suède, six complaintes
d'Abailard en langue latine, avec le chant en
notation neumalique, qu'il a publiées dans un
recueil de pièces intéressantes intitulé Spicile-
fjium Vaticanum (Frauenfeld, 1838, in 8° ,
pages 121-131). M. Greith pense que ces com-
plaintes {planclus) sont des allégories sur les
amours infortunées d'Héloïse et d'Abailard. Quoi
qu'il en soit, ces chants, qui ont pour titres:
r Planctus Dinx filise Jacob; T Planclus
Jacob super fiUos suos; 3" Planctus virgi-
num Israelis super JiUom Jeplilsp, Galaditx;
ABI^XARD — ABBb:
4° Planctus Israël super Samson; 5° Planctus
David super Abner ;&" Planctus David super
Satil et Jonathan; ces cliants , disons-nous,
dont l'étendue est longue , ne paraissent pas être
les chansons d'Abailaid qui furent populaires,
car leur ton est sombre, ainsi que l'indique leurs
tities, et rien n'y rappelle la gracieuse et sédui-
sante Héloïse. On a mis en doute qu'Abailard ait
composé la musique de ses chansons; Rawlinson
ot de Lanlnaye , éditeurs de ses œuvres, pensent
(lu'il les a composées sur des mélodies connues
(le son temps; mais le passage de la lettre d'IIé-
loise rappoi té précédemment suffit pour démon-
trer que son amant était à la fois l'auteur de la
poésie et du chant (... q^ia pro nimia suavitate
tam dictaminis , quam cantus , tuum in ore
omnium nomen tencbant, etc.). D'ailleurs la
découverte faite par M. Greith des six com-
plainlcs d'Abailard , avec leurs mélodies, prouve
que cet homme extraordinaire a cultivé la mu-
sique aussi bien que les autres sciences et arts.
ABBATEZZA (Jean-P.ai'tiste,) né à Diton-
<o, dans la Fouille, veçs le milieu du dix-septième
siècle, a publié une tablature pour la guitare,
sous ce titre : Ghirlanda di variifiori ,ovvero
intavolatura di ghitarra spagnuola, dovc che
da se stcsso ciascxino potra imparare con
grandissima facilita e brevilà. In JfJilano,
nppresso Lodovico Monzà, 16 pages in-S" obi.
(sans date, mais vers 1C90). On ne connaît
nucuiie particularité de la vie de ce musicien.
ABBATINI (Antoine Marie), compositeur
de musique d'église, naquit en 1595, à Tiferno
selon quelques auteurs, et à Castello suivant
l'abbé Baini {Memorie storico-critichc delta
vita e délie opère di Giov. Pierluigi da Pa-
lestrina , t. II, n. 477). Au mois de juillet de
l'année 1G26 , il fut nommé maître de chapelle de
Saint-Jean de Latran ; il occupa cette place jus-
qu'au mois de mai 1C28, époque où il passa à
l'église du Nom- de- Jésus. En 1645, la place de
maître de chapelle de Sainte-Marie-Majeurc étant
devenue vacante, ou la lui confia; mais il l'a-
bandonna le 5 janvier 1C40. Peu de temps après,
d fut élu maître de Saint-Laurent-in-Damaso;
ie 28 septembre 1649 il retourna à Sainte-Marie-
Majeure, et y resta jusqu'au mois de janvier 1657.
11 passa alors au service de iNotre-Dame de Lu-
rette, et y resta plusieurs années. De retour à
Home, au mois de mars 1G72, il rentra pour la
troisième fois à Sainte-Marie-Majeure, et en di-
rigea la chapelle jusqu'en 1677. Alors il demanda
sa retraite définitive pour aller mourir en paix
à Castello. Il cessa de vivre , en effet , dans la
même année , à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Les œuvres imprimées de ce compositeur con
sislent en quatre livres de Psaumes à quatre ,
huit, douze et seize voix (Rome, Mascardi, 1630
à 1635); cinq livres de Motets à deux, trois,
quatre et cinq voix (Rome, Grignani, 1636 à
1638); trois livres de Messes à quatre, huit,
douze et seize voix (Rome, Mascardi, 1638 à
1650). Après la mort d'Abbatini, son élève Do-
minique del Pane a fait imprimer ses Antiennes
à vingt-quatre voix, c'est-à-dire douze ténors et
douze basses (Rome, chez le successeur de Mas-
cardi, 1677). La plus grande partie des œuvres
d'Abbatini est restée inédite dans les archives de
Saint-Jean de Latran, de Sainle-Marie-Majeure,
de Saint-Laurent-in-Damaso et du Nom-dc-Jésus.
Ces œuvres se composent, savoir : di' Antiennes à
vingt-quatre voix : douze soprani et douze con-
tralli ; de Messes, Psaumes, Motets, et de répons
à quatre, huit, douze, seize, ^vingt-quatre et
quarante-huit voix. Le P. Martini, dans sa con-
troverse manuscrite avec Thomas Redi de Sienne,
sur la résolution d'un canon d'Animuccia , cite
des discours académiques sur la musique, com-
posés par Abbalini , lesquels lurent prononcés
dans les années 1665 , 66, 67 et 68 : ces discours
sont restés en manuscrit. Abbatini fut aussi au-
tour d'une partie du grand ouvrage de Kircher
intilulé Musurgia , ou du moins eut beaucoup
de part aux recherches qu'exigea ce travail.
Alacci (Draniaturgia) nomme aussi ce compo-
siteur comme auteur d'un opéra intitulé : Del
Maie in Bene, lequel aurait été représente vers
1654.
ABBÉ (Joseph-Barnabe Saint-Sévin, dit),
violoniste, naquit le 11 juin 1727, à Agen, ou
sou père, Philippe-Pierre de Saint-Sévin, et son
oncle Pierre, étaient maîtres de musique des pa-
roisses de la ville. Pour remplir leurs fonctions,
ces altistes étaient obligés, suivant l'usage de
leur temps, de porter le petit collet : de là leur
est venu le nom d'Abbé ou de VAbbé, qu'ils
ont ensuite conservé après qu'ils eurent quitté
l'Église pour entrer tous deux à l'Opéra en qua-
lité de violoncellistes , dans l'anni^e 1727. Le jeune
Abbé vint rejoindre son père à Paris, le 11 no-
vembre 1731, à l'âge de quatre ans. 11 ne tarda
point à commencer l'étude de la musique, et ses
[)rogrès furent si rapides, qu'en 1739 il obtint
au concours une place de violoniste à l'orcheslro
de la Comédie française, quoiqu'il ne fût âgé que
de douze ans. L'année suivante, le célèbre vio-
loniste Leclair le prit sous sa direction : après
deux années d'études sous cet habile maître , il
fut reçu à l'Opéra le l*^'" mai 1742. Déjà il s'é-
tait fait entendre avec succès au concert spiri-
tuel. Il y joua des solos jusqu'en 1750. Après
vingt ans de service , il se retira de l'Opéra ; mai§.
ABBÉ — ABEL
il n'obtint point de pension, quoiqu'il y eût droit
d'après les règlement;:, parce que l'administration
le considéra comme trop jeune pour jouir de
cet avantage. 11 a publié de sa composition huit
œuvres de Sonates et de Trios pour le violon.
Vers 1762, il se retira dans une jolie habitation
qu'il possédait à Maisons, près de Cliarenton :
il y mourut en 1787. Cette maison a appartenu
plus tard à Martin, chanteur de l'Opéra-Comique.
AKBEY (John), facteur d'orgues distingué,
est né à Wil ton, dans le comté de Nortliampton,
le 22 décembre 1785. Dès sa jeunesse il fut placé
dans la manufacture d'orgues de Davis, alors
renommée; puis il entra chez Russec, autre
facteur de mérite qui mourut à l'ûge de quatre-
vingt-quatorze ans. En 1826, M. Alibey tut ap-
pelé à Paris pour l'exécution de l'orgue dont
Sébastien Érard avait conçu le plan, et qui fut
mis à l'exposition des produits de l'industrie
nationale en 1827. Ce fut lui aussi qui exécuta
l'orgue à clavier expressif qu'Érard lit pour la
chapelle des Tuileries, et qui fut détruit à la
révolution de 1830. Ayant établi lui-même une
manufacture d'orgues à Paris, M. Abbey, outre
quelques orgues pour des amateurs et artistes ,
a construit des orgues de chœur, pour l'accompa-
gnement du chant, à Saint-fc^tienne-du-Mont, à
Saint-Eustache , à Saint-Nicolas-des-Champs, à
Sainte-Elisabeth, à Saint-Thomas-d'Aquin, à
Saint-Médard, églises de Paris, à la cathédrale
et à l'église Saint-Jacques de Reims , à la cathé-
drale de Nantes, à celle d'Évreux, à la cathédrale
et à l'église-Notre-Dame de Versailles, enlin
à l'église de Limay, près de Mantes. C'est le
même facteur qui a fait des orgues de tribunes ,
grandes et petites, à Neuilly, à Saint-Louis
d'Antin, au collège de Henri IV, à l'église de
Reuil, à La Chapelle Saint-Denis, à la chapelle
d'Olivet d'Orléans et à Saint-Marceau, de la
même ville, au collège de Caen, au couvent de la
congrégation de la Mère-Dieu, à Paris, à celui
des Sœurs de la Charité, rue du Bac, au couvent
de la Légion d'honneur, à la chapelle de la rue
Barbette, à celle du couvent de Châlons, à la
chapelle de l'hospice de Versailles, et plusieurs
pour le Chili et les îles de la mer du Sud. Enfin
M. Abbey a construit les grandes orgues des ca-
thédrales de la Rochelle, de Rennes, de Viviers,
de Tulle, de CliAlons-sur-Marne, d'Amiens et de
Bayeux. Il a fait aussi des réparations à beau-
couj) d'orgues de Paris et de la province. C'est
à ce même artiste qu'on doit l'introduction du
mécanisme anglais et de la soufllerie de Cum-
mins dans la facture des orgues françaises. Ses
ouvrages sont bien terminés, et l'harmonie de ses
Jeux est en général satisfaisante.
ABDALLAII-IBIV-KHALEDOUIV. Voy.
IBN-KHALEDOUN (Abdallah).
ABDULCADIR (een-gaibf), écrivain per-
san sur la musique dont l'ouvrage manuscrit
existe dans la bibliothèque de l'université de
Leyde. Il est cité dans le catalogue de cette bi-
bliothèque (Çafal. libr. tam impressor. quam
mamiscript. Bibl. puhl. Universit. Lugduno-
Batavœ, p. 453, n. 1061), sous ce titre:
Traité des objets de modulations, en /ait
de chants et de mesures.
ABEILLE (Lonis), pianiste, compositeur
et directeur des concerts du duc de Wurtem-
berg , naquit vers 1765, à Rayreuth , où son père
était au service du margrave. Il n'a dû son
double talent de compositeur et de virtuose qu'à
son travail assidu et aux chefs-d'œjivre des
grands maîtres qu'il avait pris pour modèles;
car il avait peu de génie , et dès son enfance il
avait été livré à lui-même. Ses opéras et sa mu-
sique instrumentale ont eu du succès en Alle-
magne; ils sont agréables, quoiqu'ils manquent
d'originalité. Il a publié les compositions sui-
vantes : POUR LE CHANT , 1" Pocsies mêlécs de
Hubncr (Stuttgard, 1788, in-8°); T deuxième
partie de cet ouvrage (Stuttgard , 1793, in-8");
3" Idylles de Florian (Heilbronn, 1793); 4»
Chant ou cantate pour le mercredi des Cendres,
avec accompagnement de piano; œuvre onzième
(Augsbourg, 1798); 5" l'Amour et Psyché, opévà
en quatre actes, arrangé pour le piano (Augs-
bourg, 1801 ); 6° les plus jolies chansons qui ont
paru à Stuttgard depuis 1790, mises en pot-pourri.
POUR LE l'iANo. 7" Quatre sonates poin- le clavecin
( Heilbronn , 1789 ) ; 8° une sonate et neuf varia-
tions dans le goût de Mozart pour le clavecin
( Heilbronn, 1790); 9° fantaisie pour le forté-piano
(ibid.); 10" concerto pour le clavecin, en si
bémol, op. 5 (Offenbach. 1793); 11" grand
concerto en ré à quatre mains, op. 0 (Oifen-
bacli, 1793); 12° grand trio pour le clavecin avec
violon et violoncelle, op. 20 (Offenbach, 1798);
IS" Chants et élégies avec clavecin (1809); 14°
Pierre et Annette, opérette en 1810; 15° po-
lonaises pour piano-forté, n° 1 (Leipsick); 16°
valse en forme de rondeau, pour piano, ï\°^ i
et 2 (Leipsick). On trouve à la Bibliothèque im-
périale, à Paris, un 3/isere;e à grand chœur, en
partition manuscrite (n° Vra 320), composé pai*
Abeille.
ABEL (Clamor-Henri), musicien de chai)(ibro
à la cour de Hanovre, naquit en Westphalie, vers
ABEL — ABELA
le milieu du 17*' siècle. On ne sait point le nom
«lu maître qui dirigea ses études, ni les circons-
tances de sa vie. Ses ouvrages ont été publiés
sous le titre : Ersllinge miisïkalischer Blumen,
Allcmanden , Coiiranten , Sarabanden, etc.
( Prémices de (leurs musicales, allemandes, cou-
rantes, sarabandes, etc.), partie pour violon et
basse, partie pour viola da cjamba , violon et
basse. Le premier volume parut à Francfort-sur-
le-Mein en 1C74, le second en 1676, et le troisième
en 1677, in fol.; on y trouve son portrait. On a
réuni ces trois parties dans une édition qui parut
à Brunswick en 1687, sous ce titre : Dreij opéra
mics'ica, auf einmal tvieder aufgelegt, Sie en-
thielten Allemanden, etc. La musique d'Abel ne
se distingue par aucune qualité remarquable.
ABEL (Léopold-Alcuste), fils d'un musicien
de la chapelle du prince d'Anbalt-Cœthen , na-
(juit à Cœtlien en 1720. Elève de Ijenfla, il devint
liabile violoniste, pour son temps, et fut d'abord
employé dans l'orchestre du théâtre dirigé par
Nicolini à Brunswick. En 1758 il obtint la place
de maître de concerts du prince de Schwarlz-
bourg-Sondershausen ; huit ans après il passa
au service du margrave de Schwedt, et plus tard
il fut attaché à la cour du duc de Schwerin.
On ignore l'éponue de sa mort. Le catalogue de
Bôhme, de Hambourg, indique Sî:c Concertos
pour le violon composés par cet artiste. Abel
était habile peintre en miniature.
ABEL (Charles-Frédéric), frère puîné du
précédent , musicien célèbre et le plus habile
joueur de basse de viole de son temps, né à
Cœthen vers 1724, fut admis à l'école de Saint-
Thomas de Leipsick, et y apprit la musique sous
l,\ direction de Jean-Sébastien Bach. Ses études
terminées, il entra dans la chapelle du roi de
l'ologneà Dresde, et y demeura pendant dix ans.
La modicité de ses appointements et quelques
discussions désagréables avec le célèbre compo-
siteur Hasse, qui dirigeait alors la chapelle
royale , décidèrent Abel à donner sa démission
en 1759. Après avoir parcouru l'Allemagne dans
un état voisin de l'Indigence pendant près d'une
année, il se rendit en Angleterre, où il put tirer
parti de ses talents. Le duc d'York devint son
protecteur et le fit entrer dans la musique de la
reine, avec deux cents livres sterling de traite-
ment. Peu de temps après il devint directeur de
la chapelle de cette princesse. Son séjour à Lon-
dres dura sans interruption jusqu'en 1783; mais,
â cette époque, le désir de revoir son frère,
Léopold-Augnste, directeur des concerts du duc
de Schwerin, le ramena en Allemagne. Il se fit
entendre à Berlin et à Ludvvigslust, et, quoiqu'il
eût alors sorxante-quatre ans, il excita l'admi-
ration générale par l'expression et la netteté de
son jeu. Frédéric-Guillaume, alors prince royal
de Prusse , lui lit présent d'une tabatière fort
riche et de cent pièces d'or pour lui témoigner sa
satisfaction. De retour en Angleterre, il entre-
prit d'y donner des concerts publics; mais cette
spéculation n'ayant pas réussi, le dérangement
de ses affaires l'obligea à passer quelque temps à
Paris ; il ne tarda point à retourner à Londres,
où il mourut, le 22 juin 1787, à la suite d'une
sorte de lélliargie qui dura trois jours. Quoique
d'un caractère irascible et brutal, il était bien
reçu dans la société. Son défaut principal était
la passion du vin, qui probablement abrégea se«
jours.
Les Anglais font maintenant peu de cas des
compositions d'Abel; cependant elles se distin-
guent par un chant pur et une harmonie assez
correcte. Elles consistent en dix-sept œuvres,
publiés à Londres, à Paris, à Berlin, etc., sa-
voir : 1" six ouvertures à huit parties, op. 1; 2°
six sonates pour clavecin, avec accomp.de violon,
op. 2; 3° six trios pour deux violons ou fiûte,
violon et basse, op. 3; 4° six ouvertures à huit
parties, op. 4 ; 5° six sonates pour clavecin, avec
ace, op. 5; 6° six solos pour flûte et basse,
op. 6; 7° six ouvertures à huit parties, op. 7;
S** six quartetti, pour deux v., alto et b., op. 8;
9° six trios pour violon , violonc. et b., op.
9; 10" six ouvertures à huit parties, op. 10; 11"
six concertos pour clavecin, avec ace. de deux
violons et basse, op. 11 ; 12" six quartetti pour
deux violons, alto et basse, op. 12; 13" six so-
nates pour clav. avec ace. de v. op. 13; 14° six
ouvertures à huit parties, op. 14; 15' six quart,
pour deux v., alto et b., op. 13 : on a aussi
gravé comme œuvre quinzième des sonates
pour le clavecin; 16° six trios pour deux t. et
b.,op. 16-; 17"* six ouvertures à quatre parties,
op. 17. Presque tous ces ouvrages ont été ar-
rangés pour divers instruments. Abel a écrit quel-
ques morceaux pour l'opéra anglais Love in a
village, représenté à Londres en 1760, et pour
Bérénice, 1764. Jean-Baptiste Cramer a été le
meilleur élève d'Abel.
ABELA (Charles-Gottlob), né le 29 avril
1803, à Borna près d'Oschatz, en Saxe, fit ses
éludes musicales à Dresde sous le cantor et
professeur A. G. Fischer. Appelé à Halle, en 1825,
en qualité de professeur à l'école primaire, il fut
nommé peu de temps après cantor de l'Église
Sainte-Marie. En 1827, il réunit à cette position
celle de professeur de musique îi l'école supé-
rieure. Abela mourut à la fleur de l'âge, le 22 avril
1841. Ses principales productions sont : f.un
recueil de Lieder à 2, 3 et 4 voix, à l'usage des
ABELA — ABEINHEIM
écoles, publié à Leipsick, cliez Harlknoch, et
dont la quatrième édition stéréotype a paru
en 1848; 2° 160 Lieder suivis de canons à plu-
sieurs voix, Leipsick, Breitkopf etHaertel; 3°
120 quatuors pour 4 voix d'hommes, «ôid; 4°
Der Sdngerbund (L'Union des Clianteurs),
Lieder pour 4 voix d'hommes, Halle, Knapp.
ABELL (Jean), musicien anglais, possédait
une fort belle voix de ténor, et fut attaché à la
chapelle de Charles II, roi d'Angleterre. Ce
prince admirait son talent dans le chant, et avait
conçu le projet de l'envoyer, avec le sous-doyen
de sa chapelle, Gostling, au carnaval de Venipe,
pour montrer aux Italiens qu'il y avait de belles
voix en Angleterre; mais ce voyage n'eut point
Heu. Lors de la révolution de 1688, Abell fut
exilé d'Angleterre comme papiste. Il se mit à
voyager et à donner des concerts. Matliieson
assure (i7i Wollkomm. Capellmeïsler) qu'il
chanta avec beaucoup de succès en Hollande et
à Hambourg. Il ajoute qu'Abell possédait un se-
cret par lequel il conserva la beauté de sa voix
jusque dans l'âge le plus avancé. Abell était aussi
luthiste fort distingué. Partout il recevait de ma-
gnifiques présents; mais il dissipait aussitôt ce
<ju'il gagnait. 11 se vit à la fin réduit à voyager à
pied, avec son luth sur le dos. Arrivé à Var-
sovie, il fut mandé par le roi de Pologne, qui
voulait l'entendre. Abell s'excusa sous le prétexte
d'un rhume. Sur cette réponse, l'ordre précis de
se sendre à la cour lui fut envoyé. Dès qu'il
y fut arrivé, on l'introduisit dans une grande salle,
autour de laquelle régnait une galerie où le roi
se trouvait avec toute sa suite. Abell fut assis
dans un fauteuil qu'on hissa au moyen d'une
poulie; puis on fit entrer des ours dans la salle,
et l'on donna le choix au musicien d'être dévoré
par eux ou de chanter ; il prit ce dernier parti ,
et l'on assure que le trait de despotisme stupide
dont il était victime dissipa sur-le-champ la
rhume qu'il avait allégué. Après plusieurs années,
il obtint la permission de rentrer en Angleterre;
et il témoigna sa reconnaissance de ce bienfait
dans la dédicace qu'il fit au roi Guillaume d'une
collection de chansons en diverses langues, la-
quelle fut publiée à Londres en 1701 sous ce
titre: Collection of Sangs in several languacjes.
Le catalogue de musique d'Etienne Roger,
d'Amsterdam, indique un ouvrage d'Abell sous
ce titra : Les airs d'' Abell pour le concert du
Buole. On trouve aussi dans le quatrième vo-
lume de la collection intitulée : Pills to purge
vielancoly, deux airs de ce musicien. Abell mou-
rut dans un âge très-avancé.
ABELTSHAUSER. On a, sous le nom de
ce musicien allemand , qui était attaché à la mu-
sique du régiment autrichien en garnison à
Mayence, de 1825 à 1830, les ouvrages suivants :
l°six quatuors pour deux flûtes et deux cors,
œuvre premier, Mayence, Schott; 2° idem,
œuvre deuxième, ibid.; 3" douze pièces pour
quatres cors, œuvre troisième, ibid.; 4° six pièces
pour flilte, clarinette, cor et basson , œuvre qua-
trième, ibid.
ABEJVHEIM (Joseph), musicien attaché à
la chapelle du roi de Wurtemberg, est né à
Worms en 1804, et y a reçu de Winkelmaier les
premières leçons de piano et de violon. Plus
tard il se rendit à Darmstadt pour y continuer ses
études musicales sous la direction de Schloesser.
Entré fort jeune dans l'orchestre de la cour de
Manheim,il perfectionna son talent de violoniste
et apprit les éléments de l'harmonie chez Frey,
alors maîtréî de concerts de cette cour. En 1825,
Abenheim fut admis dans la chapelle royale et à
l'orchestre du théâtre de Stuttgard. Fixé dans cette
ville, il s'y maria et s'y livra d'abord à l'ensei-
gnement; mais, animé du désir d'augmenter ses
connaissances dans son art, il obtint un congé
en 1828 et se rendit à Paris, où Reicha lui donna
des leçons de composition. De retour à Stuttgard,
il prit une position plus élevée dans l'orchestre
du théâtre royal, et remplaça le maître de cha-
pelle Lindpaintner et son adjoint M. Molique, en
leur absence. Ce fut lui aussi qu'on chargea de
la direction de l'orchestre des vaudevilles qui
étaient joués souvent sur le petit thràtie de la
cour par les membres de la famille royale et quel-
ques personnes de la haute noblesse . M. Aben-
heim est fort estimé à Stuttgard comme professeur
de piano et d'harmonie. Les compositions de cet
artiste publiées jusqu'à ce jour sont les suivantes :
1" chant sans paroles pour le piano , Stuttg.ird ,
Ilallberger; 2° deux nocturnes pour piano seul :
n° 1 en sol mineur, n°2 en la bémol., op. 8, ibid.;
3° Polonaise, idem, Carisruhe, Creuzbauer;
4° 6 Lieder à voix seule avec piano, op. 2, Leip-
sick, Breitkopf et Hsertel ; 5° 6 idem, op 5, Stutt-
gard, Copel ; 6° Le Rhin allemand ( Der deutsclic
Rhein), de Baker, chanson à voix seule, Stutt-
gard, Schulz; 7° Le Wurtembergeois et sa fidé-
lité (en allemand), 2 chansons avec piano,
Stuttgard, Zumsteg; 8* Le chant de Thekla dans
le Wallenstein de Schiller, idem, op. 9, ibid.;
9° Chant pour le drame Der liebe Zamber, op.
10, Stuttgard, Hunz. Le plus grand nombre des
productions de M. Abenheim est encore en ma-
nuscrit; on y remarque des pièces de circons-
tance pour des fôtes de la famille royale de Wur-
temberg, la musique pour le drame intitulé
Hariadan, joué à Stuttgard au mois de juin 1 842,
un psaume à 4 voix et un Vater unscr (Pater
ABENHEIM — ABOU ALOUFA
noster), qu'il a l'ait exécuter plusieurs fois à Stutt-
gaiil , et qui ont été considérés comme de beaux
ouvraf^es.
ABERCORN (Le comte d'), précédemment
Loid l'AisLEY. Voyez Pepuscii.
ABICIIT (Jean-George), tliéologien pro-
testant el savant orientaliste, né en 1672, à
Kœnigsée, dans la principauté deSchwartzbourg,
mort à Witteniberg en 1740, ou, selon quelques
biographes, le 5 juin 1749. 11 remplissait à
W'ittemberg les fonctions de professeur à TAca-
démie. Peu de temps avant sa mort, il avait été
nommé membre de l'Académie royale des sciences
de Berlin. L'objet principal des travaux d'Abicht
fut la langue hébraïque, et surtout l'usage gram-
matical, prosodique et musical des accents de
cette langue. Sa dispuste avec Jean Franke a
jeté quelque jour sur cette matière.
Parmi ses nombreux ouvrages, ceux qui ont
du rapport avec la musique sont : \° Dissertatio
deHebrxorumacceniuumgenuino Officio, dans
la préface de Frankii diacrit. sacr.; 1710, in-
4" ; 2" Vindicix Usits accentiinm imisici et
ora(oni,Joh. Frankio oppositx ; Lipsiae, 1713,
in-'t"; 3" Accentus Hebreeorum ex antiquis-
simo usu Icctorio vel imisico explkati, et ad
nsum hcrmeneuticum appUcati , cum duabus
tabulis seneis et specimïne locorum ex accen-
abus explicatorum , in quo de Poesi Ilebrxo-
rum rlmthmicn disseretur. Accedit Anon. Ju-
dxi porta accenfuum in latimim sermonem
versa, Lipsiac; Jo. Clirit. Kœnig, 1715, gr.
in-8° de 300 pages de texte, index et planches;
4"* Exccrpta de lapsu murorum liierichtinti-
norum. Ce dernier ouvrage a été inséré par Ugo-
lini dans son Tliesatir.ant.sacr.,t. 32, p. 837.
La plupart de ces dissertations se trouvent aussi
dans le Trésor d'ikénius.
Goetten a donné une notice de la vie d'Abicht
dans son Europe savante, et l'on trouve la liste
de ses ouvrages dans les Vies des Théologiens
saxons de Michel Ranst , t. F"", p. 1, et dans les
Acta hist. ecclésiast., t. V, p. 289.
ABIIVGTOIV ou ABYi\GDOi\ (Henri),
l'un des premiers chanteurs et musiciens de son
temps , en Angleterre , fut d'abord organiste à l'é-
glise de Wels, dans le comté de Sommerset, puis
à la chapelle royale de Londres, où il mourut
vers l'an 1520. Thomas Morus lui a fait deux
épitaphes qu'on trouve dans le Thesuur. epi-
taph. du P. Labbe.
ABOS(Jérôme), compositeur del'École napo-
litaine, était d'origine espagnole, etnaquità Malte,
dans les premières années du dix-huitième sfècle.
Les Napolitains l'appelaient Avos, et mkm&Acossa,
parce que la lettre b, dans la langue espagnole, a
le son du v, prononcé avec mollesse. Léo et
Durante furent ses maîtres de composition et de
chant. Devenu habile dans son art, il fut em-
ployé dans l'enseignement au Conservatoire de la
Pietà de" Tunchini. Il enseignait aussi le chant
dans plusieurs couvents de femmes dont il était
maître de chapelle. De son école sont sortis
quelques chanteurs distingués, au nombre des-
quels est Aprile. Les premiers opéras d'Abos
jouésàNaples furent ; La Pupilla e 'l Tutore,
La Serva padrona, et Ljlfujenïa in Aulïde. En
1746 il écrivit Artaserse pour le théâtre Saint-
Jean-Chrysostome, à Venise. Il donna au théâtre
Argentina de Rome, en 1750, VAdriaiio et écrivit
ensuite plusieurs autres ouvrages dont les titres
ne sont pas connus, pour les théâtres de cette
ville, de Venise et de Turin. En 1756 il fut
appelé à Londres, en qualité de Maestro al cem-
balo du Théâtre-Italien, et dans la même année
il y fit représenter le Tito Manlio. Deux ans plus
tard il y donna le Creso, opéra sérieux en trois
actes. De retour à Naples, dans l'été de 1758, Abcs
reçut sa nomination de maître du Conservatoire
de La Pietà. Il est mort dans cette ville, à l'âge
de quatre-vingts ans , vers 1786. On connaît de ce
maître beaucoup de musique d'église, dont cinq
messes à quatre voix et orchestre, deux messes pour
soprano et contralto, avec orgue; un Kyrie et
Gloria, en sol mineur, pour quatre voix et orgue;
un Kyrie et Gloriak huit voix réelles , avec vio-
lons, violes, cors etorgue; des litanies de la Vierge
pour soprano, contralto et orgue. Toutes ces
compositions sont en manuscrit à Naples, à Rome,
à Vienne et au Con<;ervatoire de Paris. La mu-
sique d'Abos à quelque ressemblance de style
avec celle de Jomelli. Son harmonie est pure et
ses mélodies ne manquent point d'élégance; mais
on n'y trouve pas d'oiiginalité dans les idées.
ABOU ALOUFA, fils de Sa/iid, auteur
persan d'un Traité de Musique pour le chant
et pour les instr^iments qu'on joue avec la
bouche et avec les doigts, que Chardin apporta
en Europe, et dont le manuscrit est aujourd'hui
dans la bibliothèque du Muséum britannique, à
Londres. Chardin a donné une analyse de cet
ouvrage dans la relation de ses voyages (t. V,
p. 106, pi. XXVI, édit. d'Amsterdam, 1711).
On y voit la figure du manche de l'Eoudo ou
luth, avec sadivision et les noms des cordes, ainsi
que des cases. La doctrine d'Abou Alou/a est la
division de l'octave en vingt-quatre parties ou
quarts de ton. La musique, dit-il, est une ville
divisée en quarante-deux quartier s donl chacun
a trente-deux rues (circulations ou gammes);
d'où il suit que le nombre de modes fonda-
mentaux et dérivés de la musique persane est
ÏO
ABOU ALOUFA — ACCELLI
de treize cent qucunnie-quatrc. Parmi les ins-
truments décrits par Abou Aloufa se trouve la
v'ina de l'Inde, dont il donne la figure avec le
nom persan kenkeri. Celte circonstance indique
que le temps où l'ouvrage fut écrit est très-reculé,
car à l'époque où Chardin séjourna en Perse
(c'est-à-dire dans la seconde moitié du 17® siècle),
l'instrument dont il s'agit y était complètement
inconnu.
ABRAHAM (....)> professeur de clari-
nette et de solfège à Paris, entra dans l'orcliestre
du Théâtre des Délassements comiques, en
1790. Il est mort vers 1805. C'était une espèce
d'ouvrier musicien, aux gages des marchands de
musique; il arrangeait pour eux les ouvertures
et les airs des opéras nouveaux pour divers ins-
truments. Il a publié en outre : 1° Méthode pour
le flageolet; Paris, Frère. — 2° Méthode pour la
clarinette; iliid. — 3° Méthode pour le basson.
Le nombre de recueils d'airs qu'il a arrangés
pour deux violons, deux flûtes, deux clarinettes
ou deux l)assons est très-considérable.
ABRAHAM (. . . .), constructeur d'orgues,
né en Boht^me, est auteur de l'orgue des Corde-
liers, à Prague, composé de vjngt-dnq jeux, deux
claviers, pédale et quatre soufflets; et de celui
de l'église Saint-Dominique de la même ville,
composé de soixante-onze jeux, quatre claviers,
pédale et douze soufflets. On ignore en quel
temps il vivait.
ABRAHAM BEIV DAVID ARIÉ,rabbin,
Israélite italien, vécut vers la fin du seizième
siècle et au commencement du dix-septième. Il
exerçait la médecine à Modène. Il a écrit un livre
intitulé : amn^H ^"cSu, Sciltè Hagghibbo-
rim (les Boucliers des puissants), qui a été
publié à Mantoue, en 1G12. Cet ouvrage, dont
les exemplaires sont très-rares, (raite des vases
et ustensiles dont on faisait usage dans le temple
de Jérusalem, des sacrifices, libations, parfums,
offrandes, et de tout ce qui appartenait aux obla-
lions. La seconde partie traite des offices, des
prêtres, des chantres. {Voijez Barlholocci, Bi-
blioth. magna rabb'mica, pars IV, p. 464. ) Ugo-
lini a traduit toute la partie de cet ouvrage qui
concerne les instruments de musique , le chant
et autres choses de l'exécution musicale, dans
son Thésaurus antiquitatum sacrarum , etc.,
tome XXXIl, col. 1 — 96. Cette section du Sciltè
ffagghibborim est divisée en dix chapitres.
ABRAMS (Miss Henriette et M'"'^), deux
très-bonnes cantatrices anglaises, concoururent
avec madame Mara à embellir les concerts
donnés k Londres, en 17S4 et 1785, pour la com-
mémoration de Hœndel.
Miss Abrams a publié les ouvrages suivants,
qu'on trouve dans le catalogue de La venu de
1796 : 1° Trois chansonnettes sur des paroles an-
glaises. — 2° Little Boy blue , air à trois voix.
— 3° Duo sur ces paroles : And mustwe part ! Le
petit air qui commence par ces mots : Crazi
Jane, et dont la musique est de Miss Abrams,
est devenu populaire. On a aussi publié de cette
cantatrice : 1° Collection of Songs, Londres,
1787. — 2° Collection of Scotch Songs, harmo-
nized/or two and three voices, ihid.
ABS (Joseph-Théodosien), ancien moine fran-
ciscain, né vers 1775 dans le duché de Berg, fut
nommé, après la suppression de son ordre, di-
recteur de la maison des orphelins à Kœnigsberg.
On a de sa composition 300 chansons avec leurs
mélodies, et 100 devises en canons.
ART (François), né le 22 décembre 1819, à
Eilenbourg, en Saxe, a fait ses études musicales
à Leipsick, et s'y est fait connaître d'abord comme
pianiste et professeur de cet instrument. Au
mois de septembre 1841 il a été appelé à Zurich,
en qualité de directeur de la Société philharmo-
nique , place dans laquelle il a succédé à Eugène
Petzold. En 1853 il a quitté cette position pour
celle de second maître de la chapelle et du théâtre
à Brunswick. Fécond auteur de petites pièces pour
le piano, il a publié pour cet instrument des fan-
taisies, rondos, rondinos et caprices à quatre mains,
des contredanses , des valses , des thèmes variés,
des pots-pourris, rondos, etc, pour piano seul;
une immense quantité de chants et de lieder, à
voix seule, avec ace. de piano, et d'autres baga-
telles. En 1844 il a composé un opéra pour le
théâtre de Leipsick : j'ignore si cet ouvrage a été
représenté.
ABU-JVASR-MOHAMMED-BEN-FA-
RARI. Voy. FAR\iii.
ACAEN ou AÇAEIV, contrapuntisfe espa-
gnol, né dans la seconde moitié du quinzième
siècle, parait avoir passé une partie de sa vie en
Italie. Ce musicien est cité dans le Mélopeo de
Cerone, et dans le Trattato délia natura e co-
gnizione di tutti gli tuoni, d'Aaron. Dans le
deuxième livre des Motetti de la Corona , pu-
blié en 1519, par Octavien Petrucci de Fossom-
brone, on trouve les motets d'Açaen à quatre
\o\\ : Nojnine quiDominiprodit,elJudicame,
Deus, et discerne.
ACCELLI (César), confrapuntiste italien,
vivait dans la seconde moitié du seizième siècle.
Il a publié k Venise, en 1557, Libre primo de'
Madrigali a cinqiie voci, dans lequel on trouve
le madrigal Donna mia casia e bella qui est
d'une suavité remarquable. Dans un recueil qai a
pour titre : De'' Jloridi Virtuosi d'Jtalia il terzo
libro de' madrigali a cinque voci, nuovamente
ACCELLI — ADALBERT
11
compost i e dati in luce {Venezia, Giacomo
Vincenti e Ricciai-do Amadinocompagni, \b&6) ,
on trouve des madrigaux de la composition de
ce musicien.
ACCIAJUOLI (Philippe), poète drama-
tique et compositeur, né à Rome en 1637, entra
de bonne heure dans l'ordre des chevaliers de
Malte. Les caravanes qu'il dut faire avant d'être
.décoré de la croix de l'ordre firent naitre en lui
une telle passion de voyages , qu'il visita non-seu-
lement toute l'Europe , et les côtes d'Afrique et
d'Asie, mais même l'Amérique, d'où il revint dans
sa patrie par l'Angleterre et la France. Le repos
dont il jouit alors lui permit de se livrer au goût
qu'il avait toujours eu pour le théâtre, et princi-
palement pour l'opéra. Il écrivit plusieurs pièces,
dont il composa lui-même la musique. La facilité
prodigieuse dont il était doué lui suggéra aussi la
pensée d'être en même temps le décorateur et le
machiniste de ses opéras, et bientôt il devint pour
ces accesoires l'un des plus habiles de son temps.
L'académie des Arcadi illustri l'admit au nombre
de ses membres, et il y figura sons le nom de
Jreneo Amasiano. Il mourut à Rome le 3 fé-
vrier 1700. Les opéras dont Acciajuoli a fait les
paroles et la musique sont : 1° Il Girello, dramma
bicrlesco per rnusica; Modène , 1675, et Ve-
nise 1682. — 1° La Damina placata ; Venise,
1680. — 3° VVlisse in Tracia; Venise, 1681.
— 4" CM è causa del suo mal, pianga se stesso,
poesia d'Ovidio, e rnusica d'Orfeo. On ignore
Tannée et le lieu où cet ouvrage a été représenté;
Allacci n'en fait pas mention dans sa Drama-
turgia, et il n'est connu que par ce qu'en dit
Mazzuchelli ( Gli Scrittori d'Ilalia, t. I).
ACCORIMBONI (Augustin) naquit ù Rome
vers l'an 1754. Al'àgede ving-huit ans il composa,
pour le théâtre de Parme, un opéra intitulé :
Jl Regno délie Amazzoni, qui eut beaucoup de
succès, et fut ensuite représenté sur les principaux
théâtres de l'Italie , et même à l'étranger. En 1786
il donna aussi à Rome. Il Podestà dl Tuffo
antico. Il quitta ensuite la carrière théâtrale pour
s'adonner à la musique d'église, et composa un
grand nombre de messes, de motets et de vêpres,
qu'on trouve répandus dans la Romagne et la
Lombardie. On ignore l'époque de sa mort.
ACEVO (. . .), luthier piémontais , né à
Saluzzio, ou Saluées, vers 1630, futélcvede Cappa,
et eut de la réputation par la bonne qualité de ses
instruments. Ses basses de viole lurent particuliè-
rement estimées. J'ai vu un de ces instruments qui
portait la date de 1693 : il avait appartenu à
Marin Marais , dont il portait la signature sur
le dos.
ACEVO. Voy. ALVAREZ.
ACHTER ( P. Ulrich) naquit à Aichbach,
en Bavière , le 10 mars 1777. Son père, qui était
tailleur, lui lit apprendre la musique chez les
bénédictins, où il fut reçu le 13 mai 1798. Il
prit l'habit de cet ordre le 3 mai 1801, et mourut
de phthisie dans sa ville natale, eu octobre 1803,
Il jouait bien du violon, et se distingua dans la
composition, particulièrement pour la musique
d'église : on cite de lui une messe solennelle d'une
beauté remarquable.
ACKERFELD (Armand d'). On a sous ce
nom plusieurs œuvres pour le piano, entre autres
quinze variations sur l'air allemand Freut eiick
des Lebens , œuvre sixième (Augsbourg, Gom-
bart).
ACKERMANN (Dorothi'e), actrice et can-
tatrice du théâtre de Kamboii rg, naquit à Dantzick
en 1752. Elle se retira du théâtre en 1778. Elle
jouissait d'une répul ition assez brillante.
ACKERMAIVA^ (Charlotte-Sophie), née
Bacumann, cantatrice qui brillait sur le théâtre
de Kœnigsberg en 1796, naquit à Reinsberg en
1759. Elle eut beaucoup de succès, principale-
ment dans les premiers rôles des opéras de Mo-
zart.
ACKERMANJV (D. Jean-Charles-Henri),
né à Zeitz en 1763, a lu, le 22 octobre 1792, au
concert donné dans cette ville au. profit des pau-
vres, un discours qui a été imprimé sous ce litre :
Veber die Vorziige der Musik, ein Ecde (Dis-
cours sur les Prérogatives de la musique),
Leipsick, 1792, 27 pages in-S".
ACTIS (L'abbé), Piémontais, membre de
l'Académie des sciences de Turin , vers la fin du
dix-huitième siècle , a fait insérer dans les Mé •
moires de cette société, de 1788-89 (Turin, 1790),
des Observations sur l'écho ou porte-voix de
Véglise de Giryenti.
ADALBERT (Saint), surnommé Woitie-
cus, en polonais, Swienttj Woijciech, évêque
de Prague , né en 939, était de la famille Li-
bicenski , qui tenait un rang dans la noblesse
de la Bohême. Il (it ses éludes à Magdebourg.
De retour à Prague , il fut sacré évêque.
Ayant voulu réformer les mœurs du clergé de
Bohême, il en fut persécuté, et se vit obligé de
s'enfuir à Rome , où le pape Jean XV le dégagea
de ses obligations envers son diocèse. Alors les
Bohémiens le redemandèrent, et le reçurent avec
des démonstrations de joie ; mais cet accord en-
tre l'évêque et ses diocésains ne dura pas, et
saint Adalberl fut obligé de s'éloigner encore. Il
prêcha la foi catholique aux Hongrois et aux
Polonais, d'abord à Cracovie, ensuite à Gnesne,
dont il fut fait archevêque. Il passa ensuite en
Prusse pour y remplir ses fonctions apostoliques
Î2
ADALBERT — ADAxM DR LA HALE
«t eut d'abord des succès à Dantzick; mais, dans
une petite île où il avait abordé, les habitants le
percèrent de coups de lance, et il obtint ainsi les
honneurs du martyre, en 997. Boleslas, prince
<le Pologne, racheta, dit-on, son corps pour
une quantité d'or d'un poids égal : c'est beau-
ijoup d'or pour un prince de Pologne et pour
<;ette époque.
Gerbert, dans son traité De Cantuet Musica
sacra, t. 1, p. 348, a publié un chant en (orme de
litanies, eu langue esclavonne, dont il est auteur.
Onluiattribueaussi le chani Boga-Rodzica (Mère
de Dieu) que les Polonais avaient coutume d'en-
lonner avant une bataille. Cachant a été publié
dans la Bévue musicale (t. IV, p. 202) rédigée
par l'auleur de ce dictionnaire, d'après des copies
authentiques de deux anciens manuscrits dont
J'un existe dans la cathédrale de Gnesné, et
l'antre se trouvait dans la t'ameuse bibliothèque
Zatoslii , à Varsovie. 11 a été aussi inséré en nota-
tion moderne dans la collection de chants histo-
jiques polonais qui a pour titre : Spievy histo-
rijcznez musikoui rycinami (Chants historiques,
avec la musique eu notation moderne et me-
surée, avec des gravures), par Julien Ursin
Niemcewicz, président de la Société royale des
Amis des sciences, à Varsovie, secrétaire du
royaume de Pologne, etc. {y édit., in-8° de 573
pages. Varsovie, imprim. du gouv., 1S19).
ADAîkl, surnommé Borensis, parce qu'il
était moine au couvent de Dorham (ordre de Ci-
leaux), près d'Hereford , en Angleterre, vécut
«iers l'année 1200. Dans sa jeunesse il se livra à
l'étude des arts, des sciences et des lettres; la
musique fut particulièrement l'objet de ses tra-
vaux. Son savoir et sa piété le firent élire abbé
<lc son monastère. Dans le même temps, de vives
iliscussions s'élevèrent entre les moines et les
clercs séculiers; à l'occasion de ces démêlés. Syl-
vestre Gyraldus, homme érudit, mais esprit
violent, écrivit un virulent pamphlet contre les
moines, sous le titre de Spéculum Ecclesiœ. il
y attaquait particulièrement l'ordre de Cîteaux.
Adam prit la défense de cet ordre dans un écrit
intitulé : Conlra Spéculum Giraldi, lihrum
■unum. Il fut aussi l'auteur d'un livre sur la mu-
sique, qui existe encore en manuscrit dans plu-
sieurs bibliothèques, et qui a pour titre : Rudi-
menta imisices, lib. I. Joecher dit ( Gelehrten
Lexikon ) que cet ouvrage est imprimé. Je crois
que c'est une erreur ( Voij. Pilsœtis , lib. De il-
luslribîis Anglix script.; Henriquez, in Phœ-
nice, et Caroli de Visc/i Bibliot. scrrptor. sac.
Ord. Cister.).
ADAM (de Saint-Victor), chanoine régulier
de l'abbaye de Saint-Victor-lez-l^arjs , mourut
le 11 juillet 1177; il fut inhumé dans le cloître
de cette abbaye. On lui attribue le chant de
quelques hymnes en usage dans l'église.
ADAM DE LA IIALE, surnommé Le
Bossu d'Arkas, à cause de sa difformité et du
lieu de sa naissance, fut l'un de ces trouvères
qui , dans les douzième et treizième siècles , tra-
vaillèrent à former la langue française , et répan-
dirent le goût de la poésie et de la musique. Adam
paraît être né vers 1240. Fils d'un bourgeois qui
jouissait d'une certaine aisance, il fut envoyé à
l'abbaye de Vauxelles , près de Cambray , où il
fit ses études. Il porta d'abord l'habit ecclésias-
tique; mais son humeur inconstante le lui fit
quitter et reprendre ensuite. C'est lui qui nous
donne ces détails dans ses adieux à sa ville na-
tale, intitulés : Ccst li conrjiés Adan d'Aras,
pièce publiée par Méon, dans sa nouvelle
édition des fabliaux de Barbasan, t. I, p. 106.
Adam de la Haie épousa une jeune damoiselle
qui, pendant qu'il la recherchait, lui .semblait
réunir tous les agréments de son sexe , et qu'il
prit en aversion dès qu'elle fut devenue sa femme.
11 la quitta, et vint demeurer à Paris, oîi il pa-
raît s'être rais à la suite de Robert II du nom ,
comte d'Artois. Ce prince ayant suivi, en 1282,
le duc d'Alençon, que Philippe le Hardi envoyait
au secours de son oncle, le duc d'Anjou, roi
de Naples, pour l'aider à tirer vengeance des Vê-
pres siciliennes , Adam de la Haie l'accompagna
dans cette expédition. A la mort du roi de Na-
ples, en 1285, le comte d'Artois fut nommé ré-
gent du royaume , et ne i evirt en France qu'au
mois de septembie 1 287 : Adam de la Haie était
mort à Naples dans cet intervalle, comme on le
voit dans l'espèce de drame intitulé : Li Gieus
du pèlerin, attribué à Jean Bodel d'Arras, con-
temporain d'Adam. C'est donc à tort que Fau-
chet et Lacroix du Maine , qui ont été copiés par
le Dictionnaire historique dePrudhomme et par la
Biographie universelle de Michaud,ont dit qu'A-
dam se lit moine à l'abbaye de Vauxelles, et qu'il
y mourut. Nous avons tiré ces détails des obser-
vations préliminaires que M. Monmerqué a mises
en tète de l'étlition qu'il a donnée d'un ouvrage
d'Adam de la Haie dont nous parlerons tout à
l'heure.
Adam de la Haie se distingua particulièrement
dans le genre de la chanson; il en composait les
paroles et la musique. Les manuscrits de la Bi-
bliothèque impériale, numéros 65 et 66 (fonds de
Cangé) et 2736 (fonds La Vallière) nous en
ont conservé un grand nombre, qui sont notées.
Mais ce dernier est surtout d'une haute impor-
tance pour l'histoire de la musique, car il con-
tient seize chansons à trois voix , et six motets
ADAM DE LA HALE '— ADAM DE FULDE
n
dont Adam de la Haie est auteur. Ce précieux
manuscrit, qui est du commencement du qua-
torzième siècle , nous offre donc les plus ancien-
nes compositions à plus de deux parties, puis-
qu'elles remontent au treizième siècle. Les chan-
sons ont la forme du rondeau , et sont intitulées :
Li Rondel Adan. Leur musique n'est point une
.simple diaphonie ecclésiastique , c'est-à-dire un
assemblage de voix procédant par notes égales,
et faisant une suite non interrompue de quintes,
de quartes et d'oc tares , comme on en trouve
des exemples dans les écrits de Gui d'Arezzo et
de ses successeurs. On y voit, à la vérité, des
quintes et des octaves successives, mais entre-
mêlées de mouvements contraires et de combi-
naisons qui ne manquent pas d'une certaine
élégance. C'est, sans doute, une musique
encore bien grossière; mais c'est un premier
pas vers le mieux, un intermédiaire nécessaire
entre la diaphonie proprement dite et des com-
positions plus perfectionnées. On concevait la
nécessité de ces premières améliorations; mais
aucun monument n'étant connu, on ignorait en
quoi elles consistaient. Les découvertes que l'au-
teur de ce dictionnaire a faites, tant de ce manus-
crit que de plusieurs autres non moins intéres-
sants {voyez Lanuino et Busnois), et que le
premier il a fait connaître, sont donc importantes
en ce qu'elles lient entre elles les premières épo-
ques de l'histoire de l'harmonie, qui étaient en-
veloppées d'une obscurité profonde.
Les motets d'Adam de la Haie nous offrent
aussi plusieurs particularités remarquables. Ils se
composent du plain-chant d'une antiçnne ou
d'une hymne , mis à la basse avec les paroles
latines, et sur lequel une ou deux antres voix
font un contre-point fleuri, grossier à la vérité,
mais assez varié ; et ce qui peint bien le goût
de ce temps, c'est que ces voix supérieures ont
des paroles françaises de chansons d'amour. Ces
motets se chantaient dans les processions. Quel-
quefois le motet est établi sur un seul trait du
plain-chant qui e?t répété dix ou douze fois en
basse contrainte, sorte d'invention qu'on croyait
beaucoup plus moderne.
Il me reste à parler d'un autre ouvrage d'Adam
de la Haie qui aurait dû suffue pour l'immorta-
liser : cependant son nom a été inconnu long-
temps a tous les musiciens ! Je veux parler du
plus ancien opéra-comique qui existe, et dont il est
l'auteur. Ilestintitulé : Le jeu de Robin etde Ma-
rion. Les manuscrits de la Bibliothèque impériale
2736 (fonds de La Vallière) et 7604 (ancien fonds),
nous en offrent des copies d'après lesquelles la
Société des Bibliophiles de Paris l'a fait imprimer
ea 1822, au nombre de 30 exemplaires, pour
être distribués à ses membres. C'est une brochure
in-8° de cent pages. Les caractères de musique
ont été fondus par M. Firmin Didot. M. Monmerqué,
qui avait préparé cette édition, en a donné une
deuxième publiée par M. Ant.Aug.Renonard, à la
suite du second volume de la troisième édition des
Fabliaux ou Contes de Le Grand. Enfm letextt;
de la même pastorale a été réimprimé dans le
Théâtre français du moyen âge, publié d'après
les manuscrits de la Bibliothèque du Roi, par
MM. L. J. N. Monmerqué et Francisque Michel ;
Paris, Firmin Didot frères, 1839, 1 vol. gr. in-S-
à deux colonnes. Cette pièce, où il y a onze per-
sonnages, est, comme je viens de le dire, un
opéra-comique, divisé par scènes, et dans lequel
le dialogue est coupé par des chants. On y trouve
des airs, des couplets et des duos dialogues , mais
sans ensembles. Marion aime Robin ; survient un
chevalier qui veut la séduire; elle lui répond
qu'elle n'aimera jamais que Robin. L'air qu'elle
chante dans cette silualion n'est pas dépourvu de
grâce. Ce petit air a été publié dans la Revue
Musicale (t. l") avec une des chansons à trois
voix d'Adam de la Haie, mise en partition. Pos-
térieurement, M. Bottée de Toulmon a publié
plusieurs autres chansons, rondeaux et motets
de ce trouvère, tant dans les Archives czirieuses
de la musique, dont M. Danjou {voy. ce nom)
était éditeur, qu'à la suite d'une notice sur Adam
de la Haie insérée dans V Encyclopédie catho-
lique; mais il s'y est glissé beaucoup de fautes.
Kiesewetler a reproduit dans les planches de
musique de son livre sur la destinée et la situation
du chant mondain avant l'invention du style dra-
matique (Schicksale und Beschaffenheit der
welllïchen Gesanges, etc.) la chanson publiée
dans la Revue musicale , suivie d'un rondeau et
d'un motet à trois voix d'Adam de la Haie, traduit»
par Bottée de Toulmon : ce dernier morceau est
rempli d'erreurs de noiation.
Cette pièce paraît avoir été composée à Naples
vers 1285, pour le divertissement de la cour, qui
alors était toute française. Roquefort l'a at-
tribuée à Jehan Bodel d'Arras (De l'État de la
Poésie française dans le douzième et le trei-
zième siècle, p. 261); mais c'est évidemment
une erreur, car le manuscrit 273ri porte cesmols^
en tête : Chi commenche li gieus de Robin et
de Marion c'Adans fist.
ADAM DE FULDE, moine de Franconie,
auteur d'un tiaité sur la musique dont on ne
connaît qu'un seul manuscrit, qui se trouve dans
la bibliothèque de Strasbourg, et que l'abbé
Gerbert a inséré dans ses Scriptorcs ecclésiast.
de mus. sacr., t. III, p. 329. Cet ouvrage a été
achevé le 5 novembre 1490; car l'auteur a con-
14
ADAM DE'FULDE — ADAM
signé celle date à la fin de son livre. Il est divisé
en quatre «ivres : le premier, composé de sept
chapitres, traite de l'invention des diverses parties
de l'art; le second, en dix-sept chapitres, traite de
la main musicale, du chant, de la voix, des clefs,
des muances, du mode et du ton; le troisième,
qui est le plus important, traite de la musique
mesurée, et le quatrième, des proportions et des
consonnances.
On ignore la date précise de la naissance d'A-
dam de Fulde; mais elle a dû avoir lieu vers
l'an 1450, car il dit, cliapitre 7""^ du l" livre,
qu'il fut presque le contemporain de Guillaume
Dufay et de Busnois, qui vécurent dans la pre-
mière moitié du quinzième siècle : Et circa meam
œtatem doctissimi Wdhelmus Dufay ac An-
tonius de Bufna, quorum, etc. Il prend le
titre de musicien ducal au commencement de sa
dédicace.
Glarean nous a conservé, dans son Dodéca-
corde (p. 262) , un cantique à quatre voix d'Adam
de Fulde; c'est un morceau fort bien écrit, et
l'un des plus anciens monuments de composition
régulière à plusieurs parties. Dans rjîwc/in-irfêow
des chants religieux et des psaumes ( Magdebourg,
1673) , on trouve aussi, p. 50, léchant : Ach hillp
my Leidt undsenlich Klag, sous le nom d'Adam
de Fulde.
ADAM (Louis) , né le 3 décembre 1758 à
Miettersheltz , département du Bas-Rhin, eut
d'abord pour maître de clavicorde un de ses pa-
rents, excellent amateur; il reçut ensuite pen-
dant quelques mois des leçons de piano d'un
bon organiste de Strasbourg nommé Hepp , mort
vers 1800; mais c'est surtout à l'étude qu'il a
faite par lui-même des écrits d'Emm. Bach,
des œuvres de Hœndel, de Bach, de Scarlatti,
de Schobert, et, plus récemment, de Clementi
et de Mozart, qu'il dut la science et le talent qui
l'ont placé au premier rang parmi les professeurs
de son instrument. Adam a, dans son enfance
étudié sans maître le violon et la harpe. 11 a aussi
appris seul l'art d'écrire ou la composition.
Arrivé à Paris à l'âge de dix-sept ans, pour y
enseigner la musique, il débuta par deux sym-
phonies concertantes pour harpe et piano avec
violon, qui furent exécutées au concert spirituel,
et qui étaient les premières qu'on eût entendues en
ce genre. Depuis ce temps, il s'est livré à l'en-
seignement et à la composition. En 1797, il fut
nommé professeur au Conservatoire ; là, il a formé
un grand nombre d'excellents élèves; les plus
connus sont Kalkbrenner, F. Chaulieu, Henri
Le Moine ; M"*' Beek , Basse et Renaud d'Allen ,
qui successivement ont obtenu les premiers
prix de piano dans cette école. Hérold père et Gis,
Callias, Rougeot, Bréval fils, M'" Bresson, et
beaucoup d'autres, ont aussi reçu de ses leçons.
En 1818, le cours de piano que faisait cet artiste
au Conservatoire fut réservé pour les élèves du
sexe féminin.
Les ouvrages d'Adam sont : 1° Onze œuvres de
sonates pour le piano publiés à Paris.— 2" Quelques
sonates séparées. — 3° Des airs variés pour le
même instrument, notamment celui du Roi Dago-
bert, qui a eu beaucoup de succès. — 4° Méthode
ou principe général du doigté^ suivie d^une
collection complète de tous les traits possibles,
avec le doigté, etc. (en société avec Lacbnith);
Paris, Sieber, ildS. — b" Méthode nouvelle pour
le piano , à l'usage des élèves du Conserva-
toire; Paris, 1802. Peu d'ouvrages élémentaires
ont eu une vogue semblable à celle que celui-ci a
obtenue. Près de vingt mille exemplaires ont été
livrés au public dans l'espace de vingt-cinq ans.
Cette vogue était méritée sous le rapport de l'exposé
des principes du doigté, qui n'avait jamais été si
bien fait. Une cinquième édition de cet ouvrage,
revue avec soin par l'auteur, a été publiée à Paris,
en 1 83 1 . — 6° Des quatuors d'Haydn et de Pley el,
arrangés pour piano. — 1° Un recueil de romances.
— 8" la collection entière des Délices d'Euterpe,
— 9° Journal d'ariettes italiennes de M"*' Erard.
Adam a été fait chevalier de la Légion d'honneur
au mois de novembre 1827. Retiré en 1843 , après
quarante-cinq ans de services , il a obtenu une
pension de 2,000 francs, dont il n'a joui que peu
d'années, car il a cessé de vivre le 11 avril 1848,
à l'âge de quatre-vingt-dix ans.
ADAM(Adolphe-Chakles), fils du précédent,
né à Paris le 24 juillet 1803 (l), ne fut pas des-
tiné par ses parents à cultiver la musique. On le
mil fort jeune dans un pensionnat pour commencer
des études littéraires , et pendant plusieurs années
il fréquenta le Lycée Napoléon; mais, ennemi du
travail, il y fit peu de progrès, el n'alla pas au
delà de la quatrième. Sur ses demandes réitérées,
son père consentit enfin à le retirer du collège et
à lui donner un maître de musique, qui n'eut pas
plus à se louer de son application que ses pro-
fesseurs de grec et de latin. Musicien d'instinct,
il lui paraissait plus facile de deviner le méca-
nisme de l'art que de l'apprendre. D'ailleurs, peu
surveillé dans ses travaux, il jouissait d'une en-
tière liberté, dont il est rare qu'un jeune garçon
n'abuse pas. Au bout de quelques années, il se
trouva pourtant qu'il jouait assez bien du piano et
qu'il improvisait avec facilité sur les orgues do
plusieurs éghses de Paris, sans avoir rien lait
(i) Cette date est conforme aus registres d'inscription
du Conservatoire et de l'Institut royal de l'rancc : c'est
par erreur qu'on a tait naître Adam en ijot, dans d'au-
tres Biographies.
ADAM
15
pour parvenir à ce résultat , et quoiqu'il n'eût pu
lire couramment une leçon de solfège. 11 avait eu
quelques leçons d'iiarmonie de Widerker (t'oy. ce
nom). On le fit entrer alors (1817) au Conserva-
toire, où ses habitudes de paresse ne se démenti-
rent pas, mais où son heureuse organisation
triompha de son incurie. Après avoir suivi tant
bien que mal un cours d'harmonie et de contre-
l)ointsous la direction de Reiclia, il se mit à écrire
des airs, des duos, des scènes entières, peu re-
marquables par la correction du st\le, mais où
se trouvaient des mélodies faciles, lioieldieu, qui
eut occasion de voir ces essais, crut y apercevoir
le germe du talent. 11 fit entrer Adam dans son
cours de composition, et dès ce moment le goût
du travail se développa chez le jeune musicien.
Il y avait entre le maître et le disciple une
singulière analogie d'esprit et de sentiment de
lart. Sauf la différence du talent, tous deux
étaient mélodistes ; tous deux avaient pour qua-
lité dominante l'instinct de l'expression de la
parole chantée, et l'intelligence de la scène. Adam
était l'élève qui convenait le mieux aux leçons
de Boieldieu, et celui-ci était le maître qui pou-
vait le mieux développer les dispositions d'Adam.
De là l'intimité qui s'établit entre eu.x tout d'a-
bord, et les rapides progrès du jeune compositeur
sous la direction de l'auteur de La Dame blanche.
Lorsque Adam concourut à l'académie des beaux-
arts de l'Institut pour le grand prix de composi-
tion, la section de musique, apt^lée à juger le
concours, remarqua la similitude de son style
avec celui de son maître. Le second prix lui fut
décerné : il avait espéré le premier; mais il s'en
lint à cet essai, parce qu'il attachait moins de
prix à voyager avec le titre de pensionnaire du
!;ouvernement qu'à se livrer immédiatement à la
carriSte de compositeur dramatique, à laquelle
il se sentait prédestiné. Cependant, pour arriver
au théâtre, il ne suffit pas d'avoir achevé des
études d'école avec quelque succès ; car le talent
d'un musicien n'acquiert de valeur dans l'opinion
des poêles d'opéra qu'après s'être produit avec
bonheur sur la scène. Comprenant la difficulté de
sortir de ce cercle vicieux , Adam n'imagina pas
de meilleur moyen d'en triompher que de se faire
en quelque sorte habitant des coulisses. D'abord
symphoniste sans appointements à l'orchestre du
Gymnase dramatique , il devint plus tard accom-
pagnateur au piano du même spectacle, et ses
fonctions lui fournirent l'occasion de connaître,
des auteurs et de devenir leur ami. Queiques-
\ms lui confièrent des couplets pour en composer
la musique. Les jolies mélodies qu'il écrivit pour
La Batelière, Caleb, Le missardde Fels/ietm,
et plusieurs autres vaudevilles devinrent popu
laires, et furent les précurseurs de succès plus
importants. Dans le même temps où il se faisait
connaître par ces gracieuses bagatelles, il impro-
visait en quelque sorte avec une prodigieuse fé-
condité des fantaisies et des variations pour le
piano snr des thèmes de la plupart des opéras
représentés à Paris, particulièrement de Za3/«<e/^e
(le Por/ici et de La Fiancée, d'Auber, de Moïse,
dsi Comte Onj et de Guillaume Tell, de Ros
sini, de La Datyie blanche, des Deux nuits,
de Boieldieu, et de beaucoup d'autres.
Le premier ouvrage de quelque importance où
il fut permis à Adam d'aborder la scène fut l'opéra
de Pierre et Catherine, en un acte, qu'il fit
représenter au théâtre de l'Opéra-Comiqne ,
au mois de février 1829. Cet ouvrage, qui an-
nonçait du talent, mais une facilité un peu trop
négligée, à été bien accueilli du public. Da-
ni/owa , autre opéra en trois actes, joué au
môme théâtre dans le mois d'avril 1830,, est
une production plus importante, où l'on remarqua
plus d'habileté dans la facture , et qui donnait
des espérances pour l'avenir. Malheureusement ,
le désir de faire vite sembla préoccuper pen-
dant quelque temps le jeune musicien plus que
celui de faire bien. Ses productions se succédaient
avec rapidité et se ressentaient plus ou moins de
la promptitude de leur enfantement. Trois jours
en îine heure, opéra en un acte, Joséphine,
aussi en un acte , joués dans la même année que
Danilowa ; Le Morceau d'ensemble, en un acte ;
Le Grand Prix, en trois actes , et Casimir, en
deux actes, joués en 1831, et deux opéras anglais ,
représentés à Londres en 1832, firent craindre
qu'Adam ne fût pas destiné à laisser de traces du-
rables de son passage sur la scène lyrique ; mais
Le Proscrit, opéra en trois actes, qu'd fit repré-
senter au théâtre de l'Opéra-Comique, le 17 sep-
tembre 1833, prouva que cet artiste pouvait
prétendre à d'honorables succès. A cet ouvrage
succédèrent: Une bonne fortune, en un acte;
Le Chalet, en un acte, composilion élégante
et spirituelle (1834); La Marquise, en un acte;
et Micheline, en un acte ( 1835); Le Postillon
de Longjumeau , en trois actes , opéra dont le
succès a été brillant et mérité (1836 ); Le Fidèle
Berger, en trois actes, et Le Brasseur de Preston
en troisactes (1838); Régine, en deux actes, et
La Reine d'un jour en trois acte (1839) ; La Rose
dePéronne, en troisactes (1841), La l\lainde/er,.
ouleSecret{\^il); Le Roid'Yvetot, entro\sacles
(1842) ; Caj/^ios^ro, en trois actes(1844); Richard
en Pa/'î^iHC, grand opéra en trois actes (1844).
A ces nombreuses productions il faut ajouter plU'
sieurs ballets dans lesquels se trouvent une multi-
tude d'airs de danse charmants, particulièrement
16
ADAM
Faust, en trois actes, écrit à Londres en 1832; La
Fille du Danube, en deux actes, à Paris (1836) ;
Les Mohicans , en deux actes (1837) ; La Jolie
Fille de Gand (1839); Giselle, en deux actes,
charmante composition (1841); un grand ballet à
Saint-Pétresbourg, dans la même année, et un
autre à Berlin. Enfin Adam a refait la plus grande
partie de l'instrumentation de Richard Cœur
de Lion, opéra de Grétry ; du Déserteur, de
Monsigny; de Gulisian; de Dalayrac; de Cen-
drillon, de Nicolo, pièces dont la reprise a été
couronnée d'un brillant succès.
Ici la grande activité du compositeur paraît s'ar-
rêter tout à coup; car en 1845 il ne donne que le
ballet du Diable-à-Quatre , à l'Opéra, un autre,
à Londres ; et La Bouquetière, petit opéra en un
acte, fut la seule de ses productions dans l'année
suivante. La cause de cette inaction apparente fut
«ne fantaisie malheureuse qui s'était emparée de
l'esprit de l'artiste, et qui, pendant plusieurs
années , le priva de son repos et compromit sa
position. Brouillé avec Basset, nouveau directeur
de l'opéra-comique, qui lui ferma les abords de
cette scène , il se persuada qu'il manquait à Paris
un théâtre où les jeunes auteurs et compositeurs
fussent admis à essayer leur talent sans rencon-
trer trop d'obstacles ; il voulut satisfaire à ce be-
soin qui lui paraissait impérieux, et eut le mal-
heur d'obtenir le privilège de ce théâtre en le
payant fort cher. Déjà, longtemps avant d'en faire
l'ouverture, il avait pu en comprendre les in-
convénients ; car l'artiste avait disparu pour
faire place à l'homme d'affaires. Enfin le nou-
veau spectacle fut inauguré sous le titre de
Théâtre national, en 1847. Les représentations
allèrent tant bien que mal ; et dans l'année
suivante la révolution de février acheva la ruine
du théâtre , qui fut fermé. Adam avait perdu
quatre-vingt-mille francs d'économies qui compo-
saient toute sa fortune, et il en devait soixante-
dix mille, pour lesquels il était poursuivi. La
seule indemnité qu'il obtint fut sa nomination de
professeur de composition au Conservatoire, avec
un traitement de 2,400 francs.
Picnlré dans son élément propre, l'artiste re-
piit ( 1849 ) possession de la scène par son Tor-
réador, en deux actes , joué à l'Opéra-Comique ,
par Le Fanal, en deux actes, représenté à l'Opéra,
et par La Filleule des Fées , ballet représenté
au même théâtre. A ces ouvrages ont succédé
Giralda , ou la Nouvelle Psyché, en trois actes
(1850), qui eut un brillant succès, une grande
cantate intitulée ies Nations, a l'opéra (1851);
Le Farfadet, en un acte, à l'Opéra-Comique
(1852); ia Poupée de Nuremberg , joli opéra
bouffon en un acte , au Théâtre-Lyrique (1852) ;
Si fêtais Roi , en trois actes , au même théâtre
(1852); Orfa, ballet en deux actes, à l'Opéra
(1852); Le Sourd, à l'Opéra-Comique; La Fa-
ridondaine , en un acte, avec M. de Groote,
au théâtre de la Porte-Saint-Martin (1853) ; et
enfin Le Roi des Halles, opéra-comique en trois
actes, au Théâtre-Lyrique (1853); Le Muletier
de Tolède, en trois actes ; ^4 Clichy , en un acte,
au Théâtre-Lyrique (1854) ; Le Houzard de Ber-
chiny, en deux actes, à l'Opéra-Comique ; (1855);
Le Corsaire, ballet en trois actes, à l'Opéra;
Falstaff, en un acle , au Théâtre-Lyrique (1856);
Mani'zelle Geneviève , en deux actes, au même
théâtre (1853); Les Pantins de violette, en un
acte, aux Bouffes-Parisiens (1856). Plusieurs
messes solennelles, composées par Adam, ont été
exécutées à diverses époques dans les églises de
Paris : on y trouve quelques bonnes choses qui
seraient bien placées ailleurs que dans la musi-
que d'église. Homme aimable et spirituel, Adam
s'est fait beaucoup d'amis , qu'il a su conserver,
même en prenant la position dangereuse d'écri-
vain dans les journaux , parce que sa critique
était en général polie et bienveillante. Décoré de
la croix de la Légion d'honneur en 1836, il fut
ensuite élevé au grade d'officier de cet ordre. Il
obtint en 1844 les suffrages de l'Académie des
beaux-arts de l'Institut, pour succéder à Berton
dans la section de musique. Cependant il n'é-
tait pas heureux: plusieurs causes contribuaient
à jeter delà tristesse dans son âme. Il ne se dis-
simulait pas que les succès mêmes qu'il obtenait
au théâtre n'étaient qu'éphémères, parce qu'im-
provisés à l'aide de l'expérience plutôt qu'inspirés,
il leur manquait la distinction , la nouveauté des
idées, et parce qu'ils ne rachetaient pas l'absence
de l'imagination par les qualités du style et de la
facture. Il sentait bien que quelques bons mor-
ceaux produits de loin en loin, et devenus plus
rares à mesure qu'il avançait dans la carrière ,
n'étaient pas assez pour la renommée du nm-
sicien qui avait écrit cinquante trois ouvrages
dramatiques et une multitude d'autres produc-
tions avant l'âge de cinquante-trois ans. Cepen-
dant cette improvisation malheureuse , qu'il
aurait voulu contenir, lui était imposée par la
nécessité de satisfaire à des obligations où sou
honneur était engagé. En dépit de sa prodigieuse
facihté, le travail le tuait, sans bénéfice pour
son bien-être comme sans résultat pour sa gloire ;
mais la nécessité l'arrachait de sa couche dès le
matin et ne l'y laissait rentrer que bien avant
dans la nuit , sans lui avoir laissé goûter l'ap-
parence des jouissances que donne l'art quand
on le cultive pour lui-même. Qui sait si ce far-
deau n'a pas été la cause de sa mort inopinée?
ADAM — ADAMI DA BOLSENA
17
Il paraissait calme , rien n'annonçait qu'il fût
souffrant : il avait assisté au début d'une canta-
trice à l'Opéra. A dix heures, il se retira, rentra
chez lui , et le lendemain malin, 3 mai 1856, on
le trouva mort dans son lit. Après son décès, on a
Imprimé des notes qu'il avait jetées à la hâte sur
sa vie, et, pour compléter le volume, on y a ajouté
un ctioix d'articles qu'il avait publiés dans les
journaux sur la musique. Ce volume a pour titre :
Souvenirs d'un musicien. Paris, Michel Lévy
Irères, 1857, in-12 de 266 pages.
ADAM (Charles - Frédéiuc) , organiste à
Fisclibach près de Biscliosswerda , est né en 1770
àZadel, près de Meissen. On a de lui : 1° Six
pièces d'orgue, Meissen (sans date). 2" Chants
pour quatre voix d'hommes {ibid.). 3'^ Douze
danses pour le piano ; Leipsick , Breitkopf et
Hœrtel. 4° Six chants à quatre voix, op. 4, ibid.
ADAM (Jean-Théopuile), musicien de cham-
bre à la cour de Dresde, est né le 1'"'^ juillet 1792
à Taubenheim, près de Meissen. 11 s'est fait
connaître par les ouvrages dont les titres sui-
vent. 1° Dix variations pour le piano, sur l'air
allemand : Liebes Maedchen ; Meissen , Gôd-
sche. — 2" Der lusfige Klavierspieler ( Recueil
de quarante-huit pièces, consistant en diverses
danses, dont quelques-unes à quatre mains,
et douze variations ) ; ibid. — 3° Six pièces faci-
les fuguées pour l'orgue; ibid. — 4° Kurzeund
leichte Gesxnge zum Gcbrauche beim Gottes-
dienste und bel Sing umgxngen (Chants courts
et faciles pour l'usage des dimanches , etc., à
quatre voix; ibid. — b° La Cloche, de Schiller,
avec accompagnement de piano , ibid.
ADAM(Je.vn-George), organiste à Meissen,
vers 1820, s'est fait connaître par quelques com-
positions estimables, parmi lesquelles on remar-
que : Des préludes fugues et faciles pour l'orgue,
Meissen, Godsche. — Douze variations et une fu-
gue pour l'orgue, sur le thème : Den Konig segne
Gott, op. 8 ; Leipsick, Hofmeister. — Six petites
lugues pour l'orgue , op. 9 ; Lepsick , Breitkopf et
Harlel. — Suites de chants pour voix seule avec
ace. de piano ; Meissen , Godsche. Adam a publié
aussi des thèmes variés , des danses et d'autres
bagatelles pour le piano.
ADAM (C. Ferdinand), est né en Saxe vers
1810, étalait vraisemblablement ses études mu-
sicales à Dresde , où il s'est fixé comme profes-
seur de piano et de chant. 11 y dirige aussi une
société de chœurs d'hommes, qu'on désigne en Al-
lemagne sous le nomdeXieder^fl/eZ. Une grande
fête de chant en chœur donnée les 25 et 26 aofit
1847, ayant réuni les sociétés deColditz, Grimma,
Gerinyswalde, Heinichen, Mitweida , Rochlitz ,
Waldheim et Leisnig, dans cette dernière petite
BIOGR. liNlV. DES MUSICIENS. — T. 1.
ville, au nombre de 300 chanteurs, la direc-
tion de cette masse chorale lutconliee à M. Adam.
Cet artiste fut signalé comme un jeune homme
de talent dans le n" 14 de la Gazette générale
de Musique de Leipsick, en 1829, à l'occasion
d'un recueil de 12 danses caractéristiques pour le
piano, qu'il venait de publier. Plus tard il a pu-
blié des variations brillantes pour le même instru-
ment ; mais c'est surtout comme compositeur de
chants à quatre voix qu'il s'est fuit connaitre avan-
tageusement : on cite particulièrement avec éloge
.ses ou vrages suivants en ce genre : l°Six lieder pour
soprano, contralto, ténor et basse , op. 4 ; Dresde,
Botter, — T Gedichte eines Lebendigen (Poé-
sies d'un vivant) pour chœur d'hommes , op. 6 ;
ibid. —3° Six chants pour quatre voix d'hommes ;
Leipsick, Breitkopf et Haertel.
ADAM (Josei'u-Aucuste), directeur de mu-
sique militaire et compositeur, est né à Vienne,
le 22 avril 1817, et a toujours continué de résider
dans cette ville. Son père était un fabricant de
produits chimiques. Après avoir éludiéle violon
sous la direction de Joseph Techlinger, l'harmo-
nie et la composition chez Joachim Hoffmann ,
il fut nommé en 1846 chef de musique de la
garde bourgeoise de Vienne , et deux ans plus
tard il eut le même titre dans la garde nationale.
Sa musique d'harmonie militaire , au nombre
d'environ 60 œuvres, a beaucoup de succès eu
Autriche , particulièrement à Vienne.
ADAMBERGER (Josepu), connu aussi
sous le nom haiika Adamonti , naquit à Munich
le 6 juillet J.743. 11 reçut une place gratuite au
séminaire de celte ville, et y étudia les sciences
et la musique. En 1755 Valesi se chargea de lui
donner des leçons de chant; après avoir passé
six ans auprès de cet habile maitre , il fut placé,
à sa recommandation , comme premier ténor au
théâtre de San-Benedetto , à Venise, en 1762. Il
y obtint tant de succès qu'il fut appelé dans plu-
sieurs autres villes d'Italie. Ce lut alors qu'il
changea son nom d'Adambergerconlre celui d'.4-
damonti. En 1775, Valesi fut appelé à Vienne
pour y chanter à l'Opéra italien ; mais, la cour de
Bavière n'ayant point voulu lui accorderde congé,
il envoya Adamberger à sa place. La qualité de
sa voix et son talent de chanteur plurent si bien
aux habitants de Vienne qu'il obtint un engage-
ment fixe. Cet habile arti.ste mourut à Vienne ,
le 7 juin 1803, à l'âge de soixante ans.
ADAMEll. On a gravé sous ce nom douze
menuets pour le piano, à Vienne, chez Mollo.
ADAMI DA BOLSEi\A (Andréa), mai-
tre de la chapelle ponlilicale et de l'Académie des
Arcades de Rome, où il était désigné sous le nom
de Carielo Piseo , naquit à Rome au mois d'oc-
2
18
ADAMI DA BOSLENA — ADAMI
tobre 1663. 11 fut d'abord au service du cardinal
Ottoboni , qu'il quitta pour ta place de maître de
chapelle du pape. Il mourut le 22 juillet 1742,
dans la soixante-dix-'neuvième année de son ftge.
On a de lui : Osservazinni per ben regolare
il coro dei cantori délia cappella poriteftcia
tanto nelle funzioni ordinarie che slraordi-
Marie;Roma, per Antonio de Rossi, 1711, in-
4". On y trouve les biographies et les portraits de
douze maîtres de la chapelle pontilicale. Cet ou-
vrage est très-rare.
ADAMI ( Ernest-Daniel) , né à Zduny , dans
le grand-duché de Posen, le 19 novembre 1716,
reçut les premières leçons de musiqoe d'Abra-
ham Lungnerj ensuite il forma sou talent sous
la direction du chantre Contenius pour le chant,
de Frendel pour le piano, et de l'organiste Zac-
chau pour la composition. Adami, destiné par
son père à être un artisan , mais passionnément
entraîné vers l'étode des lettres et des arts, fut
redevable aux sollicitations de Gunther de la
permission qu'il obtint enfin de se rendre au
gymnase de Thorn. Là il eut une place de cho-
riste , dont les émoluments lui facilitèrent les
moyens d'achever ses études. Lorsqu'il eut atteint
l'âge de dix-neuf ans , one place de corecteur
hii fut offerte à Strasbourg, et il l'accepta.
Le comte Dobna Wartenberg Leislenaii , à qui
il avait été recommandé, le chargea peu de temps
après de l'éducation de son ffls. En 1736 il partit
avec son élève pour Kœnigsberg , et visita l'uni-
versité ; ensuite il vécut dans la maison do profes*
seur Gunther, et se lia d'amitié avec Thomson. En
1738 il quitta liœnigsberg, et se rendit à Kaunitz,
oii on lui offrait une place de corecteur. Il s'était
déjà mis en route pour s'y rendre, lorsque tout
à coup il changea d'avis, et se rendit à Jena pour y
terminer ses études Ihéoiogiques. Il y suivit les
cours de Reuschner, Racheuberger, de Ham-
berger et de Stock. Deux ans après on Péleva
au grade de maître es arts, et l'année suivanle
il retourna dans sa ville natale pour s'y exercer
à la prédication. En 1/43 il fut nommé corec-
teur et directeur de musique à l'école latine de
Landshut. 11 occupa ce poste jusqu'en 1"'57, où
il l'abandonna pour celui de pasteur de Sorge et
de Kœnincben , dans la Prusse méridionale. De-
venu pasteur de Felckue en 1 760, il se démit vo-
lontairement dfr sa place en 1763, et fut en dernier
lieu appelé comme pasteur à Pommerwitz, près
de Neustadt, dans la haute Silésie , où il mourut
le 19 juin 1795. Forkel dit {Allgem. Lifter, der
Musik,^. 147) qu'Adami mourut à Landshut
en 1758 : il a été induit en erreur sur ce point;
mais Liciitenthal est tombé dans ime inadver-
tance bien plus singulière à l'égard de cet écrivain,
car, au tome troisième de sa bibliographie de la
musique (p. 199), il le fait mourir à l'époque
indiquée par Forkel , et au quatrième volume
du même ouvrage (p. 30), il indique la date
véritable de son décès.
Adami s'est fait connaître dans le monde mu-
sical par deux ouvrages qui ne manquent point
d'intérêt. Le premier a pour titre : Verniluflige
■ Gedanken iibcr den drei/fachen Widerschall
vom Etngange des AderOachischcn Steinwal-
des im Kœnigreich Bœhmen ( Réflexions sur le
triple écho d'Aderbach , à l'entrée de la forêt de
Stein, dans le royaume de Boliême); Liegniiz,
l750,in-4°. Le deuxième est intitulé : Philoso-
phisch musikalische Abhandlung von dem gôlt-
lichschoeneder Gesangsweise in geistl. Liedern
bei ô/f en (lichen Golf esdienst (Dhserlation phi-
tosophico-musicaJe sur les beautés sublimes du
chant dans les cantiques du service divin); Leip-
sick , 175.'), in 8°. On a aussi d' Adami une can-
tate publiée en 1745, une autre en 1746, et il
a laissé en manuscrit quatorze cantates de noces,
se|)t cantates pour diverses circonstances et six
cantates religieuses.
ADAMI ( ANToiNE-PnfLirf-E), littérateur,
naquit à Florence, d'une famille noble, vers 1720,
entra dans la carrière militaire, et cultiva les let-
tres et la philosophie, tin récompense de ses ser-
vices et de son mérite , le grand-duc de Toscane
le nomma chevalier de Saint-Etienne. Une mort
préiualurée l'enleva à sa famille et à ses amis à
la fin de l'année 1761. Il s'est fait connaître par
divers ouvrages d'histoire, de philosophie et de
litléralure. Il n'est cité ici que poar un volume
intitule : Poésie , con una Dissertazione sopra
la Poesia dranunalica et mimica del teatro ;
Florence, 1755, in-8°. Il traite dans cette disserta-
tion de la musique théâtrale.
ADAMI (ViNATJEti), maître de clarinette, né
vraisemblablement dans le Piémont, a fait im-
primer une méthode pour son instrument, à Tu-
rin , chez les frères Reycend. Je suis tenté de
croire que le nom de famille de ce musicien est
Vinatier , et qu^Adami n'est que le prénom. Je
le cite d'après la bibliogiaphie de Lichtenlhal
(t. IV, p. 178).
ADAMI (Henri-Joseph) , rédacteur de la
partie musicale dans la Gazette des théâtres de
Vienne, est né dans cette ville le 16 décembre
1807. Après avoir fait ses études dans les collèges
et à l'université de Vienne, il fut destiné à la
pî'ofession d'avocat; mais son goût exclusif pour
la poésie (fnimatique le détourna de cette car-
rière. 11 publia dans les journaux et dans les al-
manachs poéliq.ics un nombre considérable de
petites pièces, écrivit des livrets d'opéra, et
ADAMI — ADDISSON
19
surtout un grand nombre d'<nrticles de critique
musicale dans la Gazette des Théâtres de Vienne
(Tkeaier Zcitung), iiisqu'en 1847, puis dans
la Gazette de Vienne, dans La Presse (Die
Presse), en 1848, et enfin dans le Ostdeutsche
Post , en 1850. La critique de ce littérateur a peu
de profondeur, et l'on voit que ses connaissances
techniques sont insuffisantes pour la tàclie qu'il
accomplit.
ADASIS (Thomas), né en 1783, éludia la
musique sous le docteur Busby, jusqu'à l'âge de
onze ans. En 1802 , il fut nommé organiste de la
chapelle de Lambeth, à Carlisle, et conserva cette
place jusqu'en 1814. 11 fut alors choisi , parmi
vingt-huit autres candidats, pour être organiste
de Saint-I'aul à Deptford , où il se trouvait en-
core en 1824. Depuis lors il s'est fixé à Londres.
T. Adams a dirigé les séances musicales annuelles
de VApoltonicon, depuis leur commencement, et
y a fait des lectures sur divers sujets relatifs à la
musique. Les principales compositions de cet ar-
tiste sont : 1" Six fantaisies, publiées en 1812. —
L'air Scots ivho hoe ivith Wailace bled, avec
des variations pour l'orgue (Mayhew). — 2° Adeste
fidèles, avec variations. — 3°^ rose tree infull
bearing, avec variations 4° QuanCèpiù bella,
de Paisiello , avec variations (ces trois dernières
pièces chez Clementi). — 5° Deh prendi, et My
jo Janet, l'un et l'autre avec variations. — c° Six
fugucspour rorgue(Clcmenli). — 7° Trois fantai-
sies pour l'orgue (Hodsol! ). — Six grandes pièces
pour l'orgue ; Londres, Clementi.
ADAMS (Abraham), organistedc Sainte-Ma-
ry-le-Bone, à Londres, vers 1810, est auteur d'un
ouvrage qui a pour titre : PsalmisCs ncw co7npa-
nion, etc. ( Le Nouveau compagnion du psalmiste,
contenant une introduction aux principes de la
musique, par nne méthode facile et familière,
suivie de 41 chants de psaumes, et 25 antiennes,
auxquels on a ajouté un hymne funèbre; le tout
composé à trois et quatre voix, suivant les règles
les plus authentiques) ; Londres, in-4'' (sans date).
ADAIV (Don Vincent) , musicien de la cha-
pelle du roi d'Espagne, dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle, vécut à Madrid, et y lut
professeur de chant et de composition. 11 est au-
teur d'un livre qui a pour titre : Dociimentos
para instruccion de Musicos , y aficionados ,
que intentan saber el arte de la cotnposicion.
En esta obra se traita de los contrapontos
sobre bajo hasta siete , sobre tiple hasta siete,
y suello hasta ocho, y dos exemptas à doce
voces, todos en fuga unas contro otras. Varios
soles y duos; pensamientos a très, y a quatro.
varios pasos y contrapasos, y el modo de en-
trarlos, Varios canones y tocados. Exiencion
. de los instrumcntos. Posturas del violin per
todos los tonos y formaciondecllos, con otrus
cosas muy utiles (Documents pour l'instruction
des musiciens et des amateurs qui veulent savoir
l'art de la composition. Dans cet ouvrage, on
traite du contre-point sur une basse jusqu'à sept
parties, sur le chant jusqu'au même nombre de
voix, et du contre-point libre jusqu'à huit, avec
des exemples à douze voix, lesquelles fuguent entre
elles; divers solos et duos; des fantaisies à trois
et à quatre différents sujets et contre-sujets, avec
la manière d'y répondre ; diverses espèces de ca-
nons et d'imitations; l'étendue des instruments; |
les positions du violon pour tous les tons, etc .) ;
Madrid, Joseph Otero, 1786, in-fol. de 16 pages
de texte et 75 d'exemples notés. Voilà bien des
choses pour un si petit volume; mais l'auteur n'a
pas cherché à y exposer une doctrine. Son texte
ne contient que de courtes questions et des ré-
ponses non moins brèves sur les diverses parties
de l'art décrire en musique, et les exemples ont
peu de développements : en un mot, l'ouvrage
n'est qu'une méthode d'enseignement empirique.
ADAÎV DE JOUVEI\CY, trouvère fran-
çais du treizième siècle.
ADCOCK (Jacques) , maître de musique du
collège du roi à Cambridge, naquit en l778 à Eton,
dans le duché de Buckingham. En 178Cil fut admis
comme choriste de la chapelle Saint-George à
Windsor, et entra au collège d'Eton, où il reçut
son éducation musicale sous le D"" Ayhvard et
M. Sexton. En 1797 il fut élu un des clercs laï-
ques de la chapelle de Saint-George , et en 1799
il reçut sa nomination à la même place au col-
lège d'Eton. Il quitta ces deux emplois lorsqu'il
fut nommé clerc laïque du roi à la Trinité et au
collège de Saint-Jean à Cambridge. Les princi-
pales compositions d'Adcock sont des glees, sa-
voir : trois glees dédiées à sir Patrick-Blake
(Birchall); Hark how the bées, glee à quatre
voix (Preston); Welcome Mirth, k trois voix
(Goulding), etc., etc. Adcock a publié des prin-
cipes de chant avec trente soZ/eg'g'i pour l'instruc-
tion des personnes qui veulent chanter à pre-
mière vue.
ADDISSOiM (Jean), fils d'un mécanicien
fort habile , est né en Angleterre vers la fin du
dix-huitième siècle. Il débuta dans la carrière
musicale comme contrebasse au théâtre de Li-
verpool. Quelque temps auparavant il avait
épousé miss Willems , nièce du célèbre Rei-
nolds, qui fut engagée comme cantatrice au théâ-
tre de Dublin , où Addisson la suivit. Deux ans
après , mistriess Addisson débuta au théâtre de
Covent-Garden , ce qui donna occasion à son
mari de s% fixer à Londres. Cependant il ne tarda
2.
'20
ADDISSON — ADHÉMAR
point à quitter cette ville pour se rendre à Batli,
puis à Dublin , et enfin à Manchester, où il établit
une filature. Malheureusement ses spéculations ne
réussirent point, et il fut obligé de quitter son
établissement avec perte. Il revint alors à Lon-
dres, où il entra comme conirebasse au théâtre
italien. Peu de temps après Arnold ouvrit le
théâtre appelé Le Lycée, et Addissoil fut engagé
pour composer la musique de quelques petits opé-
ras, tels que My Uncle, Mij Aunt , Tvm Words ,
ou Silent not Dumb, Free and Easy , etc. Il a
écrit aussi pour le théâtre de Covenl-Garden la
musique de Robinet the Bandit, et arrangé
celle de Boieldieu sur le drame de Rose d'A-
mour, traduction du Chaperon Rouge. Outre
cela il a publié des airs, duos, glees, etc., et s'est
livré à l'enseignement du chant.
ADELBOLD, évéque d'Utrecht, né vers
la fin du dixième siècle , d'une famille noble du
pays de Liège , étudia dans cette ville et à
Reims : il devint l'un des plus savants hommes
de son temps. Sa réputation s'étant répandue en
Allemagne, l'empereur Henri II l'attira à sa cour,
laduut dans son conseil, le nomma son chance-
lier, et lui fit obtenir l'évèché d'Utrecht. Tant de
succès, loin de satisfaire l'ambition d'Adelbold ,
ne fit que l'augmenter. Il fit longtemps la guerre à
Dideric , comte de Hollande, et ravagea ses
États, parce que le comte avait refusé de lui cé-
der l'île de Merwe , située entre la Meuse et le
Wahal. Forcé de faire enfin la parx , il cultiva
les sciences , fonda des églises , et ne cessa de
travailler à la prospérité de son diocèse jusqu'à
sa mort, arrivée le 27 novembre 1027. Au nom-
bre de ses' ouvrages se trouve un traité intitulé
De Musica, que l'abbé Gerbert a inséré dans
sa collection des Scriptores eccle.siast. de mu-
sica sacra, etc., t. I, p. 303. Le style d'Adel-
bold est plus élégant que celui des écrivains
de son siècle ; mais son ouvrage est de peu d'in-
térêt.
ADELGASSER (Antoine Cajetan), né à
Lucerne, en Suisse, le 3 avril 1728, fil ses études
musicales sous la direction d'Éberlin, maître de
chapelle à Salzhourg. Plus tard il devint orga-
niste et claveciniste de cette cour. Dès 1757 il s'é-
tait acquis la réputation d'un bon organiste et d'un
accompagnateur habile sur le piano. Devenu pre-
mier organiste de la cathédrale et de la cour, il
en remplit les fonctions jusqu'à sa mort, qui eut
lieu le 23 décembre 1777. Ses compositions lui
avaient fait aussi beaucoup d'honneur, quoiqu'on
lui reprochât d'imiter trop le style d'Éberlin son
maître. Adeigasser n'a rien fait imprimer, mais
il a laissé dans les archives de la chapelle de
S^lzbourg plusieurs compositions importantes
pour l'église , particulièrement des messes avec
orchestre.
ADEL1IVE(M"«). Voy. RIGGIERI ( Ade-
line).
ADEIVEZ, trouvère et ménestrel, connu aussi
sous lenomd'^rfflmZe/?oJ, parce qu'il était roi des
ménestrels français, vécut dans le treizième siècle,
et fut attaché au service de Henri III, duc de Bra-
bant (qui mourut en 1260). Adenez jouait de la
viole, car il est représenté tenant cet instrument,
dans une miniature du manuscrit du roman de
Bertlie aux Grands Pieds, qui est à la Biblio-
thèque impériale, à Paris ( Supplém. du fonds du
roi , n» 428). On a aussi de lui les romans de
Guillaume d'Orange ou Guillaume au Cozirt
Nez, de V Enfance d'Ogier le Danois, de Cléo-
madès, et à'Aymeri de Narbonne. Adenez, dans
un de ses fabliaux, nous apprend que ce fut le
duc Henri 111 qui lui fit apprendre son art :
Ce livre de Cléomadés,
Rimay-je li roi Adenez,
Ménestrel au bon duc Henri
Fui. Cil maleva et norri
Et me fist mon mestier apprendre,
Dieu l'en veille guerdon rendre
Avec ses ame en paradis.
ADHÉMAR (Guillaume), troubadour el
jongleur du treizième siècle, était fils d'un pauvre
gentilhomme de Marveil ou Marvéjols, dans le
Gévaudan. Sans fortune et hors d'état de soute-
nir l'état de chevalier, Adhémar se livra à la poé-
sie, à la musique, et composa des chan.sons d'a-
mour qu'il allait chanter dans les châteaux. S'il
fut aimé , il fut aussi vrai.semblablement trahi,
car parmi ses chansons il en est de satiriques
dans lesquelles il se plaint de l'inconstance des
femmes, et qui ne donnent pas une haute opinion
de leur chasteté à l'époque où il vécut. On croit
que Guillaume Adhémar passa quelque temps à
la cour de Ferdinand III, roi de Castille, et que,
dégoûté du monde , il entra dans l'ordre mo-
nastique de Grammont. On trouve parmi les ma-
nuscrits de Sainte-Palaye, à la bibliothèque de
l'Arsenal de Paris, dix-huit chansons de ce trou-
badour.
ADHÉMAR ( Le comte Abel d' ) , amateur
de musique et compositeur pour le chant , est né
d'une ancienne famille à Paris, vers I8i2. En
1836 il commença à faire connaître son nom
par des romances qui obtinrent du succès. Son
goût le portait vers les sujets dramatiques pour
ces petites pièces, et la plupart de ses premières
productions sont un indice de son penchant à cet
égard ; en voici les titres : Le Bravo, Le Brigand
calabrais. Le Catéran, L'Esclave chrétien, Le
Forban, Le Kabyle, Le Lazzarone, Malheur à
ADHEMAR — ADOLFATl
21
toi. Le Torréador, etc.; pliistard M.d'Adliémar a
pris un style plus doux dans Thérèse la blonde, La
Femmequej'aime,Jenelesuivrai pas, Pâque-
rette, Le Doux Nom de Marie , Tout un jour
sans te voir, Les Yeux disent le Cœur,eX beau-
coup d'aiitres. Connme la plupart des compositeurs
de romances, M. d'Adliéraar a eu son moment
de vogue, auquel d'autres noms ont succédé. Il
est mort à Paris en ISôl.
ADLER (Georges), professeur de musique à
Bude ( Ofen) , capitale de la Hongrie , est né dans
cette ville vers 1806, et y occupe la place de di-
recteur du cliœur de l'église principale. Égale-
ment habile sur le violon et sur le piano , M. Adler
be livre à l'enseignement de ces deux instruments,
et a publié des compositions pour l'un et pour
l'autre. On connaît de lui : 1° Thème hongrois,
varié pour le violon avec ace. de deux violons,
altoet basse, op. 1; Vienne, Haslinger. — 2" 1" Po-
lonaise pour le violon avec quatuor d'accompagne-
ment, op. 6.;ibid. — 3» Sonate pour piano et violon,
op. 3.;ibid. — 4° Sonate pour pianoà quatre mains
(enmi bémol), op. 27.; Vienne; Diabelli. — 5° Va-
riations pour piano seul, op. 2; Vienne, Haslin-
ger. — 0° Thème varié (en si bémol), op. 4.; ibid.
— 7" La Chasse, rondeau brillant sur un thème de
Cenerentola, op. 7° ; ibid. — 8°. Thème original
varié, op. 8. ibid. — 9° Allegro, andante et roi.deau
brillant, op. 18.; ibid. — 10° Souvenir, rondem
brillant (en mi bémol); Pesth, Grimm et C'e.
— 11° Libéra me, Domine, pour quatre voix et or-
gue, op. 1 1; Vienne, Haslinger. — 12° Deux prières
à quatre voix, petit orchestre et orgue ; Augsbourg,
Bôhm. — 13° Chants à quatre voix d'homme, op.
12.; Vienne, Haslinger.— 14° trois chants pour qua-
tre voix d'hommes, op. 13; Vienne, Diabelli. — 15o
Cantate pour une et plusieurs voix, avec piano,
op. 15; Vienne, Haslinger. — 16» VEsprit de
V Harmonie, chant a voix seule avec piano ;i6îd.
— 17° quatre lieder, idem , op. 10; ibid.
ADLUIXG (Jacques) , membre de l'académie
d'Erfurt, professeur au gymnase, organiste de
l'église luthérienne, et constructeur de clave-
cins, naquit le 14 janvier 1699, à Brindersieben,
petit village près d'Erfurt. Il commença ses étu-
des à l'école de Saint-André de cette ville, et y
resta depuis 1711 jusqu'en 1713, époque oùil passa
au gymnase sénatorial , qu'il fréquenta Jusqu'en
1721. En 1723 il alla à l'université deléna, où il
prit le grade de professeur, après avoir soutenu une
thèse De obligationis verx naturai ac usa. Ses
études musicales .se firent sous la direction de
Chrétien Reichart, organiste à Erfurt. Au mois
de janvier 1728 il succéda à Buttstedt comme or-
ganiste à l'école luthérienne, place qu'il occupa
jusqu'à sa mort, arrivée le 5 janvier 1762. 11 a
formé un grand nombre d'élèves pour le clavecin
et pour les langues anciennes. H a publié les
ouvrages suivants : Anleitung zu der musi-
kalïschen Gelahrtheit theils fur aile Ge-
lehrte, so das Band aller Wissenschaflen
einsehen; theils fur die Liebhaber der
edlen Tonkunst uberhaupt ; theils und son-
derlich fur die, so das Clavier, vorzûglich
lieben; theils fur die Orgel und Instrument-
macher (Introd. à la science musicale, etc.);
Erfurt, 1758, in-8°. C'est un livre intéressant,
plein de recherches savantes, et qui prouve
qu'Adlung avait de la méthode et l'esprit philo-
sophique; mais le style en est lourd. Jean-Ernest
Bach y a joint une préface. Le maître de chapelle
Hiller en a donné une seconde édition à Leipsick,
en 1783, avec quelques augmentations 2° Mu-
sica mechanica organœdi , das ist, Grund-
iicher Vnterricht von der Struktur, Ge-
braïich und Erhaltnng , etc., der Orgeln,
Clavicymbel, Clavicordien und anderer Ins-
trumente ,insofern eineni Organisten vonsol-
chen Sachen etwas zu ivissen nôthig ist,e,\.c.,
mit einigen Anmerkungen und einer Vorrede
verschen, und ziim Druck befôrdert von
M. Joh. Lorenz Albrecht, etc.; Berlin, 1768,
in-4° (Introduction à la construction , l'usage et
la conservation des orgues , clavecins , clavicordes
et autres instruments, etc.; avec quelques re-
marques et une préface, par J.-C. Albrecht).
Cet ouvrage, ainsi que le suivant, a été publié
après la mort de l'auteur. On trouve dans la
première préface de celui-ci la vie d'Adlung écrite
par lui-même. — 3° Musikalisches Siebengestirn,
das ist : sieben zur edlen Tonkunst gehôrige
Fragen, aufer haltenen Befehlder Churfiirstl,
Mainzischen Akad. nûtzlicher Wissenschaften
in Erfurt, anfxnglich in lateinischer Sprache
beantworlet, nachgehends aber ins Deutsch
ûbersetzt; Berlin, 1768, in-4°, quatre feuilles et
demie ( Les sept étoiles musicales, ou sept ques-
tions relatives à la noble musique , etc.). Adlung
choisit ce titre singulier pour des réponses à sept
questions qu'on lui avait faites sur les intervalles,
et particulièrement sur la nature de la quarte.
Cet ouvrage, comme on le voit par le titre,
fut d'abord écrit en latin, et traduit ensuite en
allemand. Adlung avait aussi écrit: i" Anweisung
zum General-Bass (Instruction surla basse con-
tinue). — 2° Anweisung zum italixnischen Ta-
bulatur (Instruction sur la Tablature italienne).
— 3° Anv)eisung zum Fantasie und Fuge (Ins-
truction sur la fantaisie et la fugue) ; mais ces
ouvrages ont été perdus dans un incendie qui en»
leva à l'auteur une partie de sa fortune.
ADOLFATl (ANDKÉ). élève de Balthasar
22
ADOLFATI — ADORNO
Galuppi, naquit à Venise en 1711. Après avoir
achevé ses études musicales, il fut pendant plu-
sieurs années maître de chapelle à l'église Santa-
Maria délie Sainte, dans sa ville natale ; puis il
écrivit des opéras dans plusieurs grandes villes
de l'Italie, et finit par se fixer à Gênes, où il
obtint la place de maître de chapelle de l'église
«le V Annonciation. On connaît aujourd'hui peu
d'ouvrages de ce compositeur. En 1742 il a donné
à Rome VArtaserse ; à Gênes, Ariane , en 1750;
dans la même ville Adrlano in Sirïa, en 1751;
et en 1752, La Gloria ed il piacere. La Biblio-
thèque impériale, à Paris, possède en manuscrit
un Nisi Dominns, à voix seule, et nn Laudate
pueri, à quatre voix, de la composition de ce mu-
sicien. Dans la collection de l'abbé Santini , à
Rome, on trouve aussi le psaume Domine, ne in
./'«rore, traduit en italien et mis en musique à
quatre voix avec des violons et des cors, par Adol-
f.ili ; enfin on a publié sous son nom : Sei sonate
a tre, cinque e sei, opéra P, Amsterdam. Ce
compositeur fit à Gênes l'essai de la mesure à
cinq temps dans un air de son opéra A'' Ariane.
On a dit qu'il avait élé précédé dans cet essai par
Marcello, quoiqu'on n'ait pas cité l'ouvrage de
l'auteur des Psaumes où la mesure à cinq temps
est employée; mais il est certain que d'anciens
airs populaires d'Espagne , d'Allemagne et du
Nord sont dans cette mesure. Il est possible qu'A-
dolfati en ait eu connaissance.
ADORIN'O (Jean-Népomucùne), né au Mexique
vers 1815, s'est fait connaître à l'Exposition uni-
verselle de l'industrie, à Paris, en 1855, par di-
verses inventions ingénieuses, au nombre des-
quelles on remarquait un système complet de
musique, dont toutes les parties sont intimement
liées, et pour lequel M. Adorno a fait exécuter
sous sa direction plusieurs instruments de dé-
monstration. Il a fait imprimer l'exposé de son
système dans un petit ouvrage qui a pour titre :
Mélographie,ou Nouvelle Notation musicale;
Paris, Firmin Didot frères, 1855, in-4'' de 39
pages , avec une planche. Celte brochure n'est
en quelque sorte que le prolégomène d'un ouvrage
philosophique très-étendu auquel M. Adorno a
travaillé pendant plusieurs années, et dont il an-
nonce la publication. Considéré au point de vue
de la théorie, le système dont le petit ouvrage
de M. Adorno renferme l'aperçu est basé sur
«me idée déjà produite par Azais {voy. ce nom) et
par d'autres, à savoir que les vibrations de l'air
ne sont pas la cause productrice du son comme
on le croit généralement , et que cette cause ré-
side dans un fluide impondérable auquel l'auteur
du système donne le nom A' harmonium. Ce
fluide ne produit point une série de sons dans
les rapports absolus des géomètres, mais une
échelle chromatique de douze demi-tons tem-
pérés. M. Adorno prétend démontrer celte partie
de son système par une construction géométrique
dont le tableau graphique était à l'exposition, et
par un polycorde formé sur le même modèle.
Or cette échelle de douze demi-tons tempérés ,
donnés par la nature, est le critérium du système
de notation et de musique pratique de M. Adorno;
car c'est celle des instruments à claviers , parti-
culièrement du piano. Prenant le clavier pour
modèle de la portée destinée à la notation, il con-
sidère les cinq touches noires comme la repré-
sentant de cette manière :
1'"= octave. 2™" octave. 3"^ octave.
etc.
11 résulte de là que la portée est verticale au
lieu d'être horizontale, et que les signes de la
notation ont la même direction. M. Adorno con-
serve les formes de la notation ordinaire. Les
espaces doubles contiennent les notes mi, fa, et
si, ut; les espaces simples renferment les notes
ré, sol, la. Les notes placées sur les lignes sont
les dièses et les bémols. Quant aux valeurs de
temps, rondes, blanches, noires, etc., et aux
signes de silence , ce sont les mêmes que ceux de
la notation en usage. La transposition s'opère,
dans le système de M. Adorno, par un moyen très-
simple : il consiste en un pupitre sur lequel des
fils noirs sont tendus verticalement dans les mêmes
dispositions qu'on vient de voir : la musique écrite
se place sous ces fils, et suivant qu'on l'avance à
droite, ou la recule à gauche, la transposition est
faite, parce que la position des notes est déterminée
parles fils du pupitre qui représentent les parties
de six octaves disposées précisément comme le
clavier du piano placé au-dessous de ce même pu-
pitre. Par une autre conséquence de son système,
M. Adorno a imaginé un piano mélographe dont
le mécanisme imprime la musique sur un papier
disposé suivant sa méthode de notation; en sorte
qu'après l'exécution d'un morceau improvisé , it
n'y aurait qu'à retirer le papier du cylindre où
il est enroulé, et à le placer sur le pupitre, sans
faire d'opération de traduction, pour jouer im-
médiatement le morceau et pour le transposer à
volonté , à l'aide du pupitre. Le piano mélographe
n'était pas à l'exposition universelle de Paris; le
modèle du mécanisme seul a été mis sous les
yeux du Jury : M. Adorno le faisait exécuter
alors dans les ateliers du célèbre facteur de rianos
Erard : il ne paraît pas que, jusqu'au moment où
cette notice est écrite, le succès ait répondu aux
vues de l'inventeur.
ADRASTE
23
ADRASTE, philosophe péripat(^ticien , né à
Phiiippes, ville de Macédoine, fut disciple d'A-
ristote, et vécut conséquemment au temps d'A-
lexandre, entre la lOô"^ et la 115" olympiade.
On sait qu'il a écrit un traité de musique en trois
livres, que Porphyre et Tliéon de Smyrne ont cité,
Ger. J. Vossius {De Scient. Mathem., c. 5S,§ 14),
et Fabricius , d'après le témoignage de Scipion
Telhis [Dibliot. Grscc, M. III, c. 10) ont écrit
qu'il en existe un manuscrit au Vatican, et une
autre copie dans la bibliotlicque du cardinal
Saint- Ange, d'où elle a passé depuis dans celle
du cardinal Farnèse, son frère. Forkel, d'après
les journaux littéraires de 1788, annonça dans
son Almanach musical, publié l'année suivante, la
découverte que I\I. Pascal Baffi venait da faire du
traité d'Adraste dans la bibliothèque du roi de
Naples, dont il était le conservateur. C« biblio-
thécaire venait de faire connaître son intention
d'en publier le texte grec avec une version latine.
Il est assez singulier que M. Baifi ait donné comme
une chose nouvelle la découverte de ce manus-
crit, qui n'était autre que celui dont Vossius et
Fabricius avaient déjà révélé l'existence; car la
bibliothèque du cardinal Farnèse avait passé en
la possession du roi de Naples, qui l'avait rendue
publique. Le titre de l'ouvrage était celui-ci :
ASpaaTou T«Ù7r£pt7taTv)TixoîJàp!i.ovtxwv BtêXiaxpîx.
On s'est souvent étonné, dans le monde litté-
raire, que la publication annoncée par M". Baffi
n'eût (las été léalisée; les savants éditeurs de la
collection des manuscrits découverts à Hercula-
num ont donné le mot de l'énigme dans une note
qui accompagne un passage du traité sur la mu-
siquedePhilodème(toy.cenoni), inséré au premier
volume de cette collection. Ayant examiné le
manuscrit dont il s'agit, ils ne tardèrent point à
reconnaître que le traité de musique qu'il contient
est le mOme qui est connu sous le nom de Ma-,
nucl BrijPïine ; mais, ayant remarqué qu'il y est
beaucoup parlé du genre enharmonique, qui, selon
le témoignage de Photius, avait disparu de la
musique grecque avant le septième siècle, et dont
il n'a plus été question après que Bryenneeut écrit,
ils commencèrent à douter que cet écrivain fût le
véritable auteur de l'ouvrage qui porte son nom,
et ils pensèrent qu'il appartenait réellement à
Adraste. D'un autre côté, leur soupçon s'évanouit
en considérant que dans les trois livres des Har-
moniques il se trouve non-seulement des pas-
sages assez longs empruntés à Théon de Smyrne,
mais môme des chapitres entiers de cet auteur,
que Bryenney a insérés, entre autres les chapi-
tres II et VI, qui, dans l'édition publiée par Wallis,
se trouvent pages 377 et 381 : d'où il est démontré
que l'auteur du livre attribué à Adraste par le
manuscrit en qiiestion est postérieur non-seule-
HKint à ce philosophe, mais aussi à l'époque bien
plus récente de Théon de Smyrne. Enfin, eu
égard au grand nombre de passages extraits d'A-
draste, de Théon et de plusieurs autres auteurs
dans le livre de Bryenne, les commentateurs dt;
Philodème considèrent plutôt cet écrivain comme
un copiste fidèle et conmie un compilateur exact,
que comme un théoricien qui écrivait d'après son
propre système (1).
Pour en revenir à Adraste, je rapporterai ici
un fait assez remarquable cité dans son livre des
Harmoniques, dont il n'est parvenu jusqu'à nous
que des fragments : ce fait, nous le devons à
Porphyre , qui l'a rapporté dans son commentaire
sur le traité de musique de Ptolémée (p. 270,
édit. Wallis.). Cet écrivain dit qu' Adraste a fait
mention d'un phénomène observé de son temps,
lequel consistait à faire résonner les cordes d'un
instrument de musique, en pinçant celles d'un
autre instrument [tlacé à une dislance assez
grande; il résultait de ce mélange de sons, dit
Adraste, un ensemble agréable. On ne pouvait
(i) La collection des manuscrits d'Hercnlanum publiés
étant assez rare hors de l'Italie, et la note qui vient d'être
citée n'étantpas sans importance, j'ai cru qu'il serait utile
de la donner ici textuellement ; la voici : n .\n enliarmonium
musica: genus, quod Pliolio teste sacculo jain VU dlspa-
ruerat, uni Bryennio post tôt sseculoruni intervalium in-
notuisse diceraus, rursus post ipsuni ex honiinuni raemoria
delendum? Credat judxus Apella. Quiii vcro, quod nulla
in eo cfiristianisnii nota adparet? Hisce sane de causis sus-
picio ob orta nobis erat sub Breyennli nomine ipsiim
Adrastum pcripateticura dclitcscere, prcut nostrx Far-
nesianae Bibliolhtcae codex Ms. indicaverat. Is cnim Inter
alla continet très JJarmonicorum libres, qui Bryennio
vuigo adscribuntur, cum hoc titulo : AôpaaTOU toO îcep'.-
îtaTïiTixoO dpfJ.ovtx.iov Bi6Xia xpîa. Atqueis est codex
ille de quo sic Fabricius in sua bibliotheca . Jdrasti pe-
ripatetici Harmonicoruin Hbritres, quos in bibliotheca
cardiiialis a S. Jngelo , quas diinde/uit cardinalis Far-
nesii fratris scrvatur tcstatus est Scipio Tellus Ncapoli-
tanus indice Hbronimnondum edilormn, quem bibliothecse
ilss. libroriim pag. \G7 inscruit jMbbxus. Nostro tamen
suspicio illico evanuit, cum animadverlinuis in hosce
Harinonicontni libros transfuses fuisse non modo satis
lonsa Ailnisti loca a Tlieone Sniyrneo adiata, sed etiam
Tlieonis ipsius intcgia fere capita , uti pra; reliquis cap. »
et 6, qusE inserta leguntur apud Bryenniuin, pag. 377 et
581. Auctor igitur Harmonicorum non raodo est Adrasto,
sed etiam Tlieone rccentior. Hppc autera idcirco adnotare
non piguit, ut veteris littérature amatores, qualis sit iste
codex a Fabricio, e Tello indicains, cognoscant, neve
nostra incuria tantum x£i(xr/XtQV in Farnesianœ Biblio-
thecae scriniis, quae hodie Augusti régis nostri munificientia
publies usurae mancipatur, sita putrescere indolcscant.
Ceterum quod ad Bryennium attinet, ei profecto très
Harmonicorum Ubros adjudioare non dubitamus, etsi,
pacifica longinqui temporis possessione deturbare religio
sit, non intercedimus : dumuiodo is nobis concédât
Bryennium quandoque testera, lanquam velerum, qui
nobis desunt, rauslcae tractatorum fidelissimum exscrlp-
torera producere. » (Herculan. volum., tom. 1. in c. a. Ci
p. 9.)
24
ADRASTE — ADRIEN
aller plus près de la science de l'Iiarmonie : il est
singulier que les musiciens grecs n'aient point vu
an delà. Chez les modernes , le phénomène dont
il s'agit a été indiqué i)ar Mersenne dans son
Ira'dé de V If a7-mo7iieîmiver selle, Sauveur (voy.
ce nom) en a fait l'analyse, et Rameau y a puisé
la base de sa théorie de l'harmonie donnée par la
nature, et de la basse fondamentale.
A DRI AIVI (François) , compositeur italien ,
naquit à Santo-Severino, dans la Marche d'An-
cône, en 1539. En 1593 il fut nommé maître
de chapelle de Saint- Jean de Latran; mais il
n'occupa cette place que pendant dix-huit mois
environ, étant mort le 16 août 1575, à l'âge de
trente-six ans. Il fut inhumé dans l'église des
Douze-Apôtres, et Ton plaça sur son tombeau une
inscription honorable qui a été rapportée par Bona-
venture Malvasia (Co?«pc«d. stor. délia Basilica
de' SS. A'//^p.).Ce musicien a écrit des psaumes
à quatre voix qui ont été publiés avec ceux de
Jacques de Waet, sous ce titre: Adriani et 3a-
chet Psalmi vesperlim omnium festorum
per annum, quatuor vocum; Venise, 1567,
in-4''. Toutefois il se peut qu'il y ait ici confusion
de noms, et que VAdrianus dont il est question
dans le titre de cet ouvrage ne soit autre qu'A-
drien Willaert. Gesner indique des chansons à
quatre voix et des motets sous le nom d'Adriani
(Dibl. m epit. redac, lib. YIF, lit. 5), qui pour-
raient bien aussi appartenir au même Willaert.
ADRIAKSEiV (Emmanuel), luthiste fort ha-
bile, qui vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle, était né à Anvers. C'est le même musicien
dont le nom, assez singulièrement latinisé, est écrit
Hadrianius par quelques auteurs, et môme sur
les titres de ses ouvrages. Adriansen a publié deux
suites de pièces pour un , deux, trois et quatre
luths, à quatre et cinq parties, arrangées d'après
des compositions de Cyprien Rore, Roland de
Lassus, Jachet de Berchem, Jacques de Waet,
Philippe de Mons , Noé Faignient et Hubert
Waelrant. Ces recueils ont pour titre : Pratum
viusictim longe amœnissimum, ciijus spatio-
sissimo eoque jucundissimo ambitu {prœter
varii genehs axiomata seu phantasias) com-
prehendiintur.... omnia ad testudlnis tabula-
turam fideliter redacta,pcr id genus musices
experientissimum artificem Emanuelem Ila-
drianiiim Anverpiensem. Ant. Pet. Phalesins,
1584, in-toi.; ib. 1592. Une troisième édition a
été publiée par P. Phalèse, à Anvers, en 1600,
in-fol. La tablature employée dans la notation de
<:es recueils est un des plus anciens monuments
typographiques de la notation particulière du lulh.
Dans sa dédicace à Balthasar de Robiano, bour-
iSeois el marchand d'Aiivers, Adriansen dit qu'il
a fait une étude approfondie de la musique, ef
qu'il a poussé aussi loin qu'il était possible l'art
de jouer, non de la guitare, comme l'a dit M. de
Reiffenberg {Lettre à M. Fétis, sur quelques
particularités de l'histoire musicale de la
Belgique, dans le Becueil encycl. belge, i. Il,
p. 67), mais du luth (dont le nom latin était tes-
tudo). Il n'y a rien qui ne soit vrai dans ce que
ce musicien dit de lui-même; carnon-seulement
il était évidemment le luthiste le plus habile de
son temps, mais les virtuoses les plus renommés
au commencement du dix-huitième siècle auraient
eu quelque peine à jouer ses pièces. Sous le
rapport de l'art d'écrire , cette musique est éga-
lement remarquable, et c'est vraiment une mer-
veille de combinaison harmonique que la fantaisie
d'Adriansen pour quatre luths sur la chanson
llamande d'Hubert Waelrant : Als ick winde. La
collection des pièces de ce luthiste célèbre con-
tient douze préludes, cinq fantaisies, trente-
quatre madrigaux, cinq motets, dix chansons
napolitaines, cinq gagliardes; neuf passamèses,
allemandes, courantes et branles.
ADRIEIV (Martin- Joseph), ou plutôt
Andrien, dit La Neuville, on Adrien l'aîné, naquit
à Liège en 1766. Après avoir étudié la musique
à la maîtrise de la cathédrale de cette ville, il
vint à Paris, et fut admis à l'Ecole royale de
chant qui avait été formée aux Menus-Plaisirs
par le baron de Breteuil. Le 20 juin 1785, il
entra à l'Opéra, aux appointements (ie quinze
cents francs, et trente francs de gratihcation par
chaque représentation. Eu 1786 il fut reçu au
même théâtre pour y jouer en partage avec Chéron
les rôles de basse, tels que ceux de rois, de
grand prêtre, etc. Comme acteur, il obtint du
succès, parce qu'il avait de la chaleur et de l'in-
telligence; mais sa voix était dure et ingrate.
Personne, d'ailleurs, n'était plus infatué que
lui du système de déclamation exagérée qui
régnait sur ce théâtre et qui en éloignait qui-
conque avait une oreille délicate. Adrien en
fut la victime. Doué de la constitution la plus
robuste , il ne put néanmoins résister à ces cris
perpétuels; sa santé se dérangea, et, quoique
jeune encore , il fut obligé d'abandonner la scène
et de se retirer en 1804. L'administration de
l'Opéra le nomma alors chef du chant. L'expé-
rience ne l'avait pas éclairé, et il enseigna aux
débutants les erreurs qu'il avait mises lui-même
en pratique. A la mort de Laîné (mars 1822),
Adrien fut appelé à remplir sa place de professeur
de déclamation lyrique à l'Ecole royale de mu-
sique; mais il ne jouit pas longtemps de sa
nouvelle position, car il mourut le 19 novembre
de la même année. Adrien a comjjosé la musique
ADRIEN — AERTS
2Ô
de Vllymne à la Victoiî'e sur l'évacuation du
territoire français (vendémiaire an m) et de
l'hymne aux martyrs de la liberté. 11 était grand
admirateur de l'ancienne musique des maîtres
belles, français et italiens qui brillèrent dans le
seizième et dans le dix-seplième siècle , et em-
ploya beaucoup de temps à copier leurs ouvrages
pour sa bibliotlièque.
ADRIEiV ( ), frère du précédent.
chanteur et compositeur de romances, né à Liège
vers 1707, s'est fait connaître à Paris, en 1790,
par la publication de quelques recueils de ro-
mances, dont voici l'indication : 1° Recueil de ro-
mances, paroles de Régnier. — 2° Second et troi-
sième recueilsd'airs avec ace. de clavecin, paroles
de Florian. — 3° Quatrième recueil, id.; Paris,
1799. — 4" Cinquième recueil, jrf.;?ftic?., 1802. On
trouve aussi une Invocation à VÉtre suprême,
musique d'Adrien, dans le Recueil de Chansons et
de Romances civiques , publié à Paris en 1796.
Adrien fut chef des chœurs au théâtre Feydeauen
1794; mais il ne garda pas longtemps cette place.
Un troisième Adrien (Ferdinand), frère des
précédents , professeur de chant à Paris , entra à
l'Opéra comme maître des chœurs, en l'an vu, et
fut renvoyé en l'an ix, pour cause d'inexactitude
dans son service. 11 a composé quelques pièces
détachées pour le chant.
AEGIDIUS (Jean), récollet espagnol , né à
Zamora , vécut vers la fin du treizième siècle.
Alphonse X le nomma gouverneur du prince
Sancio. Parmi ses ouvrages, on en trouve un
intitulé Ars Musica, dont le manuscrit est con-
servé dans la Bibliothèque du Vatican , et que
l'abbé Gerbert a inséré dans sa collection d'écri-
vains sur la musique [Script, eccles. de Mus.,
tome XI, page 3G9). Dans cet ouvrage .Egidius
traite somrnairepient de la musique suivant les
idées de son temps, et surtout du plain-chant.
Cela est de peu de valeur. Le huitième chapitre,
qui renferme des exemples de muances dans la
solmisation, est un des plus intéressants.
AELREDE (Saint) , disciple de saint Bernard,
né en Ecosse, fut élu abbé de Riedval, où il
mourut le 12 janvier 1166. On lui attribue un
traité : De Abusu Miisices ; cf. Combasis, Bi-
bliotheca Concinatoria ; Paris, 16G5, tome I,
p. 6t(), tome VIII, p. 799.
AELSTERS (Georges-Jacques), issu d'une
famille de musiciens , naquit à Gand en 1770.
Élève de son père, il obtint à l'âge d'environ
dix-huit ans la place de carillonneur de la ville ,
et en remplit les fonctions jusqu'à la démolition
du campanile du beffroi, en 1839. Pendant un
demi-siècle il fut aussi maître de chapelle de
l'église Saint-Martin , et composa pour le service
de celte chapelle beaucoup de messes, motets
litanies et autres morceaux de musique reli-
gieuse, qu'on exécute encore dans les églises de
Gand et autres villes de la Flandre. On cito
particulièrement de cet artiste un Miserere,
considéré comme une production distinguée, dans
sa ville natale. Aelsters est décédé le 11 avril 1849,
à l'âge de soixante-dix-neuf ans.
AEMIIVGA (Sigefroi-Gaspard), professeur
de droit et recteur de l'académie de Greisswald, né
à MoUen dans le Mecklembourg , le 8 décembre
1710, fut appelé comme professeur à Greisswald
en 1741, et y mourut le 25 mai 1768. li a publié ;
Programmata IV de c/ioreisfestivis, de musica
instrumentait festiva, de hymnis festivis
antiqiiitate Claris, de conviviis festivis ievi
antiqui; Greisswald, 1749, in-4''.
AERTS (Egide), né à Boom, dans la province
d'Anvers, le 1'''" mars 1822, entra au Conservatoire
de Bruxelles comme élève flùti.ste, le 1" no-
vembre 1834, et y reçut des leçons du professeur
Lahou. Doué d'une organisation remarquable,
il fit de rapides progrès dans ses études, et obtint
le premier prix de son instrument au concours
de 1836. Dans l'année suivante il se rendit à
Paris, et eut l'honneur de jouer devant le roi
Louis-Philippe, dans un concert de la cour. En
1838 il parcourut le midi de la France, don-
nant partout des concerts avec succès. Au mois
de décembre de la même année, il donna des
concerts au théâtre Re de Milan , puis au théâtre
San Benedelto, à Venise. Les journaux italiens
de cetteépoqiie et la Gazette universelle de Mu-
sique du Le\\)&\ck (tomeXLI, p. 194) accordèrent
de grands éloges à son talent. De retour à Bruxel-
les, il devint élève de l'auteur de celle notice,
pour la composition , et suivit pendant plusieurs
années un cours complet de toutes les parties de
cet art. La substitution de la (lùte de Bœhm à
l'ancienne llùte ayant été faite au Conservatoire
de Bruxelles dès 1841, Aerts, comme Tulou, Ré-
muSat et plusieurs autres flûtistes français, se
jeta dans l'opposition, et soutint d'abord la su-
périorité de l'ancien instrument sous le rapport
de la qualité du son ; mais, vaincu enfin par les
raisonnements du directeur du Conservatoire, il
étudia le mécanisme de la nouvelle llùte, et
ne tarda pas à en connaître toutes les res-
sources. Au mois de novembre 1847, il obtint
la place de professeur de son instrument dans It
Conservatoire où il avait fait ses propres études,
et dans le même temps la place de première
llùte solo du Théâtre royal lui fut donnée. Mai-
hcureusement il fut atteint peu de temps après
d'une maladie de poitrine qiù fit des progrès
chaque année, et le 9 juin 1833 il mourut presque
26
AERTS — AGAZZARI
subitement à l'âge de trente et un ans et quelques
mois. Comme compositeur, Aerts a laissé des
symphonies et des ouvertures bien écrites, qui ont
été essayées au Conservatoire , des concertos , des
études et des fantaisies pour la flûte, qw ses
élèves ont exécutées dans les concours, et plu-
sieurs suites de pièces d'iiarmonie qui ont été
publiées par le procédé de l'autograpiiie.
AFFABILI - WESTENHOLZ (M^^ ) ,
née à Venise en 1725, se rendit à Lubeck , en
1756, avec une troupe de cUantetirs italiens, et
ensuite à Scliwérin , en qualité de cantatrice de
Ja cour. Pendant la guerre d« Sept ans , elle de-
meura presque constamment à Hambourg, où
elle obtint de brillants succès dans les concerts.
De retour à Scliwerin , elle y épousa Westenliolz ,
maître de chapelle de la cour. Elle mourutdans
cette ville en 1776. Les critiques de son temps
'donnent beaucoup d'éloges à l'égalité et à l'éten-
due de sa voix, à la netteté de son articulation,
et à son goût dans l'adagio. A force de travail
3lle était parvenue à vaincre les diflicultés de la
prononciation allemande, et chantait aussi bien
dans celte langue qu'en italien.
AFFILLARD(MicuelL'), professeurde mu-
sique et musicien d« la chapelle de Louis XIV,
est entré au service de ce prince comme taille ou
ténor, en 1683, aux. appointements de neuf cents
livres par an , et a eu pour successeur PliilipjM;
Santoni , au mois de juillet 1708. Il vécut encore
<|uelques années après sa retraite, car les éditions
<le son livre sur la musique, datées de 1710 et de
1717, ont été revues par lui. Il a publié : Pn«-
iipes trcs-faclles pour bien apprendre la
mitsiqiœ, qui conduiront promplement ceux
qui ont du naturel pour le chant jusqu'au
point de chanter totite sorte de musique pro-
prement et à livre ouvert. Paris, Chr. Ballard ,
1705, in-4° oblong. La première édition a paru
«liez Uallard, en 1691, in-8° oblong- la deuxième,
chez le même imprimeur, en 1697 , in-4'^ oblong ;
Cet ouvrage eut un grand succès, car la sixièiue
édition parut en 1710, à Paris; la septième et
«lernière est de 1717; Amsterdam, P»oger, in-4°
«blong.
AFRANIO (....), chanoine de Ferrare,
naquit à Pavie , dans les dernières années du
quinzième siècle. Albonesio a publié {Introductio
in chaldaicani linguam , sijriacam atque ar-
menicam, etc.; Pavie, 1539, in-4", p. 179) la
<lescription et la figure du basson, dont il at-
tribue l'invention à ce chanoine. L'ouvrage d'Al-
bonesio est dédié à Afranio, que quelques auteurs
ont nommé Afnnio.
AFZELIUS (Arvid-Auocste), littérateur
suédois, né le 6 mai 1785 , est pasteur à Enkœ-
ping, ville du district d'Asunda, depuis 1821.
L'histoire, la littérature nationale et les antiquités
de la Suède sont les objets des travaux de ce
savant. Au nombre des ouvrages importants
qu'il a publiés est une collection intéressante de
chansons populaires de la Suède, recueillies avec
la collaboration de M. le professeur Erik Gustave
Geijer, et avec les anciennes mélodies. Cette
collection a pour titre : Svenska-Folkvisor ( Le
Chanteur populaire suédois); Stockholm, 1814-
1816 , 3 vol. in-8''. M. P. Groenland , professeur
de musique à Stockholm, a écrit les accompa-
gnements de piano pour toutes les mélodies. Les
not€s dont Afzeliiis a accompagné les ancien*
chants de sa patrie sont du plus haut intérêt.
Une autre collection , qui peut être considérée
comme le complément nécessaire de la première,
a paru plus de trente ans après celle-ci, sous
ce titre : AJsked af Sivenska Folksharpan
(Adieu de la Harpe populaire suédoise ), avec
les andennes mélodies haniionisées par M. le
professeur Erik Drake , secrétaire de l'Académie
de musique de Stockholm, et avec des éclaircis-
sements historiques sur chaque chant , tirés des
traditions popuilaires, par M. Afzelius; Stockholm,
Albert Bonnier, 1848, 1 vol. in-S".
AGAZZARI (AuGustiN), compositeur cé-
lèbre et musicien savant, naquit à Sienne d'une
famille noble, le 2 décembre 1578. Après avoir
été quelque temps au service de l'empereur Mat-
thias, il se retidit à Rome, où il devint maître
de chapelle du collège allemand, et ensuite maître
du séminaire romain. Il se lia avec Viadana, et
adopta sa méthode de la basse chiffrée, sur la-
quelle il a donné quelques règles générales dans la
l)réfaced'undesesouvrages. De retour dans sa ville
natale, vers 1630, il y fut nommé maître de
chapelle de la cathédrale, et resta en possession
de celte place jus()u'au 10 avril 1640, époque de
sa mort. Agazzari était membre de l'Académie
des Intronali. Sesoiivrages connus sont ceux-ci:
1° Il primo libro de' Madrigali a rinque voci,
con un dialogoa sei voci ed un pastorale aotto
nel fine ; Venezia, Angelo Gardano, 1600, in-4''.
On trouve des exemplaires de cet ouvrage et de
la même édition avec un frontispice qui porte
l'indication d'Anvers, Pierre Plialèse, 1602 : ce
frontispice seul a été changé. Nicolas Stein, de
Francfort, a réimprimé le même ouvrage sous le
môme titre, en 1608, in-4". — T Madrigali ar-
moniosi a cinque o sci voci, Uhro uno; Venezia ,
Angelo Gardano, 1600, in-4°. Il y a des exem-
plaires de cette édition, avec la même date, mais
dont le frontispice, renouvelé à Anvers, porte
l'adresse de P. Phalèse. — 3° Sacra; canliones
5, 6, 7 e< 8 voci liber primus; Romœ, Zanotti,
AGAZZARI
27
1602, in-4». — 4° Sacrse cantiones 5, G, 7 et 8
voci, liber secundus -jibid., iccajin-i". — 5°Su-
crx cantiones, etc., liber tertius, ibid., 1603,
m-4''. Ces trois livres de motets ont été réim-
primés à Venise, par R. Amadino, en 1608,
in-4", sous ce titre : Tre libri de' Mottetti a
cinqtte , sei, sette e otto voci. — 6° Sacrx can-
tiones 1, 3, 4 voc.cmn basso ad organum, liber
primus; Romae , apud Fr. Zannettum, 1603,
in-4°. — 7° Sacrx cantiones 1, 3 , 4 voc. cum
basso ad organum, liber secundus , opus V
motectorum; ibid., 1603, in-4'' : ces deux livres
de motets à 2, 3 et 4 voix ont été réimprimés à
Venise, par Amadino, en 1608, in-4''; ils sont
au nombre des premiers ouvrages de musique
d'église avec basse continue pour l'orgue; le
deuxième livre a été réimprimé à Milan, chez
Tini,en 1609, 10-4". — S" Sacrœ laudes deJesu,
Beat. Virgine, Angelis, Apostolis , Marttj-
ribus , etc., 4 , 5 , 6, 7 e^ 8 voc. cum basso ad
organum; Romae, apud Franc. Zannettum, 1603,
in-4''. — 9" Il primo libro d> Motteti a due,
e tre voci, coll' organo; in Roma , appresso
Zannetli, 1604 , in-4'': il y a des exemplaires de
cet ouvrage avec la date de 1603 et le nom du
même éditeur, dont le litre, en langue latine, est :
Sacrx cantiones duarum et trium vociim liber
primas ; les mêmes motets ont été réimprimés
avec l'adjonction de quelques autres à quatre voix,
à Milan, chez Tini, 1607, in-4'', et dans la même
année, Nicolas Stein, libraire à Francfort-sur-
le-Mein, a publié quarante-quatre motets d'A-
gazzari , à quatre , cinq , six , sept et huit voix,
extraits des livres précédents , et imprimés par
Woifgang Richter, in-(ol. — 10" Sacrx Laudes
de Jesu, B. Virgine, Angelis, Apostolis,
Martijribus , etc. , 4, 5 , 6, 7 ci 8 vocum, liber
seatndus; Romœ,Zanetti, 1603, in-4''. — il" 7/
seconda libro de Motetti a due e tre voci
colP organo; ibid., 1604, in-4'': le même livre
de motets se trouve aussi avec le titre latin Sacrx
cantiones, etc., et avec le nom dumême éditeur
et la date de 1603; mais l'édition est la même
et les exemplaires ne sont différents que par le
frontispice. — 12° Il terzo libro de' Motetti a
due e tre voci; ibid., 1005, in-4". Il y a aussi des
exemplaires avec le titre latin. — 13° // quarto
libre de" Motetti a due e tre voci; ibid., 1603,
in-4" : les quatre livres de ces motets ont été
réimprimés à Venise, en 1608, par R. Amadino,
sous le titre latin Sacrx cantiones, etc., lib. 1,
2,3, 4.— 13" Sacrx cantiones 1, 3, 4 voc. cum
hasso ad organum, liber tertius ; Romœ , apud
Zanettum, 1606, in-4"; Richard Amadino a
donné à Venise, en 1609, une autre édition des
trois livres de ces motets à deux , trois et quatre
voix, sous ce litre : Harmonici intronad sa-
crarum cantionum qux binis, ternis quater-
nisque vocibus concinendx, lib. 1,2,3, in-4";
enfin ils ont été réimprimés plusieurs fois à
Rome et à Venise ; la dernière édition , qui a
paru dans l'année môme de la mort de l'auteur,
a pour litre : Motetti a una , due, tre e quatre
voci, con il basso per l'organo, in r>otna, ap-
presso Bianchi, 1640 , in-4'' : il est vraisemblable
que les Concerti sacri 1 , 2 , 3, 4 vocum, op. 14 ,
publiés à Veni.se, chez R. Amadino, en 1611,
in-4'', qui sont dans la bibliothèque du Lycée
musical de Bologne, ne sont qu'une reproduction ,
sous un antre titre, des Harmonici intronali
sacrarum cantionum, etc., et, selon toute appa-
rence, de la même édition. — 14° Psalmis sex
ternis vocibus cum basso ad organum; Ronvds ,
ap. Fr. Zanetli, 1606, in-4°. Il y a une autre
édition de cet ouvrage, sous le même titre, à
Venise, chez Amadino, 1609, in-j" oblong; j'i-
gnore si ce sont les mômes psaumes, avec l'ad-
dition des compiles , qui ont été publiés sous le
titre: Psalmi'ivoc. eosdemsequent.completor.
4 vocibus, o\\. 12, à Vcni.se, chez Bartolomeo
Magni, 1618, in-4°. — ■ 16° Salmispezzati a tre
voci col l'organo; in Venezia, per l'Amadino
1610, in-4°. — MTsalmi 8 et Magnificat S voci-
bus concin.; ibid., 1611, in^" : les mêmes psaumes
et Magnificat ont reparu l'année suivante et de
la même édition sous le titre italien Salmi a otto
voci ; peut-être aussi l'œuvre publiée sousce titre :
Psahnorum ac Magnificat quorum nsus in
vesperis frequentior est, Venetiis, ap. Rie. Ama-
dinum, 161 5, in-4°, n'est-elle que le même ouvrage.
— 18» Sertum roseum ex plant is Hiericho,
motect. 1,2,3,4 wc, ibid., 1612. La première
édition a paru à Rome : j'en ignore la date; l'é-
dition de Venise a été reproduite avec un nouveau
frontispice, sous la date de 1619. — 19' Dialogicï
conccntus senis octonisque vocibus ab Augus-
tino Agazzario harmonico intronato nunc
primum in liicem editi, opus decimum sex-
lum; Venetiis, ap. Ricc. Amadinum. 1613, in-4'',
— 20° Enchuristicum melos plur. voc, op,
20; Rom.T, 1625, in-4'' : cet ouvrage est un re-
cueil de motets à 2 , 3, 4 et 5 voix, pour l'élé-
vation. — 21° Litanie aquattro, cinque, sei,
sette a otto voci; iu Roina, appresso Bianchi,
1639 , in-4'' : il est vraisemblable qu'il y a une
édition antérieure deces litanies. — 22° Musicum,
Encomium Divini nominis 1 , 2, 3, 5 vocum;
Roma, Bianchi, 1640, in-4° : cet ouvrage ren-
ferme 21 motets à une, deux, trois et cinq voix ,
pour l'usage des Jésuites. Agazzari est compté
parmi les écrivains sur la musique, parce qu'il
a publié un opuscule intitulé : La Musica eccle-
2S
AGAZZARI — AGOSimi
siastica dove si contiene la vera diffinizione
délia musica corne scienza, non plu veduta
e sua nobiltà; Sienna, Bonetti, 1638, in-4° de
16 pages. Ce petit écrit a pour objet d'examiner
quel doit être le caractère de la musique d'église
conformément à rautorité des conciles, particu-
lièrement du concile de Trente. Agazzari est
aussi l'un des premiers auteurs qui ont publié
des instructions sur l'usage des chiffres pour
l'accompagnement de la basse continue. L'ins-
truction donnée par lui se trouve dans la préface
<îu troisième livre de ses motets à deux, trois et
quatre voix, publié à Rome par Zannetli, en ieo6.
L'abbé Quadrio dit que les ouvrages d'Agazzari
.sont au nombre de vingt-six et tous imprimés :
il cite particulièrement des messes à quatre, cinq
et six voix qui me sont inconnues.
AGELAUS DE TÉGÉE,liabileciibarède,
remporta le premier prix qu'on institua aux jeux
Pythiques pour les joueurs d'instruments à cor-
des. Ce prix était une couronne de laurier. Ce
fut à la huitième pythiade, 559 ans avant J.-C.
AGGIUTORIO (Rocco), compositeur et
professeur de musique, né à Naples vers 1810,
a fait représenter au théâtre du Fondo , dans
cette ville, un opéra de sa composition, intitulé :
il B'iglïetlo e l'Anello, dans l'été de 1839.
Postérieurement il s'est fixé à Paris , où il s'est
livré à l'enseignement du chant, et a publié des
exercices pour ses élèves (Paris, Richault) , et
{{uelques petites compositions pour le piano et
pour le chant.
AGLI ATI, guitariste de l'époque actuelle,
fixé à Milan, a publié pour son instrument:
l°So«fl^e; Milan, Riccordi. — 1°Tema con varia-
zioni; ibid. — 3" Tema con sei variazioni ; ibid.
— 4° Sei variazioni ( Ah ! chi puà mirarla) ; Mi-
lan , Artaria. La fille de cet artiste , connue sous
le nom d'Amélie Agliati , née à Milan, a débuté
comme cantatrice sur le théâtre de Modène le 2 oc-
tobre 1838, dans la Clotllde de Coccia. Depuis
lors elle a chanté sur les théâtres de Crémone, de
Cologne, de Florence, de Rome et de Cadix
avec quelque succès.
AGIXELLI (Laurent), moine olivetain, vécut
dans la première moitié du dix-septième siècle.
On a imprimé de sa composition : Salmi e Messe
a qiialt.ro voci in concerto con alcuni Moietti ;
Venczia, Aless. Vincenti, 1637.
AGXELLI ou AGi\ELLO (Salvador),
conqwsileur dramatique, né à Palerme, vers
IS16, a fait ses études musicales au Conserva-
toire de Naples, et a débuté dans sa carrière par
Topéra-boiifle il Lazzarone di Napoll, repré-
senté à Naples au carnaval de 1839, avec quel-
«■^ue succès. Il y avait dans cet ouvrage une cer-
taine verve qui semblait de bon augure. Il ne
paraît pas cependant que la carrière théâtrale de
cet artiste ait eu de l'éclat en Italie. Les autres
ouvrages connus sous son nom sont : i Due
Pedanti; la Sentinella notturna;el Giovanna
Vallese.
AG1\ESI (Marie-Thérèse), fille de D. P.
Agnesi, feudataire de Monteveglia, et sœur de
Marie Gaetane Agnesi, qui professa les mathéma-
tiques à Bologne, et qui mourut à Milan en
1799, naquit dans cette ville vers 17'24. Elle
eut la réputation d'être la plus habile claveciniste
de son temps en Italie, et composa beaucoiip de
musique de clavecin, qu'elle dédia à l'impératrice
Marie-Thérèse. On connaît quelques cantates de
sa composition, et quatre opéras, Sofonisbe,
Ciro in Armenia, Nitocri et Insubria consolata
( 1771 ), qui ont eu du succès. On ignore l'époque
de sa mort.
AG1\0LA (D. -Jacques), prêtre vénitien,
vécut dans la seconde moitié du dix-buitièmesiècle.
C'était un contrapuntiste de l'ancienne école,
dépourvu de génie, mais possédant de bonnes
traditions. Il a composé beaucoup de messes,
de vêpres, de motets, de concertos et de sonates
|)our le piano, qui sont restés en manuscrit.
AGOBARD, archevêque de Lyon, naquit à
la fin du huitième siècle, au diocèse de Trêves, dans
la Gaule belgique. Il fut ami de Leydrade, ar-
chevêque de Lyon, auquel il succéda. Son carac- ■
tère impétueux l'entraîna .dans la révolte des en-
fants de Louis le Débonnaire; mais plus tard il
reconnut son erreur et s'en repentit. Après avoir
été déposé en 835 par le concile de Thionville, il
fut rétabli, et mourut en Saintonge, le C juin
840. Au nombre de ses ouvrages se trouve un
traité De Correctione Antiphonarii, qui aétéin-
sérédans la Bibliothèque des Pères, t. XIV, p. 323.
AGOSTINÎ (Louis), théologien, protonotaire
apostolique et compositeur habile, naquit à
Ferrare, en 1534. Après avoir été longtemps
maître de chapelle d'Alphonse II d'Est et de
la cathédrale de Ferrare, il mourut dans sa patrie
àl'àge de cinquante-six ans, le 20 septembre 1590.
On connaît de lui : i°Il primo libro di Madri-
gali a 5 voci; Venezia, apresso li figli di Ant.
Gardano, 1570, in-4''. — 2" Madrigali a 4 voci ;
ibid., 1572, in-4° oblong. — 3° VEco ed enigmi
musicali a 6 voci. lib. 2 ; Venezia, app. Alessan-
dro Gardano, 1581 , in-4°. — 4° Messe, Vespri,
Mottetti, Madrigali et Sinfonie; in Ancona,
presso Giov. Paolo Landrini, 1588, in-4°.
AGOSTIIXI ( Paul), né à Vallcrano , en 1593,
fut élève de Bernanlino Nanini, dont il épousa la
fdle. Après avoir été successivement organiste
de Sainte-Marie /nTraH^^cDcre, et maître decha-
AGOSTINI
29
pelle de Saint-Laurent in Damnso, il siicct'da à
Vincent Ugolini dans la place de directeur de la
chapelle du Vatican, le 16 février 1629. Il ne jouit
pas longtemps de celte situation honorable, car
il mourut au mois de septembre 1029 , à l'âge de
trente-six ans, et l'ut inhumé dans l'église de Saint-
Michel. Pitoni, dans ses notices manuscrites sur
les maîtres de chapelle, citées par Baini (Memor,
storico-crit. délia vita e délie opère di Giov.
Pierluifji da Palestrïna, t. II, p. 42, n. 481),
dit qu'Agostini obtint la chapelle de Saint-Pierre
par suite d'un défi de composition qull adressa à
Ugolini, son condisciple, qui en était le maître
actuel. Ugolini n'ayant point accepté, le chapitre
le renvoya, et donna sa place àAgostini. L'abbé
Baini révoque en doute celte anecdote par des
motifs qui paraissent plausibles. Les auteurs du
Dictionnaire des Musiciens (Paris, 1810) ont fait
sur ce maître, d'après Laborde, une accumulation
d'erreurs : ils placent l'époque de sa vie vers 1600,
et le font mourir dans un âge avancé. H.7vvluns
(4 gênerai History qf Music, t. IV, p. 79), et
Forkel {Mus. BibL, t. II, p. 206), sont aussi dans
l'erreur en le faisant élève de Palestrina, car ce
grand maître mourut en 1594, un an après la
naissance d'Agostini. Ce compositeur avait une
tille qui a épousé Fr. Foggia, son élève.
Antimo Liberati a fait un éloge pompeux d'A-
gostini dans sa lettre à Ovide Persapegi ( p. 217).
« Paul Agoslini, dit-il, fut une des intelligences
« les plus ingénieuses et les plus actives qu'ait
« eu la musique de notre temps en tout genre de
« composition harmonique, de, contre-point et
» de canons. Au nombre de ses œuvres mer-
« veilleuses, on remarque divers morceaux à
« quatre, à six et à huit chœurs réels, qu'il fit
« entendre dans la basilique de Saint-Pierre, dans
« le temps où il y était maître de chapelle, et quel-
« ques autres qu'on pouvait chanter à quatre ou
« à six chœurs réels sans diminuer (c'est-à-dire
« broder les parties de petites notes), et sans
" énerver l'harmonie, à l'étonnement général des
« habitants de Rome. S'il n'était mort à la fleur
« de l'âge, il aurait fait plus encore pour exciter
« l'admiration du monde entier; et l'on pourrait
« diredelui avec raison : Consmnmatus in brevi,
« explevit tempora mulla (1). »
(I) « Fu Paolo Agostino uno de' più spiritosi e vl-
« vaci ingegni che abbia avuto la musica a' nostrl teiupi
« in ogni génère dl composizione ariuonica, di contrap-
■' punti e dicanoni; e Ira le altre sue opère miravi-
'< gliose, fcce senlire nella basilica di S.-Pietro, nel tempo
« ch'egli vi fu maestro di cappella, diverse modulazloni a
" qualtro, a sei e otto chori reali, cd alciinc che si pote-
« vano cantare a quatre ovvcro sei chori reali, senza di-
<i ininuire o snervare l'armonia, con islnpore di tufta
«Hoiïia; e se non fosse moitu nel fioïc délia sun virilit a
Le pape Urbain VIII, entrant un jour dans la
basilique du Vatican, au moment oti l'on exécu-
tait une musique solennelle d'Agostini, à quarante-
huit voix, s'arrêta pour en écouter l'effet, et en
fut si satisfait qu'il salua l'auteur en s'inclinant
vers lui. Les œuvres imprimées d'Agostini sont :
1° Deux livres de psaumes à quatre et huit voix ;
Rome,Soldi, 1619. — 2°neux \\\ïe?,Ae: Magnificat
et d'antiennes à une, deux et trois voix; Rome,
Soldi, 1620. — 3° Cinq livres de messes à huit et
douze voix; Rome, Robletti, 1624, 1623, 1626,
1627 et 1628. Ces messes sont dignes d'admiration
par leur facture aussi ingénieuse qu'élégante. Dans
le premier livre se trouvent une messe des vigiles
à quatre voix en canon , et une autre messe à cinq sur
rhexacordeî<<,re, mî,/a, sol, la,(\m renferme le
remarquable Agnus Dei à huit, tout en canon , sur
la gamme descendante, que le P. Martini a publié
en partition (Saggio Fondam. Prat. di contrap.
fugato, t. Il, p. 296), et que j'ai reproduit dans
la première partie de mon Traité du Contre-point
etdelaFiigue. Lesmesses4î;e regina cœlorum,
Ave Maria gratiosa, et In noniinc Jésus, toutes
à quatre voix, qui sont contenues dans le deuxième
livre, sont aussi remplies d'une infinité d'artifices
ingénieux , ainsi que le troisième livre où se
trouve une très-belle messe sine nomine, à quatie
voix. Dans le quatrième livre on trouve la messe
Si bona suscepimus à cinq, dont les obligations
singulières sont expliquées dans le recueil des
messes d'Agostini {Spartitura délie messe) pu-
plié par Robletti, en 1627 et 1628, et la messe
Benedicam Dominum, tout en canon à quatre
Voix. L'Agmis Dei de cet auteur que le P. Mar-
tini a publié, à huit voix réelles {Saggio Fond.
Prat. di contr. fng., t. II, p. 295), est vé-
ritablement un chef-d'œuvre de science. Agostini
a écrit aussi un nombre considérable d'ouvrages
à seize, vingt-quatre et quarante-huit voix ; mais
toutes ces productions sont restées en manus-
crit; elles se trouvent en grande partie dans les ar-
chives de la maison Corsini alla Liingara , et
en partie à la basilique du Vatican. La biblio-
thèque de l'abbé Santini, à Rome, renferme le
motet Hsec est Domus et un Magnificat à cinq
chœurs de quatre parties chacun, Venite et as-
cendamus, à douze voix, et les quatre livres de
messes publiées par Robletti.
A. Adarni da Bolsena a ^onné la notice et le
poi trait de ce maître dans ses Osservazioni per
ben regolare il coro dei cantori délia cappella
ponteficia. Hawkins a reproduit le portrait dans
le tome IV de son Histoire de la Musique.
« avrebbe maggiormente fatto stupire tulto il n)ondo;.e
« se fosse licito, si potria con ragion din- di lui : Consum-
« inatus in brevi, esple\il Icmpora mulla, >»
30
AGOSTINI — AGRICOLA
AGOSTIIVI (Pierre-Simon), chevalier de
l'Éperon d'or, né à Rome vers 1650, fut maître
de cliapelle du duc de Parme. Il a publié Cantate
a voce di basso solo; Rome, 1680. Dans la même
année, il a fait représenter à Venise un opéra de
sa composition, sous le titre de 11 Ratto délie
Sabine. Paolucci a inséré dans le deuxième vo-
lume de son Arte pratlca di contrappunto
(p. 172-190) un Sicut erat à cinq voix, en style
l'ugué, de la compositon de Pierre-Simon Agostini,
avec des observations critiques.
AGOSTINI (RosA ) était première cantatrice
au théâtre <le Florence dans Tannée 1777 ; elle se
distingua d'une manière particulière avec Aprile,
dans l'opéra de Creso, par Borghi.
AGRELL (Jean), maître de chapelle à
Nuremberg, né àLœth, dans la Gothie orientale,
étudia la musique et les belles-lettres au gymnase
de Linkieping et à Upsal. Il passa à Casscl en
1723, en qualité de musicien de la cour, et y resta
pendant vingt-deux ans. En 1746, il fut appelé à
Nuremberg pour y occuper l'emploi de maître
de chapelle, qu'il conserva jusqu'à sa mort, ar-
rivée le 19 janvier 1709. On a gravé les ouvrages
suivants de sa composition : r Sei sinfonie a
quattro, cioè violino primo, seconda, viola e
cembulo a violonccllo, con corni da caccia ,
trombe, oboe, flauti dolci e traversi, ad li-
bitum, opéra l ; Nuren berg, in-fol. — 2° Trecon-
certi a cembaio obligato con due violini e vio-
lonccllo, opéra 2; Nuremberg. — 3" Treconcerti
a cembaio obbligato, due violini, viola e vio-
loncello, oi^erai 3; Nuremberg. — 4° Tre concerti a
cembaio obligato , dtœ violini, alto viola , vio-
loncello e basso ripieno, opéra 4; Nuremberg. —
6° Sonate a violino solo e cembaio o violonccllo;
Nuremberg. — 6" Concerto a cembaio obligato ,
due violini, viola e violonccllo; Nuremberg,
1761, in'fol. — 7° Sonata a due, cioè cembaio
obbligato e traversiero o violino; Nuremberg,
1762, in-4°. — 8" Sonataa due, cioè cembaio ob-
bligato e traversiei-o ;N[ircmbcrç:„ 1765,in-4°. —
9° Neucomponirte solos ajlauto traversa e cem-
baio; Nuremberg, 1764. On trouvait aussi autre-
fois en manuscrit dans le magasin de Breitkopf :
r Tre concerti a cembaio obligato, due violini,
viola e basso, raccolta prima. — 2° Id. raccolta
seconda. — 3° Id. raccolta terza; 4° Id. raccolta
quarta. — à° Sei sonate a violino solo et basso.
—6° Due concerti a violino concert., due violini,
viola e basso. — 7° Sei sinfonie a due violini,
viola e basso, con corni, ad lib. —8° Sinfonia,
id, — 9° Partita a due violini, viola, basso e
corni.— 10° Sonata per cembaio solo 1 r Con-
certo a cembaio obligato , due violini , viola e
basso. — 12"^ Sonata a violino solo col basso.
AGRESTA (Jean-Antoine et AucrsTra),
frères, étaient napolitains, et furent renommés
comme compositeurs à la lin du seizième siècle et
dans les premières années du dix-septième. Cerrelo
les cite comme vivants à Naples en 1601 (Prat-
tica musicale, lib. 3, p. 156) dans sa liste des
Compositori eccellenti délia città di Napoli,
che oggi vivono. Jusqu'au moment où cette no-
tice est écrite, on ne connaît pas de compositions
imprimées des frères Agresla-
AGRICOLA (Rodolphe), professeur de phi-
losophie à Heidelberg, né à Baffeln , village à
deux milles de Groningue, en 1443, fut l'un des
hommes qui contribuèrent le plus à la restaura-
tion des sciences et des lettres. Son nom propre
était Huessmann. Il étudia sous Thomas A'Kem-
pis, et apprit la philosophie sous Théodore de
Gaza, dans un voyage qu'il fit en Italie. De retour
dans les Pays-Bas, en 1477, il fut envoyé à la
cour de l'empereur comme syndic de la ville de
Groningue, et nommé, en 1482, professeur à
Heidelberg, où il mourut le 25 octobre 1485. Il
était à la fois bon peintre, poêle, musicien et sa-
vant philosophe. Il chantait et s'accompagnait
avec le luth; on lui doit la musique de plusieurs
de ses chansons hollandaises, à quatre voix. On
sait aussi qu'il coopéra à la construction de l'orgue
de Groningue. Parmi ses écrits, recueillis à Co-
loçîne sous ce litre : R. Agricole lucubrationes
aliquot lectudignissimas , etc., 1539, deux vol.
in-4", on trouve des notes sur le Traité de musique
de Boèce. On a sur sa vie et sur ses travaux :
r Orationes dux, prior de vita Rud. Agri'
cohis, posterior de D. Augustino, par Melanch-
ton ; Wittenberga;, 1539, \n-?,''.~-'l° Dlssertatio
de Rud. Agricolœ, Frisit, in elegantiores lit-
tcraspromeritis, par J. F. Shoeppœlin.; Jenas,
1753, in-4°. — 3o Vita et mérita Rud. Agri-
coZ«, par T. F. Tresling; Groningue, 1830, in-S".
AGRICOLA (Martin), chantre (') et direc-
teur de musique à Magdebourg, naquit à Sorau,
en Silésie, dans l'année 1486. Dès son enfance,
un goût passionné pour la musique se manifesta
en lui et le porta à se livrer avec ardeur à l'é-
tude de cet art , sans négliger toutefois les langues
grecque et latine, dans lesquelles il acquit une
rare instruction. Né de parents pauvres, il fut
obligé de pourvoir de bonne heure à sa subsistance.
Vers la fin de 1510, il partit pour Magdebourg,
où il donna d'abord des leçons particulières de
musique et de littérature. Quatorze ans après,
c'est-à-dire en 1524, la grande école luthérienne
de cette ville fut établie; le mérite généralement
(') Le mot cantor, employé par les Allemands, nesaurait
se traduire exactement en français, parce qu'il désigne
des fonctions qui n'existent que chez eux.
AGRICOLA
31
reconnu d'Agricola le fit clioisir pour y occuper
la place de diantre; il fut donc le premier qui
remplit ces fonctions dans cette ville depuis la
réformation. Il paraît que les émoluments de sa
place étaient fort médiocres, car, après l'avoir
occupée pendant vingt ans, il écrivit à un de ses
élèves, en 1544 : « Après avoir employé tous mes
« soins à vous faire faire quelques progrès dans
« la musique pendant de longues années, je me
« vois dans la nécessité de vous prier de solli-
« citer vos fiarents, on ceux que cela regarde,
<< d'apporter quelques changements à ma posi-
« lion, et (le me retirer de l'état de gêne où je
■■ languis, en augmentant mon traitement; car
'( il est écrit ; Toute peine mérite salaire. » Il
termine ainsi l'épitre dédicaloirede son traité de
Musica instrument alis^ qui est adressée à G.
Rhaw, de Wittemberg : » A IMagdebourg, dans
« la maison du vertueux et honorable Ahlmann,
« qui, pendant longtemps, m'a prodigué les se-
« cours les plus généreux. » On ignore si les ré-
clamations d'Agricola eurent le succès qu'il en
espérait, mais on sait qu'il exerça le professorat
jusqu'à sa mort, laquelle eut lieu le 10 janvier
1556.
Malgré les devoirs multipliés de sa place, il fut
un des écrivains les plus laborieux et les plus
distingués de son temps; ses travaux font époque
dans l'histoire de la musique. Il fut le premier
qui, dans la musique instrumentale, abandonna
l'ancienne tablature allemande pour la notation
moderne. (T'oy. Mattueson in Ehrenpforte,
p. 124.) Ce qui mérite surtout d'être remarqué,-
c'est que, nonobstant le peu d'encouragement
qu'il reçut, jamais son zèle ne se démentit et jamais
ses travaux n'en souffrirent. Ce qu'il savait, il le
devait au travail le plus obstiné, à une persévé-
rance sans bornes; il n'avait même point à sa
disposition le secours des livres, qui, à cette
époque, étaient rares et trop chers pour lui. Il dit
lui-même (vers la fin de sa Musica instrument
talis) : « Que le lecteur veuille bien se rappeler
« ce que j'ai déjà dit dans la préface du Traité
" de la Musique figurée : Jamais personne ne
" m'a donné une seule leçon, soit théorique,
« soit pratique, soit de chant figuré, soit de mu-
" sique instrumentale. Tout ce que je sais, je le
n dois premièrement à Dieu, qui distribue ses
« dons comme il lui plaît; ensuite à un travail
« assidu, à un zèle infatigable, à moi seul enfin,
n secouru de la grâce de Dieu ; c'est pourquoi il
« faudrait m'appeller wn musicien inné. Il n'est
« pas étonnant, d'après cela, que je reste aussi
« loin des grands raailres. »
Voici les titres des ouvrages qu'on doit à ce
savant infatigable : 1* Melodlse scholasticx sub
horaruin infervallis decantandx, in iisum
scliolx Magdeburge. Magdebourg , 1512, in-8° :
c'est un recueil de chants destinés à être chantés
par les enfants des écoles pendant leurs récréa-
tions ; cet ouvrage a été souvent réimprimé- la
Bibliothèque royale de Berlin en possède des édi-
tions imprimées à IMagdebourg en 1578 et 1584,
4 vol. in-12. — T Mîisica figurnlis dctitschmit
i/iren fjugehoerenden exempeln (Musique alle-
manile figurée, avec des exemples pour former
l'ouïe); Wittemberg, Georges Rhaw (sans date)
petit in-8". — 3" Von den Proportionlbus wie
dieselbigen Inn die Notcn toircken, und wie sle
in Figuralgesang gcbraucht iverden (Des pro-
portions en ee qui concerne la valeur des notes et
leur usage dans le chant figurai); Wittemberg,
Georges Rhaw (sans date), petit in-8". Ce petit
écrit a été réuni au Traité de la musique figurée
dans une édition qui a pour titre : Musica figtl-
ralis dcuisch mit ihren gitgehoerenden exem-
peln, sampt elnem besunderlichen schoenen
Bûclilein Vonden Proportionlbus, elc.;W\Hem-
berg,G. Rbaw, 1532,petitin-8". — 4''i)/«.çica ?ns-
trumentalls, deutscli, darin des Fundament
und Application der Flnger, als Floeten ,
Krumphœrner, Zinken , Bombard, Sc/ial-
meyen, Sackpeife, etc. (Musique instrumentale
allemande, etc.); Wittenberg, l528,in-8° : c'est
un traité des instruments qui étaient en usage
en Allemagne au temps d'Agricola, et de la manière
d'en jouer; ouvrage important pour l'histoire de
l'art, et dont les exemplaires sont rares, bien qu'il'
en ait été fait plusieurs éditions; en 1559 le fron-
tispice de la première édition lut changé et rem-
placé par ce titre : Musica instnunentalis^
deudscli ynn welcker begriffen ist, tvie man
nach deni gesange aii/f manclierleg Pfelffen
lernen sol. Auch ivie au// die Orgcl, Harffen,
Lauten , Geigen, und alkrley Instrument:
undSegtenspiel , nach der rechtgegrûnd et en
Tabelthur sey abzusetzen (Musique allemande
instrumentale, dans laquelle il est donné des
renseignements sur la manière dont on peut
apprendre le chant et toute espèce d'instruments à
vent, comme aussi jûuer de l'orgue, de la harpe, du
luth, des violes, et de toutautre instrument, etc.)-
Je possède un de ces exemplaires avec la date
de 1529. Imprimé chez Georges Rhaw, à Wit-
temberg. La deuxième édition de cet ouvrage a
été publiée, en 1532, dans la même ville et cher
le même Rhaw, in-S", sous le même titre. La<
troisième a paru chez le même en 1545, in-8".
Quelques exemplaires de cette édition portent
la date de 1545, mais sans nom de lieu. La bi-
bliothèque royale de Berlin possède un de ces-
exemplaires dans l'ancien fonds. Le livre de
32
AGRICOLA
Martin Agricola avait été précédé par celui de
Sébastien Yirdung {voyez ce nom) sur le même
sujet, qui a été traité aussi en partie vers le
môme temps par Hans Gerle , par Othmar Lus-
cinius (Naclitgall), et un peu plus tard par Ga-
nassi del Fontego (voyez ces noms ). — b° Ein
Kurtz deudsche Musïca, mit 63 schœnen lie-
blichen Exempeln, in vïer Stimmen verfasset.
Sampt den kleynen Psalmen und Magnifi-
cat , au// aile Thon artig gerichtet ( Musique
allemande abrégée, avec soixante-trois beaux
exemples clioisis à quatre voix, etc.); Wittem-
berg, G. Rhaw, 1528, onze feuilles petit in-S".
La date de 1 52S ne se trouve ni au frontispice
ni au dernier feuillet du livre , car on lit seulement
au bas de celui-ci : Gedriickt zu Wittenberg
durch Geoigen Rhaw; mais l'épitre dédicatoire
d'Agricola à George Rhaw est datée de Magde-
bourg, le 15 avril de cette année. Dans la même
année la même édition a été reproduite avec unti-
trenouveau ainsi conçu : Ein Kurtz deutsche Mu-
sLca, mit LXlll schônen liblichen Exempeln,
in vier stymmen verfasset. Gebasert mit VIII
Magnificat , nach Ordnung der VIII Thon.
Au dernier feuillet on lit : Vittenberg durch
Georgen lihaiv, 1528. Un de ces exemplaires
est à la bibliothèque royale de Berlin. Les mots
Gebessert mit VIII Magnificat (c'est-a-dire
Amélioré, augmenté de VIII Magnificat, etc. ) ,
est une supercherie de libraire; car les Magni-
cat des huit tons sont dans les exemplaires du
premier tirage comme dans ceux du second. —
5° (bis) Musica Choralis. Deutsch; Wittem-
berg, 1533, petit in-8°. Un exemplaire de ce
livre rare est dans la bibliothèque impériale de
Vienne. — 6° Rudimenta musices, quibus
canendi artificium compendiosissime , com-
plexum pueris tina cum monocliordi dimen-
sione traditur ; Wittemberg, G. Rhaw, 1539,
trois feuilles et demie in-8". La seconde édition
de ce petit ouvrage élémentaire a été publiée
sous ce titre : Quxstiones vulgariores in mu-
sicam, pro Magdeburgensis scholx pueris
digestse. Item de recto testudinis collo ex arte
probato, de tonorum formatione, monochordo
oc lectionum accedentibus ; Magdebourg, apud
M. Lottherum , 1543, sept feuilles et demie
in-S" : Forkel (Allgeni. Litter. der musik),
Lichtentlial ( Bibliog. délia Mus. ) et M. Fer-
dinand Becker ont cru à tort que ces deux ou-
vrages sont différents , et ont commis une autre
faute en disant qu'ils ont été réunis dans le livre
suivant. — 7° Ihio libri musices, continentes
compendium artis , et ilhistria exempta :
scripti a Mart. Agricola, silesio soraviensi, in
çratiam eoriim qui in schola Magdeburgeins
prima elementa artis discere incipiunt; Mag-
debourg, 1561, quatorze feuilles in-8° : les deux
ouvrages qui ont été réunis dans cette édition
sont le tiaité des proportions et les rudiments
de musique. — 8° Scholia inmusicam planam
Wenceslai de Nova Domo , ex variis musico-
runi scriptis pro Magdeburgensis scholx Ty-
ronibus co//ecto ; \Yittemberg, 1540, six feuilles
in-8°. Cette date du commentaire de Martin Agri-
cola, sur le traité de plain-chant de Wenceslas
de Neuhaus , est indiquée par Geiber dans son
nouveau Dictionnaire des Musiciens; Forkel et
Lichtenthal assurent, au contraire, que l'ouvrage
est sans date , — 9° Deutsche Musica und Ge-
sangbuchlein der Sonlags Evangelien fur die
Schulkinder, Kneblin und Megdlin, etc. (Mu-
sique allemande et petit livre de chant des évangiles
des dimanches, à l'usage des enfants des écoles,
garçons et filles , etc. ) ; Nuremberg, Jean de
Berget et UlricH Neuber, 1540, petit in-8° : ce
petit livre, publié par les soins de Wolfgang Fi-
gulus , a eu vraisemblablement des éditions an-
téiieures qui n'ont point été mentionnées parles
bibliographes; il fut réimprimé sous le titre sui-
vant : Ein Sangbuchlein aller Sontags Evan-
gelien. Eine Kurtze Deutsche Leyen Musica,
mit sampt den Evangelien durch ganz Jar
(sic) auff aile Sontage, f tir die Schulkinder
Leyen , Junck/rauwen , Frauiven und jedere
die lesen kœnnen, in reyme und gesanges
weise, darnach sie gantz lustig zu lesen und
zu singen sein ( Petit livre de chant de tous
les évangiles du dimanche , ou courte musique
laïque allemande , avec les évangiles pour tous
les dimanches de l'année, à l'usage des enfants
qui suivent les écoles, laïques, jeunes filles,
femmes, etc.) ; Magdeburg, Michel, Lother, 1 541 ,
petit in-S" de huit feuilles : un exemplaire de
cet ouvrage très-rare est dans la bibliothèque de
la ville à Leipsick ; une autre édition a été pu-
bliée en 1563, sans nom de lieu. On cite aussi
de Martin Agricola : 1° Libellas de octo tono-
riim composilione ;'m-%° f^n. vers. — 2° Georg.
Thymi cantiones cum melodiis Martini Agri-
colœ et Patili Schalenreuteri ; Zwickau, 1553.
Ces chants de Thymacus, mis en musique par Agri-
cola et Schalenreuter, sont de la plus grande
rareté; car on n'en trouve d'exemplaires dans au-
cune des grandes bibliothèques de l'Europe.
Agticola fut le premier musicien allemand qui
harmonisa le célèbre choral Ein'feste Burg, à
quatre parties : on le trouve, ainsi que plusieurs
autres cantiques du même artiste, dans le recueil
qui a pour titre : CXXIII Newe geistliche
Gesaenge mit vier und fûnff Stimmen f tir die
gemeinen ScA«toj , etc. (123 nouveaux chants
AGRICOLA.
33
spirituels à quatre et cinq voix pour les écoles
communales, etc. ); Wittemberg, Georges Rliaw,
1544, in-4° oblong. Les autres musiciens anciens
dont on trouve des pièces dans ce recueil sont
Arnold de Brnck, Sixte Dietrich, Benoît Ducis,
Georges Focrsler, Virgile Hanck, Guillaume
Fleintz, Etienne Mahu , Haitliasar Reisinarius,
Louis Senlel, Jean Stalil, Thomas Stciltzer,
G. Vogeiluiber et Jean Weinmann. Un cantique
à trois voix pour la Nativité de J.-C, composé
par Agricola, a été placé jiar Wolfgang Figulus
dans son recueil intitulé : Prima pars Amoruvi
Filii Dei Domin'i Nostri Jesu-Christi; Vite-
bergœ, 1574, in-4° obi.
AGRICOLA (Alexandre) fut un des plus
célèbres maîtres belges qui vécurent dans la se-
conde moitié du quinzième siècle et dans la pre-
mière du seizième. Le peu de renseignements
qu'on a sur sa personne sont renfermés dans une
épit;iplie et dans une complainte : l'épitaphe nous
est fournie par un recueil de Motets devenu fort
rare, intitulé : Sijmphonix Jticundx atque
adco brèves quatuor voctim, cum prsefatione
M. LiUheri ; Vitebergœ, 1 538, per Georg. Rliaw.
Les auteurs des morceaux contenus dans ce re-
cueil sont Georges Fôrster, Érasme Lapicida,
riupert Unterliollzer, Jean Wallher, Crispinus, et
d'autres. L'un d'eux a mis en musique la pièce
qui concerne Alexandre Agricola, laquelle, bien
que son tilrc soit : EpUaphhim Alex. Agricolos
Symphoniastx régis CastUix Philippi, n'est
pas véritablement une épitaplie, mais un dia-
logue où la Musique en pleurs répond aux ques-
tions qui lui sont faites sur celui qu'elle appelle
ïobjet de ses soins et sa gloire ( mea cura de-
cusque). Yoici le texte de cette pièce :
Mnsica qnid deflps? Periit mea cura decusque.
Estne Alexander? Is meus Agricola.
Dic.nge, qiialis cratîtiariis vocum manuumqne.
Qiils locus hiinc rapiiit? Valdoletanus agfer.
Quis Bclgara hune traxilp Jlagnus Rex ipse Philippus.
Quo morbo interiit? Febre furente obiit,
JEtas qnœ fuerat? Jam sexagesimus annus.
Sol ubi tune stabat? Virginie in capite.
La question : Qui a tiré Agricola de la Bel-
gique P fait voir qu'il y était né et qu'il y demeu-
rait. Rien n'indique en quelle ville il a vu le jour;
mais il n'est pas impossible de déterminer à peu
près l'époque de sa naissance. Il avait soixante
ans lorsqu'il mourut; et nous voyons, d'une part
que, dès 1505, le célèbre imprimeur Petrucci
publiait ses œuvres en Italie; ce qui prouve qu'il
jouissait déjà d'une brillante réputation loin de
son pays, et fait supposer qu'il avait plus de trente
ans; d'autre part, la complainte dont il est
parlé ci-dessus dit positivement qu'il fut élève
de Jean Okegheni : cette complainte est celle
ElOCR. UNIV. DES MUSICIRXS. — T. I.
de Crespel sur la mort de ce maître. ( Voyez Oke-
GHEM ). Or, Okegbem quitta le service de Louis XI
en t4C2 ; et, bien qu'on ne sache pas exactement
quelle position il eut alors, il paraît certain que
celte époque fut celle où il ouvrit son école. Il est
donc vraisemblable qu'Agricola ne naquit pas
beaucoup plus tard que 14C6, et qu'il n)oiniit
conséquemment vers 1520 ou 27.
Il était célèbre, dit le texte du dialogue funèbrp,
par la voix et par la main {clnrus vocum ma-
nuicmque) ; ce qui signifie qu'il était également
habile et comme chantre et comme écrivain de
musique, ou peut-être comme exécutant sur
les instruments. Ces talents lui procurèrent l'hon-
neur d'entrer au service de Philippe, archiduc.
d'Autriche, prince souverain des Pays-Bas
par sa mère, Marie de Bourgogne, et qui devint
roi de Castille par sa femme, Jeanne la Folle, filK;
de Ferdinand et d'Isabelle. Lorsque Philippe
et Jeanne allèrent, en 1500, prendre possession <!e
leurroyaumedeCaslille, Agricola les suivit comme
faisant partie de leur maison. C'est ainsi que,
suivant l'épitaphe, le roi Philippe le tira de la
Belgique.
Dans un volume intitulé -. Maisons des souve-
rains et des gouverneurs généraux (Arch. du
royaume, à Bruxelles, t. l'"", f° 108, v"), est une
annotation en marge de l'ordonnance de Philippe
le Beau, du l^' juin 1500 (N. st.) : « Monsei-
« gneur l'archiduc a retenu Alexandre Agricola
« chapelain et chantre de sa chapelle, oultre le
« nombre icy déclaré, pour servir d'ores en avant
« du dit estât, aux gaigcs de xu s. par jour. Fait
« à Bruxelles le vie joiu' d'aoustl'an mil. V^.»
Au même volume (fol. 179, v°), on voit, par
des extraits des comptes du premier voyage en
Espagne de Pbilippe le Beau, que le chantre
Agricola reçut une gratification ; et l'on a ainsi la
preuve qu'il suivit dans ce voyage le prince,
qui avait avec lui toute sa grande chapelle. La
mention de cette gratification est ainsi faite : et
Alexandre d'Agricola, pour don : iiij»» xvj
livres.
Alexandre Agricola figure aussi dans divers
états des gages des officiers de la maison de
Philippe le Beau que possèdent les Archives du
royaume de Belgique. Le dernier est du 18
septembre 1505 (le prince était alors à Bruxelles).
Dans cette même année il avait fait nn voyage
en Hollande et tosile la chapelle l'avait ac-
compagné. Il est très- vraisemblable qu'après la
mort de Philippe le Beau, Agricola entra au ser-
vice de Ferdinand d'Aragon, nommé régent du
royaume; puis à celui de Charles Quint, lorsque
ce prince prit possession du royaume d'Ks-
pagne à la mort de son père. Celle conjecture
3 '
34
AGRICOLE
est d'aillant plus admîssllile, qu'Agi icola inoii-
riit au territoire de Valladolid, d'une fièvre aiguë,
vers 1526 ou 27, et que précisément la cour était
alors en cette ville, où naquit-Philippe M, le 21
mai 1527.
On trouve deux motets àtrois voix d'Alexandre
Agricola dans le recueil publié à Venise , en 1502,
par Octave Petrucci de Fossombrone, sous le
titre simple de Moietti XXXIII. Le même éditeur
a imprimé un livre de einq messes du même mu-
sicien, sous ce titre : Misse Alexandri Agricole.
Ces messes ont pour titre : 1° Le Serviteur ;
2° Je ne demande; 3° Malheur me bal; 4°
Primitonl; b° Secundi tonï. Au dernier feuil-
let de la partie de basse , on lit : Impressum
VenetUs per Octavianum Petrutium Forosem-
proniensem, 1504, die 23 marlii cum privilé-
gia, petit in-4" obi. Dans le quatrième livre de
motels publiés par le même éditeur, à Venise,
en 1505, on tionve le motet à trois voix d'Agrieola
qui conmience par ces mots : Pater meus Agri-
cola est. Le recueil intitulé : Lamentationum Je-
remiœprophetx LJ/^er ;»•/?«(«, imprimé par Pe-
trucci, à Venise, en 1506, contient une lamenlalion
à trois voix et une antre à quatre par Agricola. Le
rarissime recueil publié par le même imprimeur,
sous le titre de Canticento cinquanla , en trois
livres (Venise, 1503, in-4°), contient les chants
à quatre voix : 1° Forseulemenl ; 2o tout à pur
moy ; 3° De tous biens; 4° Quis det ici venieit ;
5° Que vous, madame ; 6» Tandernaken ; 7" Se
mieuxne vient d'amours; 8° Belle sur toutes,
tous composés par Agricola. Dans un recueil
de fngments de messes de divers auteurs im-
primé chez le môme ( sans date), on trouve un
Patrem de la messe intitulée Village, et un
autre de la messe Je ne vis, d'Agrieola. Érasme
Rotenbuclier a pkicé une chanson latine à deux
voix d'Alexandre Agricola, sur les paroles ^Irce
sedes Bacchus, dans sa précieuse collection in-
titulée: Diphonaatnœna et florida.{lSorihergx,
in officina Joan. Montani et Ulrici ISeuberi,
1549, in-4".) Les autres musiciens célèbics des
quinzième et seizième siècles dont on trouve
des compositions h deux voi^ dans ce recueil
sont Arnold de Bruck, Ant. Brumel , Loyset
Compère, Anl. Divitis, Ant. Févin, G. Foersler,
H. Isaac, Etienne Mahu, Obreeht, Okegliem,
.Tosquin Des Près, Resinariiis, L. Seufî, Th.
Stolzer, Adrien Willaert, et beaucoup d'autres.
La plus grande partie des ouvrages d'Agrieola
doit être en manuscrit dans les églises et biblio-
thèques en Espagne. Ce maître est souvent cité
sous son prénom (Alexander). Agricola fut con-
sidéré à juste titre comme un des plus habiles
tualtres de son temps. Sébald Ilryden cite ses
compositions comme des modèles de style, dans
son traité De Arte canendi.
AGRICOLA (Jean) né à Nuremberg, vers
1570, fut professeur de musique au Gymnase
d'Auguste, à Erfurt, et s'y trouvait encore en
1611. Il a fait publier de sa composition : 1°
Motet ten mit 4, 5, G, 8 und mehr Siimmen.
Nuremberg, 1601, \n-ii°.—2°Cantiones deprscci-
puis festis per totum annum , quinque , sex
etplurimum vocum; Nuremberg, Conrad Bauer,
1601, in-4<'. — 3" Motetœ novse pro preeci-
puis in anno festis decantandae 4, 5, 6, 8 plu-
7-ibusqiie vocibus composite; A. Johanne Agri-
cola Norico , Gymnasii Augustiniani quod est
Erfurti collega; Noribergx, Typis Cath. Alex.
Theodoriti vidux , sumptibiis Conradi Agri-
colx, Bibliopolx , lOtl, in-4°. Ce recueil con-
tient 28 motets.
AGRICOLA (Wolfcang-Chbistophe), com-
positeur allemand, vivait vers le milieu du dix-
septième siècle. Il a publié à Wurtzbourg et à
Cdogne une collection de huit messes , sous le
titre de Fasciculus musicalis ; 1651, in-4".
Corneille à Beughem (Bibl. math., p. 2) cite un
autre ouvrage d'Agrieola intitulé : Fasciculus ta-
riarum cantionum; c'est une collection de mo-
tets i» deux, trois, quatre, cinq, six et huit voix.
AGRICOLA (Georges-Louis), né le 25 oc-
tobre 1643, à Grossen-Furra, village de la Tliu-
ringe, où son père était ministre, commença ses
études en 1656, à l'école d'Eisenach ; en 1662
il passa au collège de Gotha , et étudia ensuite à
Leipsick et à Wittemberg. 11 fut élevé dans cette
ville au grade de professeur, après avoir soutenu
une thèse publique sur divers sujets. En 1670
il fut nommé maître de chapelle à Gotha, et,
peu de temps après, il publia un œuvre de sa
composition intitulé : Musikaliscken Nebens-
tunden bestchendin etliche Sonalen , Praslu-
dien, Allemanden, etc., mit 1 Violinen, 2 Vio-
Icn , und Generalbass.; Mulliausen, in-fol.
( les Heures musicales, consistant en plusieurs
sonates, préludes, alleman<le.'i, etc., pour deux
violons, deux violes et basse continue). Ou cou- '
naît aussi de lui : 1° Huss-und Communion Lie-
der, mit fiin/ und mehreren Stimmen gesetzt
(Chants pour la pénitence et la communion, à
cinq et un plus grand nombre de parties) ; Gotha,
1675, in-4° — TSonaten, Prœludien, Alleman-
den, Couranten,Balleten auffransoesische Art
(Sonates, préludes, allemandes, etc., à la fran-
çaise ), l", 2» et 3" parties; Gotha, 1675, in-l»I.
— 3" Deutsche gxstliche Madrigalien von
zivey bis sechs Stimmen; Gotha, 1675, in-(nl.
Agricola est mort à Gotha, le 2?. février 1676,
dans la liente-troisicme aniK'C de son âge.
AGRICOLA — AGRIPPA DE NETTESHEIM
35
AGRICOLA (Jean-Frédéric), compositeur
ou service de la cour de Prusse, naquit à Dobil-
sciien, dans le duché de Gollia,lc 4 janvier 1720.
Loin de contrarier le goût qu'il montrait pour la
musique et pour les sciences, son père lui pro-
cura les moyens de les développer, en l'envoyant
à l'université de Leipsick. Là il se livra à l'é-
tude de la piiilosopliie et de la jurisprudence,
en même temps qu'il développait ses talents na-
turels pour la musique, sous la direction de Jean-
Sébastien-Bach. En 1741 il se rendit à Berlin,
où il acquit en peu de temps la réputation d'un
organiste habile. Il continua ses études de com-
position , au moyen des leçons qu'il reçut de
Quantz. Les premières productions d'Agricola
furent des morceaux détachés pour le chant et
pour les instruments. Ces morceaux eurent du
succès, et le firent connaître de Frédéric 11, qui
le chargea de composer pour le théâtre de Pots-
dam, en 1750,7/ Filosofo convinto, opéra-bouffe.
L'année suivante, il écrivit pour le même théâtre
La Ricamatrice divemita damma. Un voyage
qu'il fit à Dresde dans l'automne de 1751, lui
prortira l'occasion d'entendre II Ciro ricono-
xclufo de Hasse. Le slylc de ce maître lui plut;
et il l'adopta dans les ouvrages qu'il écrivit en-
suite. De retour à Berlin , il épousa la cantatrice
Molteni, pour qui il écrivit les premiers rôles de
ses opéras. En 1752, il fit représenter II Re pas-
tore , (jui eut peu de succès. Cet ouvrage fut
suivi de Clcofide en 1754, de II Tempiod'A-
more en 1755, de Psiche en 1756, d'Achille
in Sciro en 1753, et A'ifigenia in Tauride
en 1765. A la mort deGraun,qui eut lieu en
17.59, le roi de Prusse désigna Agricola pour lui
succéder dans la place de maître de chapelle. Il
mourut d'hydropisie, le 12 novembre 1774. Outre
ses opéras, Agricola a beaucoup écrit pour l'é-
glise ; mais le psaume vingt et unième, qu'il com-
posa sur la traduction de Cramer, est le seul
morceau de ce genre qu'il ait fait imprimer. Tous
ses autres ouvrages de musique sacrée sont res-
tés en manuscrit. Parmi ses bons ouvrages on
remarque : 1° La Cantate Kindlich-gross, pour
quatre voix et orchestre. —2° Cantate pour la nou-
velle Armée [Lobe den //e/th), à deux voix, chœur
et orchestre. — 3° Cantate pour le dimanche, Ju-
bilate, à quatre voix et orchestre. — 4" Cantate
de Rammier, Die Hirten bel der Krippe zu
Bethléem, et quelques autres morceaux dont les
partitions originales sont à la bibliothèque royale
de Berlin.
Agricola s'est distingué, comme écrivain sur
la musique, par plusieurs morceaux détachés
qui ont été insérés dans les Lettres Critiques de
Marpurg , et dans la Bibliothèque générale de
la Littérature allemande. On croit qu'il a pris
part à la rétlactionde la Théorie des Beaux-Arts
de Sulzer; mais cela n'est pas prouvé. Il est
plus certain qu'il a aidé Adlung dans la compo-
sition de la Musica mechanica. Enfin , on a de
lui : r deux lettres sous le nom d'Olibrio, contre
\q Musicien critique des rives de la Sprée, ré-
digé par Marpurg. La première de ces lettres ,
datée du 11 mars 1749, parut en une feuille in-
quarto sous ce titre : Schreiben eines reisenden
Liebliabers der Musik von der Tyber , an der
Cristischen Musikus an der Sprée ( Lettre d'un
amateur de musique voyageant sur le Tibre au
Musicien critique de la Sprée). Marpurg, peu
endurant à l'égard de la critique, fit des réponses
assez amères dans les numéros de son journal
du 25 mars 1749, 1""^ avril, 8, 15, et 22 du
même mois. Agricola fit attendre sa réponse jus-
qu'au 6 juillet suivant; elle parut sous ce titre :
Schreiben an Herrn XXX in welehen Flavio
Anicio Olibrio sein Schreiben an den Cri-
tischen Musicus an der Sprée Vertheidiget ,
und auf ïf^iederlegung antwortet ( Lettre a
Monsieur ***, dans laquelle Flavio Anicio Oli-
brio défend sa lettre au Musicien critique de la
Sprée, etc.) ; brochure de 5 1 pages in-4° (sans nom
delieu). — 2» Josi'.s Anleitung zur Singlninsl
ans dem italienischcn iibersetzt mit Anmer
kungen (Éléments de l'art du chant, par Tosi,
traduit de l'italien, avec des notes); Berlin, 1757,
in-4''. — 3° Beleuchterung der Prage : von den
Vorzuge der Mélodie fiir der Harmonie
( Examen de la question : De la préférence de
la mélodie sur l'harmonie ), dans le Magasin
musical de Cramer.
Agricola était un musicien instruit, qui écrivait
correctement , et qui trouvait quelquefois des
mélodies agréables ; mais il manquait d'origi-
nalité. On ne peut le considérer que comme
un imitateur des maîtres italiens de son temps.
AGRICOLA (Benedetta-Ejuua Molteni),
épouse du précédent, fut cantatrice de l'Opéra
à Berlin, oii elle entra en 1742. Porpora, Hasse
et Salimbeni furent ses maîtres de chant. Dans
sa cinquantième année, elle chantait encore
d'une manière étonnante des airs de bravoure,
tanten italien qu'en allemand. Le docteur Burney
dit que sa voix avait une si grande étendue,
qu'elle allait depuis le la au-dessous des portées,
jusqu'au ré aigu, avec une sonorité puissante
et pure.
AGRIPPA DE IVETTESHEIM (Cou-
neille-Henri), médecin et philosophe, naquit
à Cologne, le 14 septembre 1486. Son esprit et
son érudition lui acquirent unegrande réputation ;
mais son humeur chagrine lui fit beaucoup d'ca-
3G
AGRIPPA DE NETTESHEIM — AGUIARI
ncmis, et sa carrière fut toujours agitée. H fut
successivement soldat, professeur d'hébreu à
Dole et à Londres, de théologie à Cologne, à
PavieetàTurin, syndic et orateur à Metz (1518)
médecin à Lyon, chassé de France à cause de
son attachement au connétable de Bourbon, em-
piisonné à Bruxelles pour son traité De la Phi-
losophie occulte, et, rentré en France, arrêté
de nouveau pour avoir écrit contre la reine mère;
enfin, remis en liberté, il alla mourir dans un
hôpital, à Grenoble, en 1535, âgé de quarante-
neuf ans.
Dans son traité De occulta Philosophia,
Hbri très, dont il y a de nombreuses éditions
et une traduction française par Levasseur, la
Haye, 1727, 2 vol. in-S", il parle, au chapitre
24^ du premier livre, de musices vi et efficocia
in hominiun afjectibiis, qjiaconcitandis, qua
sedandis. Il traite aussi de la musique au 17"
cliapitrede son livre : De Incert'itudine et Vani-
tate Scientiarum; Paris, 1531, in-S".
AGTHE (Cuarles-Curétien), organiste du
prince d'Anhalt-Bernbourg, naquit à Kettsfaeilt,
dans le comté de Mansfeld, en 1739, et mourut
à Ballensteilt, le 27 novembre 1797. Il se distin-
gua comme compositeur dramatique, de 1784 à
1793; les opéras qu'il a écrits sont : 1" Aconcius
elCydippe. — 2" Das Milchmxdchen (la Laitiè-
re).—3° J/rtJYi?i Vellen. — '\° Enoïnet Elmire.
— 5°les divertissements de P/?i/emon etBaitcis. —
6" Der Spiegel U'itler (le Chevalier du miroir) qui
fut représenté en 1795, à Ballensfedt, par une
troupe d'amateur.'. En 1790, Agtlie publia aussi
trois sonates pour piano chez Breilkopf , à Leip-
sick; enfui l'on connaît de ce compositeur un
recueil de chansons imprimé a. Dessau en 1782,
sous ce titre : Der Morrjen, Mittag , Abend
iind Nacht zum Clavier und Gesnng (le Ma-
tin, le Midi , le Soir et la Nuit, etc.)
AGTHE ( Albert) , pianiste et compositeur,
né à Posen vers 1819, fut considéré comme un
prodige dans son enfance, et voyagea pour don-
ner des concert^, tl s'est aussi fait connaître
comme compositeur, et a publié diverses œuvres
parmi lesquelles on remarque : 1" Sonate pour
piano et violon, op. 2; Leip->ick, Peters. — 2° Des
marches pour piano à quatre mains, œuvres 3, (^ et
9; Leipsick, Breifkopf et Hœrtel , Peters, llof-
mester 3" troisgrandes polonaises idem, op. 8;
Leipsick , llofmeister. — 4" Rondeau en forme
de valse; Posen, ciie/, l'auteur. — 5" Six divertisse-
ments pour piano seul, op. 1; Leipsick, Peters.
— 6° Sonate pour piano seul , op. 5 ; Leipsick, Ilof-
mei.ster. — 7" Études pour le piano en quatre suites;
fîerlin, Bote et Bock. — 8» Quelque Lieder avec
piano. M. Agthe est fixé à Posen, sa ville natale.
AGUADO (D. Denis), guitariste renomma
de son temps , naquit à Madrid , le 8 avril 1784.
Fils d'un notaire du vicariat ecclésiastique de cette
■ville, il fit au collège des études littéraires aux-
quelles il faisait trêve parfois pour jouer de la
guitare, qu'il aimait avec passion. Un moine lui
enseigna les premiers principes de cet instrument ;
mais ce fut le célèbre chanteur Garcia , alors in-
connu en France et en Italie, qui lui fit com-
prendre les ressources de nouveautés qu'il
pouvait trouver dans la guitare. A la mort de
son père, en 1803, Agiiado hérita d'un petit
bien situé près d'Aranjnez , dans un village
nommé Fuenlabrada, où il se retira avec sa
mère pendant l'occupation de l'Espagne par les
armées françaises. Ce fut dans ce lieu que, pen-
dant toute la durée de la guerre, il s'adonna ex-
clusivement à l'étude de son instrument favori,
cherchant avec une persévérance infatigable de
nouvelles combinaisons de doigter et d'effets.
Après la paix , il retourna à ftladrid avec sa
mère, dont il ne fut séparé que par la mort, en
1824. En 1825, il se rendit à Paris, où déjà ses
compositions étaient connues. Sa méthode de
guitare, ouvrage remarquable en son genre, avait
été publiée plusieurs années auparavant : elle fut
traduite en français , et publiée à Paris, en 1827,
chez Piichault. Pendant le séjour que (it Aguado
dans cette ville (1825-1838), son talent, .sa
simplicité et ta douceur de son caractère lui
firent beaucoup d'amis parmi les artistes les plus
distingués; cependant il éprouva dans les der-
nières années un si vif désir de se retrouver dans
son pays, qu'il prit enfin la résolution de retour-
ner à Madrid, où il arriva en IS38. Depuis lors
il ne s'est plus éloigné de la capitale de l'Espagne :
il y est mort le 20 décembre 1849, à l'âge de
soixante-cinq ans et huit mois. Son excellente mé-
thode avait été publiée pour la première fois eu
1825 ; la Iroisième édition , avec une appendice,
a paru en 1843, sous le titre de Nnevo Metodo
para guitarra, Man'ivid , D Bevito Campo. Les
autres ouvrages d'Aguado sont : 1° Collcccinn
de Los Estudios para In griifarra; Maih'ul,
1820. — 2° Très Hondos brillantes; ibid. 182'>.
— Z'Colleccion de Andantcs,Valses et Minncfns ;
ibid. Ce recueil contient 10 andantes, 45 valses et
G menuets. — 4° El minuéafaudangndo con va-
liacioncs; ibid.— 5° Grand Solo deSor, etplu-
sieurs ouvrages composés pour son élève de pré-
dilection, Augustin Campo, lesquels n'ont paru
qu'après sa mort.
AGUIARI (Lucrèce), cantatrice célèbre,
surnommée la Bostardella , naquit h Ferrare
en 1743. Le nom de bastardella (petite bâtarde)
lui fut donné, parce qu'elle était fille naturelle
AGUIAiU — AGUILAR
37
d'un gratiil seigneur qui la lit élever dans un
couvent, où elle apprit l'art du cliant sons la
direction de l'abbé Lanibertini. Son début dans
la carrière du tUeâtre eut lieu à Florence, en
17C4. L'émotion qu'il y produisit parmi les ama-
teurs la (it appeler dans les villes les plus consi-
dérables de l'Italie : elle y (it naître le plus vit
entUousiasme. Le caractère de son talent n'était
pas l'expression; mais elle surpassait toutes ses
rivales dans l'exécution des traits de bravoure.
L'étendue de sa voix, particulièrement à l'aigu,
lut un phénomène dont il n'y eut jamais d'autre
exemple , car elle n'avait pour limite que le contre
tit suraigu. Pour ajouter loi à ce prodige, il ne
faut pas moins que l'autorité de Mozart. Dans
une lettre écrite de Bologne, le 24 mars 1770
(voyez W. A. Mozart von Otto Jabn, i'^' Th.
p. 628 et suiv.), il dit: « A l'arme nous avons
« fait la connaissance d'une cantatrice , la célèbre
« Bastardella , et avons eu le plaisir de l'i-ntendre
n dans sa propre maison. Elle possède une belle
'<■ voix, une vocalisation excellente, et une éten-
« due incroyable à l'aigu. Elle a chanté en ma
« présence les passages suivants :
mmi^^êEM
^
.£L
^#£$i — ^.
%
Dans une autre lettre écrite à la même date ,
Léopold Mozart , père de l'illustre compositeur ,
conlirme son récit, et certifie l'exactitude du pas-
sage noté ci-dessus.
Au carnaval de 1774, Agniari fut applaudie
avec fureur au grand théâtre de Milan dans un
*)péra de Colla intitulé : il Tolomeo, et se distin-
gua plus encore dans une cantate du même maître
exécutée au palais du comte Tommaso Marini.
Dans l'année suivante, elle fut appelée à Londres
par les propriétaires du Panthéon, où se don-
naient alors les concerts fréquentés par l'aristo-
cratie. Les entrepreneurs consentirent à lui payer
l'énorme somme de cent livres sterling par soi-
rée, quoiqu'elle n'eût voulu s'engager qu'à chan-
ter deux morceaux dans chaque concert. De
retour en Italie , elle fut engagée au service de la
cour de Parme. En 1780, elle épousa le maître
do chapelle Colla, auteur de tous les ouvrages
qui avaient fait sa renommée. Depuis plusieurs
années elle avait cessé <îe se faire entendre au
théâtre, lorsqu'elle mourut à Parme , à l'âge de
qtiaranle ans, le 18 mai 1783.
AGUILAR (Emanuel) , pianiste et composi-
teur d'origine espagnole, est né en Angleterre
dans l'année 1824. Pendant un long séjour qu'il
a fait à Francfort , il a reçu de l'excellent profes-
seur Schnyder de Wartensée son instruction dans
l'harmonie et la composition. Pendant les années
1844-1848 il demeura dans cette ville, y donna
des concerts, et y fit entendre plusieurs de ses
ouvrages, entre autres une symphonie (en vti
bémol) qui fut bien accueillie, une ballade avec
orchestre, et des sonates et fantaisies pour là
piano. Les événements de 1848 le décidèrent à
s'éloigner de l'Allemagne pour aller se fixer se
Londres;cependant, il s'arrêta à Leipsick quelques
jours, et y joua, le 30 mars, le concerto en si mi-
neur de Hnmmel, dans un concert de la Gewand-
haus. De retour à Londres, il y est resté jusipi'à
38
AGUILAR — AHLE
ce jour, et s'y livre à l'enseignement du piano. Il
y donne aussi chaque année des séries de concerts
spécialement destinés à la musique de piano , et
dans lesquels il fait entendre les œuvres classiques
des grands maîtres , particulièrement de Beetho-
ven, M. Aguilar a publié à Londres plusieurs
compositions pour son instrument.
AGUILERA DE HEREDl A (Sébastien),
prêtre et maître de chapelle à Saragosse , fut un
des meilleurs compositeurs espagnols, au com-
mencement du dix-septième siècle. En 161S il
publia en cette ville, de sa composition, une
grande et précieuse collection de Magnificat des
iiuittons, àquatre, cinq, six, septet huit voix. Ces
excellents morceaux se chantent encore dans la
cathédrale de Saragosse et dans plusieurs autres
églises de l'ancien royaume d'Aragon.
AGUS (Henri), professeur de musique, né
en 1749, entra au Conservatoire de musique de
Paris comme maître de solfège, le 16 thermidor
an III et mourut au mois de lloréai an VI. Il pa-
raît qu'il avait d'abord résidé en Angleterre, oii on
publia deux œuvres de sa composition , savoir :
1" Six solos pour violoncelle, op. 1'"'; T Six idem,
op. 2^. Quelques-uns de ses ouvrages ont été gra-
vés à Paris. On cite parliculièrement un œuvre de
trios pour deux violons et basse, et un solfège,
qui n'a point eu de succès. On lui attribue aussi
un œuvre de six duos concertants pour deux vio-
lons, publié à Paris, chez Barbieri, comme
œuvre 37'' de Boccherini ( voy. ce nom ) . Agus a
écrit plusieurs leçons pour le solfège du Conser-
vatoire. Ce musicien manquait de goût et d'in-
vention; il passait pour savant dans le contre-
point ; mais sa science obscure n'avait rien de
correct.
AHLE ( Jean-Rodolphe ), né à Mnihausen,
le 24 décembre 1625, fut envoyé, en 1G43, à
l'université de Goettingue, où il étudia pendant
deux ans sous J.-A. Fabricius. De là, il alla, en
1645, à l'université d'Erfurt. 11 n'y était que de-
puis un an , lorsqu'on établit dans cette ville
l'école musicale de Saint-André, dont la direction
lui fut conliée. En 1649, l'organiste de l'église
Saint-Biaise de Mulhausen étant mort, Ahle ob-
tint sa place. Quelques années après, il fut
nommé conseiller et enfin bourgmestre. Il mou-
rut en 1673, à l'âge de quarante-huit ans. On a
de lui : 1" Geistliclie Dïalogen, mit 2, 3, 4
îtncf??ie/irS<jmmeH, c'est-à-dire Dialogues spi-
rituels à deux, trois et quatre voix, etc., pre-
mière partie; Erfurt, 1648. — 2° Sa méthode de
ciiant intitulée Compendiwn pro ienellis ; Er-
furt, 1648, in-8°. La deuxième édition est intitu-
lée : Brevis et perspicua introdtictio in artem
musicam, das istcin kurtze Anleilung zu der
lieblichenSing-Kunst;^ïu\h&\i!ien, 1673, in-8°
de deux feuilles et demie. Son fils en donna une
troisième édition en 1690, avec des notes histori-
ques et critiques, et la quatrième parut en 1704.
Ces deux dernières éditions ont pour titre :
Kurze doch deutliche Anleitung, zu der lie-
blich, und lœblichen Sing-Kunst (Introduction
courte, mais claire, à l'art agréable et distingué
du chant); Mulhausen, in-8"'. Dans l'édition de
1704 , le texte du traité est renfermé en 32 pages,
et les notes de l'éditeur forment 86 pages. — 3°
Trente symphonies, padua7ies, allemandes, etc.,
à trois, quatre et cinq instruments; Erfurt, 1650.
4° Thuringischen Lt<s<-Gar<e«s, contenant vingt-
six fleurs spirituelles, depuistroisjusqu'à dix voix ;
Erfurt, 1657; première partie. La deuxième partie
a été publiée en 1658. — 5° Première dizained'airs
spirituels, à une, deux , trois et quatre voix ; Er-
furt, 1660, in-fol. ; la seconde dizaine, à Mulhau-
sen, 1602, in-fol.; latroisièmeetlaquatrièmedans
les années suivantes, en pareil format. — 6° Offices
complets pour toutes les fêles de Vannée ,
quatorze pièces aune, deux, trois, quatre et huit
voix , avec des ritournelles pour quatre violes ;
Mulhausen, 1662.-6° (bis) Zehn neuegeistUche
musikalische Concerte mit drey, vier, fiuif,
sechs, sieben, acht,zehn und viehr Stimmen
zu dem Basso continua, etc. (Dix nouveaux
concerts spirituels et musicaux à trois , quatre ,
cinq, six, sept, huit, dix et un plus grand
nombredevoix,avec basse continue); Mulhausen,
1663, in-fol.; — 7° Motets pour tous les diman-
ches de Vannée , au nombre de cinquante, aune ,
deux, trois et quatre voix; Mulhausen, 1664,
in-fol. — %'' Dix chants religieux ,k cinq et huit
voix, sous ce titre : Neue geistUche Chorstûcke,
mit 5, 6, 7 und 8 SVwimen. Cet œuvre est com-
posé de trois motets à cinq voix , trois idem à
six, un à sept, et trois à huit ; Mulhausen , 1664,
in-4°. — 90 Collection de motets, intitulée : Neu-
veifaste Chor-Mvsik, à cinq , six, sept, huit et
dix voix; Mulhausen, 1668. — 10" un petit traité
latin intitulé : De Progressionibus consonan-
tiarum, dont la date et le nom du lieu de l'im-
pression ne sont indiqués par aucun bibliographe,
et que je n'ai trouve dans aucune bibliothèque.
AHLE (Je\n-Geoi'.ges), fils du précédent,
né à Mulhausen, en 1650, fut organiste à l'é-
glise de Saint-Biaise, et sénateur de cette ville,
où il mourut le 1'"' décembre 1706, à l'âge de
cinquante-six ans. Il était encore écolier à l'uni-
versité lorsqu'il fut désigné, à la mort de son
père , pour lui succéder dans la place d'orgaïu'ste
de Saint-Biaise. Poète distingué, il fut couronné
en cette qualité dans l'année 1680. Ahle peut
être mis au nombre des écrivains les plus fé-
AHLE — AIBLINGER
39
coiuls de son temps ; car, depuis 1671 jusqu'à sa
mort , c'est-à-dire pendant trente ans, il lit pa-
raître chaque année un ouvrage , soit théorique,
soit pratique, sur la musique. Malheureusement,
l'incendie qui éclata à Mulhausen en 1689 en a
consumé une grande partie ; ceux-mômes qui ont
été publiés postérieurement à cette époque sont
maintenant fort rares. 11 avait eu cinq fds et
trois filles; mais il survécut à tous ses enfants.
Il a publié un traité théorique intitulé : Vn},-
truhtinne odermusikalïscher Gartenhist [iàv-
din des divertissements musicaux); Mulhausen,
16S7, six feuilles inS", On trouve au commen-
cement de ce petit volume une épître dédica-
toire en vers au bourgmestre de Mulhausen, une
préface et quelqvies pièces de vers à la louange
de l'auteur. A l'égard du corps de l'ouvrage, ce
n'est qu'un commentaire assez pédant, vide d'i-
dées, et rempli de citations hors de propos, sur
trois chants à deux , trois et quatre voix com-
posés par Aille dans le style français de son
lemps. En 1690 il donna la troisième édition de
la méthode d« cirant de son père, à laquelle il
ajouta des notes historiques et critiques Irès-es-
timées, et dans l'année 1704 il publia la qua-
trième. Il fit paraître en 1695 son dialogue du
printemps, intitulé : Mxisikalische Frûhl'mgs-
gespraeche, Mulhausen, in-8«; en 1697, le dia-
logue de l'été ( Musikalische Sommergesprae-
che), ibid., in-8"; en 1G99, celui de l'automne
( Musikal. Herbstgespraeche) ; ibid., in-8°,
et en 1701, celui àe \\ii\ &T{Musikal. Winter-
gespraeche ), ibid., in-S", tous ayant pourobjet
les règles de la composition. 11 publia aussi une
suite de dissertations sur la musique et de pièces
instrumentales, sous le nom des Muses. CHo,
formant la première partie, parut en 1676 ; Cal-
iiope et Erato en 1677 î Eulerpe en 1678;
Thalie, Therpsicore, Melpomène et Polymnie
en 1679; Uranie et Apollon en 1681 : tous
furent imprimés à Mulhausen , in-4''. lis con-
tiennent des chants à quatre voix. L'introduc-
• tion, renfermant les dissertations , parut à Mul-
hausen, en 1694, sous ce titre : Vnslrutische
Clio, Calliope, Erato und Euterpe, oderviu-
sikalisch Mayenlust., in-4°. Enfin on a de sa
composition : 1° Nette zehn geistiiche Andach-
ien mit 2 und 1 mkal-und 1 , 2, 3, 4, ins-
trumental Stimmen zu dem Basso continiio
gesetz ; Mulhausen, 1671, m-i°.—2°Instrumen-
talischer Frilhlingsmusik, Erster Theil (Ma-
sique instrumentale du printemps); ibid., 1695,
:n-4''; Zweiter Theil, 1696, in-4"'.— 3» ^Hwm-
thige zehn vicrstimmige Viol-di-gamba Spiele
( Dix pièces agréables à quatre parties pour la
viola di gamba); ibid., 1681, in-4"' i" Drey
neue vierstimmige Bitlieder (Trois nouvelles
prières à quatre voix). — h° Fûnf schœne Trost-
lieder (Cinq beaux chants de consolation ).
AHLSTROEM (A. J. N. ) , compositeur
suédois, très- bon organiste de l'église Saint-Jac-
ques, à Stockholm, et pianiste accompagnateur
(le la cour, né vers 1762, a publié son premier
œuvre de sonates pour le piano en 1783. Cet
ouvrage était gravé sur des planches de cuivre.
L'œuvre deuxièmea pour titre : IV sonates pour
le clavecin avec l'accompagnement d'un vio-
lon, op. 2; Stockholm, 1786. Plusieurs autres
ouvrages de musique instrumentale ont été aussi
publiés par Ahlstroem ; et il s"'est fait connaître
comme compositeur de musique vocale par des
cantates et des chansons avec accom. de clavecin.
Cet artiste distingué a été, pendant deux ans, ré-
dacteur d'un JMimal ou écrit périodique sur la
musique en langue suédoise, qui paraissait à
Stockholm sous ce titre : Miisikaliskt Tids/oer-
drife (Heures de loisir musical). Enfin, on
doità Ahlstroeni, en société avecM. B. C. Boman,
littérateur, la publication d'une très-intéressante
collection d'airs populaires suédois, sous le titre :
Walda svenska Folkdansar ocfi Folkledar
( Choix d'airs populaires suédois et de danses
nationales); Stockholm, Hirscli. On a extrait de
cette curieuse collection six airs chantés à Ber-
lin par Jenny Lind,et on les a réimprimés sous ce
titre : Schivedische Volkslieder mit Schwedis-
chem original-Texte, n° 1-6; Berlin, Bote et
Bock. Ahlstroem remplissait encore ses fonctions
d'organiste en 1827, dans un concert spirituel
donné à l'église de Saint-Jacques. Il était alors
âgé de soixante-cinq ans.
AIBLINGER (Joseph-Gaspard), né àWas-
serbourg dans la haute Bavière, vers 1780, entra
en 1790 au séminaire de Tegernsée, pour y faire
ses études littéraires et musicales. L'abbé Gré-
goire Rottenkalber, qui gouvernait alors ce mo-
nastère, remarqua bientôt les heureuses dispo-
sitions d'Aiblinger pour la musique, et les fit
cultiver avec soin. A l'âge de dix-huit ans, il se
rendit à Munich, où son concitoyen le professeur
Joseph Schlett l'accueillit et lui fournit les moyens
de continuer ses études de chant et de compo-
sition. Quelques essais de composition qu'il fit
dans le style de la musique d'église de l'Au-
triche et de la Bavière furent remarqués à la
cour, et une pension lui fut accordée pour qu'il
allât perfectionner son talent en Italie. 11 y ar-
riva en 1802, et s'établit d'abord à Bergame, près
de son compatriote Mayr, qui le fit beaucoup
écrire sous sa direction. La vice-reine d'Italie,
princesse de Bavière, devint ensuite la pro-
tectrice d'Aiblinger : il se fixa à Milan, et fui
40
AlBLmGER — AlCllINGER
attaché à h musique du \ice-roi , en qualité de
second maître de chapelle; mais i)ar des cir-
constances inconnues , il s'éloigna de cette
ville, et s'établit à Venise, où il fonda une
institution musicale sous le nom à^Odéon. En
1820 il écrivit à Milan la musique du ballet de
Vigano intitulé : Bianca, représenté au théâtre
<le la Scala pendant le carnaval ; et dans la
même année il composa aussi I Titani , -autre
ballet du même auteur. Après la mort de Winter
(en 1825) Aiblinger lut appelé à Munich
pour y occuper la place de second maître de cha-
pelle, en remplacement de Stunz , qui venait
d'être élevé à la place de premier maître. En ISS."}
il voulut revoir l'Italie, y lit un second voyage, et
s'arrêta quelque temps près de son ami Simon
Mayr. Dans ce voyage il visita Rome , et y fut
nommé membre de l'Académie de Sainte-Cécile.
Il a écrit plusieurs morceaux de musique d'un
bon style, et s'est fait connaître comme composi-
teur dramatique, par Rodrhjues et Chimène,
opéra en trois actes. Lorsque le bel ouvrage de
(iluck, fphigénie en Tauride, lut mis en scène
a Munich, pour Mi'*^ Schechner (postérieurement
Mme \Vaagen), Aiblinger ajouta à la partition
originale une grande scène pour cette cantatrice ;
ce morceau, dit-on, ne fut pas jugé indigne d'être
entendu près de la belle musique du créateur de
la tragédie lyrique. Mais le nom de cet artiste
est connu surtout par sa musique d'église. Ses
compositions eu ce genre sont celles dont voici
les titres : 1° Requiem à quatre voix, deux vio-
lons, alto, orgue et basse, deux cors obligés, deux
trompettes et timbales, op. 1; Munich, Falter. —
2" Litanies (en si b) pour quatre voix et orchestre,
op. 2 ; ihld. — 3° Messelatine (en/a) pour quatre
voix, orchestre et orgue, op. 3; i&id.— 4"Graduel
et offertoire à quatre voix, deux violons, alto ,
deux cors et orgue, op. kyïbid. — b" Requiem^
([uatre voix, orchestre et orgue, op. 5; ibid. —
C'-' Litanies ( eu ré) à quatre voix et orchestre ,
op. ç,\ibid. — 1° Deux messes latines, la première
en «;, pour r.4wn^, à quatre voix et orgue, op. 7,
la deuxième, également en ut, pour les di-
manches, à quatre voix et orgue, op. 8; ibid
8° Ave Regina, à quatre voix et orgue , op. 11 ;
ibid. —9° Cyclus Zïceij und Dreij Stimmen Kir-
chen compost tionem mit Orgel, Bass iind Vio-
/o?îC; Augsbourg,Kollmann. Cette collection ren-
ferme la messe de sainte Aldegonde pour deux so-
soprani et alto ; la messe de sainte Walpurge, pour
soprano et alto ; la messe de sainte Cécile , idem ;
la messe de saint Michel, idem; la messe de la fête
des trois Rois pour deux sopiani ; la messe Sa-
lesia pour deux soprani et alto; cinq graduels
liour deux soprani, ctcin<i offertoires, idem. —
10° Kirchenmusik fUr kleinere Stadt~und
Landchbre (Musique d'église pour des chœurs
de petites villes et de la campagne ), ibid. Cette
collection renferme six messes solennelles ou
brèves, pour quatre voix et orgue, avec des
instruments à cordes et à vent ad libitum. —
11° Messe solennelle pour quatre voix et orgue;
Augsbourg, Boehm.— 1 2o Dix-sept psaumes de vê-
pres pour quatre voix, orchestre et orgue, op. 12 ;
Munich, Falter.-« 13° Six offertoires et six gra-
duels pour cinq voix sans accompagnement, op.
1.3 et \k;îbid. — 14o Deuxième suite du Cijclus,
contenant les Litanies de la Vierge pour deux so-
prani, orgue, violoncelle et contre-basse; les lita-
nies pour la fête des trois Rois, idem; un Vent
Sancte Spiritus, jiour deux soprani, contralto,
orgue , basse et violoncelle ; un Tantum ergo
sur le plain-chant, avec orgue; et un Requiem
sur le plain-chant, suivi du Libéra, avec orgue;
Augsbourg, Boehm. Pendant .son séjour en Ita-
lie, Aiblinger a publié chez Riccordi, à Milan,
une pastorale pour l'orgue.
AICH (GoDEFiioy), chanoine régidier de
l'ordre des Prémontrés, qui vivait vers le milieu
du dix-septième siècle, a fait imprimer à Augs-
bourg : Fructus ecclesiasticus trium, quatuor
et quinque vocum, duorum vel trium instrum.
cum secundo choro.
AICHELBURG, virtuose sur la mandoline,
fixé à Vienne. On a de lui : 1° Pot pourri pour
mandoline ou violon et guitare, œuvre l''";
Vienne, Haslinger. — 2° Variations pour mandoline
ou violon et guitare, œuvre 2'^; ibid. — 3" Noc-
turne concertant pour mandoline ou violon et
guitare, œuvre 3* ; ibid. — 4° Variations concer-
tantes pour mandoline ou violon et guitare,
œuvre 4'^; ibid.
AICHINGER (Grégoire), prêtre et orga-
niste de Jacques Fugger, baron de Kirchberg et
Weissenhorn , à Augsbourg, naquit vers 1565.
En 1599 il alla à Rome pour se perfectionner
dans la musique ; et son retour à Augsbourg eut
lieu vers ICOl. On ignore l'époque de sa mort;
mais on sait qu'il vivait encore en 1614, car il
a signé la préface d'un de ses ouvrages le 5 dé-
cembre 1613. On a de lui les ouvrages suivants :
1° Liber l sacraruni eantionum , quatuor,
quinque et octo vocum, cum madrigales ;
Augsbourg, 1590. C'est sans doute le môme ou-
vrage qui a été réimprimé dans la même année
à Venise, chez Ange Gardane, sous ce titre : Su-
cra; cantiones quatuor, quinque, sex, octo et
decem vocum, cum quibusdam uliis, quse vo-
cantur Madriguli, tum vivxvoci, tum omni-
bus niusicorum instrumentis accomodatx. —
2° Lib.lsacrarum eantionum, quatuor, quin'
AlCHINGER — AIGUINO
41
Que eô sex vocum, cum missa et Magnificai
ncc yion dialogis aliquol ;\enhe, 1595. — 3" Sa-
crx Cantiones, quinque, sex, septem et octo
vocum, dédiés au chapitre de la cathédrale
d'Augshourg; Nuremherg, 1597. — 4° Tricinïa
Mariana quibus Antiphonx , Hymni, Magni-
ficat, LUanias et variée Laudes, etc. ; Inspriick,
Agricola, 1598, in-4". — 5° D'winee Laudes ex
Jloridis Jacobi Pontani excerptas, trium vo-
cum; — Augsbourg , 1602. — 6° Vespertinmn
Virginis Canticum, consistant en un magnificat
à six voix , dédié au prince Jean Adam , abbé de
Kenipten; Augsbourg, 1604. — 1° Ghïrlanda di
Canzonctte spirituali a tre voci; Augsbourg,
1 604. — 8° Fasciculus sacrarum harmoniarum,
quatuor vocum; Dillingen, 1609. — 9*^ Solemnia
corporis Christi in sacrificio missas, et in
ejusdemfesti officiis acpublicis processionibus
decantari solita; Augsbourg, 1606. — 10° Can-
tiones ccclesiasticse , très et quatuor vocum,
cum basso generali et continuo, in usum orga-
nistarum; Dillingen, 1607, in-4o. Cet ouvrage
est remarquable en ce qu'il est un des premiers
où les mots de basse continue apparaissent. —
ilo Vlrginalia : laudes Virgine Marix, com-
plexa et quïnis vocibus modulata; Dillingen,
1608, ia-4ù. — U" (bis) Teutsche Gesenglein
(sic) ans dem Psalter sammt anderngeistl. Lie-
dern zu3 Stimmen ; Dillingen, Meitzer, 1609,
iD-40. — 12" Sacrx Dei Laudes sub officia di-
vïnoconcinendx, quai-um pars priori, 6, 1, 8;
postcrior vero 2, 3, 4 et 5 vocum, etc. ; Dillingae
cxcudebutAdamMcltzer, 1009, in-4o. — 13° Oda-
ria lectissima ex mcllitissimo D. Bernardi
Jubilo delïbata modisque niusicispartlm qua-
tuor, partim ir'ium vocum; Francfort et Augs-
bourg, 1011, in-40. — 14o Corona eucharislica
duarum et trium vocum; Augsbourg, 1611,
in-4o. — 150 Vulnera Christi a D. Bernhardo
salutata, tribus et quut. vocibus musicx de-
flecta; Dillingen, in-4". — 16" Lacrymx B. Vir-
ginis et Joannis in Christum a cruce deposi-
tummodis musicis expressx ; \\\^&bomg,h\-ko.
— 17" Liturgica, sive sacra officia ad omnes
festos quat. voc; Augsbourg, 1593, in-t6. —
18» Zwei Kingiieder vom Tod und letzten
Gnricht mit 4 Stimmen ; Dillingen , Greg.
Haenlin, 1013. Le catalogue de l;i bibliothèque
musicale du roi del^ortugal Jean IV indique aussi
tme collection de motels à trois et quatre voix ,
d'Aichinger, sous ce titre ; Quercus Dodonea.
AIGNER (Engelbert), composiieur, né à
Vienne, en Autriche, le 23 lévrier 1798, est fils
d'un marchand de 1er, qui le destinait au com-
merce. Dès l'âge de quinze ans il écrivait de pe-
tites compositions que l'abbé Stadler considéra
comme des indices d'une heureuse organisation
musicale. En 1835 il obtint la place de chef
d'orchestre des ballets au théâtre impérial ; mais
il l'abandonna deux ans après, pour se rendre
à Idria, avec le mécanicien Wurm. En 1839 il
établit une grande fabrique de machines dans
l'Autriche supérieure. On ignore les motifs qui
lui ont fait abandonner cette entreprise en 1842.
Depuis lors il a vécu à Vienne sans emploi , cul-
tivant la musique comme simple amateur. Ses
principaux ouvrages sont ceux-ci : 1° Messe à
quatrevoix, toute en canon; Vienne, Haslinger. —
2» Plusieurs messes avec orchestre, et un Be-
quiem, non publiés. — 3° L'opéra intitulé Wun-
derlilie (Le Lis magique). — 4" Bas ge/ieime
ii'ettiier (La Fenêtre secrète), opéra-comique joué
en 1826. — 50 Der Angriffsplan (Le Plan d'atta-
que), représenté au théâtre delà porte de Carin-
thie, en 1829 ; G» Le vaudeville das Hochzeits-
concert (Le Concert de noces), représenté au
théâtre Kaernthnerthor, le 29 novembre de la
même année. — 7o Beaucoup de musique de bal-
lets pour divers théâtres de Vienne. — 80 La can-
tate intitulée : Lob der Tonkunst ( Éloge de la
Musique ), exécutée à Vienne en 1835. — 90 Quin-
tette pour piano, llùte, violon, alto et violoncelle
(en 50/); Vienne, Diabelli — 10° Six chants pour
quatre voix d'homme; Vienne, Artaria.
AIGRE ( Henri -Barthélémy ), libraire à
Paris, est né à Angoulôme, le 23 mai 1799.
Disciple de Jacotot, il s'est livré à l'enseignement
par la méthode de son maître, d'abord à Bou-
logne, puis à Strasbourg. Le peu de succès qu'il
obtint dans cette dernière ville le décida à venir
s'établir à Paris. On a de lui : !« V Enseignement
universel mis à la portée de tous les pères
de famille, par un disciple de J. Jacotot ; Pans,
P. Dupont, 1 829-1830, trois parties in-S». La troi-
sième partie traite de la musique, des mathéma-
tiques, de la théologie, etc., en 80 pages — 2" Bé-
forme à faire dans la manière d^écrire la
musique , au moyen de laquelle les commen
çants n'éprouveront plus de difficulté, soit
dans la lecture , soit même dans l'exécution.
Par un ignorant qui frissonne au seul nom de
bémol ; Varia, Ladvocat, 1830, in-8ode 16 pages.
AIGUINO (Illuminato), surnommé Bres-
ciano, de l'ordre des Frères Mineurs de l'Obser-
vance, au couvent de Venise, naquit vers 1520
au château degli Orzi vecchi, dans les environs
de Bresse ou Brescia, en Lombardie. Son por-
trait se trouve dans les deux ouvrages qu'il a pu-
bliés , et l'on y voit joint à ses noms celui de
capitano. Le portrait publié en 158i n'a même
que ce nom, qui semble indiquer qu'avant d'en-
trer dans son n;onaslcrc, Aiguino avait été mi-
42
AIGRE — AIMOM
litaiie, et qu'où le désignait par le titre qu'il
avait eu dans sa première profession. Il fut élève
de Pietro Aaron , et publia les ouvrages suivants :
1° La illuminaia di tutti i tuoni di can to ferma,
con alcuni bellissinii secreti, non d'altrui
pmscnWi;Venise, Ant. Gardane, 1562, in-4o. —
20 jl Tesoio illuminato di tutti i tuoni dicanto
figurato, con alcuni bellissimi secreti, non
da altri piu scritti , nuovamente composta
del R. P. illuminato Ayguino Bresciano; in
Vcnezia, presso Gio. Varisco, 1581, in-4o. Cet
ouvrage est dédié au cardinal Louis d'Esté. Les
tifies des deux livres d'Aiguino semblent indi-
quer une diflérence entre les tons du plain-chant
et ceux de la musique mesurée; mais le contenu
des deux ouvrages démontre que dans le cliant
de l'église, comme dans toute espèce de musique,
la tonalité était identiquement la même au temps
où écrivait Aiguino. Dans le premier de ses ou-
vrages comme dans l'autre, l'auteur établit qu'il
y a huit tons, et dans tous les deux il explique
la formation de ces tons par les espèces de quartes
et de quintes dont ils sont composés et qui les
caractérisent. Le trésor illuminé de tous les tons
du cliant (iguré ne diffère du précédent ouvrage
<(ue par les chapitres, où Pauteur disserte sur
l'emploi des dièses et bémols accidentel!^ de la
musique harmonique, et par la partie de son
livre relative à la valeur et à l'emploi des signes
de la musique mesurée.
AIMON ( Paki'hile-Léopold-François), né
àl'lsle, déparlement de Vaucluse, le 4 octobre
1779 (l), reçut les premières leçons de musique
ée son père. Esprit Aimon, violoncelliste attaché
au comte de Ranlzau , ministre de Danemark.
Léopold fit des progrès rapides, et à l'âge de
dix-sept ans il dirigeait l'orchestre du théâtre
de Marseille. Il s'appliqua alors à l'étude des
partitions des meilleurs compositeurs italiens et
allemands : elle lui tint lieu d'un cours de com-
position plus sévère. Lorsqu'il se crut suffisam-
ment instruit, il écrivit vingt-quatre quatuors
t>our deux violons, alto et basse, et deux quin-
tettis pour deux violons, deux altos et violon-
celle; un de ces derniers a été gravé à Paris,
chez Jnnet, ainsi i\ue vingt et un quatuors.
En 1817, Aimon alla se fixer à Paris dans le
dessein de se livrer à la profession de composi-
teur dramatique. Son opéra des Jeux Floraux,
reçu à l'Académie royale de Musique au commen-
cement de 1818, fut représenté au mois de no-
vembre de la même année. La musique de cet
(i) Celte date est certaine. M. Ch. Gabeta été induit en
erreur lorsqu'il a fixé ( dans son Dictionnaire des artistes
de l'École française au dix-nniviéme siècle; Paris, loôi,
in-S" ) l'cpoque de la naissance de M. Aimon en i78b.
ouvrage fut trouvée faible et dénuée d'originalité.
A l'ouverture du Gymnase dramatique, en
1821, l'administration de ce théâtre s'attacha
M. Aimon , en qualité de chef d'orchestre. C'est
pendant la durée de son service qu'il a. composé
de jolis airs de vaudeville qui sont devenus po-
pulaires : celui de Michel et Christine a eu à
juste titre une vogue peu commune. En 1822, à
la retraite de Baudron, chef d'orchestre du
lliéàtre-Français, Aimon lui succéda. Après
avoir rempli ces fonctions pendant plusieurs an-»
nées, il y a renoncé, et a eu pour successeur
M. Barbereau. Depuis lors, Aimon s'est livré sans
réserve à l'enseignement, après avoir perdu
toutes les illusions de gloir* qui avaient charmé
sa jeunesse.
11 a écrit pour l'Opéra, Velleda, en cinq actes;
paroles de M. de Jouy ; Abu far en trois actes;
Alcide et Omphale, et les Cherusqiies ; pour
l'Opéra-Comique, les deux Figaros , paroles de
Martineili ; ces ouvrages n'ont point été repré-
sentés. Les compositions musicales qu'il a pu-
bliées sont : 1" Quintette pour deux violons ,
deux altos et violoncelle ; Paris, Janet. — 2° Trois
quatuors pour deux violons, alto et basse, œuvre
4" ; Paris, Hanry. — 3° Trois idem., œuvre 6^ ;
Paris, Momigny. — 4° Trois idem., œuvres 7"^, 8*,
9*; Paris, Heniz — 5" Trois idem , œuvres 43",
4€^; Paris, Pacini. — 6" Trois idem, œuvre 47^;
Paris, Janet. — 7° Trois idem, livre 4; Paris,
Frey. — 8° Trois nouveaux idem, livres 5-8, ibid.
— 9" Concertino pour le violoncelle ; Paris, Pa-
cini. — 10° Récréation pour deux violoncelles, cor
et piano, ibid. — 11° Solo pour la clarinette avec
accomp. de quatuor ou piano; Lyon, Arnaud. —
12" Premier et deuxième concerto pour le bas-
son; Paris, Frey. — 13° Quatuor pour le piano;
Paris, Pacini. — 14° Plusieurs œuvres de trios
et de duos pour le violon 15° Duos pour gui-
tare et violon, liv. 1-3; Paris Gaveaux.
M. Aimon s'est aussi fait connaître comme
écrivain sur la musique par les ouvrages dont
les titres suivent : r Connaissances prélimi-
naires de Vharmonie, ou nouvelle méthode-
pour apprendre en très-peu de temps à con-
naître tous les accords; Paris, Frey, 1813, en
trente petits cartons in- 12. — 2o Etude élémen-
taire de Vharmonie, ou nouvelle méthode
pour apprendre en très-peu de temps à con-
naître tous les accords et leurs principales
résolutions, ouvrage agréé par GreYry ; Paris,
Frey. Ces deux titres semblent indiquer le même
ouvrage. Une deuxième édition de V Étude élé-
mentaire d'harmonie a été publiée à Paris, en
1839; 3° Sphère harmonique , tableau des ac-
cords , une feuille grand raisin ; Paris, Collinet>
AIMOiN — ALARD
43
1827. — 4° Abécédaire musical, principes élé-
vientuires à l'usage des élèves, un vol. in-12;
Paris, Hachette, 1831.
AIROLDI (...), compositeur italien, a fait
ses études musicales au conservaloirc de Milan,
sous la ditection de Pietio Ray et de Vaccai.
Ses premiers essais de musique dramatique
ont été faits, je crois, depuis 1848 : ils consis-
tent en trois opéras, à savoir : 1° Don Grego-
fio neW imbarazzo, opéra-bouffe. — 2° Adriano
in Stria, opéra sérieux, et Statira Regina di
Persia. J'ai entendu le premier de ces ouvrages
à Venise, en 1850; son style facile et la verve
de quelques morceaux m'avaient donné bonne
opinion de l'avenir du jeune composileur : il ne
parait pas que mon espoir se soit réalisé.
AJOLLA (François), musicien, né à Flo-
rence dans les dernières années du quinzième
siècle. Poccianti, qui lui a donné une place dans
son catalogue des écrivains illustres de Florence,
dit que Ajolla fut applaudi en Italie et en France ;
il ajoute que ses compositions imprimées lui ont
procuré une brillante réputation; mais il n'in-
dique ni les titres de ces ouvrages, ni le lieu, ni
la date de leur impression , et Negri n'en dit pas
davantage dans son histoire des écrivains llo-
rentins, {Istoria de' Fiorentini scrittori, p. 181).
A'KEMPIS. Sous ce nom, on trouve parmi
les manuscrits de la bibliothèque Bodléienne,
à Oxford ( no 1957. 15), dans la bibliothèque de
Saint-Marc, àTenise, et dans quelques autres
grandes collections, un livre qui a pour titre :
Liber de Musica ecclesiastica. Ce titre est al-
légorique, et l'ouvrage dont il s'agit n'est autre
que le livre ascétique de l'Imitation de Jésus-
Christ, attribué à Gerson par quelques bibliogra-
phes modernes. ( Voyez Kemi-is. )
A'KEMPIS (Florent), organiste de Sainte-
Gudule à Bruxelles, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, a publié les ouvrages suivants de
sa composition : 1" Symplionix , unius, duo-
mm er trium vioUnorum ; Anvers, 1644, in-
fol. — 2o Sijmphonise , unius , duorum , trium,
quatuor et quinque instrumentorum , ad-
junctx quatuor instrumentorum et duarum
rocum, op. 2'^, ibid.; lC47,in-fol. — 3" Sympho-
nix, unius, duorum, trium, quatuor et quin-
que instrumentorum, adjunctce quatuor ins-
trumentorum et duarum locian, op. 3"; ibid.,
1649, in-lol.; — i° Missx et Motet ta octo vocum
cum basso continuo ad organum; ibid., 1650.
— 5" Missa pro Defanctis octo vocum. Cet ou-
vrage existait en manuscrit dans la maison de
Jeanïison,ou plutôt Tic/ion, maîlre de chapelle
des princes gouverneurs des Pays-Bas, ainsi
qu'on le voit par un invenlairc, daté du 21 août
1660, qui se trouve aux archives du royaume
de Belgique, à Bruxelles.
AKLROYD (Samuel), né dans le comté
d'Yorli, vers le milieu du dix-septiènie siècle, a
composé la musique de quelques chansons, qui
ont été insérées dans la collection anglaise inti-
tulée : Tlieater of music, publiée à Londres en
1685, 1686 et 1687.
ALA (Jean-Baptiste), compositeur et or-
ganiste de l'église des Servîtes à Milan, né à
Monza, dans le Milanais, vers la (in du seizième
siècle, et mourut à l'âge de trente-deux ans.
Gerber ( Neices hist. biogr. Lexikon der
Tonkiinstler) dit que ce fut en 1612; mais cela
paraît peu vraisemblable; car la date de tous
ses ouvrages est postérieure à cette époque.
Il a publié : lo Canzonette e madrigali a
due voci , lib. 1 ; Milan, 1617, in-fol 2° Con-
certi ecclesiastici , a una, due, tre e quattro
voci, Wh. l;Milan, 1618; lib. 2, Milan, 1621;
lib. 4, 1628. On ignore la date du troisième
livie. — 30 Armida abbandonata , madrigal à
quatre voix , et f Amante occulto, air à une et
deux voix; Milan, 1625, in-fol. — 4» Pratum
musicum variis cantionum sacrarumjloscu-
lis ; Anvers, 1634, in-4o, cinq parties. Ce sont
des motets à une, deux, trois et quatre voix, avec
basse continue. On y trouve aussi des motets
de quelques autres auteurs tels que Georges
Massaûs, Jacques Mollet, et Henry Libert
Grœen.
ALABIEFF (...), Russe de naissance, vit
en ce moment ( 1853 ) à Moscou , et s'y fait
remarquer par le charme et l'originalité de ses
mélodies sur des poésies nationales. Les rensei-
gnements manquent sur cet artiôte.
ALARD (Lambert), théologien protestant
et poète lauréat, naquit à Crempé, dans le
Holstein, le 27 janvier 1602. Après avoir achevé
ses études dans les écoles de sa ville natale et
au gymnase de Hambourg, il alla, en 1 62 1 , à Leip-
sick, où il obtintla place de précepteurdes enfants
d'un libraire fort riche , nommé Henning Cross.
Ses travaux du préceptorat ne l'empêchèrent pas
de cultiver les lettres avec ardeur, et ses succès
furent si brillants, qu'il obtint en peu de temps
le grade de bachelier, et que le laurier poétique
lui fut décerné dans le cours de l'année 1624,
par Mathieu Hoe, théologien de la cour de
Dresde. Ce début lui promettait une carrière
facile ; néanmoins, il échoua dans le projet qu'il
avait eu d'être professeur de philosophie à l'U-
niversilé, et cet échec le détermina à retourner
chez lui vers la Hn de la môme année. En 1625,
Holger Rosenkrantz, sénateur du royaume de
Danuei'.ik, envoja Lambert Alard à l'univer-
44
ALARD
site de Sora, en qualité 4e gouverneur de son
^ils; mais il ne garda pas longtemps ce posle,
■car peu de mois après il obtint le diaconat à l'é-
glise de Crempé , puis il fut collègue de son père
jusqu'en 1630. Il avait atteint l'âge de vingt-
huit ans, lorsque le roi Ciirétien IV lui accorda
la cure de Brunsbuttel , au village de Ditlimarre
sur l'Elbe. Il était âgé de plus de soixante-dix
ans lor.squ'il cessa de vivre, le 29 mai 1G72.
Lambert Alard avait été marié trois fois , la
première en 1626, la seconde en 1654, et la der-
nière en 1658. De ses trois femmes il avait eu
seize enfants, dont quelques-uns se sont distin-
gués dans les sciences et les lettres. Lui-même
fut un savant homme, qui se fit remarquer éga-
lement comme profond théologien , comme phi-
lologue et comme poète. De nombreux ouvrages
ont été publiés par lui ou laissés en manuscrit.
Parmi les premiers, on en remarque un relatif à
la musique, et qui a pour titre : De veterum
Musica Liber singularis. In fine accessit Pselli
sapientissimi musica, e cjrœco in latinum
sermonem translata. Sumplibus Henningi
■Grossi jun. Schleusingx, excusus typis Pelrt
Fabri, 1633, in-4o. Les recherches dont cet ou-
vrage est rempli démontrent que son auteur
iwsscdait ime érudition jieu commune; mais en
«lênie temps il fournit la preuve qu'Alard con-
naissait peu l'art sur lequel il écrivait. Vingt-
neuf chapitres composent tout le livre. Le pre-
mier reulèrme diverses définitions et des éloges
de la nmsique tirés d'Aristote , de Platon, d'Isi-
dore do Séville et de Censorin. Au second , l'au-
teur examine quel est l'objet de l'art. Le troi-
sième est relatif aux divisions de la musique sui-
vant la doctrine des anciens. Au quatrième,
Ja musique est considérée dans ses rapports avec
la physique, la métapliysique, l'astrononne et
l'arithmétique. Au suivant, l'auteur la considère
dans ses rapports avec l'éthique ou la philosophie
pratique; au sixième, avec la médecine et la
théologie, et enlin au septième, avec la poésie.
Au huitième, Alard examine les diverses opi-
nions des écrivains de l'antiquité sur la nécessite
de savoir la musique. Les chapitres neuvième et
dixième sont relatifs à la musique instrumentale;
îe onzième traite des intervalles; le douzième
-des modes; le quinzième, des effets de la mé-
lodie; le seizième, un des plus curieux, delà
puissance qu'a la musique de chasser le démon ;
les dix-septième, dix-huitième, dix-neuvième,
Tingtième, vingt et unième, vingt-deuxième, vingt-
troisième et vingt-quatrième, des diverses dis-
positions morales que la musique fait naître chez
i'homme ; le chapitre vingt-cinquième , de la
euusi(pie profane et divine; les suivants, de la
corruption de l'art, du meilleur usage qu'on
peut en faire , et des inventeurs de la musique
dans l'antiquité.
La version latine du traité de musique de
Psellus donnée par Alard est la meilleure qu'on
ait d« cet opuscule , dont le mérite est d'ailleurs
fort médiocre : on la préfère à celle qu'Élie Yi-
net a publiée à Paris, en 1557, in-S'^.
ALARD ( Delt'iun ), professeur de violon
au Conservatoire de Paris, et compositeur pour
son instrument , est né à Bayonne , le 8 mars
1815. Un penchant irrésistible pour la musique
se manifesta en lui dès ses premières années. A
l'âge de trois ans il suivait avec bonheur les
corps de musique militaire qui se rendaient sur
les places. Sou père , amateur passionné , encou-
ragea son penchant, et lui (it étudier la musique
vocale. Dès qu'il fut en état de lire à première
vue les solfèges de tout genre , on lui mit entre
les mains un violon véritable, au lieu de ceux
qu'il improvisait auparavant avec tout ce qui lui
tombait sous la main. Un professeur de quelque
mérite lui fit étudier de bonne musique; et ses
progrès furent si rapides, qu'à l'âge de dix ans,
il joua un concerto de Viotti dans une représen-
tation extraordinaire, au théâtre de Bayonne.
L'effet qu'il y produisit fut tel , que des amis de
sa famille engagèrent son pèie à lui faire conti-
nuer ses études musicales à Paris. 11 y arriva
environ dix-huit mois après, et fut admis, en
1827, à suivre le cours de violon de Habeneck,
comme auditeur. Une de ces circonstances inat-
tendues qui exercent souvent une grande in-
fluence sur le sort des artistes le fit admettre à
concourir pour le prix en 1829 ; car, au moment
de l'épreuve, le courage faillit à un élève de Ha-
beneck désigné poui' le concoui-s ; il se retira, et
Alard , qui avait étudié en secret le concerto d'a-
près les indications du maître, mais sans avoir
eu de leçons personnelles, se présenta , étonna
le professeur, et remplaça son condisciple au
concours. Sa témérité fut heureuse ; car le
deuxième prix lui fut décerné à l'unanimité; et
dans le concours de l'année suivante, il emporta
la palme sur tous ses concurrents, également par
une décision unanime du jury. Admis en 1831
dans le cours de composition de l'auteur de cette
notice , il le suivit pendant deux ans , jusqu'à
l'époque où le professeur donna sa démission
pour prendre la position de maître de chapelle
du roi des Belges et de directeur du Conserva-
toire de Bruxelles. C'est dans ces deux années
d'études que Alard a acquis la manière d'écrire
élégante et pure qui dislingue ses compositions.
Entré dans l'orchestre de l'opéra en 1831, il n'y
resta que deux années, parce qu'il voulut se pré-
ALARD — ALART
4.y
parer une meilleure position , en se faisant en-
tendre clans les concerts. Jouant en 1831 à la
Soci<?té (les Concerts, dans la salle du Coiiscr-
vatoire, la polonaise d'Habenock, en présence
de Paganini, qui venait d'arriver à Paris, ce
grand artiste loua beaucoup son talent, et ajouta
ces paroles remarquables : Si les élèves jouent
comme cela ici, comment donc doivent joner
les maîtres ? Dans un anirc concert on Alard
venait de se faire entendre," Paganini, qui déjh
éprouvait pour lui un vif seniiment de bienveil-
lance, lui lit don dn bouquet qui lui avait été
offert par une dame à son entrée dans la salle.
En 1840, Alard entra dans la musique du roi,
dont il devint premier violon, après la mort de
Baillot. Il remplaça aussi cet artiste illustre, en
1843, comme jjrofesseur de violon dans ce
même conservatoire où il avait commencé ses
sérieuses et fructueuses études seize ans aupa-
ravant. En ISnO, il a reçu le diplôme de cbeva-
lier de la Légion d'bonneur. 11 est anjom-d'bui
(1858) violon solo de la cbapelle impériale. Le
talent de cet artiste , parvenu à sa maturité, a
pour caractère distinctif rallianrc entre les qua-
lités classiques de l'ancienne et grande école
avec les innovations du mécanisme de l^aganini
et d'autres virtuoses de l'époque actuelle , par-
ticulièrement en ce qui concerne la main gaiicbe.
Grand musicien, nourri des beautés delà grande
musique, il est un digne interprète des œuvres
de Haydn, de Mozart et de Heetboven , et dans
le solo brillant, il a des bardiesses et des délica-
tesses qui semblent devoir le classer parmi les
violonistes d'exception destinés spécialement à
jouer dans les concerts. Quoique jeune encore,
il a beaucoup écrit pour son instrument avec
accompagnement d'orchestre, de quatuor ou de
piano. Ses œuvres publiées jusqu'à ce jour sont
celles-ci: t» V, S^eto^Fantaisiessurdestlièmes
01 iginaux, op. t , 4, 5. — 2" Fantaisie sur les thèmes
de Norma, op. 9. — 3» Idem sur/lM??a Bolena,
op. tl. — 4'» Idem sur Linda di Chamoumj,
op. 12. — 5" Idem sur Maria Padilla, op. 17.
.— 6° Idem sur la Favorite, op. 20. — 7o Idem
(Souvenirs île iMozart), op. 21. — 8" Idem sur Za
Fille du régiment, op. 28. — 9o Fantaisie ca-
ractéristique, op. 24. — 10" Premier grand con-
certo pour violon et orcbestre, op. 15. — 11° Sym-
phonie concertante pour deux violons piincipaux
et orchestre, op. 31. — 12" Six études pour violon
seul, dédiées à Paganini, op. 2. — 13o Dix études
avec accompagnement d'un second violon, op. to.
— 14" Idem op. 16. — 15" Dix études caractéris-
tiques avec accompagnement de piano, op. 18. —
Ifio Dix études dédiées aux artistes, op. 19. — 17°
l" quatuor pourdeux violons, altoet basse, op. 8.
— ISoTrois duoséiémentaires pour deux violon.s,
op. 22. — 19° Trois duos faciles pour deux vio-
lons, op. 23.— 20" Trois duos brillants pour deux
violons, op. 27. — 21" Grand duo pour piano et
violon, op. 25. — 22" Tarentelle pour piano et
violon, op. 14. — 23" Premier nocturne pour
violon avec accomp.de piano, op. 6. — ^k'' Souve-
nirs des Pyrdnce5,2'' nocturne, op. 13. — 25" Bar-
carolle et tarentelle, pour piano et violon, op. 2R.
— 1C)0 Élégie; mouvement perpétuel ; caprice, op. 7.
—27" Villanelle, op. 29. — 28" Le Désir, fantaisie
siu- un thème de Schubert, op. 30. — 29° varia-
tions brillantes , op. 3 — 30" École du violon,
méthode complète et progressive adoptée pour
l'enseignement dans le Conservatoire de Paris,
Cet ouvrage, dont le mérite est incontestable,
a obtenu le succès brillant et solide auquel il
pouvait prétendre. Il en a été publié des traduc-
tions en espagnol, en italien et en allemand.
ALARÏUS (IIitAmE VERLOGE, connu
sous le nom d' ), né à Gand, vers If84, vint h
Paris dans sa jeunesse , et fut élève de Forque-
ray pour la viole. Ayant été admis dans la mu-
sique du Toi comme violiste, il occupa celte
place pendant plusieurs années. Vers la fin Je
sa vie, il se retira dans sa ville natale, où il e?t
mort en 1734. H avait écrit la musique du bal-
let de La Jeunesse, qui fut reçu à l'Opéra en
t718, mais qui n'a jamais élé représenté.
ALART(SiMON)oDALAUD,contrapuntis»e
français du seizième siècle, naquit à Péronue, dans
la seconde moitié du quinzième siècle, et fut chan-
tre et chanoine de l'Église de Saint-Quentin.
Quentin Delafons dit de lui (1) : « Il vivait à
« Sôint-Quentin environ l'an 1530, ce que je
« juge, d'autant qu'il a fait faire les vitres des
« grandes croi.sées du portail l'Amoureux, aux-
« quelles vitres il est dépeint. » Le même écrivain
nous apprend qu'il fut enferré à Saint-Quentin,
dans tes bas-côtés du chœur de l'église collégiale ,
devant la chapelle de Saint-Georges. On lisait sur
sa pierre : Cij git vénérable personne maître
Simon Alard, natif de Péronnc, en son vi-
vant chanoine et chantre de l'église de céans,
et très passa le XVI T.... Priez Dieu pour le
repos de son âme (2). On trouve un motet de
sa composition dans la collection publiée à Ve-
nise, en 1549, sous ce titre : Fructus vagantur
per orbem, exccllcntissim. auctornm diversx
modul., lib. 1. L'Évangile à quatre voix de ce musi-
cien, Dum transisset sabhatum, se trouve dans
le recueil fort rare intitulé: Evangelia Dominico-
(i) Mss cité par >f. Ch. Gomart, dans ses Notes hhtori-
ques mir la maîtrise de ^aint-Qucntiv, p, »3.
(1) IjOC. cit.
46
ALART — ALBANÈZE
rum et festorum dierum , musicis numeris
putcherrime comprehensa et ornata quatuor,
quinque, sex etpluriiim vocum. Tomi sex, etc.
l\'oribergx, in officina Joannis Montant et
Vlrici Neuberi, 1554-1 550, in-4° obi. La com-
position (l'Alart est dans le premier volume de
la collection, sous le n" 27. C'est sans doute ce
même Alart ou Allaid qui figure comme mu-
sicien de la chapelle du roi de France Louis XII
( 1515) dans un compte de dépenses faites pour
les obsèques de ce prince, lequel se trouve aux
arcliives de l'empire, lettre K, n" 322.
ALARI ou ALARY, flûtiste du théâtre de
la Scala, a fait imprimer deux ouvrages de sa
composition. Le premier consiste en deux thè-
mes variés pour la flûte , Milan, Bertuzzi, et le
second en trois thèmes également variés, ibld.
Si cet artiste est père de celui qui est l'objet de
l'article suivant, son nom doit être écrit Alary.
ALARY (Jules), non Atari, est né de pa-
rents français à Milan, vers 1815 et il y a fait son
éducation musicale au Conservatoire, sous la di-
rection de Basilj.Son début dans la carrière de
compositeur dramatique fut l'opéra intitulé Ro-
samonda, qu'il écrivit pour le théâtre de la Per-
gola, à Florence, et qui fut chanté pour la pre-
mière fois le 10 juin 1840 par la Strepponi,
M'"^ Laty, Ivanhoff et Ronconi. Dès 1835 il
était arrivé à Paris et s'y était fait connaître
par une complainte sur la mort de Bellini, pu-
bliée dans la Gazette musicale de Paris, et
par plusieurs scènes lyriques exécutées arec
succès dans quelques salons aristocratiques. Dans
l'année suivante il reçut un bon accueil à Lon-
dres comme accompagnateur distingué et comme
professeur de chant. De retour à Paris, et trou-
vant dans les dii ecteurs de théâtres et de con-
certs peu d'empressement à faire entendre sa
musique, il en confia l'exécution à l'orchestre de
Jullien, qui faisait alors courir tout Paris au bou-
levard du Temple. Alternativement à Paris et à
Londres, il y donnait des concerts où il faisait
entendre, tantôt une symphonie, tanlôt une pièce
de chant, par exemple, sa jolie barcarole du Lac
de Como ; mais il ne parvenait pas à se faire une
véritable renommée de compositeur, nonobs-
tant le secours, quelquefois indiscret, que lui ap-
portait la presse. Cinq années se passèrent ainsi ,
après quoi Alary eut un engagement pour écrire
la Rosamonda. Les journaux parlèrent encore
d'un grand succès ; néanmoins l'ouvrage disparut
bientôt de la scène; et le compositeur parut dé-
couragé : car dix années s'écoulèrent ensuite sans
qu'il produisît aucun grand ouvrage. Ce ne fut
qu'au mois d'avril 1851 qu'il appela de nouveau
V'ittention sur lui par l'exécution , dans un con-
cert spirituel, de l'oratorio La Rédemption,
auquel on avait donné le nom de Mystère en
cinq ac^e5. Quelques bonnes parties furent signa-
lées par la critique dans cet ouvrage, et l'auteur
fut loué pour s'être élevé par la gravité de son
style à la hauteur de son sujet. Le Tre Nozze,
opéra bou ffe en trois actes, qu'il fit jouer au Théâtre-
Italien de Paris , présenta le talent d'Alary sons
un autre point de vue. On y trouva de la fa-
cilité, delà gaieté, de l'entrain, mais peu de nou-
veauté. On a publié de cet artiste : lo L'italia
à Bellini, chant à voix seule avec piano ; Milan,
Riccordi. — 2° Ninetta, ariette idem; Vienne, Me'
chetti. — 30 Sicilienne, idem ; Mayence, Schott.
— 40 Die Treuedes Erckarmers, idem; Bâle,
Knop. — 5° Eleonora, scène idem; Vienne, Me-
chelti. — 60 II lago di Como, barcaroUe, idem;
Mayence, Schott. Beaucoup d'autres pièces de
chant, et même quelques compositions pour le
piano, particulièrement des polkas et des valses.
Un autre artiste nommé Alary (A. F. ), peut-
être frère du précédent, vit à Milan, et s'y est
fait connaître comme pianiste et comme com-
positeur. Ses ouvrages publiés sont : 1» Diver-
tissements à quatre mains pour le piano, nos i^
2, 3, 4 ; Milan, Riccordi 2° Grande fantaisie
pour piano seul; ibid.
ALBANEZE ou D'ALBÎVAESE, sopra-
niste, naquit, en 1729, au bourg ô'Albano dans la
Poiiille, d'où lui est venu vraisemblablement son
nom ( Voy. Lalande , Voyage en Italie, tome 7,
page 196, 2"® édit.). Élève d'un des conserva-
toires de Naples, il vint à Paris en 1747, à l'âge de
dix-huit ans. Il fut immédiatement engagé à la
chapelle du roi, et devint premier chanteur aux
concerts spirituels, depuis 1752 jusqu'en 1762. Il
est mort en 1800. Les ouvrages les plus connus
de sa composition sont les suivants : lo Airs à
chanter, premier, deuxième ettroisièmerecueils;
Paris, sans date, in-4o, obi. — 2o Les Amuse-
ments de Melpomène , quatrième recueil d'airs
à chanter, môles d'accompagnements de violon, de
guitare, et de pièces pour ce dernier instrument, par
MM. Albanèse et Cardon; Paris (S. D.). in-4o.
— 30 Sixième, septième et huitième recueils d'airs,
avec accompagnement de violon et basse, in-40,
obi. — 40 La Soirée du Palais Royal, nouveau
recueil d'airs, avec accompagnement de clavecin,
in-40. — 50 Recueil de duos et d'airs, avec sympho-
nie,^ sans accompagnement, iri-fol. — 60 Recueil
d'airs et de duos à voix égales, avec basse continue,
œuvre 1 1""^; Paris, in-4o. _ 7o Soirées du Bois de
Boulogne , nouveau recueil d'airs, de chansons et
duos pour le clavecin, avec une ariette à grand or-
chestre et une pièce en pantomime; Paris, in'4°,
obi. — 80 Recueil de duos à voix égales, roniaa''cSf
ALBANÈZE — ALBENIZ
4r
branettcs et une cantate de Peigolèse (Or/eo),
tant avec accompagnement de clavecin que de
violons, alto et basse chilfrée; I^aris (S. D. ),
iij.foi. — 90 i,es petits Riens, nouveau recueil de
ciiansons et romances avec accompagnement de
piano ; l'aris, in-4o. — too Romances en dialogue,
avec accompagnement de piano et violon. —
110 Romances de Rosemonde, imprimée en
caractères mobiles d'Olivier, Les mélodies d'Al-
banèse ont eu longtemps en France un succès de
vogue justifié par leurs formes gracieuses et
par le sentiment naïf et tendre dont elles étaient
eJtipreintes. La romance charmante, Que ne
suis-je la fougère , est d'Albanèse : les paroles
avaient été composées par Riboutté, grand père
de l'auteur de VAssemblée de famille. Cette
romance est faussement attribuée à Pergolèse
dans le recueil des Chants populaires de la
France, publié à Paris par Delloye, 3 vol. gr.
jn-80 illusJré.
ALBAIXI (Mathus), fabricant de violons,
qui a eu de la réputation, naquit, en 1621, à
Botzen, ou Bolzano, ville du TyroJ. Il fut un des
meilleurs élèves de Sleiner. Gerber cile de cet
artiste un violon qui portait intérieurement ces
mots : Mathias Albanus JecU in Tyrol. Bul-
sani, 1654. Les instruments d'Albani occupent à
peu près dans le commerce de la lutherie le
même rang que ceux de Klotz, le père. Ses vio-
lons ont les voûtes de la table frès-élevées; son
vernis est d'im rouge tirant sur le brun. La troi-
sième et la quatrième corde ont le son nasal ;
la seconde a de la puissance et de la rondeur ; la
chanterelle a de l'éclat, mais en même temps elle
a de la sécheresse et manque de moelleux. Al-
bani mourut à Bolzen en 1673 ( Voy. Moritz Ber-
man, Œsterreichisches biographisches Lexi-
kon, tom. I, p, 69 ).
ALBAIXI (Mathias), fils du précédent, na-
quit à Bolzen, vers le milieu du dix-septième
siècle. Après avoir appris la facture des instru-
ments chez son père, et avoir travaillé dans les
ateliers de Crémone, il se fixa à Rome, et y fa-
briqua beaucoup d'instruments qui ont été esti-
més presque à l'égal des Amati. Gerber, qui l'a
confondu avec son père, cite de lui deux violons
qui ont appartenu au violoniste et compositeur
Albinoni , dont un perlait la date de 1702 , et
l'autre celle de 1709.
ALBAINI est aussi le nom d'un luthier qui
travaillait en Sicile dans la première moitié du
dix-septième siècle. Ses instruments ne portent
pas de prénom, et l'on ne sait rien de sa vie.
M. T. Forster, amateur anglais qui s'est fixé en
Belgique, et qui possède une nombreuse collec-
tion de violons do toutes les écoles, a parmi ses
instruments un petit violon dont le volume de
son est puissant , et dont la forme a de l'ana-
logie avec les vieux instruments allemands. Il a
pour inscription intérieure : Signor Amîani in
Palermo, 1633.
ALBANO (Marc), compositeur napolitain,
naquit dans la seconde moitié du seizième siècle.
Il s'est fait connaître par des madrigaux à cinq
voix, dont le premier livre a été publié à Naples,
chez Vitali, en 1616, et le second, chez le même,
en 1619.
ALBEiXIZ (Don Pedro), moine espagnol,
né dans la Biscaye vers 1755, fut d'abord maî-
tre de chapelle de la cathédrale de Saint-Sébas-
tien. En 1793 il passa à Logrono pour y remplir
les mêmes fonctions dans l'église cathédrale;
mais le séjour de cette ville n'ayant pas été fa-
vorable à sa santé, il retourna à Saint-Sébastien,
où il publia, en ISOO, une méthode de musique
avec des solfèges, ouvrage estimé en Espagne.
Très-laborieux et possédant une instruction so-
lide dans son art, le P. Albeniz a produit une
très-grande quantité de messes, vêpres, office
des morts, motets, Vilhancicos, etc., qui lui ont
fait une grande réputation dans toutes les pro-
vinces environnantes ; mais toutes ces composi-
tions sont restées en manuscrit. Albeniz mourut
à Saint-Sébastien, dans la soixante-sixième an-
née de son âge, vers 1821.
ALBENIZ (Don Pedho), pianiste, orga-
niste et compositeur espagnol, né à Logrono ,
danslaVieille-Castille, le 14 avril 1795, était fils
de D. Mathieu Albeniz, qui fut maître de cha-
pelle de l'église collégiale de Logrono , puis de
l'église Santa-Maria, à Saint-Sébastien. Le jeune
Albeniz fit ses premières études musicales sous
la direction de son père. Doué des plus heu-
reuses dispositions, ses progrès furent rapides.
A l'âge de dix ans il obtint la place d'organiste
adjoint de la paroisse de Saint- Vincent, dans la
capitale de Guipuzcoa. Peu de temps après ,
l'orgue de l'église Saint-Jacques de Bilbao étant
devenu vacant, la place fut mise an concours,
et Albeniz balança les suffrages accordés à un
organiste nommé Aguierra^ qui obtint l'emploi
et qui plus tard fut premier organiste de la ca-
thédrale de Jaen. Après avoir continué ses
études de composition, Albeniz se rendit à
Paris dans le dessein de perfectionner son talent
de pianiste par les leçons de Henri Herz. Il eut
aussi des conseils de Kalkbrenner avant de re-
tourner en Espagne. En 1828, il fut chargé de'
l'organisation et de la direction de la musique
pour les fêtes royales à l'occasion de l'arrivée du
roi et de la reine à Saint-Sébastien; puis il re-
tourna une seconde fois à Paris, noiir consulî«'p
48
ALBENIZ — ALBERGATI
l'auteur de cette notice sur un plan d'études de
composition pratique. L'âge avancé de son père
ayant obligé celui-ci à prendre sa retraite des
fonctions de maître de chapelle de l'église Santa-
Maria, la place lui fut donnée en 1829. Dans
le courant de l'année suivante , Albeniz fit un
voyage à Madrid avec le violoniste Escudcro :
ils y donnèrent quatre concerts, dans lesquels tons
deux obtinrent de grands succès. Appelés à
Aranjuez , où se trouvait la cour, ils y firent
applaudir leur talent, et le 7 juin Albeniz reçut
sa nomination de professeurde piano et d'accom-
pagnement au Conservatoire de musique de Ma-
drid, qui venait d'être institué par la reine Marie-
Christine. Fixé dans la capitale de l'Espagne, il
y contribua au progrès de la population dans la
musique. Le 27 octobre 1834 il ajouta à son
titre de professeur du Conservatoire celui de pre-
mier organiste de la chapelle royale. Le reste de
la carrière de cet artiste fut une succession
d'honneurs et de faveurs qu'il reçut de ses com-
patriotes et de la cour. En 1838, il fut nommé
vice-président de la junte directrice du Lycée
artistique et littéraire de Madrid ; deux ans après,
sa méthode de piano fut adoptée pour l'ensei-
gnement au Conservatoire, et le jury lui ac-
corda les plus grands éloges sur le mérite de cet
ouvrage; le 5 avril 1851, il reçut sa nomination
de maître de piano de la reine Dona Isabelle, et
de l'infante-Marie-Louise-Ferdinande; le 5 no-
vembre 1843, il eut le brevet de chevalier de
l'ordre d'Isabelle-la-Catholique ; et le 13 décembre
de la même année la grande croix de l'ordre de
Charles III lui fut décernée par la reine, en té-
moignage de satisfaction pour ses services ; enfin,
le 18 juin 1847, il reçut un nouvel honneur dans
sa nominalion de secrétaire de la reine.
Albeniz a eu le mérite de fonder en Espagne
l'école moderne du piano. Tous les pianistes
distingués qui se trouvent dans le pays et jusque
dans l'Amérique du Sud ont été ses élèves. Avant
lui, l'art de jouer de cet instrument était à peu
près ignoré des musiciens espagnols. Ce profes-
seur, dont le nom est en honneur dans toute l'Es-
pagne, est mort à Madrid, le 12 avril 1855, à l'Age
de soixante ans.Ses ouvrages, au nombre d'environ
soixante-dix œuvres se composent de variations ,
de fantaisies, etde rondos surdes thèmes d'opéras,
d'airs nationaux ou originaux pour piano seul,
pour piano à qustre mains, et pour piano avec ac-
compagnement de deux violons et violoncelle. Sa
méthode de piano, adoptée pour l'usage de l'en-
seignement au Conservatoire de Madrid, a été
publiée dans cette ville, en 1840. On a de lui des
études pour le piano, œuvres 56 et 60, ainsi que
quelques mélodies pour le chant.
ALBERGANTE (Ettore Sfxondino), iWo-
logien, orateur, poëte, naquit à Oméga, terre du
Milanais. Il enseignait les belles-lettres au col-
lège de Saint-Jules vers 1636. De là il passa à
Rome, où il fut secrétaire du cardinal Palotta,
puis de Pichi, archevêque d'Amalfi. Il fut en-
suite rappelé dans sa patrie par l'évêque Tor-
nicUo, qui le fit visiteur de son diocèse. Il mou-
rut le 10 octobre 1698. Au nombre de ses ouvra-
ges on remarque celui qui a pourtitre : Problema
academico sopra la musica; Como, 1656. Cet
écrit , qui n'est vraisemblablement qu'un opus-
cule, est devenu si rare , qu'on ignore quel est
son objet spécial. On a aussi de ce savant : Can-
zonette spirihiall e Terzettl, che si cantano
nellacittà d'Amalfi; Naples, 16i4.
ALBERGATI ( Pirro Capacelli), comte,
d'une très-ancienne maison de Bologne , vivait
vers la fin du dix-septième siècle et au com-
mencement du dix-huitième. Quoiqu'il fût
seulement amateur, il est compté parmi les
compositeurs distingués de son temps. Il a écrit
plusieurs opéras, entre autres Gli Amici, en
1699, et II Principe selvaggio, en 1712. Il a
puhlié aussi les ouvrages suivants : 1° Baletti ,
correnti, sarabande, e gighe a violino e vio-
lone, con il seconda violino a beneplacito,
opéra 1^ ; Bologne, 1682, réimprimé en 1685. —
2o Sonate a due violini, col basso continua
per l'organo, ed un altro a beneplacito per
teo7-bo,ovioloncello,operà2, 1683. — 3° Cantate
morali a voce sola, op. 3; Bologne, 1685. —
4» Messa e Salmi concertati ad una, due, tre
e quattro voci, con stromenti obligati e ri-
pieni, a beneplacito , op. 4 ; Bologne, 1687. —
5° Plettro armonico composta di dieci sonate
da caméra, a due violini, e basso , con vio-
loncello obbligato, op. 5,ibid., 1687 — 6° Can-
tate dacamera a voce sola, op. 6, ibid., 1687;
1" Giobbe, orfl/orio; Bologne, \&%^. — ^° Motetli
e anti/one délia B. M. V. a voce sola con
stromenti, op. 8 ; Bologne, 1691. — 8" Concerti
vari a tre, quattro e cinque, op. 9 ; Modène ,
1702. — 9° Cantate spirituali ad una, duee tre
voci, con stromenti, op. 10; Modène, 1702.
— 10° Inno e Antifone délia B. M. V. a voce
sola con stromenti ; Bologna , Silvani ,1715. —
lt° Cantate in pregio di Santa Maria à voce
sola, op. 6 ; Bologne 1717. — 12° Motetti con il
responsorio di S. Antonio di Padova, à 4 î;ocj,
op. 15; Bologna, Silvani, iUl. — iS" Cantate ed
Oratorio apiii voci, op. 17 ; Bologne, 1714. —
14° Messe e Litanie delta Beata Maria Yir-
gine, eTantum ergo a 4 voci op. 16; V^enezia
Ant. Bartoli, 1721. — \b<^ Cantate spii-itîiali a 1,
2 e 3 voci, opéra nona ; Modena, 1702, in-4°.
ALBERGHETTI — ALBERT
49
ALBERGHETTI (Bernard), chantre de
l'église Sainte-liarlMi, à Mantoue, vers le milieu
<lii dix-septième siècle , a fait imprimer de sa
composition : Missarum octo vocibus, opus 1"^;
Venise, Vinrenti, 1649, in-4°.
ALBERGHI ( Ignace ) ténor de demi-carac-
tère, brilla sur les théâtres d'Italie et à Dresde ,
dans les dernières années du dix-huitième siècle.
Uans l'automne de 17S2, il chanta au théâtre
San-Mosè, de Venise, la Casa rara, de Mar-
tini , avec Thérèse Siiggi Cappeletti. Trois ans
aj)rès, il brilla an théâtre de Dresde. On le re-
trouve au Fonda de Naples, en 1792. On ignore
si ce chanteur est le même artiste dont on exé-
cuta des vêpres en musique à l'église de Lugo,
en 1788.
ALBERIC, moine de Mont-Cassin , et car-
dinal, né à Trêves, vers 1020, vécut à Rome
depuis 1059. Il est mort dans la même ville en
llOG. Parmi ses écrits on trouve un dialogue X>e
Musica, dont le manuscrit se conservait dans
la bibliothèque des frères mineurs de Sainte-
Croix , à Floience. Cependant l'ouvrage n'exis-
tait plus à l'époque où Mazzuchelli écrivait son
livre sur l'histoire littéraire de l'Italie.
ALBERICI (PiKRKE-JosEpu), poète et com-
positeur, né à Orvietto, vivait au commencement
du dix-huitième siècle. Il a fait imprimer de sa
composition VEsilio di Adamo et di Eva dal
paradiso terrestre, dialogo per musica a
quattro voci; Orvietto, 1703, in-4''.
ALBERS (J...). On connaît sous ce nom
linit marches de parade et quatre pas redoublés
poin- le piano; Hambourg, Cranz.
ALBERT (le Grand), évêque de Ratis-
bonne et scolastiqne célèbre, de la famille des
comtes de Bolstedt, naquit à Laningen, en
Souabe, vers l'année 1193. Il lit ses premières
études à Pavie, et ne tarda pas à surpasser tous
ses condisciples. Le dominicain Jordanus, qui
lut un de ses maîtres, le décida à entrer dans
l'ordre de Saint-Dominique en 1221. L'étendue
de ses connaissances lui fit confier une chaire de
philosophie, et il se rendit à Paris pour y
expliquer la physique d'Aristote. Ensuite il alla
à Cologne, où il fixa sa résidence. Il fut élevé
successivement à la dignité de provincial de son
ordre, en Allemagne, et d'évêque de Ratisbonne;
mais il quitta son évêchéau boutdetrois ans, pour
retourner dans sa retraite deCologne, où il mourut
en 1280,âgédequatre-vingt-septans. La force de
son génie et ses vastes connaissances rélevèrent
beaucoup au-dessus de son siècle , et il serait
au premier rang parmi les philosophes , s'il
tût né dans un temps plus favorable au dé-
veloppement de ses facultés. On le considère
RIOCR. UNIV. DES MUSICIENS T. I.
comme le plus fécond polygrapho qui ait existé.
Une partie de ses œuvres a élé recueillie par le
dominicain Pierre Jamni, et publiée à Lyon, en
ICSl, en 21 volumes in-fol. ; ou y trouve un
traité De Musica, et un commentaire sur les
problèmes d'Aristote concernant la musique.
ALBERT ou ALBERTO, de Mantoue,
excellent luthiste , fut connu généralement en
Italie, dans la première partie du seizième
siècle, sous le nom de il Montavano ( Le Man-
touan),à cause du lieu de sa naissance. Quel-
ques pièces de cet artiste ont été insérées dans
un recueil très-rare qui a pour tilre : Intabo-
latura di Liuta da diversi can la Battaglia et
allve case bellissime, di M. Francesco da
Milano, in Vinegia, per Francesco Marcolini
da Forii, 1536, petit in-4° oblong. Albert de
Mantoue fut le contemporain et le rival de Fran-
cesco de Milan et de Marco del Aquila. ( Voyez
ces noms. )
ALBERT ou ALBERTO, de Milan, ha-
bile luthiste, vécut dans la première moitié du
seizième siècle. A celte époque, le luth était
l'instrument par excellence, non-seulement pour
l'accompagnement de la voix , mais aussi pour
l'exécution des pièces. Les Italiens, particulière-
ment les Milanais, se distinguèrent par leur talent,
soit comme exécutants, soit comme compositeurs
pour lehith. On trouve quelques-unes de leurs toc-
cales, fantaisies, saltarelleset pavanes dans un re-
cueil qui a pour titre : fntabolatura di Liuta de
diversi autori novamente stampata : et con
diligcntia revisla. Stampata ne la cita de
Milano, per Jo. Antonio Casteliono, al prinïo
de maggio 1536, petit in-4o oblong. Les auteurs
dont on trouve des pièces dans ce recueil sont
Francischo (sic) da Milano, M. (Maestro)
Alberto da Milano; M. Marcha {i^ic} da Ln-
quila; M. Jo. Jacobo Albutio da Milano,
M. Petro Paolo Borrono da Milano, et quel-
ques autres artistes moins connus, ou ano-
nymes.
ALBERT V, duc de Bavière, fils de Henri-
Guillaume IV et dri Marie-Jacques, fille du mar-
grave Philippe de Bade, naquit le 29 février 1528.
Ayant succédé à son père le 6 mars 1550, il gou-
verna la Bavière pendant vingt-neuf ans, et mou-
rut à Munich le 24 octobre 1579. Ce prince,
dont l'éducation avait été soignée, possédait des
connaissances étendues pour son temps. Il fut
un prolecteur zélé des arts et des lettres; la
musique et la peinture furent parliculièremeiit
encouragées dans ses Étids pendant sou règne.
Les plus célèbres musiciens belges du seizième
siècle furent appelés à sa cour ; à leur tête il
tant placer Roland de Lassus, pour lequel il
4
50
ALBERT
avait une prédilection particulière. Ce fut aussi
ce prince qui fonda la belle galerie de tableaux
qu'on admire encore aujourd'liui à Munich. Il y
a environ cinquante ans qu'on découvrit par
liasard dans les murs du château ducal des ar-
moires secrètes qui étaient restées inconnues
jusqu'alors ; l'une de ces armoires contenait un
coffre en fer, fermé de plusieurs serrures qu'on
ne put ouvrir qu'en les brisant, et l'on y trouva
une grande quantité de beaux manuscrits sur
vélin, ornés de peintures magnifiques, reliés en
velours et enrichis de fermetures du plus beau
travail en or et en vermeil. Ces manuscrits
avaient appartenu au duc Albert, qui les avait
fait exécuter par les artistes les plus habiles de
son temps. La plupart étaient des livres de tour-
nois et d'armoiries de la maison de Bavière; mais
parmi eux se trouvaient quelques volumes qui
contenaient des œuvres musicales de Lassus,
ornées de peintures d'une grande beauté etexé-
culées avec beaucoup de luxe. On trouvera à l'ar-
ticle de Lassus ( Roland de ) une description de
ces manuscrits, dont l'existence prouve le goût
passionné que le duc Albert avait pour la mu-
sique.
ALBERT (Henri), compositeur et poète,
naquit à Lobenstein, dans le Voigtland , le
28 juin 1604. Il étudia d'abord la jurisprudence
à l'université de Leipsick, et ensuite la musique
à Dresde. En 1626 il se rendit à Kœnigsberg,
où il obtint, en 1631, une place d'organiste. 11 est
mort dans celte ville, le 10 octobre 1651. Parmi
les cantiques qu'on chante encore en Prusse , il
s'en trouve quelques-uns qui ont été composés
par Albert; on cite entre autres celui-ci: Gott
des Himmels und der Erden. Ses airs sacrés,
qui ont paru d'abord en sept parties séparées, ont
eu un succès prodiijieux, et le méritaient. Reichardt
assure que toutes ses mélodies sontexcellenles.
Tel était l'empressement qu'on mettait à se les
proctuer, qu'un grand nombre d'éditions purent à
peine suffire à l'avidité du pu'olic, et que, malgré
les privilèges qui avaient été accordés à Albert
par l'empereur, le roi de Pologne, et le prince de
Brandebourg, il s'en fit deux contrefaçons à
Dant/ick et à Kœnigsberg, du vivant de l'auteur,
lequel se plaint amèrement de cette spoliation
qui le privait de la seule ressource qu'il eût
pour vivre. Après la mort d'Albert, plusieurs
éditions de ses airs sacrés furent encore publiées,
et Ambroise Profe les inséra dans le recueil de
mélodies qu'il publia à Leipsick en 1657, in-8".
Malgré toutes ces réimpressions , ces mélodies
sont aujourd'hui fort rares, et il est presque im-
possible de s'en procurer un exemplaire complet.
La première édition parut sous ce litre ; Poctisc/i
Musikalisches Lust-Waeldlein, das ist Arien
oder Melodeyen Etlicher theils geistlicher,
theils welUicher, zur Andacht, guien Sitlen,
Keuscher Liebe xmd Ehren-Lust dienender
Liedei: In ein Positiv, Clavlcembel, Theorbe
oder anderes VoUstmmiges Instrument zu
singen gesetz ( Forêt poético-muskale ou re-
cueil d''airs religieux et mondains, pour
chanter avec accompagnement d''orgue por-
tatif , de clavecin, de théorbe, etc. ); Kœnigsberg
(sans indication d'année), petit in-fol. C'est
probablement ce même ouvrage dont il parut
huit parties, et dont chacune a eu plusieurs édi-
tions. La première édition des huit parties a été
publiée par l'auteur lui-môme, en format in-
folio, depuis 1638 jusqu'en 1650. Chaque partie
a paru séparément; quelques-unes ont été réim-
primées quatre fois, d'autres trois : l'imprimeur
était Jean Reusner, de Kœnigsberg. Les titres
des diverses parties ont des variétés assez nom-
breuses, mais de trop peu d'importance pour
être rapportées ici. Première partie , Kœnigs-
berg, 1638, sept feuilles in-folio, réimprimée en
1642, dans la même ville. Deuxième partie, î6k/.,
1643, sept feuilles in-fol. La préface de cette
seconde partie contient de bonnes règles d'accom-
pagnement en neuf paragraphes. La troisième
partie à paru à Kœnigsberg, en 1644, sept feuilles
in-fol. On y trouve une bonne prc'ace sur l'exé-
cution musicale. La quatrième partie est datéede -
1645;la cinquième, de 1646;lasixième, de 1647;
la seplième, de 1648; et la huitième a paru en
1650, avec une double table de matières. Les
huit parties réunies ont été réimprimées en 1652
à Kœnigsberg; en 1657 h Leipsick; en 1659
dans la même ville; en 1676 à Kœnigsberg; et
enfin à Leipsick en 1687. On a de Henri Albert
un autre ouvrage à trois voix, en partition, avec
basse continue pour l'orgue ou autres instruments
(l'accompagnement : cette œuvre a pour titre :
Partitura oder Tabulatiir Henrich Albert's
musikalischer Kiirbshûtten mit drey Stim-
men , woraus selbige Stûcklein auff einem
Positiv oder Instrument, etc. ( Parlition ou Ta-
blature des berceaux de feuillage musicaux de
Henri Albert, à trois voix, etc. ). Sans indication de
lieu et sans date; 4 feuilles in-fol. Matlheson cite
aussi dans son Ehrenpfqrte {[>. 10") un traité
■ le contre-point manuscrit, sous ce tilre : H. Al-
berti traclatiis de modo conficiendi contra-
puncta. On présume que cet ouvrage n'est qu'un
extrait des préfaces de ses airs sacrés. Albert
a été indiqué sous le nom lYAlberti dans le
premier Lexicon de Gerber et dans le Diction-
naire historique de Choron et Fayolle.
ALBERT (Jean-Vuédéric), organiste de
ALBKRT — ALBERTAZZI
51
ia cour de Saxe et de la catliédrale de Mcrse-
boiirg, né à Tliuningen, dans le duché de Scliles-
wig, le 11 janvier 1642, (il ses premières études
au gymnase de Stralsnnd, Il y reiicouira le
maître de ciiapeile Vincenro Atbrici, que la reine
Cliiistine de Suède avait amené d'Italie «pielcuje
temps auparavant, et dont les ouvrages éveillè-
rent en lui le goût de la musique.
Après avoir fait un voyage en France et «n
Hollande, Albert se rendit à l'académie de Ros-
lock , où il lit un cours de théologie pendant
deux ans : il y prêcha même plusieurs fois,
La faiblesse de son organe l'obligea d'aban-
donner la tiiéologie, et il se livra à l'étude de la
jurisprudence. Après cinq ans d'études à l'uni-
versité de Leipsick, il fut en état de soutenir
deux tlièses publiques, La jurisprudence ne lui
fit cependant pas oublier la musique; il se
perfectionna dans cet art par les leçons de
Werner Fabricius, organiste de l'église Saint-
Nicolas.
Ses talents lui méritèrent l'attention de Chré-
tien I, duc de Saxe, qui le nomma orgahiste de
la cour et de la chambre, et l'appela en cette
qualité à Mersebourg, avec promesse d'avoir soin
de sa fortune. Albert accompagna, peu de temps
après le duc dans un voyage qu'il fit à Dresde,
ïl y retrouva Albrici, son pftniier maître, qui
.venait d'arriver de France, pour prendre posses-
sion de ia charge de maître de ciiapeile que l'é-
lecteur lui avait conférée. Albert prit de lui des
leçons régulières tant de composition que de
clavecin, et le récompensa magnifiquement. A
son retour de Dresde, il se livra à la composi-
tion, et écrivit beaucoup pour l'église, l'orgue et
le clavecin ; mais aucun de ses ouvrages n'a été
publié. La Bibliothèqueimpériale, à Paris, possède
en manuscrit un Libéra à quatre parties de la
composition d'Albert. Waltlier cite avec éloge un
recueil de douze ricercari pour l'orgue, de sa
composition. Par suite d'une forte apoplexie,
Albert devint paralytique du côté droit, ce qui
le mit hors d'état d'exercer la musique pendant
les douze dernières années de sa vie. Il mourut
(e 14 juin 1710, âgé de soixante ans.
ALBERT (Jean-Frédé«ic ) , recteur à
Nordhausen dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle, a fait imprimer une dissertation
sur la nécessité de joindre la musique aux étu-
des littéraires, sous ce litre : De Jucitnda artis
musicx Conjunctionc cum literarum studio;
Nordhausen, 1778, une feuille et demie, in-4o.
ALBERT (M™* Aucustlne), connue d'a-
hord sous le nom de M'ie Himm , avant qu'elle
eût épousé Albert, danseur de l'Opéra, est née à
Paris le 28 août 1791. Admise d'abord comme
élève pour lesolfége au Conservatoire de musique,
le 15 vendémiaire au X, elle devint, au mois de
février 1803, élève de Plantade pour le chant;
le premier prix lui fut décerné l'année suivante.
Les leçons qu'elle a reçues de Crescentini, lorsque
ce grand chanteur fut attaché à la musique de
Napoléon , ont achevé de former son talent, et
A'an faire une cantatrice distinguée. En 1806,
elle a débuté à l'Opéra avec succès et a été
attachée au théâtre de la cour et à la chapelle
impériale. Fatiguée par le réjHîrtoire de l'Opéra,
la voix de M"'" Albert a peidu de bonne heure
une partie de son éclat et de sa justesse, et,
quoique jeune encore , elle s'est retirée de l'O-
\)én\ et n'a conservé que son emploi à la chapelle
du roi. Après 1830, elle s'est retirée à Versailles.
ALBERT (François-Auguste -Charles-Ek-
MANUEi-), prince de Saxe-Cobouig, époux de la
reine d'Angleterre Victoire I", né le 26 août
1819, marié à Londres le 10 février 1840, a cul-
tivé avec goût la musique dès sa première jeu-
nesse. Après avoir commencé l'étude de cet art
à la cour de son père , le duc alors régnant de
Saxe-Cobourg, ce prince la continua à Bruxelles
pendant son séjour à la cour de son oncle, le
roi des Belges I^éopold i*\ Le chant et la com-
position sont les parties de l'art dont il s'est oc-
cupé de préférence. Phisieurs antiennes , un Te
Deum, un Jubilate, un Sanctus, et des Répons,
composés par lui, ont été exécutés à diverses,
époques dans les chapelles royales du château: ;
de Windsor et de Londres. Le prince Albert a .ci)
écrit aussi des mélodies pour voix seule» ïletïK
Glees, et des morceaux dédiant à plusieurs voix_,]u
pour les concerts de la cour. On a publié troisr ■•
suites de chansons et de romances composées .
par lui, à Ronn, chez Simrock.
ALBERTAZZI ( Alexajsdue ), compositeur
et professeur de piano, né en 1783, à Stagne,
dans le Parmesan, reçut les picmières notions
de musique à Parme du P. Gius. Valeri, carme'
milanais, et passa ensuite sous la direction de
Vr. Forlunati pour le chant et le contre-point.
Ses compositions pour l'église sont estimées ; on
connaît aussi de lui un opéra intitulé : GliAmanli
raminghi, et beaucoup de musique de piano. Il
est \\\é à Gônes.
ALBERTAZZI ( M"'^ Emma), née à Lon-
dres le 1*"^ mai 1814, était fille d'un professeur
de musique, nommé Howson. On lui fit d'abord
étudier le piano, et elle parut destinée à cultiver
cet instrument; mais, lorsqu'elle eut atteint l'âge
de quatorze ans, sa voix se développa avec une
précocité rare, et peut être se liâta-t-on trop de
l'exercer. Le professeur Costa lui donna les i)re-
mières leçons de l'art du chant, et à peine avait-
fi.
d2
ALBERTAZZI — ALBERTI
elle commencé à poser le son et h faire les pre-
miers exercices, qu'on la fit débuter dans un
concert donné à Argyll-Roms. L'année suivante
(1830), on la mit au Théâtre-Italien (King's
Théâtre ), et elle y eut on engagement pour
quelques rôles de contralto, entre autres celui de
Pippodans La Gazza-Ladra. Peu de mois après,
elle partit pour l'Italie avec son père. Elle y eut
un engagement pour le théâtre de Plaisance. Ce
fut dans cette ville qu'im avocat, nommé Alber-
tazzi , en devint amoureux et l'épousa , avant
qu'elle eût atteint sa seizième année. A cette
même époque, Celli, compositeur dramatique et
bon professeur de chant , se chargea d'achever
son éducation vocale, et lui fit faire de bonnes
études de vocalisation pendant une année. Elle
débuta, en^832, au théâtre de la Canobbiana,
dans VAdelina de Generali ; puis elle fut engagée
an théâtre de la Scala, pour les rôles de contralto.
Elle y chanta dans plusieurs ouvrages avec
M'"* Pasta, qui l'encourageait et lui donnait
des conseils. Appelée à Madrid au commence-
ment de 1833, elle y brilla pendant deux ans et
acquit de l'aplomb et de l'expression dramatique.
V.n 1835 on lui offrit un engagement au Théâlre-
Italien de Paris , où se faisaient alors et se dé-
faisaient les réputations de chanteurs. M"'^ Al-
bertazzi n'eut qu'à se féliciter d'avoir accepté
les propositions qui lin' avaient été faites; car
cette époque fut la plus belle de sa carrière.
Pendant trois ans elle chanta alternativement à
Paris et à Londres sur les deux Théâtres-Italiens,
et toujours avec de beaux succès. En 1838 elle
accepta un engagement au théâtre de Drnry-
Lane pour y chanter ia Gazza-Ladra, traduite
en anglais : elle y excita un véritable enthou-
siasme; mais, bientôt après, sa voix commença à
se ressentir de l'imprudence qu'on avait faite en
la faisant chanter trop tôt. Le mal fit d'assez
rapides progrès. Ses succès an théâtre furent
d'abord douteux. Elleespéra guérir de cette affec-
tion par le séjour de l'Italie; mais ces maladies
de l'organe vocat sont toujours sans remède.
Elle chanta encore à Padoue, à Milan, à Trieste;
mais elle n'était plus que l'ombre d'elle-même
De retour à Londres en (846, elle y chanta pour
la dernière fois ; et une maladie de langueur qui
la minait la conduisitau tombeau, dans le mois
de septembre 1847.
ALBERTI (CnRÉTiEN-EnxEST -Rodolphe ),
professeur de chant, d'origine italienne, se ren-
dit en Russie vers 1833, puis se fixa, en 1835, à
Dantzick, en qualité de directeur d'une société de
chant. Troisannées plus tard il était à Berlin, où il
publia son troisième recueil de clianls, composé île
^ix mélodies pour bariton, et intitulé : Der Kiie-
ger (Le Guerrier ). En 1846, cet artiste paraissait
établi définitivement à Marienwerder, ville de la
Prusse occidentale , où il a publié im écrit qui a
pour titre : DieMusik inKircheundSclmle{ La
musique dans l'église et à l'école) ; Marienwer-
der, Baumann, 1845, in-8". Le quatrième recueil
de chants d'Alberti intitulé : Der Liebe Lust
undLeide (Les Plaisirs et les Peines de l'Amour)
a paru à Berlin, chez Bote et Bock, et les cin-
quième et sixième recueils, contenant chacun
cinq chants, ont été publiées chez Wagenfiilir,
dans la même ville.
ALBERTI (Jean-Frédéric). Voyez Al-
bert ( Jean-Frédéric ).
ALBERTI (Gaspard), compositeur napo-
litain, et rîligieux de l'ordre de Saint-Augustin,
vécut dans la première moitié du seizième siècle.
On connaît sous son nom : 1° Il primo libro
délie messe , dal proprlo uiitore novamente
poste in luce; Venetia, app. Hieronimo
Scotto, 1549, in-4°. Ce recueil contient la messe
à quatre voix intitulée : Quxramus cum pasto-
ribus; la messe à cinq voix : Italia mea, et la
messe à cinq voix Dormandhm giorno a Baia.
ALBERTI ( Innocent), musicien au service
du duc Alphonse de Ferrare, dans la seconde
moitié du seizième siècle, naquit à Tarvisio, en
Illyrie. 11 est connu par une collection de ma-
drigaux à cinq voix de sa composition qui se
trouve en manuscrit autographe dans la collec-
tion du MMse'MW britannique, sous les n°* 36-40
de l'ap|)endice. Cet ouvrage a pour titre : Anno
Domini MDLXVIII. Pro illuslrissimo ac
excellentissimo Domino Henrico Comiti de
Arundelle, Quadraginta et sex cantiones in
italica lingua (quod vxilgo vacant Madrigali)
ad quinque voces , composifo ab Innocent io
Alberti de Tarvisio, in presentiarum musico
illustrissimi ac excellentissiml Principis Do-
mini Alphonsi, Diicis Ferrarix , et ab illo
notate ac scripte, anno superscriplo.
ALBERTI ( Joseph-Mattuieu), violoniste
et compositeur, né à Bologne, en IG85, fut élève
de Charles Manzolini pour le violon, puis de
Pierre Minelli. Florian Aresti lui enseigna ensuite
le contre-point. Ses études terminées, il se fit
connaître par son talent et obtint l'emploi de
premier violon à l'église Saint- Pétrone. En 1714
l'Académie des Philharmoniques de Bologne l'ad-
mit au nombre de ses membres, et il en fut prince
en 1721. Le premier œuvre de sa composition,
intitulé Concerti a sci , a été publié à Bologne
en 1713. Son second œuvre, consistant en douze
sonates pour violon seul, avec accompagnement
de basse continue pour le clavecin, a par» dans
la même ville en 1721. Enfin, l'œuvre troisième,
ALBERTI
53
qui conlient douze symphonies pour deux violons,
viole, violoncelle et orgue, a été publié en 17 20.
Ces trois ouvrages ont été réimprimés à Ams-
lenlam.
AUJERTI ( PiETRo), autre violoniste italien,
ronteniporain du précédent, était attaché au
service du prince de Carignan, frère du duc de
Savoie, Victor-Amédée II, et vint avec son
maître à Paris en 1697, pour le mariage de la
duchesse Marie-Adélaïde de Savoie avec le
duc de Bourgogne. H y eut alors un concert à
Versailles, où Alberti eut l'honneur de jouer du
violon en présence de Louis XIV {Notes via-
iutscriles de Boisgelou ). On a imprimé de la
composition de cet artiste : Sonate a tre,
opéra P; Am>lerdam, Roger, 1700.
ALBERTI (Dominique ), amateur de mu-
sique, chanteur habile et compositeur, naquit à
Venise, vers 1717, et fut élève de Bifli et de
Lotli pour le chant et pour le contre-point. Doué
d'une organisation musicale aussi remarquable que
précoce, il acquit en peu de temps une hahilolé
extraordinaire dans l'artdu chant etsur lecla-
vecin. La Borde rapporte [Essai sur la Musique,
tome III, p. 161) qu'Alberti alla en Espagne, en
qualité de page d'un ambassadeur de Venise; qu'il
étonna par sa manière de chanter le célèbre Fari-
nelli, lequel se réjouissait de ce qu'Alberti n'était
qu'un amateur; car, disait-il, j'aurais eu en
lui lin rival trop redoutable. Si l'anecdote est
exacte, Alberti dut être entendu par Farinellià
la fin de 1736, au moment où celui-ci arrivait en
Espagne; car dans l'année suivante, le jeune vé-
nitien était à Rome à la suite du marquis de
Molinari. Ce fut dans cette ville qu'Alberti
commença à se faire connaître par ses composi-
tions pour le chant et le clavecin. En 1737, il mit
en musique V Endimione de Métastase, et quel-
que fem|)s après la Galaiea du même. On lui
attribue aussi la comi)osition de V Olimpiade ,
dont la poésie était alors dans sa nouveauté;
mais il ne paraît pas que cet ouvrage ait été
représenté. Le talent facile et plein de verve
du jeune dilettante excitait à Rome un vé-
ritable entho>isiasme parmi les artistes et les
amateurs ; rien , dit-on , n'égalait les grâces de
son chant et de son jeu sur le clavecin. Suivant
les allures libres et fantasques de son temps en
Italie, il se promenait souvent le soir dans les
rues de Rome, chantant et s'accompagnant sur
une guitare ou sur un théorhe , et suivi d'une
foule qui l'applaudissait avec frénésie. Le temps
u.se vite quelquefois ces organisations d'élite :
Alberti mourut très-jeune à Rome, objet des
regrets sincères de la population de cette ville.
.\u nombre de ses ouvrages étaient trente-six
sonates pour le clavecin, dont le manuscrit étail
gardé avec soin par un amateur de Milan, (|ui
ne voulut Jamais s'en dessaisir. Cependant on a
gravé à l'aris huit sonates sous ce titre : Otto
sonate per il cembalo solo, dut signor Dôme-
nico Alberti, dilettante, opéra prima.
ALBERTI ( FrAlNçois), né à Faënza, vers'
1750, vint à Paris en 1783, et s'y lixa, comme
professeur de guitare. Il y a publié : 1° Trois
duos pour guitare et violon, œuvre 1*, Paris,
1792.-2° Recueil d''airs choisis et air de Mal'
brough varié pour guitare , œuvre 2^; Paris ,
1792. — 3" Méthode pour la guitare, con-
tenant des sonates, ariettes, variations, cic;
Paris, Lacombe, 1796. Dans le catalogue de
musique de Joseph Benzon, à Venise, imp.
en 1818, on trouve ( p. 4 ) un ouvrage manus-
crit qui a pour titre : Principj con lezioni per
la chitarra, grammatica prima. Il est vrai-
semblable que l'auteur de ces principes est le
même que François Alberti; ce qui pourrait faire
croire qu'il est retourné en Italie.
ALBERTI (Le Comte d'), amateur de mu-
sique distingué, né en Lombardie vers 1820, a
publié à Milan, chez Riccordi, les ouvrages sui-
vants de sa composition ; 1" Réminiscences de
la Prigione d'Edinburgo de F. Ricci, divertis-
sement pour le piano. — 2° Trois motifs de la
Lucia di Lammermoor, pour piano, n°' 1,2, 3.
— 30 Réminiscences de l'opéra Corrado d'Alla-
mura, de F. Ricci, pour le piano. — 4° Tu ne
saurais m'oublier, romance avec accompagne-
ment de piano. — 5° Fanciullaamabile; can-
zonctte avec piano. — 6° Clara , ballade avec
piano.
ALBERTI (Celso), ou selon d'autres no-
tices Alberto Celso, chanteur médiocre, né en
Toscane, a publié, sous le voile de l'anonyme un»
satyre mordante contre la célèbre cantatrice
Pasta, dont le talent avait produit peu d'effet
au théâtre Carcano de Milan en 1829. Cette
pièce a paru sous le titre suivant : Giuditta
Pasta al Carcano, Poema eroi-comico in sesta
rima. Canto primo. Milano, presso Pirotta,
1829,in-12. Le second chant était à l'impression,
quand l'autorité fit saisir le manuscrit et en dé-
fendit la publication. Alberti chanta dans l'année
suivante à la foire de Monza, et y fut sifllé comme
auteur de cette satire. Un autre petit poëme a
été publié à Milan, chez Pirotta, in-12, en 1829,
sous ce titre : Il Tenore David à Milano, Ses-
tino di Alberto Celso. On m'a dit à Milan que
le chanteur Alberti, ou Celso , n'était pas l'au-
teur de ces écrits , et qu'un jeune prêtre, ama-
teur de musique et de théâtre, s'était caché
sous son nom.
54
ALBERTINI — ALBLNOINI
ALBERTINI (François), prêtre florentin,
docteur en droit canon , et célèbre anti(]iiaire,
né vers la fin du quinzième siècle, florissail en
1510. A cette époque, il se rendit à Rome, où il
fut chapelain du cardinal de Sanla-Sabina. Parmi
ses ouvrages on rompte nu traité DeMusica,
♦jui est resté manuscrit, et qin', suivant Mazzu-
clielli, doit se trouver dans quelque bibliothèque
de Rome.
ALBERTIIVI (Ignace ), Milanais, compo-
siteur de musique instnimentale, vivait sous le
rèf;ne de l'empereur Léopold T"", à qui il dédia
un œuvre de douze sonates pour violon. Cet
ouvrafje a été publié à "Vienne, en 1690.
ALBERTINI (JoACHiii), compositeur ita-
lien et maître de chapelle du roi de Pologne,
était à Varsovie en 1784. Il (it représenter l'o-
péra semi-se?ia 11 Don Giovanni, et un inter-
mède en langue polonaise intitulé : le Maître
de chapelle polonais. Les opéras de sa com-
position les plus connus sont : 1° Circe, repré-
senté à Hambourg, en 1785 20 Virginia, opéra
séria ; Rome, 1780 3" Scipione A/ricano,b
Rome, en 1789. Les événements politiques de
)a Pologne obligèrent ce maître à se réfugier
en Italie; mais son style avait vieilli; il y eat
peu de succès, et fut obligé de se livrer à
l'enseignement du cliant. En 1804 , le prince
PoniatowsRi le rappela à Varsovie, pour l'ins-
truction musicale de ses enfants. Albertini alla
s'y fixer avec sa famille. Il était alors âgé de
soixante ans. H mourut dans celte ville, au
mois (l'avril 1811.
ALBERTUS VENETUS, dominicain, qui
vivait dans le seizième siècle , est cité par les
PP. Quétif etÉchard (.Scri/». ordin. Prsedicat.,
tome 2, p. 126) comme aulcur d'un Compen-
diiim de arte musices, qui est resté manuscrit.
Il est vraisemblable que son nom était Alberti ,
et sa patrie Venise.
ALBESBY (....), clarinettiste français,
fut attaché vers 1795 à l'orchestre du théâtre
de la Cité à Paris. On a de lui : Premier con-
certo pour la clarinette ; Paris, Sieber.
ALBEST ( Raimond Kaan , chevalier i>' )
officier dans un régiment de hussards hongrois
nu service de l'empereur d'Autriche, est né à
Vienne, en 1802. Élève de Mayseder pour le
violon, il est un des amateurs les plus distingués
de l'Allemagne sur cet instrument. Dans les
voyages qu'il a faits en Italie , il s'est fait enten-
dre chez quelques personnes de la haute société,
et a toujours [«oduit une impression très-agréa-
ble par son talent. En 1844, il était à Salzbourg
4't y joua dans un concert pour le monument de
iMoxart. On a publié de sa composition à Vienne.
une Polonaise ponr le violon et des varia-
tions de bravoure, avec accompagnement d'or-
chestre.
ALBETTI ( Joseph ) , chanoine de l'église
cathédrale de Modèiie, vers le milieu du dix-
huitième siècle ( suivant les renseignements
qui m'ont été communiqués par M.Lanzi, savant
bibliographe), a publié, sans y mettre son nom,
un petit écrit intitulé : Lcttera contra il cunto
in conlrappunto ne funerali, ed il lungo giro
de funerali slessi; in-l2, sans nom de lieu,
d'imprimeur, et sans date. (Voy. Di^ion. di opère
anon. e pseud.diScrittori italiani, da G. M.
t. 2, p. 85 ).
ALBI, musicien (ie la cl)a|)elle de Louis XII,
roi de France, dont le nom figure dans un
compte de dépenses faites aux obsèques de ce
prince; lequel se trouve aux archivesdu royaume,
lettre K, no 322.
ALBICASTRO (Henri ), dont le vrai
nom était WeissEiNBURG, naquit en Suisse vers
la lin du dix-seplième siècle. 11 servit eu Espa-
gne dans la guerre de la Succession. On a pu-
blié à Amsterdam , chez Roger, les ouvrages
suivants de sa composition : lo Sonates à tro'S
parties, op. l*^"". — 2° Quinze sonates à violon
seul et basse, op. 2*. — 3" Sonates pour violon,
violoncelle et basse, op. 3*. — 4° Sonates à trois
parties, op. 4®. — 5° Sonates à violon seul et
basse, op. 5*. — Çfl [dern., op. 6^. — 70 Concer-
tos à quatre parties, op. 7". — 80 Douze so-
nates à trois parties, op. 8e. — 90 Sonates pour
violon cl violoncelle.
ALBI]\Ï (Felice), compositeur romain,
vécut dans le première moitié du dix-septième
siècle. Il s'est fait connaître par les ouvrages
dont voici les litres. !« // primo libro de mtisi-
callconctrti. Roma, ap. Rohietti, 1G25. — l" Il
secondo libro de' musicali concerti, ibid., 1620.
Un autre musicien du nom (VAlInni ( Vin-
cenzo ), parait avoir vécu, vers la fin du dix-
huitième siècle, à Vienne, où il a laissé en manus-
crit des Trios pour deux violons et violoncelle^
indiqués dans le catalogue de Traeg; Vienne,
1799.
ALBIIVONI (Thomas), compositeur drama-
tique et habile violoniste, né à Venise, dans la
seconde moitié du dix-septième siècle, a écrit un
grand nombre d'opéras qui ont été presqire tous
représentés dans sa ville natale. Les cirxons-
tances de sa vie sont ignorées, et l'on ne sait pas
même quelle fut la direction de ses études comme
instrumentiste et comme compositeur. A l'égard
du mérite de ses ouvrages, l'examen que j'ai
(ait de quelques-unes de ses partitions m'a dé-
montré ipic son style est sec, ses idées fades eu-
ALBINONl — ALBINUS
55
triviales, et l'expression des paroles de la plu-
part de ses opéras à peu près nulle. Cependant
ses compositions ont eu du succès dans leur nou-
veauté. Ces ouvrages ont pour titre : 1° Pal-
merini ; 1694. — 2° Il Prodigio deW inno-
cenza; 1695. — 2" Zenone, imperator d'O-
rienté; 1G96. — 4° Tlgrane, re d'Armcnia;
1697. — 6° Endamisto; 1698. — 6o Pri-
niislas I , re di Doemica; 169S. — 7° Vln-
(jratudine castigata; 1698. — s» Diomede
punilo da Alcide; 1701. — 9° Vlnganno inno-
cente; 1701 IQo VArte in garaçon Varie;
1702. — 11" Z,a Fede tra gli inganni; ilQl.
— 120 Astarle; 170S. — 13» Il Tradimento
tradito; 1709. — 14° Ciro riconosciiilo; 1710.
— 350 GiHsthia (à Bologne); 1711. — 16» //
Tiranno Eroe ; 1711. — 17o Le Gare gcnerose ;
1712. — • 180 Eiimcne; 1717. — 19" Il Me-
leagro; 1718.— 20" Ainordi ft g lio non conos-
cliito; 1716. — 210 Cleomenc; 1718. — 22o di
Ecce.ssi délia gclosia; 1722. — 23" Ermin-
gurda; 1723. — 24o Marianna; 1724. — 25°
Laodicea; 1724. — 26o Anligono tutore; 1724.
— 27° Scipione. nelle Spagne; 1724. — 28" Di-
done abandonata ; 1725. — 1^° Alcina dcliisa
da Riiggiero; 1725. — Zoo II Trionfo d' Armida ;
1726. — 31° L'Incoslanza schcrnita; {'ill. —
32" La Gn'selda ; 1728.— 33" Il Concilio dei pia-
iictti; 1729. — 340 L'Infedelta delu.sa ; 1729.—
34" Idue Rivait in amore; 1728.— Zù'^Statira;
1730. — 370 Gli S/ratagemmi amorosi ; 1730.
— 380 Elenia ; 1730. — 39o Ardeliiida; 1732.
— 40o Gli avvenimenti di Ruggiero; 1732.
-ilo Candalide; 1734. — ^2" Ar (amené; 1741.
Je trouve dans les notes manuscrites de leu M. De
Boisgelou, qu'Albinoni avait déjà écrit, en 1690,
conjointement avec Gasparini , un opéra d'En-
gelberla, qui lut joue à Venise, et dont la parti-
lion se trouve à la bijjliotlièque royale de Ber-
lin, ainsi qu'un Magnificat à quatre voix et ins-
truments, eu .soi mineur, du môme auteur.
Albinoni a écrit aussi beaucoup de musique ins-
trumentale. 11 montrait plus de talent en ce genre
que dans l'opéra ; on i-emarque <lans ses so-
nates,et surtout dans ses balleti da caméra, un
certam charme et une bonne facture que n'au-
rait pas désavoués Corelli. Ses principaux ou-
vrages de musique pour les instruments sont :
1» Dueedieci sonate a tre, op. 1*'. — 2° Sin-
fonie a sei e selle, op. 2^; Venise, 1700. — 3o
Dieci edue balletti ossia sonate da caméra a
tre, op. 3^. — 40 Douze concerts à six ins-
tniments, op. b". — 5° Douze concertos pour
haulbois et violon, op. 7". — 6» Douze ballets
pour deux violons , violoncelle et basse, op.
8". — 70 Douze concerts à deux hautbois, alto,
violoncelle et orgue,op. 9'. Onconnaitaussidece
musicien: Doiizecantates àvoix seuleet basse ,
op. 4^.— Trattenimenti rfacamero, consistant
en douze cantates à voix seuleet basse , op. 6*.
ALB1IXUS , écrivain sur la musique cité par
Cassiodore ( De DiscipL, p. 709. ex edit. Paris,
1599 ) , et qui conséquemment vécut antérieure-
ment au sixième siècle. Cassiodore lui donne le
litre d'illustre ( Vir magnificus). Il dit que le
livre de cette auteur n'existait pas dans les bi-
bliothèques de Rome, mais qu'il l'avait lu avec
attention dans sa jeunesse. Au reste, il paraît que
l'ouvrage d'Albinus n'était qu'un abrégé de la
science de la musique fait d'après Boèce.
ALBIN US, nom sous lequel quelques écri-
vains du moyen âge ont cité Alcuin(Fo«/. ce nom.)
ALBIA'US. Un manuscrit précieux qui se
trouve dans la bibliothèque de l'université de Gand
(no 171, in-fol.) , contient divers traités de musi-
que, parmi lesquels on en remarque un dont l'au-
teur est anonyme, et qi:i a pour titre : Dediversis
monochordis,lelraco7-dis, pentacordis , sexta-
cordis, eptacordis , octocordis , etc., ex qvi-
bus diversa formanlur instrumenta musiccp ,
cumfiguris instrumenlorum. Ce traité des ins-
truments à cordes en usage au quatorzième siècle,
contient la description et les figures de ces ins-
truments. Au nombre de ceux-ci se trouve une
viole à quatre cordes, dont l'invention est attri-
buée à un certain Albinus. Quel était cet Al-
binus? eu quel temps vivait-il, et qiielle fut sa
patrie.? Voilà les questions que je me suis faites,
mais sans pouvoir les résoudre. Il y a peu d'ap-
parence que ce soit Aicuin qu'on ait voulu dé-
signer comme l'inventeur de cet instrument, et
il est moins vraisemblable encore qu'on ait voulu
parler de l'ancien Albinus cité par Cassiodore.
La viole dont l'invention est attribuée à Al-
binus a la forme d'une guitare , et ses quatre
cordes à vide renferment l'étendue d'une octave.
Elles sont accordées de la manière suivante : tit ,
re, sol, ut. L'auteur anonyme, en nous faisant
connaître le nom de l'inventeur de cette viole,
a oublié celui de l'inslriunent. Voici comment il
s'exprime : Al iud quoque telracordiim Albinus
compostât quod vocavil , etc. On se servait
de l'archet pour jouer de celte viole; cet acces-
soire est, en eflel, i)lacé près de l'instrument dans
la ligure du manuscrit; mais par une singularité
remarquable , la viole n'a ni touche ni chevalet.
ALBIiVUS ( Bernard), dontle vrai nom était
Weiss , lils d'un bourgmestre de Dessau, dans
la province d'.\nhalt, naquit dans cette ville,
en 1653. 11 étudia successivement à Brème et à
Leyde, et prit le grade de docteur en médecine
à l'université de celte dernière ville. Après avoil
5G
ALBINUS — ALBOISI
voyagé en Fiance, en Flandre et en Lorraine,
il vint, en 1681 , occuper unecliaire de profes-
seur à Francfort-sur-i'Oder. Il y fit preuve de
tant de talent et de connaissances dans son art,
qu'il jouit bientôt d'une grande r<^putalion. Il
devint le médecin de l'électeur de Brandebourg,
qui le combla d'bonneurs et de richesses. Après
avoir rempli ses fonctions auprès de plusieurs
princes de cette maison, il se rendit à Leyde,
en 1702, et y professa la médecine, jusqu'à sa
mort, arrivée le 7 septembre 1721. An nombre
de ses écrits se trouve : Dissertai io de taran-
tula miravi; Francfort, 1601, in-4o. Il y traite
de l'usage de la musique pour laguérison du mal
que produit la piqûre de la tarentule.
ALBIOSO ( Mario), prêtre et chanoine de
l'ordre du Saint Esprit, naquit à Nasi en Sicile,
et mourut à Palerme, en 108G. Poète et bon
musicien , il a publié : Selva di canzoni ski-
liani; Palerme, IG8l,in-8o.
ALBOIVESIO (Thésée). Voyez Ambrocio.
ALBONl ( Marietta ) , cantatrice célèbre,
est née, en 1823, à Césena, petite ville de laRo-
magne. Après avoir commencé l'étude de la mu-
sique dans sa ville natale, elle alla prendre des
leçons de chant à Bologne, chez M^e Berto-
latti, professeur de mérite, qui a formé le talent
de plusieurs autres cantatrices, lesquelles ont eu
des succès sur les théAtres d'Italie. Son séjour
dans cette ville lui procura l'avantage de con-
naître Rossini et de recevoir ses précieux con-
seils sur son art. Charmé par la beauté de sa
voix et par la (acilitédesa vocalisation, ce maître
illustre lui lit étudier les rôles de contralto de
ses ouvrages, et lui en transmit les pures tradi-
tions. Ainsi préparée pour la carrière de canta-
trice dramatique , M""^ Alboni contracta un en-
gagement de plusieurs années avec Mereili ,
directeur de plusieurs entreprises théâtrales en
Italie et en Allemagne. Son début sur la scène ly-
rique eut lieu en 1843 au théâtre de la Scala,
à Milan, dans le rôle de Miffio Orseni, de la
Lucrezia Borgia de Donizelti. Nonobstant son
inexpérience, la beauté de son organe lui fit ob-
tenir nn accueil favorable du public. Elle chanta
dans la même année à Bologne, à Brescia , puis
de nouveau à Milan. Bientôt après, elle parut sur
le Théâtre Italien de Vienne, où ses premiers
succA furent confirmés. Ce fut alors qu'à la suite
de discussions d'intérêt avec l'entrepreneur Me-
reili, M"e Alboni crut devoir rompre l'engage-
ment qu'elle avait avec lui, et qu'elle partit ino-
pinément pour Saint-Pétersbourg. Il paraît que
cette excursion dans la capitale de la Russie ne
répondit pas à ses espérances ; car elle y resta peu
de ten)p9. Vers la fin de 18i5, elle arriva à Ham-
bourg, oii elle se fit entendre dans des concerts
ainsi qu'à Leipsick, à Dresde , et en Hongrie où
elle se rendit en traversant la Bohême. Appelée
à Rome pour le carnaval de 1847 , elle y chanta
la Saffo de Pacini avec VAbbadia, le ténor
Paricani et la basse Valli. Elle introduisit dans
cet ouvrage l'air (VAiscice de la Semiramide
de Rossini , qui fut applaudi avec enthousiasme,
mais qui n'empCcha pas la chute de l'opéra. Au
printemps de la même aimée , l'Alboni se rendit
à Londres, d'après l'engagement qu'elle avait pris
avec le directeur du tluàlre de Covent-Garden.
A cette époque , Jenny Lind attirait la foule des
dilellanti au Théâtre de la Reine, et y obtenait des
succès qui allaient jusqu'au délire. La lutte, jus-
qu'alors inégale entre les deux théâtres, prit
bientôt un caractère plus sérieux par l'émotion
que lit naître l'admirable sonorité de la voix de
l'Alboni, son étendue de plus de deux octaves, et
son égalité parfaile. Le lendemain de son début, le
directeur du théâtre de Covent-Garden porta, de
son propre mouvement, le traitement de la can-
tatrice de la somme de cinq cents livres sterling,
qui avait été fixé pour la saison, à deux mille
livres (cinquante mille francs). Dès ce moment
commença la vogue de M"e Alboni ; mais elle
ne fut décidée qu'à Paris, au mois d'octobre de
la même année, lorsque l'artiste se fit entendre
à l'Opéra dans trois concerts pour lesquels des
avantages considérables lui avaient été assurés
par l'administration de ce théâtre. Le pre-
mier air qu'elle y chanta fut celui d'/lr^ace.
Dès les premières mesures du récitatif, son
merveilleux organe y produisit l'effet accou-
tumé : ;son timbre, à la fois si pur, si puissant
et si suave, émut d'ime profonde impression
l'intelligente assemblée qui l'entendait pour la
première fois. Toutefois , les connaisseurs com-
prirent que l'effet irrésistible do chant d^ M"e
Alboni était le résultat des dons exquis qu'elle a
reçus de la nature , et qu'il y manque essentiel-
lement les qualités du style et le sentiment
dramatique. Cette opinion, d'une part, et l'en-
traînement du public de l'autre, causèrent une
vive agitation dans le monde musical et dans la
presse. Deux mois après les concerts qui avaient
produit celle émotion, la cantatrice débuta au
lliéâtre italien de Paris par le rôle à'Arsace,
qui lui fournit l'occasion d'étaler dans tout leur
éclat ses précieux avantages naturels. L'en-
thousiasme fut au comble. Puis elle chanta Ce-
nerentola avec non moins de succès; mais le
rôle de Malcolm, dans La donna dcl Lago , ne
lui fut pas aussi favorable. L'énergie empreinte
dans ce rôle exige autre chose qu'une voix, si
belle qu'elle soit. On n'avait point encore ou-
ALBOPil — ALBRECTII
57
blié à Paris l'aJinirable caractère que M"^'^ Pi-
saroni savait lui donner, en dépit des défauts
de son organe. Le rôle de Malcolm , pour pro-
duire son effet, exige précisément les qualités
dont M"<= Alboni est dépourvue , à savoir, la lar-
geur du style , l'accent dramatique , et la chaleur
de l'action.
Les événements politiques de 1848 vinrent ar-
rêter le cours de ses succès ; comme beaucoup d'au-
tres artistes, elle dut aller cherclier en Angleterre
un refuge contre les agitations révolutionnaires
qui bouleversaient l'Europe. Elle reparut sur la
scène de Covent-Garden dans Tancredi de Ros-
sini, dans Cenerentola, dans Semiramide; et l'en-
thousiasme des di/e^^on^i alla chaque jour crp.s-
cendo. Recherchée pour les concerts et pour les soi-
rées musicales de la haute noblesse, elle recueillit
dans cette saison une riche moisson degiiinées.
La saison terminée , elle chanta dans un festival
à Worcester; puis elle se rendit à Bruxelles, et y
chanta dans quelques concerts où ses succès ne
furent pas moindres qu'à Paris et à Londres. En
1849, le théâtre italien de Paris ayant été réor-
ganisé, l'Alboni y fut engagée, et y brilla dans
Cenerentola , avec Lablache et Ronconi, dans
Vltaliana in Algeri, et dans La Gazza-Ladra,
puis elle aWa faire la saison de Londres, qui ne
lui fut pas moins favorable. Dans l'année suivante ,
l'Alboni alla à Genève, et parcourut une partie de
la France; elle chanta à Lyon, à Marseille, à Bor-
deaux, où elle joua en français dans les opéras
Charles VJ, La Favorite, La Reine de Chypre et
La Fille du Régiment; puis elle revint à Paris, et
osa y chanter le rôle de Fidès dans Le Prophète,
au théâtre de l'Opéra. Le succès le plus brillant
justifia sa témérité. Déjà on avait remarqué dans
son jeu quelque progrès au point de vue dra-
matique, lorsqu'elle avait chanté , l'année pré-
cédente, le rôle de Ninetta dans La Gazza La-
dra ;mais ces indites parurent plus décidés dans
l'oMivre de Meyerbeer; non que l'accent vocal
de la cantatrice fût devenu plus passionné,
mais son action scénique y fut plus animée. En
1851, M"e Alboni a fait un nouvel essai de son ta-
lent sur la scène de l'Opéra dans le rôle de Zer-
line, qu'Auber a écrit pour elle dans La Corbeille
d'Oranges ; puis elle a lait une excursion en Es-
pagne. Enfin elle a parcouru en triomphatrice
les deux Amériques, et y a été saluée par les
acclamations excentriques en usage dans ces pays,
pour ce qui est extraordinaire ou inconnu.
ALBRECHT ( Jean-Matthieu ), organiste de
l'église de Sainte-Catherine à Francfort-sur-le-
Mein , naquit à Austerbehringen , en Thuringe ,
le !«' mai 1701. Witten, maître de chapelle
a Gotha , lui donna les premières leçons de
musique. Ses études terminées, il voyagea
en France, où il eut occasion d'entendre les
premiers organistes de ce temps, tels que Cal-
vière, Marchand, Daquin, etc., dont il adopta
la manière. Ce fut au retour de ce voyage qu'il
eut sa place d'organiste à Francfort. Les succès
qu'il obtint furent tels, que l'on se décida à faire
construire pour lui un nouvel orgue de quarante-
huit jeux, par le célèbre Jean Conrad Wegman,
de Darmstadt. Aucune composition d'Albrecht
n'a été imprimée ; mais on connaît de lui plu-
sieurs concertos pour clavecin, avec accompagne-
ment, qui ont été fort applaudis dans leurnou-
veauté.
ALBRECHT (Jean-Guillaume), docteur
et professeur en médecine, à Erfurt, né dans
cette ville en 1703, fit ses études aux universités
d'Iéna et de Wiilemberg. Il a fait imprimer à
Leipsick.en 1734 : Tractatus physicus de ef-
fectibus musicesin corpus animatum, in-8°.
Mitzler a donné une notice détaillée de cet ou-
vrage dans sa Bibliothèque musicale, tome 4 ,
pag. 23-48. Albrecht, nommé professeur à Got-
tingue, y mourut le 7 janvier 1736.
ALBRECHT (Jean-Lauuent), poète cou-
ronné, chanteur et directeur de musique à l'é-
glise principale de Mulhausen, en Thuringe, na-
quit à Goermar, près de Mulhausen, le 8 janvier
1732 Philippe-Christophe Rauchfust, organiste
dans cette ville, lui donna les premières leçons
de musique pendant trois mois. Il se rendit en-
suite à Leipsick pour y étudier la théologie, et
en 1758 il revint à Mulhausen, où il obtint les
deux charges ci-dessus mentionnées, qu'il garda
jusqu'à sa mort, arrivée en 1773. Albrecht est
également recommandable comme écrivain didac-
tique et comme compositeur. Ses ouvrages pu-
bliés sont : 1° Steffani's Sendschreiben mit
Zusatzen undeiner Vorrede, 2'° i4?//Za^e ( Let-
tres de Steffani, avec des additions et une préface,
deuxième édition) ; Mulhausen, 1760, in-4°. Cette
édition de la traduction que Werckmeister avait
faite de l'ouvrage de Steffani , intitulé : Quanta
certezza habbia da stioi principj la musica,
est préférable à la première. — 1° Grûndliche
Einleitung in die Anfangslehren der Tonkunst
(Introduction raisonnée aux principes de la mu-
sique); Langensalza, 1761, in-4°, 136 pages. —
3° Vrtheil in der Streitigheit zwischen Herrn
Marpurg and Sorge (Jugement sur la dispule
entre MM. Marpurg et Sorge), dans les Essais de
Marpurg {Beytrseg.), lom. 5, pag. 269.— 4° Kurze
Nachricht von dem Zustande der Kirchen-
musik in Mulhausen (Courte notice sur l'état
de la musique d'église, à Mulhouse), dans le même
recueil , t. 5, p. 387 — 5° Abhandlung iibcr
58
ALBRECTH — ALBRECHTSBERGER
(lie Frage : ob die Miisik bey dem Goitesdienst
zu dulden oder nicht? (Dissertation sur cette
question : La musique peut-elle être tolérée flans
le service divin?); Berlin, 17C4, in-4", 4 léuilles.
— 6° Versuch einer AhhandliuKj von der Ursa-
chen des Hasses, welc/ies eintgen Menschen
gegen die Musili von sich Bickenlasssen (Dis-
sertation sur la cause de l'aversion que monirent
certains hommes contre la musique) ; Frakenliau-
sen, 1765, in-4*'. Ce petit écrit est sous la forme
d'une lettre adressée à Clirétien-Gotllieb Scliroe-
ter. On attribue à Albreclit un pamphlet anonjme
concernant la discussion de Marpurg et de Sorge
(voye:, ces noms) sur les bases de la science
del'liarmonie; ce pamplileta pour titre: Gedanken
eines TImringische Tonkunslersûber die Forei-
tigkeiten zwischen Sorge und Marpurgs (Idées
d'un musicien de la Tluninge sur les discussions
entre Sorge et Marpurg); Aiemandburg (nulle
part), sans date, in-8°. Il ne faut pas confondre
cet opuscule a%'ec le jugement sur cette discus-
sion , inséré par Marpurg dans le cinquième vo-
lume de ses essais historiques et critiques sur
la musique. An surplus, Albreclit n'entendait pas
mieux que les autres maîtres pris pour juges par
Marpurg ces questions de théorie de l'harmonie
dans lesquelles Sorge était plus près de la vérité
que ses antagonistes : ce sujet était trop nouveau
pourêtre compris alors. Albrechtaété l'éditeur des
deux ouvrages d'Adlung : Musica mechanica or-
ganasdi, et Siebengeslirn ( voy. Adhing) ; il a joint
une préface au premier, avec une notice sur la
vie d'Adlung. Ses compositions consistent en :
1° Cantates pour le vingt-quatrième dimanclie
après la Pentecôte, poésie et musique d'Albrecht,
1758. — 2° Passion selon les évangélistes; Mul-
liausen, 1759, in-8°. — 3° Musikalische Auf-
viunterung fur die Anfœnger des Klaviers
(Encouragement musical pour les clavecinistes
commençants );Augsbourg, 1763,in-8°.— 4°3/m-
sikaiische Aufmunterung in kleinen Klavier
Stilcken und Oden (Encouragement musical
consistant en petites pièces et odes pour clave-
cin); Berhn, 1703, in-4°.
ALBRECHTSBERGER (Jean-Georges),
savant harmoniste et organiste habile, né à Klos-
terneubourg, petite ville de la basse Autriche,
le 3 février 173C , entra fort jeune au chapitre de
ce lieu comme enfant de chœur. De là il passa à
l'abbaye de Mœlk , où il fut chargé de la direc-
tion d'une école gratuite. Monn , organiste de la
cour, lui enseigna l'accompagnement et le contre-
point. Devenu lui-même profond organiste, après
plusieurs années d'un travail assidu, il fut appelé
en cette qualité à Raab, puis à Maria-Taferl, et
cnûn à Mœlk, où il demeura pendant douze ans.
Les ouvrages qu'il publia dans cet intervalle,
ayant propagé sa réputation , et la place d'orga-
niste de la cour devienne étant devenue vacante,
il fut désigné, en 1772, pour en remplir les fonc-
tions. Vingt ans après, on le nomma maître de
chapelle de l'église cathédrale de Saint-Étienne.
L'académie musicale de Vienne l'admit au
nombre de ses membres en 1793, et celle de
Stockholm en 1798. Ce savant homme est mort
à Vienne le 7 mars 1809, et non en 1803, comme
on l'a écrit dans le Dictionnaire historique des
Musiciens (Paris, 1810). Alhiechtsberger avait
épousé, en 1768, Rosalie Weiss, fille de Bernard
Weiss, sculpteur, et en avait eu quinze enfants,
neuf fils et six filles. De ces quinze enfants ,
douze .sont morts en bas âge. Ses meilleurs
élèves sont : 1° Beethoven; 2° Jos. Eybler,
premier maître de chapelle de la cour de Vienne;
3° Jean Fuss, mort à Pesth le 9 mars 1819;
4° Gaensbacher (Jean), qui a succédé à
Preindl dans la place de maître de chapelle
i de Saint-Étienne; 5" J. N. Hummel, maître de
chapelle du duc de Sa\e-\Veiniar; 6» le baron
Nicolas de Krafft, mort à Vienne le 16 avril
1818; 7° Jos. Preindl, maître de chapelle de
Saint-Étienne et de Saint-Pierre, mort à Vienne
le 26 octobre 1823; 8° le chevaher Ignace de
Seyfried, maître de chapelle et directeur de
l'Opéra de Vienne; 9" et enfin Joseph Weigl ,
compositeur et directeur de l'Opéra de Vienne.
Haydn, Beethoven et tous les grands musiciens
de l'Allemagne avaient la plus haute estime pour
Albrechtsberger, qui était également recomman-
dable comme écrivain didactique, comme orga-
niste et comme compositeur de musique sacrée
et instrumentale.
Le nombre des ouvrages sortis de sa plume
est immense. Le prince Nicolas Esteiiiazy-Ga-
lantlia possèdeen manuscrit les suivants : i° Vingt-
six messes , dont dix-neuf sont avec accompagne-
ment d'orchestre, une avec orgue, et six à quatre
voix, a capella. — 2° Quarante-trois graduels. —
3° Trente-quatre offertoires. — 4" Cinq vêpres
complètes. — 5° Quatre litanies. — G" Quatre psau-
mes. — 1° Quatre Te Beum. — 8° Deux Veni.
Sancte Spiritus. — 9° Six motets. — lo° Cinq
Salve Rcgina — 11° Six Ave Regina. — 12° Cinq
Aima Redemptoris. — 13" Deux Tantnm Ergo.
— 14° Dix-huit hymnes. — 15° Un Allehiia. —
16° Dix morceaux tels que de Profundis , In-
troits, leçons des Ténèbres et répons. — 17° Ora-
torios : les Pèlerins de Golgotlia; l'Invention de
la Croix ; la Naissance du Christ ; Applausus inu-
sicus; De NativitateJesu ; Dcpassione Christi.
— 18° Neuf cantiques. — 19° Un petit opéra alle-
mand. — 20° Quarante quatuors fugues, œuvres
ALBRECHTSBERGER — ALBUZIO
59
1";2", 5% 7% 10% 11% IG'' et 19% —21° Qua-
rante-deux sonates en quatuors, œuvres 14", 18'',
20% 21% 23% 24* et 26*.— 22° Trois sonates en
doubles quatuors, œuvre 17*. — 23" Trente-huit
quinfcllispourdeux violons, deux violes et basse,
œuvres 3% 6% 9% 12% 15% 22% 23« et 27«. —
24° Sept sextuors pour deux violons, deux violes,
violoncelle et contre-basse. — 25** Yingt-liuit trios
pour deux violons et Tioloncelle. — 26" Treize
pièces détachées telles que sérénades, nocturnes et
divertissements. — 27° Six concertos pour divers
instruments, tels que le piano, la harpe, l'orgue,
la mandoline et le trombone. — 28" Quatre sym-
phonies à grand orchestre. Les ouvrages qu'Albre-
ciitsberger a publiés sont les suivants : 1° Fugues
pour r orgue, œuvres 4% 5% 6% 7% 8% 9% 10%
11*, 16*, 17* et is''. — 2° Préludes pour Porfjue,
œuvres 3*, 1 2* et 29^.— 3" Fugues pour le piano,
œuvres r% 15*, 20* et 27*. — 4° Dix-huit qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, œuxres 2*,
19* et 2 r. — 5° Six sextuors pour deux violons ,
deux violes, violoncelle et contre-basse , œu-
vres 13* et 14*. — 6° Concerto léger pour lecla-
vecin , avec accompagnement de deux violons
et basse; Vienne. — 7° Quatuor pour clavecin,
deux violons et basse; Vienne, 1792. — 8" Six
duos pour violon et violoncelle; Leipsick, 1803.
— 9° Quintetto pour trois violons, alto et vio-
loncelle. — 10° Sonates à deux chœurs, pour
quatre violons, deux altos et deux violoncelles ;
Vienne, Riedl.
Les ouvrages élémentaires d'Albrechtsberger
sont : 1° Grïindliche Anweisung zur composi-
tion , mit deutlichen und ausfuhrUchen exem-
peln , zum selbs Vnterrichte erlaûtert, und
mit Anhange : von der Beschaffenheit und
Anivendung aller jetzt ûblichen mus. Instru-
mente ; Leipsick, 1790, in-4°. Une nouvelle édi-
tion de cet ouvrage a été publiée à Leipsick , chez
Breilkopf et Hœrtel, 1818, in-S". Choron en a
donné une traduction française sous ce lilre :
Méthode 'élémentaire de composition, etc.,
enrichie d'un grand nombre de notes et d'é-
claircissements ; Paris, 1814, 2 vol. in-8°. 11 y
a eu une deuxième édition de cette traduction.
Bien que méthodique et orné d'exemples assez
purement écrits, ce livre n'est point à l'abri de
tout reproclie. L'auteur, en clierchant la conci-
.sion , est tombé dans la sécheresse et l'obscurité.
Quelquefois aussi, il se met en contradiction
avec les principes qu'il a posés. Les parties les
plus difficiles de la fugue telles que la réponse
et les contre-sujets , n'y sont qu'effleurés, et
les exemples ne sont point assez variés. Néan-
moins, tel qu'il est, il mérite l'estime dont il
jouit en Allemagne. Il a remplacé avec avantage
le Gradus ad Paryiassum de Fux, qui, basé
sur la tonalité du plain-chant, s'éloigne trop du
système moderne. Par les soins qn'Albrechlsber-
ger a mis à la rédaction de ses exemples, il a
évité les défauts du Traité delà Fugue de Mar-
purg, qui n'est propre qu'à enseigner le style
instrumental. — 2° Kurzge/asste Méthode den
Generalbass zuerlernen ( Méthode abrégée d'ac-
compagnement); Vienne, 1792. — 3° Klaviers-
chulefûr Anfœnger (École du clavecin pour les
commençants ) ; Vienne, 1 800. — 4° Ausweichun-
gen aus C dur und C moll in die ûbungens
Dur-uTid moll-Tœne (Passages des tons d'ut
majeur et d'ut mineur dans tous les tons majeurs
et mineurs); Vienne, Leipsick et Bonn. La
deuxième partie de cet ouvrage, intitulée : In-
ganni (Trugschlusse) fur die Orgel oder Piano-
Forte, contient toutes les feintes de modulation.
La troisième parlie a pour titre : Unterricht iiber
den Gebrauch der verminderten und iibcrm.
Intervallen (Instruction sur l'usage des interval-
les augmentés et diminués ) ; Leipsick , Peters. Le
chevalier de Seyfiied a publié une édition com-
plète des œuvres théoriques d'Albrechtsberger,
sous ce titre:./. G . Albrechtsbergef s sammtliche
Schriften ilber Generalbass , Harmonie-Lehre ,
und Tonsetzkicnst zum Selbstuntcrrichtc ;
Vienne, Antoine Strauss, 3 vol. in-8°, sans date.
ALBRICl (VINCE^T), compositeur et orga-
niste , né à Rome le 20 juin 1G31 , fut d'abord au
service de Christine, reine de Suède. 11 se trou-
vait à Stralsund en 1660. De là il passa à Dresde,
comme vice-maître de chapelle de l'électeur de
Saxe, Jean Georges II, poste qu'il occupait en-
core en 1664. Celte chapelle ayant été réformée
à la mort de l'électeur, Albrici se rendit à Leip-
sick, où il devint organiste de l'église Saint-Tho-
mas. En 1682 il fut appelé à Prague comme
directeur de musique de l'église Saint-Augustin.
H mourut dans cette ville quelques années après.
Ses compositions connues sont : 1° Te Deum à
deux chœurs, deux violons, viole, violoncelle,
basson, quatre trompettes, trois trombones et
timbales. — 2° Kyrie à huit voix. — 3" Messe à
huit voix. — 4° Symbolum Nicœum à quatre
voix, trompettes et timbales. — 5° Le cent cin-
quantième psaume à quatre voix avec trompettes
et timbales. — 6" Conc. moveantur cuncta
sursuin. — 7" Conc. anima nostra, etc.
ALBUZIO ou ALBUZZI, du latin Albutius
(Jean-Jacques), luthiste et compositeur, né à
Milan , vécut dans la première moitié du seizième
siècle. On trouve des pièces de sa composition
dans les recueils qui ont pour titres : 1° Intabo-
latura de Leuto, de diversi autori novamente
stampata; in Milano , per J. Antonio Casti-
60
ALBUZIO — ALCÉE
lio>7o, 153C, petit in-4'' oblong. — 2" Hortus Mu-
sarum, in qiio tanquam floscult quidam selec-
lissimarum Carmimim collccti sunt ex opti-
mis quibusquc auctoribus, etc.; Lovanii , apiid
l'Iialesiiim bibliopolam jutatnm, 1552. Ce der-
nier recueil contient des fantaisies, des motets,
des ciiansons et des danses arrangées pour le
lulli.
ALBUZZI TODESCHIIVI (Thérèse), cé-
lèbre cantatrice, dont la voix était un beau con-
lialto, naquità Milan le 20 décembre 172;i; elle
l'ut longtemps au service de la cour de Dresde,
où elle chantait les premiers rôles. Elle mourut
à Prague, le 30 jin"n 1760.
ALCAROTÏÏ (Jean-Frakcois), composi-
teur, naquit à Novarre, dans le Piémont, vers
1536, et fut organiste à l'église de Como. On con-
naît sous son nom : Il primo libro de^ Madrigali
a cinque e sel voci ; m Venezia, appresso Anto-
nio Gardano, 1567, in-4° obi. Le deuxième livre
a pour titre : Madrigali a cinqiie et sei voci
condoi dialoghi a ollo ; ibid., 1669, in-4° obi.
ALCÉE, poêle musicien de l'ancienne Grèce,
né à JMytilène, dans l'ile de Lesbos, vécut dans
la 44" olympiade (604 ans avant J.-C), sui-
vant la chronique d'Kusèbe. Contemporain de
Saplio, il paraît l'avoir aimée, si l'on en juge
par un vers cité dans la Poétique d'Arislote.
Horace et Quintilien ont accordé des éloges
magnifiques au génie poétique et à la versification
d'Alcée. On sait qu'il fut l'inventeur du vers al-
caïque , auquel il a donné son nom. Ce vers a
quatre pieds et une césure. Il se mesure ainsi :
Les deux premiers pieds sont des ïambes ; puis
vient la césure , et le vers finit par deux dactyles.
Quelquefois le premier pied est un spondée, le
second un ïambe, la césure est brève, et les
deux derniers pieds sont dactyles, de cette ma-
nière :
Aucun de ces mètres ne répond ni à un rhythme
régulier de la musique , ni même à une mesure
musicale du temps ; car dans la première forme,
on a :
rrirn?.ri^rrrirrr
\:l dans l'autre :
(t^iTiirriri^^rrrirrri
Mais le mèlrederanciennepoésiegrccqucabsor-
bait le rhythme musical sans rien perdre de l'har-
monie, parce que cette harmonie était dans la
lani-ue elle-même. On ne peut mettre en doute le
charme qu'avaient pour les anciens les chants d'Al-
cée construits sur ces mesures ; car Horace en
parle avec enthousiasme dans la treizième ode ilu
deuxième livre , où sont ces beaux vers :
Qiiam pêne furvsR régna Proscrplnae,
lit Jurticanlera vidimiis ^Eacuni ,
Sedesqiie discrclas plurum , etc.
« Que j'ai été près de voir le royaume de la
« sombre Proserpine, Éaque et son trihunal, les
" demeures écartées des âmes pieuses, et Saplio
" se j)laignanl sur les cordes éoliennes des
« jeunes filles de sa patrie, et vous, Alcée, avec
•< un plectre d'or (l), chantant d'un ton plus
« mâle les dangers de la mer, les douleurs de
« l'exil , et les maux de la guerre !
« Les ombres les écoutent tous deux et adnn"-
" rent ces chants dignes d'un religieux silence;
« mais la foule compacte du vulgaire prête une
« oreille plus attentive aux récits des combats et
« des tyrans détrônés.
« Faut-il s'en étonner, puisqu'à ces chants di-
« vins, le mougtre aux cent têtes, immobile,
« stupéfait, baisse ses noires oreilles ; puisque les
« serpents enlacés aux cheveux des Euménides
« tressaillent de ravissement?
« Prométhée et le père de Pélops trouvent dans
« ces doux accents l'oubli passager de leurs
(1 maux; Orion lui-même ne songe plus à pour-
« suivre les lions et les lynx timides. »
Plutarque nous apprend q\ie la tradition des
chants d'Alcée se conserva longtemps chez les
Grecs. Malheureusement, la dignité de caractère
et le courage n'égalaient pas le génie chez ce
grand poète. Après avoir poursivi de sa verve
satirique Pittacus, tyran de sa patrie, mis au
rang des sept Sages de la Grèce ; après avoir pris
les armes contre lui, il eut la lâcheté de les jeter
dans le combat, de fuir, et, tombé dans les mains
de son ennemi, d'accepter de lui et la vie et la
liberté. Alcée avait composé des hymnes, des
odes, des satyres politiques, et des poèmes des-
(1) Wccïn/jn, plectre, croclift dont se servaient lespoL'Ics
pour pincer les cordes de la lyre ou de la cithare, alin de
guider les intonations de leur vois suivant les modes aiia
loguesaux mètres de Icursvers. Les traducteurs français
rendent souvent ce mot par archet; mais on n'a Jamais,
joué de la lyre ni de la cltliare avec l'archet; car l'archet,
inconnu à l'ancienne Egypte, ù la Grèce, aux Romains, est
originaire de l'Inde et des wntrées septentrioualos de
l'Kurope. Quintilien nous apprend qu'on donnait avec
raison le plectre d'or à Alcée, dans la partie de ses œuvres
dirigée contre les tyrans : Alaeus in parte opcris anreo
plectro merito donatii/r,(iuatyrannosinsect'atnr.{îtib,
X , c. I.)
ALCÉE — ALDAY
(il
tinës à célébrer Bacclius, Vénus et l'Amour. Il
ne nous reste de tout cela que quelques frag-
ments conservés par Athénée et par Suidas.
ALCIMAS ZMURNIUS, joueur de trom-
pette dans l'antiquité. Son nom nous est parvenu
dans une inscription rapportée par Muratori (Nov.
Thesaur. vet. inscr., t. 1, p. 936); la voici :
ALCIMAS
ZMVKNIVS
TVBOCANTIVS.
ALCMAIV, poëte-musicien, naquit à Sardes
d'un père nommé Damas ou Tilare, et fut mené
dans son enfance à Sparte, où il lut élevé dans
un quartier de cette ville nommé Messoa, ce
qui l'a fait passer pour Lacédémonien. On croit
qu'il a vécu depuis la vingt-septième jusqu'à la
quarantième olympiade. Héraclide de Pont as-
sure qu'Alcman fut dans sa jeunesse esclave d'un
Lacédémonien nommé Agésidas; mais qu'il mé-
rita par ses bonnes qualités de devenir l'affranchi
de son maître. Il fut excellent joueur de cithare,
et chanta ses poésies au son de la flûte. Clément
d'Alexandrie lui attribue la composition delà mu-
sique destinée aux danses des chœurs. Athénée
dit que ce musicien fut un des plus grands man-
geurs de l'antiquité. Son tombeau se voyait en-
core à Lacédémone au temps de Pausanias.
ALCOCK (Jean), docteur en musique, né
à Londres le 11 avril 1715, entra, à l'Age de sept
ans, comme enfant de chœur, à l'église de Saint-
Paid, sous la direction deCh. King; et, lorsqu'il
en eut atteint quatorze, on le plaça comme élève
sous Stanley, qui, bien qu'il n'eût alors que seize
ans, était organiste des églises de Saint-André,
d'Holborn et du Temple. En 1735,Alcock devint
organiste de l'église de Saint-André à Plymouth,
dans le Devonshire. Cinq ans après son arrivée
dans ce lieu, il fut invité à prendre possession
de la place d'organiste de Reading, où il se ren-
dit au mois de janvier 1742. Celle d'organiste de
l'église cathédrale de Lichtfield étant devenue
vacante en 1749, on la réunit à celle de premier
chantre et de maître du chœur, en faveur d'Al-
cock; mais en 1760 il se démit de la place d'or-
ganiste, ainsi que de celle de maître de chœur, et ne
conserva que celle de premier chantre. Il s'était
fait recevoir bachelier en musique à Oxford, en
1755; dix ans après il prit ses degrés de docteur
à la même université. Le reste de la longue car-
rière de cet homme respectable s'écoula tranquil-
lement à Lichtiield , où il est mort au mois de
mars 1806, âgé de quatre-vingt-onze ans. Il n'a-
vait cessé jusqu'au dernier moment de remplir
avec exactitude les devoirs de sa place, quoique
le doyen de Lichtfield l'eût invité plusieurs fois
à prendre quelque repos. Pendant son séjoin- à
Plymouth, il avait publié six suites de leçons de
piano, et douze chansons; ces ouvrages furent
suivis d'une suite de [)sauines , antiennes et hym-
nes , composés pour les enfants de la charité, et
d'une collection d'anciens psaumes à quatre par-
ties, le tout publié à Reading. En 1753 il publia
un service complet de musique d'église, sous ce
titre: Morning and Evening service, consis-
ting ofa Te Deum, Jiibilate, K yki e eleyson, etc.;
far three, faur, five and six voices. Cet ou-
vrage est devenu rare. Déjà en 1750 Alcock avait
fait paraître de sa composition six concertos à
sept parties pour quatre violons, allô, violoncelle
et basse continue pour le clavecin. Une collection
de trente six antiennes de sa composition parut
en 1771. Vingt ans s'écoulèrent entre celte pu-
blication et celle de son Harmonia Fesli, col-
lection de canons , airs et chansons. Alcock ,
ayant recueilli cent six psaumes de divers au-
teurs, les arrangea à quatre parties, et les publia
en 1802, sous le titre de Harmony ofSion. Outre
ces ouvrages, les catalogues de Preston et de Ca-
busac indiquent encore les suivants: l" Te Deum
and Jiibilate 2o Magnificat et Nunc dimit-
tis, 1797. — 3° Strike yeSeraphic Hosts, Ivjmn
for Christmas Day. — 4° Trois trios pour
deux violons et basse.
ALCUIIX, écrivain célèbre du huitième siècle,
né en Angleterre dans la province d'York, fut
disciple de Bède et d'Fxhert, archevêque d'York.
Après avoir été diacre, il devint abbé de Canter-
bury. Charlemagne, ayant eu occasion de le voir
à Parme, l'engagea à se fixer en France. Il lui
donna les abbayes de Ferrières et de Saint-Loup,
le fit son aumônier, et prit de lui des leçons de
ce qu'on appelait alors la rhétorique, de dialec-
tique et des autres arts libéraux. Dans la suite,
il lui donna encore l'abbaye de Saint-Martin de
Tours. Alcuin, devenu vieux, désira se retirer
de la cour; il demanda son congé, qu'il n'obtint
qu'en 801. Alors il se dépouilla de tous ses bé-
néfices, et se retira dans son abbaye de Saint-
Martin , où il mourut le 19 mai 804, âgé de près
de soixante dix ans. Ses œuvres ont été recueil-
lies par André Duchesnc; Paris, 1617, in-fol.;
et Froben, prince-abbé de Saint-Emmerande ,
en a donné une édition beaucoup plus ample à
Ralisbonne en 1777, 2 vol. in-fol. On y trouve
un traité De septem artibus iiberalibus : cet
ouvrage est incomplet; il n'en reste que la rhé-
torique, la dialectique et une partie de la logique ;
la musique et les autres parties sont perdues. On
y trouve aussi un traité séparé De Mustca,
ALDiVY (....), nom d'un famille de mu-
siciens qui a eu de la répulalio:i eu France
62
ALDAY — ALDOVRANDINI
Alday, le père, néà Perpignan, en 1737, fut d'a-
bord secrétaire d'nn grand seigneur, qui le mena
en Italie. Là il apprit à jouer de la mandoline.
Ayant acquis un certain degré d'habileté sur cet
instrument, il s'établit d'abord à Avignon, où il
83 maria; puis il alla se fixer à Paris, où il donna
des leçons de .son instrument. Il eut deux fds
qui naquirent, l'un en 1703, l'autre, l'année sui-
vante. Tous deux furent violonistes. Le premier ,
connu sous le nom d'ylWay rainé, n'était âgé
que de liuit ans lorsqu'il joua de la mandoline au
concert spirituel. Il s'y fit entendre comme vio-
loniste en 1783, et y reparut en 1789, dans une
symphonie concertante pour deuN violons, de sa
composition, qu'il joua avec son frère, ^'ers le
même temps il publia sa première SyHijo//OHJccoH-
cerlimte enut, pour deux violons et alto, Paris,
Sieher. Cet ouvrage futsuivi de\asy7nphonie con-
certante pourdeux violons qu'il avait fait enten-
dre au concert spirituel. Celle-ci a été gravée à
Amsterdam , chez Humniel. Alday s'est fixé à
Lyon vers 1795, et s'y est tait marchand de mu-
sique. H a publié depuis cette époque un œuvre
de quatuors pour deux violons, alto et basse (Pa-
ris, Pleyel), et des airs variés avec accompagne-
ment de basse. On a aussi sous son nom : Mé-
tlwde de violon, contenant les principes dé-
taillés de cet inslnanent , dans lesquels sont
intercallcs seize trios pour trois violons , six
duos progressifs , six études et des exercices
pour apprendre à moduler. Lyon, Caitoux, in-
4". Il a été fait plusieurs éditions de cet ouvrage.
Le frère de cet artiste , connu sous le nom
A' Alday le jeune, fui un violoniste beaucoup
plus habile que l'aîné. Il passe pour avoir reçu
des leçons de Viotli, dont il avait adopté la ma-
nière. Il se (it entendre avec succès au concert
spirituel jusqu'en 1791, époque où il passa en
Angleterre. En 1806, Alday a été nommé direc-
teur de musi(iue à Edimbourg. Ses concertos
de violon ont eu un succès de vogue dans la
nouveauté; mais ils sont maintenant oubliés.
Ceux qu'il a publiés sont : I" Premier concerto,
en ré; Paris, Imbault. — 2o Deuxième idem, en
si bémol , et troisième idetn, en la ; Paiis, Sie-
her.— 3" Quatrièmeirfem, en ré ; Paris, Imbault.
On connaît aussi de ce violoniste : deux œuvres
de Duos pour deux violons ,- Paris, Decombe ;
des Mélanges pour deux violons; Paris, Leduc,
des Airs variés pour violon et alto, Paris, Im-
bault , et des trios pour deux violons et basse,
Londres, Lavenu.
ALDÉRIIVIJS ( Cosmk) , compositeur suisse
qui florissait vers le milieu du seizième siècle, a
publié : LVIl hymni sacri, quatuor, quinque
<t sex J'oc; Berne, Apiarius, I5ô3, in-4", oblong.
ALDERWELT ( L. A. van) , pianiste hol-
landais, né à Rotterdam vers 1780, a publié
pour son instrument ; lo Sonate, Rotterdam,
Plattner. — ')° Pot-pourri sur des théines connus
ibid. ; — 30 Variations sur l'air hollandais : Daar
ying ecn Pater ; Amsterdam, Steup.
ALDHELM, lils de Kentred , et neveu d'I-
nas, roi des Saxons occidentaux, fut élevé dans
le monastère de Saint Augustin de Canterbury ,
devint abbé de Malmesbury,et ensuite évêque de
Sherburn, aujourd'hui Salisbury. Il mourut le 20
mai 709. Il avait composé des chansons, Can tiones
Saxonicœ, qu'il était dans l'usage de chanter lui-
même au peuple pour lui faire goûter la morale
qu'elles contenaient. Gerbert (De Cantu et Mu-
sica sacra, t. I, p. 202), nous a conservé un
échantillon de ses compositions, qu'il a tiré d'un
manuscrit du neuvième siècle. Guillaume de
Malmesbury a écrit la vie d'Aldhelm; elle se
trouve dans les Acta S. 0. Benedict.
ALDO VR AIVDINI ( Josefh-Amoine- Vin-
cent), académicien philharmonique et maître de
chapelle honoraire du duc de Mantoue , naquit
à Bologne vers 1665. Il fit ses études musicales
sous la direction de Jacques Perti. Admis comme
membre de l'Académie des philharmoniques de
Bologne en 1695, il en fut prince en 170?. On
a de lui les ouvrages suivants : \o Dafni, à Bo-
logne, en 1696. — 2° GV inganni amorosi sco-
perti in villa; à Bologne, en 1096. — 2" (bis)
Ottaviano, écrit à Turin, en 1697. — 3° Amor
torna in cinque al cinquanta, ovvero Aozz'
dlà Flippa , e d' Bedette , opéra comique dans
le patois Bolonais, en 1099. — 3'^ (bis) VOrfano,
à Naples, au carnaval de 1699. — 4" Le due Au-
guste, à Bologne, en 1700. — 5" Pirro, à Venise,
en 1704. — Ç,oLa Fortezza al Cime» <o, à Venise,
1699. — 70 Cesare in Alessandria; Naples, 1700.
— 8" Semiramide; à Gênes 1701. — 9° / tre
J}ivali al soglio;'a\en\»e, en 1711. On connaît
aussi quelques œuvres de musique sacrée et ins-
trumentale de sa composition : le premier, sous
le titre Armonia sacra , contient dix motets
à deux et trois voix, avec violons, Bologne,
1701, in-fol. ; le deuxième. Cantate a voce sola ,
Bologne, 1701, in-4o oblong; le Iroisièuie, in-
titulé: Conccrti sacri a voce sola con violini,
opéra 3a, Bologne, Silvani 1703, in-fol., cousi.ste
en ilix motets à voix seule avec deux violons ;
son œuvre 5^, composé de sonates à trois parties ,
a été gravé à Amsterdam , sans date. Enfin , Al-
dovrandini s'est rendu recommandable par l'o-
ratorio de S. Sigismondo , dont la poésie a été
publiée sous ce titre : S. Sigismondo, re di
Borgogna, oratorio consecrato alV Eminentiss.
e Révérend. Principe ilsig. card. Ferd. d'Adda,
ALDOVRANDINl — ALEMBERT
G 3
dignissimo legalo di Bologna , fatto rappre-
sentare dif signori nottari nel foro civile dt
Bologna , nella loro sala magnificamente ap-
parafa , in occasione délia générale procès-
sione del santissimo sacramento délia parro-
chiale di S. G. Batlista de RR. Monaci Ce-
leslini ,poesia del sig. Gio.. Battista Monti ,
notaro collegiaio , musica del sig. Giuseppe
Aldovrandini , maeslro di cappella di onore
del serenissimo Duca di Mantova, il di primo
di giugno 1704.
ALDRICH (Henri), doyen de l'église du
Christ à Oxford, naquit à Westmeinster en 1647.
Il fit ses premières études dans cette ville , sous le
docteur Richard Busby ; en 1602 il (ut admis au
collège d'Oxford, où il prit les degrés de
maître es arts , le 3 avril 1609. 11 entra ensuite
dans les ordres, et devint professeur au col-
lège d'Oxford, chanoine de l'Église du Christ,
et enfin docteur en théologie. Il mourut le
14 décembre 1710. Au milieu de tous ses tra-
vaux il cultiva la musique avec succès. Il
avait rassemblé une nombreuse collection des
œuvres des plus célèbres compositeurs, tels que
Palestrina, Carissimi , Yittoria, etc., sur les-
quelles il arrangea les paroles anglaises des
psaumes et de beaucoup d'antiennes.
Il avait formé le projet d'écrire plusieurs
traités sur la musique , et avait jeté ses idées dans
diverses dissertations renfermées en deux re-
cueils manuscrits, qui ont été déposés dans la
bibiiolhèque du Collège du Christ à Oxford. En
voici les litres d'après Burney : 1° Tlieory of
organ-building , in which are given the mea-
sures and proportions oj itsseveral parts and
pipes (Théorie de la construction de l'orgue,
etc.). — 2° Principles o/ ancieni Greck Miisic
(Principes de l'anciennes musique grecque).
— 30 Mémorandums made in rcading ancient
authors, relative ta several parts o/Musicand
ils ef/ects ( Extraits des anciens auteurs , rela-
tifs aux diverses parties de la musique et de ses
effets). — 40 Uses to which Music was applied
by the ancients (Usages auxquels la musique
fut employée par les anciens). — 5° Epithala-
mium. — 6° Excerpta from Père Meneslrier ;
proportions of Instruments ; exotic Music ( Ex-
traits du Père Menestrier ; proportions des ins-
truments; musique exotique). — 7° Argument
of ancient and modem performance in Music
(Comparaison de l'exécution musicale ancienne
et moderne). — 8° Theory of modem musical
Instruments (Théorie des instruments de
musique modernes). — 90, 10° et 11°, dite.
— 12° Miscellaneous papers conceming diffé-
rent points in the tlieory and practice of
Music ( Papiers divers concernant di fférents pomts
de la théorie et de la pratique de la musique).
— 130 On the construction of the Organ (Sur
la construction de l'orgue). — 14° Fragment of
a treatise on Counterpoint (Fragments d'un
traité de contre-point).
Le docteur Aldrich a composé plusieurs
offices pour l'Église, et un grand nombre d'an-
tiennes qui sont restées en manuscrit, et
dont l'Académie de musique ancienne, de Lon-
dres , possède une grande partie. Dans le Plea-
sant musical Companion , imprimé en 1726,
on trouve deux morceaux de sa composition ,
l'un; Hark the bonny Christ-Church Bells;
l'autre intitulé : A Smoking Catch, pour être
chanté par quatre hommes fumant leur pipe ,
d'une exécution difficile, et d'un effet piquant.
ALDRIGHETTI (Antolne-Louis), lilsd'Al-
drighetto Aldrighelti , médecin et philosophe ,
naquit à Padoue le 22 oct. 1000. Il fut profes-
seur de droit à l'université de Padoue , et mourut
le 24 aoijt 1068. Parmi ses ouvrages on trouve :
Raggualia di Parnasso ira la musica e la poe-
sia; Padoue, 1620, in-40.
ALECTORIUS (Jean), musicien allemand,
vécut dans la première moitié du seizième siècle.
11 n'est connu que par une collection de pièces
mêlées et de motets qui a pour titre ; Officia
Paschalia , de Eesurrectione et Ascensionc
Domini; Vitebergœ , apud Georgium Rhau.
1539. On y trouve quelques morceaux de sa
composition avec d'autres de J. Galliculus ,
d'Adam Renerus, de G. Fôrster, de J. Wal-
ther, de C. Rein, et de J. Zacharias.
ALEM ( PiEKRE d') , compositeur flamand
dont parle Cerreto {Prattica musicale, lib. 3.
p. 15G) comme d'un artiste de grande valeur.
Il vécut très-longtemps à Naples , et s'y trouvait
encore en 1601. Je ne connais pas d'ouvrage
imprimé de ce maître.
ALEMBERT ( Jean-le-Rond d'), philo-
sophe et géomètre célèbre , naquit à Paris le 16
novembre 17 17 , et fut exposé sur les marches
de l'église de Sain(-Jean-le-Rond, dont on lui
donna le nom. On sait maintenant qu'il devait le
jour à madame de Tencin , célèbre par son es-
prit et sa beauté, et à Destouches, commissaire
provincial d'artillerie. Son père , voulant réparer
l'abandon où il le laissait , lui assura 1200 livres
de rentes peu de jours après sa naissance. Les
études dans lesquelles on le dirigea avaient pour
but de lui faire embrasser une profession liono-
rable , telle que celle d'avocat , ou de médecin ;
il les essaya toutes deux ; mais son génie le desti-
nait aux mathématiques, qu'il apprit seul, et
auxquelles il doit sa gloire la plus solide. Ses
64
ALP:MBERT — ALESSAINDRI
travaux , qui lui valurent rentrée îles Académies
des sciences <Ie Paris et de Berlin, de l'Académie
française , et de presque toutes les sociétés sa-
vantes de l'Europe , n'étant pas de l'objet de cet
ouvrage , nous allons le considérer seulement
sous le rajtport de l'influence qu'il eut sur la
musique en France.
<« Rameau, » dit Choron, « avait publié
" en 17?.2 son traité d'harmonie, qui ne fit pas
« d'abord beaucoup de bruit, parce qu'il était
« lu de peu de personnes. D'Alembert, géomètre
« profond , à qui l'on devait la solution du pro-
« blême des cordes vibrantes, entreprit de met-
o tre les idéesde Rameau à la portée des lecteurs
« ordinaires. En 1752, il publia les éléments de
« musique théorique et pratique, et donna l'ap-
« parence de l'ordre et de la clarté à un .sys-
« tème essentiellement vicieux. Ce système ,
« qui a retardé les progrès de la musique en
« France, y est aujourd'hui rejeté par les bons
<t théoriciens. » Cet ouvrage a eu quatre éditions ;
la première a paru sous ce titre : Éléments de
musique théorique et pratique, suivant les
principes de M. Rameau, éclaircis, développés
et stmpZî/îés, Paris, 1752, in-S». On en trouve l'a-
nalyse dans le Mercure rie mai 1752. La seconde
édition , augmentée de quelques éclaircissements ,
fut publiée à Paris en 1759, 1 vol. in-S". La
troisième édition a paru à Lyon en 1 7C2 , 1 vol.
in-80. La quatrième est de Lyon , 1779 , 1 vol.
in-S». Marpurg en a donné une traduction alle-
mande sous ce titre . Systematiche Einleilung
in die musikalische Setztunsk , nach den
Lehrsœtzen des Herrn Rameau , ans dem
Franzœsisdien iibersetzt , und mit Anmcr-
kungen vermehrel von F. W. Marpurg ; Lei(>-
sick, 1757 , in-4''.
On a aussi de d'Alembert : 1° Recherches
sur la courbe que/orme une corde tendue mise
en vibration , dans les mémoires de l'académie
de Berlin, ann. 1747 et 1750. — 2° Recherches
sur les vibrations des cordes sonores avec tm
supplément sur les cordes vibrantes , dans ses
opuscules mathématiques (Paris, 1761 et an-
nées suivantes), tom. 1 et 4. — 3° Sur la vitesse
du son, avec trois suppléments; ibid. Dans
ses Mélanges de littérature et de philosophie ,
5 vol. in-12, Amsterdam-, 1767, 1770 et 1773,
on trouve un Traité sur la liberté de la mu-
sique. Cet opuscule a été réimprimé dans les
OEuvres philosophiques, historiques et litté-
raires de d'Alembert, Paris, Bastien, 1805,
18 vol. in-8o, et Paris, Bossange frères, 4 vol
in -8". D'Alembert à fait insérer dans le Mercure
du jnois de mars 1702, une Lettre à M. Ra-
memi , pour prouver que le corps sonore ne
nazis donne et ne peut nous dovner par lui-
même aucune idée des proportions. Cet opus-
cule est rempli d'une bonne et saine critique
sur l'objet en question.
ALEOTTl ( Raf\ell\-Argenta) , religieuse
augustine , naquit dans le duché de Ferrare. Gua-
rini { Istoria délie chiese di Ferrara , p. 376)
et F. Borsetti (Hist.gymn., Ferrare, p. il, Mb.
5, p. 464 ), disent qu'elle a fait imprimer des
motets et des madrigaux dont ils n'indiquent ni la
date ni le lieu. 11 est vraisemblable qu'elle était
de la famille de Jean- Baptiste Aleotti , célèbre
architecte et ingénieur, et que le nom d'j4r-
genta , joint au sien, est celui d'un bourg du
duché de Ferrare , d'où cette famille était origi-
naire.
ALEOTTI (Victoire) , seconde fille du cé-
lèbre architecte Jean-Baptiste Aleotti , naquit
vers 1570. Dès l'âge de cinq ans elle montra
de grandes dispositions pour la musique. Elle
assistait aux leçons qui étaient données à sa
sœur par Alexandre Miileville, et son talent na-
turel se développa si bien dans cette audition ,
qu'à l'âge de six ans elle jouait déjà fort bien
d'une espèce de clavecin qu'on appelait alors
Arpicordo. Convaincus de la bonté de son or-
ganisation musicale, ses parents laconlièrent aux
soins d'Hercule Pasqnino, qui lui lit faire de
rapides progrès dans le chant et dans le contre-
point. Au bout de deux ans , Pasqnino conseilla
de l'envoyer au couvent de Vitti, renommé pour
les études musicales ; elle y entra en effet , et
prit tant de goût à la vie monastique qu'elle vou-
lut terminer ses jours dans ce couvent. Son père
a fait imprimer un recueil de vingt et une pièces
qu'elle avait composées sur des vers de Gua-
rini, sous le titre de Ghirlanda di madriguli
a qnattro voci ; Venise, 1583 , in-4o.
ALESSAIVDRA (Catherine), dame de
Pavie, se distingua comme compositeur au
commencement du dix-septième siècle. On con-
naît sous son nom : Molettl a 1 e 3 voci,
op. 2. aggiuntovi uno C'anzon francese a i, e
le litanie délia B-V. a 6 del Reverendo D. Be-
nedetlo Rè, suo maestro di contrappzinto, Mi-
lano ,presso l'Ercde di Simone Vini e Filippo
Lomazzo, 1609.
ALESSAINDRI (Jules d'), chanoine de la
cathédrale de Ferrare, dans la première moitié
du dix-huitième siècle , a écrit la musique d'un
Oratorio à cinq voix intitulé Santa Francesca
Romana. La parlilion manuscrite de cet ouvrage
est à la bibliothèque de Berlin.
ALESSAMDRI (Gennaro d'), maître de
chapelle, né à Naples en 1717 , est connu par
la musique de plusieurs opéras, iiarmi lesquels
ALESSANDPa - ALEXANDER
65
on (ilf Otionc , qui fut joué à Venise en 1740.
ALESSAI\DRI (Feuce), né à Rome en
1742, fut (levé dans les conservatoires de Na-
pies. Il était fort jeune lorsqu'il se rendit à Tu-
rin , où il fut attaché pendant deux ans comme
claveciniste et compositeur. Il vint ensuite à
Paris, et y demeura quatre ans. Dans cet inter-
valle, il donna au concert spirituel quelques
morceaux qui furent applaudis. De retour en
Italie en 17G7, il y écrivit Topera A'Ezio, |)OMr
Vérone , ensuite, Il Malrïmomo per concorso ,
dans la même année, à Vienne ; et au commen-
cement (le 1768, L'Argcntino. Peu de temps
après, ayant épouse une cantatrice nommée Gua-
(lagni, il partit avec elle pour Londres, où il
donna, en 1769, La Mogliefedele, Il Re alla
caccia. En 1773 il fut appelé à Dresde pour y
composer L'Amore soldato. 11 alla ensuite à
Pavie , où il écrivit Creso , en 1774. Piappelé à
Londres , il y composa pendant l'année 1775 La
Sposapersiana, La Novità,et, en société avec
Saccliini , La Contadina in corle. De retour en
Italie, il donna successivement Calliroe , à Mi-
lan, en 1778; Venere in Cipro, dans la même
ville, au carnaval de 1779; Aitalo , à Flo-
rence, en 1780; Il vecchio Geloso, à Milan,
en 1781; Demqfoonie , à Padoue, en 1783; Il
Marito geloso, à Livourne, en 1784; Arta-
serse, à Naples , en 1774; f Puntigli gelosi ,
à Palerme, en 1784; / due fralelli , à Cassel ,
eu 1785; La Finta Principessa, à Ferrare, en
1786. Immédiatement après avoir écrit cet ou-
vrage, Alessandri partit pour la Russie, dans
lespoir d'être engagé comme compositeur de la
cour; mais il ne réussit point dans son dessein,
et il fut obligé de donner à Pétersbourg des le-
çons de chant pour vivre. Il retourna en Italie
vers la (in de 1788 et composa pour le théâtre
de Vienne Pappa Mosca. L'année suivante il
alla à Berlin, et eut le bonheur d'être nommé
par le roi de Prusse second maître de chapelle,
aux appointements de 3,000 thalers. Le succès
éclatant qu'obtint son opéra II ritorno d'f/-
lixse, en 1790, au grand théâtre de Berlin,
sembla justifier cette faveur. La pièce qu'il fit
rei)résenter ensuite à Potsdam fut l'opéra-bouffe
intitula : La Compagnia d'opéra in Nanchino,
dont le sujet était une satire amère du personnel
du théâtre royal en 1788 , et des cabales nui s'y
tramaient. Cet ouvrage lui fit beaucoup d'enne-
mis , qui se vengèrent en faisant siffler son
Dario, représenté au grand théâtre de Berlin
en 1791. Ils ne s'en tinrent point là. La critique
berlinoise attaqua d'abord avec violence Filistri ,
auteur de libretti, et déchira ensuite la mu-
sique d'Alessandri. On lit ressortir la faiblesse
IU0(.l;. UXIV. DES JIUSlCiENS. T. _ I.
d'invention de celte musiijue , la monotonie d(js
récitatifs , la manière lâche et incorrecte qu'on
remarque dans les chœurs, etc. Quant à ce qui
se trouvait de bon dans cet opéra , on préten-
dit qu'Alessandri l'avait pillé dans les ouvrages
des antres compositeurs. Ces attaques réitérées
produisirent leur effet; dans l'été de 1792, le roi
retira au compositeur le poëme d'Alboin, qui lui
avait été confié pour en faire la musique , et lui
donna son congé, sans égard pour l'engagement
qu'il avait contracté. Accablé de chagrin par sa
disgrâce, Alessandri quitta Berlin dans le môme
temps ; on ignore ce qu'il est devenu depuis lors.
ALESSANDÎllIXÎ (...) compositeur dra-
matique italien , vivait dans sa patrie vers les
premières années du dix-huitième siècle. Il n'est
connu que par deux partitions d'opéras-bouffes
qui ont pour titre La Finta Principessa, et II
vecchio Geloso :
ALESSANDRO ROMAIVO, surnommé
délia Viola, à cause de son habileté sur cet
instrument, fut reçu comme chanteur à la cha-
pelle du Pape en 1560. Il s'est fait connaître
par des motets et des chansons à plusieurs voix,
et a écrit aussi pour divers instruments et par-
ticulièrement pour la viole. On trouve de ce
musicien, à la bibliothèque royale de Munich :
1° Canzoni alla Napoletana , a cinqiie voci;
iibro primo et secundo; In Venezia, oppressa
Girolamo Scotto, 1572-1575, in-4°. — 2° Le Si-
rène, et seconda Iibro di niadrigali a cinqiie
voci; ibid., 1577, in-4o. Il y a aussi des mor-
ceaux d'Alessandro Romano dans le recueil in-
titulé : Délie Muse Libri III a cinque voci ,
composa da diversi eccelentissimi Musici, etc.;
in Venezia, Ant. Garduno, 1555-1561, in-4°
obi.
ALESSAIVDRO ( Louis), compositeur de
musique sacrée, naquitàSienneen 1736. En 17SG
il fut nommé maître de chapelle à la cathédrale
de Sienne, où il mourut le 29 janvier 1794. Il a
écrit beaucoup de messes, de vêpres et de mo-
tets qui sont estimés en Italie.
ALESSI ( Jean ), maître de chapelle de la
cathédrale de Pise. On trouve à la Bibliothèque
impériale, à Paris, sept motets manuscrits, à
quatre , cinq et six voix , sous le nom de cet
auteur.
ALEXAIVDER, ou ALEXiVIVDRE,
maître chanteur ou trouvère allemand du treizième
siècle, fut surnommé der Wilde (le Sauvage)
qui, dans l'ancienne signification du mot, indi-
que celui qui aime l'extraordinaire, l'inouï, à
cause des œuvres métaphoriques, allégoriques
et (^nigmatiques de ce poète musicien. Il nous ap-
prend, dans un de ses ouvrage-;, qu'il fut chanteur
66
ALEXANDER — ALFARABl
ambulant, allant île contrée en contrée et de
cliûteau en cliâteati. Un autre poënie de sa com-
position, dont il ne reste que des fragments,
fait voir qu'il lut contemporain d'un Henri de
Saxe, margrave de Burgau, ville de la Ba-
vière actuelle, entre Augsbourg et Ulm. Or,
deux princes de ce nom ont régné dans cette
principauté. L'avènement de l'ancien eut lieu en
1234; le jeune fut installé en 1232. C'est donc
entre ces deux époques qu'il faut opter pour le
temps où florissait Alexander. M. De Hagen a
discuté savamment ce point d'histoire littéraire
dans son grand ouvrage intitulé Minnesinger
( quatrième partie, pages 665 et suiv. ). Le même
savant a publié dans sa collection, six chansons
avec les mélodies de ce trouvère, d'après les ma-
nuscrits de Vienne et de léna. Ces chants d'a-
mour ont de la douceur et de la grâce, pour le
temps où ils furent composés.
ALEXANDER ou ALEXANDRE, pré-
nom sous lequel les auteurs du seizième siècle
citent souvent Alexandre Agricola. Voyez AGRI-
COLA ( Alexandre ).
ALEXANDER. Voyez DÉMOPHON.
ALEXANDER SYMPHONIARCHA,
contrapuntiste qui vivait au commencement du
dix-septième siècle, a fait imprimer : Mottecto-
rum quinque et duodecim vocum Lib. III ;
Francforl-sur-le-Mein , 1606, in-4o. Son nom
véritable n'est pas connu.
ALEXANDER ou ALEXANDRE (Jo-
seph), violoncelliste à Duisbourg en 1800, a
publié pour son instrument : l" Dix variations
pour le violoncelle, avec accompagnement d'un
violon, sur l'air 0 mein lieber, etc. — 2" Ariette
avec sept variations pour violoncelle et violon, et
six variations pour violoncelle et violon, sur l'air
allemand Michjliehen même Freuden. — 3o An-
weisung fiir das Violoncelle ( Instruction pour
le violoncelle); Leipsick, 1801, gr. in-4°. Licli-
leuthal cite un ouvrage sous le nom de Joseph-
Alexandre et sous ce titre : Anleitung zum Vio-
loncelle spielen; Leipsick, Breitkopf et Haertel,
1802, iu-fol. J'ignore si c'est une autre édition
du même ouvrage, ou s'il y a seulement erreur
de titre et de date. — 4° Air avec trente-six varia-
tions progressives pour l'étude du violoncelle
avec le doigté et dilférenles clefs, accomp. d'un
violon et d'une basse; Leipsick , 1802. — 5° Pot-
pourri pour violoncelle avec accompagnement de
violon ; ibid.
ALEXANDRE, musicien grec, né à
Cythère, passa presque toute sa vie à Éplièse.
Ce fut lui qui compléta le nombre des cordes du
psaltérion, instrument introduit de l'Asie dans
la Grèce. Vers la fin de sa vie , il consacra son
instrument dans le temple de Diane. (Vo'ji
Athénée, 1. IV, ch. 24.)
ALEXANDRE ( Charles - Guillaume ) ,
professeur de violon à Paris, vers le milieu du
dix-huitième siècle, a donné à la Comédie-Ita-
lienne les opéras-comiques suivants : 1" Georget
et Georgette; en 1764. — 2» Le Petit-Maître en
province; en 176.5 3° V Esprit du Jour, en
1765. On connaît aussi de lui plusieurs œuvres
de musique instrumentale , parmi lesquels on
remarque six duetti pour deux violons, œuvre 8 ;
Paris, 1775. En 1755, il fit recevoir à l'o-
péra Le Triomphe de l'Amour conjugal, ballet-
opéra, et en 1756, La Conquête du Mogol,
dont il avait composé la musique; mais ces ou-
vrages n'ont jamais été représentés.
ALFARABl ( Abou-Nasr- Mohammed- Ibn-
Obeïdallah-Alkay.si ), célèbre philosophe arabt-,
naquit àFàràb, aujourd'hui Othràx, ville de la
Transoxane. Le désir de s'instruire le porta à
s'éloigner de sa patrie pour aller à Bagdad
étudier la philosophie sous un docteur nommé
Abou Bœkker Mattey, de qui l'on a des tra-
ductions arabes de quelques ouvrages d'Aristote.
Il alla ensuite à Harran,où un médecin chrétien,
nommé Jean, lui enseigna la logique. De là, il
se rendit à Damas, puis en Egypte; enfin il
retourna à Damas , où les bienfaits de Séïf-ed-
Daulah, prince de cette ville, le fixèrent. Il
mourut Tan 339 de l'hégire ( 950 de J.-C. ).
Au nombre des ouvrages d'Alfarabi est un traité
de musique, intitulé : Istikasat-ilm-musrke
( Éléments de musique ), dont le manuscrit
existe à la bibliothèque de l'Escurial, sous le
numéro 906, suivant le catalogue de Cassiri
( Ribliot. Arabico-Hispan. Escurial. ). Il en
existe un autre manuscrit beaucoup plus beau
et en meilleur ordre dans la bibliothèque Am-
hroisienne de Milan. Le célèbre orientaliste
Hammer-Purgstall l'a consulté pour l'ouvrage
de Kiesewetter sur la musique Arabe. Enfin, le
catalogue des manuscrits orientaux de la bi-
bliothèque de Leyde indique ( n» 1080, p. 454 )
l'ouvrage d'Alfarabi sous ce titre : De prnpor-
tione harmonica Musicx. Cet ouvrage est dit
visé en deux livres. Le premier est en deux
parties, dont la première renferme le prolo^-ue,
et dont la seconde traite de la musique elle-même.
Celte deuxième partie forme trois divisions, dont
la première expose la doctrine des intervalles et
de leurs proportions, selon le système de Ptolé-
mée; doctrine appliquée d'une manière assez
obscure aux circulations des modes de la mu-
sique arabe. La seconde division renferme la
description des instruments de musique arabe
le plus en usage au temps d'Alfarabi; et enfin.
ALFAR/VTÎI — ALFORD
67
dans la Iroisième, l'auteur expose le système do
la formation des Tabaqah, ou échelles musica-
les. Le second livre a pour objet la comparai-
son des divers systèmes de théorie musicale,
avec les observations et corrections d'Alfarabi.
Le manuscrit de ce traité, qui se trouve à la
bibliothèque de l'Escurial, est dans un très-grand
désordre, qui en rend la lecture difficile, parce
que la plupart des feuillets ont été transposés
par le relieur. En cet état le manuscrit a été
confié à M. Mariano Soviano Fuertes , de Bar-
celone, avec une traduction espagnole inédite,
qui a été faite par le célèbre orientaliste D. José
Antonio Conde , bibliothécaire de l'Escurial.
M. Fuertes s'est attaché à mettre l'ouvrage en
aussi bon ordre qu'il a pu ; puis il en a publié des
extraits dans le livre qui a pour titre : Musica
Arabc-Espanola , ij conexion de la 7nusica
con la astronomia , medicina y arqnitectura ;
Harcelona, par D. Juan Olh-ares, impressor
de S. M., 1853, in-8° de 133 pages. M. Soriano-
Fiteiles remarque, dans sa préface ou prologue,
qu'antérieurement au temps d'Alfarabi, plusieurs
auteurs arabes-espagnols avaient travaillé au
j>erfectionnement de la musique de leurs com-
patriotes, et avaient écrit sur cette matière de
bons ouvrages qiii existent encore. Une traduc-
tion latine d'ime partie du traité de musique
<rAlfaral>i a été faite dans le quinzième siècle
jmr le fameux hérésiarque Jérôme de Prague.
Celle traduction a été publiée par M. Schmoer-
(lers, dans ses Documenta Arabum ex codicibus
Mss.; Bonn, 1836, in-8°. 11 est dit dans la notice
d'Alfarabi, insérée dans la Nouvelle Biographie
générale de MM. Didot frères {tome \", col.
932) que le traité de musique de cet auteur a
été consulté par La Borde ( Essai sur la Musique
(inciennp et moderne,\, p. 177-182) : c'est une
erreur ; ce qui concerne la musique des Arabes,
dans le livre de La Borde , est tiré d'un travail
inédit de l'orientaliste Fonton (roy. ce nom) dont
le mss. est à la Bibliothèque impériale de Paris.
La doctrine exposée dans ce travail, ainsi que
•lans l'extrait fait par La Borde, est celle de la
musique usitée chez les Arabes jusqu'à ce jour :
doctrine beaucoup mieux expliquée par Villo-
teau ( voy. ce nom) dans la grande Description
de l'Egypte publiée par le gouvernement fran-
çais; tandis que la partie théorique de l'ouvrage
(l'Alfaradi n'est que l'exposé de la doctrine de
Ptolémée ou des Grecs du deuxième siècle. Le jé-
suite Andrès a donnédans ses Origine e Progressi
d'ogni letteratura (t. IX, p. 122) une analyse de
cet ouvrage, d'après Cassiri. Le savant Kosegar-
ten a parlé d'une manière trop générale, dans la
préface de l'Aghani Izyfahani, lorsqu'il a dit
que les |)rincipes de la musique arabe sont cal-
qués sur ceux de la musique grecque : cela n'est
exact que pour la théorie exposée par Alfarabi.
Il existe un autre ouvrage de ce philosophe où
il a aussi traité de la musique : c'est une en-
cyclopédie intitulée Jfisa-el-o'loum, où il donne
une notion et une définition de toutes les sciencf's
et de tous les arts. Le manuscrit de cet ou-
vrage est à la bibliothèque de l'Escurial (n"
C43).
ALFIERI (L'abbé Piehre), prêtre romain,
ancien moine camaldule, membre de l'académie
de Sainte-Cécile, et professeur de chant grégo-
rien dansie collège delaNation-Anglaise, e«t né à
Rome vers 1805. Il a publié les ouvrages donl.
voici les titres : lo Saggio storico teoretico-
pratico del canto gregoriano per istruzione
degli ecclesiastici ; Borna, tipografia dellc
Belle-Arti, 1835,gr.in-4°de 134 pages. — 2o Ris
tabilmente del canto e délia musica ecclesias-
tica , considerazioni scritle in occazione de'
moltipUci reclami contra gli abusi insorti in
varie chiese d'Italia e di Francia; lioma, ti-
pografia délie Belle-Arti, 1843, in-8o de 130
pages. On a aussi de l'abbé Allieri une traduc-
tion du traité d'harmonie de Catcl , intitulée :
Trattato di armonia di Carlo Simone Catel
tradotto in italiano; Roma, delta stamperta
litograficadeLuigi Polisiero, 1840, in fol. Enfin,
M. Allieri s'est distingué comme éditeur de mu-
sique classique et religieuse , par les publica-
tions suivantes : lo Excerpta ex celebrioribus
demusica virisjo. Petro Aloisio Pracnestino ,
Thoma Lodovico Vittoria et Gregorio Allegri
Romano; Roma, 1840, in-fol. Ce recueil con-
fient des motets à huit voix. — 2» Inno e Ritmo :
Stahat Mater dolorosa ; e motetto : Fratres ego
enim accepj, a otto voci dislribuiti in due
cori,da Giov. Pier Lutgida Palestrina ; Roma,
18'jO, in-fol. — 30 Raccolta di mottetti a quat-
tro voci di Giov. Pier Luigi da Palestrina, di
Lodovico de Vittoria, di Aviaedi Felice Ane-
rio, Romano; Roma, 1841, in-fol. Cette collec-
tion renferme seize motets, — 4" Raccolta di
musica in eut contengonsi i Capo Lavori di
celebri compositori itaUani, consistenti. in
messe, secuenze, offertorii, salmi, Inni, etc.,
da due sino a otto voci.
ALFORD (Jean) musicien anglais, vivait
à Londres vers le milieu du seizième siècle. Il
donna une traduction du traité de musique
d'Adrien Le Roy, sous ce titre : A Briefe and
Easye Instruction to learne thc tableture, io
conducte and dispose the hande unie the
litte; Englished by J. A. ivitli a eut of the
lute ; London, l.")f8^ in 4". Quelques années
5.
68
ALFORD — ALIANI
après il parut une autre traduction anglaise du
même ouvrage.
ALFRED, surnommé le Grand, sixième
roi d'Angleterre, de la dynastie saxonne, naquit
en 849, et succéda à son frère Atlielred en 871,
à l'âge de vingt-deux ans accomplis. Après un
règne glorieux, il mourut dans l'année 900, sui-
vant quelques historiens, ouïe 28 octobre 901 ,
d'après d'autres traditions. L'histoire de ce
grand homme ne peut trouver place dans un
ouvrage tel que celui-ci : nous dirons seule-
ment qu'égal à Charlemagne, qui l'avait précédé
d'un siècle, par l'activité, par la bravoure, par
l'intelligence et par la force d'âme, il le surpassa
par la bonté du cœur, par un esprit éminemment
philosophique, et par le sentiment de la dignité
humaine. C'est dans le testament de ce roi
qu'on trouve ces paroles bien remarquables au
neuvième siècle : Les Anglais doivent être
aussi libres que leurs pensées. Instruit dans
les lettres, dans l'histoire et dans les arts li-
béraux, Alfred cultiva la poésie et la musique.
Il jouait bien de la harpe, et s'accompagnait de
cet instrument lorsqu'il chantait ses poèmes.
Déguisé en barde, il pénétra aux sons de sa harpe
dans le camp des Danois, ses ennemis, pour
observer leur situation , et les charma par ses
chants. Fondateur de l'université d'Oxford ,
il y établit une chaire de musique qu'il confia
au moine Jean , religieux de l'abbaye do Saint-
David.
ALFREID, surnommé le Philosophe, savant
anglais, jouit d'une grande réputation dans le
treizième siècle, en France, en Italie et en Angle-
terre. Il séjourna longtemps à Rome, et retourna
dans sa patrie en 1268, à la suite du légat du
pape. 11 y mourut peu de temps après. Parmi ses
ouvrages, il s'en trouve un, intitulé De Mzisica,
qui est resté manuscrit.
ALGAROTTS (François), né à Venise
le 11 décembre 1712, fit ses études sous les
célèbres professeurs Eustache Manfredi et Fran-
çois Zanotli , qui lui firent faire de grands
progrès dans les mathématiques, la géométrie,
l'astronomie, la philosophie et la physique; il
s'attacha aussi à l'étude des langues grecque et
latine; enfin il réunit les qualités de savant, de
littérateur et de philosophe. Il fut lié d'amitié
avec Voltaire , Frédéric le Grand, et tous les
hommes célèbres de son temps. Frédéric lui
conféra le titre de comte du royaume de Prusse
pour lui, son frère et leurs descendants, le fit
son chambellan, et chevalier de l'ordre du Mérite.
Il mourut de plilliisie à Pise, le 3 mars 1764, à
l'âge de cinquante-deux ans.
Parmi ses ouvrages, qui sont nombreux , on
trouve Saggio sopra VOpera in musicn, pu-
blié en 1755, sans nom de lieu. Il y en a beau-
coup d'autres éditions : une des dernières est
imprimée a Livourne, 1763, in. 8° de 157 pages.
Cet ouvrage a été réimprimé dans l'édition des
œuvres d'Algarotti publiée à Livourne en 1763,
4 vol. in-80; dans celle de Berhn, 1772, 8 vol.
in-80, et dans le troisième volume de celle de
Venise, 1791-1794, 17 vol. in-S". Chastellux l'a
traduit en français sous ce titre : Essai sur VO-
pera, Paris, 1773 , in-8o , et Raspe en a donné
une traduction allemande dans les Weechentli-
chen Nachrichten die Musik betreffend de
Hiller, année 3", p. 387, et dans l'appendice de
cette année, p. 1-22.
ALGERMANN (François), musicien et
poète allemand , vivait vers la fin du seizième
siècle. On connaît de lui deux ouvrages inti-
tulés : 1° Ephemerides hymnornin ecclesiasH-
corum , oder geistUche Kirchengesxnge. —
2° Himmlyche cantoreis ( Chants célestes ) ;
ils ont été publiés à Hambourg.
ALGERMÏSSEN ( J.-A. ), sous ce nom a,
été publié , dans la Gazette générale de Musi-
que de Leipsick ( année 49, no' 8 , 9, 10 et 11,
un bon travail sur l'IMhétique dans la nature
du temps, eu l'état présent des connaissance'^ ,
ou de la science rationnelle du son et de la
mesure.
ALGISl ou ALGHISI (Paris-François),
docteur en droit, compositeur et organiste de la
cathédrale de Brescia , naquit en cette ville le
2 juin 1666. Vers la fin du dix-septième siècle
il séjourna pendant quelques années à Venise, où
il fit représenter, en 1690, deux opéras intitulés :
1° VAmor di Curzio per la patria. — 2" //
Trionjo délia continenza. Le dernier eut tant
de vogue, qu'on le reprit l'année suivante au
théâtre de Venise, distinction fort rare en Italie.
La manière singulière dont Alghisi vécut dans
les dernières années de sa vie lui acquirent à
Brescia le nom de saint. Il ne se nourrissait
que d'herbes, qu'il assaisonnait de sel : il est
mort dans sa ville natale, le 29 mars 1743.
ALGREEIM (Swen), savant Suédois,
membre de l'Académie des sciences de Stock-
holm, et amateur de musique, fut lié d'amitié
avec le Dr. Brelin (voy. ce nom), et donna, après
la mort de celui-ci, une description du clavecin
qu'il avait inventé. Cette description est insérée
dans le dix -neuvième volume des Mémoires di;
l'Académie de Suède. Elle a pour titre : Dfs-
cription du clavecin à tangentes du D^'. Bre-
lin, décédé, et des additions qiCy a faites
M. Scheffer.
ALIAIVI (François), habile violoncelliste.
ALIANI — ALIZARD
69
né à Plaisance. Son père , qui étiit premier vio-
lon en cette ville, lui donna de bonne heure des
leçons de musique et de violon; mais, recon-
naissant ensuite que son (ils avait de grandes
dispositions pour le violoncelle, il le conduisit à
Parme , où il le mit sous la direction de Gius.
Hovelli, de Bergame, alors premier violon-
celliste au service du duc Ferdinand. Après
cinq années passées à celte école, il fut considéré
lui-môme comme un des plus habiles professeurs
sur son instrument , et revint alors dans sa
patrie, oii il occupa la place de premier vio-
loncelle au théâtre et à l'éslise. Il y termina ses
joins au mois de mai 1812. On a de sa com-
position trois livres de duos pour deux violon-
celles.
ALIANI ( Louis ), fds du précédent, pre-
mier violon et directeur de l'orchestre de la
ville et du théâtre de Vicence, est né à Plai-
sance en 1789. Quoiqu'il n'ait étudié le violon
que sous la direction de son père, ses disposi-
tions naturelles lui firent faire des progrès si
rapides, qu'à l'ùge de dix-huit ans il étonnait
déjà les professeurs de Milan; à vingt ans il
excita l'admiration du public dans les concerts
qu'il donna à Venise et à Vicence ; il obtint alors
<lanscetle dernière ville l'emploi ci-dessus énoncé.
On a publié de la composition de cet aitisie :
Grand' ar'iadi bravuracon preludio e varia-
zioni per v'wlino solo , con accomp. dl quin-
tctlo; Milan, Riccordi.
ALIFAX ( Andhé ). On trouve sous le nom
<lc cet auteur, à la Bibliothèque impériale, à Paris,
un Nïsi Dominus à quatre voix, en partition
originale. Il y a eu un musicien anghiis de ce
nom, qui vivait à la fin du dix-septième siècle.
ALINOVI (Joseph ), compositeur, est né à
Parme, le 27 septembre 1790. Après avoir étudié
les belles-lettres, il s'appliqua avec enthousiasme
à l'étude de la musique sous la direction de
Franc. Fortunati, son compatriote. Il a compo-
sé beaucoup de musique instrumentale et vocale,
sacrée et profane , qu'on trouve en manuscrit
dans presque tous les magasins d'Italie. Il s'est
lixé dans sa pa'trie, où il se livre à l'enseigne-
ment du chant et du piano. On a publié de sa
composition : Divertimento per corno di caccia
con accomp. di grande orchestre; Milan, Ric-
cordi, et Introduzione e tema originale con
variazioni péril piano forte; ibid. Par décret
de la grande duchesse de Parme en date du
30 mars 1837, Alinovi a succédé à Ferdinand
Simonis, décédé, dans les places de maîtres de
chapelle et de directeur des concerts de la cour.
ALIPRANDÎ (Bernard), né en Tosca^ne, au
commencement du di.x-huilième siècle, fut d'a-
bord compositeur de la chambre et directeur des
concerts de la cour de Bavière. Il devint ensuite
maître de chapelle de la même com-, pour la-
quelle il composa les opéras suivants -. Mithri-
datc, en 1738 ; Iphigénie, en allemand, en 173!) ;
Sémiiamis, en 1740. — Aliprandi (Bernard),
fils du précédent , fut un habile violoncelliste au
service de la cour électorale de Munich, où il se
trouvait encore en 1786. Depuis 1782, il avait
publié quelques morceaux pour son instrument ,
et non pour la viola da gamba, comme on le
dit dans le Dictionnaire des Musiciens, d'après le
'"premier Lexikon de E.-L. Gerber.
ALIPRANDI (Vincent), ténor distingué,
né à Bologne, a chanté avec succès sur les prin-
cipaux théâtres d'Italie dans la première partie
du siècle présent. Il est mort à Bologne, le 28 fé-
vrier 1828.
AIJQUOT (Jehan), dit Roquier, fut musi-
cien au service de Charlotte de Savoie, femme de
Louis XI, depuis 1462 jusqu'en 1469.11 mourut
dans le cours de cette dernière année. Ses appoin-
tements étaient de 72 livres tournois (432 fr.
64 c, suivant la valeur de la livre tournois à cette
époque).
ALIX (L'abbé Céleste), chapelain de l'église
des Génovéfains , à Paris, est auteur d'un Mé-
moire pour servir à l'étude et à la restaura-
tion du chant romain en France; Paris, Le-
coffre et C'e, 18.51, in-8°dequatre-vingt-dixneut
pages. On a aussi du môme : Réponse aux étu-
des de M. Duval (voy. ce nom), sur le graduel
romain publié à Paris chez M. Lecoffre, en
1851, sous la direction de la commission ins-
tituée par NN. SS. les archevêques de Reims
et de Cambrai; Paris, Lecoffre et C'c, 1852, in-S".
M. l'abbé Alix a été membre de la commission
qui a préparé l'édition du graduel de 1831, objet
des critiques de M. Duval.
ALIZARD (Adolphe- Joseph-Louis), né à
Paris, le 29 décembre 1814, fit ses études au
collège de Montdidier. Sa mère le destinait à
l'enseignement, et ne consentit qu'avec peine à lui
laisser suivre le penchant qu'il avait pour la mu-
sique. En 1830, cette dame alla diriger un pen-
sionnat à Beauvais : son fils l'y suivit, et entra
au collège de cette ville, où il trouva pour pro-
fesseur de musique M.Victor Magnien {voy. ce
nom), qui découvrit ses dispositions pour cet art,
et lui fit faire de rapides progrès. M. Magnien
détermina enfin la mère d'Alizard à l'envoyer à
Paris, pour y terminer ses études musicales.
Urlian {voy. ce nom) fut le maître qu'il y rencon-
tra d'abord et qui se chargea de son éducation de
violoniste ; mais le hasard ayant fait connaître
au professeur la beauté de la voix de son élève.
70
AL1ZA.UD — ALKAN
il lui fit abandonner Pf>n instrument, et le (it en-
trer au pensionnat du Conservatoire, où il reçut
les leçons de Banderali. Alizard entra dans cet
établissement au mois de mai 1 834. Deux ans après,
le premier prix de chant lui fut décerné dans un
brillant concours, et le 23 juin 1837, il débuta à
l'Opéra dans le rôle de Saint-Bris des Htiguenols.
Il y obtint un succès boiiorable ; mais l'espèce de
difformité qni résultait du contraste de sa courte
taille avec des proportions musculaires très-dé-
veloppées ne le rendit pas sympathique au pu-
blic, et sa position au théâtre resta longtemps
secondaire. Le caractère de sa voix était une basse
profonde, d'un timbre puissant et sonore, sorte
d'organe très-utile dans la musique , mais dont
les avantages trouvent rarement l'occasion de se
faire remarquer à la scène. Nonobstant l'appui
que ses amis lui prêtaient dans les journaux, Ali-
zard resta à l'Opéra dans une condition secon-
daire jusqu'en 1842 : alors il se décida à se re-
tirer de ce théâtre, et accepta un engagement à
celui de Bruxelles. II y resta deux années, pendant
lesquelles il força son organe vocal à se prêter à
une transformation qui lui fut funeste; car, de
basse profonde qu'était naturellement cet organe,
il en fit un baryton, et chanta tous les rôles de cet
emploi dans le grand Opéra. H y trouvait l'a-
vantage d'une meilleure position momentanée ,
mais il préparait la ruine de sa voix et de sa santé.
Les premières atteintes d'une maladie des bron-
ches ne tardèrent pas à se manifester; il dut
suspendre son service au théâtre, et fut enlin
obligé de se retirer. On lui conseilla alors le
voyage de l'Italie comme efiicace pour le mal
dont il souffrait : il suivit ce conseil, et s'en
trouva bien; car la sonorité de son organe revint,
et il put chanter avec succès sur quelques théâ-
tres italiens. De retour en France en 184fi, il se
fit entendre dans quelques représentations, et y
fit une vive impression dans quelques-uns de ses
meilleurs rôles. Rappelé à Paris au mois d'aoftt
de la même année, il rentra à l'Opéra avec Je
titre de chef d'emploi. II y revenait avec une
voix aussi puissante en apparence qu'autrefois,
mais plus étendue, mieox exercée; et l'artiste avait
acquis cette confiance en soi-même sans laquelle
on ne domine pas l'opinion publique. Alizard
excita d'abord une sorte d'enthousiasme dans ses
rôles principaux, et ses succès conservèrent leur
éclat pendant deux ans environ ; mais, au mois
d'octobre 1848, le mal dont il avait été atteint à
Bruxelles reparut avec un caractère plus alar-
mant; car ce n'étaient plus les bronches qui
étaient attaquées, c'était le larynx lui-même. Dans
l'espoir que le climat de la France méridionale le
guérirait, l'artiste retourna à Marseille, d'où il ne
devait plus sortir. Peu de Kcmaincs après son
arrivée dans cette ville il expira, an mois de jan-
vier 1850, à l'âge de trente-six ans. Alizard avait
de l'instruction, aimait l'art sérieux et s'occupait
de son histoire. Ce goût lui avait lait rassembler
des livres rares et des curiosités musicales qui
absorbaient tootes ses économies. Il en résulta
pour lui de la gêne dans la maladie longue et
douloureuse qui le conduisit au tombeau ; mais
cette circonstance (ut l'occasion d'un noble irait
de dévouement et de générosité que l'histoire
doit enregistrer. Connaissant sa triste situation,
quatre de ses amis se réunirent, se cotisèrent,
et l'un d'eux alla le voir, lui portant 200 francs, et
lui disant avec cette délicatesse d'ex pressions qu'on
n'a qu'en France pour de pareils traits : « Cher
« Alizard , ta maladie est sans doute pour toi la
« cause de quelque gêne ; mais ta santé ne peut
« tarder à se rétablir. Tu reprendras ton service
" au théâtre, et tes succès auront bientôt comblé
•<■ ton petit arriéré. Permets donc à tes amis d'être
« tes banquiers en attendant ce moment, et ac-
« ceple comme un prêt ce que je suis chargé par
« eux de t'apporter. » Alizard, qui , seul, se. fai-
sait illusion sur son état, crut ainsi ne contracter
qu'une dette momentanée. Tous les mois, la même
visite se renouvela jusqu'au dernier moment, et
l'artiste objet de cette belle action continua de
faire ses reçus de la même somme avec la même
sécurité.
ALKAIV (Charles-"Valentin), connu sous
le nom d'Alban aîné, né à Paris, au mois de
décembre 1813, montra dès ses premières
années les dispositions les plus remarquables
pour la musique. Admis comme élève au Con-
servatoire de Paris, il y obtint le premier prix
de solfège à l'âge de sept ans et demi. Dans le
même temps il exécuta en public un air varié
de Rode sur le violon ; mais dans la suite il
abandonna cet instrument. Ses progrès dans l'é-
tude du piano, sous la direction de Zimmer-
man , ne furent pas moins rapides, car il était à
peine âgé de dix ans lorsque le premier prix de
cet instrument lui fut décerné dans un concours
public. Devenu élève de Doarlen pour l'har-
monie, il porta dans l'étude de cette science l'heu-
reuse organisation dont la nature l'avait doué,
et pour la troisième fois il fut vainqueur de ses
rivaux dans l'école qui avait été le théâtre de
ses autres succès ; le premier prix lui fut ac-
cordé en 1896. Zimmerman, qui avait fait son
éducation de pianiste, lui donna ensuite des le-
çons de contre-point et de fugue, et ce fut comme
élève de ce professeur qu'il parut en 1831 au
concours du grand prix de l'Institut, et qu'il y ob-
tint une mention honorable. Depuis lors ce jeune
ALKAN — ALLACCI
71
artiste s'est livré à la composition pour son ins-
tiiunont et à l'enseignement du piano. Il s'est fait
flnteruire avec succès dans plusieurs concerts, no-
tamment à l'un de ceux du Conservatoire, où il a
cxéouté un concerto de sa composition dans la
saison de 1831. Doué d'un talent sérieux et ori-
jiinnl, Alkan n'a pas recherche les succès de
vogue, que sa grande habileté lui eût rendus fa-
ciles. Les artistes ont une grande estime pour son
mérite, et en portent très-haut la valeur. Cette
opinion est justifiée, car Alkan n'est pas seule-
ment un très-habile pianiste et un compositeur
plein de fantaisie ; c'est un grand musicien qui
a jusqu'au fond du cœur le sentiment du beau.
Sa manière est d'une originalité incontestable.
Riais sa musique est difficile, et pour en bien
saisir l'esprit, il faut la lui entendre jouer : le
public ne la connaît pas suffisamment.
M. Alkan a publié jusqu'à ce jour les produc-
tions dont les titres suivent : 1° Les Omnibus, va-
riations pour le piano dédiées aux dames blan-
ches ; Paris, Schlesinger. — 2° Variations sur le
(bénie de L'Orage, de Steibelt. — 3" Concerto pour
le piano avec accompagnement d'orchestre. — 4"
Vingt-cinq préludes dans tous les tons majetirs
et mineurs pour piano ou orgtce, en trois suites,
op. 31; Paris, Brandus. — 5° Doiize études dans
tous les tons majeurs, op. 35 ; ibid. — G° V Ami-
tié, grande étude; ibid. — T Marche funèbre,
op. 26; ibid. — 8° Marche triomphale , op. 27;
ibid. — 9" Le Chemin de /er, étude pour le piano.
— 10° Bourrée d' Auvergne, éiwA^, op. 29; ibid.
— W" Le Preux, étude de concert, op. 17 ; ibid.
— 12° Nocturne pour piano forte, op. 22; ibid.
— {^° Saltarelle, idem, op. 23; ibid. — 14° Gigue
et air de ballet, idem, op. 'li;\h\d.— 15" \"Trio
pour piano, violon et violoncelle, op. 30; Paris,
Richault. — 16° Duefughe da Caméra (Jean qui
pleure et Jean qui rit); ibid. — 17° Partitions pour
le piano tirées des œuvres de Marcello, Gluck,
Haydn, Grétry, Mozart, nos 1 à 6 ; jbid. — 18» Va-
riation-fantaisie à quatre mains sur un thème de
Don Juan ; ibid. — 19" Recueil d'impromptus, op.
32, no' 1 et 2. — 20° Grande sonate . op. 33. —
21° Scherzo focoso. — 22° Duo concertant pour
piano et violon, op. 21. — 23° Études caprices,
formant les œuvres 12, 13, 15, 16, et renfermant
trois improvisations dans le style brillant, trois aw-
dante romantiques, trois morceaux dans le genre
pathétique , dédiés à Liszt , et trois scherzi. —
24° trois marches, quasi da cavaleria, op. 37,
r*^ et 2"°" livre de chants pour piano, op. 38. —
25° Douze études dans les tons mineurs, dédiés à
M. Fétis, op. 39. Cet ouvrage est une véritable
( lK)pée pour le piano : elle se développeen 276 pages
(!o musique, et l'on y trouve des pièces d'un genre
absolument nouveau, une svmphonie en quatre
parties, un concerto en trois divisions, une ouver-
ture, un dernier morceau intitulé Le Festin rf'/i"-
sopc. — 27° Trois marches à quatre mains, op. 40.
— 28° Trois fantaisies dédiés à L., op . 4 1 . — 29°
Réconciliation, petit caprice en forme de danse
\ias.q\ie, opA2. — 20° Salut, cendres du pauvre !
paraphrase, op. 45. — 81» Sonate pour piano et
violoncelle, op. 47. On a aussi d'Alkan plusieurs
ouvrages distingués sans n"* d'œuvre, entre autres,
Les Mois, qui se composent de douze morceaux,
en quatre suites ; trois grandes études pour les
deux mains séparées et réunies ; T" fantaisie pour
la main gauche seule; introduction, variations et
finale pour la main droite seule; étude à mouve-
ment semblable et perpétuel pour les deux mains.
ALKAIV (Napoléon Morhange), frère du
précédent, né à Paris, le 2 février 1826, a fait
ses études au Conservatoire de Paris, sous la
direction d'Adam et de Zimmerman. Ce der-
nier lui a donné aussi des leçons de composi-
tion. En 1850 il a pris part au concours de
l'Institut de France pour le grand prix de com-
position, et a obtenu le second prix pour la can-
tate intitulée Emma et Eginhard. On a de lui
quelques ouvrages pour le piano , parmi les-
quels on remarque une Étude fuguée sur Le
P/op^^^e deMeyerbeer; Paris, Brandus.
ALLACCI ( LÉON ), en latin Allatius, naquit
en 1586, dans l'île de Cliio, de parents grecs schis-
maliques. Dès l'âge de neuf ans il fut amené en
Calabre pour y commencer shs études, qu'il alla
finir à Rome. Ce fut un des plus savants littéra-
teurs du dix-septième siècle. Le pape Grégoire XV
l'iimploya en diverses circonstances. En 1661 il
fut nommé bibliothécaire du Vatican. Il mourut au
mois dejanvier 1669, âgé de quatre-vingt-trois ans.
Peu d'hommes ont écrit autant que lui ; cependant
on assure qu'il se servit de la même plume pendant
quarante ans, et que, l'ayant perdue, il fut près
d'en pleurer de chagrin. Il a donné un catalogue
de tous les drames italiens représentés depuis la
renaissance de la poésie dramatique jusqu'en 1666,
y compris les opéras : le titre de cet ouvrage est
Drammaturgia divisa in sette indici; Rome,
1666, in-12 : une nouvelle édition de ce cata-
logue fut publiée à Venise en 1755 , avec des cor-
rections, des augmentations et la continuation
jusqu'en 1755, sous le titre de Drammaturgia
accresciuta e continuata fino alV anno 1755.
Ce livre fournit des renseignements utiles sur les
compositeurs d'opéras italiens, depuis le com-
mencement du dix-septième siècle jusqu'au milieu
du dix-huitième. Paul Freher cite aussi un ou-
vrage d'Allacci (Theat. Viror. erudit., p. 1537)
sous le titre : De Melodis Grœcorum; mais il
72
ALLACCI — ALLEGRI
ne f5it pas s'il a élé imprimé, et je n'en ai trouvé
l'indication nulle part.
ALLAIRE, chantre de lY^lise de Paris
(Notre-Dame), mort le 13 avril 1547, suivant les
notes prises dans les archives de la catliédrale
par le chanoine Chastelain, et recueillies par
Boisgelou, était contemporain de quelques autres
musiciens français qui se distinguèrent sous les
. règnes de Louis Xil et de François 1er. On ne con-
naît jusqu'à ce moment que deux messes à qua-
tre voix de sa composition , insérées dans le re-
cueil qui a pour titre : Missariim dominicalium
quatuor vocuvi Lib. l. II, III; Parrkisiis (sic)
apud Petr. Attaingnant, 1534, in-4° obi. Les
autres compositeurs dont les messes se trouvent
danscettecollectionsontMathieuSohier, le Heur-
leur, Jean de Billon,Claudin,Certou et Dumoulin.
ALLATIUS(Leo). Voifez Allacci.
ALLEGRANTE ( MADELEfNE ) , cantatrice
italienne, élève de Ilolïbauer, maître de chapelle
à Manheim, parut pour la première fois sur le
tliéàtre à Venise en 1771, et après avoir chanté
sur plusieurs autres théâtres d'Italie, se rendit
en Allemagne en 1774. Elle continua à chanter à
Manheim et à Ratisbonne jusqu'en 1779. Alors
elle retourna à Venise, et. après s'être fait en-
tendre sur le théûlre de Saint- Samuel pendant
le carnaval, elle alla en Angleterre en 1781. Deux
ans après, elle se rendit à Dresde , où l'électeur
l'engagea moyennant mille ducats d'appointe-
ments. On ignore l'époque précise de son deuxième
voyage à Londres, mais on sait qu'elle y chanta
dans les oratoires en 1799. Sa voix était douce et
pure, mais manquait de force.
ALLEGUI (Grégoire), prêtre et composi-
teur, de la famille du Corrége, naquit à Rome
vers 1560.11 (ut élève de Jean Marie Nanini avec
Antoine Cifra et Pierre-François Valentini. Un
hénélice lui ayant été accordé dans la cathédrale
de Fermo, il fut d'abord attaché à cette église
comme chantre et compositeur. Ce fut pendant
ce temps qu'il publia ses concerts à deux, trois,
et quatre voix, et ses motets à deux, trois, quatre,
cinq, et six voix. La réputation que lui tirent
ces ouvrages lui procura l'honnenr d'être appelé
par le pape Urbain VllI, qui le fit entrer d.ins le
collège des chapelains chantres de la chapelle
pontificale, le 6 décembre 1629. Il y resta jusqu'à
sa mort, qui arriva le 18 février 1652, et fut in-
humé à Sainte-Marie in Vallicella, dans le caveau
du collège des chantres de la chapelle du Vati-
can. André Adami {Osscrvaz. per l>enregol.,e{c.,
pag. 199) dit qu'Allegri était d'une bonté rare,
foit chaiitahie, et qu'il visitait chaque jour les
prisonniers jiour leur distribuer tous les secours
tloiit il pouvait disposer.
Les ouvrages imprimés d'Allegri sont ri"//
primo Libre di Concerfi a due, tre e qiintlro
voci; Rome, Soldi, 1618. — 2" // seconda IJbro
di Concerti a due, tre e quattro voci; Rome,
Soldi, 1619. — 3° Gregorïi Allegri Romani Fir-
manx ecclesim beneficiati Motecta duarum,
trium, quatuor, quinque , sex vocum, liber
primus ; Rome, Soldi, 1620. — 4"* Motecta dua-
rum, trium, quatuor, quinque, sex vocum,
liber secundus; Rome, Soldi, 1621. Quelques
motets d'Allegri ont été aussi insérés par Fabio
Costantini dans le recueil qui a pour titre : Sceldx
di motelti di diversi eccellentissimi autoii j
due, ire, qtiattro e cinquevoci; Rome, 1618.
Un grand nombre de compositions inédites de ce
musicien célèbre se trouvent à Rome dans les
archives de Sainte-Marie in Vallicella, et dans
le collège des chapelains chantres de la chapelle
pontificale. L'abbé Baini cite particulièrement
un motet et une messe à huit voix, Christus re~
surgens ex mortuis. Enfin deux collections pri'-
cieuses, qui se trouvent dans le Collège Romain,
et qui ont pour titre : Varia musica sacra ex
bibliotheca Altaempsiana , jussu D. J. Angeli
ducisabAltaemps coZ^ecia, renferment plusieurs
compositions d'Allegri, notamment des concerts
pour plusieurs instruments, ouvrages fort remar-
quables dont Kircher a tiré un morceau qu'il a
publié dans sa Musurgia (t. 1, p. 487). On trouve
en partition, dans la bibliothèque musicale de M.
l'abbé Santini, à Rome, des Lamentations pour
la semaine sainte et des /mjoroperuàdeux chœurs,
le motet Salvatorem expectamus à six voix, les
psaumes Dixit Dominus et Beatus vir à huit
voix, des Magnificat également à huit, et enfin
les motets Domine Jesu Christi et Libéra me
Domine, tous composés par Grégoire Allegri.
Mais c'est surtout au Miserere à deux chœurs,
l'un à quatre voix , l'autre à cinq, qui se chante
à la chapelle Sixtine , à Rome, dans la semaine
sainte, qu'Allegri doit la réputation dont il jouit.
Ce Miserere est un de ces morceaux dont on ne
comprend pas l'elfet à fe lecture , à cause de la
grande simplicité qui y règne; mais il existe dans
la chapelle pontificale une tradition d'exécution
excellente qui en a fait ressortir le mérite et qui
lui donne une teinte religieuse et expressive dont
on ne peut se faire une idée sans l'avoir entendu.
La réputation dont jouissait ce morceau l'avait
en quelque sorte fait considérer comme sacré : il
était défendu d'en prendre ou d'en donner copie,
sous peine d'excommunication; cepemiant les
foudres de l'Église n'ont point effrayé les curieux.
Mo/art l'a écrit pendant qu'on le chantait; le
docteuF Burney en obtint une copie à Rome et
la publia à Londres en 1771; Choron l'a in-
ALLEGRI
73
séré dans sa Collection des pièces de musique
religieuse qui s'exécutent tous les ans à Rome,
durant la semairte sainte. Le même professeur
a fait exécuter, en 1830, les six premières slro-
plies et la dernière de ce Miserere, dans les con-
certs sjùriluels de rinslitntion royale de musique re-
iii-ieuse qu'il dirigait : les amateurs qui assistaient
h ces-concerts ont pu se faire une idée de cette
composition, qui n'avait jamais été entendue à
Paris.
L'anecdote suivante jjroiive jusqu'à l'évidence
que la perfection d'exécution qu'il y avait autre-
fois dans la chapelle Sixtine est indispensable
poiu" faire valoir le Miserere d'Allefiri. L'empe-
reur Léopold 1*'', grand amateur de musique,
en avait fait demander ime copie au Pape par
son ambassadeur à Rome, pour l'usage de la
chapelle impériale : elle lui fut accordée. Le
maître de la chapelle pontificale fut chargé de
faire faire cette copie, qui fut envoyée à l'empe-
reur. Plusieurs grands chanteurs se trouvaient
alors à Vienne : on les pria de coopérer à l'exé-
cution ; mais quel que fût leur mérite , comme
ils ignoraient la tradition , le morceau ne pro-
duisit d'autre elfet que celui d'un faux-bourdon
ordinaire. L'empereur crut que le maître de
chapelle avait éludé l'ordre et envoyé un autre
Miserere; il s'en plaignit, et le prétendu coupable
fut chassé, sans qu'on voulût entendre sa justifi-
cation. Enfin ce pauvre homme obtint de plaider
lui-même sa cause, et d'expliquer à Sa Sainteté
que la manière de chanter ce Miserere dans sa
chapelle ne pouvait s'exprimer par des noies,
ni se transmettre autrement que par l'exemple.
Le saint-père , qui n'entendait rien à la musique,
eut beaucoup de peine à comprendre comment
le même morceau pouvait produire des effets si
différents : cependant il ordonna à son maître de
chapelle d'écrire sa défense ; on l'envoya à Vienne,
et l'empereur en fut satisfait.
Pour compléter l'histoire du Miserere d'Alle-
gri , on croit devoir donner ici im extrait de la
notice de l'abbé Baini sur la chronologie 'les Mi-
serere qu'on a chantés à la chapelle Sixtine (Mé-
moires sur Palestrina). Cette notice contient
quelques faits curieux qu'on chercherait vaine-
ment ailleurs.
Deux volumes manuscrits des archives de la
chapelle, cotés 150 et 15t , renferment tous les
Miserere qui ont été chantés dans la chapelle
l>ontificale depuis les temps les plus reculés , à
l'exception du premier, qui fut chanté en faux-
bourdon en 1514 , sous le pontificat de LéonX,
et qui ne fut point jugé digne d'entrer dans le re-
cueil.
En 1517, Constant Testa, qui venait d'être
reçu chanteur de la chapelle, écrivit deux versets
du Miserere, l'un à quatre voix, l'autre à cinq.
Ce Miserere est le premier qu'on trouve dans le
recueil. Le deuxième est de Louis Dentice, gen-
tilhomme napolitain, auteur de due dialogin
delta musica, uno délia teorica, Vallro delta
pra/ica, etc. Naples, 1533. Ce Miserere est al-
ternativement à quatre voix et à cinq. Le troi-
sième, dont il n'y a que deux versets à quatri
voix , est de François Guerrero de Séville. Vien-
nent ensuite deux versets du Miserere , l'un à
quatre voix, l'autre à cinq , par Palestrina. Le
cinquième Miserere, dont il n'y a que deux ver-
sets , l'un à quatre voix , l'autre à cinq , est de
Théophile Gargano, de Gallese, qui fut agrégé
au collège des chantres de la chapelle, le 1^'' mai
1601. Le sixième Miserere, composé de deux
versets , l'un à quatre voix , l'autre à cinq , est
de Jean François Anerio, Felice Anerio est l'au-
teur du septième, qui est alternativement à quatre
et à cinq voix. Cet auteur est le premier qui a
écrit le dernier verset à neuf voix. Le huitième
Miserere, fort inférieur aux précédents , est d'un
auteur inconnu. Viennent ensuite les versets de
Palestrina, ci-dessus mentionnés, avec l'addition
du dernier verset à neuf voix , par Jean Marie
Nanini. Le dixième Miserere, à quatre voix,
avec le dernier verset à huit, est de Santo-Nal-
dini, romain agrégé au collège des chantres de
la chapelle, le 23 novembre 1617. Le onzième,
à quatre voix , avec le dernier verset à huit, est
de Roger Giovanelli , agrégé à la chapelle le 7
avril 1599. Le douzième, alternativement h
quatre et à cinq voix , avec le dernier verset h
neuf, est celui de Grégoire Allegri. L'usage d'é-
crire des Miserere pour la chapelle Sixtine cessa
dès ce moment, parce que celui d'Allegri fut
trouvé si beau, qu'on ne crut pas pouvoir faire
mieux. Cependant il le corrigea à plusieurs re-
prises, et en changea plusieurs fois l'ordre des
parties pour obtenir des effets meilleurs : il fat
ensuite revu et perfectionné par plusieurs chan-
teurs et compositeurs de la chapelle, qui y ajou-
tèrent tout ce qu'ils crurent le plus propre à en
rendre l'exécution satisfaisante. Ce morceau se
chantait dans les matinées du mercredi et du
vendredi saint. Le jeudi onavait l'usage de chan-
ter tantôt le Miserere de Felice Anerio, tantôt
celui de Santo-]Saldini.
Plus les beautés du Miserere d'Allegri étaient
appréciées, plus on éprouvait d'ennui à exécuter
les autres. En 1680, on obtint d'Alexandre Scar-
lalti qu'il en écrivît un nouveau pour le service
de la chapelle; mais la composition ne justifia
point tout ce qu'on attendait d'un tel maître : il
fut cependant adopté par res()ccl pour la répula-
74
ALLEGRI — ALLEVI
fion de son auleur, et exécuté le jeudi saint al-
ternativement avec ceux de Santo-Naldini et de
Felice Anerio. En 1714 , Thomas Bai, maître de
chapelle du Vatican , écrivit un nouveau Miserere
en deux versets, alternativement à quatre et à
cinq voix, avec le dernier à huit , sur le plan de
celui d'Allegri ; et cette composition fut trouvée
si belle, que dès lors on cessa de chanter les Mi-
serere de Felice Anerio et de Scarlatti, et qu'on
n'exécuta plus que ceux d'Allegri et de Bai , dans
les trois matinées des ténèbres, depuis 1714 jus-
qu'en 17G7. En 1768, Joseph Tarlini, célèbre
violoniste, fit don à la chapelle d'un Miserere de
sa composition, alternativement à cinq voix et à
quatre, avec le dernier verset à huit; la musique
était différente à chaque verset. Ce Miserere fat
exécuté la même année; mais il ne put soutenir
la comparaison avec ceux de Bai et d'Allegri,
et fut rejeté pour toujours. En 1777 , Pasquale
Pisari, à la demande des chantres de la chapelle,
composa un nouveau Miserere, avec tons les
versets différents , alternativement à quatre et à
<;inq voix, et les deux derniers versets à neuf;
il eut le même sort que celui de Tartini ; en sorte
(jue depuis 1778 jusqu'en 1820 les Miserere d'A\-
Ifgri et de Thomas Bai furent seuls exécutés. A
la demande de Pie VU. l'abbé Baini a écrit
nu nouveau Miserere en 1821; cette composition
a été jugée digne d'être chantée alternativement
avec celles des deux anciens compositeurs.
Que si l'on considère le morceau qui a fait la
célébrité d'Allegri , on n'y remarquera ni traits
saillants de mélodie, ni harmonie piquante et
nouvelle, ni effets inconnus au temps où vivait
l'auteur; mais une teinte de tristesse profonde
répandue sur tout l'ouvrage, nue excellente or-
donnance des voix et le rhythme bien cadencé
<les paroles n'en font pas moins un des morceaux
les plus originaux de l'époque où il parut, et ce-
lui peut-être qui , malgré son apftarente simpli-
cité, renferme le plus de difficultés pour l'exé-
culion. Au concert, dans un salon , la plupart de
ces beautés passent inaperçues ; mais à l'église ,
et surtout au Vatican , ce n'est pas sans émotion
(pi'elles peuvent être entendues.
ALLEGRI (Dominique), compositeur, né à
Rome, dans la seconde moitié du seizième siècle,
fut fait maître de chapelle de la basilique de
Sainte-Marie-Majeure, le 3 avril 1610 , et occupa
cette place jusqu'à la fin de 1629. Il vivait encore
en 1638; car il fit imprimer dans cette année un
de ses ouvrages. Ce musicien fut un des pre-
miers qui écrivirent les parties d'instruments qui
devaient accompagner le chant dans un système
différent de celui des voix ; son premier essai en
ce genre est dans l'ouvrage qui a pour litre ;
Modi quos expressit in choris, Rome, 1617.
On connaît aussi sous le nom de ce compositeur
Motteli a 2, ?,, k et h voci. Eovm, 1638, in-4o.
La collection de l'Abbé Santini , à Rome , con-
tient aussi de ce maître, en partition et en ma-
nusctit, le motet Euge, serve bone, pour 12 té-
nors; un autre motet pour 12 basses , sur le texte
Beatus ille srrvus, et enfin une Messe à 1 G voix.
ALLEGRI (Jeaiv-Baptiste), compositeur et
organiste à Arzignano , petite ville de l'état véni-
tien, située entre les rivières de Gua et de
C/iiampo, a publié douze motets à voix seule,
avec des violons et basse, œuvre 1*^^ Venise,
l-OO, in-fol.
ALLEGRI (D. Philippe), né à Florence le
18 juillet 1768, fut maître de musique au sémi-
naire de cette ville, et maître de chapelle de
Saint-Michel. Il est élève du père L. Braccini.
Sa musique abonde en motifs élégants ; ses chants
sontvrais etexpressifs et ses modulations heureu-
ses. La messe derequiem, à quatre voix et à grand
orchestre, qu'il a composée pour les obsèques de
l'archevêque Martini lui a fait beaucoup d'hon-
neur, On connaît aussi de sa composition un
0 salutaris hostia, pour soprano et basse, et
le motet verbum carofactum est , pour ténor
et basse.
A LLEIV (Richard) , écrivain anglais de la fin
du dix-septième siècle n'est connu que par un
livre sur le chant des psaumes, intitulé : jE"*-
satj on singing of psalms, etc.. Londres, 1696,
in-8". Le docteur Russel ayant attaqué quelques
passages de ce livre dans des Animadversions
icpon Aliènes essaij on singing of psalms, etc.,
Londres , 1696 , Allen répondit avec aigreur dans
un pamphlet qui avait pour titre : A briefvin-
dication of an essay , to prove singing of
psalms, etc., from Dr. RusseVs Animadver-
sions, and M. Marlow's remarqs , Londres,
1696, in-12. Cette querelle se termina par une
réponse adressée à Allen par un écrivain nommé
Richard Claridge , sous ce titre : An answer to
Richard Allen\<i essay. vindication andappen-
dix, Londres, 1697 , in-8o.
ALLEVI (Josupu), compositeur italien du
dix-septième siècle et maître de chapelle de la
cathédrale de Plaisance, est connu par un ouvrage
divisé en trois livres et qui a pour titre Composi-
zione sacre. Le premier livre n'est pas indiqué
dans les catalogues des grandes bibliothèques
musicales ; mais le second et le troisième livres
sont au Lycée musical de Bologne. Le second livre
est intitulé : Composizioni sacre a 2, 3 e 4 voci,
Missa per H defonti a quattro a Capella
lib. II. Venezia, per Fr. Magni e Gardano,
1662, in-4o. Le titre du troisième livre est ce-
ALLF.VI — ALMENRAEDER
75
liii-ci : Terzo libro délie composizioni sacre, a
2, 3 e 4 voci, parte con violini, e sonate a tre
cioe La Tortona, la Morella, la Toscola, le
litanie délia Bcata V. a 4 voci. Bologne, G.
Monti, 10G8, in-4o.
ALLISON (Richard), professeur de mu-
sique à Londres, vécut sous le règne de la reine
Elisabeth. Il fut l'un des dix auteurs qui coopé-
rèrent à la composilion de la musique des psau-
mes imprimés à Londres , par Thomas Este, en
1594, in-80. lia aussi publié séparément : The
psalmes of David in metter , the plaine-song
beeing the common tune ta be sung and plaid
vpon the lute, orphartjon, citterne, or base-
viol, severally or altogethcer, the singing
parts to be either ténor or treeble to Ihe ins-
truments, according to the nature of the
voices , or for foure voices, with tennes short
tunnes in the end, to which for the most
part ail the psalmes madde usuallij siing ,
for the use of such as are of mean skill,
and whose leysure least servcth to practise
(Les Psaumes de David mesurés, dont la mé-
lodie, en chant ordinaire , est destinée au luth ,
au théorbe , à la guitare ou à la basse de viole ,
et dont ,Ies parties chantantes doivent être le
ténor ou le dessus, avec les instruments, suivant
la nature des voix, ou qui peuvent être chantés à
4 voix; avec dix airs brefs à la fin, auxquels
la plus grande partie des psaumes peut-être ap-
pliquée, etc.). Londres, in-fol., 1599.
ALLIX (...), mathématicien, mécanicien et
musicien qui vivait à Aix en Provence, vers le
milieu du dix-septième siècle , fit un squelette
qui , par un mécanisme caché, jouait de la gui-
tare. Bonnet , dans son Histoire de la Musique
(p. 82 ), rapporte une histoire tragique de la fin
«le ce savant. 11 plaçait au cou de son squelette
une guitare accordée à l'unisson d'une autre qu'il
tenait lui-même dans ses mains, et plaçait les
doigts de l'automate sur le manche; puis, par un
temps calme et serein , les fenêtres et la porte
étant ouvertes, il se plaçait dans un coin de la
chambre, et jouait sur sa guitare des passages
que le squelette répétait sur la sienne. Il y a lieu
lie croire que l'instrument résonnait à la manière
(les harpes éoliennes, et que le mécanisme qui
faisait mouvoir les doigts du squelette n'était
pour rien dans la production des sons. Quoi qu'il
en soit , ce concert étrange causa de la rumeur
parmi la population superstitieuse de la ville
d'Aix ; le pauvre AUix fut accusé de magie, et le
parlement fit instruire son procès. Jugé par la
chambre de la Toiirnelle , il ne put faire com-
prendre que l'effet merveilleux de son automate
n'était que la résolution d'un problème de mé-
canique. L'arrêt du parlement le condamna à être
pendu et brûlé en place publique, avec le sque-
lette, complice de ses sortilèges, et la sentence
fut exécutée en 1(IG4, à la grande satisfaction,
de tous les hommes dévots.
ALLOU (Adrien), musicien français, né-
vers le milieu du seizième siècle, fut maître des-
enfants de chœur de Saint-Martin de Tours. En
1585 , il obtint au concours du Puy de musique
d'Évreux , en Normandie, le premier prix , con-
sistant en un orgue d'argent, pour le motet Gus-
tate et videte.
ALMASIA {...), compositeur, né à Mi-
lan en I80G , a fait ses études musicales sous la
direction d'Asioli. Fixé à Plaisance, en qualité
de maître de chapelle, il occupait cette position,
en 184G , depuis plusieurs années. Il y a écrit des
Messes, un Dixit à 4 voix et orchestre, et plu-
sieurs autres morceaux de musique religieuse
d'un bon style. On a publié à Milan, chez Ric-
cordi , des valses pour le piano, sous le nom à'Al-
viasio : peut-être sont-elles du même artiste.
ALMEIDA (Antoine de), maître de cha-
pelle de la cathédrale de Porto, en Torlugal ,
vers le milieu du seizième siècle, naquit dans
cette ville. lia mis en musique un oratorio dont
le texte a été publié sous ce titre. La Humana
carça abrazada el grand martyr S. Lau-
renlio; Coïmbre, 1556, in-4''. Machado (Bibl.
Lusit., 2, 1, p. 197) fait beaucoup d'éloges du
talent de ce maître.
ALMEIDA (Fernando de), prêtre portu-
gais et compositeur, né à Lisbonne, fit pro-
fession en 1636 dans le monastère de Saint-Tho-
mas, et devint en 1656 visiteur de son ordre.
Il est mort à Lisbonne le 21 mars IGGO. Son
maître de composition fut Duarte Lobo. Les
principaux ouvrages de ce musicien sont : 1° La-
mentaçoéns , Responsorios , e Miserercs dos
très officios da quarta, quinta e sestafeira da
Semana Santa , en Mss., dans la bibliothèque
de Saint-Thomas , 2° 3Iissa a doze vozes , dans
la bibliothèque du roi de Portugal.
ALMEIVRAEDER (Charles), né le 3 oc-
tobre 1786, à Ronsdorf , petite ville de la régence
de Dusseldorf , était fils d'un musicien de celle
ville, qui lui enseigna les éléments delà musique
dès ses premières années. Il jouait déjà du clavecin,
de la flûte et du cor lorsqu'on Ir-i fit cadeau d'un
mauvais basson, à l'âge de treize ans. Malgré ses
défauts, cet instrument lui révéla sa destination ;
car il se mit à l'étudier avec ardeur et parvint
en peu de temps à en jouer d'une manière satis-
faisante. L'acquisition qu'il fit d'un meilleur
instrument lui permit de perfectionner son ta-
lent. En 1812, il entra comme premier bassoa
A.LMENRAEDER — ALQUEN
ai! IhMtre de Francfort. Deux ans après, le sou-
lèvement général de L'Allemagne contre la Fiance
l'obligea d'accepter la place de chef de musi-
que du 3* régiment de la Landwehr , et de
faire la campagne qui ne ftit terminée pour lui
qu'en 181G. Arrivé à Mayence, il entra dans le
3* régiment de ligne en la même qualité; et la
place de premier basson du théâtre de cette ville
lui fut confiée en 1817. A cette époque, Go-
defroid Weber était intendant supérieur de ce
théâtre. Charmé par letalent d'Almenraeder, il lui
communiqua sa théorie acoustique de la construc-
tion des instruments à vent, et fixa son attention
sur la nécessité de peifectionner celle du basson.
L'artiste, préoccupé de ces nouvelles idées,
fit beaucoup d'essais , et parvint enfin à l'amé-
lioration de la justesse de quelques notes en aug-
mentant le nombre de clefs. Bientôt les ins-
truments fabriqués par lui furent reclierchés
en Allemagne, et Almenraeder prit le résolution
de fonder une fabrique à Cologne. 11 se fixa en
effet dans cette ville et s'y livra avec ardeur à
la fabrication des bassons ; mais cette entreprise
ne réussit pas; la santé de l'artiste, affaiblie par
le travail , l'obligea à fermer ses ateliers en 1S22
et à accepter la place de premier basson du Duc
de Nassau , à Biberich. Il y joignit la direc-
tion supérieure de la fabrique d'instruments à
vent d'après les principes de Weber, que
MM. Schott avaient établie à Mayence. A
l'exception de quelques voyages qu'il entreprit
pour donner des concerts , particulièrement eu
Hollande , il continua de vivre dans cette po-
sition. Il mourut à Biberich le Ki septembre
1843. Almenraeder a exposé les principes qui
l'ont dirigé pour la construction de son basson,
dans un écrit qui a pour titre ; Traité sur le
perfeclionncment du basson, avec deux ta-
bleaux , en allemand et en français ; Mayence,
Schott, lS24,in-4. 11 a publié une Méthode
complète pour le basson , en allemand et en
fiançais; Mayence, Schott, sans date. Il s'est
fait aussi connaître comme compositeur par un
concerto pour le basson, en ut mineur;
Mayence, Schott; Pot-pourri pour basson et
orchestre, op. 3, ibïd; Variations avec violon,
alto et violoncelle, op. 4, ib'id. ; Inlroduction
et variations pour basson et quatuor, op. 6;
Darmstadt, Alisky; Duellinos pour deux bas-
«^ons , op. 8 ; Mayence, Schott ; Duos pour deux
bassons, op. 10; etc. Il a laissé en manuscrit
plusieurs concertos pour son instrument, une
fantaisie pour hautbois , clarinette, cor de bas-
sette, basson et deux cors, ainsi que d'autres
compositions de différents genres.
Un (ilo de Charles Almenraeder, nommé aussi
Charles, s'est fixé à Cologne comme marchand
de musique. Il y était, en 1844, premier violon
du théâtre, et directeur d'une société d'amateurs
de musique instrumentale qui exécutait des
symphonies et des ouvertures.
ALMERIGHI DI RIMIIMI (Joseph),
musicien de la chambre du landgrave de Hesse-
Darmstadt, né à Rimini, dans les États romains ,
publia à Nuremberg, en 1761, Sei sonate da
caméra pour deux violons et basse, op. l"".
ALMEYDA (Charles - François), violo-
niste et compositeur au service du roi d'Espa-
gne, né à Burgos, a écrit deux œuvres de quar-
tellis pour deux violons, allô et basse, dont
Pleyel a fait graver le deuxième à Paris ,en 1795.
ALOVISS (Jean - Baptiste), en latin
ALOYSIUS, mineur conventuel et bachelier en
théologie ta Bologne, naquit vers la fin du seizième
siècle. Il a publié : 1" Motecta festorum totius
anni, à quatre voix ; Milan 1587, in-4° ; 2° Con-
textusmusicus, motets à deux, trois et quatre
voix, Venise, \&'}LÇ>,m-k;Z° Cœlum harmonicum,
messes à quatre voix, Venise, 1628, m-k^ ;
4° Celestem Parnassum, motets, litanies et can-
tiques à deux , trois et quatre voix ; 5° Vellus
aureum , litanies de la Vierge à quatre , cinq ,
six , sept et huit voix; 6° Corona stellarum,
motets à quatre voix ; Venise , 1637. On trouve
aussi des motets d'Alovisi dans la collection
d'Ambroise Profe ( V. ce nom).
ALQUEIV (Jean d'), né à Arnsberg, en
Westpiialie, en 1795, d'une famille honorable
qui vivait dans l'aisance, reçut une bonne édu-
cation scientifique et littéraire dans sa jeunesse, et
cultiva aussi la musique avec succès. Doué d'une
bonne voix, il se livra à l'étude du chant sous la
direction de Zciter et de Bernard Klein, lorsqu'il
alla suivre les cours de médecine à l'université
de Berlin. Plus tard, lorsqu'il se fut établi comme
médecin à Miihlheim, sur le Rhin , il se délassa
des occupations de sa profession en composant
une très-grande quantité de chansons qui sont
devenues populaires, et qui ont joui en Allemagne
d'une vogue extraordinaire. Leur mérite les a
fait comparer aux meilleures choses en ce genre
des compositeurs les plus renommés. Ces chan-
sons se sont répandues en manuscrit et surtout
par la tradition populaire ; mais on n'en a rien
publié.
ALQUEN (François d'), frère piitné du pré-
cédent, était destiné par ses parents à la profes-
sion d'avocat; mais son goût passionné pour la
musique le détourna de l'étude du droit, et ses
liaisons avec Ries le décidèrent à suivre son pen-
chant. Les leçons de cet artiste célèbre lui ayant
fait acquérir un talent distingué sur le piano, ii
ALQUEN — ALTEMPS
se fit entendre avec succès d.tns plusieurs con-
certs. En 1827. il s'établit à Bruxelles et s'y livra
à l'enseignement; mais la Révolution de 1830 lui
fit abandonner la Belpque pour se fixer à Lon-
dres. Il y a publié plusieurs compositions pour
son instrument, entre autres deux œuvres de
sonates pour le piano, deux concertos pour le
môme instrument, des variations, et quelques
bagatelles.
ALSCHALABI (Mohammed) , Arabe d'Es-
pajçne, qui vivait dans la si\ cent dix-huitième
année de l'iiéjiire ( 1415 de l'ère chrétienne), est
auteur «l'un traité de musique que Cassiri ( Bibl.
Arabico-Hisp. Escurial.t, f.p. 527,art.MDXXX)
indique sous ce titre : Opus de licito musico-
rum instrumentorum usu , musices censura
et npologia inscnptnm, eoriim scilicei in pri-
mis, qux per ea temporel apud Arabos Hispa-
nos obtimiere, quxqae ad triginta et jtnum
ibidem enumerat auctor diligentissimus , qui
librura suum Abu Jucobo- Joseph ex Almora-
bitharum natione Hispanix tune régi, exeiintc
Egirse anno 618, dedicavit.
ALSCHER (Joseph), contre-bassiste alle-
mand, virtuose distingué sur son instrument, a
été considéré il y a vingt ans ( vers 1830 ) comme
le rival de Dragonelti et de Mûller. On n'a de ren-
seignements ni sur le lieu de sa naissance, ni sur
ses premières années. Il vécut en Italie depuis
1830 jusqu'en 1837; puis il retourna en Alle-
magne, et donna des concerts à Prague et à
Leipsick. Postérieurement il s'est fixé dans la
première de ces villes.
ALSDORF (Wilhelm) , directeur de mu-
sique à Rostock, né àKœnigsberg vers 1804, s'est
fait connaître par la composition d'un opéra ro-
mantique intitulé : Die Wiedertaufer odcr Jo-
hann von Leyden (Les Anabaptistes, ou Jean
«le Leyde), qui fut représenté dans les mois de
juillet et d'août 1839 à Rostock et à Greiswald.
Le sujet de cet ouvrage est le môme que celui
du Prophète de Meyerbeer ; mais la conception
«les deux drames n'a pas de rapport, et le sort
des deux ouvrages a été très-diiférent.
ALSÏED (Jean-Henri ), né à Herboin, dans
le comté de Nassau, en 1588 , professa d'abord
la philosophie et la théologie dans sa patrie ; mais
dans la suite il alla à Weissembourg en Transyl-
vanie, où il remplit également les fonctions de
professeur. Il y mourut en lf)38, à l'âge de cin-
quante ans. 11 a traité de la musique dans son livre
intitulé: Seientiarum omnium Encyclopœdia,
Herborn, 1610, in-4", réimprimé avec de grandes
augmentations à Herborn, en 1630, 2 vol. in-folio,
et à Lyon, 1649. On trouve im Elementalc mu-
sicum dans son Elementale mathematicum,
Francfort, 1611, in-4".rct Etementale musicum
est divisé en deux livres ; i" De Musica sim-
plici; 20 De Musica harmonica, et remplit
treize feuilles in-4o. Le 8^ livre de ses Admiran-
dorum mathematicorum est aussi consacré à la
musique. La première édition de cet ouvrage pa-
rut à Herborn, en 1613, in-r2 , et la seconde à
Francfort, en 1623, xnko. L' Elementale musi-
cum a été traduit en anglais par Jean Bircliensha,
sous ce titre : Templum musicum, or the mu-
sical synopsis of the learned and famous Jo-
hannes-Ilenricus Alstedius ; bcing a compen-
dium of the rudiments bolh of the mathema-
tical and practical part of musik : o/which
subject not any book is extant in the english
longue , Jaithfully translated oui of the la-
tin, by John Birchensha; fondon, 1664.
ALT (....), secrétaire d'État à Glogau, vers
la lin du dix-huitième siècle, fut un amateur dis-
tingué comme violoniste et comme compositeur.
En 1790 il a publié chez Hummel, à Berlin,
trois quatuors pour flûte, violons et basse.
ALTAVILLA ( François) , composileur na-
politain, élève du collège royal de musique de
Napies , a fait sa première apparition dans le
monde musical, comme composileur drama-
tique, par l'opéra bouffe // Prcventivo d'arresta
représeuté au théâtre Nuovo , en 1843. L'ou-
vrage ne réussit pas; mais le compositeur fut
plus heureux dans / Pirati di Barraliera , re-
présenté au théâtre du Fonda, dans le carnaval de
1846, el dans, Lo Sposalizio diun Principe, au
théâtre Nuovo, dans la même année. Ses autres
ouvrages dramatiques connus sont : I Litigantï ;
Pace figlia dtamore; Il Debilore; Raoul di
Créqui.
ALTEMPS (Serafino), musicien d'origine
irlandaise, vécut à Rome vers le milieu du dix-
huitîème siècle, et fut attaché à l'église des Douze
Apôtres en qualité de chantre. Il était à la fois bon
maître de chant et savant dans l'art d'écrire. Dans
le fonds de Mont-Cassin, qui est à la bibliothèque
royale de Munich, on trouve sous le nom de cet
artiste un volume manuscrit d'études de contre-
point.
ALTEMPS (Dom Faustino, fils du précé-
dent, fut bénédictin au couvent de Saint-Calixte à
Rome. Le fonds de Mont-Cassin , dont il est
parlé dans l'article précédent, contient les motels
suivants de la composition de ce religieux: \o As-
sumpla est, pour soprano, basse et orgue;
20 Paradisi portae, pour basse et orgue,
30 Alléluia; Beatus vir, à 4 voix et orgue;
Quasi Cedrus, pour 2 soprani, basse et orgue;
50 Veni ad liberandum, pour 2 soprani, basse
et oigi^e. Tons ces morceaux sont en manuscrit.
78
ALTENBURG — ALTÈS
ALTENBURG (Michel), compositeur et pré.
(licateur à Erfiirt, naquit à Trœclitelborn, dans
la Tiiupingc, en 1 583. Nommé en 1 608 pasteur à Hil"
voisgeliofen et à Marpacli, prèsd'Erfurt, il revint
en 1610 dans le lieu de sa naissance, où l'on
trouve encore son portrait auprès de l'orgue ;
en 1621, il alla exercer le pastorat à Grossen-
Sœmmerda; et enfin en 1C37, il' fut appelé à
Krfurt en qualité de diacre, et l'année suivante il
fut élevé à la dignité de pasteur de l'église Saint-
André. Ilmoiu-utdans ce lieu le 12 février 1640.
On connaît de lui les compositions suivantes :
10 Bas 53 Kapiiel des Jesaias, angehœndt :
liernhardi passio tua Domini Chrisli, mit
nchl Slimmen componUt (Le 53™® chapitre
d'isaie, commençant par ces mots : Bernhardi
passio tua Domini Chrisli, à 8 voix), Er-
furt, 1 608, in-4o ; 2o JJochzeit Motteten von
sieben Stimmen (Motels à 7 voix pour le
jours de noces), Erfurt, 1513; 3° Musikalischer
Schirmund Scfiild der Burger und Einwoh-
ner, oder der Psalm mit seclis Stimmen (Abri
musical et bouclier du bourgeois et du citadin,
ou le 55""! psaume à 6 voix), Erfurt, 1618;
4" Kirch-und Haus-gesœnge mit filnf, sechs
und acht Stimmen. 1 — 4 fli. (Clianls d'église
et de cbambre à 5, 6 et 8 voix, en quatre par-
ties), Erfurt, 1620—1621; 5° Intraden mit
sechs Stimmen; welche zufœrderst au/ Gei-
qen, Lauten, Instnimenten und Orgelwerk
gerichtet sind, etc., Erfurt, t620,in-4o; C" Can-
tiones de adventu Domini Nostri Jesu, quin-
que, sex et octo vocibus compositx, Erfurt,
1621, in-4o; 7o Musikalische Weihnachts tmd
newJahrsZierde, etc., zu vier-neune Stimmen
(Chants de Noël et de nouvelle année, etc., de-
puis 4 jusqu'à 9 voix ), Erfurt, 1621; in-4f;
80 m und IV th. Musikalische Fest-Gesœnge,
mit/iinf-vierzehn Stimmen, Erfurt, 1653.
ÀLTEIXBURG (Jean-Ernest), virtuose sur
la trompette, compositeur et écrivain didactique,
naquit à Weissenfels en 1734. Son père, J. Gas-
par Altenburg, trompette de la musique particu-
culière du prince de Weissenfels, fut lui-même
un artiste fort distingué sur son instrument.
Après avoir assisté à la bataille de Malplaquet,
il retourna en Allemagne, et fit admirer ses ta-
lents par les rois de Prusse et de Pologne, dans
les coins de Gotha, de Bayreuth, d'Anspach, de
Stultgard, de Cassel, de Brnnswick, de Schwc-
rin, deSlrélitz-SonilersIiausen, et dans les villes
de Hamboiug, Nuremberg, etc. Le roi Frédéric-
Auguste lui fit proposer d'entrer à son service
avec 600 tlialers d'appoinlenient. Il mourut en
1761. L'exemple du père fit naître l'émulation
du (ils. Celui-ci ne se contenta point d'exécuter
avec habileté sur son instrument, et de composer
des pièces pour deux, quatre, six et huit trom-
pettes; il écrivit aussi le traité historique et
pratique qu'on cite comme ce qu'il y a de meil-
leur sur la trompette et sur les timbales. Cet
ouvrage est intitulé : Versuch einer Anleitung
zur heroisch-7mtsikalischen Trompeter und
Paukenkunst , zur mehreren Aufnahme der-
selben historisch, theoretish U7id practisch
beschrieben und mit Exempeln erlaûtert.
(Traité historique, théorique et pratique sur
la trompette héroico-musicale et sur la tim-
bale, etc.). Halle, chez Hendel, 1795, 123 pages
in-4o. La première partie de cet ouvrage est his-
torique; la seconde est relative à l'art de jouer de
la trompette. Le livre est terminé par un con-
certo pour sept trompettes et timbales.
ALTES (Joseph-Henri) , né à Rouen, le 18
janvier 1826, commença l'étude de la lliite dès
l'âge de dix ans, et montra dès lors d'heureuses
dispositions pour cet instrum<;nt. Admis comme
élève au Conservatoire de Paris le 7 décembre
1840, il suivit le cours du Tulou. Ses progrès
furent si rapides, qu'au concours de 1841 le second
prix de tlCite lui (ut décerné : sa brillante exécu-
tion lui fit obtenir le premier dans l'année sui-
vante. Depuis lors il s'est fait applaudir dans les
concerts, et son talent l'a fait admettre dans l'or-
ciiestre de l'Ojiéra. On a publié de sa composition
jusqu'à ce jour (1858) les ouvrages suivants:
1° Variations sur un Ihèiue du Pirule pour
(lûte et orchestre ou piano, op. 1, Paris, Pii-
chaull; 2" Fantaisie pour fliite et orchestre ou
piano, op, 2; ibid. 3° Fantaisie concertante pour
tlûteet violon, avec accompagnement d'orchestre
ou piano, op. 3. ibid, ; 4" Ire Fantaisie caracté-
ristique {La Vénitienne ), pour (lûte et piano,
op. 4, ibid; 5° 2'"e Fantaisie caractéristique
(VHelvétienne), id., op. 5 ibid.; 6° 3">e Fan-
taisie caractéristique {V Espagnole) ,id., op.
6, î/;irf.; 7° Grande Fantaisie pour flûte et orchestre
ou piano, op. 7, ibid.
ALTES (Ernest-Eugène), frère du précé-
dent, est né à Paris, le 28 mars 1830. Admis au
Conservatoire de Paris, le 13 février 184.t, il y
devint élève d'Habeneck pour le violon. Deux ans J
après il obtint un accessit au concours. En 1847 "
le second prix lui fut décerné, et le brillant suc-
cès qu'il eut au concours de l'année suivante lui
fit obtenir le premier. Devenu élève de M. Bazin
pour riiarmonie , il eut le second prix de cette
science en 1849, puis il suivit le cours de com-
position de Carafa; mais il n'acheva pas .ses
études sous ce professeur. Au moisd'octohre 1850
il s'est retiré du Conservatoire et est entré comme
violoniste à rorchcstrede l'Opéra. Depuis lors il
ALTÈS - ALYPIUS
79
s'est fait entendre avec succès dans quelques con-
certs. Jusqu'à ce jour (1858) il n'a rien publié
tic sa composition.
ALTMAIV ( D' ) , greffier de la chambre impé-
riale de Brcslau, au commencement du dix-liui-
lième siècle, a écrit un Compendium musicum;
ou instruction abrégée sur la basse continue ; mais
on ignore si ce livre a été imprimé.
ALTMUTTER (Marianne), habile canta-
trice et actrice, née à Inspruck le 19 décembre
1790. Son père étant passé à Munich , où il éta-
blit une fabrique d'étoffes de soie, elle l'y suivit
ets'y adonna à l'étude du théâtre et de la musique,
lille eut pour professeur de chant le maître de cha-
pelle François Danzi ; et, lorsque celui-ci passa
au service du roi de Wurtemberg , elle reçut des
leçons du compositeur P. Winter. Ce fut la cé-
lèbre actrice Marianne Lang qui la dirigea dans
l'art théâtral. D'heureuses dispositions déve-
loppées par ces habiles maîtres, une belle voix,
les avantages de la taille et de la figure, lui va-
lurent de grands succès à ses débuts. Son pre-
mier rôle fut celui d'Elvire, dans l'opéra de don
Juan de Mozart. Dès 1805, elle fut attachée à
la cour de Munich, où elle se trouvait encore en
1812.
ALTiXIKOL (JEAN-CnRiSTCB>nE), organiste
à Naumbourg, en Saxe, élève et gendre de J.
Seb. Bach, vivait encore en 1758, et jouissait de
la réputation d'un des meilleurs organistes et
clavecinistes de son temps. Parmi ses composi-
tions, qui ne sont pas dépourvues de mérite , on
trouve à la bibliothèque royale de Berlin un Hal-
leluia à 4 voix et orchestre; un motet : Nun Dan-
het alleGott, à 5 voix; deux Sanctos, dont un
à 4 voix et orgue, des fugues et une sonate pour
le clavecin. Le catalogue de Breitkopf indique un
if/a^nj/îca^ et plusieurs cantates à grand orchestre
de sa composition.
ALVARS (A. PARISH-). Voyez PARISH-
ALVARS.
ALVAREZ ACEVO (Bernard), plus
connu en Espagne sous le deuxième nom que
sous le premier, était, en 1787, maître de cha-
pelle de l'église dite de la Solitude (Soledad ) ,
de Madrid. Ses œuvres de musique religieuse ont
eu beaucoup de réputation dans certaines pro-
vinces de l'Espagne. Quelques-uns de ses ouvra-
ges sont conservés en manuscrit dans les ardiives
de l'Escurial. Alvarez écrivait en général dans un
style brillant, et donnait à l'instrumentation plus
d'importance et d'effet que les autres compositeurs
espagnols de son temps.
ALVEIXSLEBEIV ( Agibhard d' ), directeur
de musique de la société Euterpe, à Leipsickj
compositeur et professeur de piano, actuellement
vivant (1858), est élève de M. Marx, et s'est
déjà fait connaître avantageusement en 1838,
époque où il faisait ses études à l'université de
Beriin, par la composition d'une cantate pour
voix d'hommes avec orchestre, exécutée le 3
août de cette année à la fôte de l'université. Une
analyse de cette cantate, avec des passages
notés , a été donnée dans la Gazette générale de
musique (de Leipsick), numéro 37 de la même
année. Elle indique un bon sentiment de mélodie
et de l'habileté dans l'art d'écrire. M. d'Alvens-
leben a fait entendre dans les concerts de la so-
ciété d'Euterpe, à Leipsick, une ouverture et une
symphonie (en sol mineur) auxquelles on a ac-
cordé des éloges. Il a publié : 1" 4 pièces carac-
téristiques pour le piano , op. 3. Leipsick, Hof-
meister; 2° : 6 Lieder pour voix de soprano et
piano, op. 1 , Berlin , Bote et Bock ; 3° 6 Lieder
pour contralto et piano, op. 2, ibid.; 4° 6 Lieder
pour Ulezzo-saprano et piano, op. 4, Berlin,
Stern ; 5° 2 Lieder pour voix de basse et piano,
op. 5, Leipsick, Whistling. J'ignore si M. d'Al-
vensleben est le même qui a i)ublié une espèce
d'Almanach biographique des artistes dramati-
ques du théâtre allemand, sous ce titre : Bio-
grapJiisches Taschcnbuch dcutscher Bûhnen-
Kilnstler und Kiinstlerinn. Première année,
Leipsick, Fischer, 1836, 1 vol. in- 12. Deuxième
année, ibid. 1837, 1 vol. in -12. La première
année contient les notices biographiques de Henri
Marschner, M""^ Béatrix Fischer-Schwarzbock,
Edouard Genest , M. Greiner, G. Spontini , H.
Kreite, et Fr. Wilh. Grohmann. Dans la seconde
année on trouve les notices de M""-" Franchetti-
Walzel, Morlacchi, Jules Peilegrini , Élise
Pohibesteimer, Jos. Raslrelli , Guill. Rauscher
et Marie Pistor.
ALVERI ( .... ), compositeur bolonais, vécut
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
11 fut un des plus anciens auteurs de cantates à
voix seule, dont il publia un premier Uvre à Bo-
logne, chez Monti, en 167t, un second, chez
le môme, en 1678, et un troisième, en 1687.
ALVIMARE (D'). Voyez Dalvimare.
ALYPIUS, auteur grec qui a écrit sur la
musique et qu'on croit avoir été un sophiste de
l'École d'Alexandrie. Un passage d'Eunapins,
dans la vie de Jamblique , a fait croire que l'au-
teur dont il s'agit était contemporain de ce der-
nier, et conséquemment qu'il vivait sous le règne
de l'empereur Julien (Voyez Meursius, Annot.
ad Aristox., Nichom., Alyp., [>. 186) ; mais il
n'est pas prouvé que cet Alypius soit l'écrivain
sur la musique. Cassiodore semble avoir cru que
cet auteur vivait avant Euclide et Ptolémce ; car
il fait l'énumération de ces auteurs {in Musiea,
80
ALYPIUS
circafin. ) dans cet ordre : Quamapud Grxcos
Al y plus , Euclydes , Ptolomseus , eXc. Mcibo-
mius n'a pas placé l'époque de la vie d'Alypius
avant Euclide; mais il a cru qu'il était antérieur
à Ptoiémée ( in Epist. Lectori benev. ante Lib.
I. de Mus. Aristid. QuintiL); mais rien n'au-
torise cette conjecture. Tout porte à croire
qu'Alypius n'a pas vécu dans une antiquité re-
culée , car Cassiodore est le premier écrivain qui
l'ait cité. Si Alypiusest le même dont Eunapius
a parlé, il était si petit de taille, qu'il ressemblait
à un nain ; mais c'était un homme de beaucoup
de mérite : Summus disserendi arti/ex, sta-
turaperpugïlla Instar pygmœi. Eunapius ajoute
qu'il était né à Alexandrie, et qu'il mourut en
cette ville dans un âge avancé.
Le livre d'Alypius a pour titre : Eîcaywyyi
[xoyfftxr;, c'est-àdire, Introduction à la Mu-
sique. On le trouve en manuscrit dans la plupart
des grandes bibliothèques, particulièrement
dans la Bibliothèque impériale de Paris, où ii y en
a plusieurs copies. Cet ouvrage fut publié pour
la première fois par J. Mcursius, d'après le ma-
nuscrit de Scaliger, avec les traités de musique
d'AristoxèneetdeNichomaqne (Voy. ces noms),
sous ce titre; Aristoxenus , Nichomachus,
Alypius, auctores musices antiquissimi hac-
tenus non editi., Ludg. Batav., 1616, in-4".
Cette collection a été réimprimée dans les œuvres
de Meursius, t. 6, p. 475. Déjà Galilée ( Vincent)
avait donné les tables d'Alypius {Dialogo délia
Musica antica e moderna , Fiorenza, 1581,
p. 92-94) pour les modes liypodorien, hypo-
phrygien, hypolydien, dorien, phrygien, lydien,
mixolydien et hypermixolydien , dans le genre
diatonique, avec une version italienne, et la
traduction des signes grecs en notation moderne
exprimée par dos lettres. Meibomius en a donné
une autre édition dans son recueil des Antïqux
musicse auctores septem , Amsterdam , Elze-
vier, 1652, 2 vol. in-4", et y a joint une traduc-
tion latine et des notes. La version de Meibo-
mius a été ajoutée au texte dans les œuvres de
Meursius. Les manuscrits dont Meibomius s'est
servi dans son édition pour la correction du texte
sont celui de Scaliger, qui avait servi à Meur-
sius, deux autres de l'université d'Oxford, pro-
venant des collections Bodléienne et Barocienne,
et enfin une copie d'un manuscrit de la biblio-
thèque Barbérinne qui lui fut envoyée par Léon
Allacci. Le jésuite Kirclier a aussi publié les si-
gnes de la notation de la musique grecque donnés
par Alypius, d'après un manuscrit du collège
de sou ordre, à Rome ( Musurgia, t. I, p,540);
mais dans cette partie de son livre comme dans
presque toutes les antres, il a porté beaucoup
de désordre. Les signes du genre enharmonique
ont été supprimés par lui , et les autres four-
millent d'erreurs et de transpositions. Le P. Mar-
tini possédait une version latine du traité de
musique d'Alypius, par Hermann Cruserius :
elle avait été écrite de la main d'Hercule BoUri-
gari. L'auteur de ce dictionnaire a fait une tra»
duction française du même ouvrage, et l'a ac-
compagnée de dissertations et de nombreuses
notes. Cette traduction, accompagnée de la tra-
duction des signes en notation moderne, fait
partie d'un travail étendu qui n'a point encore
vu le jour.
Nous n'avons pas le livre d'Alypius complet.
Cet auteur a intitulé son ouvrage Introduction
à la musique , et a divisé les parties de cet art
en sept, qu'il énumère ainsi: l° les sons; 2°
les intervalles; 3° les systèmes; 4° les genres;
5" les tons; 0° les mutations; 7" la composition
du chant. Or, pour que le titre répondît à l'ouvrage,
il faudrait que celui-ci contînt une exposition de
toutes ces parties; mais il ne nous reste que la
cinquième, c'est-à-dire , le traité des tons. Bien
que nous ayons à regretter les autres, celle-ci
n'en est pas moirts précieuse pour nous; car elle
nous fait connaître le système complet des signes
de la musique grecque dans tous les tons et dans
les trois genres de cette musique, à savoir, le
genre diatonique, le chromatique et l'enharmo-
nique, lesquels étaient en usage à l'époque où
Alypius écrivait. Ces signes sont différents de ceux
qui nous ont été conservés par Aristide Quintillien
(Voy. ce nom), parce que ceux-ci, comme l'a tort
bien remarqué Perne (Voy. Revue musicale, t. III)
apparliennentàuneépoqueantérieureàPylbagore.
Meibomius qui n'a point fait cette distinction et
qui a essayé de corriger ces deux auteurs l'un
par l'autre , a tout brouillé et a porté beaucoup
de désordre dans cette partie de l'histoire de la
musique ancienne. Le système de signes exposé
par Alypius est celui de la tonalité de la mu-
sique grecque où les différences d'espèce d'oc-
taves sont effacées , et dans lequel les modes
divers ne sont qu'une transposition ascendante,
et dans l'ordre chromatique, d'une seule forme
des trois genres , et dans la plus grande exten-
sion vers l'aigu.
Burette, qui avait eu la patience de compter
les signes de la notation de la musique grecque
indiqués par Alypius, en faisait monter le nombre
à seize cent vingt , et depuis lors il était à peu
près convenu qu'il fallait apprendre la significa-
tion de cette immense quantité de signes pour
déchiffrer les intonations de cette musique; mais
Perne, dans un savant mt'moire lu, en 1815, à la
classe des beaux -arts de l'Institut, a démontré
ALYPIUS — A!\ÎADORI
81
qu'on élait dans l'erreur à ce sujet, et a réduit
il un nombre heaucoiip moins considérable les
noies qu'un clianteur, un joueur de cilbare ou
de flùle élail tenu d'apprendre. ( l'oy. l'article
Penie et la Itevue musicale, t. 3, 4, 5, 0 et sui-
vants. )
A l'égard de la valeur des sijjnes d'Alypius
exprimée dans la notation de la musique mo-
derne, Galilée est le premier auteur qui en a
donné la traduction ( Dialogo délia Musicn
antica e moderna, p. 95), d'après la synonymie
établie par Boéce. (Foj/.cenom.) Le même auteur
ayant publié {loc. cit., p. 97) quatre morceaux
de poésie grecque accompagnés dénotes du mode
lydien telles qu'elles sont indiquées par Alypius ',
Hercule Bottrigari , qui a écrit un commentaire
de tout l'ouvrage de Galilée sur un exemplaire
de ce livre qui a passé depuis en la possession
du P. Martini , et qui est aujourd'hui dans la bi-
bliothèque du L)cée musical, à Bologne, tra-
duisit un de ces morceaux , qui est un hymne à
INémésis, en notation moderne d'après la syno-
nymie de Boëce. Celle traduction a été publiée
par le P. Martini : Storin délia 3lHsica , t. 3,
p. 362 ). C'est d'après les mêmes principes qul'^d-
mond Chilmead ( loy. ce nom) a donné une tra-
«luction de trois de ces morceaux en notation de la
musique moderne, d'après un manuscrit d'Oxford,
à la suite de l'édition grecque des Phénomènes
d'Aratus ( Oxonii e theatro Scheldoniano, 1672,
in-8°). Enfin Burette ( voy. ce nom) en a.publié
f Ces morceaux sont attribués par Fabricius ( Bibl. arœc.,
t. Il, p. 281), et par quelques autres écrivains à Deiiys
d'Halicarnassc, musicien et poëte {l'oy. ce nom); mais
Burette , d'après l'autorité de Jean de l'iiiladelplie ( écri-
vain grec qui vécut sous le régne des empereurs Anastase,
Justin et Justinien ) croit qu'ils appartiennent à un poëte
lyrique originaire de Crète, nommé Mesomèdes. (roij. ce
nom). Quoi qu'il en soit, après Galilée, François Pa-
tricio publia les mêmes morceaux dans sa Poetica deçà
Utoriale ( lib. e,, Del cantar l'anticlie poésie, p. ïSs) , et
Us reparurent successivement dans TEncyclopedie de
toutes les sciences (Encyclop. Scient, omnium, t. Il, lib.
ao, c. 10, p. 629 ) d'Alstedius, dans le livre de Bottrigari ,
intitulé II Melone, discorso armonico (p. lo), dans
la Musatcna de Henri Van de Putte ou de Pute i prenwére
édition, Hanovre Iboj, in-s» c. 8; ils ne se trouvent pas
ilans la deuxième édition , Louvain luis). et dans beau-
coup d'autres livres plus modernes. { Voy. les articles
Driebcrg , Hellermann el Fortlage.)
Il est bon de faire remarquer ici que Kircher a publié
un autre monument de la poésie grecque notée, qui con-
siste en un (ragmcnl de la première ode pythique de
Pindare. (Voy. Musurgia, t. I, p. 541.) Ce jésuite assure
(|u'il a découvert ce morceau dans un manuscrit de la
bibliothèque de S. Salvatore, près du port de Messine.
Peu confiant dans l'exactitude de ce polygraplie, Burette
a fait de longues recherches pour découvrir ce manus-
crit, mais inutilement, ce qui a fait croire qu'il pourrait
bien y avoir quelque supercherie littéraire dans cette
publication; cependant il va des motifs sérieux pour
croire à la bonne fol de Kirclier.
EIOGH. VMV. D[:s MLSICirNS. — T. l.
aussi une traduction dans la même noialion, d a-
près le manuscrit grec de la BihIiolhè(iue impé-
riale de Paris, co!é 3221. ( Voy. la dissertation de
Burelte.s«r/a Mélopée de l'ancienne musique,
dans les mémoires de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, t. .i.) Quelques différences exis-
tent entre ces diveises traductions des mêmes
morceaux ; mais elles ne résultent que de la dit-
fércnce des signes de la musique grecijue des
diver.s manuscrits. Ainsi que je viens de le dire,
tous les morceaux dont il s'agit ne présentent
que la traduction de la notation du mode lydien;
mais Perne, s'appuyant aussi sur l'autorité de
Boèce, a donné la valeur des signes de tous les
modes dans les trois genres. ( Voy. la Revue mu-
sicale , t. 4, 5, 6 et suivants.) F. de Drieberg ,
d'après d'autres principes, a présenté dans son
traité de la musique pratique des Grecs (Die
praklische Musikder Griechen, Berlin, 1821,
p. 76 et suiv. ), un système de traduction des
signes d'Alypius absolument différent de celui
des au leurs cités précédemment. Posléi ieurement,
MM. Bellermann et Foitlage leur ont donné des
significations qui sont en désaccord complet avec
les systèmes de leurs prédécesseurs. Ces systèmes
présentent une question fort délicate, qui ne peut
être examinée ici.
AMADEI (Philippe), compositeur drama-
tique, né à Reggio, en 1CS3, a donné à Rome,
en 1711, Teodosio il giovane. On n'a pas d'autre
renseignement sur cet artiste; cependant il est
vraisemblable qu'il y a identité de ce composi-
teur avec Amadei qui écrivit en société avec Or-
landini l'opéra tïArsace , repiésentéà Hambourg
en 1722. Mattlieson , qui avait vu la partition
de cet ouvrage, et qui n'était pas indulgent,
déclare que les auteurs étaient d'habiles compo-
siteurs.
AMADEI (Amadeo), docteur es sciences et
astronome, né à Bologne, vers 1810, a en la
fantaisie d'écrire sur la musique, qu'il ne con-
naissait pas, et a fait imprimer un opuscule rempli
de futilités , sous ce litre : Intorno allô stile
délia moderna Musica di chiesa. Lettera del
dottor, etc.; Bologne, ti|)ographie délia Volpe,
1841, in- 12 de 20 pages. La musique d'église par
excellence, pour M. Amadei, est celle de Boni-
face Asioli !
AMADINO (Richard), éditeur et impri-
meur de musique à Venise, dans les vingt-cinq
dernières années du seizième siècle, a publié
une grande quantité d'oeuvres des maîtres de ce
temps, en société avec Jacques Vincenti, depuis
1583 jusqu'en 1586; puis les deux a.ssociés .se
sont séparés et ont formé des maisons distinctes.
Aill ADORl (.lo.^Ki'u), l'iève de Bernacciii,
G
82
AMADORI — AMATI
n donné à Rome, en 1702, Il Martirio di San
Adriano, oratorio. Il vivait encore en 1730, car
une messe i quatre voix avec instruments, de
sa composition, laquelle est dans la collection
de l'abbé Santini, à Rome, porte cette date. On
trouve aussi dans la même collection les ouvrages
suivants de ce maître : 1" Le motet Ecce nunc bé-
nédicité, à six voix, deux violons, viole et orgue. —
2" LauJale pueri à huit voix. — 3" Lxiatus suni,
à huit. — 4° Laudate Dominum, à huit. Arteaga
compte Amadori parmi les meilleurs maîtres de
cliant de son temps ( Le Hivoluzioni del Teatro
musicale italiano, t. II. p. 36); ce qui ne doit
point (étonner chez un t^lève de Bernacchi. D'ail-
leurs tous les compositeurs de l'ancienne école
romaine ont eu les traditions du bel art du chant.
AMADORI (Jean). Votj. TEDliSCHî.
AMALAIRË, surnommé Symp/iosiiis , à
cause de son goiit pour la musique, né à Metz
vers la (in du huitième siècle, l'ut d'abord diacre
et prélre de l'église de cette ville, ensuite di-
recteur de l'école du palais sous Louis le Débon-
naire, abbé d'HornbacIi , chorévêque du diocèse
de Lyon, puis de celui de Trêves, où il mourut
en 8.37. il est auteur d'un ouvrage intitulé : De
Ordiïie Antiphonarii (de l'ordre de l'Anlipho-
naire), inséré dans la Bibliothèque des Pères,
t. XIV, p. 980. 11 tâche d'y concilier le rit romain
avec le rit anglican. Il eut une discussion avec
Agobard, archevêque de Lyon, qu'il accusa d'a-
voir innové dans le chant ecclésiastique. Martini,
Sloria délia Musica , et, d'après lui, Choron
et Fayolle, ont confondu cet Amalaire avec For-
tunat Amalaire, qui vivait dans le môme temps,
et qui fut archevêque de Trêves, après avoir été
moine du Madeloc.
AMAIMTOIV (Cl/vude-Nicolas), conseiller
de préfecture du département de la Côted'Or,
membre de plusieurs académies, est né à Vil-
h'rs-les-Pots, près d'Auxonne, le 20 janvier
I7C0. Au nombre de ses travaux littéraires et
philologiques se trouve une lettre a M. Chardon
de la Rochelle, contenant des éclaircissemens
certains sur le véritable Heu de naissance du
célèbre organiste L. Marchand , e\c. (Extraits
du Magasin Encyclopédique, août 1812), Paris,
Sajon, 1812, in-3°. M. Amanlon a donné aussi
dans sa jeunesse : Apothéose de Ravieau ,
.scènes lyriques ,musiquede M*** (Deval), Dijon,
Gausse, 1783, in-8°.
AMAT (Léopold), compositeur dç roman-
ces et de chansonnettes qui ont obtenu un succès
jiopulaire, a été administrateur du théâtre des
JioitJJes Parisiens pendant les années 1855-1 856,
puis a obtenu le privilège du théâtre Beaumar-
thais, à Pari.s.
AMATI (André), chef de la famille des
luthiers de ce nom, descendait de l'ancienne et
noble famille des Amati de Crémone, men-
tionnée dans les annales de cette ville dès l'an-
née 1097. On ne sait pas la date de sa nais-
sance, parce que les registres des églises d^;
Crémone ne remontent pas jusqu'au commence-
ment du seizième siècle , époque qui paraît être
celle de sa naissance; mais, à défaut de l'acte de
baptême, on a sur cet arliste un renseignemeirt
positif fourni par un violon à trois conles, ou
rebec , qui existait dans la précieuse collection
d'instruments formée par le comte Corio de Sa-
labue, de Casal-Monlerralo , qui se trouvait à
Milan ,dans la maison du chevalier Charles Carbi.
Cet instrument portait le nom d'André Amati et
la date de 1546. Il existait aussi vers 1789 , chez
le baron de Oagge une viole moyenne, appelée
par les Italiens viola bastarda , qui portait son
nom et la date de 1551. Quelques années a|)rès,
André s'associa avec son frète , et conunença
à fabriquer des violons de grand et petit pa-
tron , qui en peu de temps procurèrent à ces
artistes une réputation brillante. Leurs basses ,
dont on ne connaît qu'un petit nombre , et qui
sont en général d'un grand patron, ne méri-
tent que des éloges pour le beau liui du travail
et la douceur de leur son. Charles IX , roi de
France, grand amateur de musique , chaigea les
frères Amati de la confection des instrumentsdesa
chambre : il paraît qu'ils furent tous construits
par André ; ces instruments consistaient en vingt-
quatre violons, dont douze étaient de grand patron
et douze plus petits, six violes et huit basses. Car-
tier (toy. ce nom), qui a vu deux de ces violons,
affirme que rien ne surpasse la perfection de leur
travail. Ils étaient revêtus d'un vernis à l'huile
d'un ton doré, avec des reflets d'un brun rou-
geàtre. Sur le dos de l'instrument on avait peint
les armes de France, composées d'un cartel ren-
fermant trois Heurs de lis sur un champ d'azur,
entourées ducollierde Saint-Michel et surmontées
de la couroime royale fleurdelisée et supportées
par deux anges. Deux colonnes entourées de lien»
en ruban blanc, avec cette devise : /«s^ice et
pitié, étaient placées aux deux côtés des armoi-
ries, et étaient aussi surmontées de couronnes
royales que portaient des anges ; la tête de ces
instruments était décorée d'une sorte d'arabes-
que dorée , d'un goût fort élégant. Cartier et
ISI. de Boisgelou conjecturent que les violons de
grand patron étaient destinés à la musique de la
chambre, et que les autres servaient pour les
bals des petits appartements de la cour. Au reste,
il est bon de remarquer que les violons n'ont ja-
mais servi dans la chapelle de Charles IX, car
AMATI
83
ce n'est que sons le règne de Louis XIV que
les instruments, particulièrement les violons,
ont été iTitroduits dans la musique de la clia-
peile des rois de France. L'époque de la mort
d'André Amali n'est pas connue ; mais elle doit
se rapporter vraisemblablement à l'année 1577 ;
car, après cette date, on ne trouve plus d'ins-
truments sortis de ses mains, et tous les violons ,
violes et basses signés du nom <\''Aviri(i sont de
ses deux fils , Jérôme et Antoine. Les violons
d'André Amali se trouvent rarement aujour-
d'hui ; ceux qu'on connaît ont beaucoup . souf-
fert et ont été mal restaurés.
AMATI (Nicolas), frère puîné du précé-
dent, est particulièrement connu par ses excel-
lentes basses de viole. Toutes portent son nom ,
et les dates où elles ont été faites s'étendent de-
puis 15G8 jusqu'en 1586. J'en ai vu deux, dont
l'une était de cette première année , et l'autre
de la seconde. Les tables étaient fort peu
bombées ; elles étaient vernies à l'huile. On croit
que Nicolas Amati survécut à son frère André.
11 ne faut pas confondre ce luthier avec un autre
Nicolas, l'un de ses petits-neveux.
AMATI ( Antoine ) , fils d'André , né à Cré-
mone vers 1550, succéda à son père, et fut
<iuelque temps associé de son frère Jérôme,
dont il se sépara ensuite. Antoine avait adopté
les patrons d'André ; mais il fabriqua un
nombre plus considérable de petits violons que
de grands. Cartier possédait un de ceux-ci qui a
appartenu à Henri IV, roi de France, et qui por-
tait les noms réunis d'Antoine et de Jérôme :
cet instrument est une rareté historique du plus
grand prix. Son patron est de la plus grande di-
mension : le filet qui l'enloure est eu écaille. Son
vernis , à l'huile , est brillant comme l'or. La
table inférieure est décorée des armoiries de
France et de Navarre , entourées des ordres de
Saint-Michel et du Saint-Esprit que surmonte
la couronne de France. De chaque côté des ar-
moiries se trouve la lettre II émaillée d'outremer,
et parsemée dans ses jambages de fleurs de lis
eu or. Cet H est traversé par la main de justice
et le .sceptre , et une couronne, soutenue par une
épée, semble se poser dessus. Aux coins de la
table d'harmonie .sont aussi des Heurs de lis en
or, et sur les éclisses se trouve la légende
Henri IV, par la grâce de Dieu, roi de
Pi-ance et de Navarre. Cet instrument porte la
date de 1595.
Les petits violons d'Antoine Amati, d'une
qualité (le son douce et moelleuse, n'ont pu être
surpassés sous ce rapport. Malheureusement ce
son si pur et si doux a peu d'intensité. Antoine
chercha à balancer l'exiguïté du patron et le peu
• d'élévalion des éclisses par la hauteur et l'élen-
, due dfs voûtes. Les épaisseurs de la table sont
! considérables au centre, et vont en diminuant
' progressivement jusqu'aux extrémités dans toute
l'étendue de la circonférence. La chanterelle
et la seconde des instruments de cet artiste
rendent un son brillant et argentin ; la troi-
sième est moelleuse et veloutée, mais la qua-
trième est faible. On attribue généralement ce
défaut à l'absence de proportions entre les épais-
seurs et la capacité. Pour y porter remède, au-
tant qu'd esir en leur pouvoir, les luthiers de
nos jours, à qui l'on confie ces instruments pour
les mcMiter, élèvent souvent un peu plus le
chevalet vers la quatrième (lu'ils ne le fout aux
violons de Stradivari et de Guarneri. ( Voy.
ces noms.)
On connaît des instruments qui portent le nom
d'Antoine Amati, depuis 1589 jusqu'en 1627>
Dans le catalogue des instruments d'Albinoni ,
de Milan, publié en 179t,il se trouvait plusieurs
violons datés de 1591 à 1619. Cartier a vu une
basse qu'il croit être de l'un de ces artistes, sans
pouvoir indiquer précisément lequel , qui avait
appartenu à Louis XÏIL Elle était du plus grand
patron , entièrement parsemée de fleurs de lis
en or, avec des armoiries , le signe de la balance,
deux LL mises dos à dos, et le chiffre XIII cou-
ronné. Après 1638 on ne trouve plus d'instruments
avec le nom d'Antoine. Il devait être âgé alors
de plus de quatre-vingts ans , ou avait cessé de
vivre.
AMATI (Jérôme), frère puîné d'Antoine,
commença d'abord à travailler avec celui-ci, et
s'en sépara après s'être marié. Comme lui, il était
élève de son père. Il ne s'en tint pas toujours,
comme son frère, à la reproduction des modèles
tiacés par le vieil Amati; car on connaît de lui
deux patrons dont l'un est plus grand que ceux
d'André et d'Antoine. La plu paît des violons
Amati de grand patron sont de Ji'rôme, à l'ex-
ception de quelques instruments construits par
Nicolas son fils. Jérôme a quelquefois approché
de son frère |H)ur le fini des instruments qu'il a
fabriqués seul; mais en somme il lui était in-
férieur. La séparation d'Antoine et de Jérôme
lut postérieure à l'année 1624, car j'ai vu dans
la collection de M. T. Forster, amateur anglais,
\n\ bel instrument de ces artistes, où se trouvait
l'inscription suivante : Antonius et Hieronymus
Amati Cremonœ Andraœ fil. A. 1624. Il paraît
que Jérôme cessa de vivre ou du moins de tra-
vailler vers 1638.
AMATI (Nicolas), fils de Jérôme, le plus
célèbre des artistes de ce nom, naquit le .^t sep-
tembre 159G , et mourut le 12 août 1684, à l'iga
a.
84
AMATI
AMBROGETTI
Je quatre-vingt-linit ans, suivant les registres
(le la calliédrale de Crémone. Un violon sorti de
ses mains, et qui portait la date de 1668, se
trouvait à Milan dans la collection du comte
Corio de Salabue. Par la perfection de ses dé-
tails, le moelleux et la pureté de ses sons, cet ins-
trument était considéré comme le chef-d'œuvre
de Nicolas Amati. Il changea peu de chose aux
formes <t aux proportions adoptées dans sa
famille; les éclisses de ses violons sont seulement
plus élevées. Les troisième et quatrième cordes
sont excellentes dans ses violons de grand patron,
la chanterelle sonne bien , mais la seconde est
souvent nasale, principalement au si et kV7it.
On croit que l'abaissement précipité de l'épais-
seur de la table vers les flancs est la cause de ce
défaut. Quoi qu'il en soit , ces instruments sont
fort recherchés et ne sont pas communs. En
Angleterre, les violons de cet artiste ont un prix
très-élevé quand ils sont bien conservés. En
France, ils sont moins recherchés, parce que
leur sonorité est trop faible pour la musique de
l'époque actuelle. Cependant il existe quelques
instruments d'une perfection exceptionnelle con-
struits par cet artiste; tel est le violon de Nicolas
Amati possédé par M. Alard. Leur qualité est
le moelleux et le velouté. Dans un quintette de
Boccherini , un bon Nicolas Amati à beaucoup
de charme.
Nicolas eut de sa femme Lucrèce Pagliari
deux fils, dont l'aîné, Jérôme, naquit le 26 fé-
vrier 1649, et l'autre, Jean-Baptiste, né le 13
août 1667, fut prêtre, et mourut vers 1706. Jé-
rôme travailla dans l'atelier de son père et lui
Fuccéda. Il élargit le patron des violons, et chan-
gea les proportions en usage dans sa famille.
On connaît de lui plusieurs instruments qui
porient la date de 1729. Jérôme fut le dernier
artiste de sa famille. Les meilleurs élèves de
Nicolas Amati ont été André Guarneri et sur-
tout Antoine Stradivari. ( Voy. ces noms.)
AMATI (Joseph) paraît avoir été de la
même famille que ceux dont il vient d'être parlé.
Il vécut à Bologne au commencement du dix-
septième siècle, et fabriqua des violons et des
basses, qu'on trouve en petit nombre dans les
cabinets des curieux. Ses instruments sont
vernis à l'huile, comme tous ceux des Amati , et
leur qualité de son est argentine.
AMATI (Antoine et Angelo), frères, fac-
teurs d'orgues à Pavie, vers 1830, ont construit
plusieurs instruments pour les églises de laLom-
bardie.
AMATUS (Vincent), ou plutôt AMATI,
docteur en théologie, et maître de chapelle à
Païenne, naquit à Cimniina en Sicile, le 6 jan-
vier 1 629. Après avoir fait f es études au sénii-
naire de Palerme, il devint maître de chapelio
de la cathédrale de cette ville, en 1665. On con-
naît de lui les compositions dont les titres sui-
vent : 1° Sacri concerti a due , tre , quattro e
cinque voci, con una messa a tre e quattro,
lib. 1 , op. 1"; Palerme, 1656, in 4. — 1° Messa e
salmi di vespro e compléta a quattro e cinque
voci, lib. 1, op T; ibid., 1656, in-4°.— 3° L7-
saura, opéra; Aquila , 1664. Amatus est mort à
Palerme, le 29 juillet 1670.
AMlîIELA (Michel), prôtreséculier, né dans
l'Aragon, vers 1665, (it ses études musicales
dans un monastère de celte province, et remplit
d'abord les fonctions de maître de chapelle dans
quelc^ues églises de second ordre. Le7 mai 1700 il
reçut sa nomination de maître de chapelle de la
cathédrale Notre-Dame c/eZ PiZar, à Saragosse. Il
occupa cette position jusqu'en 1707. On ignore
les motifs qui la lui tirent quitter, et l'on manque
de renseignements concernant sa vie et ses tra-
vaux depuis cette époque jusqu'à sa nomination
de maître de chapelle de l'église prirnatiale de
Tolède, qui eut lieu le 22 mars 1710. H en
remplit les fonctions jusqu'au 23 mars 1733,
date de sa mort. Il écrivit un grand nombre
d'oeuvres de musique religieuse qui lui ont as-
suré une brillante réputation , et qu'on trouve
à Tolède , ainsi que dans la plupart des cathé-
drales delaCastille, particulièrement à Oviédo,
où l'on en conserve une grande collection.
AMBLEVILLE (Charles d' ), jésuite de
la maison professe de Clermont , à Paris, floris-
sait dans la première moitié du dix-septième
siècle. 11 a écrit pour l'église : 1° Octonarium
sacrum, seu canticum Beatx Virginis per di-
versos ecclestœ tonos decantatum; Paris, Bal-
lard, 1634 — 20. Harmonia sacra, seu vesperx
in dies tum dominicos, tumfestos totius anni,
una cummissa ac lifaniis Bealx Virginis scx
vocibus, Paris, Ballard, 1836, in-4<i. Outre les
pièces mentionnées dans le titre de ce dernier
ouvrage, on y trouve aussi plusieurs hymnes,
les quatre antiennes de la Vierge et un Domine
salvum/ac regem.
AMBROGETTI (Joseph), excellent ftasso
cantante, brilla sur les théâtres depuis 1807 jus-
qu'en 1815. Au mois d'octobre de cette année il
arriva à Paris, et y débuta par le rôle de Bon
Juan, dans l'opéra de Mozart. La ci'-lèbre Sess-i
chanta le rôle de Donna Anna, et Crivelli celui
A'Ottavio. Dans le cours de l'année 1810,
M""" Catalani ayant obtenu l'entreprise du Théâ-
tre-Italien , Ambrogetti n'accepta pas l'engage-
ment qui lui fut offert, et passa en Angleterre,
où il fut attaché au Théâtre du Roi pendant plu-
AMBROGETTI — AMBROISE
85
sieurs années. Le bruit s'est répandu vers 1830
que ce cliaiiteiir s'était fait moine dans un cloî-
tre de trappistes en France ; mais, en 1 838, il était
en Irlande, et depuis lors on n'a plus eu de ren-
seisnement sur sa personne.
AMBROGIO (Thésée), clianoine régulier
de Saint-Jean de Latran , et l'un des plus célè-
bres orientalistes de l'Italie, était de la famille
des comtes d'AIbanèse , terre de la Lomelline ,
près de Pavie. Il naquit dans cette ville en 1469.
A peine âgé de quinze ans, il parlait et écrivait
avec facilité les langues italienne, latine et grec-
que. En 1512, il se rendit à Rome, où le cin-
ijuième concile de Latran avait attiré beaucoup
de religieux orientaux, Maronites, Éthiopiens et
Syriens. Il saisit cette occasion pour apprendre
leurs langues; il en savait dix-liuit, qu'il parlait
avec autant de facilité que la sienne. Il mourut
en 1540, dans sa soixante-onzième année. Au
nombre de ses ouvrages se trouve le suivant :
Introductio in clinldaicam linguam, syria-
cam , et decem alias linguas , characterum
diversorum alphahela circiter quadraglnla,
et corumdem invicem conformatïo , mystica
et cabalîstica quam plurima scitu digna , et
descriptio ac sitnulacnon phagoti Afranil ,
ravie, 1539, in-4''. Il y donne, page 179, la
figure et la description du basson, ou fagot, dont
il attribue l'invention à un certain Afranio ,
chanoine de Ferrare, qui était sou oncle ; mais
cet instrument est plus ancien. Dans l'origine, il
avait la forme d'un grand hautbois, dont il
éfaitlabasse, etse jouait avec un conduit ou bocal
letourné. Un de ces instruments existe encore
au consulat des villes anséatiques, à Anvers.
AMBROISE ( Saint ), évêqiie de Milan , na-
quit en 340. Son père était préfet des Gaules;
lui-môme gouvernait la Ligurie, quand le peuple
de Milan, touciié de ses vertus, l'élut d'une voix
unanime pour remplacer l'évèque Auxence, quoi-
qu'il fût à peine chrétien. Il ne fut ordonné
prêtre et sacré évêque que plusieurs jours après
sa promotion. Ce fut lui qui convertit saint Au-
gustin à la loi catholique : sa fermeté se signala
dans le refus qu'il fit d'admettre l'empereur
Théodose dans l'église, jusqu'à ce qu'il eût fait
pénitence du massacre de Thessalonique. Il
mourut en 397, à l'âge de cinquante-sept ans.
Jusqu'à saint Ambroise, le chant de l'Église
occidentale n'avait point été réglé d'une manière
imilorme. Par plusieurs indices qu'il serait trop
long de détailler ici , il y a lieu de croire que
dans les Gaules, où les communications avec
l'Orient étaient moins fréquentes qu'en Italie,
le caractère du chant et surtout le mole d'exé-
cution étaient différents des usages de l'Euronc
méridionale. Le chant populaire exerçait sans
aucim doute de l'influence sur le chant religieux.
Or tout démontre, dans l'histoire de la musique
que le caractère du chant populaire des natlon.s
placées au nord et au centre de l'Europe était simple
et syllabique, tandis que le chant était chargé d'or-
nements et de petits intervalles dans les pays du
Sud , à savoir, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et
l'empire Grec,dont les communications avec l'Asie
et l'Afrique étaient incessantes. Saint Ambroise,
qui fit bâtir l'église de Milan, vers 384, nous
apprend, dans une lettre à sa sœur ( sainte Mar-
celine), qu'il régla lui-même la tonalité et le
mode d'exécution des psaumes , des cantiques et
des hymnes qu'on y chantait; et saint Augustin
dit en termes précis que ce fut suivant l'usage
des Églises d'Orient {Confess., IX, 7 ). Le sys-
tème tonal adopté par saint Ambroise lut donc
celui des huit tons du chant de l'Église grecque ,
dont quatre (le dorien, le phrygien, le lydien et
le mi xolj'dien) étaient authentiques, et quatre
(l'hypodorien, l'hypophrygien, l'hypolydien et
l'hypomixolydien) étaient appelés plagaux. La
plupart des chants de l'Église grecque furent
aussi introduits dans l'Église de Milan avec leur
mode d'exécution , c'est-à-dire avec leurs orne-
ments, qui entraînaient avec eux l'emploi des
petits intervalles (secundum morem orienta-
lium part mm, dit saint Augustin ). Il y a à cet
égard un témoignage certain de tradition dans
un traité de musique attribué à Odon, abbé de
Cluny, par l'abbé Gerbert, d'après un manuscrit
de l'abbaye de Saint-Biaise, et à Bernon {voy.
ces noms ), par un autre manuscrit de Leipsick.
L'auteur, quel qu'il soit, après avoir dit qu'il y a
des genres musicaux dont les intervalles ne se
mesjirent pas sur le monocorde de la même ma-
nière que ceux du genre diatonique, lequel est
le plus parfait, le plus naturel, le plus suave, et
celui qui fut adopté par saint Grégoire, ajoute :
« Les chants de saint Ambroise, homme très-
ce versé dans cet art (la musique), ne s'écartent
« pas de la règle (grégorienne), si ce n'est dans
« certains passages où la voix devient lascive
« par des intonations trop délicates, c'est-à-dire
« parsesintervallestroppetits)(l). «La tradition
existe encore intacte aujourd'hui, dans le chant
de l'Église grecque , des ornements en notes ra-
pides, parmi lesquels se trouve le fréquent usage
du groupe ( grupeito ) de trois notes formant
deux intervalles de demi-ton consécutifs.
(1)... Sancli quoqiie Aiiibrosii,priKieiitiss!ml in hac arte,
symphonia nequaquam ab hac discordât régula, nisl In
quibus eain nimium delicatarum vocum pervertit lascivia
( Cf. Gerberti. Script, ecclesiast. de Musica sac, t. l^
273.)
flO
AMBROISE
l'.nfin ce fut aussi à l'église grecque que
saint Ambroise emprunta les liymnes qui se
chantaient dans son église. Il les traduisit dans
la langue latine, et conserva au cliant son carac-
thère rliytlimiqne ou plutôt inélrique. La tradi-
tion s'en était perpétuée à Milan jusqu'au onzième
siècle; <ar Guido d'Arezzo écrit, dans le quin-
zième chapitre de son Micrologue, que celui qui
sera curieux d'apprendre les mètres dans les-
quels on chante les trouvera dans le chant
ambroisien (i).
La distinction entre le chant grégorien et l'am-
broisien consista donc ordinairement, d'une part,
en ce que celui de saint Ambroise était la tra-
dition pure du chant de l'Église grecque, avec
ses ornements et l'usage de certaines suites de
sons chromatiques, par exemple :
A
W^^
dans le premier et le second moile, tandis
que la réforme de saint Grégoire iit dispa-
raître ces successions de sons étrangères au
chant diatonique; d'autre i>art, le chant am-
liroisien était rhythmique , et le grégorien ne
l'était pas. Mais, par la suite des temps, ces dif-
férences essentielles ont disparu, et depuis plu-
sieurs siècles on n'aperçoit plus de distinction
saisissable entre ces (ormes du chant ecclésias-
tique. Un prêtre de l'église métropolitaine de
Milan, nommé Camille Perego , a composé,
par l'ordre de saint Charles Borromée, un traité
du chant ambroisien qui a été publié sous ce
titre : la Regola del canto fermo ambrosiano
(Milan, 1622, in-4'^); ouvrage pré-cieux, car il
est le seul qu'on possède sur cette matière. Ce-
pendant, sauf l'usage des demi-tons indiqué par
le bémol et le dièze, le fréquent emploi du mou-
vement descendant de quarte aux tinales, el les
intonations de la préface, on ne voit pas dans
cet ouvrage ce qui constituait les différences es-
sentielles entre les deux chants. Toutes les tra-
ditions d'exécution du chant primitif de saint
Ambroise avaient disparu à l'époque où Perego
écrivit son livre.
Saint Ambroise est auteur ou traducteur de
quelques hymne* «pii, suivant plusieurs écrivains,
sont encore en usa;:e à Milan, dans leurs formes
primitives. Ces hyuuies sont : 1" jElerne rerum
Conddor; 1° Deus Creator omnium; 3" Veni
f.edcmptor o)nn'nun; 40 Spfendor Palernx
glorix; 5" Consois Patcrni lumïnis ; (i" 0
(0... Sicut apiid Anibrosium, si curiosus sis, iiivcnirc
llcebit
lux bcata Trinilns. On lui attribue aussi te
chant célèbre du Te Deum laudamus ; mais on
n'est pas d'accord sur ce point; car on a donné
aussi pour auteurs à cet hymne, ou plutôt à ce
cantique, saint Augustin, saint Abundiu>;, évé-
que de Como, au cinquième siècle , samt
Sisebut, moine de la même époque, saint Ni-
cet , évèque de Trêves , au sixième siècle , et
enfin saint Hilaire , évêque de Poitiers , un peu
plus ancien que saint Ambroise. Les divers
arguments produits à diverses époques en faveur
de l'im ou de l'autre de ces personnages ont
été discutés solidement, d'abord par M. l'abbé
Cousseau (autrefois supérieur du grand sémi-
naire d'Angoulème, aujourd'hui évèque de cette
ville) dans les Mémoires de la Sociélédes an-
tiquaires de VOuest (1837, t. 2, p. 251 et
suiv. ), et récemment dans le deuxième volume
du Thcsauriis hymnologicus de M, Hermanu
Adalbert Daniel (p. 279—299). Le but de ceir
écrivains diffère en ce que monseigneur Cous-
seau a pour objet de démontrer que le cantitiue
est une inspiration de saint Hilaire , tandis rjue
M. Daniel prouve très-bien que cette opinion
n'a pas plus de solidité que les autres, et que
le véritable auteur du Te Deum est inconnu.
Ussérius lui fournit d'ailleurs, dans sa disserta-
tion sur les symboles, un hymne grec des ma-
tines, appartenant aux premiers temps de la
chrétienté, qui semble être la source du can-
tique latin. (Voy. Thésaurus hymnol.,L II,
p. 289.)
L'opinion qui attribue le Te Deum à saint Am-
broise se fonde sur le grand nombre de manus-
crits dans lesquels il a pour titre : Hymnus
ambrosianus. Dans la supposition où il serait
réellement l'auteur de cette inspiration poétique
el religieuse, on ne pourrait lui en attribuer le
chant, puisque celui-ci est tiré en grande partie
de la psalmodie. En effet , l'intonation est celle
des psaumes du quatrième ton , avec une va-
riante dans la terminaison Te Dominum confi-
temur. Depuis Te xternum Patrem jusques et
unicum F*/iw»i, tout léchant est dans la neuuw
des psaumes du troisième ton, avec quelques
variantes dans la médiation. A partir de Sanctum
quoque ParacletumSpiritum, la terminaison
»'sl celle des psaumes du quatrième ton jusqu'à
la finale qaos prctioso sanguine redemisti.
Mais le caractère psalmodique disparaît depuis
ALtcrnaJac cum sancfis luis, et la tonalité
change jusques et y compris les mots usque in
œternum. J'ai cherché longtemps quelle était
l'origine de ce chant si beau, si solennel, et je
l'ai trouvé enfin dans Vintroil de la messe
grecque de saint Denys l'Aréopagite, dont la
AMBROISE — AMBROS
87.
date remonte au deuxième siècle, suivant les
Liturgies ou messes des Saints Pères (1), et
qui était cliantée longtemps après à rai)baje de
saint-Denis , près de Paris, pendant Toclave de
la fête de ce saint martyr. Voici ce chant dans
sa forme primitive (2) :
Ku-pi- £ Oi- o;, pa-ffi-Xsu oiipa- vi - e, ôî- ôç Tuà - - xza
lPE2!^E5iEi
TravTO- -xpdc-Top (3).
Après usque in xternum, le Te Deum rentre
dans le neume psalmodique du quatrième ton ;
et, enfin, le dernier verset In te Domine spe-
ravi se dit sur la formule du chant grec qu'on
vient de voir.
Si saint Ambroise, comme il parait à peu
près certain, n'est pas l'auteur du cantique imité
de riiymne grec dont il vient d'être parlé, il est
au moins hors de doute que ce chant célèbre est
antérieur au cinquième siècle; car il est déjà cité
dans le onzième chapitre de la règle de Saint-
Benoît , oii il est dit : Post quartum Responso-
riiim incrpit Abbas Te Deum laudamos, etc.
AMBROS ( Auguste-Guillaume ), composi-
teur amateur, est né le 17 novembre 181 G, à Mauth,
en Bohême, à quelques lieues de I^rague. Dès les
premières années de son enfance, ses heureuses
dispositions pour la musique se firent remar-
quer; mais ses parents, le destinant à la ma-
gistrature, ne voulurent pas céder à la voca-
tion qu'il paraissait avoir reçue de la nature, et
lui firent (aire des études littéraires et scientifi-
ques qu'ils jugèrent nécessaire pour l'état qu'il
devait embrasser. Pendant qu'il fréquentait le
gymnase de Prague , il ne reçut aucune leçon
de musique; mais il lui fut permis de suivre les
cours de l'Académie de dessin. Une représenta-
tion de Don Jvan à laquelle il fut conduit lui
révéla tout à coup sa destination artistique. De
retour chez lui, il éprouva une agitation extraor-
dinaire, et ne put prendre aucun repos pendant
la nuit. Il ne connaissait pas une note de. la
musique écrite ; mais en peu de temps les le-
çons de ses condisciples l'introduisirent dans le
(I) AEITOrPriAI TQN AHÛN nATEPQN.
l'arisiis, iKfio, apud Guil. Morelium, in-fol,, f. 111.
(ï) Missa in octava S. Diouysii Areopagitce et sociorum
martyrum. Parisiis, ex officina Roberti Ballard, les-i,
in -4".
(3) Cette mûme formule de chant se trouve on/.c fois dans
rOctoechos, ou livre de cantiques de l'iigllse grecque
dans les huit tons, suivant la vériflcalion récente que j'en
ai faite.
solfège et préparèrent son éducation de pia-
niste, qu'il acheva sous la direction d'un maître
attaché au Conservatoire de Prague. La lecture
des œuvres théoriques de Tiirk et de Reicha
l'introduisit aussi dans l'art de la composition.
Ayantobtenu, au mois de novembre 1839, legrade
de docteur en droit à l'université de celte ville,
il entra dans l'administration impériale des fi-
nances; mais ses fonctions lui laissèrent assez
de temps pour s'occuper de son art favori.
Les conseils de Weit, de Pietscli, et de M. Kittl,
aujourd'hui directeur du Conservatoire de Pra-
gue, perfectionnèrent par degrés son éducation
musicale. Vers 1843, il entra dans l'association
des amis de Robert Schumann, pour la rédac-
tion d'articles de critique dans la nouvelle
Gazette musicale de Leipsick. Quelques-tms de
ces articles, dirigés contre Dionis Weher et l'or-
ganisation du Conservatoire de Prague étaient
signés du pseudonyme de Flamin. On remar-
quait dans son style une imitation de celui de
Jean-Paul; mais il y manquait l'originalité des
idées.
Ambros n'avait publié que des productions
légères en musique, lorsqu'on 1847 il fit exécu-
ter dans un concert une ouverture à grand or-
chestre sur le sujet de la légende de Geneviève,
comtesse palatine, à l'imitation du style de i\len-
delssohn. Cet ouvrage eut du succès, et fut répète
dans le concert suivant. Bientôt après il écrivit
une autre ouverture pour la tragédie iVOtello, de
Sliakspeare, qui fut jouée, sous la direction de
l'auteur, dans le concert de la Société de Sainte-
Cécile, à Prague , et Ambros y ajouta , peu de
temps après , d'autres morceaux et des scènes
de mélodrame, pour la même tragédie. Les agi-
tations et les malheurs de 1848 interrompirent
ses travaux, parce que le jury pour les délits de
la presse fut institué en Bohême , et qu'Ambros
fut nommé procureur impérial , avec mission de
poursuivre ces délits. En l'état d'exaltation où
étaient les esprits, cette position lui fit, des en-
.S8
AMBROS — AMi:DÉE
iii'inis , el mit nifme son existence en danger.
tnfin les événements politiques devinrent plus
favorables vers le milieu de 1849, et Ambres
put se réfugier à Vienne, où il retrouva la sanlé
et le «aliiifi de l'esprit. Dans Tannée suivante,
une nouvelle organisation de la justice ayant été
fuite dans tous les États de l'empire d'Autriche,
il fut nommé avocat général près du tribunal
supérieur de Prague ; poste qu'il occupe au mo-
ment où cette notice est écrite ( 1S58). Il est
aussi membre de la direction du Conservatoire
de cette ville. Les œuvres ,de ce compositeur,
de même que celles de plusieurs élèves de Men-
(lelssolui, sont un reflet de la manière de ce maî-
tre. Il a publié les ouvrages suivants : lo Sonale
po:ir piano (en mi), op. 5 ; Vienne, Witzendorf. —
2° Trio pour piano, violon et violoncelle ; l^rague,
Berra. — 3° Ou vei tuie du concert sur la légende de
Geneviève, à grand oicbestre. — 4" Idem de Ca-
therine de Heilbronn, pour le drame de Kleist.
— 50 Six pièces lyriques pour le piano, Vienne
Gloeggl. — 6° Plusieurs recueils de chants avec
piano; à Vienne, chez Wilzendorf. Ambros a en
manuscrit : 7° Ouverture , entr'actes et chants
pour VOtelto de Sliakspeare. — 8° Stabat Mater,
pour voix seule, chœur et orchestre. — 9o LaFon-
dationde Prague, monodrame pour voix seule,
chœur et orchestre. — 10» Symphonie à grand or-
cheslre, en mi bémol. — 11° Deux grands trios
pour piano, violon et violoncelle, le premier en mi
majeur, et l'autre en ré majeur. — 12° Paysages :
pièces caractéristiques pour le piano. A l'occa-
sion de la fêle qui eut lieu à Prague pour le
cinquantième anniversaire de la fondation du
conserva'toire de cette ville, Ambros a publié
un écrit qui a pour titre : Das Conservaloriiim
in Prag. Eine Dcnlischrift bei Gelegenheit
der fûnfzigjxlirigen Jubelfeier der Grûndung
(Le Conservatoire de Prague, Mémoire à l'oc-
casion de la fête jubilaire de la cinquantième
année de son établissement); Prague, Gottl.
Haase, 1858, in-8», de 153 pages. On y trouve
des renseignements historiques et statistiques sur
cette institution, qui ne manquent pas d'intérêt,
AMBROSCIl (Joseph-Charles) , premier
ténor au théâtre national de lîerlin, naquit en
1759, à Crumau , en Bohême. 11 fit ses études
musicales à Prague, sous la direction de Kozeluch
l'aîné, et débuta au théâtre de Bayreuth en 17S4.
n se fit entendre sur les théâtres de Hambourg,
d'Hanovre et de Vienne jusqu'en 1791 , où il se
rendit à Berlin. Il y obtint de grands succès, tant
à cause de la beauté de sa voix que par sa voca-
lisation pure et l'expression de son chant. Outre
son talent comme chanteur, Ambrosch possédait
aussi celui de la composition; on connaît de lui
diverses productions dont vo'd les litres : {"Am-
brosch tind Bahe'im friiinaiirer-Ueder mit
Melodien, 2 th. (Chants maçoniques avec mé-
lodies, par Ambrosch et Bœheim); Berlin, 1793.
— 7° Freundchaftlicltes TrinkUed: Vnbesorgt
Volledler Freude (Chanson de table, etc.) ; Ber-
lin, 1796.— 3°Zit'e;/ Lieder : Als icliaufmeiner
IJleiche , und Ich Klage hier, etc. ( Deux chan-
sons (le table, etc.); Hambourg, 1796. — 4» Sechs
Lieder mit Verœnderungenfur dieSingstimme
(Six Chansons avec variations pour la voix),
Zerbst, 1797, 26 pag. in-folio. — hoRomanzedes
Pagen ausFigaros Hochzeit (Romance du page
des noces de Figaro, pour la guitare); 1800. — 6»
Chansons allcmandeset italiennes avec des varia-
lions pour la voix, 2 suites; Berlin, Schlesinger.
— 7" Chant d'un Prussien sur la bataille de
Leipsick, avec piano; Berlin, Paez. Ambrosch est
mort à Berlin, le 8 septembre 1822.
AMBROSE ( John ) , musicien anglais qui
vécut au commencement du seizième siècle , n'est
connu que par un canon à plusieurs parties,
sans paroles, qui se trouve dans un volume ma-
nuscrit de pièces de différents genres, lequel est
au Muséum britannique, sous le n" 56 de V Ap-
pendice. Ce morceau est intéressant par sa forme
ingénieuse.
AMBROSÏO (....), maître de cbapellede
l'église d'Ortona, petite ville de l'Abruzze, na-
quit à Crémone, dans les dernières années du
seizième siècle. Il a fait imprimer des madri-
gaux à quatre voix , en 1636.
AME (Léonard) , ancien élève du conserva-
toire de Paris, fut attaché comme flûtiste au
Théâtre de la Gaieté, depuis 1814 jusqu'en
1823. On a de lui une Méthode de flûte. Paris ,
Frère , sans date.
AMÉDÉE (François), fils naturel d'Audi-
not, ancien acteur de la Comédie italienne , et
fondateur du théâtre qui a porté son nom , est né
à Paris, le2 octobre 1784. Le 13 pluviôse an VII,
il entra au Conservatoire de musique. Élève de
Catel pour l'harmonie et de Baillot pour le vio-
lon, il fut longtemps répétiteur de ces deux
maîtres, et fut nommé professeur de solfège dans
cette école en 1816. Sous le nom û'' Adrien,
Amédée a composé et arrangé la musique d'un
très-grand nombre de mélodrames pour le théâ-
tre de V Ambigu-Comique. Une absence à peu
près totale d'imagination se fait apercevoir dans
toutes ces productions ; mais l'auteur avait le
bon esprit de se servir aussi souvent qu'il l(i
pouvait de fragments des œuvres de Haydn ,
de Mozart et de Beethoven, pour suppléer au
génie qui lui manquait. Pendant longtemps
Aincdée a joué l'alto a l'orchestre de l'Opéra et
AMÉDÉE — AMIOl
89
aux concerts du Conservatoii'e. 11 est mort à
Paris au commencement de 1833.
AMEiXDOLA (Joseph), né à Palerme,
compositeur dramatique qui a joui de quelque
réputation vers 1780 , a fait représenter dans le
cours de cette année, à Dresde , un opéra bouffe
intitulé : Il Begliarbei di Caramania. 11 pa-
raît que cet ouvrage avait été déjà représenté en
Espagne , en 1776.
AMERBACH (Élie-Nigolas), savant con-
trapuntiste allemand , est cité souvent par les
écrivains du seizième siècle, mais seulement
sous ses prénoms. Dans sa jeunesse il montra
de grandes dispositions pour la musique , et les
développa avec le secours de quelques bons
maîtres , ou par des voyages qu'il fit en diverses
parties de l'Europe. En 1571 il occupait la place
d'organiste à l'église Saint-Tliomas de Leipsick.
Amerbach a fait imprimer un recueil de pièces
pour l'orgue, en tablature (1). Cet ouvrage,
qui est fort rare, quoiqu'il en ait été fait deux
éditions, a paru sous ce titre : Orgel oder Ins-
truments-Tabulatur. Ein nûtzliches Bilchlein
inwelchcmnothwendigeErkldrung der Orgel
oder Instrument Tabulalur, sampt der appli-
cation, auch/rôliche deutsche Stûcklein unnd
(sic) Moleten, etc. (Tablature pour l'orgue, ou-
vrage utile qui contient les explications néces-
saires pour la tablature de l'orgue et d'autres
ÏDstriniicnts, avec l'application, ainsi que des
petites i)ièces allemandes d'un genre gai et des
motets, etc. ); Leipsick , chez Jacques Berwalds
Erben, 1571, vingt-six feuilles in-4° obi., sans
pagination. La deuxième édition a été publiée à
Nuremberg en 1583, par Ulrich Neuber, in 4*. Ce
recueil contient 88 pièces. Un autre livre de
pièces en tablature a été publié par Amerbach,
sous ce titre : Ein new kiinstlich Tabulatur-
fnich , darin sehr gute Moleten nnd Ueblicke
deutsche Tenores jetziger Zeit vornehmer
Componisten ati/f die Orgel und Instrument
abgesetzt, beijdes den Organisten unnd (sic)
des Jugendt dientslich, etc. Gedrucktzu Leipzig
darch Johann Beijer, in Verlegung Dietrich
Gerlach, zu Nuremberg (Nouveau livre de ta-
blature artistique, dans lequel de très-bons mo-
tets et mélodies allemandes favorites des plus
célèbres compositeurs de l'époque actuelle sont
arrangés pour l'orgue ou autres instruments, à
(r> D.Tns la première édition de cette Hiograpkie uni-
verselle des ^/î«!0«>;îs, j'ai dit qu'Aiiierbach/i;i le pre-
mier organiste allemand qui fit imprimer un recueil
de pièces pour l'orgue, en tablature : cétuit une erreur;
car un organiste beaucoup plus ancien, nommé Arnold
Schlick {voy. Schlice) a publié un livre du même genre
en IBI2.
l'usage des organistes et de la jeunesse, etc.) Im-
primé à Leipsick par Jean Beyer pour D. Ger-
lach, àNuremberg, 1575, in-fol. Cet ouvrage ren-
lerme quarante pièces extraites des œuvres de
J. Bercliem, Clément-non-papa, Th. Créquillon,
Dressier, Gastritz , Orl. Lassus, Meiland , Scan-
delli, Jvo de Vento, et quelques anonymes. Dans
ce livre le nom de l'auteur est écrit Ammerbach.
Un autre artiste , nommé Antoine Amerbach ,
était organiste du duc de Brunswick, à l'époque
où vivait Élie-Nicolas.
AMEREVOLl (Ancelo), célèbre chanteur
italien, naquit à Venise, le 16 septembre 1716.
Après avoir brillé sur les principaux théâtres de
sa patrie par la beauté de sa voix de ténor, sa
belle vocalisation, et l'excellence de son trille, il
fut engagé pour le théâtre de la cour de Dresde,
qui réunissait alors les plus beaux talents de l'I-
talie, et passa le reste de sa vie dans cette ville,
où il mourut le 15 novembre 1798.
AMEYDEN (Christophe), compositeur de
l'école flamande, était contemporain de Roland
de Lassus. On a imprimé des madrigaux de sa
composition dans le troisième livre de madrigaux
à cinq voix de Lassus; Venise, chez les fils d'An-
toine Gardane, 1570.
AMICO (Raimond de), dominicain et com-
positeur pour l'église, né vers la fin du seizième
siècle, à Noto, en Sicile, a publié : Motetti a due,
tre e quattro voci, Messine , 1621 , in-4°, pre-
mière et seconde partie.
AMICOA'I (Antoine), compositeur napoli-
tain , s'est fait connaître par quelques opéras,
parmi lesquels on remarque l'intermède La
Grotta del Magn Merlino, représenté à Rome
en 1787. Amiconi manque d'imagination, et son
style n'est qu'une imitation de la manière de
Paisiello.
AMILHA (Le Père), chanoine régulier de
Saint- Augustin, dans l'église cathédrale de Pa-
miers (Ariége), vivait dans les premières an-
nées du dix-huitième siècle. Il est auteur d'un
recueil de cantiques, en partie du Languedoc ,
dont la poésie est accompagnée de mélodies no-
tées en caractères de plain-chant. Ces mélodies
naïves ont toutes les qualités nécessaires pour
être populaires. Le recueil du P. Amillia est in-
titulé : Le tubleu de la bido del parjet crestia,
en bersses , que représenta Vexercici de la fe
(Tableau delà vie du parlait chrétien, en vers,
lequel représente les exercices de la foi) . A Tou-
louse, 1704, petit in-S".
AMIOT (Le Père) , jésuite et missionnaire
à la Chine, né à Toulon en 1718, s'est fait con-
naître jiar des travaux sur les antiquités, l'his-
toire et les arts des Chinois. 11 arriva à Maraa
90
AMIOT — AIMIMOW
en 1750, et à Pékin en 1751. 11 y étudia avec ar-
deur les langues cliinoise et tataie, et, après plus
de quarante ans de travaux sur tout ce qui con-
cerne le peuple sinf;n lier chez lequel il était en mis-
sion, il mourutà réMn, en 1794, âgé de soixante-
seize ans. Je ne parlerai ici que de ses ouvrages
relatifs à la musi(|iie des Chinois.
Le père Aniiot avait traduit un traité sur la
musique par Lij-Koang-ti , ministre d'iitat et
inemhre du premier ti ibunal des lettrés , qui a
pour titre : Kou-rjo- king-tchouen , c'est à-dire
Commentaire sur le livre classique touchant
la musique des anciens; il envoya successive-
ment les cahiers de sa traduction à M. de Bon-
gainville, secrétaire de l'Académie des i.isciip-
tions, qui les déposa à la Bibliothèque du Roi. En
1775, il envoya aussi deux copies manuscrites
d'un mémoire sur la musique des Chinois , l'un
à M. Bertin, ministre et secrétaire d'État, et l'autre
à M. Bignon, bibliothécaire de la Bibliothèque du
Roi. Cet ouvrage fut publié par les soins de l'abhé
Roussier, qui l'accompagna de notes, sous le titre
de : Mémoire iurla musique des Chinois, tant
anciens que modernes. Cet ouvrage forme le
sixième volume «les Mémoires concernant F his-
toire, les sciences , les arts, etc., des Chinois,
Paris, 1780, 15 vol. in-4o. On en trouve des
exemplaires avec un litre particulier, qui en fait
un ouvrage séparé. On a ajouté au même volume
un Essai sur les pierres sonores de la Chine,
(\\n n'est pas du père Amiot. Forkel a donné un
précis de ce livre dans son almanach musical de
1784, pag. 233—27.'). Remarquons en passant
que l'abbé Roussier, avec son idée fixe des
proportions musicales et de la progression triple,
n'a ajouté au mémoire d'Amiot que des notes
pédantes, dont l'utilité est nulle.
Le travail du jésuite, sous une apparence
d'exactitude rigoureuse, ne doit être consulté
qu'avec défiance; car en l'éluiliant avec soin
on s'aperçoit que son auteur n'avait que des
idées vagues concernant la musique pratique
des Chinois, et qu'il n'avait même pu déchiffrer
aucun des systèmes particuliers de tablature qui
paraissent être en usage pour chaque instrument
chez ce peuple. 11 ne dit pas un mot de cette ma-
tière intéressante, et, dans les longs détails qu'il a
donnés sur les divers instruments, il a oublié
précisément de traiter des principes de leur cons-
truction et de leur étendue. Un traité véritable-
ment utile et instructif de la musique des Chinois
est encore à taire. Klaproth nous a appris à nous
mettre en garde contre le peu d'e\actitiide du
père Amiot, dans une analyse piquante de la pa-
raphrase qu'il avait publiée comme une traduc-
tion de V Éloge de la ville de Mouqden.
Lichtenihal indique {Bibliogr. délia Mnsirn,
t. III, p. 43), d'après un article du Journal Encij-
elop. (Mars, 1780, t. II, part. 3, p. 543), une
version espagnole de la traduction française du
traité de musique de Ly-Koang-ti, par le père
Amiot, sous ce titre : Memoria .sobre la Musica
I de los Chineses;Ma<iih\, Imprenta de Babloy
Texero, 1780. Malgré ces indications si précises,
j'avoue que je doute de l'existence de ce livre;
car toutes les recherches que j'ai fait faire à Ma-
drid n'ont pu en faire découviir un seul exem-
plaire. La traduction a pu être faite; mais il est
vraisemblable qu'elle n'a point paru. Il est d'ail-
leurs douteux que ce soit l'ouvrage de Ly-Koang-ti
qui ait été traduit en espagnol ; le titre indique
plutôt ime traduction du mémoire d'Amiot dont
il a été parlé précédemment. 11 est, au reste, très-
làcheux que la traduction d'Amiot se soit égarée ;
car il est certain qu'elle n'existe pas à la Biblio-
thèque impériale de France, bien qu'elle y ffit à
l'époque où l'abbé Roussier fut chargé de la pu-
blication du Mémoire sur la Musique des Chi-
nois, puisque celui-ci en a donné l'analyse dans
ce mémoire. Quelques manuscrits d'Amiot se
trouvent parmi ceux de cette bibliothèque; niais
ce sont les cahiers de l'ouvrage publié et quel-
ques appendices de peu d'intérêt.
L'auteur de ce dictionnaire a extrait d'une
correspondance inédite d'Amiot avec le ministre
Berlin, qui a appartenu à M. Neveu, libraire
de Paris , une lettre fort longue et intéressante
concernant la fabrication du lo , vulgairement
appelé tam-tam , et l'a publiée dans le premier
volume de la Revue musicale (p. 365). Celte
lettre contient tous les détails nécessaires pour
faire connaître les procédés de la fabrication de
cet instrument. Cependant le célèbre sinologue
M. Julien a publié sur ce sujet un morceau de
critique duquel on peut conclure que l'ouvrier
qui a fourni au père Amiot ses renseignements l'a
trompé sur les détails de la fabrication.
AMMERBACHER (GEoncEs-GASPARD) ,
cantor à Nordlingwe au commencement du dix-
huitième siècle, a publié : Kurze undgriind-
liche An wpisung :iur vocal il/M.s/A- (Instruction
abrégée et fondamentale sur la musique vocale),
Nuremberg, 1717, in-S».
AMMON ( Antoine Blvise), compositeur au
service de la cour de Bavière, naquit à Imoi,
dans le Tyrol, le 2 janvier 1517, et mourut à
Munich, le 9 avril I6l4. Compositeur laborieux,
il a publié un grand nombre d'ouvrages, dont on
connaît les suivants: lo Sacrœ Cantiones, à
quatre, cinqel six voix, Munich, 1540.— 2"Kurze
Motetten von vier, /Un/ und scchs Stimmen,
au/ verschiedene IleHig.en-Festtage gerichteé
AMMOx\ — AMOiN
91
Motets courts à quatre, cinq et six voix, pour
les fêtes fie divers saints); IMunicli, 1554, iii-4'' —
3° Liber sacratissimariim {qui viclgo infroilns
appell.) cantioncs seleclissiniarnm singtilis
diebus festivis , pro ecclesiœ cathol. lUilitate
ciiltusque divini honore, non mimis nccommo-
datiis quam necessarius , 5 vocibiis; Viennœ
Steph.Creuzer, 1 5S2, in-4» obi. — 4" Missxqua-
tuor, unica pro defunctis quaternis vocibus ;
Viennep, excudebat Leonardus Formica, 1588,
in-4''. — 6° Sacrx cantiones, quas vulgo moteta
vacant, quatuor, qiiinque et sex vocum, quibus
adjectisnnt ecclesiastici hymnide Nativitate,
Rcsurrectione et Asccnsione Domini; Mona-
chïi, typis Adaini Berg, 1590, in-4"obl. — 6°
Patrocinhim miixices; Missee. cum brèves tum
quatuor vocumlaudatissimeconcinnatœ ; ibid.
1591, in-fol. nm,r. Les titres particuliers de ciia-
que messe de ce recueil sont : Missa 4 voc.
super ai, re, mi, fa, sol, la; la, sol, fa, mi, re, ut.;
Missa 4 voc. super Pourungplaisir; Missa 4 voc.
super Surge propera ; Missa 4 voc. super Dixit
Oominus mulieri Cliananeae ; Missa 4 voc. pro de-
functis.— 7° Missx qiiatuor a quatuor, quin-
que et sex vocibus, ibid. 1593, in-4°. Des mo-
tets d'Ammon se trouvent dans les collections
de Bodencbatz et de Donfrid.
Il est vraisemblable que quelque circonstance
inconnues'est rencontréedans la viede cet artiste ;
car une lacune de vin^t-buit années se fait re-
marquer entre la publication de son second ou-
vrage et celle du troisième. D'ailleurs ses deux
premières oeuvres sont imprimées à Munich , et
les deux ouvrages suivants le sont à Yienne. Il
y a donc lieu de croire qu'il y a eu im cliange-
ment dans la position du compositeur, peut-être
par suite de l'arrivée d'Orlando Lasso à la cour de
IJavière. Plus fard il paraît y avoir été rappelé.
AMMON ( W0LFGA.NG ) , magister et ca?îio?*
à Francfort-sur-le-Mein, naquit dans un bourg
de la Franconie, vers 1550. Il a publié un livre
de cantiques, imprimé d'un côté en allemand, et
de l'autre en iatin, et précédés des airs qui ap-
partiennent à chacun d'eux. Je crois que c'est
la deuxième édiiion de ce même livre qui a paru
dans la même ville, en I606,in-12, sous ce titre :
Psalmodia germanica et latina qua précipite
cantiones in utraque lingua paribus versibus
rythmicis, et iisdevi utroque numeris atque
concentibus redditœ; Francofurti ad Mœnum,
1581, in 12.
AMMOX (Jean-Christophe), prédicateur à
Knslieim , en Franconie, vers le miheu du dix-
buitième siècle, a fait in.sérerdans le Journal des
Savants de Ratisbonne (année 1746, n° 11) une
dissertation intitulée : Dass im ewigcn Leben
uiirldich eine vortrrf flic lie TI/'H.ç/Ase// (Que dans
la vie éternelle il y a réellement une musique
excellente). Mit/ler a donné celte pièce dans le
tome m de sa Bibliothèque musicale, p. 581.
AMMOIV (DietrichChétien) , musicien à
Hambourg, est indiqué dans VAlmanach Théâ-
tral de Gotha, pour 1791, comme compositeur
d'un petit opéra intitulé : Das neue Rosenmxd-
chen (La nouvelle Rosière).
AMMON (Jean). Voy. Amon.
AMi\Ell (Jean), reçu bachelier en musique
en 1613, devint ensuite organiste à Londres , et
maître des enfants de cbœur de l'église d'Ély. Il
a publié : Sacred Hymns of thrce, four, five
and six parts, for voices and viols, ( Hymnes
sacrées, à trois, quatre, cinq et six parties, pour
les voix elles violes); Londres, 1613,in-4°.
AMODEI (Cataldi ), compositeur et maître
de musique de plusieurs églises de Naples, na-
quit à Sciacca en Sicile, et mourut à Naples
en 1695. Il a publié ; Cantate a voce sola, li-
bro primo e opéra seconda. Naples, 1685,
in-4°.
AMOFORTIUS (Jean). Voyez Tollius.
(Jean).
AMOIBÉE. Il y a eu deux cytharèdes de
ce nom, qui furent célèbres tous deux. Le pre-
mier, appelé l'Ancien , vivait à Athènes et ha-
bitait près du théâtre. Aristias, dans son Traité
des Cytharèdes, cité par Athénée(liv. XIV, c.4),
dit que, toutes les fois qu'il sortait de chez lui
pour aller chanter dans les sociétés, il gagnait
un talent attique. Plutarque (iH Zen.) pré-
tend qu'il fut contemporain de Zenon. L'autre
Amoibée, auquel Athénée donne de grands élo-
ges, vivait au temps de cet écrivain, et con-
séquemment sous le règne de Marc-Aurèle,
vers 160.
AMOi\ (Jean-André), compositeur allemand,
naquit à Bamberg en 1763, et se livra de bonne
heure à l'étude de la musique. La première can-
tatrice de la cour, M"* Fracasini , lui donna des
leçons de chant, et Bauerle , maître de con-
certs , lui enseigna à jouer du violon. Ayant
j)erdu sa voix, il voulut apprendre à jouer du
cor. Punto , dont il fil la connaissance, encou-
ragea se.=; efforts , et le prit avec lui dans ses
voyages en Allemagne et en France. En 1781,
ils vinrent à Paris , où Amon prit des leçons de
Sacchini. lin 1783, les deux artistes parcouru-
rent les diverses provinces de France , et l'année
suivante ils se rendirent à Strasbourg pour com-
mencer leur voyage en Allemagne. Us visitèrent
Francfort, Aschalfenbourg , Leipsick , Dresde,
Berlin et Yienne, où ils firent un séjour assc*
long. Amon secondait Punto et dirigeait Pou-
92
ATMON
rliestre dans ses concerts. Partout sa jeunesse,
ses talents et son esprit lui firent des amis :
plus tard il se plaisait à se rappeler Taniitié de
Hiller de Leipsick, de Reichardt, Dupont, Haack
et Mara de Berlin , de Haydn, Mozart, Wanliall
et HoffmeistT de Vienne. La société de ces
hommes célèbres augmenta ses connaissances et
forma son goût. La faiblesse de sa poitrine le
força d'abandonner le cor, son instrument fa-
vori : il le remplaça par le violon et le piano,
sur lesquels il fit de rapides progrès. En 1789,
il fut nommé directeur de musique à Heilbronn,
où pendant trente ans il dirigea le concert des
amateurs. En 1S17, il accepta la place de maître
de chapelle du prince de Wallerstein, à la
cour duquel il termina ses jours, le 29 mars 1825.
Amon a consacré la plus grande partie de sa
vie à la composition, et a i>rodiiil un nombre
considérable d'ouvrages , dont une pailie est
restée en manuscrit. Ceux qu'on a imprimés
consistent en duos, trios , quatuors , quintetfi,
symphonies et marches pour divers instruments,
et en sonates , variations et exercices pour le
piano, deux messes, cantates, airs détachés,
canzonettes italiennes , etc. Il a écrit aussi deux
opéras, parmi lesquels on remarque /e Sultan
Wampou , qui a eu peu de succès. Peu de
temps avant sa mort, il composa une messe de
Requiem, et témoigna le désir qu'elle fût exécu-
tée à ses obsèques : la chapelle de Waller-
stein se rendit à ses vœux. Parmi ses compositions
inédites on remarque vingt-sept morceaux de
musique instrumentale, et un Requiem alle-
mand. Amon était un directeur d'orchestre ex-
périmenté : il dirigeait avec le violon , et ac-
compagnait bien le chant au piano. 11 était bon
professeur de chant , jouait de presque tous les
instruments, et avait particulièrement un talent
assez remarquable sur le violon. Le nombre de
bons élèves qu'il a formés pour le piano, la
harpe et la guitare est considérable. 11 a laissé
en mourant une veuve , quatre fils et une fille.
L'aîné de ses fils ( Ernest ) a publié des varia-
lions pour la tlùte ( en sol ) , avec orchestre,
Offenbach, André.
Voici la liste des principaux ouvrages d'Amon ;
1" Symphonie à quatre parties, œuvre 30"^ (en
si bémol); Bonn, Simrock. — 2° Symphonie (en
mi majeur), œuvre 60"; Mayence, Schott. —
3° Six pièces pour musique turque, œuvre 40";
Offenbach, André. — 4° Sept pièces idem (suite
de l'oeuvre 40 ), œuvre 57" , ibid. — 5" Six varia-
tions pour le violon avec orchestre, œuvre 50";
Zurich , Geb. Hug. — 6° Trois quatuors faciles
pour deux violons, alto et basse, œuvre 113";
Offenbach, André. — 7" Trois trios pour violon.
alto et basce, œuvre 8"; Paris, Picycl s" Valsrs
pour deux violons et basse; orfenbach , André.
— 9° Duos pour violon et alto, œuvre i "^ ; Paris,
Janet. — 10° Thème connu., varié pour le violon
avec piano, œuvre 116"; Hanovre, Bachmann.
— 11" Premier concerto pour l'alto, œuvre 10",
Paris, Pleyel; — 12° Trois quatuors pour alto
concertant, œuvre 15"; Offenbach, André. — I3°
Larghetto et deux thèmes variés pour alto obligé,
violon, alto et violoncelle, œuvre 115"; ibid. —
14" Concerlo pour la flûte (en sol), œuvre 44";
ibid. — 15" Qiiintetti pour tlùte et cor obligés,
violon, alto et basse, œuvre 110" n°* 1,2,3,
ibid. — 10° Trois quatuors pour la fiûte, œuvre
39"; Angsboiirg, Gombart. — 17° Trois idem,
(Kuvre 42"; Ollenbacli, André. — 18" Trois irfem
concertants, ceuvre 92°; Bonn, Simrock. — 19"
Deux quatuors pour la clarinette, œuvre 106";
ibid. — 20° Quatuor poui'le hautbois, œuvre
i09"; ibid. — 21" Thème varié pour le cor, œii
vre 35'',- Bonn, Simrock. — 22° Trois quatuors
pour le cor, œuvre 20'' ; Offenbach, André. — 23°
Trois idem, œuvre 109" ; ibid. — 24° Divertis-
sement pour guitare, violon, alto et violoncelle,
œuvre 46" ; ibid. — 25° Trois sonates pour piano
et guitare, œuvre 69"; ibid. — 26" Trois séré-
nades pour piano et guitare, œuvre 123" ; ibid. —
27" Concerlo pour le piano, œuvre 34"; Mayenco,
Schott fils — 28° Trois sonates avec flûte obligée
et violoncelle, œuvre 48"; Zurich, Hug. — 29"
Troistiios pour piano, violon et violoncelle, œuvre
58"; Bonn, Simrock. — 30° Trois sonates pour
le piano, avec violon et violoncelle, œuvre 76";
IMayence, Schott. — 31° Trois sonates pour piano
et violon, œuvre 11"; Offenbach , André. — 32°
Trois idem, œuvre 19*; ibid. — 33° Sonates pé-
riodiques avec flûte, œuvres 55", 59" et 71'";
ibid. — 34° Trois sonates avecflûte obligée, œuvre
92", Hanovre, Bachmann. — 35" Sonate pour
harpe à pédales et flûte obligée, œuvre 95" ; Bonn,
Simrock. — 36° Sonate pour piano à quatre
mains, œuvre 67"; Mayence, Schott. — 37° Deux
sonates idem, œuvre 99"; Offenbach, André. —
3S° Trois sonates pour piano seul, (cuvre 63'';
Mayence, Schott.— 39° Trois sonatines faciles,
œuvre 68"; Bonn, Simrock. — 40" Sonates pé-
riodiques idem, œuvres 70" et 83"; Offenbach,
Aniiré. — -41° Dix-huit cadences pour le piano,
œuvres 22" et 3.3"; ibid. — 42® Douzes pièces
pour le piano, œuvre 72" ; Mayence, Schott. — 43o
Air souabe varié pour le piano, o^ivre 78";
Bonn , Simrock. — 44° Air national autrichien
varié, œuvre 91"; Hanovre , Bachmann. — 45"
Six variations sur l'air allemand Soll ich dann
S/ciben; Mayence, Schott. — 46" Six chansons
allemandes avec piano, œuvres 26" et 33*;
AMON — ANACKER
93
Offenbacli, Andrô. —47° Six idem, œuvre 36*^;
lîoiui, Sinirock. — 48° Six idem, œuvres 43",
51^, 53" et 54"; Offenbacli, Amhé. — 49° Six
idem, œiivres62*et64"; Mayence.Scliotl.— 50°
Ncufirfe»i faciles, œuvre 89"; Augsbourg, Gom-
bart. — 51° Trois quatuors concertants pour le
violon, œuvre 92^; Bonn, Simrocli.
AMOROS Y OIVDEANO (Don Francisco),
colonel directeur de gymnase normal militaire et
civil , et du gymnase spécial des sapeurs-pom-
piers de la ville de Paris, né à Valence, en Es-
pagne, le 19 février 1770, a introduit l'étude delà
musiquedans l'établissement qu'il dirigeait. Entré
au service militaire en (787, il passa par tous
les grades jusqu'à celui de colonel ; puis il fut
employé dans les fonctions civiles, et remplit suc-
cessivement, sonsle roi Charles IV et sous Joseph-
Napoléon, les emplois de conseiller d'État, gou-
verneur de province, ministre de la police, et de
commissaire royal à l'armée de Portugal. Les
événements politiques l'obligèrent ensuite à se ré-
fugier en France. Il a publié : l° Cantiques reli-
gieux et moraux, ou la morale en chansons, à
Vusage des enfants des deux sexes; Paris, 1806,
in-16, avec lamusique. — 2° Lettre de M. Amo-
rosàla Société pour l'instruction élémentaire,
sur le recueil de cantiques qu'il a publié, et
sur l'école de chant de son gymnase; Paris,
1809, br.in-4°. Amoros est tDorlà Paris en 1843.
AMPHIOIVjThébain, était fils de Jupiter et
tî'Antiope. Ce fut lui qui, dit-on, bâtit lès murs
de Thèbes aux sons de sa lyre. M""" Dacier a
remarqué que cette fable doit être postérieure
au temps d'Homère, qlii n'en parle pas. Plutar-
que (de Musica) lui attribue l'invention de la
cithare. Amphion, suivant Pausanias ( lib. IX,
c. 5.), acquit sa grande réputation de musicien
pour avoir mis en vogue le mode lydien, qu'il avait
appris de Tantale, dont il épousa la fille Niobé
et pouravoirajouté trois cordes nouvelles aux qua-
tre cordes anciennes de la lyre ou de la cithare.
AMTMAA^IV (Prosper), flûtiste compositeur
pour son instrument, à Vienne, s'y est fait con-
naître par un talent estimable dans un concert,
en 1836. Trois ans après, on le trouve à Munich,
donnant des concerts qui attiraient peu de momie,
mais où il obtenait les éloges des artistes. On
n'a pas d'autres renseignements sur sa personne.
Amtmann a publié : l- Grand duo concertant et
capricieux pourdeuxfliUes.op.l; Vienne, Diabelli,
— 2" Marche nationale hongroise pour flûte et
piano, op. 2; Vienne, Haslinger — 3° Air varié pour
flûte avec piano , op. 3; Vienne, Mechetli. — 4°
Troisgrands duos pourdenx flûtes; Milan, Ricordi.
— 5° Douze allemandes pour flûte et piano, op. 8;
Vienne, Diabelli. — 6" Introduction et variations
brillantes pour flûte et piano, oi>. 9; Vienne, Has-
linger. — 7 Exercices dans tous les tous majeurs
et mineurs pour flûte seule, op. lO; ibid.
AMYOT (Jacques), célèbre traducteur de
Phitarque, et précepteur de Ciiarles IX et de
Henri III, naquit à Melun, le 30 octobre 1513.
Après avoir été professeur de grec et de latin à
l'Université de Paris, il fut nommé grand aumô-
nier de Charles IX, emploi qu'il conserva sous
Henri III, son successeur. 11 obtint aussi l'évêché
d'Auxerre, où il mourut, le 6 février 1593. On a
de lui la traduction du Traité de Plutarque sur
la musique : cette traduction .se trouve dans i'é-
dilion des œuvres de ce polygraphe donnée en
1783-1787 par G. Brottier et Vauvilliers, 22 vol.
in-8", et dans celle de Clavier, Paris, Cussac,
1801-1806, 25 vol. in-8°. L'éditeur de celle-ci y
a joint la traduction de Burette.
ANACIÎER (AuGusTiN-FEKniNANn), cantor
et directeur de musique à Freyberg, est né dans
celle ville, le 17 octobre 1790. Fils d'un pauvre
cordonnier, il ne put d'abord saiisfaire son i)en-
cbant inné pour la musique, parce qu'il ne pos-
sédait pas l'argent nécessaire pour payer les le-
çons d'un maître. Admis comme élève dans le
chœur du gymnase, il amassa pendant cinq années
de petites épargnes qui lui serviront à payer l'ac-
quisition d'un vieux clavecin. Il avait atteint sa
seizième année sans avoir jamais vu de musique
imprimée, lorsque le cantor Fischer l'introduisit
dans un concert où il entendit jouer une des
belles compositions de Beethoven. Jamais rien de
pareil n'avait frappé son ouïe : dans son admira-
tion il s'écria : Ahl si f avais ce morceau! — Vous
Vaurez, lui dit quelqu'un placé près de lui, que
cette exclamation avait intéressé. Le lendemain,
en effet, Anacker reçut l'objet de ses désirs ; mais
bientôt il eut la preuve que cette musique ne pou-
vait être exécutée sur son pauvre vieux clavecin.
Acheter un piano ! A peine pouvait il imaginerque
les privations des choses indispensables le condui-
raient d'économie en économie jusqu'à la somme
nécessaire. Cette privation, il se l'imposait coura-
geusi'ment ; mais, après une longue attente , il
n'était parvenu qu'à la possession de 20 tbalers
(75 francs). Une circoastance inaticndue, inouïe
pour qui la cherche, amena dans la petite ville
de Freyberg un collecteur de la loterie de Leip-
sick, qui, s'emparant .de l'esprit d'Anacker et de
ses frères et sœurs, parvint à leur persuader
d'acheter un quart de lot ; et, par nue faveur bien
rare de la fortune, le gros lot de 24,000 thaier.';,
dont faisait partie la fraction achetée par Anacker
et sa famille, ce lot bienheureux sortit, eî noire
enthousiaste eut pour sa part 1300 thalers
(4,875 francs), c'est-à-dire des millions ! Il se liàta
94
ANACKER — ANCELET
d'acheter un piano neuf et les œuvres de Mozart,
de Cleinenti, de Cramer, et surtoutdeBeetlioven;
car la musique de cet liomme de génie était de-
venue l'objet de sa prédilection. Après la bataille
de Leipsick , il se rendit à l'université de cette
ville pour y continuer ses études. Là il se lia avec
les chefs de quelques sociétés de chant qui l'ad-
inireiit parmi leurs membres, à cause de la beauté
de sa voix de basse. Schichl lui donna des leçons
de composition, et Frédéric Schneider, qui avait
pour lui de raffection, lui donna des conseils sur
ses premiers essais. Ses études étaient terminées,
lorsqu'il reçut en 1822 sa nomination de can^or et
de directeur de musique à Freyberg; bientôt après
il cijouta à ces positions celle de premier profes-
seur de musique à l'École normale de cette ville.
Anacker, plein de feu et d'amour pour l'art , de-
vint en peu de temps l'âme de toutes les réunions
musicales de sa ville natale. 11 y organisa des
concerts, des sociétés de chant, et le baron de
Herder, capitaine général de mines de la Saxe,
le chargea, en 1827, de la direction d'un corps de
musique de mineurs, auquel il fit faire en peu de
temps de grands progrès. L'estime générale dont
il jouissait futia récompense deseselforts et de sa
persévérance. Ses compositions consistent en plu-
sieurs recueils de chants à voix seule, publiés
à Leipsick, chez Pélers, et chez Hofmeister ; en
pièces diverses pour le piano, chez Breitkopf et
Haertel et chez Péters, à Leipsick; en douze
chants à plusieurs voix, chez Gersach ; en uue
cantate avec orchestre, intitulée Lebensbhime
iind Lebensunbestand (Fleur et Instabilité de
la vie), gravés avec accomp. de piano, à Dresde,
chez W. Park. Cette cantate a été exécutée dans
la plupart des villes de la Saxe avec succès. Le
chant intitulé: Sa^M< rfe5A/(neM?s,avecorchestre,
a été exécuté aussi très-souvent à Dresde, à Leip-
sick. Freyberg, Annaberg, Chemnilz, Schneeberg,
Géra, Zwickau,Zittau, Breslau et Erfùrt. Anacker
a écrit une ouverture à grand orchestre pour le
drame Goetz de Berlïchingen et une ouverture
de concert, qui n'ont point été publiées; enfin,
quelques chants détachés qui ont paru en di-
verses villes de la Saxe. Il est mort à l'reyberg,
au mois de mars 1855, à l'âge de soixante-quatre
ans et quelques mois. Sa collection de musique
a été vendue aux enchères publiques, à Leipsick,
dans le mois de juin de la même année. On y
remarquait un très-bon choix d'œuvres des
j;rands maîtres, tant pour l'église que pour le
théâtre et la musique de chambre.
ANAGiXIlVO (Spirito), compositeur napoli-
tain, né dans la moitié du seizième siècle, s'est
fait connaître par un recueil de Magnificat et de
Nunc dimitlis pour une, deux, trois et quatre
voix, avec basse continue pour l'orgue, qui a
paru sous ce titre : Sacra cantica al, 2, 3 «
4 voci. Naples, 1617, in^". Les cantiques con-
tenus dans cet ouvrage sont au nombre de 23.
ANCELET (.... ), fut major des mous-
quetaires noirs sous la régence du duc d'Or-
léans, et sous le règne de Louis XV. Barbier
( Dictionn. des ouvrages anonijmes, etc., t. II,
p. 484 de la seconde édition ) et Quérard ( La
France littéraire, t. I, p. 53) lui attribuent
un i)etit écrit qui a paru, suivant eux, sous ce
titre: Observations sur la musique, les musi-
ciens et les instruments. Amsterdam ( Paris ) ,
1717, 40 pages in-12. D'autre part Forkel {AU-
gem. Literatur dcr Musik, p. 187 ), d'après un
article de la Bibliothek der sc/ioncn Wissen-
chafsten (t. V, p. 391), Lichtenthal (Dizzion. e
Bibliog. délia Musica, 1. 111, p. 254) et M. C. F.
Becker (System, chronol. Darstellung der
musikal. Literatur, col. 162), qui l'ont copié,
indiquent une édition de ce pelit ouvrage qui
aurait été publiée à Paris, en 1759, in-12, et qui
serait conséquemment la deuxième. Pour moi,
je possède un exemplaire du même opuscule,
imprimé à Amsterdam (Paris) aux dépens de
la compagnie, en 1757, in-i2 de 40 pages. Or,
si l'édition de Barbier et de Quérard est réelle ,
celle-ci doit être la deuxième, et celle de Forkel
serait la troisième; cependant la vérité est qu'il
n'y a qu'une seule édition du petit ouvrage d'An-
celet, à savoir, celle de 1757. Mes preuves sont
sans réplique. L'édition de 1717 ne peut exister,
car Anceiet parle de la gloire que Rameau s'est
acquise par ses opéras ; or, Rameau , ignoré au
fond de sa province en 1717, n'avait encore rien
publié ; et son premier opéra n'a été joué que
seize ans plus lard. Anceiet parle aussi des bouf-
fons et des querelles qu'ils ont fait naître; or,
on sait que les bouffons n'ont joué à Paris qu'en
1752. Enfin l'auteur de cette brochure analyse
les talents des violonistes Pagin et Gaviniez, qui
n'étaient pas nés en 1717. Barbier a donc été
trompé par quelque catalogue où, par une faute
d'impression, on a substitué 1 à 5, et son erreur a
causé celle de M. Quérard. A l'égard de Forkel ,
il n'a pas remarqué que le rédacteur de l'article du
journal littéraire intitulé : Bibliotliek dcr scho-
nen Vissenschajlen (août 1759), s'excuse d'être
en retard pour le compte rendu de la brochure
anonyme "• c'est ce qui lui a fait croire que cette
brochure avait paru dans la même année. Au
surplus, le point important est que ce pelit ou-
vrage, écrit par un homme de goût et de bon
sens, fournit des renseignements précieux sur
beaucoup d'artistes français qui brillèrent depuis
environ 1720 jusqu'en 1757, et sur lesquels ou
ANCELET — ANCOT
95
saurait peu de chose si cet t'crit n'existait pas.
AIXCHERSEN (Ansgarius ), médecin da-
nois qui vivait à Copenhague au commencement
du dix-huitième siècle, a publié une dissertation
intitulée: De medicatione per musicam, pcr-
missu siiperiorum primo dissent Ansgarius
Anchersen, defendente prxstaniïssimo philo-
sophiee Baccalaur. Jano Pctri Stormio. In
oudilorio collegïi Medici , d. 27 Junii, anno
1720; Copenhague, 12 pages in-4o. La seconde
partie de la thèse parut en 1721, sous ce titre :
Quomodo musïca in cor pore agit et vires
ej-ercii/'. ]| devait y avoir une troisième partie;
j"it;nore si elle a paru.
ANCnOUENA ( Joseph ), musicien espa-
gnol (lu quinzième siècle, naquit dans la Na-
varre en 1438, et fit ses études nnisicales à l'u-
niversité de Salamanque. Il passa ensuite à
Burgos, où il composa diverses œuvres. On a con-
servé de lui un fragment de Stabat Mater à
quatre voix ( Voij. Historia de la Miisica espa-
iiola de M. Mariano Soriano Fiiertes, t. II,
p. 119).
ANCINA ( Je/vn-Juvénal), évêque de Sa-
luée, né à Fossano en Piémont, le 19 octobre
1545, étudia d'abord la médecine, et fut doc-
teur et professeur en cette science à Turin. \Ln
1574, il se rendit à Rome, où il étudia la théo-
logie, et en môme temps la musique, qu'il cul-
tivait dès sa jeunesse. Après avoir été ordonné
prêtre , il fut envoyé à Naples pour y ensei-
gner la théologie ; Clément VIII le nomma en-
suite évêque de Mondovi, et enfin évêque de
Saluce, en 1602. Il fut ami intime de saint
François de Sales. Ancina a fait imprimer des
cantiques de sa composition sous ce titre : Tem-
plo armonico délia B. Virgine. Prima parte
a tre voci ; Rome 1599, in-4o. M. Danjou a si
gnalé, dans ses intéressantes lettres sur ses re-
cherches relatives à la musique en Italie (l),
l'existence de plusieurs recueils de musique qui
renferment des compositions d'Ancina, et qui se
trouvait à Rome dans la bibliothèque Vallicella,
au couvent des PP. de l'Oratoire. Ces recueils
sont sous les n"» 0,,29, 30, 31, 32, 35.
ANCOT (Jean ), né à Bruges, le 22 octo-
bre 1779, a commencé ses études musicales dans
la maîtrise de l'église Saint-Donat, en cette
ville , sous la direction de l'abbé Cramène et de
l'organiste Thien pont. Il se rendit ensuite à Paris,
où il reçut des leçons de violon de Rodolplie
Kreutzer et de Baillot. Rodolphe et Calel fu-
rent ses guides pour l'étude de l'harmonie. De
retour à Bruges au mois de mai 1804, il s'y est
(i) Remie de la musique religieuse, populaire et clas-
sique, t. lllj p 201.
fixé depuis lors, et s'y est livré à l'enseignement
du violon et du piano. Quelques-unes de ses
compositions ont été publiées; mais le plus
grand nombre est inédit; on y remarque :
10 Quatre concertos pour le violon, avec or-
chestre. — 2° Trois quatuors pour deux violons ,
alto et basse. — 3° Deux messes à trois voix, avec
accompagnement d'orgue. — 4° Ecce panis à
quatre voix et orchestre. — 5° Deux 0 salularis
à trois voix , avec arcompagnement d'orgue
obligé. — 60 Six Taritum ergo à trois et quatre
voix, avecorgue obligé. — 7° Quatre Ave Maria à
quatre voix. — 8° quatre airs variés pour le violon,
avec orchestre. — 9° Divertissement militaire
pour seize instruments. — lOo Deux ouvertures en
liarmonie pour quinze instruments. — 11" Deux
fantaisies en harmonie pour quinze instnunenis.
— 12° Un air varié en harmonie pour quinze ins-
truments, morceau qui a obtenu le prix au
concours de la ville deGand, le 10 août 1823. —
130 Huit pas redoublés en harmonie. — 14o Valses
en harmonie. — lâ» Deux marches pour quinze
instruments. — 16° Marche funèbre composée
pour le service du maréclial Lannes, duc de
Montebello. Ancol est mort à Bruges, le 12
juillet 1848, à l'âge de 72 ans.
AIVCOT (Jean), fils du précédent, né à
Bruges le 6 juillet 1799, eut pour maître de
violon et de piano son père, depuis l'âge de six
ans jusqu'à dix huit. Il avait à peine atteint .sa
douzième année quand il débuta, dans les con-
certs de la ville qui étaient donnés au théâtre,
par le douzième concerto de Viotti pour le vio-
lon, et par le troisième de Steibelt pour le piano.
Quatre ans après il écrivit son premier concerto
de violon, qu'il dédia à Rodolphe Kreutzer, et
ensuite son premier concerto de piano, dont il
offrit la dédicace à Pradlier. En 1817, il alla
à Paris, où il fut admis au Conservatoire de
musique. Pradher y devint son professeur
de piano , et Berton lui donna des leçons de
composition. Doué des plus heureuses disposi-
tions, il aurait pu se placer à un rang élevé
parmi les jeunes artistes de son temps; mais des
passions ardentes ne lui permirent pas de donner
à ses études toute la sévérité désirable. Six an-
nées après son admission au Conservatoire, il
quitta Paris pour se rendre à Londres. Là il ob-
tint le titre de directeur et de professeur de l'A-
thénée et celui de pianiste de la duchesse île
Kent. Toutefois il ne paraît pas qu'il fût sntis-
fait de sa situation, car il s'éloigna de la capi-
tale de l'Angleterre en 1825, et voyagea en Bel-
gique pendant quelque temps, puis alla se fixer
à Boulogne, où il est mort le 5 juin 1829.
La fécondité d',\ncot pourrait passer pour
oo
ANCOT — ANDERS
merveilleuse si tous ses ouvrages avaient été
écrits avec soin; car, ayant à peine atteint
l'âge de trente ans, il avait fait imprimer plus
de deux cent vingt-cinq œuvres, qui ont été
publiés à Paris, à Londres et en Allemagne. On
n'indiquera ici que les ouvrages qui lui ont fait le
plusd'lionneur: loConcertopour le violon; Paris,
Jouve. — 20 Concerto pour le piano ; Paris, Le-
duc.— 3° Sonates pour piano seul, œuvres 4'', lOe
et 18^; Paris. — 4" Plusieurs fantaisies pour le
piano, avec orchestre. — 5° La Tempête, fan-
taisie pour piano seul ; Londres. — 6° l'Oura-
gan , idem ; Paris , Naderman : ce morceau est
une des meilleures productions d'Ancot, et a eu
un succès de vogue. — 7o Nocturne pour piano et
violon, reuv. 8*^; Paris, A. Petit. — 8" Deux au-
bades pour piano et violon , œuvres 32e et 35^ ;
Paris, Dufaut et Dubois. — 9° Grande sonate pour
piano et violon , œuvre 14*; Paris, A. Petit. —
IQo Huit fantaisies pour piano à quatre mains,
sous les titres de la Légèreté, l'Attente, Azélie
Marche grecque, les Charmes de Londres,
Marche turque, Marche d'Aline, et V Immortel
Laurier; Paris et Londres. — l|o Une multitude
d'airs variés pour piano seul. — 12" Cinq concer-
tos pour le violon, avec orchestre. — J 3° Trente-
six études pour le piano; Paris. — 14" Douze fu-
gues pour l'orgue, première et deuxième suite;
ibid. — 150 Amélia, ou le Départ pour la
guerre, scène avec orchestre, chantée par Begrez
à rOpéra de Londres. — 16o Marie Sluart, scène
avec orchestre. — 17o La résolution inutile,
idem. — IM La Philosophie d''Anacréon, idem.
190 Six ouvertures à grand orchestre, exécu-
tées à l'Opéra de Londres et dédiées à Rossini. —
20O Grande pièce de concert , dédiée au roi des
Pays-Ba<;. — 21° Plusieurs recueils de romances,
gravés à Paris et à Londres.
ANCOT (Louis), né à Bruges le 3 juin 1803,
a reçu de son père des leçons de musique, de
violon et de piano, depuis l'âge de cinq ans jus-
qu'à sa dix-septième année. Après avoir voyagé
en France, en Italie, dans les Pays-Bas, en
Ecosse et en Angleterre, il s'arrêta à Londres, où
il fut nommé pianiste du duc de Sussex. Quelque
temps après, il alla à Boulogne, où il se livra à
l'enseignement du piano; puis il quitta cette po-
sition pour aller à Tours , où il vécut pendant
quelque? années. De retour à Bruges, sa patrie ,
il y mourut à l'âge de trente-trois ans, au mois
de septembre 1836. Cet artiste a piililié qua-
ranfe-sept ouvrages, qui ont été gravés à Edim-
bourg, à Londres, et à Paris, chez Petit et Scho-
nenberger. Ces compositions consistent en so-
nates ,■ fantaisies, airs variés, pièces à quatre
mains pour piano, fugues, études, concertos,
ouvertures à grand orchestre, romances et noc-
turnes pour une ou deux voix, avec accompagne-
ment de piano.
ANDERL (Q....), compositeur de musi-
que d'église, né en Bavière, vil à Aug^bourg, et
s'est fait connaître depuis enviion 1842 par la
publication des ouvrages suivants : in Asperges,
à quatre voix et orgue; Augshourg, Bœlim, — 2»
Le Christ souffrant au mont des Olivieis, en
trois chants pour deux sopranos, basse et orgue ;
Munich, Faller. — 30 Chant de procession pour la
fête du Sainl-Sacrement, à deux sopranos , basse
et orgue; Augsbourg, Bœhm. — 40 Laiida Sion,
à ti ois voix et orgue ; ibid. — âo Pange lingiin ,
pour deux sopranos, basse et orgue ; ibid. — G"
Chant pour la Nativité, à deux sopranos, bas.se et
orgue; Munich, Falter. — 70 Cantique de l'Avent,
à deux voix, deux violons et orgue; ibid. — 8'^
La Naissance de Jésus, canti(iue allemand de
Noël, pour deux voix et orgue; ibid. — 9° Mes^e
brève en mi bémol, pour soprano, contralto, basse,
deux violons, contrebasse et orgue; ibid. —
lOo Cliant pour la tète de l^âques, à tiois voix et
orgue; ibid. — 11° Trois cantiques de prédica-
tion dans le style ciioral, à voix seule et orgue,
ou à trois voix ad libitum; ibid. — 12o Répons
des offices de la procession, pour deux soprjinos
et basse, avec accompagnement de basse, ibid.
ANDERS { Henri ) , organiste de l'église
principale d'Amsterdam , naquit en Allemagne
vers 1690, et s'établit en Hollande en 1720. H
y a publié des sonates pour trois et quatre ins-
truments, sous ce titre : Symphonie introduc-
toria: , Irium et quatuor instrumentorum,
opéra 1 et 2; Amsterdam, chez Klaas Knol,
sans date, in-fol. obi. Chaque œuvre contient
douze sonates : elles sont fort bonnes.
AJ\DERS ( Godefroid-Encelbiîut ) , littéra-
teur musicien, né à Bonn, en 1795, a lait de
bonnes études, dont il a fait un usage utile dans
des recherches philologiques sur l'hisloiie litté-
raire de la musique. Établi à Paris depuis 1829,
M. Anders s'y est occupé d'une nouvelle édition
de la littérature générale de la musique de F^or-
liel , ou plutôt, d'un ouvrage entièrement neuf
sur le môme sujet, ainsi que d'un Dictionnaire
de musique sur le plan de Walther. Ces ouvrages,
exécutés avec un esprit <ie recherches peu ordi-
naire et des soins consciencieux, seraient sans
doute d'unegranne ulilité, et contiendraient beau-
coup de choses nouvelles et intéressantes; mal-
heureusement la santé de M. Anders l'a souvent
obligé à interrompre ses travaux. M. Anders
a fait insérer quelques articles dans la Gazette
musicale de Leipsick; un morceau intéressant
sur l'histoire du violon a été donné pai lui dans
AINi)KRS — AJNDUt
97
le n" 56 du rpciieil périodique, intitulé -. Cacilin
(p. 247-257). En 1831, il a publié à Paris
une brocliure in-S» sous ce titre : Aicolo Pag-a-
nini, sa vie, sa personne et quelques tno/s sur
son secret. M. Anclers a donné aussi quelques
articles dans les années 1831, 1832 et 1833 de
la Revue musicale. Au mois de mars 1833 il a
été nommé employé de la Bibliollièque impét iale
pour la conservation et la mise en ordre de, la
[lartie musicale. Depuis cette époque il a donné
quelques bons articles à la Gazette musicale
de Paris, dont il a rédigé les tables depuis l'o-
rigine. V Encyclopédie des gens du monde
renferme aussi quelques bons articles concer-
nant Ihistoire et la théorie de la musique dont il
est auteur. Enfm, il a extrait de la notice bio-
graphique de Beethoven, publiée par "Wcgeler et
Ries, une brochure intitulée : Détails biogra-
phiques sur Beethoven. Paris, 1839, in-S» de
48 pages.
AMDERSCII (Jean- Daniel), docteur en
philosophie, et directeur d'un pensionnat d'édu-
cation en Poméranie, s'est fait connaître par
quelques livres sur l'éducation et par un dic-
tionnaire portatif de musique, à l'usage des
amateurs et des jeunes musiciens, sous ce titre ;
Musikalisches Wœrterbuch fur Freunde und
Schùler der Tonkunde (sic ). Berlin , Natorif,
1829, in-80 de 420 pages. Cet ouvrage n'est
qu'un extrait du Lexique musical de Koch.
ANDERSOIM (Jean), compositeur de mu-
sique écossaise, est considéré par quelques per-
sonnes commen'ayantpaseuderival encegenre,
depuis le temps d'Oswald. 11 est mort à Inver-
ness, en 1801.
ANDIA'G ( J. M. ), professeur de musique
au séminaire de Hildburghauseu et organiste de
l'union évangélique de cette ville, né vers iSlfi,
s'est fait connaître par quelques compositions
pour l'orgue et pour léchant, au nombre des-
quelles on remarque 48 préludes faciles pour
des chorals, op. 5, Erfuit, Kôrner, petit in-40
obi. Anding est un des rédacteurs du journal des
organistes intitulé Z/rflHJa, et publié à Erfurt,
chez Kôrner.
AI\DRADE (Jean-Auguste), compositeur
de romances et professeur de chant , est né à
Rayonne en 1793. Admis comme élève au Con-
servatoire en 1817, il y a reçu des leçons de
chant de Garât et de Ponchard , et a obtenu le
premier prix en 1820. On a publié de sa com-
position beaucoup de romances et de nocturnes,
parmi lesquels il en est plusieurs qui ont eu du
succès. M. Andrade est auteur d'une ISouvelle
méthode de chant et de vocalisation, adoptée
parle Coiservatoire de Paris. Paris, Aulagnier
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. — I.
( sans date), gr. in-i". Une é<Iillon de cet ou-
vrage, revue etaugmentée par M. Aug.Gathy, a été
publiée à Hambourg, chez Cranz, 1838, in^".
ANDRÉ DE CORINTHE, musicien
poêle cité par Plutarque dans son dialogue sur
la musique, avec Tyrtée de Mantinée et Thra-
sylle de Phlionte, au nombre des musiciens grecs
qui se sont abstenus de l'emploi du genre chro-
matique, de la multiplicité des cordes et de plu-
sieurs autres choses vulgairement usitées dans la
musique. ( Voy. la note 140 de Burette sur ce
passage de Plutarque , dans les Mémoires de
V Académie des inscriptions et belles-lettres ,
t. viir. )
A1\DRÉ OU ANDREAS , archevêque de
Crète, vécut vers la tin du septième siècle et au
commencement du huitième On lui a donné
aussi le nom ô' Andréas Hierosolymitamts ,
parce qu'il fut d'abord moine à Jérusalem. Théo-
dore, patriarche de celte ville, l'envoya au con-
cile dé Constantinople , pour y combaltre les
doctrines des monothélites. Après avoir rempli
successivement les offices de diacre et d'orpha-
notroplie , il fut élevé à l'archevêché de Cièle.
Les auteurs qui ont U\é la date de sa mort au
14 juin 724 l'ont confondu avec André, arche-
vêque de Césarée, qui est un autre personnage.
La date de la mort d'André de Crète est incer-
taine. On a de ce patriarche des homélies et
quelques opuscules publiés par Cond)éfis et
Petau. Il est aussi auteur de plusieurs hymnes
avec le chant en usage dans l'Église grecque,
et conservées dans rOvcTwr)xo;. Fabricius ( Bibl.
Grue, t. III, p. 654, édit. de Ilarles ) attri-
bue à André de Crète le traité de musique in-
titulé Hagiopolitès , contenu dans le manus-
crit grec no 360 de la Bibliothèque impériale de
Paris; mais, ainsi que le remarque M. Vincent
{Notices et extraits de Manuscrits de la Bi-
bliot. du Roi, t. XVJ, 2" p , pag. 259 ), aucune
raison n'est indiquée à l'appui de cette assertion,
et il y a des motifs plausibles pour la repousser.
( Voyez Hacioi'Olitès. )
ANDRÉ ( Yves Marie), jésuite, né en 1675,
à Chàleaulin, en Bretagne, professa les mathé-
matiques à Caen, depuis 1726 jusqu'en 1759, et
mourut le 26 février 1764, à l'âge de quatre-
vingt-neuf ans. On a de lui un Traité sur le
beau; Paris, 1741, in-12, dont le quatrième
chapitre est consacré au beau musical. Le bon
jésuite ne sait de quoi il parle. Son livre a eu six
éditions, et a été réuni à la collection de ses
j œuvres, en 5 vol. in-12, qui a été publiée après
sa mort. Comme Lucrèce et tous ceux qui pen-
sent que le beau musical consiste dans l'imitation
de la nature, le V. André nous fait instruire
7
98
ANDRK
dans la musique par les concerts des oi-
seaux ; par les zcpliirs qui soupirent dans les
roseaux ; par les aquilons qui sifflent dans les
forêts-, par la \o\x formidable des vagues de la
mer, et enfin par le tonnerre, qui fait la basse de
la symphonie! L'arc-en-ciel, lui-même, nous
instruit des principes de la musique; car Newton
a découvert que les couleurs du spectre solaire , à
savoir, le rouge, l'orangé, le jaune , le vert , le
bleu, l'indigo et le violet, occupent, dans la
bande colorée, des espaces qui sont entre eux
dans les mêmes proportions que les intervalles des
sept sons de la gamme! Enfin, le P.André voit
dans la coïncidence de ce fait avec les phéno-
mènes du corps sonore et les proportions numé-
riques le principe certain du beau en musique,
lequel conséquemment consisterait dans l'ordre
et la régularité. Par là il exclut le sentiment et
l'imagination, réduisant l'eflet du beau à celui
«pi'il produit sur l'intelligence. Cependant, par
une contradiction manifeste, il finit par recon-
naître trois sortes de beau, à savoir : l'absolu , in-
dépendant { à\t-H) de toute institution, même
divine; le beau musical naturel, dépendant
de l'institution du Créateur, mais indépen-
dant de nos opinions et de nos goûts; et
enfinun beau musical artificiel, et en qiielque
sorte arbitraire, mais toujours avec dépen-
dance des lois éternelles de IViarmonie ! Tout
cela est faux ; car il est évident que le beau que
nous ne sentirions pas serait le néant, bien que
d'institution divine; quant au beau arbitraire,
il n'est pas moins certain qu'il n'est qu'une il-
lusion des sens et de l'esprit, car beau et ar-
bitraire s'excluent réciproquement. Enfin, et
ceci n'est pas moins important, le beau absolu,
indépendant, même de l'institution divine, im-
plique contradiction, car nous n'aurions aucune
faculté pour l'apercevoir et le reconnaître.
ANDRÉ (CnRÉTiEN-CHAHLEs), en allemand
Andrâ, naquit à Hildb\irghausen , le 20 mars
1763, el fut d'abord secrétaire du prince de Wal-
deck , là Arolsen. En 1785 , on le nomma conseil-
îsr d'éducation à Schnipfenthal , dans le duché
de Gotha. Trois ans après, il établit dans ce lieu,
conjointement avec Salzmann, une maison d'édu-
cation pour les jeunes demoiselles. En 1790, il
se sépara de son ancien associé, et transporta
son établissement à Gotha. Ce fut dans cette si-
tuation qu'André écrivit ses nombreux ouvrages
sur l'éducaticn , et particulièrement ses Prome-
nades utiles pour tous les jours de Vannée , à
l'usage des parents; Brunswick, 1790-1797, 4
parties in-8°. Dans l'une des quatre parties de cet
ouvrage, l'auteur a traitédel'ar^rfejowerdMpiano
avec tant de clarté et de précision , qu'on peut
affirmer qu'il n'est point de liffe où les principes
philosophiques de cet art soient mieux exposés.
André est aussi l'auteur d'un opuscule intitulé :
Schreiben an einen Freund iiber das musika-
lische Drama Thirza und ihre Sôhne (LelUe^
à un ami sur le drame musical , Thirza et ses
fils); Eisenach, 1783, trois feuilles in-8°. André
a été nommé, en 1798, directeur des établisse-
ments ecclésiastiques deBriinn. Il occupait encore
ce poste en 1815. Il est mort le 19 juillet 1831.
ANDRÉ (Jean ), né à Offenbach , le 28 mars
1741, fut d'abord destiné au commerce par ses
parents, qui étaient fabricants de soieries en
cette ville. En conséquence, ils ne lui firent jioint
étudier la musique, et le jeune André, que son
goût entraînait vers cet art, n'eut pour tout se-
cours, jusqu'à l'âge de douze ans, que les avis
d'un de ses petits camarades, qui allaita Franc-
fort prendre des leçons de violon qu'il lui trans-
mettait à son tour. Il apprit aussi, sans maître,
à jouer du clavecin, et le livre choral de
Kœnich lui servit à étudier l'art de l'accompa-
gnement.
Jusqu'à l'âge de vingt ans, André n'avait com-
posé que des pièces fugitives de cliant ou de mu-
sique instrumentale; mais, se trouvant à Franc-
fort vers 1760, il y entendit des opéras-comiques
français et des opéras bouffes italiens , qui lui
donnèrent l'idée de travailler pour la scène. Son
|)reniier ouvrage en ce genre, der Tœp/er ( le Po-
tier), fut représenté à Francfort, et plut par
la gaieté et le naturel qui y régnaient. Son succès
détermina le célèbre Gœlhe à confier au jeune
compositeur son opéra à^Erwin et Elmire. André
le mit en musique avec le même bonheur. Ces
deux ouvrages, ayant été représentés peu de
temps après à Berlin , réussirent si bien, que
leur auteur fut appelé dans cette ville pour y di-
riger le grand théâtre. André vendit alors sa fa-
brique de soieries, et se rendit à Berlin avec sa
femme et ses enfants pour y prendre possession
de cette direction , et pour apprendre l'harmonie
el le contrepoint , dont il n'avait point encore
fait d'étude régulière. Là il fit la connaissance
de Marpurg, qui le dirigea dans ses travaux sco-
lastiques.
Durant le temps qu'il passa à Berlin, André
composa un assez grand nombre d'ouvrages pour
le théâtre qu'il dirigeait. Il resta plusieurs années
dans cette ville, et probablement il s'y serait
fixé pour toujours s'il eût pu y transporter une
fonderie de caractères et une imprimerie de mu-
sique qu'il avait établies à Offenbach en 1774;
mais n'ayant pu l'introduire à Berlin, à cause du
privilège Je Hummel , et ses affaires ayant été
mal conduites en son absence , il prit , en i784 ,
ANDRÉ
9i>
ie parti de retourner à Offonbach , pour diriRer
lui-même une entreprise qu'il considérait comme
plus avantageuse que la direction du théâtre. Le
succès répondit aux espérances d'André, et son
établissement devint un des plus considérables
de l'Europe en ce genre. Lui-môme on dirigea
toutes les parties et leur donna tant d'extension,
qu'il (init par y employer journellement plus de
cinquante ouvriers. Une attaque d'apoplexie l'en-
leva à sa famille le 18 juin 1799.
Le opéras dont André a composé la musique
sont : 1° Der Tœpfer (le Polier). — 2° Erwin
et Elmire. — 3° Herzog Michel{\e duc Michel).
— i" Beralte Freijer ( l'Amoureux suranné). —
5° Peter und Hannchen ( Pierre et Jeannette ). —
C)" Dcr Filrst im hœchsten Glanze (le Prince
dans toute sa splendeur). — 1° Laura Roselti. —
8" Claudine. — 9° l'Alchimiste. — 10° Les Grâ-
ces. — II" Das turtarische Gesetz (la Loi des
Tartares). — 12° Das Friedens Feyer (la Fêle
de la paix ). — 13° Die Schadenfreude (l'envie).
— ik" Kurzc Tliorheitist diebeste{\A^\n?,conxl&
folie est la meilleure). — 1 5° Das Wiithende Heer
la Chasse infernale). — 16° Ë'/nure, réduite pour
le clavecin; en 1782. — l"?" Das Aulomat (l'Au-
touiafe) 18° Der Barbier von Bagdad (le
Barbier de Bagdad). — 19° Le vieux homme li-
bre. — 20° Arlequin perruquier, pantomime.
— 21° Belmont et Constance. — 22" Quelque
chose doit nous survivre. — 23° Musique pour
la tragédie de Macbeth. — 24° Idem pour le
Roi Lear. — 25° Divertissements pour diverses
circonstances. Ses ouvrages détachés consistent
en trois sonates pour le clavecin , avec vio-
lon et violoncelle, op.' l ; Offenbach, 178C. -
Chansons avec accompagnement de fliile ou
violon, alto et basse, trois parties; Otfenbach,
1793. — Léonore de Burger, romance pour le
piano, dont il a été publié cinq éditions. — Les
Femmes de Veinsberg , pour le piano; ariette
pour le Barbier de Séville. Malgré les occupations
multipliées d'André, il se passait peu de temps
sans qu'on vît paraître quelque nouvel ouvrage
de sa composition. L'année même de sa mort,
il travaillait à un opéra , dont il avait tiré un
rondeau qui fut imprimé dans l'Almanach théâ-
tral de Gotha, en 1796.
Le stylede ce musicien n'a rien de remarquable,
soit sous le rapport de la nouveauté des idées,
soit sous celui de l'harmonie; mais ses mélodies
ont du naturel, de la grâce et plus de gaieté qu'on
n'en trouve communément dans la musique al-
lemande. Il y a beaucoup d'analogie entre la ma-
nière d'André et celle de Ditters de Dittersdorf.
Ai\DRE (Jean-Antoine), lils du précédent,
est ne à Offenbach le G octobre 1775, et non
à Berlin en 1770, comme il est <lit dans le pre-
mier Lexikon de Gerber , et dans le Dlctionnaiie
des Musiciens de Choron et FayoUe. Les bio-
graphes allemands assurent qu'André n'était
âgé que de deux anslorscju'il montrait déjà d'heu-
reuses dispositions pour la nmsi(pie. Les pre-
mières leçons de violon et de piano lui furent
données à Berlin , dans le temps où sou pèie di-
rigeait l'orchestre de l'Opéra. L'art du chant lui
fut enseigné par le ténor Marschhaiim , et il y
fit des progrès; à l'âge de huit ou neuf ans il
chantait avec goût et justesse des airs fort diffi-
ciles. De rétour à Offenbach, quand son père
alla se fixer définitivement dans celte ville, André
s'y livra avec ardeur à l'étude du violon et du
piano; il y prit aussi des leçons d'harmonie et
d'accompagnement, et le chanteur Righetti , qui
passa quelque temps à Offenbach, en 1786, lui
fit contracter de bonne heure l'habitude de dé-
chiffrer la partition. L'année suivante, il fut confié
aux soins de Ferdinand Frànzel pour achever
ses études de violon ; deux années de leçons de
ce maître le rendirent habile sur cet instrument.
Ses premières compositions avaient été des sym-
phonies qu'il écrivait pour des concerts d'ama-
teurs; mais le premier ouvrage (pi'il avoua tut
une sonate de piano avec accompagnement de
violon, composée pendant un voyage qu'il fit a
Manheim et à Strasbourg avec son père. En 1789,
il retourna à Manheim pour y continuer ses
éludesde violon sous la direction de Frànzel : il y
fut nommé premier violon adjoint du théàtie de
la cour; mais l'année suivante il fut obligé do
retournera Offenbach pour y diriger le commerce
de musique de son père, qui voyageait en Saxe.
Ce fut aussi dans la même année 1790 qu'il rem-
plit les fonctions de chef d'orchestre au spectacle
dirigé par Bossmann : il n'était alors âgé que de
seize ans.
La grande quantité d'ouvrages sortis de sa
plume lui avait déjà donné une habitude d'écrire
qu"il est rare de posséder à cet âge ; toutefois
cette habitude pratique ne lui parut par suffi-
sante; il sentit la nécessité de faire des études
plus sérieuses, et, en 1792, il retourna à Man-
heim pour faire un cours d'harmonie et de con-
trepoint sous la direction du maître de chapelle
Volweiler, qui, en moins de deux ans , le mit eu
étatd'écrire correctement. Depuis 1793 jusqu'en
1796 il partagea le temps alternativement entre
le commerce de musique et l'étude de son art.
11 était dans sa vingtième année quand il partit
pour l'université de léna, où il resta jusqu'au
printemps de 1797. Après avoir voyagé quelque
temps dans le nord de l'Allemagne, il retourna
à Offenbach en 1798; mais il n'y resta pas long-
7.
100
ANDLVE
temps, car dans la même année il entiepilt un
second voyage musical à Mayence, Cobleniz,
Bonn, Cologne et Wesel. La mort de son père
le rappela à Offenbacli en 1799, el dès ce mo-
ment il se livra sérieusement à son commerce de
musique ; ce qui ne l'empêcha pas toutefois de
faire encore, dans le cours de la même année, une
grande tournée musicale par Wiirtzbourg, Nu-
remberg, Erlangen, Ratisbonne, Augsbourg,
Munich, Salzbourg, Passau, Linz et "Vienne; il
levint à Oiïenbach par Prague , Dresde, Alten-
bourg, léna, Weimar, Gotha, Erfurt el Sonders-
liausen. Il dut à ce voyage la connaissance des
compositeurs les plus célèbres de l'Allemagne.
Pendant son séjour à Vienne , il acheta de la
veuve de Mozart la collection de manuscrits qui
avait été laissée par ce grand artiste. Le dernier
voyage entrepris par André eut lieu en 1800 :
il se rendit en Angleterre en passant par Cassel,
Gœtlingue, Hanovre, Hambourg, Cuxhaven, et
revint par la même route. Depuis lors il n'a
cessé de s'occuper de la composition et du com-
merce de musique. Cet homme actif et dévoué
à l'art est mort à Offenbach , le 5 avril 1842.
La liste des ouvrages de sa composition qui
ont été im()rimés se compose de vingt et une sym-
phonies pour l'orchestre (Manbeim et Offenbach),
trois concertos de violon, sept concertos pour
divers instruments à vent, plusieurs recueils
d'harmonie pour la musique militaire , deux
messes, Rinaldo et Alcina, opéra ( 1799) , sept
œuvres de quatuors pour deux violons , alto et
basse, six œuvres de sonates de piano, des séré-
nades pour orchestre, des danses, des fantaisies
et des airs variés pour plusieurs instruments,
des cantates, des romances et des chansons. La
musique d'André manque d'invention, mais elle
est agréable, et l'harmonie en est assez purement
écrite. Sa maison de commerce de musique était
au rang des plus considérables de l'Allemagne.
En 1832 André a annoncé un traité général
de la musique sous le titre de Lehrbuch der
Tonkunst, en six volumes grand in -8**. Le pre-
mier volume a paru au mois de juillet de la
même année. Il est relatif à la science de l'har-
monie et contient une instnif-tion sur la généra-
lion des accords , leur emploi à deux, trois,
quatre et un plus grand nombre de parties, les
règles de la modulation dans les tons majeurs et
mineurs, une instruction sur l'ancienne tonalité,
la mélodie et l'harmonie des chorals, avec de
nombreux exemples. Le second volume, divisé en
trois parties, renferme la science du contrepoint
simple et double, l'imitation canonique et la fu-
gue. Les autres volumes, destinés à la mélodie,
à la rhythmiquc, à la musique instrumentale, à
la composition du chant, au style, à la forme des
pièces de musique et à l'usage des voix et des
instruments, n'ont pas paru, et n'ont pas été
vraisemblablement achevés par l'auteur. On a
aussi d'André : 1° un catalogue thématique des
œuvres de Mozart composées depuis 1784 jusqu'à
la fin de 1791, d'après les manuscrits originaux,
dontAndré était devenu possesseur. Cecatalogue,
publié à Offenbach, in-4° sous ce titre : Tliema-
tischex Verzeichniss sxvimtlicher composi-
tionen Von W. A. Mozart, a eu une deuxième
édition avec le portrait de Mozart, en 1829. —
2° Une méthode de violon intitulée Anleitung
ziim violinspielen, en français et en allemand,
Offenbach, André. 11 y a des éditions alle-
mandes publiées à Brunswick , chez Spehr et à
Vienne, chez Artaria. Il y en a aussi une édition
française, publiée à Paris, chez Dufautet Dubois.
A1\DRE^( Jean-Bernard), fils du précédent,
né à Offenbach, est pianiste et compositeur pour
son instrument. L'imprimerie musicale d'Offen-
bach lui est échue en partage dans la succession
de son père, et il en continue l'exploJtation. On
connaît de lui environ 50 œuvres d'études, de ca-
prices, de morceaux de salon, pour le piano, et
de fantaisies ou duos pour piano et violon, et
piano et violoncelle.
Un autre fils de Jean-Antoine André est mar-
chand de musique à Francfort-sur-le-Mein. Son
nom est Charles. Sa maison est le rendez-vous
des artistes, et l'on y entend de bonne musique
de chambre dans des réunions intimes.
ANDRÉ (Jules), parent et peut-être frère
de Jean Bernard et de Charles , est organiste et
professeur de piano à Francfort-sur-le-Mein. De-
puis 1832, il s'est fait connaître par les ouvrages
suivants : 1° 3 Polonaises à 4 mains pour piano,
op. 7; Offenbach, André, — 2° Sonatine à 4 mains
pour piano, op. 17; ibid. — S» Des mélanges
pour piano seul sur des motifs d'opéras, op. 13,
18; ibid. — 4° Des valses brillantes; ibid. —
5° Des nocturnes et des rondeaux; ibid. — C 12
pièces d'orgue, op. 9; ibid. — 7° 12 idem, op. 26;
ibid. — 8° Méthode d'orgue théorique et pratique;
ibid. — 'd" Anleitung zum Selbstunferricht im.
Pedalspiel (Introduction à l'inslruclion par soi-
même dans l'art de jouer la pédale de l'orgue);
ibid., 1834.— 10° des Chansons allemandes avec
piano; ibid. — 11° Chants de la Suisse, à voix
seule, avec piano, ibid.
ANDRÉ (Auguste), de la môme famille,
professeur de piano à Offenbach, a publié quel-
ques bagatelles pour cet instrument, pai ticulière-
ment 12 petits rondos à 4 mains sur lestliémes
des opéras modernes en vogue, à Offenbach,
chez André; et L'/lmi des Opteras, recueil ilc
ANDRÉ — ANDRÈS
ICI
pots pourri», de petits rondos, de fantaisies, etc.;
sur les tiiéines favoris de IJellini, Donizetti, Ha-
levy, Adam, Lorizing, et, pour piano seul; ibid.
ANDREA SYLVANUS. Voyez Silva.
ANDREA (Nicolas), prédicateur à Pitliea
en Laponie au commencement du 17"= siècle, a
publié un Rituale Ecclesix ; Stockbolm, 1619,
in-4'». On trouve à la Bibliotbèque impériale, à
Paris, un livre de cet auteur sous ce titre : Li-
bello musici concentus missœ; Stockbolm, 161'J,
in-4°, qui n'est probablement que le môme ou-
vrage, cité sous un autre titre par quelques au-
teurs.
ANDREA ( Onuphre d'), poète napolitain,
florissait vers 1630; il mourut vers 1647. Cres-
cembini et Quadrio le mettent au nombre des
meilleurs poêles du dix-septième siècle. Outre ses
poëmes, il a écrit des discours en prose sur quel-
ques sujets de philosophie : Discorsi in prosa,
che sono délia bellezza, deW amicizia, dell'
amore, dclla musica, etc.; Naples, 1636, in-4°.
ANDREA, récollet, né à Modène, vivait vers
la fin du dix-septième siècle. Les auteurs italiens le
citentengénéralsouslenomd'AHrf?'eadi^/OÉ?e«a.
]l a publié un traité du plain-chant, sous ce titre :
Cantoarmonico, ocanfofenno; Modène, 1690,
in- 4°. C'est nn des meilleurs ouvrages qui ont
été faits sur cette matière ; malheureusement il
est d'une rareté excessive.
ANDREINI (Isabelle), née à Padoue en
1562, eut une grande réputation comme canta-
trice. Elle jouait aussi fort bien de plusieurs ins-
truments, et elle joignait à ces talents celui de la
|K)ésie, qui la fit recevoir à l'académie des Intenti
de Padoue. Elle demeura longtemps en France,
et mourut à Lyon, d'une fausse couche, en 1604.
ANDREOZZI (Gaetano), compositeur de
musique, né à Naples en 1763, fut admis dans
sa jeunesse au conservatoire de la Picià dei
Turchini, et acheva ses études musicales sons
la direction de Jomelli, son parent. Ses premiers
ouvrages furentdes cantates à voix seule,et des duos
pour deux soprani et basse d'accompagnement. 11
n'avait que seize ans lorsqu'il sortit du Conserva-
toire pour aller à Rome composer au théâtre Argen-
tina son premier opéra, intitulé : La morte di
Cesareien 1779). En 1780, il écrivit llBajazet,
pour le théâtre ducal de Florence, et dans la môme
année il fut appelé à Livourne pour y écrire TO-
Ibnpiade. Ses autres opéras sont : Agesilao ,
en 1781, au théâtre S. Benedetto de Venise;
Z/ieocfoZïHC?a, dans la même année, à Turin ; Ca-
tone in Vtica, en 1782, à Milan, et dans la même
année, H Tiion/o d'Arsace, h Kome; la Vcrgine
del Sole, à Gênes, en 1783 ; Angelica e Medoro,
dans la môme année , à Venise. Quelques succès
qu'il avait oblemis le mirent en réputation vers
cette époque, et des propositions lui furent faite»
pour le fixer à la cour de Russie : il s'y rendit
en 1784 et écrivit dans la même année à Pélers-
bourgla Dido, et Giasone e Meden. De retour
en Italie, il publia à Florence, en 1786, six qua-
tuors pour deux violons , alto et basse. L'annéo
suivante, il écrivit Virginia pour le théâtre Ar-
gentina, à Rome. Le peu de succès de cet ou-
vrage le détermina à retourner à Naples, où il
donna des leçons de chant. En 1789, il écrivit
pour le théâtre Saint-Charles Sofronia e Olindo,
et dans l'automne de la même année Sesostri.
En 1790, au même théâtre. Saule, oratorio, //
finto ciecQ, La Principessa filosofa. Appelé
l'année suivante à Madrid, il y écrivit Gustavo,
re di Suezia; puis il revint à Naples pour y com-
poser son oratorio de La Passione di Giesti
Chrislo. Son dernier ouvrage fut la Giovanna
d'Arco; il l'écrivit pour le grand théâtre de Ve-
nise. Quoique dans la fleur de l'âge, il cessa
d'écrire pour le théâtre vers le même temps , et
se voua à l'enseignement. Parmi ses élèves il
comptait les princesses de la famille royale, et
particulièrement celle qui , depuis lors, est de-
venue duchesse de Berri. En vieillissant, il cessa
d'être recherché comme professeur; et il devint
fort pauvre. L'espoir de trouver des secours dans
la munificence de son ancienne pupille l'amena
à Paris en 1825. Il ne fut pas trompé dans son
attente; mais il ne jouit pas longtemps des bien-
faits de la princesse; car il mourut au mois de
décembre 1826, au moment où il se préparait à
retourner à Naples. Andreozzi était un musicien
de peu de génie et de peu science ; mais, comme
la plupart de ses compatriotes , il avait une cer-
taine facilité et du naturel dans sa mélodie. Quel-
ques-uns de ses airs ont été chantés avec succès
dans leur nouveauté.
ANDREOZZI (Anna), femme du précédent,
naquit à Florence, en 1772, d'une famille distin-
guée, nommée De' Sanii. En 1791, elle débuta
comme prima donna au théâtre de La Pergola,
dans sa ville natale, et se fit entendre dans plu-
sieurs grandes villes d'Italie. En 1801, elle tut
engagée au Uiéâtre de la cour à Dresde et y
eut des succès. M™" Paer devait lui succéder;
elle voulut aller l'entendre à Pillnitz , et elle
partit en effet pour cette ville avec un amateur
de Dresde, le 2 juin 1802. Après l'opéra, les deux
voyageurs voulurent retourner à Dresde, mais
un des chevaux se cabra, versa la voiture, et le
choc fut si violent, queM""' Andreozzi resta sans
vie sur la place, ainsi que son compagnon de
voyage.
ANDRÈS (Le Père Jean), savant jésuite es-
103
ANDRÈS — A NE AU
paj^nnl, naquit en 1740, ;i Planis, dans le royanme
(li; Valence, fit ses études dans celte ville, et en-
seigna iiendantqnelquetempslaliltérature grecque
fit latine à l'Académie de Candia. L'expulsion
des jésuites d'Espagne obligea le P. Andrès à
suivie ses confrères en Italie. Après quelques
vicissitudes , il fut chargé d'enseigner la philoso-
phie àFerrare, dans le collégede son ordre ; mais
la suppression des jésuites par Clément XIV l'o-
bligea d'accepter l'asile que lui offrait le comte
Blanchi, à Mantoue. Plus tard (1796) il accepta
la place de bibliothécaire du duc de Parme ; mais,
après le rétablissement des jésuites dans le
royaume de Naples (en 1804), il alla se réunir à
eux. Murât, étant monté sur le trône, le nomma
préfet de la bibliothèque royale, et pendant quel-
ques années le P. Andrès en remplit paisiblement
les fonctions. Après la chnte de ce monarque, il
demanda la permission de se retirer à Rome dans
la maison de son ordre : il y mourut le 13 janvier
1817, à l'âge de sixante-dix-sept ans. Au nombre
des ouvrages de ce savant, on remarque un opus-
cule Sur la Musique des Arabes; Venise, 1787,
in-S". Il a aussi traité de la musique dans son
important ouvrage intitulé : DelT origine, pro-
ijressi, e dello stato attuale d'ogni letterature.
Parme, 1782-1799, 7 volumes in-4"; Venise,
«808-1817, 8 vol. in-4o; Pistoie, 1818, 8 vol.
in-4"; Pise, 1824, 23 vol. in-8o.
AIXDREVI (François), né à Sanabuya, pro-
vince de Levida, en Catalogne, en 1785, de pa-
rents italiens, entra comme enfant de chœur à
l'église cathédrale d'Urgel, dans les dernières an-
nées du dix huitième siècle, et y fit son éducation
musicale. En 1828, il était maître de chapelle de
l'église métroi>olitaine de Valence. Deux ans après,
il obtint la maîtrise de la cathédrale de Séville,
et en 1 832, il eut la place de maître de la chapelle
royale. Bientôt après , la révolution l'obligea à
abandonner cette position et à chercher un asile
en France. Il se fixa à Bordeaux, et y obtint la
place de maître de chapelle delà cathédrale, qu'il
occupait encore en 1842. Rentré en Espagne dans
Tannée 1843, il se retira à Barcelone, et y obtint
la place de niaîti-e de chapelle de l'église Notre-
Dame de la Merci. Andrevi a composé beaucoup
de musique d'église d'un bon style : on a do
lui des messes , vê|)res , psaumes, antiennes à
plusieurs voix avec orchestre ; ces ouvrages sont
restés en manuscrit, à l'exception d'un Nunc dimi-
fis à quatre voix et orchestre, et d'un Salve Regina
à six voix et orchestre, puhliés |)ar M. Eslava
dans sa collection de musiq\ie d'église espagnole
intitulée : fjra sacra hispana, tome 2, de la
section des compositeurs du dix-neuvième siècle.
Âiidievi a écrit un Traité d'Harmonie et de
Composition dont la traduction française aélé
publiée à Paris, chez Périsse frères, en 1848,
1 vol. gr. 8°. Andrevi est mort à Barcelone le
23 novembre 1844, à l'âge de soixante-neuf ans.
ANDRIGHETTI (Antoine-Louis). Voy.
Aldrighetti.
AIVDROT (Albert-Auguste), naquit à Paris
en 1781. Admis en 1796 dans une classe de sol-
fège du Conservatoire de Musique, il remporta
en 1802, dans cette école, le prix de contrepoint
et de fugue, et en 1803 le grand prix de com-
|)osition décerné par l'Institut. Arrivé à Rome,
il se livraàl'étude avec ardeur, etGuglielmi, alors
maître de chapelle du Vatican, charmé de son
zèle, le prit en affection et lui donna des conseils.
Androt composa un morceau de musique d'é-
glise, qui fut exécuté à Rome dans la semaine
sainte de 1804. L'administration d'un des théâ-
tres de cette ville lui demanda un opéra pour
l'automne : il l'écrivit; mais un travail obstiné
avait altéré sa santé, et il mourut au moment où
il venait de terminer cet ouvrage, le 19 août
1804, avant d'avoir atteint sa vingt-troisième
année. Peu de jours avant sa mort, il avait com-
posé un de Profundis, qu'on a exécuté en son
honneur à la cérémonie religieuse qui eut lieu au
mois d'octobre 1804, dans l'église de Saint-Lau-
rent in Lucina , à Rome. On a fait une grande
renommée à Androt dans le Conservatoire de Mu-
sique de Paris ; j'ai vu ses ouvrages, et n'y ai
rien trouvé qui justifiât cette réputation : son
style est lourd , et il me paraît manquer absolu-
ment d'imagination.
ANEAU ou ANNEAU (B4rthélemt), poète,
jurisconsulte «t musicien français, naquit à Bour-
ges, vers le commencement du seizième siècle, et
fut professeur du collège de la Trinité à Lyon. II
était soupçonné de calvinisme : ce soupçon fut
cause de sa fin tragique; car, le 21 juin 1565,
une pierre ayant été lancée contre le saint-sacre-
ment, dans la procession de la Fête-Dieu, on crut
remarquer qu'elle était partie du collège do la
Trinité ; le peuple furieux en força les portes, et
massacra le malheureux Anneau sans aucune in-
formation. Au nombre de ses ouvrages , on re-
marque : 1° Chant natal, contenant sept noels,
un chant pastoral et un citant royal, avec
un mystère de la Nativité par personnages ;
composé en imitation verbale et musicale de
diverses chansons , recueilli sur l'Écriture
Sainte et d'icelleillust7'é ; Lyon, 1539, in-S». —
2" Genethliac musical et historial de la Con-
ception et Nativité de Jésus- Christ , par vers
et chants divers, etc.; Lyon, 1559, in-8'\ Il se
pourrait que cet ouvrage ne (ùt que la deuxième
édition du premier.
ANELLI
ANELLl (Angelo), compositeur dramatique,
vécuïdansla seconde moitié du 18° siècle, et a fait
représenter à Vérone, en 1780, l'opéra bouffe Iduc
snpposti Conti. Il avait déjà écrit dans d'autres
villes précédemment, car son nom est placé dans
le catalogue des maeslri de Y Indice de' tealri
spetlacoli de Milan pour l'année 1785. En 1788,
Anelli a donné à Bologne l'opéra boull'e La
Statua viatematica.
AlVERIO (Felice), contrapuntiste de l'école
romaine, naquit à Rome vers 15G0. Après avoir
lini ses éludes musicales sous la direction de Jean-
Marie Nanini, il devint maître de musique au
collège anglais de Rome, puis il passa au service
du cardinal Aldobrandini. A la mort de Palcs-
trina, le pape Clément VIII le nomma compo-
siteur de la chapelle pontificale : son installation
eut lieu le 3 av;ril lây-i, comme le prouve un
passage inséré dans le journal de la chapelle, par
le secrétaire Hippolyte Gambocci da Gubbio, rap-
porté par l'abbé Baini, dans ses Mémoires sur la
vie et les ouvrages de Palestrina (t. 1, 244). L'é-
|)oque delà mort de Felice Anerio n'est indiquée
nipar Baini, ni par/lHrfreaAdami. (Voy, ce nom.)
Ce dernier a fait graver le portrait de ce maître
dans .^es Osservazioni per ben regolare il coro
délia capella ponlificia (p. 183). Les composi-
tions de Felice Anerio sont : 1° Trois livres de
madrigaux spirituels à cinq voix, Rome, Gar-
dane, 1585. — 2° Il primo libro del Madrigali
a citique voci ; In Venetia, app. Giac. Vincenti,
1587,in-4o. — 3° Deux livres de concerts spirituels
à quatre voix ; Rome, Coattino, 159.3. — 4° Le
premier livre d'hymnes, cantiques et motels à
huit voix; Venise, Vincenti, 1596. Cette produc-
tion est dédiée à Clément VIII. Anerio remercie
le saint-père, dans son épltredédicaloire, del'avoir
nommé compositeur delà chapelle apostolique, et
reconnaît devoir celte faveur à la protection du car-
dinal Aldobrandini. — 5° Le second livred'hym-
nes et de motets à cinq, six et huit voix ; Rome,
Zanetli, 1602. — 6» Le premier livre de madrigaux
à six voix; Venise, Amadino, 1590, et Anvers,
1599. — 7° Le deuxième livre de madrigaux à
six voix ; Rome, Zanetti, 1602. — 8° Responsor i
per la settimana sauta, a ire e quattro voci ;
Rome; Zanetti, 1603. — 9° Canzonetlo a trc, e
quattro voci; Madrigali spirituali a tre,equat-
tro voci, lib, 4; Rome, Zanetti, 1603. — 10° Li-
taniae 4, 5, 6 et 8 voc; Roma, ap. J.-B. Roble-
tum, 1622, 'Vi-ii". On a aussi imprimé à Franc-
fort-sur-le-Mein , en 1610, Canzonl a quattro
voci. Quelques motets et psaumes à huit voix
d'Anerio sont insérés dans les trois collections
publiées par Fabio Costantini, à Naples, 1615, et
à Rome, 1616 el 1G17. On trouve aussi un
ANERIO
103
sonnet à huit voix du môme compositeur dans
\c& Soneltinuovi de Fab\oVQtro7.z\; Rome, 1609.
Dans le même recueil sont deux sonnets en l'hon-
neur d'Anerio -. l'un, mis en musique par Léo-
nard Meldert , sur ces paroles : Felice ara ch'
Orfeo ii chiama; l'autre, par Jean Cavaccio,
Vivo Felice or tra quest' antri, ttc. Les com-
positions inédites de Felice Anerio se conservent
dans les archives de Sainte-Marie in Vallicella,
à la basilique du Vatican , et A la chapelle pon-
tificale. Dans la collection de l'abbé Santini , à
Rome, on trouve en partition, de Felice Anerio :
une très-belle messe de requiem, à 4; une autre
messe à 4 voix sur le chant : Or le tuefwzc
adopra; la messe à 8 vestiva i colli; venite ad
me omnes , à 8 voix; Are Regina cœlorum,
à 8; Angehis ad Pastores ait à 8; Pas tores lo-
qucbantur, à 8; Christiis resurgens, à 8; Arca
Domini hodie, à 8; Ad te Icvavi à 8; Vocemea
ad Domiman, h 8; Hodie cœlesti sponso, à 8;
Aima redemptoris Mater, à 8; Derelinqtiat
I impius, à 8; le psaume Dixit Dominus , à 8;
Cantate Domino, h 12 voix; Hxc dies à 12;
Laudemus virum gloriosiim à 12 ; une Messe
entière à 12 voix, et plusieurs autres morceaux.
ANElllO (Jean-François), frère puîné du
précédent, né à Rome, vers 1567, fut d'abord
maître de chapelle de Sigismond III, roi de Po-
logne, puis de la cathédrale de Vérone. De là, il
fut appelé à Rome pour y remplir la place de
maître de musique du séminaire romain ; il fut
ensuite maître de chapelle de la Madona de
Monti ; enfin en IGOO, il obtint le même emploi
à Saint-Jean de Lalran, où il restajusqu'en 1G03.
On ignore l'époque de sa mort. Jean-François
Anerio est un des premiers compositeurs italiens
qui ont fait usage de croches, dédoubles et de
triples croches, particulièrement dans sa Selva
Armonica.
Les œuvres de ce compositeur sont : 1° Il
libro j)rimo de motetti a una, due e tre voci;
Rome, Robletti, 1609. — 2" Il libro seconda de'
motetti, con le letanie e le quattro antifone
maggiori dopo il vespero, a sette e otlo voci ;
Rome, 1611. — 3° Il libro terzo, con le letanie a
qîiattro voci; Rome, 1613. — i° Il libro quarto,
etc., 1617. — 5° Il libro quinto, etc. i 1618. — 6»
Sacri concenlîis quatuor, quinque, sex vocibus
una cum basso ad organum ; Rome, 1619. —
7° Ghirlanda di sacre rose, motetti a cinque
roci; Rome, Soldi, 1613. — 8° Selva armonica
dove si contengon motetti , madrigali , canzo-
nelte , dialoghi ; arie a una , doi (sic) , ire et
qxiattro voci con basso per organo; Rome 1617.
— 90 Diporti musicali, madrigali ad una, due,
trc, Quattro voci ; Rome, 1617. — 10° Anli/one
104
ANERIO — ANEURIN
sacri conccrtiper una^dite , ire voci ; Rome,
Robletti,1013.— i\o liOro de' rcsponsori per il
Aatale, a tre, quatlro, eotlo veci ; Rome, Ro-
blelti, 1619. — 12" Libro délie letanie àl et 8,
tocJ;Rome, Masotli, i626.— 16° Messa de' morii;
Rome, 1620. — 14" Libi-o de salmiatre,equat-
tro voci ; Rome, Robletli, 1 020. — 1 5'^ Aniiphonas,
seu sacrx cantiones, qux in totius anni so-
kmn. Vesperx ac Complet, décantait soient.
2"* et 3"* parties; Romse, J. B. Robletli,
in-40,1620. — lu" Rime sacre a 2, 3 eivoci;ib'ni,
1620, in-4''. — 17" Il liùro primo de' madrigali
a cinque voci; Venise, Gaidane, 1C05. — 18°
il libro délie gagliarde intavolule per sonate
net cembalo e liuto; Venise, Yincenti, 1C07. —
I9û II libro secondo de' madrigali a cinque,
sei voci, ed uno e alto voci ; Yenife, Vincenti,
1608. — 20° La Recreazione armonlca, madri-
gali ad una e due voci ; Venise, Gardane, 1611.
— 210 Tealro armonicospirituale diinadrigali
a cinque , sei, sette e otlo voci, coniposti dal
rev. D. Francesco Anerio romano, e fatti im-
primera da Oraz. Griffi, cant.pont. in Roma,
per Gio. Batista Robletli, 1619. — 22». Labella
Clori armonica, Canzonettee Madrigali a una,
due être voci, con ilbassocontinuoper sonare ;
In Roma, per Luca Antonio Soldi,\6l9,in^',°. —
23'>Ghirtanda di sacre Rosea bvoci ;\hu\, 1619,
in-4'. On voit dans cet ouvrage un dialogue à six
voix, intitulé II Figliuol prodigo, et la conver-
sion de saint Paul, à huit voix, où se trouve un
combat pour les voix et les instruments, digne
d'être encore admiré après deux siècles, dit l'abbé
Bctini. • — 240 Dialogo pastorale a tre voci con
IHntovolatura di cembalo e del liuto in rame;
Rome, Verovio, 1600.
Quelques motets de Jean-François Anerio ont
été insérés dans trois collections publiées par
Fabio Costantini .sous les titres suivants : 1" Salmi
aotto di diversieccellentissimi am^o?-*; Naples,
G.G. Carlino, 1615. — 2° Vari motetti a dite, tre,
guattro voci, etc.; Rome, Zanelti, 1616. — 3°
Alcuni motetti aotto voci, etc.; Rome, 1617.
La musique du sonnet : Destati Appollo,il tuo
splendor sia guida, etc., qui se trouve dans la
collection de Fabio Peirozzi -. Sonetti» nuovi di
Fabio Petrozzi Romano, sopra le ville di
Frascati, e altri posti in musica a cinque voci
da diversi eccellenti musici, eon uno a otto
in fine; Rome, Robletti, 1609, est aussi d'Anerio.
Enfin, on peut citer encore : Gemma musicale,
dove si contengono madrigali , etc., posti in
musicadalsig. Giov. Domenico Puliaschi,etc.;
con alcuni motetti a una voce di Giov. Fran-
cesco Anerio ; Rome, 1618.
La vogue extraordinaire qu'obtint la messe du
pape Marcel, composée par Palestrina , et la dif-
ficulté de l'exécuter en quelques endroits à six
voix, telle qu'elle était écrite, détermina J. F.
Anerio à la réduire à quatre voix pour en faci-
liter l'exécution : elle fut iuiprimée dans cet état,
pour la première fois, en 1600, à Rome. Eu 1626,
il en parut une autre édition avec deux autres
messes de Palestrina et une d'Anerio , sous ce
titre : Messe a quattro voci. Le tre piime del
Palestrina, cioè -. Iste confessor, sine nomine,
e di papa Marcello ridotta a quattro da Giov.
Francesco Anerio : e quattro da Giov, Fran-
cesco Anerio : e la quarta delta battaglia delV
îstesso Giov. Fran. Anerio. Con il basse con-
tnnio per sonare. In Roma per Paolo Masotli,
1626, ad istenza di Luca Antonio Soldi. Il y a
des éditions de ce recueil datées de Rome, 1639,
16S'j, et d'autres encore. Dans la collection de
l'abbé Santiui, à Rome, ou trouve en partitions
manuscrites quei(pies ou V rages de l'^rançois Anerio,
dont 2 Messes à 4 voix ; une messe à 8; une messe
à 5 voix , toute en canons ; la Messe à 6 voix In
te. Domine, spcravi ; des Magnificat à 8, et le
psaume Cantate Domino, à 12.
ANEURLM GWAWDR\'DD, barde bre-
ton du sixième siècle, vécut vers 510, prit part à
la défense désespérée de sa patrie contre les Anglo-
Saxons, et fut chef des Gododiniens, bardes guer-
riers qui, la harfie ou la hache à la main, exal-
taient le courage de leurs compatriotes par leurs
chants ou par leur valeur. « Tantôt (dit M. Eich-
« hoff. Tableau de la Littérature du Aord ,
« p. 98) placés sur un roc solitaire qui dominait
« toute la vallée, tantôt mêlés aux comhatlauts,
« quand le danger réclamait leur présence, ils re-
n présentaient la patrie, encourageant ses défen-
« seurs et leur payant d'avance avec usure la
dette de la postérité» (l'oye:; Jones, Musical and
Poetical rclichs of the Welsh Bards, pages 14,
16 et 17). Aneurinélait frère de Gilbas Albanius,
le plus ancien historien h'-eton. Il était au nombre
des 363 guerriers qui périrent tous , à l'exception
de trois , au combat de Catiracth , sur la côte
orientaledu Gorkshire, en voulant s'opposer à l'in-
vasion des Anglo-saxons. Aneurin , un des trois
bardes qui échapèrent au massacre , a fait sur cet
événement un poëme héroïque intitulé Gododin,
qu'il chantait aux sons de .sa harpe, dans sa vieil-
lesse. C'est le plus ancien 'monument de poésie
lyrique bretonne qui soit parvenu jusqu'à nous.
Il est écrit dans l'ancien dialecte du Nord appelé
bernicia, et plusieurs passages sont remplis de
diflicultés. Ce poëme renferme de grandes beautés.
On y trouve une ode touchante sur la mort d'un
guerrier qui périt dans ce combat. Évans a pu-
bli'- ce morceau, avec une traduction en vers au-
ANEURiN — ANFOSSI
105
glais, par Gray {Dissertatio de Hardis, p. 68, 69).
Aneiirin s'y écrie, plein de douleur : « Trois chefs
n et trois cent soixante imniines ornés du col-
« lier d'or marchèrent vers Cattracth. L'ivresse
« les a perdus ; trois seulement survécurent :
n Acron , Cjnon et moi , que protégea ma harpe.
« Que je suis malheureux d'avoir vu celte ba-
« taille, et de souffrir vivant les angoisses du
" trépas! Une triple afiliction pèse sur moi depuis
« que j'ai assisté à la perte de nos braves et en-
« tertdii leurs derniers gémissements. Aneurin et
« la douleur sont désormais inséparables. »
ANFOSSI ( Pascal) , né vers Tan 1736 dans
le royaume de Naples, entra fort jeune comme
élève au conservatoire de la Pietà. 11 y étudia
d'abord le violon ; mais son goût pour la compo-
sition lui fil abandonner son instrument; il se mit
sous la direction de Piccinni, alors un des maîtres
les plus renommés de l'Italie. Le professeur prit
son élève en affection , et lui procura un engage-
ment , en 1771 , pour le théâtre délie Damme,
à Rome. Déjà il avait donné à Venise, en 17C9,
l'opéra sérieux de Cajo Mario, qui n'avait pas
réussi ; il ne fut pas plus heureux à son début à
Rome ; car son opéra , dont le titre était / Visio-
nari, tomba à plat à la première représentation.
Néanmoins il obtint un autre engagement l'année
suivante; et, quoiqu'il ne réussit pas mieux, un
troisième essai lui fut accordé pour 1773: cette
fois son triomphe fut complet, et depuis La Bonne-
Fille de Piccinni , jouée treize ans auparavant,
jamais opéra n'avait excité un enthousiasme
semblable à celui que fit nallve L' Incognita pfr-
segiiilata. Plusieurs causes contribuèrent à pro-
curer à cet ouvrage la brillante réputation qu'il
eut alors; outre son mérite, qui était réel et
qu'on ne pouvait nier, il eut l'avantage d'être
représenté dans un temps où les ennemis de Pic-
cinni cherchaient partout un rival digne de lui
être opposé et qui put contre-balancer la faveur
sans exemple dont ce maître jouissait. Ils exagé-
rèrent les qualités du talent d'Anfossi , afin de di-
minuer celui de Piccinni. Non satisfaits du succès
qu'ils avaient procuré à l'auteur de L'Incognito,
ils firent aller aux nues, l'année suivante, son
opéra bouffe de La Finta Giardiniera , ou-
vrage médiocre, tandis que celui de Piccinni,
composé dans le même temps, fut outrageuse-
ment sifllé.
Il est pénible d'avouer qu'Anfossi se prêta à
toutes ces manœuvres , et qu'il paya de la plus
noire ingratitude celui qui lui avait facilité l'en-
trée de la carrière qu'il parcourait. Lui-même ne
tarda point à apprendre à ses dépens qu'il faut
.«se méfier de l'humeur capricieuse des Romains;
car, après les applaudissements qui furent encore
prodigués à son Geloso in Cimenta, en 1775, il
vit tomber son Olimpinde l'année suivante. Les
désagréments qu'il éprouva dans cette circons-
tance le décidèrent à quitter liome, et c'est de ce
moment qu'il écrivit pour les principaux théâtres
de l'Italie. En 1780 il vint en France : l'admi-
nistration de l'Opéra saisit l'occasion de son sé-
jour à Paris pour faire jouer son Inconnue per-
sécutée, qui avait été parodiée par Rochefort
sous le titre de : VInfante de Zamora, et
qui fut représentée en 1781. La musique légère
de cet opéra ne résista point à l'exécution lourde
et monotone des chanteurs français de cette épo-
que. On avait donné précédemment au même
théâtre des traductions de plusieurs autres opéras
composés par lui, savoir : Le Curieux indiscret
(août 1778), La Jardinière supposée (novembre
177S), Le Jaloux à Vépreuve (1770), et Le Ma-
riage par supercherie (septembre 1779). Dé-
goûté d'une méthode de chant qui n'était com-
posée que d'éclats de voix et de cris , Anfossi
quitta Paris, et se rendit à Londres, où il était
appelé comme directeur de la musique du théâtre
italien. Il remplit ces fonctions jusqu'en 1783.
L'Allemagne réclamait sa présence : il s'y rendit,
et écrivit pour les théâtres de Prague et de Ber-
lin Il Trionfo d'Ariana , et II Cavalière pei'
amore.
Son retour dans sa pairie fut marqué par un
opéra bouffe intitulé : Chi cerca trova, qui fut
représenté à Florence en 1784. Après avoir écrit
dans plusieurs autres villes de l'Italie , il retourna
à Rome en 1787; là il donna quelques ouvrages
dont le succès lui fit oublier ses anciennes disgrâ-
ces. Enfin , fatigué du théâtre , il désira pour sa
retraite une place de maître de chapelle dans nue
des églises de Rome, et il obtint la survivance de
Casali à Saint-Jean-de Latran, au mois d'août 1 791 .
Au mois de juillet de l'année suivante , il entra
en possession de sa place ; mais il ne la conserva
qu'un petit nombre d'années ; car il mourut à la
lin de février 1797.
La réputation d'Anfossi a égalé celle des plus
grands maîtres de son temps ; cependant on no
peut nier qu'il ne soit inférieur à Galuppi, à Pic-
cinni, à Paisiello pour l'invention, et l'on ne peut
ex|iliquer l'éclat de ses succès que par l'air naturel
et facile qui régnait dans ses mélodies , et surtout
par celte magie de la coupe italienne qui consiste
dans un heureux retour des idées principales. Mais
les produits d'un art ne vivent pas longtemps s'il
ne s'y trouve de la création; de là vient que la mu-
sique d'Anfossi a vieilli plus vite que relie de ses
émules. Grand nombre de morceaux de Ruranello,
de Piccinni , de Sacchini et de Paisiello seraient
entendus aujourd'hui avec plaisir : il en est peu
106
ANFOSSI — ANGELET
d'Anfossi qui ne fissent naître l'ennui ; en un mot,
cette musique n'a eu pour elle que la mode : son
temps est passé pour ne plus revenir.
Les opéras d'Anfossi les plus connus sont :
r Cajo Mario; 1709 , à Venise. — 1° La Cle-
menza di Tito ; Rome, 1769. — 3" 7 Visionari;
Rome, 1771. — 4» Il Barone di Rocca; 1772 à
Rome, et 1774 à Dresde.— b" L'incognila per-
seguilala; Rome, 1773. — c° Anligono;\emi.t,
1773. — 7°Z)eOTo/oo«/e;Rome, 1773. — 8°Zzu-io
Silla ; Venise, 1774. — 9° La Finta Giardinicra;
Rome, 1774. — 10° Il Geloso in Cimenta ; Rome,
1775. — il" La Contadina in Coite; 1775. —
12" VAvaro; \llb.— \2,° Isabella e Rodrigo, o
La Costanza in Aniore; 1776. — 14° La Pes-
catrice/edele ; 1776.— \ à° VOHmpiade ;I{ome,
1776. — le" 7^ Cvrioso indiscreio ; 1778.— 17"
LoSposodisperalo ; {118. — \f,° Cleopatra ;W\-
lan, 1778. — 19° Il Matrimonio per inganno ;
Paris 1779. — 20° La Forza délie donne; Mi-
lan, 1780.— 21° / Vecchi burlati; Londres,
1781. — 22"/ Viaggiatorifelici; Londres, 1782.
— 23° Armida, 1782. — 24" GU Amanti ca-
nuti; Dresde, 1784. — 25° H Trionfo d'Ariana;
Prague, 1784. — 20" // cavalière per Amore ;
Berlin, 1784. — 27° Chicercatrova, Florence;
1784. — 28° La Vedova scaltra ; Càsle\-Nuovo ,
1785. — 29" La Fiera del Ascensione; oratorio,
1780. — 30" V Imbroglio délie tre spose; Pa-
doue, 1786. — 31" La Pazzia de^Gelosi; Fa-
briano et Rome, 1787.-32° Creso; Rome, 1787.
— 33° La Villanella di Spirito; Rome, 1787.
— 34" Didone abbandonata; Naples, 1785. —
:\h° Artaserse ; Rome, 1788. — 36o VOrfanella
americana ; Venise, 1788. — 37° Za Maga Circe ;
Rome, 1788. — 38° Le Gelosie fortunate; Bel-
lune, 1788 — 39» La Gazetta ossia ilBaggiano
deluso; 1789, Rome. — 40o Zenobia in Palmi
ra; Florence, 1790. — 41o/.î5jij^/e; 1791. — 42" //
Zottico incitiilito; Dresde, 1792. — 43° L'Amc-
ricana in Olanda. — 44"Za Matilda ritrovala.
— 450 GU Artigiani. —46° IlFigliuolprodigo,
cantate. On a aussi d,'Anlossi l'Oratorio YAssalone,
en deux parties.
Anfossi a écrit pour l'église des messes, des
motets, des antiennes, etc. On cite particulière-
ment parmi ces ouvrages un Laudate pueri et
un Laudate Jertisalem, à grand orchestre, qui
sont d'un bel effet. L'^abbé Santini, à Rome, possède
en manuscrit de ce compositeur une JMesse con-
certée à quatre voix et orchestre ; Kyrie et Gloria
à huit; Vtqtieant Iaxis, hymne à huit; Lauda
Sion à huit; Deux Bixit Dominus à huit;
Beatus vir à huit ; les psaumes ConfUcbor, Bca-
tus vir et Laudate pueri à cinq voix ; plusieurs j
psaumes et messes à quatre voix et oiKiheslrc.
ANGEBEU ( WiuiELM ) , maître de chapelle
à Kempten , vers la fin du dix-huilième siècle,
s'est fait connaître par les productions dont
voici les titres : 1° Andante avec six variations
pour le piano, œuvre 1^ ; Augsboiirg, Gombart.
— 2° Vespenesolemnesprochoristamcivilibus
quam ruralibus ab organo, canio,allo, tenore, .
basso et orchestra, op. 2; Kempten, Danheimer.
— 3° Veni creator, quatuor voc. et orchestra,
op. 3;ibid. — 4° Asperges et Vidi aquam, à
quatre voix et orchestre; Angsbourg, Bœhm. —
5° Missasolemnis, à quatre voix, orchestre et or-
gue; ibid. — 6° Offertoire pastorale idem;ibid.
ANGECOURT (Perrin d'), poète et musi-
cien français du treizième siècle, fut attaché au ser-
vice de Charles d'Anjou , frère de saint Louis. Il
accompagna ce prince en Provence quand il alla
épouser la (ille de Rérenger. Il se félicite, dans
une de ses chansons, d'avoir quitté ce pays, qu'il
n'aimait pas, pour revenir à Paris, où demeurait sa
dame. On trouve onze chansons notées de sa com-
position dans un manuscrit de la Bibliothèque im-
périale (n° 66, fonds de Cangé), et sept dans un
autre (n"65, même fonds). Un manuscrit qui
a appartenu au marquis de Paulmy en contenait
vingt-cinq*
AIVGELET (Chaules-François), né à Gand,
le 18 novembre 1797, eut pour premier maître
de musique son père , professeur en cette ville.
A l'âge de sept ans, il se fit entendre sur le piano
dans un grand concert. En 1814. il se présenta
à Wetteren à un concours ouvert pour la place
d'organiste : il obtint cette place, et une médaille
lui fut décernée. Ensuite il se rendit à Paris, où
il entra comme élève au Conservatoire. Doué
d'heureuses dispositions , il fit de rapides progrès
comme pianiste, sous la direction de Ziin-
merman, et, le 14 décembre 1822, il obtint au
concours le premier prix de piano. Ce lut à la
suite de ce concours qu'il fut nommé répétiteur
pour .>;on instrument dans la même école. Dour-
len lui enseigna ensuite l'harmonie et l'accompa-
gnement , et ses études musicales se terminèrent
par un cours de composition; où il fut dirigé par
l'auteur de ce Dictionnaire biographique.
Angelet avait de l'originalité dans les idées,
écrivait avec élégance et pureté , et tout semblait
lui présager ime brillante carrièie comme com-
positeur, lorsqu'il quitta Paris pour se fixer à
Bruxelles, où il se livra à l'enseignement du
piano. Une santé chancelante et les fatigues du
professorat ralentirent alors l'exercice de son ta-
lent de compositeur, et ses productions devinrent
plus rares. Le 21 juin 1829, Angelet fut nommé
pianiste de la cour par le roi Guillaume. Une
vualadie de poitrine, dont il avait les symptômes
ANGELET — AJVGELONI
107
flepiiis longtemps, finit par le f;iirc descendre au
tombeau : il expira à Gand, le 20 décembre 1832,
à l'â^e de trente-cinq ans. Les ouvrages de sa
composition qni ont été publiés sont : 1° Marcbe
variée pour piano seul, op. l^''; Paris. — 2° Huit
variations et polonaise sur l'air Fillettes, viéfiez-
vous,o\\.2;ibld. — 3° Grand trio pour piano; vio-
lon et violoncelle, œuvre 3; Paris, Leduc. — 4° Air
portugais varié pour le piano seul , op. 4; Paris,
Pacini. — 5° Symphonie à grand orchestre (cou-
ronnée à un concours à Gand), op. 5; ibid. —
6" Fantaisie sur l'air des Cuisinières (Guernn-
dier), pour piano seul, op. 6 ; ibid. — T Fantaisie
et variations sur l'air Depuis longtemps j'aimais
Adèle, pour piano et violon, op. 7; Paris, Le-
duc. — 8° Divertissement pastoral pour le piano à
quatre mains, op. 8; ibid. —9" Caprice sur les plus
jolis motifs de roi)éra de Robin des Bois, de We-
ber, pour piano seul , op. 9; l^aris. — 10° Fan-
taisie sur les chœurs et la valse de Uobin des
Bois, op. 10; ibid. — 11" V Angélus, de Roma-
gnesi, divertissement villageois, orage et varia-
tions pour piano et violon, op. 11; ibid. —
12° Mélange sur des motifs favoris de l'opéra
de Spohr Zcmire et Azor , pour piano seul,
op. 12; ibid. — 13° Les Favorites, deux valses
pour le piano; ibid. — 14° Fantaisie et variations
brillantes pour le piano sur un air militaire, op.
1 4; Bruxelles. — I5°MélangesiM-des motifs favoris
de Guillaume Tell, de Rossini, op. 15; ibid.
16° Grande fanlaisie et variations brillantes sur la
tyrolienne favorite. Bonheur de se revoir, op.
15; ibid. — 17° Rondeau brillant sur la barcarole
de Fra Diavolo pour le piano, op. 17; ibid. —
18° Za Lcopoldine , hommage à Sa Majesté le
roi des Belges. — 19° Aux braves morts pour la
patrie, chant guerrier. — 20° Bonheur d'aimer,
romance. — 21° Rêves d'amour, idem.
ANGEIil (Le Père FRA^çols-MABIE), corde-
lier du couvent deRivotorto, néàAssLse, futrégent
h Pérouse et à Assise , provincial de sa pro-
vince, et supérieur de son ordre au couvent
d'Assise pendant quatre ans. Il vivait encore en
1 093. On a de lui : Sommario dcl Contrapunto,
169). Tevo, qui cite cet ouvrage (Musico Tes-
tore, p. 230) , n'indique point le lieu de l'impres-
sion. Une copie manuscrite de ce livre, qui a ap-
partenu au P. Martini, est aujourd'hui dans la
bibliothèque du Lycée musical, à Bologne.
ANGELI (Giovanni) dit Lesbina, célèbr-e
chanteur, naquit à Sienne en 1713. Dès sa jeu-
nesse, il fut au service de la cour de Portugal,
où il obtint de grands succès. Après quelques
aventures périlleuses, il revint dans sa patrie, où
il prit les ordres mineurs peur se retirer du théâ-
tre. Sa voix était pure, pénéir.uito et d.'une grande
étendue; le oaraclère principal de son talent était
l'expre-ssiou. Il mourut le 10 février 1778.
AIXGELO (Le Père), abbé du monastère de
Sainte-Marie de Rivaldis , vers la fin du qua-
torzième siècle , fut le premier, ou du moins l'un
des premiers maîtres de la chapelle du pape ,
sous le pontificat de Boniface IX : cela est dé-
montré par un passage du testament du cardinal
Philippe d'Alençon, daté du 11 août 1397, dont
voici la teneur : Prœsentibus ibidem venerabili
pâtre domino Amjelo Abbate inonaslerii S.
Mariée de Rivaldis magistro cappellae D.N.
Papss prœdicti (Boniface).
ANGELO DA IMCCITONE, franciscain,
né dans la petite ville de Piccighiltone , près de
Crémone, d'où lui est venu son nom , fut nommé
procureurgénéralde son ordre en 1541. On ignore
l'époquedesamort. Il est compté parmi les orga-
nistes célèbres. On connaît de lui : Fior angelico
di musica, nel quale si contengono alcune bel-
lissime dispute confro quelli che dicono la mu-
sica non csser scienza, nuovamenle dal U.
P. frnte Angelo da Piccitone , conventuale
dell' Oi'dine Minore , organista preclaris-
simo , composta ; Venezia , 1 547 , in-4°.
ANGELO (Jean- Vincent d') , chanteur cé-
lèbre en Italie , mourut au commencem.ent du
dix-septième siècle. Il avait été attaché à la cour
du duc de Mantoue, et avait chanté dans les ou-
vrages de Monteverde. Le poète Marini a écrit en
son honneur un eonnet qui commence par ce
vers :
Angelo, or tu fra gll Angell ten'-val.
ANGELO (Micdel), sopraniste, né à Bo-
logne , vers le milieu du dix-huitième siècle ,
était, en 1786, au service de l'électeur de Bavière,
comme chanteur de sa chapelle. 11 jouait les rôles
de primo musico au grand théâtre de Munich.
ANGELONI (Louis), littérateur, néà Fru-
sinone, dans l'État romain, en 1758 , prit part
à la révolution qui se fit à Rome à l'époque de
l'invasion du territoire romain et du royaume de
Naples par les troupes françaises sous le com-
mandement de Championnet. Il devint membre
du gouvernement de la république romaine, et, à
la retraite de l'armée française, il dut la suivre
et se réfugier à Paris. Compromis, en 1801, dans
la conspiration deCeracchi et deTopino-Lebrun,
il fut mis en prison. Après dix mois de captivité,
il fut mis en liberté, et s'occupa de travaux litté-
raires ; mais des relations qu'il entretenait en Italio
avec les Carbonari le firent expulser de France
en 1823. Il se retira à Londres, et y publia quel-
ques pamphlets politiques. Il est mort en cette
ville, en 1842, dans un âge avancé. Au nombre
de ses ouvrages, il en est un qui a pour titre :
108
ANGELONI — ANGERMEYER
Sopra la vita , le opère ed il sapere di Guido
WArezzo, ristmiratore délia scienza e delV
arte musica; Paris , «81 1 , in-s» de -222 pages.
Bien que rempli de divagations et écrit d'un
style pédantesque, cet ouvrage se recommande
par un travail consciencieux et par la bonne foi
de l'auteur. Il est divisé en quatre chapitres. Le
premier a pour objet d'éclaircir toutes les ques-
tions relatives à la personne de Gui d'Arezzo:
c'est le meilleur. L'auteur de ce dictionnaire avait
fait, en 1809 et 1810, des travaux assez éten-
dus sur le môme sujet : Fayolle, qui préparait
alors le Dictionnaire historique des musiciens
qu'il a publié avec Choron, lui fit de vives
instances pour qu'il lui cédât tous ces maté-
riaux, dont il ne Ht pourtant aucun usage après
qu'ils furent passés en sa possession. Depuis
Jors , ils se sont égarés ; peut-être e4-il permis
de croire qu'ils sont tomWs entre les mains d'An-
geloni et qu'ils ne lui ont pas été inutiles.
Le second chapitre de son livre contient l'a-
nalyse des ouvrages de Gui et l'examen de quel-
ques-uns des manuscrits qui nous en restent ; le
troisième, la discussion des opinions diverses
sur l'utilité de la réforme opérée par ce moine,
et sur les inventions qui lui ajiparliennent ; le
quatrième traite de son savoir. Angeloni n'avait
pas nne connaissance suffisante de la musique
pour traiter des questions si délicates, écueil de
Ja plupart des écrivains qui s'en sont occupés.
Pour Ctre en état de comprendre bien les ou-
vrages de Gui d'Arezzo, il faut posséder à fond
la connaissance delà musique, de son histoire,
et avoir lu tout ce qu'on a écrit avant et après
lui. Angeloni est saisi d'une admiration sans
bornes pour l'homme dont il écrit la vie ; et , sur
la foi de traditions mensongères, il lui accorde
une multitude d'inventions auxquelles Gui n'a
jamais songé. Le livre est terminé par deux let-
tres de Gui, déjà publiées par Baronius, par
Mabillon, par l'abbé Gerbert et autres, mais avec
quelques corrections du texte d'après les ma-
nuscrits de la bibliothèque impériale. Angeloni
a fait aussi paraître à Paris plusieurs autres
uuvrages qui n'ont point de rapport avec la mu-
sique, et qui eurent peu de succès.
ANGELUCCl (Angelo), fabricant de cordes
de boyaux , naquit à Naples, au commencement du
dix-huitième siècle, et mourut dans cette ville, en
1765. Il contribua beaucoup à perfectionner les
produits de ce genre d'industrie, dans lequel les
Napolitains ont conservé une supériorité incon-
testable , particulièrement pour les chanterelles.
Ce fut Angelucci qui découiTit que les moutons
de sept ou huit mois , élevés et nourris sur les
montagnes, fournissent des boyaux, d'une qua-
lité supérieure à ceux des mêmes animaux
plus jeunes ou plus vieux et nourris dans les
plaines. Il employait constamment plusieurs per-
sonnes pour chercher des intestins choisis , et
avait plus de cent ouvriers sous ses ordres pour
la fabrication des cordes. Les meilleurs ouvriers
étaient tirés par lui d'une petite ville de l'Abruzze,
nommée Salé. Angelucci avait formé une société
pour l'augmentation de sa fabrique ; mais elle
fut de courte durée, parce qu'il s'éleva un procès
entre les co-associés , lequel donna lieu à plu-
sieurs écrits assez curieux sur la fabrication des
cordes de boyaux. On trouve des détails intéres-
sants sur ce procès dans les Nouvelles d' Halte, de
Volkmann, t. VIII, p. 208, et dans la Gazelle
musicale de Spire, année 1789.
AIV(iELY (Louis), acteur et compositeur de
musique de vaudevilles, naquit à Berlin, vers
1783, et mourut dans cette ville en 1836. Après
avoir été attaché au théâtre allemand de Péters-
bourg, il fut rappelé à Berlin, en 1824, pour oc-
cuper la place de régisseur du théâtre de Kœnig-
stadt. 11 a écrit un grand nombre de vaudevilles»
parmi lesquels on remarque : La Fiancée de Po-
inéranie, Douvres et Calais, La Laitière de
Walding, Les Sept Filles en uniforme, etc.
Les mélodies faciles et naturelles de ces [)elits
ouvrages ont eu un succès populaire dans leur
nouveauté.
ANGEU (Louis), pianiste, organiste et
compositeur, est né le 5 septembre 1813, à An-
dreasberg, dans le Hanovre. Doué li'heureusesdis-
positions pour la musiqua , il étudia cet art dès
son enfance, ety fit de rapides progrès. A l'âge de
vingt ans il se rendit à Weimar, où il reçut des
leçons de piano de Hummel, et devint élève de
Toepfer pour l'orgue et le piano. En 1836 il s'é-
tablit à Leipsick, et s'y livra à l'enseignement
du piano jusqu'en 1842, où il obtint la place
d'organiste de l'église Saint-Jean à Lunebourg.
Trois ans après on le retrouve â Hambourg, où
il jouait dans les concerts d'abonnement. On n'a
publié qu'un petit nombre de ses compositions ;
ses premières œuvres sont : 1° six pièces mélodi-
ques pourle piano, op. I; Leipsick, Hofmeister.
— 2° S(j:Z/Jerfer avec accompagnement de pianO;
op. 2; Leipsick, Whistling. — 3° Grandes varia-
lions pour piano, op. 3; Leipsick, Hofmeister. —
4" Ouverture de concert à grand orchestre, en ut
mineur ; Leipsick, Whistling. — 5° diverses pièces
pour piano. — 6° quatre Lieder pour mezzo so-
prano avec piano, op. 22.
AIMGERMEYER ( Jean- Ignace ) , né à
Bildin, dans la Bohême, vers la fin du dix-sep-
tième siècle, était un des plus habiles violonistes
de la chapelle impéria'e, dans les années 1723 à
AISGEllMEYKIl — ANGRISAINI
1C9
1727. On a de lui plusieurs couccrtos do violon,
qui sont restés en manuscrit, et qui portent pour
souscription : AtUhore Johanne Ignatio Anger-
meyer, Bohemo Bildinensi. Il y a lieu de croire
qu'Angermeyer était frère ou du moins parent
de Jean-Adalbert Angermeyer, peintre célèbre,
né comme lui à Bildin. Il fut nn des violonistes
de l'orchestre qui , en 1723, exécuta à Prague
l'opéra de Fux, Costanza e Fortezza, au cou-
ronnement de l'empereur Charles VI.
ANGERSTEIN (Jean-Charles), prédica-
teur àBretkow, près de Stendal, vers 1788, fut
auparavant organiste à Stendal. Il a écrit plu-
sieurs compositions pour le clavecin , qui sont
restées en manuscrit. Comme écrivain didacti-
que, il est connu par un ouvrage intitulé : Théo-
retisch-praktische Anweisung, Choralgesscnge
nlcht nur richtig, sondern auch schœn spie-
len zu lernen (Instruction tiiéorico-prafique
pour apprendre à jouer le chant choral, etc. ) ;
Stendal, 1800, in-S», avec un cahier d'exemples.
C'est un fort bon ouvrage , utile à tous les or-
ganistes des églises protestantes.
ANGIOLIIM (Jean-Frédéric), composi-
teur de musique instrumentale, né à Sienne, a
passé quelque temps à Berlin, vers 1787, et y a
p\iblié quelques-uns de ses ouvrages. De là il
s'est rendu à Pétersbourg, en 1791. En 1797, il'
est revenu en Allemagne, et s'est fixé à Bruns-
wick. Il vivait encore en 1812. Ses ouvrages im-
primés sont : \° Sonata per cembttlo con jlauto.
— 2" Variazioni soprailduetto: Pace caro viio
sposo , neW op. Cosa rara , per cembalo. —
3° Trois sonates faciles pour la harpe, avec
flûle ad lib.; Berlin, 1792. — ^o Sonata seconda
per cembalo, conjlatito; Berlin, 1794. — 5" Six
variations faciles pour la harpe ou piano-
forte; Brunswick, 1797. — G" Arie ans dem Son-
tagskinde : ich sage es dock immer (air de
l'enfant du dimanche) (l), avec variations
pour harpe ou piano; Brunswick, 1797. On a
imprimé à Londres, en 1788, Six duos pour
dextx flûtes ou violons, sous le nom d'An-
giolini.
ANGLEBERME ( Jean-Pierre d'), né à
Orléans, vers 1470, lecteur et professeur de
droit à l'université d'Orléans, et ensuite conseiller
au sénat de Milan, est mort dans cette ville, en
1521, par suite de l'explosion d'un magasin à
poudre. On a de lui : Homo, seii philosophus,
qui de divina humanaque justilia disserit et
de ipsa quoque juvis civilis scienlia. Sermo
de Fortuna in Plutarchum, ubi de fortuna
( I) Expression allemande qui signifie l'Enfant gâté de
la Fortune.
(lallorum, sermo de pace, sermo de musica
et saltationc ex iMciano, etc., Paris 1518,
in-4o.
ANGLEBERT (Jean-Henry d' ), claveci-
niste de la chambre de Louis XIV, a publié à
Paris, en 1689, un ouvrage intitulé : Pièces de
clavecin, avec la manière de les jouer, diver-
ses chacones, ouvertures , et autres airs de
monsieur de Lully mis sur cet instrument,
quelques fugues pour l'orgue, et les principes
de l'accompagnement. Livre premier. Dans
la préface, il annonçait un second livre de ces
pièces; je ne crois pas qu'il ait paru. Le style
de d'Anglebert a moins de grâce que celui de
Chambonnières (votj. ce nom); mais sa musique
est écrite avec beaucoup de pureté et de savoir.
Ces qualités se font remarquer surtout dans les
fugues et dans un contrepoint à quatre parties
pour l'orgue, qui suivent les pièces de clave-
cin ; les meilleurs organistes allemands et ita-
liens, contemporains de d'Anglebert, auraient pu
se faire honneur de ces morceaux. Longtemps
on a ciu que Corelli avait été le premier compo-
siteur qui eût varié Les Folies d'Espagne; et
même quelques personnes ont dit qu'il était l'au-
teur de cet air; mais le recueil des pièces de
d'Anglebert contient vingt-deux variations sur ce
même thème, et la Folia de Corelli n'a été pu-
bliée que dans l'œuvre b^, dont la première
édition parut en 1700. Un beau portrait de d'An-
glebert, peint par Mignard et gravé par Vermeu-
len, est en tête du livre de ce musicien.
ANGLEDl (....). La Bibliothèqueimpériale,
à Paris, possède en manuscrit des Joccates pour
l'orgue, de la composition de cet auteur, sur
lequel ou n'a d'ailleurs aucuns renseignements.
AI\GLER1A (Camille), moine franciscain,
né à Crémone, fut élève de Claude Merulo , et
mourut en 1630. Il a publié : Regole del con-
trappunto , et délia musicale composizione ,
Milan, 1622, in -4°. C'est un ouvrage médiocre
dont la rareté fait tout le mérite.
AÎMGLESÏ (Dominique), musicien au service
du cardinal Jean-Charles de Toscane, a com-
posé la musique d'un opéra intitulé La Servn
nobile, qui fut représenté à Florence, en 1629.
On connaît aussi de la composition de cet ar-
tiste : Libro primo d'Arie. Firenze, Landini,
1635, in-40.
ANGHISAIXI (Charles), cJianteur ^italien,
né à Reggio, vers 1760, se fit entendre sur plu-
sieurs théâtres d'Italie, et se rendit ensuite à
Vienne, où il a publié : 1° Sei notturni a tre
voci, soprano, ienore e basso , colV accom-
pagnamento di cembalo, \ienne, 1798. — 2" Sei
notturni, etc., op. 2; Vienne, 1799.
ilO
ANGSTENBERGER — ANIMUCCIA
AI\GSTEI\BERGER (Michel), né à Reicli-
stadt, en Bohême, le 2 janvier i717, fui dans
son enfance un très-bon contraltiste du chœur
de l'église des Chevaliers de la Croix (Kreuz-
lierrnkirclie ), à Prague. 11 avait beaucoup d'ap-
titude pour les sciences, particulièrement pour
la musique , et il se serait distingué dans cet
art s'il ne l'eût négligé pour remplir les devoirs
de son état. En 1738 il était entré dans l'ordre
des Clievaliersv, de la Croix , et il prononça ses
vœux le 1" janvier 1743. Ensuite il fut pendant
treize années chapelain à Carlsbad, puis doyen
de la même ville pendant onze autres années.
En 17G8, il passa à l'église de Saint-Charles, à
Vienne, en qualité de Commandeur, et remplit
les fonctions de cette place jusqu'en 1789, épo-
que de sa mort. Angstenberger écrivit dans sa
jeunesse beaucoup de musique d'église, dans le
style de Lotli ; elle est restée en manuscrit.
ANIMUCCIA (Jkan), né à Florence au
commencement du seizième siècle , ou à la fin
du quinzième, fut un des plus anciens maîtres
«le l'École italienne dont les compositions se fi-
rent remarquer par une harmonie plus nourrie,
un dessin de voix plus élégant et un caractère
mélodique mieux adapté aux paroles que les
productions des maîtres flamands. Dans sa jeu-
nesse, il se lia d'amitié avec saint Philippe de
Néri, qui fonda la Congrégation de l'Oratoire en
1540, à Rome , et à qui l'on attribue communé-
ment l'invention du drame sacré auquel on donne
le nom A'oratorio. Animuccia était devenu le pé-
nitent de Philippe : il composa ses Lmidi ou
hymnes à plusieurs parties, qu'il allait chanter
chaque jour avec ses amis a l'oiaioire, aptes le
sermon , et ces Laudi devinrent l'origine de l'o-
ratorio proprement dit. Au mois de janvier 1555,
il fut nommé maître de la chapelle du Vatican :
il en remplit les fonctions jusqu'à la fin de mars
1571, époque où il cessa de vivre. Poccianti
( Catal. Script. Florent., p. 101) a place
ré|)oque de sa mort en 1569; mais c'est une er-
reur : car Pierre-Louis de Palcstrina succéda
immédiatement à Animuccia dans la place de
maître de la chapelle du Vatican , au mois d'a-
vril 1571, comme on le voit par les archives de
cette chapelle , et par la notice manuscrite des
contrapuntistcs et des compositeurs de musique
par Joseph Octave Pifoni.
On a publié de ses compositions: 1° Il primo
libro di madrigali atre voci , con alcuni mo-
tetti, e viadrigali spirittiati; Rome, per il Dn-
rico, 1565. — 1° Joannis Animuccix magislri
capcllx sacro sanctx basilicx Valicanx Mis-
sarum libri; Romae, apud hxrcdes Valerii et
AloysriDoricorumfralrum Brixiensium, 1507.
— 3°. // primo libro de' madrigali a quattro,
cinque e sei voci; Venise, Gardane, 1567. —
4° Canticum B. Marix Virginis a Jo. Animuc-
cia iirbis Romx basilicx S. Pétri magistro ad
omnes modos Jactum; Romse, apud hxredf.t
Valerii et Aloysii Doricorum, 15C8, in-fol.
— 50 II secondo libro délie laudi ove si con-
tengono moletli, salmi, ed altri volgari e
latini fatti per V oratorio di S. Girolatno,
mentre qiiivi dimorava S. Filippo , e VAni-
miiccia era il maestro di cappella; Roma, per
gli eredi del Blado, 1570: on voit par ce titre
qu'Animuccia avait été maître de chapelle de
l'oratoire avant de passer au Vatican, c'est-à-
dire antérieurement à 1555. — &o Credo Domini-
calis quatuor vocuni; Boma, pressa gli eredi di
Valerioe Luigi Dorico, 1567. — 7° Magnifient
ad omnes modos, liber secundus; Romx,
apud hxredcs Valerii et Alofjsii Doricorum,
1568, iu-4. Ces Magnificat sont au nombre
de 20. Le P. Martini a inséré dans son Essai
fondamental de contrepoint fugué (t. 1, p. 129)
un Agmis Dei, à six voix, delà messe Gauden
in Cœlis , et un autre Agnus (p? 181 ) de la
messe ad Cœnam agni providi , tous deux
extraits du Recueil de messes d'Animuccia, cité
Cl -dessus. Le maître de chapelle Reichardt
possédait deux messes manuscrites de ce com-
positeur : l'une pour deux soprani, alto, té-
nor et basse; l'autre pour deux soprani, allô
et baryton : elles étaient vraisemblablement ti-
rées du même recueil. Il paraît qu'Animuccia a
composé <ies messes, des hymnes et des motets
postérieurement aux publications qui viennent
d'êtres citées, et que ces ouvrages sont restés en
manuscrit dans la chapelle du Vatican; car on
lit dans un Censuale manuscrit de la même
chapelle, l'ordre suivant, signé par le chanoine
Cenci, et daté du 23 décembre 1568 {voy. Haini,
Mem. stor. crit. délia vita e délie op. di
Giov. Pierl. da Palcstrina, t. II, p. 104,
no 532) : R. Mo. Vicenzo Rago pagherele a
Mo. Giovanni Animuccia, maestro dei can-
tori délia cappella, scudi venticinquc di mo-
nda, i quali sono perla/atica e spesa che egli
ha fatto in comporre, e scrivcre, e fare scri-
vere a sue spese Vinfrascritti inni, motel fi, e
messe, che di niiovo per nostra commissione
ECLl HA COMPOSTO NEL PRESENTE ANNO , IC qUall
erano necessaric in cappella, e che .sono se-
condo la forma del concilio di Trcnto, e
dclV offizio nova, che io ve lifarà boni alll
conli vostri. Nota délie composizioni : V inno
Aures ad nostras, per la Quadragesima; L" inno
délia Transfigurazione ; Cinque inni délie
Feric; V inno ExuUot cœiiun in tono Natalis ;
ANIMUCCIA — ANNA
111
L inno Dcu9 tuonim milrtum, in tonout sïiprn ;
Vinno Salvete flores maityniiii, in tono ut su-
pra ; Un motctlo a quattro voci, per la vigilla
di Natale quando passa il Papa; Un motetlo
a cinqué, Puer natus estnol)is, per il giorno del
capo d'anno; Un motetto a set per la mat-
tina d'ogni santi per quando passa ïl Papa ;
Unmotetto a qualtro,\hK'm?i\\.\im,per quando
passait Papa; Un inno, Exultet cœluai landi-
biis, in tono ordinario; f/n inno, iste Confesser,
in tono ut supra; Vinno Jesii corona virginum
in tono ut supra; Vinno Ave maris Stella; Una
mcssa a cinque délia Madonna; Due messe a
quat.tro délia Madonna. Di casa li 23 di de-
cembrelbes. Gasparcincius Canonicuset ma-
gisler cappellas. La rapidité prodigieuse qu'A-
nimuccia avait mise à composer tous les ouvrages
émimérés dans cette note a de quoi frapper d'c-
tonnement; car tout cela a dû être fait en cinq
mois, puisque ce laps de temps s'était seulement
écoulé depuis la bnlle donnée par le pape Pie V
pour la réforme du bréviaire et de l'office en
exécution du décret du concile de Trente, jus-
qu'à la date de la note qu'on vient de lire. La
fécondité a toujours été une qualité distinctive
des compositeurs italiens.
AMMUCCIA (Paul), frère du précé-
dent , fut un des plus habiles contrapuntistes
dti seizième siècle. Pitoni affirme , dans sa no-
tice manuscrite des contrapuntistes et des com-
positeurs , que ce musicien fut maître de cha-
pelle de Saint-Jean de Latran depuis 1530
jusqu'en 1555, et qu'il succéda à Rubino. Il y a
erreur dans cette assertation ; car le maître de cette
chapelle, en 1552, était Bernard Luppachino,
qui eut pour successeur, en 1555, Pierre Louis
de Palestrina. Animuccia no (ut maître à Saint-
Jean de Latran que depuis le mois de janvier 1 550
jusqu'en 1552. Le même auteur met en doute
que Paul Animuccia ait été frère de Jean ; mais
Poccianti , qui était contemporain de ces deux
musiciens , dit positivement dans son catalogue
des écrivains florentins, qu'ils étaient frères : Pau-
lus Animuccia laudatissimi Joannis /rater,
mnsicus venustissimus, viadrigalcs et molcl-
tos mira suavitate refertos posleris transmi-
sit. {Catal. scrip. Florent, p. 143.) Le mCme
auteur dit que Paul Animuccia mourut en I5G3.
On trouve dans le cataloj^ue do la bibliothèque
musicale de Jean IV, roi de Portugal, l'indi-
cation d'un recueil de madrigaux de ce mu-
sicien, sous ce titre : Il Dcsiderio , madrigali
a cinque , lib. 2. Un de ses madrigaux a été
inséré parmi ceux de Roland de Lassus, publiés
i> Venise par Gardane, en 1559 ; im autre ma-
drigal de sa composition a été placé par le môme
Gardane dans son recueil de 1559; dans la col-
lection de motels imprimée à Venise , en 1508,
on en trouve und'Animuccia; enfin Antoine Rarré
a publié à Milan, en 15S8, un recueil de mo-
tets qui contient quelques pièces du même
maître; ce recueil a pour litre : Liber Mtisa-
rum cum quatuor vocibus , seu sacrx can-
iiones , quas vulgo motetta appellant.
AIMJOS (DiOMSio DOS), compositeur, har-
piste et virtuose sur la viola du gamba, naquit
à Lisbonne, et entra en 1G56 dans l'ordre dc^
Hiéronymites, au monastérede Belem. Il y mourut
le 19 janvier 17C9. Il a laissé en manuscrit les
ouvrages suivants de sa composition : \° Respon-
sorios para todas /estas da primeira classe.
— 1° Psalmos de vesperas , e Magnificat ; Di-
versas Missas, Vilhancicos et Molettes. Ma-
chado {Biblioth. Lusit., t. I, p. 704) ditqueccs
compositions existent dans le couvent de Relem.
ANIÎERTS (GnisLiN d'). Voy. Danrekts.
A^kMER (....), nmsicien anglais et com-
positeur, éprouva pendant la durée du protec-
torat les effets de la persécution dont les arts
avaient été l'objet, et vécut dans la retraite ; mais,
à la restauration, il revint à la cour, et fut du
nombre des musiciens qui composèrent la cha-
pelle de Charles II avec Tucker, Henri Lawes,
Henri Purcell, lliimphrey, Blow et Wise. Les
compositions d'Anmer sont restées en manus-
crit.
ANIMA (François), indiqué dans les an-
ciens recueils de musique sous le nom de Fran-
ciscus vendus organisla, était né à Venise,
suivant cette indication , et remplissait, à la (in
du quinzième siècle et dans les premières années
du seizième , les fonctions d'organisle d'une des
églises de sa vilie natale. Cet artiste a composé
des chansons italiennes originales , appelées
Frottoles , dont quelques-unes ont été insérées
dans les 2'"^, 3'"% 4""^, 6""* et 8"'" livres des
pièces de ce nom publiées par Octave Petrucci
de Fossombrone, depuis 1503 jusqu'en 150S,
ainsi que dans le recueil qui a pour titre : 7e-
nori et contrabassi intabulati col soprano
in Canio figurato per cuntar e sonar col
lauto , libro primo, Francisci Bossinensis
opns , imprimé à Venise par Octave Petrucci,
en 1509, petit in-40 obi. On trouve aussi une
lamentation à quatre voix du même artiste dans le
premier livre, intitulé : Lamentationum Jcre-
mie prophète, liber primus, imprimé à Venise,
en 1506 , par le même Petrucci. Le nom de Fran-
çois Anna est rarement écrit tel qu'il doit élre
dans ces anciennes publications : souvent l'artiste
est désigné de ces diverses manières : F. V.
{Franciscus Vendus); TRA^. ORGA. VENE-
tI2
ANNA — ANSALDI
TUS; FRAN. VENE. ORGA. ; FRANCISCUS
VENETUS ORG.
AIXNE-AMALIE, princesse de Prusse,
sreur de Frédéric II, naquit le 9 novembre 1723.
Élève de Kirnherger, diiecteiir de sa musique,
elle acquit assez d'habileté pour composer sur la
cantate de Ramier, La Mort de Jésus, une mu-
sique qui, dit-on, disputa le prix à celle de
Graun. Kirnberger en a inséré nn clireur dans
son art de la composition pure ( Kunst des rei-
nen Satzes). Ce morceau est écrit d'un style
mâle et nerveux , et l'on y trouve plus de con-
naissance des divers artifices du contrepoint
qu'il n'est donné ordinairement à une femme
d'en posséder. Un trio pour le violon , placé dans
le même ouvrage , prouve son talent dans la com-
position instrumentale. A ces connaisssances
elle joignait, surtout dans sa jeunesse, une ha-
bileté rare sur le clavecin. Cette princesse est
morte à Berlin , le 30 mars 1787. Elle avait ras-
semblé une bibliothèque de musique qui conte-
nait les ouvrages manuscrits et imprimés les plus
rares , tant dans la théorie et l'histoire que dans
la pratique. On y remarque surtout la collection
complète des œuvres de /. S. Bach , de Hxn-
del, des anciens maîtres de l'école allemande,
tels que L. Hasler J. Kuhnau, D. Vetler,
Homilius, Agricola, etc., et les ouvrages des
grands organistes D. Buxtelmde, N. Bruns et
/. C. F. Fischer.
A]\I\E-AMALIE, femme du duc Charles
de Saxe-Weimar, fille du duc Charles de Bruns-
wick, naquit à Brunswick le 24 octobre 1739.
Douée des plus heureuses dispositions pour la
musique , elle se livra avec ardeur à l'étude de
cet art, d'abord sous la direction de Fleisclier,
et ensuite sous celle dcWolff, maître de cha-
pelle à Weimar, qui lui enseigna la composition.
Son travail assidu la mit bientôt en état d'écrire
nn oratorio qui fut exécuté par la chapelle du
duc de Weimar, en 1758, et d'un petit opéra
intitulé : Erwinund Elmire, représenté en 1776,
et dont Lenz a fait l'éloge dans le Mercure alle-
mand (mai 1776, p. 197). C'est au goût éclairé.
de celte princesse que le théâtre de Weimar est
redevable de la splendeur où il parvint vers
1770 , et de l'exécution parfaite qu'on y remar-
quait. Elle est morte à Weimar le 12 avril 1807.
ANI\E-DE1\-TEX (Corneille). Voyez
Tex.
AIV^IBALE, surnommé Patavinus ou
Padovano, parce qu'il était né à Padoue , fut
un des plus grands organistes du seizième siècle,
et en même temps le plus habile joueur de luth
et de clavecin de son époque. Vincent Galilée en
fait un pompeux éloge dans son dialogue sur la
musique et dans son Frotiimo. Il n'était âgé
que de vingt-cinq ans lorsqu'on lui accorda la
place d'organiste du second orgue de l'église.
Saint-Marc de Venise, le 29 novembre 1552. 11
mourut vraisemblablement dans l'année 1550;
car il eut pour successeur André Gabrieli , le
30 septembre de cette année. Il résulte du rap-
prochement de ces dates qu'Annibal n'était
âgé que d'environ trente ans lorsqu'il cessa
de vivre : circonstance qui donne l'explication
du petit nombre d'ouvrages qu'il a jiroduits. On
a de lui : lo Liber prinms motetlorum quinque
etsex vocum; Venise 1576 : d'autres éditions de
cet œuvre ont été [jubliées antérieurement à Ve-
nise, en 1567, chez Antoine Gardano, in-4°. —
2° Cantioncs quatuor vocum; Venise, 1592. —
Zo Madricjali a cinque voci , ibid, 1583. Il est
vraisemblable que ce sont des réimpressions d'é-
ditions plus anciennes. On connaît aussi quel-
ques madrigaux d'Annibal de Padoue, avec
d'autres de Cyprien Rore et de quelques autres
auteurs, dans un recueil intitulé : Di Annibale
Padovano, et di Rore Cipriano, Madrigali a
quattro voci, insieme di altri eccellentï au-
ihori , nuovamente con nuova gionta ristam-
pati. Venezia, appresso li figlnioli d'Antonio
Gardano, 1575, in-4o. Enfin deux messes de
la composition de cet artiste se trouvent dans un
recueil qui a pour titre : Cipriani de Rore,
Annibalis Patavinict Orlandi liber Missarum
quatuor, quinque, et sex vocum ; Veneiiis,
apud Ant. Gardanum , ihQQ, , in-4o.
Ai\i\UNCIACAM ( Fkançois-Gabriel d' ),
corde.ier du grand couvent de Lisbonne, né en
1G79, a publié un traité de plain-chant sous ce
titre : Arte de Canto chao, resumida para o
uzo dos religiosos Franciscanos observantes
du Santa Provin'cia de Portugal; Lisbonne,
1735, in-4°.
AÎ^ORA (Joseph ), de Venise, a composé la
musique d'un opéra intitulé Bon Saverio, qui
lut représenté dans sa patrie, en 1744. Les par-
ticularités de la vie de ce musicien sont incon-
nues.
AKSALDl (Casto-Innocente), dominicain,
né à Plaisance le 7 mai 1710, lit ses études
chez les jésuites, et devint un lielléniste habile.
En 1750, il fut nommé professeur à l'iinivcrsitc
de Ferrare. Dans son enfance, il courut un très-
grand danger : sa mère étant allée avec lui en pè-
lerinage à Lodignano, on venait de mettre les che-
vaux à la voiture pour retourner à Plaisance ; mais
les rênes n'étaient point encore attachées. Ansaldi
saisit le moment où sa mère et le cocher étaient
! éloignés pour monter sur le siège et chasser les
' chevaux, qui s'enfuirent à travers les champs et
ANSALDI — ANSCHUTZ
113
Jetèrent l'enfant Jans une prairie, où heureiise-
mcnt il ne se (il aucun mal. An nombre de ses
ouvrages se trouve le suivant : De forensi
Judxorum Buccina Commentarius ; IJrixifp,
1745, in-4°. C'est im fort bon livre, où la ma-
tière est traitée à fond. Lenglet Dufresnoy, (jui
prétend ( Méthode pour étudier l'histoire ,
t. X, p. 251 ) qu'il y a dans cet ouvrage plui5
d'érudition qiie de justesse et de raisonnement,
ne l'avait pas lu.
AiVSALDI (FnANÇois), né à Vereeil, en
1785, est élève de Pietro Sassi, son oncle, qui
en a (ait u» habile violoniste. Ayant été nommé
directeur de la chapelle du roi de Portugal, ii
est passé avec la cour à Rio-Janeiro , où il ré-
side maintenant. Il a composé plusieurs concertos
de violon, qui sont restés en manuscrit.
AIMSALONE (Jacinthe ), compositeur na-
politain, maître de chapelle de l'église royale de
Monte-Oliveto , et professeur du conservatoire de
La Pietà de' Turchini, à Naples, vécut dans la
première moitié du dix-septième siècle. On con-
naît de sa composition :S«Z?ttirfe' Vesperiaquat-
troioci, con un Laudate pueri alla veneziana,
op. 3; Naples, Ottavio Beltramo, 1C35, in-4''.
AWSANI 00 AI\ZA1\I (Giovanni), né à
Rome vers le milieu du dix-septième siècle, fut
un des meilleurs ténors de l'Italie, et non un
sopraniste, comme on leilitdans le Dictionnaire
des Musiciens de 1810. En 1770, il passa en Da-
nemark, où il se (it enten^lre avec succès. En
1782 il chanta à Londres, et en 1784 à Florence.
Après avoir paru sur les théâtres principaux de
l'Italie, il se retira à Naples à l'âge de près de
cinquante ans, et s'y livra à l'enseignement du
chant. Il vivait encore en 1815. Les qualités par
lesquelles ce chanteur se distinguait , dit Gerva-
soni (JSuova Teoria di musicu, p. 84 ), qui l'a-
vait entendu plusieurs (bis, étaient une sûreté
d'intonation fort rare, une grande puissance
d'expression , et la plus belle méthode de chant,
.soit sous le rapport de la mise de voix, soit sous
celui de la vocalisation. Ansani s'est aussi dis-
tingué coimne compositeur de musique de
chambre, et l'on a de lui plusieurs morceaux
de très-bon style, entre autres des duos et des
trios pour soprano et ténor avec basse continue.
Gerber dit {Aeues Lex.) qu'on a représenté à
Florence, en 1791, un opéra de sa composition
intitulé ; La Vengeance de Minos.
ANSCHiJTZ (Sal.-Jean-Georges), pas-
teur à Péterwitz, près de Schweidnitz, dans la
Silésie, naquit le 28 février 1743, fut nommé
pasteur en 1773, et mourut le 28 février 1807.
Il a inséré quelques articles sur la musique dans
les journaux de la Silésie , particulièrement des
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. I.
réflexions sur le clavecin (Etwas ûbcr dns
Klavier und Piano-forte ).
ANSCiliJTZ (Erisest-Geeiurdt-Salomon ),
docteur en philosophie, professeur de l'école
bourgeoise et organiste à la nouvelle église de
Leipsick, est né en 1800 à Lauter, près de Suhl.
Il est auteur d'un traité de musique vocale
( Schulgesanrjbuch ) qui a été publié à Leipsick,
en trois parties in-S". On a aussi d'Ernest Ans-
chûtz un recueil de chansons allemandes,
œuvre r% qui a paru à Leipsick en 1825. Deux
autres suites de ces chansons ont paru quelques
années plus tard.
ANSCHÙTZ (Joseph-André), procureur
général à Coblence, est né dans cette ville le
19 mars 1772. Son père était administrateur des
archives sous le gouvernement électoral de
Trêves , et son aïeul avait été organiste et di-
recteur de la chapelle du prince électeur. Doué
d'une heureuse organisation pour la musique,
Anschùtz fit de rapides progrès dans l'étude de
cet art, sous la direction de son grand-père. A
l'âge de dix ans, il fit avec son père un Toyage à
Mayence, et eut l'honneur déjouer du piano de-
vant l'électeur, qu'il étonna par son habiletéelpar
son aplomb dans la lecture de la musique à pre-
mière vue. En 1788 son père l'envoya à Mayence
pour y suivre les cours de droit il l'université. 11 y
resta jusqu'à la lin'de 1790 ; mais à cette époque,
le pays ayant été envahi par les armées fran-
çaises, Anschùtz et son père suivirent le prince
électeur à Augsbouig. Ils y restèrent jusqu'en
1797, et pendant cet exil Joseph-Andréacheva de
développer ses facultés musicales. Ses premiers
ouvrages furent publiés à Augsbourg, chez Gom-
bart. De retour à Coblence , il y fut employé
dans la magistrature; mais en même temps il
lit de grands efforts pour relever dans celle
ville la situation de la musique, que les maux
de la guerre avaient fait négliger. Il réunit ce
qui restait des anciens membres de la chapelle,
et en forma un institut dans lequel les jeunes
gens des deux sexes reçurent une éducation
musicale. Par ses sollicitations , Anschùtz ob-
tint que le gouvernement prît cette institution
sous sa protection, et lui accordât des subsides.
Un chœurnombreux et un orchestre furent formés ;
et chaque année les progrès devinrent plus sen-
sibles dans l'exécution des œuvres instrumen-
tales et vocales. Anschùtz a continué pendant
longtemps d'être l'âme active de ses progrès.
Les compositions publiées de cet amateur zélé
sont celles-ci : 1° Six chansons allemandes
( Sechs deutshe Lieder ) ; Bonn , Simrock. —
2" Trois chansons allemandes et une française ;
ibid. — 2" Deux airs italiens et allemands pour
8
ii4
ANSCHUTZ — ANSELME DE PARINIE
la voix d'alto; ihid. — 4° Dus Blûmlein Wun-
derschoen (La jolie petite Fleur); ibid. — 5" Qua-
tre chansons allemandes ; ibid. — 6° Jikapsodi-
sche Gesœnge, Versuch einer musikalischen
Déclamation, op > 8 ; Augsbourg, Gombart
7° Trois chants , paroles de Gœthe ; Leipsick ,
Breitkopf et Haertel. — S" Werkauft Llcbesgol-
ter, de Gœthe, Bonn ; Simrock. — 9" Valses à neuf
parties pour l'orcliestre , livres l^"", V et 3®;
Bonn, Simrock iO° Idem, à dix parties, li-
vre 4*; ibid. — 11° Marche des francs-maçons en
harmonie, à treize parties, en partition; ibid. —
12" La Musette de Nina variée pour le piano;
Leipsick, Breilkopf et Hœrtel. — 13° Huit alleman-
des pour le piano, livre 1"; Augsbourg, Gom-
bart. — 14° Valses pour le piano, livres 2" et 3*,
Bonn, Simrock — 15° Idem., livre 4% ibid. —
16" Hymne maçonnique pour trois voix et chœur,
avec deux violons, alto et violoncelle, en fran-
çais et en allemand ; ibid. — On connaît aussi
de lui deux Tantum ergo, un Ecce panis, et des
messes avec orchestre.
ANSCHUTZ (Charles), fils du précédent ,
est directeur de musique à Coblence, et continue
ce qu'a fait son père pour la prospérité de l'art
dans cette ville. Frédéric Schneider a dirigé ses
études musicales dans les années 1837 et sui-
vantes, à Dessau. 11 a publié de sa composition :
1° Chants pourquatre voix d'hommes, op.3et10;
Coblence, Goswein. — 2° Chanls populaires à voix
seule avec piano, 1" recueil ;Neuwied, Stciner.
— 3° Chants de soldat avec piano, op. 6; Co-
blence ,. Goswein. — 4° 3 Chants de Uhland , Ei-
chendorff et Fischer, à voix seule avec piano,
op. 4; ibid. — 5» Quelques petites pièces pour le
piano, intitulées Les Mélancolies, op. ii, ibid.
ANSELME DE PARME (Georges),
écrivain sur la musique , ne fut connu d'a-
bord que par ce que Gafori en a dit en plu-
sieurs endroits de ses ouvrages. Forkel parle
d'AnseImedansRa/-i<^dra<«reniMSîcaZf;(p.487),
mais d'une manière vague, et seulement d'après
les indications de Gafori. Le P. Affo, biblio-
thécaire de Parme , fait l'éloge d'Anselme dans
ses Memorie degli scrittori e letterati par-
miggiani, et déplore amèrement la perle d'un
Dialogue sur la musique qu'il avait écrit. E. Ger-
Her ( Neues Lexik. der Tonk. ) croit que cet
Anselme est le même qu'Anselme Flamand ,
musicien du duc de Bavière, que Zacconi ( Prat-
tica di Musica, part. ii,cli. 10) considère
comme le premier auteur de l'addition de la sep-
tième syllabe de solmisntion aux six premières
de l'hexacorde de Gui d'Arezzo. Gerber ne s'é-
tait point souvenu qu'Anselme de Parme, ayant
vécu antérieurement à Gafori , c'est-à-dire
vers le milieu du quinzième siècle, n'a pu être
l'Anselme dont parle Zacconi , puisque celui-ci
vécut dans le même temps qu'Hubert Waelrant,
c'est-à-dire vers le miheu du seizième siècle.
Tous les doutes qui s'élevaient sur cet écrivain
sont maintenant dissipés par la découverte que
l'abbé Pierre Mazziichelli , bibliothécaire de la
bibliothèque Amhroisienne, a faite, en 1824, du
manuscrit de son ouvrage Dé Harmonia Dia-
logi. Les circonstances qui donnèrent lieu à
cette découverte sont assez curieuses. Un des
amis du savant bibliothécaire, étant entré dans
la boutique d'un épicier, remarqua que le mar-
chand, pour envelopper ce qu'il venait d'acheter,
déchirait une page d'un livre in-folio dont la
couverture était déjà arrachée : imaginant que
ce volume pouvait mériter un meilleur sort , il
en lit l'acquisition et le montra à l'abbé Mazzu-
chelli, qui en reconnut aussitôt la valeur, et qui
le déposa à la bibliothèque Ambrosienne, où il
existe actuellement. Cette copie des dialogues
d'Anselme paraît avoir appartenu à Gafori ; car
on trouve à la fin ces mots, d'un autre main
que le reste du manuscrit : Liber Franchini
Gafori luudensis musicse professoris, medio-
lani pJionasci. Le P. Affo {Memorie degli
scrittori e letterati parmiggiani, t. H,
n" Lxxvii, p. 155 et suivantes ) appelle Anselme
Giorgio Anselmi Seniore, en fait un professeur
de mathématiques, né à Parme , et assure qu'il
était mort avant 1443. Tout cela est conforme
au titre de l'ouvrage dont il vient d'être parlé,
car il commence ainsi : Prxstantissimi ac
clarissimi musici, artiiim medicinccque ac
astrologix consummatissimi Anselmi Georgii
Parmensis, De imisica dicta prima balnea-
rum. Comme on le voit par ce titre, Anselme
était à la fois musicien habile, médecin et as-
tronome, ou, comme on disait &\or», astrologue.
Dans le catalogue des œuvres de ce savant qui
se sont perdues, le P. Affo cite de Harmonia
Dialogi. Ces Dialogues, dit-il, se font entre
l'auteur et une personne illustre de la maison de
Rossi. Dans le fait, on voit dans le manuscrit
dont il est ici question que celte personne
porte le nom de l'ietro de Rubeis , qui est la
traduction latine de Rossi. Une courte dédicace
qui suit le litre de l'ouvrage démontre que ce
Pierre de Rossi avait été le Mécène et le protec-
teur d'Anselme; la voici : Magnifico militi do-
mino et benefactori meo optimo domino
Petro Rubeo , Georgius Anselmus salutem et
recommendationem. Disputationem nostram
de harmonica celesti quam Corsensc scptem-
bri proximo in balneis habuimus, redactatn
tuojvssu Jtis in scriptis ad te mitto. Quantum
ANSELME DI-: PARME - A^SELYNK
llf.
tamen recolere valui : quatenus quod erra-
tum aut negleclum fuerit pro arbitrio emen-
des. Vale, integcrrime héros. Ex Parma, idus
aprilis, 1434. Ainsi ce fut dans les premiers
mois de l'année 1484 que cet ouvrage fut 1er-
mim'. C'est une des époques les plus intéres-
santes de l'histoire de la musique. L'abbé Maz-
zuchelli croit que les bains de Corsena, dont il
est parlé dans cette dédicace, ne sont autres que
ceux de Lucques. Le manuscrit d'Anselme est
composé de 87 feuillets iu-fol. Il est divisé en
(rois dissertations ou dialogues dont voici les
titres : V° De Harmonia celesti; 1° De Ifar-
vionia instriimentaU ; 3° De Harmonia can-
tabili. Nul doute que les deux derniers dialogues
n'offrent beaucoup d'intérêt, à cause de l'époque
où ils ont été écrits; malheureusement, presque
tous les exemples de musique manquent, et les
portées qui avaient été préparées sont vides.
ANSELME DE FLANDRE ou FLA-
MAND, qu'on a mal à propos confondu avec le
précédent, fut attaché comme musicien au service
«lu duc de Bavière, vers le milieu du seizième
siècle. Zacconi , dans sa Pratica di Miisica
(pa^t. II, lib. 1, c. 10), dont la seconde partie a
été imprimée en 1622, assure que ce musicien
entreprit de compléter la gamme en nommant
si la septième note bécarre, et bo la môme note
affectée d'un bémol. D'un autre côté, Mersenne
(Qiiest.in Gènes., p. 1623) cite Pierre Maillart,
lequel affirme qu'un Flamand anonyme avait
proposé l'addition de pareilles syllabes, vers
1547. Il est impossible de décider mainlenant
s'il s'agit d'Anselme ou d'Hubert Waeirant, au-
quel on attribue aussi cette invention. Au reste,
il est bon de remarquer que plusieurs auteurs
ont proposé de semblables additions sous d'au-
tres noms ( votf. "Waeirant (Hubert), De Putte
(Henri), Calwitz, Uréna (Pierre de) Caramuel
(leLobkowilz; Hitzler (Daniel) et Lemaire (Jean),
On peut aussi voir les articles Gibel ou Gibelins
( Othon ) , et Buttstedt (Jean-Henri). On trouve
un paesage relatif à Anselme Flamand dans les
Notices sur les écrivains de Bologne , par Fan-
tuzzi, t. V, p. 344, n° 5. 11 s'agit d'une lettre
qui fut écrite en 1743 par François Provedi, de
Sienne, à un maître de chapelle de Rome , son
ami, pour avoir son avis sur le meilleur système
de solmisation, savoir, de celui de Gui d'Arezzo,
ou de celui d'Anselme Flamand. H dit (jue le
P. Fausto Fritelli, maître de chapelle de la ca-
thédrale de Sienne, avait introduit ce <lernier
sysième dans son école publique , mais (|ue tous
les professeurs de la ville le blâmaient et reje-
taient ce système de solmisation. Celle ques-
tion avait soulevé des discussions dans tout le
pays : c'est à propos de ces discussions, où
lui-même était intéressé par un écrit quil avHit
publié sur cette matière, que Provedi écrivit sa
lettre. Il s'était prononcé contre la notivclle mé-
thode de solmisalion, et, tout rempli des préjugés
de sa nation , il avait conclu eu faveur de la sol-
misation ancienne, condamnée par la nature
même de la tonalité moderne. Voici le texte du
passage dont il s'agit : Attesta che il Rev. SiÇ'
D. Fausto Fritelli , novello maestro di cap-
pella di-questa metropolitaua, introdusse
nella sua pubblica scuola f nso di solfeggiare
seconda il metodo d'Anselmo; un cavalière
d''alla lignaggia, che ha molta interesse in
queslo particalare, seniendo che questa in-
novazione veniva rigettata unanimamcnte da
tutti gli professori diquesta ciltà, mi/cce Vo-
nore commendarmi dimetteretn caria il mio
sentimento. A contempiazionepoi de'carj miei
padroni ed amici, la pubblicai colle stanipe,
et dai medesimi ne sono state mandate délie
copie in diverse ciltà per sentire le opinioin dei
piùperitineli arle. Intanto che egltno stanna
attendcndo lerispostc, io per mia parte ricarro
alV oracolo dcl P. V. M. R. per snperequale
debbe cssere il mio destina. Per tanta mi son
preso l'ardire d'inviargliene tina copia, in-
siemecon una delmio competitore, accià ella
passa can lutta suo comodo esaminarle amen-
duc, assicurandola che delta sua graziosis-
sima risposta dipenderà se davrb continuare
0 no net seriasa impegno ove mi trovo. Per cià
prcgo vivamente la P. V. volersi compiacere
dirmi con lutta ingemcità il sua parère, accià
che passa dalle virtuosissime autorevoli sue
istruzioni ricevere quelli avvertimenti che sli-
merà più confacevoli ai mici presenti inte-
ressi , lisolutissimo di pendere dalle niedesi-
me, etc. Quoi qu'il en soit des préjugés que ren-
contrait encore en Italie la seule solmisation
que le bon sens puisse adopter, il paraît, par ce
qu'en dit Zacconi , que le système d'Anselme
avait eu quelque succès lorsqu'il le proposa.
ANSELMI (Secondini), compositeur italien
du dix-huitième siècle, né à Lodi, en Lombaniie,
n'est connu que par un opéra intitulé : / tre Prc-
tendenti, qui a été représenté à Lodi en 1786.
ANSELONI (Les frères François, Tauquimo,
Je\m et Bautholomé), Napolitains, ont excellé
sur le trombone, la cbaramelle et les cornets,
dans les dernières années du seizième siècle et
au commencement du dix-septième. Cerrelo
leur accorde de grands éloges {Delta Pratica
musicale, p. 158).
ANSELYNE (Antoine), musicien français
qui vivait vers le milieu du scizièuie siècle, était
8.
116
ANSELYNE — ANTEGNATI
employé dans la cliapelle des enfants de France
sous le règne de François P', en 1534, suivant
un compte de la maison de ces princes, de 1538
(M. 11, F. 540,suppl.delaBibl.imp de France).
ANSIAUX {Jean- Hubert- Joseph et non
Henri), naquit à Huy (Belgique) le 16 décembre
1781; son père était notaire et bourgmestre de
Huy. Heukart, maître de chapelle de l'église
Notre-Dame de cette ville, lui enseigna la mti-
fiique et l'harmonie; Tingry fut son maître de
- piano. Ea 1809 il fit exécuter un Te Deum à
huit voix à l'occasion du mariage de l'empereur
Napoléon. Au nombre des ouvrages d'Ansiaux,
on compte neuf messes : la neuvième fut exécutée
le 6 novembre 1825 dans l'église Saint-Jacques-
sur-Caudenberg, à Bruxelles; trois Te Deum :
le troisième, qui était inédit, fut exécuté le 16
décembre 1854, à l'église Sainte- Gudule, pour
l'anniversaire du jour de naissance du roi ; plu-
sieurs motets; trois ouvertures, dont une, inti-
tulée V Apothéose de Grétry, fut composée pour
l'ouverture de la nouvelle salle de spectacle de
Liège, en novembre 1820; divers autres mor-
ceaux de musique instrumentale. Ansiaux écri-
vit aussi un opéra intitulé Les Revenants, qui est
resté en manuscrit et n'a pas été représenté. En
1820,11 (it exécuter des morceaux de son ora-
torio intitulé Jephté, dans un concert de la So-
ciété d'émulation de Liège, dont il était membre.
Ansiaux mourut subitement, assis à son bureau,
le 4 décembre 1826, à peine âgé de 45 ans. De ses
deux fils, l'aîné, Charles, s'est établi à Charle-
ville, comme professeur de musique; le plus jeune
Théophile, organiste à Andennes, est mort à
Serlles, près de ce lieu, au mois de juillet 1857.
ANTAO ou ANTOINE DE SANTA-
ÉLIAS) carme portugais, naquit à Lisbonne
vers 1690. Il passa une partie de sa jeunesse
dans les possessions portugaises en Amérique.
Après son retour en Europe, il entra au couvent
de son ordre à Lisbonne, où son habileté dans la
composition et sur la harpe le fit nommer maî-
tre de chapelle. Il mourut en 1748. Ses composi-
tions, qui consistenten Te Deum à quatre chœurs,
répons, messes, psaumes, hymnes, et cantate
pour l'anniversaire de la naissance du roi, sont
conservées dans la bibliothèque de son monastère.
ANTEGNATI, famille de facteurs d'instru-
ments établie à Brescia dès la fin du quinzième
!=i^ siècle, a produit, depuis le commencement du
seizième siècle, quelques artistes qui onleu à juste
titre une grande renommée. Lanfranco dit, dans
ses Scintille di musica, etc. (Brescia, 1533, p.
143), que les plus habiles luthiers de son temps
pour la facture des luths, violons, lyres, etc.,
étaient Jean- Jacques dalla Corna et/ea» Mon-
tichiaro, tous deux de Brescia; que Jeun-
François Antegnati, de la même ville, se dis-
tinguait dans la facture des monocordes, harpi-
cordes et clavecins ; et que Jean-Jacques, son
frère, produisait les meilleures orgues et les mieux
accordées qui eussent élé faites, ainsi qu'on pou-
vait le voir dans l'orgue nouvellement fait par
lui dans l'église Sainte-Marie dalle Gracie, de
sa ville natale (1).
On ne sait sur Jean-François et Jean-Jacques
Antegnati que ce qu'en dit Lanfranco.
ANTEGIVATl (Gratiadio), célèbre cons-
tructeur d'orgues, né à Brescia, vivait vers
1580. Il a construit l'orgue de la cathédrale de
sa patrie, et fut aidé dans cet ouvrage par son
fils, qui est l'objet de l'article suivant.
ANTEGNATI (Constant), fils du précé-
dent, naquit à Brescia, vers le milieu du seizième
siècle. Il fut habile constructeur d'orgues, et cé-
lèbre organiste à la cathédrale de sa patrie. 11
occupa cette place jusqu'en 1619, où une apo-
plexie dont il fut frappé le rendit impotent jus-
qu'à sa morl, qui n'arriva que quelques années
après. Les habitants de Brescia, pour récom-
penser ses talents et la pureté de ses mœurs, lui
firent luie pension. On trouve son éloge parmi
les Elogi istorïci d'Octave Rossi, p. 500. Il
a publié : 1° Canzoni a quattro voci, uno, due
tre e quattro libri ; Venezia, per Aless. Vincenti.
— 2° Messe e motetli a due e tre chori ; Venezia,
presso Bart. Magni. — 3° Motetti e tétanie a tre
Venezia, Bart. Magni. — 4° Messe e sinfonie a
Otto; Venise, Bart. Magni. — 5° Messe a seie
otto voci, lib. 1; in Venezia, appresso Angelo
Gardano, 1578, in-4°. — 6" Inni d'intavolatura
d^organo; Venise. — 1" Vantegnata, intavola-
tura di ricercate ; Venise, Bartli. Magni — 8°
Salmi Otto voci; Venezia, Ang. Gardano, 1592,
in-4°. — 9" L'Arteorganica; Brescia, 1608. —
10° Motetti a tre voci; Venise. — \.\o. Motetti e
messe adodici in tre chori; Venise, Aless. Vin-
centi.—12" CansoHJ dasonare aquatlroeotto
(t) Voici le texte de Lanfranco : Et sla ciascun dili-
gente nelle sue participationi : participando qiuil instnt-
mento si voglia, o siano da corde : corne sono liuti, vio-
lini, lyre, et simili pulitamenti, et risonanti fabricuti da
Il due Bresciani Ciovan Giacobo dalla Corna et Zanctte
Montichiare, opvr questi altri : cioc monocordi. arpi-
cordi, et clavacimbali dlligentissimamente fatti da Cio-
van t'rancesco Antegnati da Brescia -. o siano da vento ,
corne sono gli organi, i quai sono cosi ben lavorati da
Giovan Giacobo, fratello del sopranonuUo (sic) Giovan
Francesco, chi non da mono dl homo, ma da natwa
creati puiono, con la sua accordatura cosi/atta, cbe cia-
cuna circonferenza délie sue canne inttra, rotonda, et
immaculala resta; et cio si puo vedere nello organo no-
vellamente/atto di sua mano nella chiesa di Santa-Maria
dalie Gratte di guestà città di Brescia.
ATNTEGNATI — ANTIQUIS
117
voci; VtMiise, IGI9. Ses quatre livres de chansons
à quatre voix furent réimprimés à Venise en 1621.
AIXTENORI (Onui'hre), né à Padoue, dans
la seconde moitié dii quinzième siècle, estindiqué
quelquefois dans les anciens recueils sous le nom
d'ffonophrhis Patavinns. On connaît de lui
quelques chansons italiennes à plusietirs voix,
dans le style vénitien, auxquelles on donnait le
nom de frottole, et qui furent en usage au quin-
zième siècle et au commencement du seizième.
Les frottoles d'Antenori sont insérées dans les
3™", 6""', 7°'° et 8™* livres de ces chansons pu-
bliées à Venise, par Octave Petracci, depuis ISOi
jusqu'en 1508.
ANTÈS (Jean), mécanicien anglais, vivait
à Londres vers la fin du dix-huitième siècle. En
1801, il construisitun pupitre mécanique pour un
quatuor, qui, au moyen de la pression d'une pé-
dale, tournait les pages de la musique. Des in-
ventions du même genre, mais différentes par le
mécanisme, ont été publiées depuis lors. ( Voy.
Paillet, Puirocheet Wagner).
ANTHES (J.-A.), directeur de la société de
chant à Eschbach,dansle duché deNassau, appelée
Taunus Uederkranz;\ers 1840-1848, s'est fait
connaître comme compositeur de mélodies vocales
par les ouvrages suivants: {"ùPeM^Lieder faciles
pour voix seuleavec piano, op. 3; Mayence, Schott.
— 2" 6 Lieder pour deux voix de soprano, ou deux
voix d'hommes, avec piano, op. 4 ;i&.— 3° 6 Lieder
avec ace. (acile, op. b;ibid. — 4° G Lieder faciles,
op. 6 ibid. — 5° Trois duos pour voix de femmes
ou d'hommes avec piano, op. 7; ibid. J'ignore si
c'est à ce même M. Anthes ou à quelque autre
membre de sa famille qu'on est redevable de deux
bons ouvrages publiés sous ces titres : 1° Die
Tonkunst im evangel. CuUus , viit einer Ge-
schiclite der kirchl, Muslk (La Musique dans le
culte évangélique, avec une histoirede la musique
d'église), par J.-C. Anthes ; Wiesbaden, Friedrich,
1846,in-4°. — 2° Allgemeine/assUche Bemerkun-
genzur Verbesseruny des evangel. Kirchenge-
sanges (Remarques générales et faciles à com-
prendre sur l'amélioration du chant des églises
évangéliques), par le même;J6HZ. 1847, in-S".
— 3° Anleitung zum Gesang (Introduction au
chant, suivie de 21 chorals et de 57 mélodies à
plusieurs voix); Wiesbaden, Ritter.
ANTIIIPPE, musicien grec, à qui Pindare
(in Plut, de Musica) et PoUux (lib. IV, c. 10,
sect. 78) ont attribué l'invention du mode lydien,
que d'autres ont donné à Mélanippide (Voy. ce
nom), et quelques-uns à Torrèbe.
AKTIER (Marie), née à Lyon, en 1687,
vint à Paris en 1711 , et débuta presque aussitôt
à l'Opéra, où elle joua pendant vingt neuf ans.
C'était, dit-on, une actrice excellente, et l'on
vanle la manière dont elle jouait les rôles de
magicienne dans les opéras de LuUi. Elle mourut
à Paris le 3 décembre 1747. Ce fut elle qui cou-
ronna le maréchal de Villars, la première fois
qu'il alla h l'Opéra après la bataille de Denain.
ANTIGÉIVIDE, joueur de flûte, naquit à
Thèbes, en Béolie. Il apprit la musique sous la
direction de Ptiiloxène, poête-musicien, dont il
devint le joueur de flûte ordinaire. Périclès le
chargea d'enseigner cet instrument à Alcibiade.
Il était enthousiaste de son art, moins pour les
applaudissements qu'il recueillait, que pour
l'art lui-même ; car il avait pour le goût de la
multitude un mépris qu'il tâchait d'inspirer h ses
élèves. Il dit un jour à l'un d'eux qui, bien que
fort habile, était peu applaudi de l'auditoire :
Jouez pour les Muses et pour moi. On rap-
porte à ce sujet l'anecdote suivante : Un joueur
de flûte ayant été fort applaudi par le peuple,
Antigénide, qui n'était pas encore sorti de l'hy-
poscène, dit aussitôt : « Pourquoi donc tout ce
« bruit ? Certes il faut qu'il y ait ici quelque
n chose de bien mauvais dans ce qu'on a entendu ;
« s'il en était autrement, cet homme n'aurait pas
« mérité tant d'applaudissements. » Il est bon
de remarquer qu'Athénée attribue ce propos à
Asopodore de Phliase (Deipnosoph., lib. XIV).
Antigénide fit à la flûte des changements utiles,
en perfectionna la structure, et augmenta le '
nombre des trous. Apulée (in Florid., sect. 4),
prétend qu'il fut le premier qui trouva le moyen
de jouer sur la même flûte dans les cinq modes
éolien, ionien, lydien, phrygien et dorien. La su-
périorité de son talent était bien reconnue, si l'on
en juge par ce mot d'Épaminondas, qu'on vou-
lait effrayer en lui annonçant que les Athéniens
envoyaient contre lui des troupes équipées d'ar-
mes de nouvelle invention : Antigénide, dit-il,
s'a/flige-t-il lorsqu'il voit des flûtes nouvelles
entre les mains de Tellis?
ANTINORI (Louis), né à Bologne vers 1697,
fut l'un des plus habiles chanteurs du commen-
cement du dix-huitième siècle. II possédait une
voix de ténor pure, pénétrante, et joignait à cet
avantage une méthode excellente. 11 fut engagé
pour le théâtre de Londres dirigé par Hasndel, et
y débuta avec succès en 1726.
AIXTIQUIS ( Jean d'), maître de chapelle à
l'église de Saint-Nicolas, à Bari, dans le royaume
de Naples, florissait dans la seconde moitié du
seizième siècle. On a de lui : 1» Villanelle alla
Napoletana, a tre voci di diversi musici di
Bari, raccolte da Jo.de Anliquis,con alcune
délie sue; Venise, 1574, in-8" obi. Les auteurs
dont on trouve des pièces dans ce recueil sont
us
AINTIQUIS — ANTOLINI
.Ican-François Cnpuano, Cardiiccio, Alex. Ef-
(rnu, Miitio Effrem, Fanello, Felis (Stefnno),
J,(iriil)aido deMarini, Colonardode Monte, Poiiip.
Nenna, Gola de Pizzolis (de Pouzzuole ), Vin-
cenzo Podio, Recco, Simon de Baldis et Gio.
Fr.VioIanli. — 2° Madrigali aquadro voci, con
lin dialogo a otto; Venise, 1584, in-4°. — 3° Il
primo libro di canzonctte a due voci da
diversi autori di Bari ; ibid., 1584. Ce recueil
est intéressant , parce qu'il fait connaître
jiliisieurs compositeurs nés à Bari ou dans
ses environs; en voici les noms : Simon de
Balnis, Etienne Felis, Mutïo Effrem, Fa-
brice Facciola, Jean de Mariai, Jean Fran-
çois Gliro, Jean-Baptiste Pace, Jean Donat
de Lavopa, Jean-Pierre Gallo, Mcolas-Marie
Pizziolis, Jean-François Copuani, Nicolas-
Vincent FanePli , Tarquino Papa, Victor de
Helia, Jean-François Palombo, Jean Jac-
ques Cai'ducci, Jean Vincent Gottiero, Horace
de Martino, Joseph di Cola, Dominique
dello Mar.saro, Janno Donati, Antoine Zazza-
rino, Jean François Violanti et Pomponio
ISenna.
AIMTIQUIS (André dk), compositeur vé-
nitien, né dans la seconde moitié du quinzième
siècle, s'est fait connaître pur des chansons ita-
liennes appelées frottoles, dont quelques-unes
oiit été insérées dans les recueils de ces cIkhiIs
publiés par Octave Petrucci , à Venise, depuis
lb04 jusqu'en 1508. Il ne serait pas impossible
que cet artiste fût la môme personne qu'André
Antiquis de Montona, qui obtint du pape un
privilège de dix ans pour établir à Rome uue
imprimerie de musique à l'imitation de celle
qu'avait fondée Octave Petrucci de Fossombrone,
et qui publia en 1516 un volume in-folio de
messes de Josquin , Hrumel et autres. Montona
est un bourgde l'Illyrie, aux environs de Trieste,
dont les communications avec Venise sont fié-
(|uentes, et qui était d'ailleurs alors sous la do-
un'nation des Vénitiens.. André de Antiquis a pu
faire son éducation musicale parmi les artistes de
Venise, adopter le genre de leur musique, et,
léiiioia de l'activité qu'avait dès ses premières
années l'établissement de Petrucci, il a pu son-
fier à faire la même spéculation dans les États
romains, où le privilège de Petrucci était sans
force. La similitude des noniset les circonstances
.•^oiit de telle nature que l'identité de personne n'a
rien <)ui répugne.
ANT01I\E ( FEniviNAND d' ) , capitaine au
service de l'électeur de Cologne, vers 1770,
fut habile violinistc et claveciniste. Marpurg,
Kirnbergor et Riepcl furent ses maîtres de com-
posiiion, cl son goût se forma dans un voyage
qu'il fit en Italie. Depuis 1780 il a mis en mu-
sique les opéras suivants : 1» Jl mondo alla ro-
wrsa.— 20 Das tartariscfie Gesetz (La Loi des
Tartarcs). — 3" Das Mxdcfien im Eichthale (La
Fille de la vallée aux chênes ). — 4" Otto der
Schiitz (Othon l'Archer); 1792.— ôo Der Fur s t
und sein Volk (le Prince et son peuple), opé-
rette.— 6° Endegul, ailes tjut (Bonne fin, tout
est bien), opéra en deux actes, 1794. — 7° Cliœurs
de la tragédie de Lanassa. 11 a fait aussi la
musique d'im prologue de Cramer, et composé
quelques symphonies et des quatuors de violon,
dans la manière de Haydn.
ANTOINE ( Henri ), connu sous le nom de
Crux, naquit à Manheim en 1768, et vint à
Munich en 1778, avec sa mère, la fameu^ie ac-
trice Franciska Antoine, née Amberger. Il fut
d'abord destiné au théâtre, et reçut des leçons de
sa mère. Il parut souvent sur le théâtre de la
cour dans les rôles d'enfant. Mais bientôt il étudia
la musique, et reçut des leçons de P. Winter,
alors musicien delà cour. Sa mère, pour achever
son éducation musicale, le mit pendant deux
ans à l'école de Léopold Mozart, h Salzbourg.
En 1786, il passa au service de l'électeur de
Trêves, à Coblence; mais il quitta cette cour pour
voyager en France et en Hollande. Après avoir
été quelque temps au service du comte de Ben-
theim , à Stoinfurt , il y épousa la cantatrice
Joanna Fontaine, et partit avec elle po\ir Mu-
nich, en 1791 ; il y fut placé comme violiniste à
la chapelle électorale, et y mourut en 1809. On
connaît de lui quelques compositions manus-
crites pour le violon.
ANTOINE ( Ernest ), frère du précédent,
naquit à Manhein en 1770. H apprit le hautbois
du musicien de la cour Ram. En 1786, il passa
au service du prince électoral de Trêves, à Co-
blence, et y acquit la réputation d'un artiste
habile. Mais les troubles de la guerre et le chan-
gement de gouvernement ayant obligé le prince
à réformer sa musique, Antoine chercha tm autre
moyen d'existence; et fut nommé collecteur de la
loterie royale à Munich , où il se trouvait en
1812.
ANTOLIN! (François), littérateur et profes-
seur de musique à Milan, né à Macerata en 1771,
mortàMilaUjVers 1845, aécrit un petitouvrage utile
aux compositeurs, sous le tilrede:La retta ma-
niera di scrivere per il clarinello ed altri stro-
menti difiato, con soi tavole contenenli, oltre
varj csempi dimostrativi, eziandio le duescate
dcl clarinello più chiare e complète délie com-
mitni. Opcra utilissiina prinoipalmcnte ai
composilori di viusica, non che agli esercenli
in essa iraltati, Miiano, délia tipograf. di Can-
ANTOLINI — Ar^TONELLI
119
dido Diiccinelli, 1813, 02 p. in-8". On a aussi
d'Anlolini un opuscule intitulé: Osservazioni su
dueviolini cspoti nelle sale deW I. R. Palazzo
di Brera, tino de' quati di forma non coin-
muna. Milano, per Luigi di Giacomo Pirola,
1832, iu-S" de 14 pages.
ANTON ( Conrad-Théophile ), né à Lauban,
le 29 novembre 174C, enseigna d'abord les
sciences morales et politiques dans l'université
de Wiltenberg, et devint en 1780 professeur de
langues orientales dans la même université. 11
mourut dans cette ville le 4 juillet 1814, ou,
selon l'Encyclopédie de Erscli et Gruber, le 3
du même mois. Dans sa jeunesse il s'était li-
vré à l'étude de la musique, et le goût qu'il
avait conservé pour cet art lui fit diriger ses
travaux sur les objets qui y sont relatifs , et
particulièrement sur la musique des Hébreux.
On a de lui : 1° Dissevtalio de métro Hebrxo-
rum antiquo;'Lc\^s\ck, 1770,in-4°. — 20 Vin-
diclx disputationis de métro Hebrœorum an-
tiquo, a dtibitationibus virorum doctorum ;
ibid., 1771, in-S". — Z° Pars secunda; ibid.,
1772, in-8°. — 4° Versuch, die Mélodie und
Barmonieder alten hebraischenGesxjige und
Tonstûckezu entziffern , ein Beytrag zur Ges-
chickte der hcbraischen Musik, nebst einige
Winken fier die hebraischen Grammatiker,
Ausleger titid Kunstrichter des alten Testa-
ments ( la Mélodie et l'Harmonie des anciens
chants hébraïques, etc., essai sur l'iiisloiie de
la musique des Hébreux, etc. ), première partie,
dans le Répertoire de littérature biblique du
professeur Paulus, t. I,Jéna, 1790,in-4°, p. 160-
191; deuxième partie, dans le même ou-
vrage, t. Hl, 1791, p. 1—81. — 5" Veber das
Mangelhafteder Théorie der Musik : ein kur-
zer Aufsatz (Sur l'imperfection de la théorie de
la musique) , dans le Journal musical de Rei-
cbardf, p. 133. — 6° Veber die Musik der Sla-
ven ( sur la musique des Slaves ), dans le Ma-
gasin musical de Cramer, t.I, p. 1034; — 7° Sa-
lomonis Carmen inelicum, quod Canticum
Canticorum dicitur, ad metrum prlscum et
nwdos musicos revocare,recensere et notis
criticis aliisque illustrare incipit, etc. ; Vite-
bergœ, 1793 , in-8° de 40 pages. La deuxième
partie de cette thèse, avec le glossaire des mots
hébreux du Cantique des cantiques, a paru en-
suite sous ce titre : Salomonis Carmini melico
quod Canticum Canticorum dicitxir ad me-
trum priscum et modos musicos revocato,
recensito, in vernaculam translata et notis
criticis aliisque illu-strato. Glossarium ad-
dit, etc.; Vitebergx, 1709, in-8°. Les deux
parties ont été ensuite réunies avec un nouveau
frontispiccgravé,;'iLoipsick(Gœlhe), 1800, 108 pa-
ges iû-8"'. Anton avait exposé, dans les disserta-
tions insérées au Répertoire de Paulus, ses idées
sur une sifinilication harmonique qu'il attribuait
aux accents de la poésie hébraïque. Ces accents
sont une véritable notation musicale; et, comuic
l'a très-bien remarqué l'auteur du Schilte hag-
ghiboritn ( Voy. ABRAH\M-BEN-DAvm-AKiE ) ,
les accents ne sont pas les signes d'un son ,
comme les notes de la musique européenne n>o-
derne, mais des signes collectifs de plusieurs
sons ; caractère qui est, en effet, celui des notations
orientales ; mais dans toutes ces notations, ainsi
que dans les accents hébraïques, les signes indi-
quent les divers mouvements delà voix, en passant
d'un son à un autre. Anton, au lieu de cettesncces-
sion, a vu dans ces signes des sons simultanés, et,
leur donnant une signification purement arbitraire,
il a fait, de ce qu'il appelle les accents prosaï-
ques, des signes d'harmonie, de tierce, et de
ceux auxquels il donne le nom d^accents poé-
tiques, des signes d'harmonie complète de trois
sons, en tierce et quinte. En sorte que, selon
lui, les anciens Hébreux auraient fait usage de
celte harmonie dans la rubrique du temple et
ailleurs. Son petit ouvrage Salomonis Carinen
melicum , etc., publié postérieurement à ce tra-
vail, a pour objet de faire voir l'application de son
système au Cantique des Cantiques, attribué à
Salomon. Ce système ne soutient pas un sérieux
examen. Après la mort d'Anton, son lils a mis
en ordre et publié son dernier travail sous ce
titre : Phœdri Fabularum ^sop. Libri V, et
Publii Syri aliorumque veterum Sententix,ex
recensrone Bcntlei passim codd. Mss. aucto-
rilate, nec non metri et rhythmi musici ope
reficti; prxmissa est dissertatio rfiyf/uno
musico a vet. Romanis, nominuiim a Phxdro
et auctoribus Sententiarum a P. Syro col-
lectarum et comparandis versibus observalo.
Zittau, 1817, in-8''.
ANTONELLI (Abbonbio) ou ANTl-
NELLO, né dans la seconde moitié du sei-
zième siècle, fut compositeur et maître de cha-
pelle de l'église épiscopale de Bénévent, dans
le royaume de Naples. 11 a publié à Rome un
livre de motets à quatre voix, en 1604. En 1608,
Antonelli devint maître de la cliapelle de Saint-
Jean de Latran.àRome; mais il ne conserva cette
place qu'une année , ce qui peut porter à croire
qu'il mourut au commencement de 1C09. Il eut
pour successeur Jacques Beniucasa. L'abbé Baini
cite de ce musicien des motets à quatre chœurs,
qu'il considère comme des compositions remarqua-
bles. On a aussi de ce maître : lo Missa aquuttro
voci e quattroMotelliadue, c^n organo, Roma ;
120
ANTCmFXLI
AKTOKIUS
lCii9, in'4". — 9." Liber prhmis diversariimmo-
dulationumbinis, tenus, quatcrnis, senis, ac
seplenisvocibus ;'R.omaî, 1015.-3° Missabreve
a quattro, Salmi e motetti a tre e quattro, con
basso conlinuo, Roma, 1628, in-4°. On trouve
«ians la bibliotlièque musicale de l'abbé Sanlini,
à Rome, des com[)ositions manuscrites de deux
autres musiciens nommés Aiitonelli, sur lesquels
on n'a aucun renseignement. Du premier (Fran-
çois Antonelli) estun Ascendo ad Patrem, pour
deux sopranos et orgue; un Diligam te, pour so-
prano et basse; un Fe^Jx /erwsa/e/n à trois, et un
Otiuin effusum à trois. Le second (Angelo Anto-
nelli ) est auteur du motet Princeps gloriosis-
sime pour deux sopranos et basse. D'après les for-
mes et les caractères de ces compositions , leurs
auteurs ont dû vivre vers la (in du dix-septième
siècle ou au commencement du dix-huitième.
ANTOINELLl-TORRÈS. Voy. TORRÈS
( Antonio ).
AKÏONI (Giovanm-Battista Degli), orga-
niste de Saint-Jacques-Majeur à Bologne, et
académicien philharmonique, vers 1650, a
publié : Intavolatura nuova di certi ver-
setti per tutti H tuoni per Vorgano. Cet ou-
yrage est cité par Jean Kriegcr, dans la préface
de ses Musikalische Parthien ; mais il n'en in-
dique pas la date. Antoni a écrit pour le théâtre
de Bologne Atide , qui a étc représenté en
1679.
AMTONII (PiETRO Decm), né à Bologne
vers 1630, fut, dans sa jeunesse, un excellent
joueur de cornet, instrument qui était encore en
usage à celte époque. Plus tard il fit des études
sérieuses de contre-point, et obtint la place de
maître de chapelle de l'église de Saint-Jean in
Monte. Dès la fondation de l'académie des
philharmoniques de Bologne, en 1666, Degli
Antoni fut un de ses membres ; il en fut prince
six fois, la première en 1676, et la dernière en
1718. Il était alors fort âgé et ne survécut que
peu de temps à cette date. Ses ouvrages ont été
imprimés à Bologne. Il a piiblié huit œuvres de
musique pratique , parmi lesquels on distingue
l'œuvre b™", sous ce titre : Ricercate a violino
solo e violone o contimio, Bologne; l'œuvre 7'"^,
contenant six motets à voix seule, avec violon
ou viole et violoncelle obligés, Bologne, 1696 , et
l'œuvre 8"*°, composé de trois messes pour deirx
fioprani et basse, avec accompagnenient de deux
violons. Au litre , après le nom de l'auteur, on
lit ces mots : Mac^-o di cappella di S. Giovanni
in Monte. On connaît aussi de sa composition :
Missa e salmi a tre voci, op. 2, Bologne, J.
Monti , 1070 , in-4''; Concerli da Chicsa a due
violini, viola e continua peror;/ano;elsonate,
arie, gighe e balletti a tre stnimenti, op.'4.
AATOIMO DEGLI ORGANI. Voijez
SQUARCIALUI'I.
ANTONIO {***), musicien sicilien, naquit
à Mazzara dans la première moitié du dix-sep-
tième siècle. 11 paraît qu'il avait cessé de vivre
en 1680. Mongitori (in Bibliioth. Sicula, t. 11,
p. 69 ) dit qu'Antonio était auteur d'un ouvrage
intitulé : Cithara septem chordarum; mais il
ignorait si c'était un livre théorique ou une œuvre
pratique.
ANTONIO (***), violiniste italien, vivait an
commencement du dix-huitième siècle. On a
gravé de sa composition : Premier livre de So-
nates pour violon; Amsterdam, 1726, in-fol.
ANTONIO DA CARPI , est cité par
l'auteur du Dizionario di opère anonime e
pseicdonime di scrittori italiani (t. II,
p. 86 ) comme auteur d'une critique des œuvrtis
de Lotfi [voy. ce nom), imprimée au commence-
mentdudix-huitièmesiècle, maisdontii n'indique
ni le titre, ni le lieu, ni la date dé l'impression.
Il ne faut pas confondre l'écrit dont il s'agit
avec une autre critique anonyme des madrigaux
de Lotti, publiée à la même époque, et qu'on
attribue à Beaoît Marcello. Voy. Marcello.
ANTONIOTTÏ (Georges), né dans le Mi-
lanais, en 1092 , demeura pendant quelques an-
nées en Hollande, où il publia, en 1730, son
premier ouvrage, composé de dou/.e sonates
pour le violoncelle ou la viola di gamba. Il se
rendit ensuite à Londres, où il résida pendant plus
de vingt ans. Il avait écrit en italien un traité
d'harmonie et de contre-point, qu'il fit traduire
en anglais, et qui fut publié .sous ce titre : VArle
Armonica, or a Treatise on the composition
of Music, in three books, with an introduction
on the history and progress of Music, from ils
beginning to thistime. Written in itaiian, and
translated into engiish. Londres, 1761, in-fol. 2
vol. Ce livre n'eut point de succès. Il y a des exem-
plaires de la même édition qui ont la date de 1700.
Aritoniotti était peu instruit des matières qu'il
voulait traiter. Dans sa vieillesse, il retourna .'i
Milan (vers 1770), ety présenta au P. Giov. Sacchi
son problème sur la possibilité de faire entendre à
la fois tbutcs les notes de la gamme dans une har-
monie qui ne blesse point l'oreille ;-ce qui fut ap-
prouvé par le P. Sacchi et par un moine de l'Ob-
servance, habile contrapuntiste, nommé le P. Jean
Dominique Catenaci. On sait que l'effet dont il
s'agit consiste dans le retard de plusieurs conson-
nances sur un mouvement ascendant de plusieurs
autres consonnances. Antoniolti est mort à Mi-
lan en 1776.
ANTONIUS (Jules), constructeur d'orgues,
ANTONIUS — APEL
i21
né vers le milieu du seizième siècle, a fait en 1585 !
un orgue de cinquante-cinq jeux poui l'église de
Sainte-Marie à Dantzick, dont Prœtorius donne la
disposition dans ses Si/«te^»t.it/«5., t. Il, p. 102.
AIMTOJVÏUS ( Je\n-Ephraim ), cantor et ma-
gister à Brème, né à Dessau, est auteur d'un
petit livre élémentaire intitulé : Principia inusi-
ces, Brème, 1743, in-8 , 4 feuilles et demie.
AiXTONY (François-Joseph), vicaire, di-
recteur du chœur de la cathédrale de Munster,
et professeur de musique au gymnase de la même
ville, y est né le l*^"" février 1790. Fils de Joseph
Antony, organiste de la cathédrale de Munster (1),
il apprit de son père les principes de la musi-
que, et fit d'ailleurs de bonnes études dans les
sciences et dans les langues anciennes et moder-
nes, qui lui ont été fort utiles pour les ouvrages
qu'il a entrepris et publiés. Antony était aussi
bon organiste. 11 a écrit beaucoup de musique
d'église, telle que des messes, cliorals, un supplé-
ment aux mélodies de Verspoell avec accompagne-
ment d'orgue, etc. On a aussi de lui des quatuors
pour le violon, des sonates de piano, les can-
tates Die Muse, de K. L. Nadermann , et Wer-
spannet den Bogen, du comte de Stolberg, avec
orchestre. Comme écrivain sur la musique,
Antony possédait un talent très-remarquable.
11 est auteur de plusieurs ouvrages qui méritent
d'être comptés parmi ce qu'on possède de meil-
leur en leur genre. Le premier a pour titre : Ar-
cheologisch-litiirgisches Lehrbtich des grego-
rianischen Klrchengesanges mit vorzûglicher
Rûcksicht auf die rœmischen, milnsterschen ,
und erzstift kcelnischen Kirchengesang-wei-
sen (Traité archéologique et liturgique du chant
grégorien, etc.), Munster, 1829, 1 vol. in-4''de
244 pages. Cet excellent ouvrage, rempli d'une
érudition rare , est divisé en deux parties : la
première est relative à l'histoire et à la théorie
du plain-chant; la seconde traite de la pratique.
Tous les objets importants du chant ecclésiastique
sont traités avec beaucoup de sagacité et de sa-
voir dans la première partie, qui contient vingt-
huit chapitres ; la seconde, qui n'en renferme que
quatre, est un traité succinct du plain-chant. J'i-
gnore si celte dernière partie n'est pas la môme
chose qui est indiquée dans le Panthéon der
Tonkûnstler de Fr. Rassmann (p. 8 ), sous le
litre de Hulfsbuchfûr den Gesangunterriclit .
Rassmann cite toujours d'ime manière incom-
plète et inexacte.
Le second ouvrage d' Antony est intitulé : Ges-
( i) Antony (Joseph ), violoncelliste et organiste distingué,
né le 12 Janvier I7i>e à Regensbruiinen , village du comté
de Rheineck, en Wcstphalle, mort à Munster, en isse, à
) âffe de quatre-vingts ans.
chichtliche Darstellung der Enlstehung und
VervoUkommnung der Orgel, nebst einigen
speciellen Nachrichten iibcr versckiedne Or-
gelwerke ( Exposition historique de l'origine et
du perfectionnement de l'orgue, suivie de quel-
ques notices spéciales de différents orgues cé-
lèbres), Munster, Coppenrath, 1832, in-S". Ce
livre est recommandable à cause de l'érudition
solide qui y règne : il me semble fort supérieur
à l'histoire de l'orgue publiée autrefois parSpon-
.sel. L'ouvrage est composé de douze chapitres
renfermés en 220 pages. Antony est mort à Muns-
ter, en 1837, un an après le décès de son père.
APEL ( Frédéric-Auguste-Ferdinand), doc-
teur en droit, à Leipsick, et membre du conseil de
la ville, naquit dans cette ville le 8 juillet 1768.
Il a publié quelques dissertations relatives à la
musique dans les journaux allemands; en voici
les titres : 1° Ton ïind Farbe Abhandlung
akustischen Inhalts (Dissertation acoustique
sur le son et la couleur), dans la Gazette musi-
cale de Leipsick, deuxième année, page 753-
7G9. — 2" Musik und Déclamation bei Gelegen-
heit der Preisuu/gabe des franzœsischen Na-
tionalinstituts, suite d'articles dans les ge, 10^,
11^, 12e, 13^ et l4e numéros de la quatrième an-
née du même journal. — 3° Veber musikalise/ie
Behandlung der Geister {Sur le traitement nni-
sical de l'esprit), dans le Mercure allemand
publié par Wieland, octobre 1800. C'est parer
reur que INI. Gustave Fallot a attribué ( Biogra-
phie universelle des frères Michaud) à Jean-
Auguste Apel , frère de Frédéric-Auguste-Ferdi-
nand , les articles de la Gazette musicale de
Leipsick et du Mercure allemand. Apel est mort
à Leipsick, en 1831.
APEL (Jean-Auguste), frère du précédent,
naquit à Leip!.ick,en 1771. Il (it ses éludes dans
cette ville et à Wittenberg. Destiné par ses parents
à la magistrature, il trompa leur espoir en se li-
vrant avec ardeur aux études philosophiques, à
la poésie et à la philologie. Ayant conçu un sys-
tème particulier concernant le rliythme poétique
et musical des Grecs, en opposition à celui de
Heriuann, il exposa ses idées sur ce sujet dans la
G«;e^<e mwsïcaZe de Leipsick (ann. 1807 et 1808).
Réfuté par le savant auteur des FAcmenta doctri-
ne metricse, il ne répondit pas par des écrits po-
lémiques, mais il essaya de di'montrer la certitude
de ses principes par la publication de sa Métri-
que, dont le premier volume parut à Leipsick en
1814, et le second en 1816; mais il mourut
d'une esquinancie, le 9 août 18t6, avant d'avoir
mis au jour ce second volume.
APEL (Théophile-Chrétien) , nom de l'édi-
teur du livre de mélodies chorales pour le Schles-
122
APEL — APOLLOINI
wick-Uolslein, intitulé : Volstândiges Choral-
Mvlodienbuch zu dem Schlesivick- Holsteinis-
clicn Gcsangbuch; Kiei, liesse (s. d.),gr, iii-8°.
APELL (Jea.n-Da.vid A. d';, conseiller privé
4\> prince de Hesse , membre de l'académie royale
de musique deStockliolm, de l'académie philhar-
monique de Bologne, et de la société des Arca-
des de Rome , sous le nom de Fileno Tinda-
ride, est né à Cassel en 1754. Un goût passionné
pour la musique lui fit étudier cet art dès son
enfance, seul et sans maître, et son assiduité le
conduisit en peu de temps à jouer des sonates
et des concertos sur le piano. Ce ne fut qu'à
l'âge de dix-huit ans qu'il prit des leçons de
Wcifel , nmsicien de la cour : il alla ensuite à
l'académie de Rinteln , et y apprit l'harmonie
sous la direction de l'organiste Miiller. Plus
ses idées se développaient, plus son désir d'é-
ludier la composition devenait vif. A .sou re-
toiu' à Cassel , il se confia aux soins de deux
bons musiciens de la cour, Rodevvald et Braunlc
jeune, qui lui firent faire des progrès dans la
science du contre-point, et il termina ses études
sous la direction d'un organiste habile de la cour,
nommé Ivcllner. Vers 1780, il commença à es-
sayer ses forces par quelques canzonettes de Mé-
tastase, qu'il mit en musique, et par des com-
positions instmmentales. Eu 1786 , il envoya
une cantate intitulée La Tempesla à l'acadé-
mie philharmonique de Bologne, et, sur l'examen
de cet ouvrage , il fut reçu membre de cette so-
ciété. L'académie de Stockholm lui envoya, en
1791, un diplôme d'académicien; et le pape, à
qui il avait fait présenter une messe de sa com-
position, lui écrivit une lettre flatteuse, en 1800,
et le nomma chevalier de l'Éperon d'or. On a de
lui les compositions imprimées et inédites dont les
titres suivent. Pour l'église : 1° Messe solennelle
dédiée au pape Pie VII, 1800. — 2" Le psaume
Laudate Dominum, à grand orchestre. — 3° Le
psaume Beati omnes. — 4° Un Amen, fugue à
deux voix — 5° Un Tantum crgo. — 6" Cantate
religieuse, 1795. — Pour le théâtre : T La Cle-
menza di Tito, opéra séria. — s" Tancrède, opéra
français. — 9° V amour peintre, opéra français.
— 10° Ascagne et Irène, drame allemand, repré-
senté à Cassel en 1797.-11° Prologue musical,
1797. — 12° Musique pour le drame de Hermann
d' Unna, 1801 .— 13" Chœur pour le Jugement de
Salomon. — 14° Anacréon, cantate. — 15° Plu-
sieurs chœurs à grand orchestre. — 10° Euthyme
et Lyris, ballet représenléà Cassel en 1782. — 17°
Renaud dans la forêt enchantée, ballet repré-
senté à Cassel en 1782. — 18" Vingt-quatre scènes
et airs pour différentes voix, avec grand or-
chestre. Plusieurs de ces morceaux ont été im-
primés à Londres , à Offenbach et à Spire. —
19° Six duos pour soprano et contralto, avec ac-
compagnement d'orchestre. — Pour la chambre -.
— 20° Trois cantates de Métastase, La Tempesta,
La Gelosia et La Scnsa, à grand orchestre. —
21° Le Songe, cantate pour un jour de fête. —
22° Cantate, AA no .'i'awg'ijs/o sp'Marrfo,*dédiéeàIa
reine de Prusse 23° Six canzonettes de Métas-
tase, imprimées en 1791. — 24° Tre Canzonet/e
con viola e basso. — 25° La Partenza, duettino a
duesoprani et basso continue. — 26° Recueil d'airs
italiens, français et allemands. — 27° // Trion/o
delta Musica, cantate à grand orchestre. — Musi-
que instrumentale : 28° Trois symphonies à grand
orchestre, 1783. — 29° Trois quatuors pour deux
violons, alto et basse, 1784. — 30° Douze nocturnes
pour instruments à vent. — 31° Six polonaises à
grand orchestre. — 32° Six marches pour la garde ;
Cassel, 1806. En 1824, M. d'Apell a annoncé
une continuation du Dictionnaire des Musiciens
de E. L. Gerber ; mais il a renoncé à cette en-
reprise.
Le seul écrit concernant la musique qu'il
ait publié a pour titre : Gallerie der vorzûg-
lichslen Tonkûnstler und merkwurdigcn Mu-
sik-Dilettanten in Cassel von Anfang des XVI
Jahrhunderls bis auf gegenwxrtige Zeiten
(Galerie des meilleurs musiciens et des amateurs
de musique les plus remarquables de Cassel, de-
puis le commencement du seizième siècle jus-
qu'au temps présent) ; Cassel, 1800, in-8°. D'A-
pell n'a pas mis son nom à cet ouvrage. Il a
cessé de vivre en 1833.
APELL. Voy. Appel.
APHRODISE (....), maitre de musi-
que du chapitre de Saint-Sernin de Toulouse,
a composé, en 1684 , la musique de l'ouverture
des Jeux Floraux.
APLIGKIY ( PiLEUh d'). Voy. Pileur.
APOLLIlMl (Salvator) , né à Venise, vers
les premières années du dix-huitième siècle, fut
d'abord barbier. Une organisation heureuse le
rendit compositeur sans avoir fait d'études mu-
sicales. Au moyen d'un violon, dont il jouait
médiocrement, il composa une quantité prodi-
gieuse de barcarolles , qui le rendirent célèbre
dans sa patrie. Ses succès l'enhardirent et le
jiortèrent à écrire trois opéras , qu'il fit repré-
senter à Venise ; ce sont : 1" Fama deW onore
e délia virtù; en 1727. — 2° Metamorfosi
amorosi; 1732. — 3° H Pastor fido , en 1739,
mauvaise pièce , qui n'a pas de rapports avec
l'ouvrage de Guarini.
APOLLOiXl (Le Chevalier Jean), composi-
teur dramatique, né à Arezzo vers 1650, est
connu par trois opéras intitulés : La Dori , ossia
lo Schiavo Regio, UArgia, et VAsliagc : ils eu-
rent beaucoup de succès dans laur nouveauté.
APOLLONI — APULÉE
123
APOLLONI (G.), compositeur napolitain de
l'époque actuelle s'est fait connaître par un opéra
qui a été bien accueilli en Italie sons le titre de
VEbreo. La partition réduite pour le piano a été
publiée àNaples. Le 9 mars 1856 il a (ait jouer
à Venise Pietro (TAlbano, avec un brillant suc-
cès. Les renseignements manquent sur cet ar-
tiste.
APPEL (...), violoniste, est connu comme
musicien de la chambre à la cour de Des-
sau , et directeur du chœur du théâtre de
cette ville depuis 1834. En 1840, il a fait re-
présenter au théâtre de la cour un opéra de sa
composition intitulé : Die Rxuberbraut ( La
Fiancée du brigand). Il a aussi publié quelques
recueils de chants pour voix d'hommes, à Des-
sau , chez Sporon.
APPEL (Charles), frère du |)récédent , est
violoncelliste de la cour de Dessau. Il a fait im-
primer un andante et des variations pour violon-
celle , avec orchestre ou quatuor, sur le thème
de Hininiel An Alexis, ainsi que des valses
pour le piano, et quelques autres bagatelles.
APPIANï (Joseph), surnommé Appianino
(le \)ei\i Appiani) , excellent contralto, né à Mi-
lan , le 29 avril 1712, fut élève de Porpora , et
débuta en 1731 dans VArminio de Hasse. Il
est mort à Bologne, le 2 juin 1741 (A''oy. VOes-
terreichisches biogrnphisches Lexikon de
M. Moriz Bermann » t. I, p. 210), à l'entrée
d'une carrière qui semblait devoir être bril-
lante.
APPOLOî^î (Jeian), compositeur de madri-
gaux, né à Arezzo, vers 1.576, a publié : Ma-
drigali a cinque voci ; Venise, 1607. Walther,
Gerber et les auteurs du Dictionnaire des Musi-
ciens (Paris, 1810) ont pris le mot j4re/J»o , qui
indique le lieu de la naissance d'Appoloni, pour
le nom de l'auteur.
APRILE (Joseph) , contraltiste habile, na-
quit en 1738, à Bisceglia, dans la Pouille. 11
fut instruit dans l'art du chant au conser-
Aatoire de La Pietà de'' Turchini. Cet ar-
tiste brilla dès ilQ'i comme primo musico sur
les théâtres principaux d'Italie et d'Allemagne,
tels que ceux de Stuttgard, Milan , Florence,
et enlin de Naples, où il se fixa. Le docteur
lîurney le vit dans cette ville en 1770 et lui
trouva la voix faible et inégale, mais une into-
nation sûre, un trille excellent , beaucoup de
goût et d'expression. Aprile était très-bon pro-
fesseur de chant : il fut un des maîtres de Ci-
marosa. Il vivait encore à Naples en 1792. Aprile
a écrit des canzonettes qui ont été publiées en
Allemagne et à Londres, et des solfèges qui
contiennent d'excellents exercices pour le chant.
Ces solfèges ont été imprimés à Londres , chez
Brodenp,à Paris, chezCarli,et les éditions
en ont été multipliées dans ces derniers temps.
Un autre clianteur, nommé Aprile { D. G. ),
né à Naples dans la seconde moitié du dix-liui-
tième siècle, fut un ténor distingué. Dans le car-
naval de 1809, il tenait l'emploi de premier
ténor au théâtre de la Pergola , à Florence. Tou-
tefois il était plus remarquable comme professeur
de chant que comme artiste dramatiqire. Il fut le
maître de Garcia , lorsque celui-ci alla en Italie
en 1811, et y refit son éducation vocale. Il n'est
pas impossible que les exercices de chant attri-
bués à l'ancien Aprile aient été composés par son
homonyme. Le style de ces exercices autorise
cette conjecture.
APTHORP (East), ecclésiastique anglais,
docteur en théologie et prébendier de l'église
Saint-Paul de Londres , a vécu dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. On a de lui : On sa-
cred poetrtjand Miisic, a discoiirse at Christ-
Chnrch, Cambridge, oh ^Aeor^an (Sur la poésie
sacrée et la musique, discours pour l'inau-
guration d'un orgue, prononcé à l'église du Christ,
à Cambridge ). Londres, 1764, in-4''.
APULÉE, philosophe platonicien, naquit au
deuxième siècle, vers la fin du régne d'Adrien, h
Madaure, ville d'Afrique. Il commença son édu-
cation à Cartilage, puis se rendit à Athènes,
où il fit une étude sérieuse de la langue grecque,
de la philosophie de Platon, des beaux-arts et
pariiculièrement de la musique. D'Athènes il alla
à Rome, où, comme il le dit lui-même, seul,
sans le secours d'aucun maître, il apprit la langue
latine avec beaucoup de peine. Il suivit quelque
temps le barreau, puis voyagea, revint à Rome,
et enfin retourna dans sa patrie, où il se maria et
vécut heureux. Les ouvrages authentiques d'A-
pulée que nous possédons sont : l" La fameuse
Métamorphose, connue sous le nom de l'Ane
d'or. — 2" Son Apologie. — 3° Quelques frag-
ments de harangues. — 4° Quelques livres de
philosophie : il est douteux qu'il soit l'auteur de
plusieurs autres qu'on lui attribue. Le plus grand
nombre de ceux qu'il avait composés sont perdus.
Parmi ceux-ci se trouvait un traité de musique
qui existait encore au temps de Cassiodore ; car
celui-ci le cite comme l'ayant lu (De art. ac dis-
cipl. libéral, litter. cap. v, ubi de musica,
p. 706). Dans les fragments de harangues appe-
lées Les Florides , Apulée traite de la qualité des
modes musicaux sous ces titres : Musici ioni
Asium variiim (Op. Omn. Francf., 1621, p. 342);
AeoUum siniplcx (MA.) ; Dorium beUicosmn
(ibid.,254); Lydiiim querulum {{bl ,2b'i, 342);
Probantur tuba rudore, lyra concenlu, tibia
124
APULEE — ARAJA
qnxstu, buccina significatu (357) (1). Deux
passages d'Apulée, le preîiiier au premier livre
des Florides, l'autre dans le traité àes Mondes ,
ont été cités souvent comme preuves de; l'usage
de riiarmonie dans la musique de l'antiquité
grecque et latine : ou leur a attribué un sens
<iu'ils n'ont pas. On peut voir à ce sujet ma dis-
sertation sur la question de l'existence de l'iiar-
nionie dans la musique îles anciens (Mémoires
de l'Académie royale des sciences , des lettres
et des beaux-arts de Belgique, t. XXXI).
AQUAPEi\DE]\ÏE. Voyez FAEnicio de
AOUAPENDENTE.
AQUAVIVA (André-Matthieu), duc d'Alry,
prince de Teramo, dans le royaume de Naples,
naquit en 1456, et mourut à Conversano, en 152S.
Admirateur passionné de Plutarque, il a consacré
nne partie de sa vie à l'étude de cet écrivain, et
a écrit deux ouvrages dans lesquels il soutient
que les fondements de toutes les sciences di-
vines et humaines sont contenus dans le traité
de la vertu du philosophe de Chéronée. L'un est
intitulé : Commentarius in Plutarchi de vir-
tute morali, lib. 1; Naples, 1526, in-fol. Les
chapitres 14-36 traitent spécialement de la mu-
sique ; l'autre a pour titre : Illustrium et exqui-
sitissimorum dlsputationum, Lib. lV,qmbus
omnes divinse sapientix, prxsertlm animi
moderatricis , musicœ atque astrologix ar-
cana, in Plutarchi Chxronei de virtute mo-
rali prxceptionibus recondita, e^c. ; Heleno-
poli, 1609, in-4''. Ce dernier est vraisemblable-
ment une réimpression. Matthesoa fait le plus
grand éloge de cet ouvrage dans la préface de son
Essai sur l'orgue (p. 40). On trouve le contenu
des 35 chapitres du livre dans la Littérature
musicale de Forkel , p. 70.
AQUILA (Marco del'), célèbre luthiste ita-
lien, dont le nom de famille est vraisemblable-
ment ignoré, paraît avoir pris celui de VAquila,
soit parce qu'il sérail né à Aquila, dans le royau-
me de Naples, ou, ce qui est plus probable,
à Aquileja ( Aquilée), en Illyrie, qui appartenait
alors aux Vénitiens. Quoi qu'il en soit, il vivait
dans les premières années du seizième siècle. On
trouve des pièces de luth de cet artiste dans un
recueil detoccates, fantaisies, saltarelles, pavanes,
ot autres compositions pour cet instrument, avec
celles de Francesco de Milan, Alberto de Milan ,
Jacques Albutio et autres maîtres, impriméà Milan,
par Jean Antoine Castilliano, en 1536, petit in-4"
oblong. Ces mêmes pièces ont été réimprimées
dans le recueil intitulé : Hortus musarum , in
(Dllrst nécessaire (le consulter la nisseitalion de Daniel
GulU. MoUcr sur Apulée. Altiioif, luui, 0°,
quo tanquam JloscuU quidam selectissimarwn
carminum collecti sunt ex optimis quibusque
auctoribus, etc. Lovanii, apud Phalesium bi-
bliopolam juratum , 1552, in-4°. Marco de l'A-
quila présenta, le 11 mars 1505, une requête au
conseil supérieur de Venise, afin d'obtenir un pri-
vilège pour l'impression de la musique en tabla-
ture de luth, par un procédé de son invention.
Ce privilège lui fut concédé; mais Octave Pe-
trucci n'en continua pas moins, à imprimer de la
musique en tablature de luth , soutenant que le
privilège qu'il avait obtenu précédemment com-
prenait la musique d'orgue et celle du luth en
tablature. (Foy. le livre de M. Ant. Schmid inti-
tulé: Oltaviano de'Pe^^Mcc^, etc., pages 12-14.)
AQUIi\ (D'). Voyez Daquin.
AQUiNUS, dominicain fixé en Suède, selon
Tritheme (De Scriptor. ccclesiast., p. 396 ), et
en Souabe, si l'on en croit J. Quetif et Jac. Echard
(in Script, ordin. prxdicat.). J'ai lu quelque
part que ce moine était né au bourg de Schwitz
en Suisse, et non pas en Souabe, comme le di-
sent Forkel et Geiber. Quoi qu'il en soit, il vi-
vait en 1494, époque où Tritheme écrivait, et il
a composé, d'après les principes de Boëce, un
traité De numerorum et sonorum proportio-
nïbus, lib. I. On ignore s'il a été imprimé.
ARACÎEL (Don Diego d'), musicien espa-
gnol, né en Estramadure, s'est livré dans sa
jeunesse à l'étude du violon et du piano sous la
direction d'un moine qui lui a aussi enseigné
l'harmonie et le contre-point. Depuis longtemps
M. d'Araciel s'est fixé en Italie, où il a publié les
ouvrages dont les titres suivent : 1° Due Quin-
tetti per serenata a due violini, due viole e vio-
Zoncei!/o; Milan, Ricordi. —2" Quarante-huitvalses
variées pour le violon ; iUd.— Z" Tre terzetti ad
uso di serenata per violino, viola e chitarra;
ibid. — 4° Sei ivalzer con coda per piano forte.
Milan, liertuzzi.
ARAGOIVA (D. PiETRo), Florentin. Berardi
et Brossard (Dict. de Mus., p. 369) citent une
Istoria armonica d'un auteur de ce nom : il est
vraisemblable qu'elle est restée manuscrite.
ARAJA (François), compositeur dramati-
que, né à Naples en 1700, débuta dans la car-
rière du théâtre par l'opéra de Bérénice, qui fut
représenté en 1730 dans un château appartenant au
grand-duc de Toscane, et situé près de Florence.
L'année suivante il lit représenter à Rome Amor
régnante, et Lucio Vero à Venise, en 1735.
Appelée Pétersbourg en 1735, il s'^y rendit avec
nne troupe de chanteurs italiens, et composa
pour la cour les opéras suivants : 1° Abiatare,ea
il il. — 20 Semira}nide,en i7is. — i° Scipione.
— 4« Arsace.— ■o''Scleuw, en 1744.— 0° Bellero- .
ARAJA — ARAUXO
lî?5
fonte,— T Alcssandro ne/le Indie, — 8° Ln Kus-
sia af/iitla e riconsolata; Moscou, 1742. C'« der-
nier ouvrage est cependant attribué à Domini<|ue
Dalloglio, violoniste et compositeur, par M. de
Slœlilm, qui avait écrit les paroles de l'ouvraj^e.
C'est donc par erreur qu'on Ta attribué à Araja,
qui d'ailleurs était en Italie, où il était allé clier-
clier des chanteurs. En 1755, il fit la musique de
Cëphale et Procris , le premier opéra russe qui
ait été écrit. Après la représentation de cette
pièce, l'impératrice fit présent au compositeur
d'une zibeline estimée 500 roubles d'argent
,2,000 francs). Le dernier opéra composé en
Russie par Araja fut nii drame russe pour le ma-
riage du prince impérial Pierre Fédérowitz. Après
avoir amassé de grandes richesses, il retourna en
Italie en 1759, et se fixa à Bologne, où il vécut
dans la retraite. Cependant il fut rappelé à Pé-
tersbourg, en 1761,poury écrire un nouvel o|)éra;
mais, après l'assassinat de Pierre III, il retourna
précipitamment dans sa patrie, et y finit ses jours
vers 1770. Les derniers ouvrages d'Araja sont un
oratorio intitulé : La Natività di Gesà, composé
Dour l'église des Oratoriens de Bologne, et le
drame lyrique qui a pour titre Ln Cimolea.
ARAILZA (RoTO^Di d'). Voy. Botondi.
ARALDi (Michel), membre de la classe de
physique et de mathématiques de l'institut na-
tional italien , établi par Napoléon I. Araldi était
né à Bologne vers 1779. Il a donné, dans la pre-
mière partie du deuxième volume de cet institut,
une analyse de la théorie du son de Laplace et de
Biot, sous le titre de Esame di un articolo
delta teoria del siiono, presentato ai 15 di
gennnlo 1808.
ARANAY (...), prêtre et compositeur espa-
gnol, l'ut maître de chapelle à Cuença, dans la se-
conde moitiédu dix-huitième siècle. Il mourut vers
1780. On a de cet artiste en manuscrit de très- belle
musique d'église écrite en général à huit parties
réelles en deux climurs. M. Geoffroy, colonel en
retraite de l'armée française, qui a fait la guerre
eu Kspagne depuis 1809 jusqu'en 1814 , puis
en 1823, a mis en partition une messe de cet ar-
tiste, que Cherubini trouvait admirable de style
et de science.
ARANAZ (D. Peduo), prêtre et composi-
teur espagnol, né à Soria, dans la Vieille-Castille,
obtint, dans les dernières années du dix-huitième
siècle, la place de maître de chapelle de la ca-
thédrale de Cuença, et mourut dans cette posi-
tion, à un âge avancé, vers 1825. Au riTérite de
compositeur habile il unissait une grande ins-
truction littéraire. Sa musique d'église se con-
serve à Cuença, à l'Escurial, et dans plusieurs
autres églises d'Espagne. M. Eslava {voij. ce
nom) a inséré dans sa Lira sacra Hispana (53"
livraison) un offertoire à cinq voix sans accom- .
pagnement, et un Laudnte Dominum, à six voix
en deux chœurs, avec violons, cors et orgue, de
la composition de ce maître. Aranaz est aussi
auteur d'un Traité de contre-point et décomposi-
tion dont il y a des copies manuscrites, et qui est
estimé en Espagne.
ARAIXDA ( Dell' Sessa d' ) , moine italien ,
qui vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle, est cité avec éloge par Praîtorius ( Sijn-
tag. Mus., t. IIl , p. 243), comme compositeur
de madrigaux. Il a pubfié : Madrigali aqualtro
voci, chez les fils d'Antonio Gardano, Venise ,
libro 1", 1571, iu-4°, oblong. C'est probablement
le même recueil qui a été réimprimé à Helm-
stadt, en 1C19, in-folio , avec un madrigal de
Thomas Weelkes , musicien anglais.
ARAl\DA(MATnEODE) , musicien espagnol,
que le Catalogue de la bibliothèque du roi de
l'orlugal , Jean IV , indique comme auteur des
deux ouvrages suivants : 1° Tractado de Canto
llano ; 2° Tractado de Canto mensurabile y
contrapuncto ; mais il ne fait pas connaître s'ils
sont imprimés ou manuscrits.
ARANIEZ (Jean), compositeur espagnol,
fit ses études musicales à Alcala de Hénarès, puis
alla les achever à Rome, où il a publié Primo e
seconda libro de tonos y Villancicos a uno,dos,
très, et cautrovoces, 1624, in-4''.
ARASCIOIVE (...) compositeur piémon-
tais , né à Novarre , vécut à Rome dans les der-
nières années du seizième siècle. 11 s'est fait con-
naître par des Laudi délia Beata Maria Ver-
gine a quattro voci. Rome, 1600, in-4''.
ARAUCO (Raphaël), violoniste milanais qui
vécut dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, a fait imprimer, sous le voile de l'anonyme,
un petitécrit intitulé :/?i/Zessio«j d'unprofessore
di violino sopra un discnrso morale e pôUlico
intorno il teatro. Sans nom de lieu et sans date.
Le P. Zanoni, capucin, a fait réimprimer celte
pièce polémique , avec des notes et deux lettres
relatives au même sujet, à Lugano, chez Agnelli,
1783, in-4''. (Voy. Dizion. di opère anonime a
pseudonime di Scritt.italiani,i. II. p. 437.)
ARAUXO ou ARAUJO (François de
Correa d'), dominicain espagnol , issu d'une fa-
mille noble et ancienne, fut d'abord organiste de
l'église collégiale de Saint-Salvador, à Séville, et
recteur de la confrérie des prêtres de cette paroisse,
puis professeur à Salamanque, et en dernier lieu
évêque de Ségovie. Il mourut le 13 janvier 1663.
Antonio pense qu'il était Portugais; mais d'autres
écrivains assurent qu'il naquit en Espagne,
M. Eslava dit que le nom de Correa est espagnol
12G
ARA.UXO — ARBUTHNOT
<'t AraujO on Arauxo, portugais. Ucioil que ces
(îeux noms réunis indiquent que ce musicien était
iroriginc portugaise par sa mère. Antonio cite
un traité de musique de cet auteur (in Bi-
blioth. Nisp. Append., t. Il, p. 322), >^o"s ce
titre : Musica pràtica y theôrica de organo ,
Alcala de Henarez, in-fol. Machado (in lii-
blioth. Lusit., t. II. p. 130) lui attribue aussi un
ouvrage intitulé : Facultad orgànica , Alcala,
1026, in-fol. Forkel et Gerber ont cru que ces
deux titres indiquaient deux livres différents,
mais je trouve dans le catalogue de la biblio-
thèque du roi de Portugal les deux titres cités
par Antonio et Macbado réunis en un seul , indi-
quant conséquemment un seul ouvrage qui est
intitulé : Tienlos y discursos de mùsica pràtica
y theôrica intitulado Facultad orgànica (Pièces
et discours de musique pratique et tliéoriqiie in-
titulés Faculté organique). M. Hilarion Eslava
{vay. ce nom) , maître de cliapelle de la reine
<]'Espagne D. Isabelle It, qui a trouvé dans la
bibliothèque nationale de Madrid un exemplaire
de cet ouvrage, et en donne l'analyse dans l'inté-
ressante préface de son Miisco orgànico espanol
( Madrid, 1853, in-fol. ), rapporte différemment
te titre de l'ouvrage de Correa y Araujo, qui
est simplement : Tienlos y discursos mûsicos, y
Facultad orgànica. On doit s'en rapporter à
ce savant consciencieux. Les pièces d'orgue con-
tenues dans ce recueil, dit M. Eslava, sont au
nombre de soixante-dix. A la fin de l'ouvrage,
Araujo se vante d'y avoir mis des choses nou-
velles qui n'ont jamais été entendues. Hien (jue
plusieurs de ces choses soient extravagantes,
ajoute le môme critique, on ne peut mettre on
doute que l'auteur n'ait été artiste de génie et or-
ganiste d'un véritable mérite. Arauxo est auteur
d'un autre traité de musique qui porte ce titre :
Casos morales de la mûsica. Il se trouve à la
bibliothèque royale de Lisbonne , ainsi que quel-
()ues poi^sies du môme auteur.
AîlBEAU (TnoiNOT ) , nom sous lequel a été
publié un livre singulier intitulé : Orchésogra-
phic, et Traicté en forme de dialogue, par
lequel toutes personnes peuvent facilement
apprendre et pratiquer Vhonneste exercice des
f/«H.?es, Langres, Jean de Preys, 1589, in-4"
(le 104 feuillets. 11 y a des exemplaires de cet
ouvrage sans date; il y en a d'autres aussi qui ne
sont pas d'une seconde édition , mais dont on a
cliangé le frontispice; ceux-ci ont pour titre :
Orchésographie, méthode et théorie en forme
de discours et de tablature pour apprendre à
danser, battre le tambour, en toute sorte et
diversité de batteries, joxier du fifre et arrigot,
tirer des armes et escrimer, avec autres hon-
nêtes exercices- fort convenables à la jeu-
nesse, etc. Langres, 1596, in-4°. Thoinot Arbcau
est un pseudonyme; le véritable auteur de l'Or-
chésographie est Jean Tabourot, officiai de Lan-
gres, \ers la fin du seizième siècle. On trouve
dans son recueil beaucoup d'airs originaux fian-
çais, et l'on y voit que la plupart de ces airs,
après avoir servi pour la danse , ont été conver-
tis en chansons, dont Tabourot donne les pa-
roles.
ARBLAY (M"« Françoise d'), fille du doc-
teur Burney,auteurd'une Histoire générale de la
musique etde plusieurs autres ouvrages relatifs à
cet art (tJO(/. Buunev), naquità Londres, en 1757.
Son édiicalion fut soignée, et de bonne heure elle
montra un goût passionné pour la littérature, dans
laquelle elle s'est fait un nom honorable. Son pre-
mier roman, Evelina, ou V Entrée d'une jeune
personne dans le monde, parut en 1777, et fut
suivi de plusieurs autres ouvrages du même genre,
qui ont obtenu de brillants succès. Miss Burncy
étaitûgéede vingt-deux ans lorsque la reine d'An-
gleterre lui lit offrir une place à la cour, qui fut
acceptée; mais, après quelques années, sa sauté
s'étant dérangée, elle dut renoncer aux avanta-
ges de cette po.«ition et se retirer près de son
père. En 1793 elle épousa le marquis d'Arblay,
émigré français, et en 1802 elle suivit son mari
à Paris, où elledemeurajusqu'en 1812. Burneyétait
alors fort ûgé; il sentait approcher sa (inetdésirait
revoir sa lille près de lui ; M'"^ d'Arblay se rendit à
ses désirs, et retourna à Londres, oii elle se fi\a.
Elle y est morte vers 1842, dans im âge avancé.
En 1832 cette dame a publié des Mémoires sur la
vie et les ouvrages de sou père, sous ce titre :
Memoirs ofDr. Burney; Londres, 3 vol. in-8".
Cet ouvrage, jdein d'intérêt par son sujet, est
écrit d'un style élégant. On en trouve des extraits
dans le journal anglais de musique The Harmo-
nicon ( 1832), et une analyse succincte en a été
faite dans le 13^ volume de la Revue musicale,
p, 9. On ne peut reprocher à ce livre qu'une abon-
dance de détails étrangers au sujet.
AUCUTH\'OT (Le docteur Jean), méde-
cin qui eut quelque célébrité sous le règne de la
reine Anne, était tils d'un membre du clergé
d'Ecosse, allié de fort près à la noble famille de
ce nom. Il (it ses études à l'université d'Aber-
deen, et y prit ses degrés de docteur en médecine.
Ayant été nommé médecin ordinaire de la icine
Anne en 1709, il fut bientôt après reçu meud)re
du Collège de médecine , et admis à la Société
royale de Londres. Vers la tin de sa vie, il se re-
tira àllanqistead, et y mourut le 27 février 1735.
On a publié divers opuscules du docteur Arbuthnot
sous ce litre : Miscellaneons W'orlis, Glascow,
ARBUTflNOT — ARCADELT
127
ITir, 2 volumes in-S". Outre ses talents tomme
médecin , ce docteur possédait des connaissances
assez étendues en musique, et l'on a de lui di-
verses antiennes insérées dans un recueil publié
par le docteur Croft en 1712. Ami sincère de
Htcndel et son partisan le plus chaud , il écrivit
plusieurs pamphlets où il prenait vivement la
défense de ce grand compositeur, dans les que-
relles qu'il eut à soutenir pour ses entreprises de
théâtre : ces pièces ont été insérées dans le pre-
mier volume de ses Miscellanées. La première
est intitulée : Le Diable est déchaîné à Saint-
James, ou Relation détaillée et véritable d'un
combat terrible et sanglant entre madame
Faustina et madame Ciizzoni, ainsi que dhtn
combat opiniâtre entre M. Broschi et M. Pal-
merini, et enfin de quelle manière Senesino
s'est enrhumé, a quitté l'Opéra et chante dans
la chapelle de Hcnley. Peu de temps après, il
écrivit un second manifeste à l'occasion des dis-
tantes de Haendel avec Senesino , sous ce titre :
V Harmonie en révolte, épître à Georges-Fré-
déric Basndel, par Hurlothrumbo Johnson
Esq.
ARCADELT (Jacques), dont le nom est
quelquefois orthographié Arc/^arfe/, Arkadelt,
Harcadelt, ou Arcadet, naquit dans les Pays-
Bas vers les dernières années du quinzième siècle,
ou au commencement du seizième. VValther {in
Musikalisches Lexikon) dit qu'il fut élève de
Josquin Després : cela n'est pas vraisemblable ,
car il ne paraît pas que Josquin dirigeât une
école de musique à l'époque où Arcadeit aurait
pu recevoir de ses leçons. Ce qui a pu donner
lieu à cette supposition , c'est que plusieurs au-
teurs ont désigné , on ne sait pourquoi, ce mu-
sicien sous le nom A' Arcadet Gombert, ce qui
l'a fait confondre avec Nicolas Gombert , vérita-
blement élève de Josquin. Quoi qu'il en soit, Ar-
cadeit fut un des plus savants musiciens de son
temps. Vers 1536, il se rendit en Italie, et se
fixa à Rome , où il devint maître des enfants de
cliœur de Saint-Pierre du Vatican /mais il n'oc-
cupa ce poste que depuis le mois de janvier
1539 jusqu'à la lin du mois de novembre de la
même année. Le 30 décembre 1540 il fut agrégé
au collège des chapelains chantres pontificaux ;
en 1544, il parvint au grade d'abbé camerlingue
de la même chapelle, dignité qu'il c-onservait en-
core en 1549, comme on le voit par les jour-
naux manuscrits de la chapelle pontificale. Une
lacune qui existe dans ces journaux pendant les
années 1550, 1551 et 1552, ne permet pas de
donner avec précision la date de l'époque où il
quitta la chapelle pour entrer au service du car-
dinal Charles de Lorraine , duc de Guise. On
peut croire toutefois qu'il ne s attacha au cardinal
que lorsque celui-ci fut envoyé h Rome par la
cour de France , en 1555 , pour engager le pape
Paul IV à entrer dans une alliance contre l'Au-
triche. Lanouvellesituationd'ArcadeHleeonduisit
à Paris, où il termina vraisemblablement ses jours.
Les compositions de cet auteur sont les suivantes :
1° Trois livres de messes à trois, quatre , cinq
et sept voix; Paris, Adrien Le Roy, 1557. Un
livre de trois messes, à quatre et cinq voix, a
été réimprimé à Paris en 1583, in-4o ; la pre-
mière édition de ce recueil a pour titre: Missx
très Jacobo Arcadet Rcgio inusico, -tt il-
lustr. Cardinalis à Lotharingia sacello prx-
feclo auctore, nunc primum in lucem editx,
cum quatuor et quinque vocibus, ad imitatio-
nem modulorum : Noe, Noe, à quatre ; Ave Jic-
gina cœlorum, à cinq ; Missa vulgaris Bealx
Virgtnis, à quatre. Après ces messes, on en trouve
une de Jean Mouton, et uneautre d'André de Sil va;
Paris, Adrien Le Roy et Robert Ballard, 1557,
in-fol. — 2° Il primo libro de' madrlgali a più
voci; Venise, 1538. Il paraît que cette premièrn
édition fut enlevé* si promptement qu'il était
déjà nécessaire d'en faire une deuxième en 1539;
car on connaît des exemplaires qui ont pour ti-
tre : Il primo libro de' madrigali d'Archadelt
a quattro, con nuova gionta impressi. A
la lin du livre, on lit : In Venetia, nella
stampa d'Antonio Gardano , neW anno del
Signore M. D. XXXIX nel mese di mazo
(sic), con privilcgio che nessun posso ristam-
pare. Le recueil contient 53 madrigaux. Il y a
des éditions de ce premier livre , publiées dans
la même ville en 1541, 1545, 1550,1551, 1552,
155C, 15G0, 1508, 1581, 1C03, 1C06 et 1617,
toutes in^". On en a une datée de Rome , 1542.
Il y en a enfin une édition de Venise , Vinc. Bian-
chi, 1 540. — 3° Il seconda libro de' madrigali a
quattro f ocf, etc.; Venise, Antoine Gardane, 1 539 .
La deuxième éditiona été publiée chez Ant. Gar-
dane, en 1500. Il doit y avoir d'autres éditions de
ce second livre. — 4" Il terzo libro de' madrigali
etdialtrieccellentissimiauthori.Con la gionta
di alciini madrigali a voce mutata bcUlssimi a.
quattro voci (sans nom de lieu ni d'imprimeur,
et sans date). Il y a des exemplaires de cette
édition qui ont un autre frontispice intitulé :
Il terzo libro de' madrigali lïovlssimi d'Ar-
chadelt, a quattro voci, insieme con alcuni da
Constantio Festaed altrl bellissimia vocimu-
date (sic); Venetiis, apud Hieronymiim Scotiim,
1539, in-4". Ce livre contient 48 madrigaux. Une
deuxième édition de ce livre a été publiée à Ve-
nise, chez Ant. Gardane, en 155G, in^» obi.
— 5° // quarto libro de' madrigali d'Archadelt
!'28
ARCADELT
a qiialtro voci, compostiultimamenle, insieme
con alcuni madrigali da altri aiitori , con
ogni diligenza stampate et corvette. A la (in tlii
livre on lit : In Venetia, nclla stampa W An-
tonio Gardano , 1539, in-4°. Ce livre coulient
39 pièces. — Q" llqiiintolibrode' madrigatid' Ar-
chadelt à cinque voci; ihid., 1556,iii-4° obi. —
7° Il primo libro de' madrigali d'Archadclt a Ire
voci , con la gionta di dodici Canzoni francesi
etsei Moletti; Venezia, appresso di Francesco
Gardano, 1559, in-4 obi. Pitoni, dans ses notices
manuscrites sur les contrapuntistes, fait l'éloge
dtt style d'Arcadelt dans le genre raadrisalesque ,
011 il paraît avoir été fort iiabile. — 8° Vexcel-
lencc des chansons musicales, Lyon, 1572. La
deuxième édition de cet œuvre a |)aru dans la
môme ville, sous ce titre : Excellence des chan-
sons musicales , tant propre à la voix qu'aux
instruments. Recueillies et revues par Claude
Goudimel, natif de Besançon; Lyon, par Jean
de Tournes, 158G, in-4 obi. Forkel (Allgetn.
Lilter. der Musik , p. 1 30 ) et Liclitentlial ( Bio-
grafia dimusica, t. 111 , p. 170) ont rangé cet
ouvrage panai les livres llicoriqnes , quoique ce
ne soit qu'un recueil de chansons.
Les recueils de madrigaux et de motets de di-
vers auteurs, qui renferment des pièces d'Arcadelt
ont pour titres : 1° Madrigali a quattro voci di
Messer Claudio Veggio, con la gionta di sei
altri di Archadelt délia misura brève; Ve-
netiis, apud Hieronynum Scotum , 1540, in-4°.
— 2°Adriani Wigliar (Willaert), Cypriani de
liore , Archadelt et Johannis Gero, cantiones
trium vocum, aliaque madrigalia trisona di-
versorum auclorum ; Venetiis, ibid., 1565, in-4".
— 3° Motetli de la Simia excusum Ferrarix,
cxpensiset laborc Johannis de Bulgat, Hen-
rici de Campis , et Anthonii Hucher sociorum ,
Mensefebruarii, anno Domini 1539, petit in-4o
obi . — 4° Selectissimse nec non familiarissimx
cantiones uUracenlum. Varioidiomate vocum,
tam multiplicium quani etiam paucarum. Fu-
gœ guoque utvocantur, a sex usque ad dnas
voces : singulx tum arlijiciose , ium etiam
mire jucunditatis ; Augsbourg, Melcbior Kries-
tein, 1540, in-4°. Ce recueil a eu pour éditeur
Sigismond Salblinger. — 5° Selectissimarum
moltctarum parlim quinque partim quatuor
vocum, 1). Giorgio Forstero selectore. Imprime-
bat Johannes Petreius ;'Sonmhe.r^fË, anno 1540,
in-4°. — C A'/c livre contenant XX VII chansons
nouvelles , à quatre parties en un volume et en
deux Imprimées par Pierre Attaingnant et Hu-
bert Jollet à Paris, 1542, petit iu-4o obi. —
7"X1F livre contenant AA'A'c/tan5o«5?joi/t)e//c5
à quatre par lies, oXc. ; ibid., l543,petitin-4"obl.
— s"Piissimx ac sacratissimx Lamenlntiones
Jeremix pi-ophetx , miper a variis auctnriôus
compositx, pluribus vocibusdistinctx : cl nunc
primum in lucem editx ; Parisiis, Adr. Le P»oy
et Rob. Callard (sans date), in-4". La troi-
sième et la huitième Lamentation de ce recueil
sont composées par Arcadelt. — [)". Tertius li-
ber ( Motectorum ) cum quatuor vocibus. Im-
pressum Lugduniper Jacob am Modernum de
Pinguento anno Domini 1539, in-4o obi. —
10° Tirtius liber Motet torum ad quinque et sex
voces. Opéra et solertia Jacobi Moderni alias
dicti Grand Jaques : in vnum coaclorum et
Lîigduni prope phanum divx Viryinis de Con-
fort, ab eodem impressorum , 1538, in-4" —
11" Quartus liber etc., ibid., 1539, in-4".
— 12° Canticum Beatx Marix Virginis, quod
Magnificat inscribitur ; veto modis diversis
auctoribus compositum : nunc primum in lu-
cem editum. Lutetix apud Adrianum Le
Roy et Robertum Ballard , 1557, in fol. —
13" Dix ème livre de chansons à quatre parties
composées par plusieurs authears; Paris , Ni-
colas Duchcmin, 1552, in-4'' obi. 11 y a onze chan-
sons d'Arcadelt dans ce recueil. — 14° Second
livre de cliansons nouvellenœnt mises en mu-
sique par bons et sçavants musiciens, imprimées
en quatre volumes, à Paris , de Vimprimerie
d' Adrian Le Roy et Robert Ballard, imprimeurs
du Roy. Rue Saint-Jean de Beauvais, à l'en-
seigne Sainte- Geneviève, 1-554, in-4°. Il n'y a
qu'une seule chanson d'Arcadelt dans ce recueil
( Les yeux qui me sçurent prendre); mais elle
est remarquable par la grâce, pour le temps où elle
fut écrite. — 15° Tiers livre de chanson s, aie,
ibid. , 1554, in-4" obi. 11 y a 18 chansons d'Ar-
cadelt dans ce recueil. Adrien Le Roy et Ro-
bert Ballard ont donné une deuxième édition
du mCme livre en 1561 , dans laquelle l'ordre des
chansons a été changé. — 10° Quart livre de
chansons, etc., ibid., 1553, in-4" (contenant qua-
tre chansons d'Arcadelt). Une autre édition de
c« livre a été publiée par les mêmes, en 1561. —
17° Sixième livre de chansons, etc., ibid., 1556,
in-4'' (contenant quatre pièces d'Arcadelt). —
18° Septième livre de chansons, etc., ibid., 1557.
— 19° Huitième livre de chansons, etc., ibid.,
1557 (contenant cinq chansons d'Arcadelt). — "^0"
Premier recueil des recueils, composé à quatre
partiesde plusieurs autheurs excellents, ibid.,
1567, in-4".— 21° Second livre du recueil des
recueils, clc.,\b'n\., 1508. Il y a une première édi-
tion de ce livre publiée par les mêmes en 1564.
— 22" Dans le recueil de pièces pour deux luths,
publié à Anvers, chez. Pierre Phalèse , en 15C8 ,
in-4" , sous ce titre : Lueulentum theatrum
ARCADELT — ARCHYTAS
120
musicum: on trouve des pièces d'Arcadelt ar-
rangées pour cet instrument.
ARCHANGELO, compositeur de musique
d'église au seizième siècle, né à Lonato, vécut à
Brixen , dans le couvent de Saint-Euphera , de
Tordre de Mont-Cassin. Possevin {Apparat.
Sac, 1. 1, p. 114) cite un de ses ouvrages sous
ce titre : Saci'ss cantiones; ce sont des motets
pour le jour de Noël et la semaine sainte ; Venise,
1585.
ARCHESTRATE, musicien grec. On ignore
le lieu de sa naissance et le temps où il a vécu;
mais on sait qu'il avait écrit un Traité sur les
joueurs de jlt'ite (Athénée, iiv. xiv, c 9) , qui
n'est pas venu jusqu'à nous. Je ne sais où La
Borde (qui cite Athénée), a pris qu'Archestrate
était né à Syracuse et fut disciple de Terpion :
il n'y a pas un mot de cela dans Athénée.
ARCHl AS , fameux joueur de trompette , né
à Hybla, en Sicile, fut couronné aux jeux Olym-
piques , dans les Olympiades 97,98 et 99. Pol-
'lux nous a conservé une épigramnie d'Archias,
dans laquelle il dédie une statue à Apollon , en
reconnaissance de ce qu'il avait joué de la trom-
pette pendant trois jours aux jeux Olympiques
sans se rompre aucun vaisseau , quoiqu'il sonnât
de toute sa force.
ARCÏÎIER ou ARCHER (Jean L'), eon-
trapuntiste du seizième siècle, était né à Dou-
lens, dans la Picardie, ainsi que le prouve une
Ordonnance pour le reiglement de Vhostel de
Monseigneur le duc de Bourgoigne, laquelle se
trouve dans les archives du duché de Bourgogne
qui ont été séparées de celles du duché de Bra-
bant et transportées à Lille. Cette pièce se trouve
au troisième volume des règlements de l'hôtel
des ducs. On y voit que rArchier fut au service
du duc de Bourgogne ; mais l'ordonnance ne porte
point de date précise.
Un compte de dépenses relatives aux funérailles
«le François I*"", roi de France, en 1548, publié
dans la Revuemusicale{\.%'à'l,n°Z\,'î.k'i), prouve
que maître Jean l'Archier ou Larcher était alors
chantre de la chapelle et de la chambre. Il est
vraisemblable que les avantages accordés alors
aux nmsiciens de la cour de France l'avaient dé-
terminé à quitter la musique du duc de Bour-
gogne ; mais on n'a point encore découvert de
document qui indique l'époque précise de ce
changetnent de position. Le nom de l'Archer ne
se trouve pas parmi les musiciens de la chapelle
de François 1'"^, dans les comptes de 1532 et de
1533.
11 ne faut pas confondre Jean l'Archer ou l'Ar-
chier avec un autre musicien nommé Pierre
Archer, qui ligure dans un compte de la cha-
BIOGR. UMV. DES MUSICIENS. - T. I.
pelle de François T"", pour l'année 1532, tire d'un
manuscrit du seizième siècle, appartenant à la
Bibliothèque impériale de Paris, et qui a ét^ pu-
blié parCaslil-Blaze, dans son livre intitulé : Cha-
pelle musique des Rois de France. On voit
par ce compte que les appointements de ce
chantre de la chapelle étaient de 300 livres tour-
nois, et qu'il avait eu celte année une gratitica-
lion de 75 livres, en tout 375 livres tournois on
environ 1487 fr. 50 c. de notre monnaie ('), somme
considérable pour cette époque. On trouve des
spécimens du savoir de l'Archier dans les Socr.
Cant. quinque vocum, publiés à Anvers par
Tilman Susato, en 1546 et 1547.
ARCHÎLOQUE, poète et musicien grec, né
à Paros , l'une des Cyclades , paraît avoir vécu
entre la quinzième et la trente-septième olym-
piade. Il était fils de Télésicleet d'une esclavenom-
méQ Enipo. Doué de talents extraordinaires, la
bonté de son cœur n'égalait pas malheureusement
la beauté de son esprit, et lui-môme a pris soin de
nous instruire de plusieurs circonstances de sa vie
qui font peu d'honneur à son caractère et à ses
mœurs. Sa plume était redoutable à ses ennemis
et même à ses amis, qu'il déchirait par amuse-
ment : tant de licence détermina les Lacédémo-
nieus à lui interdire l'entrée de leur pays et à
défendre la lecture desesouvrages. Il fut tué dans
un combat, on ne sait à quelle occasion, par un
cerfainCallondas, surnommé Corax, qui ne com-
mît ce meurtre que pour conserver sa vie. Les in-
ventions que Plularque {De Musica) attribue à
Arcliiloque sont : 1° le rhythme des trimètres;
T le Passage d'un rhythme dans un antre
d'un genre différent; 3" la Paracataloge (dé-
sordre dans l'arrangement «les sons et dans le
rhytlime) ; 4° la manière d'adapter à tout cela
le jeu des instruments à cordes; 5" les épo-
des ; 6" les tétramètres ; 7° le rhythme pro-
critique; 8° le prosodiaque ; 9° l'élégie', lo"
l'extension de l'ïambique jusqu'au péan épi-
baie ; 1 1" celle de l'héroïque jiisqu'au proso-
diaque et au crétique; 12° Cexécution musi-
cale des vers ïambiques, dont les uns ne font
que se prononcer pendant le jeu des instru
ments et dont les autres se chantent.
ARCIî\TAS, philosophe pythagoricien, na-
quit à Tarente, dans la Grande-Grèce (aujourd'hui
le royaume de Naples), et fut le contemporain de
Platon, avec (jui il se trouva à la cour de Denys,
tyran de Syracuse. Ce fut lui qui sauva la vie à
ce philosophe, que Denys voulait faire mourir,
par une lettre qu'il écrivit à ce prince. Porphyre
(«) Ta r une ordonnance du s mars ib32, sur les mon-
naies, la valeur de la livre tournois avait été fixée ù
1 fr. 70 0.
9
139
ARCHYTAS — ARENA
et Tliéon de Smyrtie disent qu'il a écrit un
traité sur les iiarmoniqiies et un autre sur les
flûtes : ces deux ouvrages sont perdus.
ARCIERO (Aluise, ou Lodis), organiste de
premier orgue de l'église Saint-Marc, de Venise,
était né dans cette ville vers la seconde moitié du
quinzième siècle , car la forme de son prénom
n'était en usage que dans le dialecte vénitien.
Arciero succéda dans sa place à Baptiste Barto-
lamio, le 21 février 1518, et l'occupa jusqu'à la
fin d'octobre 1530. On ne connaît jusqu'à ce mo-
ment aucune composition sous le nom d'Ar-
ciero.
ARCOJVATI ( Le Père), né à Sarzano, vers
1610, entra fort jeune dans l'ordre des cordeliers
appelés Mineurs conventuels. Après avoir fait
de bonnes études musicales, il écrivit pour l'église
une grande quantité de messes, de vêpres, et
«i'autres morceaux de musique qui se trouvent en
manuscrit dans la bibliothèque du couvent de
Saint-François, à Bologne. Nommé maître de
chapelle de ce couvent en 1653, il succéda dans
cette place au P. GuidoMontalbani ; mais il ne la
garda que peu d'années, car il mourut en 1657 :
son successeur (ut le P. François Passerini.
ARDALE, joueur de flûte, était fils de Vnl-
cain, selon Pausanias, et naquit à Trézène, ville
de Péloponèse. Plutarque {De Musica) dit qu'il
réduisit en art la musique pour les flûtes. Pline
(lib. vi[, c, 56) attribue à un Trézénien, qu'il
nomme Dardanus, la manière d'accompagner le
chant par les flûtes [Cum tibiis canere voce
Trsezenius Dardanus vistituït): ce passage
semble se rapporter à Ardale ; c'est pourquoi Mé-
ziriac et le Père Ilardouin ont remarqué qu'il fal-
lait substituer j4rc?a/MS à Dardanus, dont aucun
autre écrivain de l'antiquité ne parle. Il y a dans
le Banquet des Sept Sages de Plutarque un Ardale
de Trézène, joueur de flûte et prêtre des Muses;
mais il ne faut pas le confondre avec celui-ci, qui
est beaucoup plus ancien.
ARDANAZ (Pedro), prêtre et compositeur
espagnol, fut maître de chapelle de l'église pri-
raatiale de Tolède, depuis le 16 juin 1674, et con-
serva cette position jusqu'au 11 décembre 1706,
où il mourut. Quelques messes et motets de sa
composition se conservent dans les archives de
lYgiise de Tolède et à l'Escurial,
ARDEMANIO (Jules- CÉSAR ), compo-
sileiu- milanais, maître de chapelle et organiste
del'égliseSainle-Marie délia ScalaeldeSania-
Fedele, à Milan, mourut dans celte ville en
1650. On a de lui des Motets imprimés à Milan
en 1616, des Faux- Bourdons, publiés eu 1618,
et l'ouvrage intitulé : Musica a più voci con
basso per Vorgano, concertata in occasione
d' xina pastorale alLudente alla vemita di
S. far/o. 31ilano, 1C2S, in-4".
ARDITI (Le marquis Micuele), savant ar-
chéologue et amateur de musique, naquit le 2!)
septembre 1745, à Presicca, dans la terre d'O-
trante, au royaume de Naples. Après avoir fait de
brillantes études au séminaire de Lecce, puis à
l'université de Naples, il se livra avec succès à la
profession d'avocat, et se fit connaître par de bons
ouvrages sur des sujets d'archéologie qui le firent
entrer dans l'ac^adémie d'Herculauum, dans la So-
ciété des sciences, lettres et beaux-arts, et dans
plusieurs autres sociétés savantes de Naples, de
Rome et du Danemark. En 1807 il fut nommé
directeur général du musée royal Jiorbonico, et
dix ans plus tard il eut la charge de surintendant,
des fouilles d'antiquités dans le royaume de Na-
ples. Ses travaux scientifiques ne l'empêchèrent
pas de se livrer avec ardeur à la culture de la
musique, qu'il avait étudiée dans sa jeunesse, sous
la direction de Jomelli. Ses productions dans cet
art consistent en un opéra sérieux, V Olimpiade
de Métastase, beaucoup de cantates religieuses
et profanes, une multitude d'airs délaciiés avec
orchestre ou clavecin, plusieurs sym[)lionies (ou-
vertures), sonates de piano, et beaucoup de mo-
tets composés pour diverses églises de Naples.
Commandeur ou chevalier de plusieurs ordres ,
comblé d'honneurs et généralement eslimé, le
marquis Arditi mourut le 23 avril 1838, à l'âge
de quatre-vingt-treize ans, laissant au Musée
royal son médailler, beaucoup d-inscriptions et
d'objets antiques; à la bibliothèque Borbonica sa
colleclion de manuscrits, et au collège royal de
musique ses propres ouvrages et beaucoup de
compositions autographes des maîtres les plus
célèbres.
ARDITI (Louis), violoniste et compositeur,
né à Crescentino , près de Verceil , dans le Pié-
mont, a fait ses éludes musicales au Conserva-
loirc de Milan, et a commencé à se faire con-
naître dans les concerts en 1839. En 184(, il a
(ait exécuter au Conservatoire l'opéra de sa com-
position intitulé : J Briganli.En 1851, il voyageait
en Amérique et à. la Havane, pour y donner des
concerts. On a publié de cet artiste : Sestetlo di
bravura per due violini, due viole, violoncello
et conlrabasso. Milano, Riconli, ainsi que des
duos pour deux violons, ou piano et violon, sur
des motifs d'opéras,
ARDORE (Le prince d'). Voyez MILANO
(Jacques François).
ARENA (Joseph), compositeur napolitain,
né au commencement du dix huitième siècle , a
mis en musique Achille in Sciro, représenté à
Rome en 1738, Tigrane, à Venise, 1741 ; Aies-
ARENA — ARGIES
131
sandro in Pcrsia, à Londres , 1741 , Farnacs,
à Homo, 1742. Il a laissé on manuscrit un ou-
vrage élémenlaire intitulé : J'rincipi per cembalo
0 orguno.
ARENBERG (***), écrivain allemand,
qui n'est coimu que par une dissertation latine
sur la musique des anciens, inséiée dans le neu-
vième volume des MisccUanées de Leipsick.
ARESTI, ou ARRESTI (Jules-César) ,
né à Cologne, vers 1(530, fut élève d'Ottavio Ver-
nizzi, organiste de l'cgiise Saint-Pétronne de
cette ville, à qui il succéda. Il fut un des pre-
miers memhresde l'Académie des philharmoniques
de Cologne, l'ondée en 1C66 , et obtint trois fois
l'honneur d'en être le prince (président), en (671,
1C86 et IG9i. Arejiti a fait imprimer de sa compo-
sition : 1° Messa e vespro délia B. V. M. a ofCo
roct ; Bologna, 16..,in-4o — 2° Messa a tre voci
con siufonie; ibid. — 3"^ Sabni cinque a quattro
voci; Venise, 1664, in-4*' — 4° Gare miisicali,
salmi a cappella a quattro voci, avec quelques
psaumes à quatre voix de Cazzati,maitrede chapelle
de Saint-Pétronne. Aresti écrivit contre ce môme
Cazzati, qui était en ijossession de son emploi de
maître de chapelle depuis 1657, et lit une critique
sévère du Kyrie d'une messe à cinq voix placée
dans l'œuvre 17* de ce maître. Une lutte violente
s'établit à cette occasion entre les deux artistes,
qui publièrent plusieurs pamphlets remplis d'ex-
pressions amères et d'injures. Voy. Cazzati.
ARESTI (Floriano), organiste de l'église
métropolitaine de Bologne, et académicien phil-
harmonique, naquit à Bologne vers la fin du
dix-septième siècle. On connaît de lui les opéras
suivants: 1" Cris ip/)o , à Ferrare, en 1711.—
2" Inganno si vince; Bologne, 1710. — Z°Eiiig-
via disciolta, en 1 7 10 , à Bologne. — 4° Cos/an-
za in cimenta colla crudeltà, à Venise, en I7l2.
— 5° Il trionfo di Pallade in Arcadïa , à
Bologne, eu i7l6.Fantuzzi {Scrittori bolog-
nesi) dit qu'Aresti a cessé de vivre avant 1719,
ou au plus tard dans le cours de cette année.
ARETIN (Gui). Voy. Gvi.
ARETIN (CuiusTOPHE, baron d'), homme
savant et distingué dans les sciences, les arts
et la littérature, né le 2 décembre 1773, à
Ingolstadt, fut nommé conseiller de cour à Mu-
nich en 1793. En 1793, on l'envoya comme com-
missaire à Wetziar; en 1799, il fut (ait con-
seiller de la direction provinciale auprès de la
dcpulation de droit public , à Munich , et en
1 804 , bibliothécaire de la cour. C'était un pianiste
habile et un compositeur de quelque mérite. On
a de lui une messe et une symphonie qui ont
été exécutées par l'orchestre de la cour , et qui
ont oblcnu beaucoup de succès. Il a fait impri-
mer en 1810, par le procédé lithographique, deux
recueils de chansons allemandes de sa compo-
sition, sous le nom d'Auguste Re.nati. Le baron
d'Aretin est mort à Munich en 1822. Voy. la Ba-
vière savante de Kl. Bader, 1. 1 , p. 35.
ARETIIVO. Voy. Appoloni.
ARETirVCS, nom sous lequel GUI ou
GUIDO d'Arezzo est souvent désigné par les an-
ciens auteurs.
ARETIA^US (Paul), musicien au service
du duc de Ferrare et compositeur de musique d'é-
glise, qui vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle, est connu par les ouvrages dont voici les
titres : 1° Responsoria hebdomadx sant.r , ac
Nalulis Domini, Te Deum et Benedictus qua-
tuor voc, Venfse, 1 547. — 2° Sacra responsoria,
tum natali Domini, tum jovis, veneris, ac
sabbati sancti diebiis diei solila, nunc primxnn
a D. Paido Aretino sub miisicis édita rhythmis,
atque ab eodem summa recens cura, dili-
gentiaque castigata; Venetiis, apiid Hiero-
ïiymiim Scotum, 1544, in-4o. Une deuxième
édition de cet ouvrage a été publit'e à Venise, en
1574, in-4°. Il est vraisemblable (jue le nom d'^-
rctinus ne fut donné à ce compo>itcur que pour
désigner sa patrie, qui était Arezzo, ville de la
Toscane ; son véritable nom de famille est inconnu,
et Paulus n'est que son prénom.
AREYALO (Faustino ) , écrivain espagnol
qui n'est connu que par l'ouvrage suivant : Hym-
nodia Hispanica ad cantus latinitatis, mé-
trique legesrevocatact aucta. Prxmittitur dis-
sertatio de Hymnis eeclesiasticis, eoruniquc
correctione, atque optimaconstitutione. Romx,
ex typographia Salomonianx ad divi Jgnatit, '
1784, in-4 °. Je présume que cet auteur est ur;
des jésuites espagnols réfugiés à Rome après leur
exiiulsion de l'Espagne.
ARGEj\TlLL(CnARLESD')OUD'ARGENTILLV,
contemporain d'Atcadelt, fut, comme lui, chanteur
et compositeur de la chapelle pontificale, dans la
première moitié du seizième siècle. L'abbé Baini
le range parmi les musiciens flamands qui bril-
lèrent alors en Italie; mais il est plus vraisem-
blable qu'il était de la Picardie , où il existe des
familles de ce nom. On trouve quelques motets
de cet auteur dans les recueils publiés en Italie
antérieurement à 1550.
ARGEKTIIM (ETIENNE), moine, bachelier
en théologie et maître de chapellede l'église Saint-
Étienne , à Venise, naquit à Kimini vers 1600.
11 a fait imprimer : 1° Missx trium vacum; Ve-
nise, 1638. — T Salmi concertafi, fbid. 1638
ARGIES ( Gauthier d') , poète et musicien
du treizième siècle, était de la maison d'Argies en
Picardie. Le manuscrit de la Bibliothèque impé-
132
ARGIES
ARION
riale coté 7222, contient vingt et une chansons
notées de sa composition.
ARGILIAKO (Roter), compositeur, né à
Castro-Nuovo, dans l'Ile de Corse, vivait au
commencement du dix-septième siècle. On con-
naît sous son nom : Hesponsori per lasettimana
sanla, Messa e Vespro per il Sabato sanlo.
Venezia, Amadino, 1612, in-4".
ARGYROPYLE (Jean) , littérateur et mu-
sicien grec, naquit à Conslantinople en 1404. A
l'époque où Amurat II fit le siège de cette ville, il
s'en éloigna, et alla s'établir à Florence, en 1430.
Il y donna des leçons de sa langue maternelle.
La peste ayant ravagé l'Italie, Argyropyle en fut
atteint, et il mourut à Rome en 1474, à l'âge de
soixaule-dix ans. Il a laissé un volume de chants
à voix seule, sous le titre de Monodia, que Gé-
rard Vossius assure exister dans la Bibliothèque
du roi de France ( De Hist. Grxc, lib. IV,
p. 493) ; mais je ne l'y ai point trouvé.
ARIANUS ( Je.vn-T.), écrivain du seizième
siècle, a publié un livre intitulé : Isagoge
musicx poeticas, Erfurt, 1581, in-4''. On n'a
aucun renseignement sur cet auteur, cité par
Blankenburg dans ses additions à !a théorie des
t)eaux-arts de Suizer.
ARIBONjScolastique, qu'il ne faut pas con-
fondre avec l'évêque de Frisingue du même nom,
naquit probablement dans les Pays-Bas, vers le
milieu du onzième siècle ; car il a dédié un traité
de musique dont il est auteur àEllenhard, évéque
de Frisingue, mort en 1078(F«cZ. C. Meichelbeck
in Hist. Frising.). L'ouvrage d'Aribon, intitulé
Musica, est une sorte de commentaire sur quel-
ques points de la doctrine de Gui d'Arezzo : l'abbé
Gerbert Fa inséré dans sa collection des écrivains
ecclésiastiques sur la musique (t. II, p. 197-229).
La préface avait été déjà publiée par le P. Pez
( Thés, auecd., t. VI p. 222). Une dos par-
lies les plus utiles de l'ouvrage d'Aribon est celle
qui a pour titre : Ulilis exposilio super obscu-
ras Guidonis sententias. Les passages dont il
s'agit sont tirés du micrologue de Gui ; Aribon
aurait pu en augmenter la liste, car le moine
d'Arezzo est certes un des écrivains sur la mu-
sique du moyen âge les moins intelligibles; ajou-
tons que sa latinité est fort incorrecte et abonde
en barbarismes. Le livre d'Aribon nous fournit
encore une indication qui mérite d'être remarquée
dans le chapitre de son livre qui a pour titre : De
distinctionibus cantuum, et cur finales dïcan-
tur ac sïiperiores. Il y cite un passage de Gui
qui n'existe ni dans les ouvrages de ce moine,
publiés par l'abbé Gerbert dans sa collection des
♦•crivains ecclésiastiques sur la musique, ni dans
les manuscrits de la Bibliothèque royale de Paris
que j'ai consultés, ni dans le mien, ni enlin
dans aucun de ceux que j'ai examinés,ce qui sem-
blerait indiquer que nous n'avons pas tous les
écrits de Gui d'Arezzo, ou du moins qu'il y a
des lacunes dans ceux qui sont venus jusqu'à
nous. Voici, au reste, le passage dont il s'agit -.
Quamvis principia, praesertiin tamen fines
distinctionum sunt considerandi , qui prae-
cipue debent finales repetere, ut dominus
Guido dogmatizat dicens : » Item ut ad
« principalem vocem , id est, finalem pêne om-
o nés distinctiones currant; hoc tamen rarius
o invenitur, quamcrebrius.» Voy. Gui d'Arezzo.
ARIETTO (Simon), célèbre violoniste qui
vivait au commencement du dix-septième siècle,
naquit à Verceil. Après avoir été pendant quelque
temps au service du duc de Mantoue, il revint
dans sa ville natale, et de là passa à la cour du
duc de Savoie, en 1G30. Arietto est le premier
violoniste qui soit mentionné comme virtuose
dans l'histoire de cet instrument. Il eut deux fils,
François et Simon , qui, quoique fort habiles sur
le violon, n'égalèrent point leur père.
ARIGOIM (Je\n-Jacques), compositeur du
dix-septième siècle, et membre de l'Académie
Fileutera, dans laquelle il était connu sous le
nom de V Affettuoso, a publié à Venise, en 1623,
des madtigaux à deux et trois voix , de sa com-
position. Oq connaît aussi du même auteur :
Concerti da caméra; Venise, 1635. On trouve
des madrigaux composés par Arigoni dans l'ou-
vrage qui a pour titre : Madrigaii del signor
cavalière Ânselmi, nobiie di Treviso, posti in
musica da diversi eccellentissimi spiriti, a
due, tre, quattro e cïnque voci, con il basso
continua. Siampato dal Gardano in Venetia.
Apresso Bartolomeo Magni, 1624.
ARION, poète et joueur de cithare, né à
Méthymne, dans l'île de Lesbos, fut, dit Héro-
dote, l'inventeur du dithyrambe, et composa
plusieurs hymnes fameux. Le même historien et
Aulu-Gelle , d'après lui, disent qu'il acquit de
grandes richesses par la beiuité de son chant et
de ses vers, dans un voyage qu'il fit en Italie et
en Sicile. Ce fut au retour de ce voyage que,
s'étant embarqué 'pour aller à Corintlie sur un
vaisseau de cette ville, les matelots, tentés par
ses richesses, prirent la résolution de le jeter a
la mer. En vain il s'efforça de les fléchir; tout
ce qu'il put obtenir fut qu'avant de se précipiter
dans les ondes il prendrait sa lyre, et chante-
rait quelques élégies. On connaît le récit d'Aulu-
Gellc et des poètes, qui ont dit qu'un dauphin,
attiré par le charme de sa voix, le reçut sur son
dos, elle porta jusqu'au cap Ténare( aujourd'hui
cap Matapan ), dans le Péloponèse On dit aussi
ARION — ARISTIDE QUIINTILLIEN
133
qu'Aiion fut inventeur des chœurs et des danses
en rond : quelques-uns prétendent que cette in-
vention est due à Lasus.
ARIOSTI (Attilio), dominicain, naquit à
Bologne vers 1660, et s'adonna de bonne iieure
à l'étude de la musique. Il paraît qu'il obtint
une dispense du pape qui l'exemptait des devoirs
de son état, et lui permettait de se livrer à la
en 1704.-4° fM Festa d'fmenei ; Ber\in,i7 00;
— b" Atys; Lutzenbourg, 1700; —6° Nabucodo-
nosor. Vienne , 1706. — 7" La più glorïosafa-
tica d'Ercole; Bologne, I70G. — 8° Amor tra
riemici; Vienne, 1708. — 9° Ciro; Londres, 1721.
— 10° Le premier acte de Mîcciîis Scevola;
ibid., 1721.— ito Coriolan; ibid., 1723. —12°
Vespasien, ibid., 1724. — 13"» Artaserse; 1724.
composition des ouvrages de théâtre. Après [ — l4o Dario; ibid., il^.b. — ib'LuciztsVerus;
avoir terminé ses études, il écrivit pour le théâ-
tre de Venise, en 1686, l'opéra de Da/ne, de
Zeno. Deux ans après, il fut nommé maître de
chapelle de l'électrice de Brandebourg. L'anni-
versaire du mariage du prince Frédéric de Hesse-
Cassel avec la fille de l'électrice donna lieu, en
1600, à des fêtes brillantes, où l'on représenta
un intermède d'Ariosti, intitulé la Festa d'ime-
nci, à la maison de plaisance de la princesse,
près de Berlin. Dans cet ouvrage, ainsi que dans
ceux qui lui succédèrent immédiatement, Ariosti
imita servilement le style de Lulli ; mais dans
son opéra lïAlijs il changea de manière, et se
rapprocha de celle d'Alexandre Scarlatti , sans
pouvoir jamais en avoir une qui lui fût propre.
Au bout de quelques années de séjour à Berlin ,
il reçut une invitation pour se rendre à Lon-
dres, où il arriva en 1716 : il y obtint des
succès brillants dans son Coriolan et dans Lu-
cius Verus : on en imprima môme les parti-
tions entières, distinction jusqu'alors sans exem-
ple en Angleterre. Mais, à l'arrivée de Haendel
dans ce pays, ses rivaux Bononcini et Ariosti
perdirent la faveur du public , et leurs com-
positions disparurent devant les œuvres de ce
grand musicien. Ariosti finit par tomber dans
un état voisin de la misère, et fut obligé de pu-
blier par souscription, en 1723, un livre décan-
tâtes de sa composition, qu'il dédia au roi Geor-
ges V. Heureusement ces sortes d'entreprises
sont ordinairement couronnées par le succès en
Angleterre : celle-ci (iroduisit un bénéfice de
près de mille livres sterling. Peu de temps
après, Ariosti partit pour l'Italie, et se retira à
Bologne. On ignore l'époque de sa mort.
A ses talents comme compositeur Ariosti
joignait le mérite d'être bon violoncelliste et ha-
bile exécutant sur la viole d'amour. A la sixiènio
représentation de VAmadis de Haendel, il exé-
cuta un morceau sur la viole d'amour, instru-
ment alors inconnu en Angleterre, et le charme
de l'instrument joint à son talent excita im en-
thousiasme général. 11 était d'un caractère doux
et affable, mais c'était un bomme de peu de* gé-
nie. Voici la liste de ses compositions connues :
1° Dafne, en un acte ; 1090. — 2° Enfile, Ve-
oise, 1697.— 3' ^ff Mculrede' Maccabei,'^ Venise,
Londres, 1726. — 16° Tenzone; ibid., 1727.
— 17° Cantates, and a collection of tessons
for the viol d'amore; Londres, 1728. — 18° S.
Radegonda, reginadi Francia ; oratorio, 1693.
ARISTIAS, musicien athénien , a écrit un
Traitédes Cytharèdes{ki\\énée,, liv.XIV, c. 4.),
(jui n'est pas venu jusqu'à nous.
ARISTIDE QUINTILLIEN, l'un des
auteurs grecs dont les écrits sur la musique sont
parvenus jusqu'à nous, est plus connu par sou
livre que par les circonstances de sa vie. On ignore
et le lieu et la date de sa naissance. Mcibomius
a cru devoir la fixer à la deux cent vingt-quatrième
olympiade , sous le règne d'Adrien, époque où vi-
vait Plutarque; mais, d'aprè&la doctrine qu'il a ex-
posée dans son ouvrage, et qui est celle delà plus
ancienne école grecque, d'après la pureté de son
style, enfin d'après sa dévotion aux dieux du paga-
nisme, l'abbé Requeno {Saggisulristabilmento
delV arte armonica, 1. 1, p. 2 ,c. 10)conclut qu'il
a vécu sous le règne d'Auguste, ou au commen-
cement du suivant. Quoiqu'il en soit, il est cer-
tain qu'il est postérieur à Cicéron, car il cite cet
orateur dans son traité de musique : "Onzç ttoXXoû;
TE âXXo'jç ëXaSs , xal tov èv toïç Kixepwo; toO
'PwjAaîovi iroXiTixoiç xà xafà fioy^ixii; pnSévta.
( Voy. Arist. Quint, exedit. Meib., lib. 2, p. 70. )
Meibomius conjecture aussi qu'Aristide Quinlil-
lien vécut antérieurement à Ptolémée, parce qu'il
parle du système des treize modes, établi dès le
temps d'Aristoxène, et qui fut ensuite porté jus-
qu'à quinze , sans faire aucune mention de la
réduction du système à sept modes, qui fut faite
plus tard par Ptolémée. Cette considération ne
parait pas concluante ; mais il y a d'autres mo-
tifs pour croire qu'Aristide Qiiintillien est anté-
rieur à Ptolémée : Meibomius ne les a pas aper-
çus. Il est, au reste, remarquable qu'aucun auteur
de l'antiquité n'a parlé de cet écrivain.
L'ouvrage d'Aristide n'a qu'un titre général
qui en indique peu la nature : ce titre est Ilefl
Mpuaix?,? {Sur la musique ). Ce traité est divisé
en trois livres : ou le considère avec raison
comme ce qui nous reste de plus clair et de plus
satisfaisant sur la musique des Grecs, bien qu'il
soit plutàt théorique que pratique, ainsi que la
plupart des traités de l'art musical qui nous sont
134
ARISTIDE QUINTILUEN
venus de l'anliqiiité. A l'égard de la doctrine
e\|iosée par Aristide, sous le rapport de la divi-
sion de l'échelle musicale, elle est conforme à
la théorie des nombres de Pythagore. Je crois
donc que le P. Martini s'est trompé sur le sens
«les i)arol&s de cet auteur, lorsqu'il a dit-qo'A-
ristide a divisé dans le premier livre de son ou-
vraf^e le ton en deux demi-tons égaux , mais
qu'il se conforme à la. doctrine de Pythagore
dans le troisième livre (1). Voici le texte grec :
Aôyov ôi 9r)[xi , -rriv Ttpô; a)X-f\lix xai' àpiOpLov
Ôîatv. 'AXoya oè , wv oùSet; 7îp6; àXkrika, Xôyoç
ç'jptGXETai. ToO [j.èv ouv Stà Tsaaâpcov Xoyoi; Èffxlv
èTtiTp'.To;.Toû 5tà7:£vT£,':^[j.iôXio;.Tou5£5cà7taaà)v,
6 SiTtXaoîwv. T6vo;5s,ô ÈTrôyôoo; : J'appelle rai-
son les rapports qu'ils ont (les intervalles)
en fre eux selon le nombre. Les (intervalles)
irrationnels sont ceux dont on ne peut rendre
raison. C'est ainsi que la quarte est dans le
rapport de 3 : 4 ( ratio superterlia ); que celui
de la quinte est de 2 : 3 ( ratio sesquialtera) ;
celui de l'octave, de 1 : 2 (ratio dupla ) ; et
que celui du ton est de 8 : 9 (ratio superoc-
lava ). 11 est évident que le P. Martini n'a pas
donné assez d'attention au sens de ce passage. Il
est vrai qu'Aristide Quintillien ajoute plus loin :
'Eti ôsaÙTwvâ (/.evIutiv âpTia, àôè TcepiXTa. "Aptca
jxèv. Ta £tç taa ôiatpouixeva , <bç ■:?;|ji.tT6vtov xal
TÔvov'TTcptTTà ôà,Tà£t;âvic7a, wçai if'ôU<Tci;,elc. :
Ensuite il en est ( des intervalles ) qxii sont
pairs , et d'autres impairs. Les intervalles
pairs sont ceux qui peuvent être divisés éga-
lement, comme le demi-ton et le ton; les im-
pairs, ceuxquise divisent inégalement, comme
les dièses ternaires, etc. Mais l'auteur a eu en
vue, dans ce passage, certaine classification des
intervalles plutôt que la loi de leurs proportions.
Tout le reste de l'ouvrage prouve d'ailleurs que
la doctrine de Pythagore était celle qu'Aristide
avait adoptéi'. Je ne dois pas oïdilier de dire
qu'Aristide Quintillien a exposé d'une manière
plus claire qu'aucun autre auteur les principes
du rliytlime de l'ancienne musique grecque.
Le texte du traité de musique d'Aristide Quin-
lillien a été publié par Meiboniius, dans le
deuxième volume de sa collection intitulée : An-
tiqux musicx auctorcs (Amsterdam, Elzévier,
10 j2, 2 vol. in-4o) ; il y a joint une version la-
to « In guanloalla dotlrina, ossia teorica délia musica,
t abbcnchè ncl primo libro egli faccia parola délia divi-
« sinne del tuono in duc seniitiioni Hguali, e dci diesis
« Iricnlali e quadrantali , cosi puic, sccondo il sistcroa
« (1i Aristosseno, parli délie ditfcien/.c, non già deilc pro-
« pciizioni degl' intervaiU, ci6 non ostante nei decorso
« deli' opéra, al libro lerzo, pnrianilo di proposito dcgl'
« iutcrvalli, egli s' iinifornia al sistcina Pittagorico. »
iAittrtini, Stor. délia musica, l. III. r. 7, p, ;ii6. )
tine et beaucoup de notes critiques et gramtna-
ticales. Le manuscrit dont il f^e servit pour cette
publication avait appartenu à Joseph Scaliger, et
était ensuite pas.^édans la bibliothèque de Leyde :
il lui fut communiqué par Daniel Hensius. Mei-
bomius dit dans sa préface qu'il coufionta ce
manuscrit avec deux autres , l'un de la biblio-
thèque du collège delà Madelaine , à Oxloid,
l'autre de la Bibliothèque Bodléienne, collationné
par Gérard Langbain; enfin, Sauiiiaise lui en-
voya de Paris divers passages rectifiés, ainsi que
des exemples de notation tirés des manuscrits
2455 et 2460 in-fol. de la Bibliothèque du Roi, à
Paris, et Allacci lui envoya aussi de Rome les
mêmes passages et les mêmes exemples de no-
tation qu'il avait copiés dans un manusciit de la
Bibliollièque Barberinne. L'identilé des textes
dans les bons manuscrits aurait dû éclairer Mei-
bomius sur la nécessité de les ('tiidier avec soin
pour en .saisir le sens; mais, arrêté en plus d'un
endroit par des difficultés qu'il ne pouvait surmon-
ter, il se persuada légèrement que ces passages
avaient été corrompus par les copistes, et il
leur substitua des corrections qui sont aidant
d'erreurs. Ces manuscrits (dit-il) se rappoi-
tent de telle sorte l'un à Vautre, qu'il n'est
pas difficile de voir qu'ils découlent tous de
la même source (l). Et dans un autre endroit
il dit aussi : Tous ces mamiscrils ne m'ont
servi qu'à me prouver que partout où il y a
des/aules, elles sont anciennes (2). Préoccupé
de l'idée de ces fautes protendues, il a changé le
sens de plusieurs phrases importantes, et a subs-
titué à un exemple curieux d'une notation très-
ancienne de la musique grecque, les signes plus
modernes de la notation d'Alypius. 11 faut lire,
sur ces altérations du texte d'Aristide Quintil-
lien |)ar Meibomius, lesiemarques fort savantes
que Perne a fait insérer dans le troisième vo-
lume de la Revue musicale (p. 481-491 ).
Il n'est pas inutile de relever ici une inadver-
tance singidière échappée à Clavier dans l'article
sur Aristide Quintillien, qu'il a donné dans la
Biographie rmivei'selle de Michauô. Ce savant
dit que l'édition du livre de cet écrivain donnée
par Meibomius est la meilleure : il avait oublié
qu'il n'y en a pas d'autre. On assure que M. Vin-
cent, de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres de l'Institut de France , travaille à une
traduction de l'ouvrage d'Aristide Quintillien, qui
(i) Quippeltainler seconveniunt, ut ab unooinnes raa-
nasse non difflculter perspiciatiir. ( M. Meiboin. in not.
ad Arist. Qaint., p. 2î4. )
(2) Ab his ferme alia ralione non sum adintiK, quam
qiiod sua aucloritate vetera tibique nicnda esse conlir-
marcnt.( ifl. \Icibom. in prxfat. leetori benevolo.)
ARISTIDE QUINTILLIEN — ARISTOTE
135
ne peut manquer d'intéresser le monde érndit.
ARISTOCLES, écrivain grec sur la musi-
que, cité par Athénée (lib. XIV,c. 4), n'est connu
que par ce qu'en dit ce compilateur. Il avait
<ouiposé un Traité sur les Chœurs, et un au-
tre sîir la Musique, qui ne sont pas venus jus-
qu'à nous.
ARISTOCLIDE, fameux joueur de flûte
et de citiiare, descendant de Terpandre, fut le
maître de Plirynis. ( Voy. ce nom. ) Il vivait
du temps de Xerxès.
ARISTONIQUE,rausicien grec, néà Argos,
demeurait dans l'ile de Corfou, et fut contem-
porain d'Antioclius. Ménechme, cité par Athé-
née, dit que l'art déjouer de la cithare simple
lui est dû. ( Voy. Athénée, liv. 14, c. 9. )
ARISTOTE, le plus célèbre et le plus savant
des philosophes grecs, naquit à Stagyre (mainte-
nant Libanova ), ville de la Macédoine, dans la
première année delà quatre-vingt dix-neuvième
olympiade. Nicomaque, son père, était médecin du
roi Amintas, aïeul d'Alexandre. A l'âge de dix-
sept ans , il passa sous la discipline de Platon,
dont il suivit les leçons pendant près de vingt
ans. Après la mort de son maître, Aristote quitta
l'Académie pour se rendre auprèS de Philippe,
qui lui confia l'éducation d'Alexandre. Le phi-
losophe avait atteint sa quarante-septième année,
lorsque le fils de Philippe monta sur le trône
de la Macédoine : après cet événement, Aristote
retourna à Athènes, où il enseigna au lycée pen-
dant treize ans. Sa faveur auprès de son royal
élève ne diminua jamais. Non-seulement celui-ci
fit rétablir à sa demande la ville «le Stagyre, que
Philippe avait détruite, mais il fit d'énormes dé-
penses pour procurer à son maître les moyens
de pénétrer dans les secrets de la nature. Ayant
atteint l'âge de soixante-trois ans, Aristote cessa
de vivre, la troisième année de la cent qua-
torzième olympiade : en mourant il laissa son
école sous ladirection de ïhéophraste, son élève.
La philosophie fondée par Aiistote est connue
sous le nom de philosophie péripatéticienne.
Ce n'est point ici le lieu d'examiner sa doctrine,
ni d'analyser les nombreux ouvrages qu'il a lais-
sés sur presque toutes les branches des sciences,
encore moins de considérer l'influence que ses
livres, venus de l'Orient, ont exercé sur la di-
rection des études européennes pendant bien des
siècles; il ne doit être parlé que de ses travaux
relatifs à la musique. Un homme doué d'un sa-
voir universel comme x'Vristote ne pouvait né-
gliger cet art à une époque où toute la Grèce en
faisait l'objet de ses études. Diogène de Laërte
nous apprend, en effet, qu'il avait écrit un livre
sur la musique et un autre ouvrage sur les
concours de musique des jeux Pytiiiens. Ces
productions sont perdues. Porphyre a conservé
dans gbn commentaire sur les Harmoniques de
Ptolémée un fragment du traité de l'Ouïe d'A-
ristote. Antoine Gogavini a donné une version
latine de ce fragment à la suite de sa traduc tion
des Éléments harmoniques d'Aristoxène et du
traité de musique de Ptolémée. La dix-neuvième
section des Problèmes d'ArIstote est relative à la
musique ou plutôt à l'acoustique; on trouve ces
problèmes dans les diverses éditions des ouivres
complètes du philosophe, et particulièrement
dans celles de Paris de 1619 et de 1639, 3 vol.
in-folio. On en a donné des éditions séparées,
l'une avec une traduction latine de Gaza et d'Ap-
poni, Venise, 1501, in-folio; l'autre avec un
commentaire de Louis Septali ; Lyon , 1632, in-
fol. Le plus ancien commentaire sur les pro-
blèmes d'Aristote est celui qui a été fait par Al-
bert le Grand. (Voy. ce nom.) Pietro d'Albano
en a aussi donné un très-ample sous le titre de
Expositio probtemaium (sic) Aristotelis; cet
ouvrage a été im primé à Mantoue, en 1 475, in folio.
Ce qui concerne la musique y est traité d'une
manière fort étendue dans la section XIX. Cha-
banon a donné, dans le 46^ volume des Mé-
moires de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres de Paris une traduction française des
problèmes d'Aristote relatifs à la musique, avec
un commentaire où il a tâché d'en éclaircir le
sens, en général fort obscur. Les trois mémoi-
res de Chabanon s'étendent depuis la page 285
jusqu'à 355. (Voy. Chabanon). François Patri-
zio a essayé de démontrer dans son traité Detla
poetica, deçà istoriale, deçà disputata (Fer-
rare, 1586, in-4o) que ces problèmes ne sont
point l'ouvrage d'Aristote. Les chapitres 3, 5, 6 et
7 de la Politique du philosophe traitent aussi
d'objets relatifs à la musique. Enfin on trouve
dans la Poétique du môme auteur des passages
assez étendus sur la musique théâtrale.
ARISTOTE, nom, ou plutôt sobriquet sous
lequel l'auteur d'un traité de musique écrit au
treizième siècle est cité par Jean de Mûris, dans
son Spéculum Musicx. Ce traité, dont un ma-
nuscrit, qui a appartenu à l'abbé de Tersan, existe
à la Bibliothèque impériale de Paris, sous le
numéro 1136 du supplément latin, petit in^",
se trouve aussi à la bibliothèque de l'université
d'Oxford, dans le fonds de Bodiey, no 2265-18,
in-folio. La partie la plus importante de l'ou-
vrage est rex.position du système de la musique
mesurée dans la notation noire, accompagnée
d'exemples. L'ouvrage est suivi de sept morceaux
à trois voix, qui consistent en motets et chan-
sons françaises, lesquels occupent les feuillets 37 k
136
ARISTOTE — ARISTOXEiNE
42 du manuscrit. Ces morceaux sont écrits dans
la manière ordinaire de ce temps, ciiaque partie
ayant une sorte de mélodie sur des paroles dif-
férentes des autres , et le ténor, placé dans la
voix inférieure, étant coupé par des repos régu-
liers, et répétant , sur un mot latin, une même
plirase en mélodie contrainte , pendant la durée
du morceau. Un ou plusieurs feuillets semblent
manquer à la fin : ils conlenaient sana doute
quelques aulrcs morceaux du même genre; car
l'ouvrage en lui-même est complet, à l'exception
de la lacune du commencement. Les motets et
chansons à trois voix n'existent pas dans le
manuscrit d'Oxford. Sous le rapport de l'harmo-
nie, comme sous celui des formes de la mélodie,
les chansons de cet ouvrage sont inférieures à
celles du même genre qui nous restent d'Adam
de la Haie, lequel écrivait à la même époque ,
mais dont le talent est bien plus remarquable.
Le traité est le môme qui a été imprimé dans les
œuvres du vénérable Bède , dont les éditions les
plus complètes ont été publiées à Cologne en
1612 et 1G88, 8 vol. in-lol. 11 a pour titre :
Musica quadrilla seu mensurata. Dans l'é-
dition de 1688, il y a une singulière faute d'im-
pression (t. 1, col. 351 ),car on y lit : Musica
quarla seu mensurata. C'est Bottée de Toul-
mont qui a découvert le nom ou le sobriquet
sous lequel était connu l'auteur de cet ouvrage,
dans les citations du Spéculum viusicœ de Jean
de Mûris , et qui l'a fait connaître dans un rap-
port sur un projet de publication de musique
ancienne, fait au comité historique des arts et
monuments, et insère au Bulletin archéolo-
gique, t. II, p. 651. M. E. de Coussemaker, qui
fait parfois des suppositions hasardées et qui ne
se souvient de mon nom que pour faire des cri-
tiques bien ou mal fondées, m'a attribue, à l'oc-
casion de ce même ouvrage ( Histoire de l'har-
monie au moyen âge, p. 47), une absurdité
dans laquelle il devait savoir que je ne suis
pas tombé; car après avoir copié dans l'article
de Bède de la Biographie uiverselle des mu-
siciens tout ce qui concerne rintroduction du
môme ouvrage dans les œuvres de cet écrivain
anglo-saxon, et les éditions qui en ont é!é fai-
tes, il ajoute : Sans se prononcer positivement ,
M. Fétis semble considérer Bède le Vénérable
comme pouvant être l'auteur de ce traité. Or
il lire cette conséquence de ce que , pour con-
Ire-balancer l'opinion fausse de Burney et de
Forkel, à savoir, qu'il n'existait pas de musique
mesurée au temps de Bède, j'ai écrit ce passage,
dans lequel ii n'est pas question de l'ouvrage,
mais (le la musique mesurée elle-même : « Il
« n'est cependant pas démontré qu'il n'existait
« pas de notions de la musique mesurée chez
« les peuples du INord dès le huitième siècle.
« Remarquons en passant que dans son His-
« taire ecclésiastiqiie , dont il y a plusieurs
« éditions, Bède fait mention d'une harmonie à
« deux parties, en consonnauces, dont il y avait
<■ des exemples en Angleterre, de son temps. »
Or ce que je disais alors, et ce que j'ai soutenu
depuis lors contre Kiesewetter sur l'ancienneté
de la musique mesurée, est devenu bien plus
clair et |)lus positif pour moi ; car j'ai acquis la
conviction que la musique mesurée a existé de
tous temps chez tous les peuples , qu'elle est
ancienne comme le monde, et que ce qu'on a
appelé l'invention de cette musique n'est que
celle de sa notation dans un système particu-
lier; système qui, suivant ce que j'ai dit à l'arti-
cle Francon de la môme Biographie universelle ,
date du onzième siècle ou de la (in du dixième.
Je n'ai donc pu ctjnsidérer un écrivain qui vi-
vait à la fin du septième siècle et au commen-
cement du suivant comme l'auteur de l'ouvrage
du Pseudo-Aristote. Tour rétablir la lacune du
manuscrit de Paris, on a, outre le manuscrit
d'Oxford, les éditions de Bède, où le passage se
trouve en entier. Du reste, l'ouvrage, tel qu'il
est dans ces éditions, a été étrangement mutilé :
toute la partie qui concerne les tons, les hexa-
cordes, la solmisation et les muances, ainsi que
les intervalles, y manque; dans ce qu'on a im-
primé de la notation mesurée, les figures sont
fautives, et la plupart des exemples ont été
laissés en blanc pour être ajoutés à la main ,
mais n'ont pas été remplis.
ARISTOXÈlXE, philosophe péripaféticien ,
naquit à Tarente dans la centquinzièmeolympiade,
c'est-à-dire environ 3b4 ans avant J.-C. (1). Spin-
tliarus, son père, lui donna les premières notion!-'
delà musique et de la philosophie. Aristoxène passa
ensuifesous la direction deLamprus d'Érythres,
puis il entra à l'école de Xénophiie de Chalcis,
philosophe pjthagoricien. Enfin il devint le dis-
ciple d'Aristote, à qui il resta longtemps attaché;
mais, irrité, suivant ce que rapporte Suidas, de ce
que ce philosophe avait désigné Théophrasle pour
son .successeur, il calomnia la mémoire de .son
maître, et montra dès lors celle basse jalousie dont
(0 Dans la première cdilion de cette Biographie vniv<r-
sellé desmusiciens j'ai placé la date de la nais.sance d'A-
listoxène dans la quatre-vingt-onzième olympiade, ayant
mal saisi le sens de Suidas ; mais celte date est évidemment
trop rapprochéejcnrce fut dans la troisième année de cette
olympiade que Théophrasle succéda à Aristote dans l'en-
seignement (le son école; d'où il suit qu'Arisloséne n'au-
rait pu eu avoir de la Jalousie, puisqu'il aurait élé né i
peine. Ce qui parait vraisemblable, c'est qu'il avait alors
environ vingt huit ans.
ARISTOXÈNE
i;
il a donué des preuves en écrivant la vie de plu-
sieurs grands lioinnu's, tels que I^ytliagore, Ar-
cliilas, Socrate et Platon (1). On ignore l'époque
de sa mort.
Il nous reste de lui un Traité des éléments
harmoniques , en trois livres {ntçX àpjxovixtôv
CTToixeîwv), dont on trouve des manuscrits dans
presque toutes les grauiles bibliothèques. Le pre-
mier qui publia le texte d'Aristoxène avec das
notes fut Jean Meursius ; il y a joint les ouvrages
de Nicliomaque et d'Aly plus; cette collection a pour
titre : Aristoxenus , Nichomachus , Alypiits,
auclores musices antiquissimi hactenus non
erfî^t,Lugdiini Datavorum, lGlC,in-4'*. On a réim-
primé le texte et les notes dans les œuvres de ce
philologue, t. VI, p. 341 et suiv., et l'on y a
joint la version de Meibomius. Antoine Gogavini a
publié une version latine fort médiocre des élé-
ments harmoniques d'Aristoxène, avec les har-
moniques de Ptolémée, etc., sous ce titre : AriS'
toxeni antiquis. Harmonicorum elementortim
Libri très. Cl. Ptolemasi hai-monicorum, scu de
musica lïbri ///, Venetiis; 1562, in-4°. L'édi-
tion considérée comme la meilleure du traité de
musique d'Aristoxène est celle qui a été donnée
par Meibomius dans sa collection de sept auteurs
grecs sur la musique, intitulée : Anttqux imisicx
auclores septem,km?.ie\o(id.ïm, 1652, in-4 2 vol.;
toutefois cette édition est bien imparfaite; on y
trouve du désordre dans le texte , et Meibomius
n'a pas toujours saisi le sens de son auteur dans
sa version latine. Il y a joint des notes et une
préface.
Le texte d'Aristoxène a été fort altéré par d'i-
gnorants copisles. Meibomius a fait observer que
la fin de chaque livre manque; mais il n'a pas
vu que l'introduction de l'ouvrage a été déplacée,
et qu'on l'a mise dans le cours du second livre;
enfin il n'a pas vu qu'une autre transposition a
eu lieu dans le premier livre, où un passage du
second est cité comme une chose connue. C'est
W'allis qui, dans ses notes sur Ptolémée, a fait
ces remarques ; elles ont été répétées par Re-
(pieno ( Sacjgi sul Ristabilmento deW arte ar-
monica, t. I, p. 221} (2).
(1) Dans une Étude sur Jrhtoxéne et son École, insérée
dans la Revue arclieoloylgue (XIV= année, i8S7), M. Ch.
Kmni. Ruelle essaye de combattre l'assertion de Suidas par
un passage où Aristoiène loue U niûtliode de son maître.
Ce raisonnement parait peu solide; car ce n'est pas dans
des clioses de cette nature que la liaine calomnieuse se
montre.
(2) Il est évident, en effet, que les considérations sur
rtiarmonique, l'énumération de ses pariies, et la discus-
.sion sur la valeur ou li signification absolue des mots, de-
vaient trouver leur place après le plan que donne Aris-
toxCne de son ouvrage.
J. Ij. Doni avait iiidlipié dans son traité de
Prscstant.miis. velcr. t. 1 de ses œuvres, lib. Il,
p. 13<i, des fragments des Éléments rhijthmi-
ques d'Aristoxène, d'après un manuscrit de la
bibliothèque du Vatican ; il en avait même com-
mencé la traduction. L'abbé Moielli, savant bi-
bliothécaire, a publié ces fragments en 1786, d'a-
près ce manuscrit et im antre de la bibliothèque
de Saint-Marc de Venise.
At-liénce cite quelques ouvrages d'Aristoxène re-
latifs à la musique, qui ne sont pas venus jusqu'à
nous : l'un était un Traité des joueurs de flûte,
Ttept à\jXif)Twv ; le second traitait des flûtes et des
autres instruments de musique sous le titre : Ttepl
àuXûv xai opYavwv; le troisième était im traité de
musique, différent i\&?, Éléments harmoniques an
mêmeaulein; il avait pourtitre : Ttepl ;jiov(T;x>iç. Ce
livie traitait non-seulementdes diverses parties de
rart,tellesque la Métrique,la Rhythmique, V Or-
ganique, la Poétique tiV Hiippocritique , mais
encore de l'histoire de la musique et des musiciens.
C'est decelui-làque Plularque parle dans son dia-
logue sur la musique, lorsqu'il fait dire à un des
interlocuteurs : « Suivant Aristoxène (dans son
« premier livre surla musiq\ie), ce fut sur le mode
« lydien que l'ancien Olyiiipe composa l'air de
« llûte qui exprimait une lamentation sur \-\
« mort de Python. » Le dernier ouvrage d'Aris-
toxène relatif à la musique était un traité de l'art
de percer les flûtes, Tispi àuXov Tpriaew;. Les écrits
de cet ancien auteur ont été cités avec éloge par
Eiiclide, Cicéron, Vitruve, Plutarque, Athénée,
Aristide Quintilien , Ptolémée, Boèce et plu-
sieurs auties. Saint Jérôme a dit aussi, en par-
lant de lui : Et longe omnium doctissimits
Aristoxenus musicus; et Aulu-Gelle (Aoct. At-
ticar. lib. IV, c. XI) : Aristoxenus musicus
vir literatum vetertim diiigentissimus. Il est
remarquable que, de tous les musiciens dogmati-
ques grecs qui sont venus jusqu'à nous, Açjs-
toxène est le seul dont Plutarque fait mention.
Les Éléments harmoniques qua letempsnous
a conservés ne sont pas, comme on pourrait le
croire, un traité de cette partie de la musique
qu'on désigne aujourd'hui sous le nom d'har-
monie ; àp[Aov(a, chez les Grecs, signifiait, ainsi
qu'Aristoxène le dit en plusieurs endroits de son
livre, l'ordre mélodique des sons, le système sur
lequel le chant était établi. Avant d'écrire cet
ouvrage, Aristoxène avait donné son histoire de
la musique et des anciens musiciens, où il éta-
blissait que ceux-ci divisaient autrefois le ton en
quatre parties égales. Il ne fut pas compris, et
l'on crut qu'il avait voulu démontrer que dans la
pratique on peut chanter des intervalles de quarts
de ton ; il se plaint beaucoup de cette erreur eu
138
ARISTOXÈNE — ARMAND
(ilusieurs endroils de son livre et affirme qu'on
ne l'a pas enlendu. Quoi qu'il en soit, ce fut
pour faire prévaloir le système de la division
du ton en deux demi-tous égaux, suivant le
jugement de l'oreille et en opposition à la doc-
trine des pythagoriciens, qu'Aristoxène écrivit
son livre; système que l'abbé Requeno a voulu
faire prévaloir dans son livre intitulé : Saggi sut
liistabilmcnlo deW arte armonica dé" Greci e
nomani cantori (Parme, 1798, 2 vol. in-8 ), et
(|ue Kiesewetter a vanté, sans en avoir l'inlelli-
gence, dans l'écrit qu'il a publié sous ce titre :
Der neuen Aristoxener zerstreute Avfseetze
iiber das Irrige der musikalischen Aritmetik
und das Eitle ihrer Temperaturrechnungen
(Mémoires éparsdes nouveaux aristo\éniens,etc.).
Il y recueilleles opinions mal fondées d'Eximeno,
«le Drieberg , de M. J. Krieger, etc., qu'il appuie
des siennes propres. Mais la théorie dont il s'agit
n'est pas soutenable; car on a suffisamment dé-
montré que l'expression numérique du demi-ton
3
vrai est une quantité irralionnelle.
v/8
Pour principe fondamental de son système de
musique, Aristoxène établit que l'oreiile est le
seul juge des intervalles harmoniques. Pythagore
voulait que l'homme eût « priori la conscience
matiiémalique des rapports de ces intervalles :
Aristoxène, suivant la doctrine de son maître
Aristole, ne lui accorde que la faculté de s'en ins-
truire par l'expérience. Didyme {voij. ce nom),
écrivain grec, avait composé un livre fort étendu
sur ces deux systèmes opposés : cet ouvrage est
malheureusement perdu ; il ne nous en reste que
des fragments conservés par Porphyre. Quoi qu'il
en soit, la doctrine d'Arisloxène, sous le rapport
de l'égalité des demi-tons, est, comme on vient
<le le voir, tout emi)yrique ; elle ne peut avoir
<l'autre base que le jugement du sens musical :
instruit par l'expérience, il est donc assez singu-
lier que ce théoricien, après avoir rejeté les cal-
culs des proportions de Pythagore, ait eu recours
lui-même aux chiffres pour démontrer cette éga-
lité des demi-tons, base de tout son système,
«t de plus qu'il ne produise sur ce sujet que
(les calculs faux, victorieusement réfutés par
Ptolémée {Harînonic., lib. I, c. 9) et par Por-
phyre {Comment, in Ptolem., p. 298, édit.
Wallis). Boèce a très-bien résumé en peu de li-
gnes le principe faux qui sert de base à la doc-
trine d'Aristoxène (1). Ce principe consiste à
donner six tons à l'étendue de l'octave; au lieu
de cinq tons et deux demi-Ions mineurs, et à faire
(t) De Musica, lib. V. cap. xir. Le passnfrc commence
par ces mots : ^)aod vero de his ^-iristoxcnKS scntiat,
brevUer aperiendinn est. etc.
le demi-ton égal à la moitié d'un de ces tons. Il
prend le résultat du tempérament égal des mo-
dernes pour le produit de la nature.
Aristoxène dit en plusieurs endroits de ses
Éléments harmoniques (livre premier) que per-
sonne avant lui n'avait considéré la musique sous
le même point de vue et n'en avait traité de la
même manière; il fait connaître sa pensée à cet
égard en disant que tous les auteurs qui avaient
écrit sur cet art ne l'avaient considéré que sous
le rapport harmonique , c'est-à-dire que selon
l'ordre des Intervalles calculés proportionnelle-
ment. Il ne faut pas croire toutefois qu'en éta-
blissant une doctrine tout expérimentale et de
sentiment, ce musicien philosophe ait traité de
l'art sous le rapport de la pratique ; ce n'est qu'un
écrivain dogmatique dont le livre ne nous fournit
pres(]ue aucun ren.seignement sur ce qu'il nous
importerait de savoir concernant la musique de
l'antiquité. A vrai dire, aucnn des auteurs grecs
ne nous instruit à cet égard, et les livres des-
tinés à enseigner la pratique de l'art ne sont pas
parvenus jusqu'à nous.
J'ai dit que le livre d'Aristoxène, tel qu'il a été
publié plusieurs fois, porte des marques évidentes
de l'altération du texte et d'un grand désordre.
Parmi tous les manuscrits existants dans les
grandes bibliothèques de l'Europe, et qui sont
connus, il n'en est aucun qui puisse aider à ré-
tablir cet ouvrage dans son état primitif : presque
tous sont de la môme époque et semblent venir
de la même source. Une des pins singulières
transpositions qu'on y remarque est celle de l'In-
troduction, où se trouve l'énumération des di-
verses parties de l'ouvrage, et qu'on a placée
dans le second livre.
On peut consulter avec fruit, sur cet auteur, la
savante dissertation de M. G. L. Mahne, intitulée :
Diatribe de Aristooœno philosopha peripale-
iico, Amstelodami, 1793, in-S», et les Lectiones
Atlicx de M. J. Luzac, Leyde, 1809, in-8o. Voyez
aussi l'ouvrage de François de Ceaumont , inti-
tulé : Memoria sopra Xanto, Arislosseno e
SIesicoro. Palerme, J835, in-8o, et une Étude
sur Aristoxène et son école, par M. Ch.-Em.
Ruelle, dans la Revue archéologique, 14' année
( 1-857).
ARMAND (M"" Anj<e-Aiiuée), cantatrice,
connue sous le nom de M"® Armand l'aînée, née
à Paris, en 1774, a débuté à l'Opéra-Comique
dans la salle Favarl, au mois de juin 1793, et fut
reçue sociétaire dans la môme année. Elle chanta
avec succès à ce théâtre jusqu'à la réimion des
sociétaires avec les comédiens du théâtre Eey-
deau, en 1801. Alors elle passa à l'Opéra, et
débuta à ce théâtre, le 8 germinal an ix (29 mars
AR^IAND — ARNALD
13»
1801), dans le rôle A'An/tgone d'Œdipe. Elle
s'est retirée le l^"" janvier 1811. M"' Armand
possédait une voix sorwre et fortement timbrée :
elle avait de l'énergie et produisait de l'effet dans
les morceaux d'ensemble ; mais sa vocalisation
manquait de légèreté, et son intonation n'était
pas toujours d'ime justesse irréprochable. Elle est
morte à Paris, le 4 avril 184G.
ARMAIXD (Joséphine), nièce de la précé-
dente , et son élève pour le chant , a débuté à
l'Opéra, le 16 février 1808, dans Iphigénie en
Aulicle. En 1813, elle épousa Félix Cazot, pro-
fesseur de piano à Paris. Ayant été réformée le
1" janvier 1817, elle fut engagée au théâtre de
Bruxelles, et elle y a chanté jusqu'en 1826, époque
où elle s'est retirée à Paris.
ARMAIVSPERG (Marie d'), pianiste ama-
teur, s'est fait connaître depuis 1844 par quel-
ques compositions légères pour son instrument,
telles que des nocturnes (œuvre 3), polkas
(op. 2), etc., qui ont été publiées chez Schott, à
Jlayeuce.
ARMBRUST (GoERGEs), organiste de l'é-
glise Saint- Pierre, à Hambourg, a pris part à line
|)olémique relative à la société qui a pris le titre
de : Hamburger Bachgesellschafl, et s'est for-
mée en concurrence d'une a\itre association anté-
rieure de LeipsicU.pourla publication des Œuvres
(complètes de Jean Sébastien Bach, laquelle avait
déjà fait paraître les cinq premiers volumes do
sa belle collection. La polémique commença par
un article qui parut le 1er avril 1856 dans le
Tagesbericht de Hambourg. On y ("aisait remar-
querqiie la nouvelle sociétéde Bach n'avait pasde
raison d'être, puisqu'il en existait déjà une qui
avait le même objet, et qui s'acquittait bien de
sa mission. M. Charles G. P. Gràdner {voy. ce
nom) (it paraître à celle occasion divers écrits
auxquels 1\I. Armbrust , membre de la société de
de Bach de Hambourg., a lépondu par celui qui a
pour titre : Replick aufdie Vertheldigung der
Hamburger Bac/igesellschaft gegen die An-
griffe des Herrn Cari. G. P. Gràdner (\\6-
plique sur la défense de l'association hambour-
gcoise de Bach , contre les attaques de M. Char-
les G. P. «Graduer), Hambourg, Schuberth, 1856,
in-.s'^de 29 pages.
ARMII\GAUD (Jules), violoniste et com-
positeur, est né à Bayonne, le 3 mai 1820. Il y
a reçu des leçons de violon d'un bon maître
qui a développé son talent naturel. Au mois
«le juin 1839, M. Armingaud s'est présenté au
Conservatoire de Paris pour entrer dans une
classe de perfectionnement de son instrument ;
mais déjà sa manière avait acquis trop d'in-
«iividualité pour se modifier par les leçons d'un
professeur, et le comité d'examen ne crut
pas devoir admettre le jeune artiste, bien qu'il
l'eût entendu avec plaisir. Depiu's lors le
talent de M. Armingaud s'est complété par ses
études particulières et par l'audition de quelques
artistes éminents. il est aujourd'hui ( 1857 ) con-
sidéré comme un des violonistes les plus distin-
gués de Paris, et occupe la place de premier
violon au théâtre impérial de l'Opéra-Comique.
Au nombre de ses compositions publiées jusqu'à
ce jour, on remarque celles-ci : If Fantaisie sur
Y Absence, de Félicien David, pour violon et
piano, op. 8 ; Paris, Brandus. — 2° Sérénade pour
violon avec ace. de piano, op. 9; Paris, Meisson-
nier. — 3° Grande fantaisie sur Zampa, idem, op.
10; Paris, ibid. — 4° Villanelle, idem, op. 11 ;
ibid. — 5° AndanCe et Scherzo pour violon et
piano, op. 13 ; Paris, Richault. — 6» Fantaisie et
variations pour violon et orchestre, op. 14 ; Paris,
P.ichault. — 7o Souvenir de Vasconie, idem,
op. 15; ibid.
ARMOIVIST (***), virtuose sur un instru-
ment de son invention qu'il a nommé Holzhar-
monika (harmonica de bois) : cet instrument
n'est autre que le claquebois , échelletle de
morceaux de bois dur et sonore, originaire de
l'Inde et de la Chine, dont on tire des sons en
frappant les barreaux avec un petit maillet. Il
n'est ordinairement composé que de .sons diato-
niques d'après l'échelle musicale des Chinois :
M. Armonist a fait le sien sur une échelle chro-
matique de deux octaves. Il en joue avec une
dextérité merveilleuse et exécute les passages
les plus difficiles. Cet artiste est fixé à Péters-
bourg. Je présume que le nom sous lequel il est
connu est un sobriquet qui lui a été donné à
cause de son talent, et qu'il est Anglais d'ori-
gine.
ARMSDORFF ( Anoré ) , organiste de l'é-
glise du Commerce à Erfiirt , naquit à IMuhIberg,
le 9 septembre 1670. Après avoir fini son cours
d'études latines, il se livra à la jurisprudence,
devint organiste de Saint-André, et ensuite de
l'église du Commerce. H remplissait les fonctions
de celte dernière place, lorsqu'il mourut, le 31
juin 1699, à l'âge de vingt-huit ans. '^11 a laissé
en manuscrit un recueil considérable de compo-
sitions pour l'église. Kœrner, éditeur à Eisenach,
a publié un trio pour l'orgue, à trois claviers, sur
le choral Wieschœn leuchtet, de la composition
de cet artiste.
ARNALD (Arild) , fils deThorwald , fut un
scalde islandais, ou poète chanteur, attaché aii
.service de Waldemar le Grand, roi de Danemark.
Saxo le Grammairien accorde de grands éloges à
son talent dans la poésie et dans le chant accoin»
140
ARNALD — ARNE
pa^né de la harpe. Arnald vécut dans la seconde
moitié' du douzième siècle.
AIVNAUD (L'abbé François), né à Aubignaii,
près de Carpentras , le 27 juillet 1721 , entra
de bonne heure dans l'état ecclésiastique. Il vint
à Paris en 1752, et fut pendant quelque temps
attaché au prince Louis de Wurtemberg, qui était
alors au service de France. En 1765, il obtint
l'abbaye de Grandchamp; dans la suite il eut la
place de lecteur et de bibliothécaire de Monsieur,
et la survivance de la place d'historiographe de
Tordre de Saint-Lazare : il mourut à Paris le 2 dé-
cembre 1784. Il avait été reçu membre de l'A-
cadémie des inscriptions et belles-lettres en 1762,
et de l'Académie française, le 15 mai 1771.
L'abbé Arnaud joignait à beaucoup d'instruc-
tion un goût très-vif pour les beaux-arts. Il fut
un chaud partisan de Gluck, et prit part à la
guerre musicale entre les Gluckistes et les Piccinis-
tes. La Harpe, Marmontel et quelques autres lit-
térateurs, qui s'étaient mis à la tête de ceux-ci,
sans savoir pourquoi, trouvèrent dans l'abbé Ar-
naud un antagoniste redoutable, qui avait sur eux
l'avantage d'entendre la question. Il écrivit pour
cette querelle quelques brochures anonymes et plu-
siens articles dans le Journal de Paris. On ne peut
reprocher à l'abbé Arnaud que d'avoir vanté
jusqu'à l'exagération l'utilité de la déclamation
lyrique, et d'avoir méconnu le charme de la
mélodie.
Voici la liste de ses écrits qui ont la musique
pour objet : lo Lettre sur la Musique à mon-
sieur le comte de Caylus;PaTis, 1754,in-8,36
pages. (Voy. Journ.des Sav. de 1754, p. 175.)
Cette lettre a été insérée par La Borde dans son
Essai sur la Musique, t. III, p. 551 ;'Arteaga en a
donné une traduction italienne dans ses Rioo-
iuzionl del tcatro musicale italiano, t. III,
p. 243.-20 Réilexions sur la musique en géné-
ral, et sur la musique française en particulier ;
Paris, 1754 ; in-l2. — 3° Quelques morceaux :l;uis
les Variétés littéraires, publiées eu société
avec Suard, Paris, Lacombe, I7CS, 4vol.in-12.
Léon Boudou a publié les Œuvres complètes de
l'abbé Arnaud , à Paris, en 1808, 3 vol. in-8";
on y trouve les morceaux suivants, relatifs à la
musique : Tome 1er, Lettre sur la musique (à
M. deCaylus); — Lettre sur un ouvrage italien in-
titulé : llTcatro allamoda. — Tome II : Essai sur
le mélodrame ou drame Ivrique. — Traduction
manuscrite d'un livre sur l'ancienne musique
chinoise. — Lettre à Mme d'Augni et à la com-
tesse de B..., sur Vlphigénie de Gluck. — La
soirée perdue à l'Opéra. — Lettre d'un Ermite
de la forêt de Sénart, avec la réponse. — Lettre
iTi P. Martini, avec la ré[)onse. — Profession de
foi en musique , d'un amateur des beaux-arts ,
à M. de la Haipe. — Lettre sur Vlphigénie en
Tauride de Gluck. La plupart de ces morceaux
avaient été publiés précédemment dans les Mé-
moires pour servir à l'histoire de la révolution
opérée dans la musique par M. le chevalier
Gluck.
ARNAUD (Pierre), violoniste de Paris,
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle ,
y a fait imprimer trois œuvres de quatuors pour
deux violons,^ alto et basse, depuis 1782 jus-
qu'en 1787.
ARNAUD (Jean-Étienne-Goillaume), connu
sous le nom à^Etienne Arnaud, est né à Mar-
seille, le 16 mars 1S07. Arrivé à Paris à l'âge
de dix-huit ans, il fut admis comme élève pen-
sionnaire du Conservatoire pour le chant, le 16
juillet 1825, et suivit le cours de Plantade; mais
il acheva ses études sans se faire remarquer, et
sortit de cette école pour se livrer à renseigne-
ment , son organe vocal n'ayant pas la sonorité
suffisante pourla scène. M. Arnaud a trouvé une
compensation à cette infortune dans le succès
qu'ont obtenu les jolies romances dont il e«t
auteur, et dont il a publié un grand nombre,
parmi lesquelles on remarque celles-ci : Jenntj
l'ouvrière; La mère du mousse ; Soldat du
roi; La Reine de la moisson; Jean ne ment
pas, etc.
ARNE (Thomas-Augustin), docteur en mii-
sii]ue, eut pour père un tapissier de Londres, et
naquit au mois de mars 1710. Destiné par ses
parents à la profession d'avocat, il fut mis au
collège d'Éton, où ses éludes se ressentirent des
distractions que lui causait déjà son penchant
pourla musique. Ce penchant devint bientôt une
passion insurmontable; et, malgré les obstacles
que lui opposait sa famille , il parvint à se livrer
à l'étude du violon sous la direction de Festing,
et à celle du clavecin et de la composition. Son
premier essai fut la musique d'une farce inti-
tulée Tom Thumb , ou l'Opéra des Opéras ,
représenté sur le théâtre de tlaymarket, en 1733.
En 1738, il fit jouer son opéra de Camus, qui
est considéré eu Angleterre comme un excellente
production. Arne eut du moins le mérite d'y
mettre un cachet particulier, et de ne point se
borner, comme tous les compositeurs anglais
de cette époque, à imiter Purcell ou Haendel.
Vers le même temps, il épousa Cécile Yoimg,
élève de Géminiani et cantatrice distinguée du
théâtre de Drury-Lane. En 1744, il fut attaché
comme compositeur au même théâtre. Depuis
lors, jusqu'en 1776, il donna plusieurs opéras
qui eurent presque tous du succès, et qui le mé-
ritaient; car, si l'on ne trouve point une grande
ARNE — ARNEST
!4t
originalité d'idées dans les productions d'Ame,
ni beaucoup d'expression dramatique , on y re-
connaît du moins de l'élégance et du naturel dans
les chants , de la correction dans Tliarmonie , et
des détails agréables dans les accompagnements.
Ses airs ont quelquefois, il est vrai, un peu de la
roideur qui semble inséparable de la langue sur
laquelle il travaillait; mais il les adoucissait au-
tant que cela se pouvait par un heureux mélange
du style italien et des mélodies écossaises. En
somme, Arne est le musicien le plus remarquable
qu'ait produit l'Angleterre dans le dix-huitième
siècle. Il a composé aussi des oratorios , mais
il ne fut pas si heureux dans ce genre de compo-
sition qu'au théâtre. Il ne pouvait en effet lutter
sans désavantage contre la réputation de Hsen-
del ; car, outre qu'il n'avait point la fertilité li'in-
vention de ce grand liomme , ses chœurs sont
d'une faiblesse que ne comporte pas cette espèce
de drame. Malgré l'admiration des Anglais pour
Haendel , leurs biographes ont essayé de démon-
trer que le peu de succès des oratorios d'Arne
a été causé par l'infériorité des moyens d'exécu-
tion dont il pouvait disposer, comparés à ceux
de son modèle. Arne est mort d'une maladie spas-
modique, le 5 mars 1778.
Voicila liste de ses ouvrages : 1° Rosamonde,en
ll'àZ. — TVOpéra des Opéras, 1733. — 3" Zaro,
1736. — 4°Co?nMA-, 1738, gravé. — 5° Theblind
Beggar of Bethnal Green ( Le Mendiant aveugle
de Bethnal Green). — G*» Fall of Phaeton ( La
Chute de Phaéton). — 7" King Pepin's Campaign
(La Campagne du roi Pépin), 1745. — 8° Don Sa-
verio, 1749. — 9° Temple ofDulness (Le Temple
de la Paresse), 174.ô. —10° Britannia, 1744. —
11° Elisa, 1750. — 12° Cimona. — io" Artaxer-
ces, 1762, gravé en partition. — W Elfrida. —
15° KingArlhur (Le Roi Arthur). — 16- The
Guardian outivitted (Le Tuteur dupé) , 1765 ,
gravé en partition. — 1 7° The Birth of Hercules
(La Naissance d'Hercule), I7G6. — 18° Achilles in
petticoafs (Achille àScyros). — 19° Thomasand
Satly , gravé en partition. — 20° The Choice oj
/{arlequin (Le Choix d'Arlequin). — 21° Sijren
( La Sy rêne).— 22° TheLadïesfrolïck (Les Femmes
gai (fardes), en 1770, gravé en partition. — 23°
L'Olympiade, opéra italien. Ses oratorios sont :
Alfred, M k(>; Judith, il6i,Tripto-Portsmoiith^
gravé à Londres. Tous ces ouvrages ont été pu-
bliés chez Walsh et autres éditeurs de Londres,
en extraits ou en partitions complètes. 1! a fait
graver aussi pour la chambre : 1° Colin and
Phœbe (CoVm et Phébé), dialogue, 1745. — 2° Ode
on SAaAe.5pearp (Ode sur Shakespeare). — 3<>Song
in the Fairy taie. — 4° The oracle or the Rcsol-
ViT of questions, ti'it h '^2 pages ofsongs, 1703.—
5° /1/ff(/rfû?/ (Le premier Jour de Mai). — fi» îSinc.
books of sélect english songs (Neuf livres de
chansons anglaises).
Madame Arne, femme du compositeur, était
excellente cantatrice, et brillait dans les opéras
de Haendel : elle est morte vers 1765.
ARNE (Michel), fds du précédent, na-
quit à Londres en 1741. Ses dispositions pour
la musique se développèrent si tôt qu'à l'âge do
dix ans il exécutait sur le clavecin des leçons de
Haendel et de Scarlatti avec une rapidité et une
correction surprenantes. En 1764 il donna, en so-
ciété avec Battishill, au théâtre de Drury-Lane,
l'opéra d'^Zcme?îû!, qui n'eut aucun succès, et
The Faifs taie ( Le Conte de fées) , qui fut mieux
accueilli. Cymon fut jouée en 1767 : c'est le meil-
leur ouvrage de Michel Arne, qui en écrivit plu-
sieurs autres, mais qui, vers 1780, eut la folie de
quitter sa profession pour se livrer à la recherche
de la pierre philosophale; il fit même construire
kChelseawn bâtiment qui lui servait de labora-
toire. Mais, ayant été ruiné par les dépenses que
lui occasionna l'objet de ses recherches, il rentra
courageusement dans la carrière de la musique,
et écrivit de petites pièces pour les théâtres de
Covent-Garden , du Vauxhall et du Ranelagh :
il est mort vers 1806.
ARNEST, premier archevêque de Prague ,
vers le milieu du quatorzième siècle , composa,
vers l'année 1350, un chant en langue bohème,
avec la musique, en l'honneur de saint Wences-
las. Ce chant, dont les paroles sont la traduction
du Kyrie Eleison, se chante encore dans les
églises lie la Bohême à la fête de saint Wenceslas.
Arnest mourut le 30 juin 1364 , et fut inhumé
dans le monastère des chanoines réguliers de
Sainte-Marie, qu'il avait fondé àGlatz. Berghauer,
dans son Protomartyre S. Joanne J\'epomuc.,
1. 1, p. 102, dit qu'il existe dans l'église cathédrale
de Prague un beau manuscrit sur vélin, en six
volumes grand in-folio , qui contient une collec-
tion de messes, de séquences et de motets notés,
et qui a été exécuté aux dépens et par les or-
dres d'Arnest en 1363. Au premier volume de ce
manuscrit, on trouve l'écusson des armes d'Aruest,
qui consiste en un cheval blanc dans un champ
rouge, avec cette inscription: Anno Domini
MCCCLXiii. Bominits Arnestus Pragensis Ec-
clesix primus Archiepiscopns fecit scrihere
hune librum, ut Domini canonici eo utantur
in Ecclesia predicta. Obiit aiitem predictus
Dominus Arnestus An. Dom. mccclxiv. Vltima
die mensis Junii. Cujtis anima requiescat in
pace. Amen. Le portrait d'Arnest a été gravé par
Malhias Greischer et inséré dans l'ouvrage qui a
pour titre: .-1; ÉgrszVilagonslev's Csudalatos
142
ARNEST — ARNOLD
Boldogsagos Szik. Kepeineck Rovideden Jol (et
i'rerfe/i, etc., et qui a été publié à Prague, en 1690,
in-4°, aux dépens du prince Paul Esterhazy.
ARNETIl (Fiunçois-Henri), physicien, né
à Vienne vers 1815, est auteur d'un traité de la
\io\\\mm?ime.,\aW\M\é: Diemenschltche Stimme.
Vienne, 1842, 1 vol. in-8».
ARIXIM ( Louis- AcHiM d' ) , poète et roman-
cier allemand, naquit à Berlin le 26 janvier 1781,
et mourut dans une maison de campagne aux
environs de cette ville, le 21 janvier 1831. Son
mérite littéraire ne doit pas être apprécié ici : il
n'est cité dans celte biographie que pour une suite
d'articles sur les airs populaires ( Von Volhs-
liedern) qu'il a publiés dans la Gazette musicale
de Berlin (1805, nos 20, 21,22, 23 et 26). D'Ar-
nim avait parcouru l'Allemagne en tout sens , et
y avait recueilli un grand nombre de ces chan-
sons , les notant sous la dictée des artisans, des
jeunes filles et des pâtres. 11 en forma un recueil
qui parut à Heidelberg, en 1806, sous le titre
de : Das Wunderhorn (le Cor merveilleux), et
dont il a été publié une nouvelle édition en 1819.
A IINIM (Elisabeth ou Bettinad'), femme
du précédent, née Brentano, a vu le jourà Franc-
fort-sur-le-Mein , en 1785. Douée d'une ima-
gination ardente, elle s'éprit d'un amour pas-
sionné pour Goethe, qu'elle n'avait jamais vu, à
la lecture de ses ouvrages, et lui écrivit des let-
tres pathétiques auxquelles le galant vieillard ré-
pondit par des sonnets et par des épîtres remplies
de grâce et de douce philosophie. Cette corres-
pondance, commencée en 1807, a été publiée
en trois volumes, sous le titre de : Gôth.e's Brief-
wecbseL mit einem Kinde ( Correspondance de
Gœthe avec un enfant). Cet enfant avait vingt-
deux ans quand le commerce épistolaire com-
mença. La célébrité de Bettina n'est pas fondée
seulement sur son amour pour l'illustre poète :
elle y a d'autres titres par ses ouvrages littéraires.
On n'a pas à s'en occuper ici : M^é d'Arnim n'est
mentionnée dans celte biographie que pour ses
Lieder pour une ou deux voix avec accompagne-
ment de piano , dont il a été publié un recueil à
Leipsick, chez Breitkopf et Haertel. Bettina
Brentano avait éi)Ousé le littérateur Loiiis d'Ar-
nim, dont elle est devenue veuve en i83t.
ARI\K1EL (Trogillcs), fut d'abord pasteur
à Asparende , dans le Sleswick , et mourut en
1713, surintendant des églises luthériennes du
Holstein. Il a beaucoup écrit sur l'histoire du
Nord. Au nombre de ses ouvrages se trouve
un traité de l'usage des cors, principalement
dans la musique sacrée, qu'il écrivit au sujet
d'un cor en or trouvé le 20 juillet 1639 à Tun-
dern, en Danemarli, et sur lequel plusieurs sa-
vants ont écrit des dissertations (Vid. 01, Wor-
mit de Aureo cornu Danico). Le titre de l'ou-
vrage de Arnkiel est : Vom Gebrmich der Uni-
ner, insonderheit beym Gottesdiensle (Do
l'usage des cors, particulièrement dans le service
divin) 1683, in^". Il y a joint une prélace histo-
ri(|ue sur le chant de l'église.
ARKOLT ou ARNOULD, surnommé le
Vielleux, c'est-à-dire le joueur de vielle (1 ), trou-
vère du treizième siècle. Le manuscrit 7222 de la
Bibliothèque du Roi nous a conservé deux de
ses chansons, qui sont notées.
ARNOLD ou ARNOLT, surnommé de
Bruck, de Prug , DE Brucq , et même de Ponte ;
et qui est quelquefois désigné simplement par le
nom à^ Arnoldus , est un musicien flamand qui
brilla au commencement du seizième siècle , et
qui vit le jour à Bruges ( vers 1480) , d'où lui
est resté le nom d'Arnold van Bnigge , van
Bruck, van Bruch {BrucK, ancienne orllio-
graphe flamande de Bruges). Les Allemands lui
ont donné le nom {['' Arnold von Bruck, et les
Italiens celui à'Arnoldo de Ponte, parce que
Bruch ou Brug signifie jPon^en flamand, comu.e
Bruck en allemand, et Ponte, en italien. On
ignore où Arnold a fait ses études musicales ;
mais un monument intéressant nous apprend
qu'il fut maître de la chapelle de Ferdinand V\
roi des Romains , qui devint empereur d'Alle-
magne à la fin de 1556, après l'abdication de
Charles-Quint. Ce monument est une médaille
en argent, qui existe dans le cabinet impérial à
Vienne, et qui représente d'un côté le busti;
d'Arnold , avec cette inscription, EIKON. AH-
NOLDI A BRVCK R(omanorum) R(egiae)
M(ajestatis) R. C. ( Uectoris capellae) CAN-
TORVM PRAESIDIS 1536. Au revers, dans une
couronne de branches d'olivier, on lit le dis-
tique suivant, en huit lignes :
OMNIA. QVAE. MVNDO. SVNT. ORNA-
TISSIMA. CESSANT. INGENIL SOLVM.
STATQVE. MANETQVE. DECVS, c'est-à-
dire : « Tout ce qui dans ce monde brille d'un
n vif éclat disiiarait : la gloire du génie. seule
ce reste et persiste. «•
Arnold mourut à Vienne le 22 septembre 1536.
On connaît ju.squ'à ce jour les compositions
suivantes d'Arnold de Briigt>^ : 1" Un Dies irx
à quatrevoixdans le ms. in-fol. m», de la Bibiio-
(1) Roquefort a prouvéqHcl'instriimonlqul a porté le nom
de vielle dans le moyen âge n'est autre que le violon ou rc-
bee ( Voyez l'ouvrase intitulé :i)e la poésie française dans
tes douzième et treizième siècles, p:>r M. Roquefort, p. 107
et 10a). On peutvoirsur cesa)ct\efi necherches histori,pies
stcr l'origine et les tramformations des instrv.mcuts a
arcliet, de l'auteur de cette biographie, dans le livre inti-
tulé :, ^n(oini;5Jrarfiwri, clc. (I'ans,i8!)s, i volume ii: «".
ARNOLD
143
thèqiie royale dcMunich, colé 47. — 2" Lemolel à
cinq voix In civitale Dominl, m\ iiianiiscril à la
Bibliotlièque impériale lie Vienne, — S'' L'iiynine
à quatre voix, Gloria latiset honor, ibid. — 4° Le
motet Fortitudo Dei,as\\ voix, dans la première
partie de la collection intitulée : Novwii et
insigne opus mtisicmn, sex, quinque et. qua-
tuor vocum, etc. ; Norimbergaj, Hier. Graplieiis.
1537, petit in-40 obi. — 5" Les motets à cinq voix
Pater noster, et ht civitatem Domini , dans
la seconde partie du même recueil : Nurem-
berg, 1538 , petit in-4° obi. — C° Des motets
<lans la collection qui a pour titre : Selectissimo-
rwn Motettorum partim quinine, partim
quatuor vocum, iomus priimis, dont Georges
Forster fut éditeur, et qui a été publié à Nurem-
berg, cbez Petreius, en 1540, in-4° obi. — 7o
Les hymnes Audi Bénigne conditor ;Jesu qua-
dragenarise ; Adesto nunc Ecclesise; 0 Crux,
ave , à quatre voix , dans le Sacrorum Hym-
norum Liber primus. Centum.et triginta
quatuor Hymnus continens , ex optimis au-
Ihoribus musicïs collectus ; inter quos primi
artifices in hac editione sunt Thomas Stol-
tzer, Henricus Finc/c, Arnoldus de Bruck , et
alii quidam ; Vitteberg.Te, apudGeorgiiim Rliaii,
1542, in-4 obi. — 8° Quelques motets dans le re-
cueil qui a pour titre : Quatuor vocum musicx
modulationes numéro 26 ex optimis auclo-
ribus diligenter selectse, prorsus novx, atque
typis hactenus non excusée; Antverpiœ, apud
Guilielmum Vissenxum , 1542 , petit in-4'' obi.;
— 9° Des chansons allemandes dans la seconde
partie du recueil publiée par Forster, sous ce ti-
tre : Ein Ausszug kurtziveiliger guter frisclier
Liedlein zusingen (Choix de chansons les plus
amusantes, les meilleures et les plus nouvelles
à chanter ), Nuremberg , Petreius, 1540, in-4°
obi. — 10° Des chants à l'usage des écoles dans le
recueil intitulé : 123 Newe geistliche Gesxnge
mitvier und/ûnff Slimmen,e[c. (123 nouveaux
chants spirituels à quatre et cinq voix, etc.) ;
Witlenberg, G. Rhaw, 1544, in-4'' obi. Hans
Walther a inséré aussi un cantique d'Arnold de
IJruges dans son Cantionale, imprimé à Wit-
lenberg, en 1544. Quelques auteursont confondu
[lar erreur Arnold de Bruges avec Arnold sur-
nommé Flandrus. ( Voy. ce nom. )
ARNOLD DE FLANDRES , en latin Ar-
noldus Flandrus, musicien belge, qui vécut à
la fin du seizième siècle et au commencement
du dix-septième, fut moine camaldule (ere-
mita) et organiste de son couvent , àTolmezzo,
dans le Frioul. Quelques auteurs ont cru qu'il
était le même qu'Arnold de Bruck ou de Bru-
8CS ; mais l'erreur est évidente, car celui-ci est
mort en 1536 , taiulis qu'Arnold de Flandres vi-
vait encore soixante-dix ou douze ans plus tard.
On a de ce moine les ouvrages dont voici les li-
tres: 1° SacicC Canliones Arnokli Flandriere.-
mitai (1) organistee 7\ilmetini (2) quatuor vo-
cibus decantandx, liber primus; Venetiis
apud Angelum Gardanum, in-4'' obi. Ce re-
cueil contient 20 motets. L'épitre dédicatoire est
datée de Venise, aux ides dcjanvier 1 595. Arnold y
dit qu'il s'est livré avec ardeur à l'enseignement
du chant aux enfants (^4 puero quantum in me
fuit, ardentissime colui ). — 2» Madrigali a
cinquevoci; Dillingen , 1G08, 10-4". Celte édi-
tion a (iù être faite d'après une autre édition île
Venise. — 3° Sic fortunajuvat, messe à sept
voix , ibid.
ARNOLD (Georges), organiste de la ca-
thédrale de Bamberg, naquit dans le Tyrol,
dans la première moitié du dix-septième siècle, .
et fut d'abord organiste à Inspriick. lia publié
les ouviages suivants : lo Cantionum sacrarum
de tempore, op. 1, in-4''. — 2" Très Motet tos de
}iomineJesu, op. 2, in 4°. — 3° Psalmi de neata
Maria Virgine cum Salve Regina, Ave Regina,
Aima Redemptoris Mater, et Regina Ca'U,cuni
quinque vel sex, scilicet tribus vocibus ; dnobvs
violinis concert antibus, cum viola ad libitum,
Œniponti , typis et sumptibus Michaeli Wagiieri,
1652, in-4''. — 4° Cantiones et Sonettœ, uno,
duobus, tribus et quatuor violinis accomodalx,
cum basse gênerait; Œniponti, 1G59, in-fol. —
5" Satrarum cantionum de tempore et sanctis
quatuor, quinque, sex et sepfem vocibus ac
instrunLcnt. concert.; Œniponti, IGGI, iu-4". —
6" Psalmi vespertini quatuor aiit duabus vocib.
et duobus violinis cancer tan tibus vel septem,
decem, quindecim ad placitum, Bamhergse,
in-fol. — 7" Très missx pro de/ùnctis et alia
laudativa quatuor, quinque, septem vocib.
et tribus vel quattior violinis ad placittim ;
Bambergae, 1676, in-4o. — 8° Missarumqua-
tern. cum novem vocibus, 1* pars; Bambergae,
1673, in-fol. idem, 2^ pars ; 1675, in fol.
ARNOLD (Je\n), premier trompette de
l'électeur de Saxe , au milieu du dix-septième
siècle, a composé en 1652, pour les noces
de Georges F"", une sonate à quatre trompettes
qui aété imprimée à Dresde, dans la même année.
(i) En Italio, lea crmilcs étaient de l'ordre des camal-
dules. U y avait aussi les ermites de Saint-Jérôme ; mais
on appelait ceux-ci hier ony mites. En Espagne , les ermi-
tes étalent de l'ordre de Saint-Jean de la Pénitence, et en
Portugal. Ils avalent saint Paul pour patron.
(2) Tulmetinum est le nom latin de Tolomezzo, petite ville
des États vénitiens, dans la province appelée Carnia
ou Cargna, dont elle est le chef-lieu. Cette province fait
partie du Frioul.
Ul
ARNOLD
ARNOLD (Michel-Henri), habile orga-
niste de l'église Saint-André, à Erfiirt , naquit h
Errùrt,en 1682. Ses préludes d'orgue pour des
cliants simples ou chorals ont eu une grande ré-
putation; on ne croitpas qu'il les ait fait impri-
mer; mais l'éditeur Koerner, d'Er/urt, en a
donné quelques morceaux dans sa collection de
pièces des anciens organistes.
ARNOLD ( Jean-Georges), organiste à
Shul, vers le milieu du dix-huitième siècle, a fait
graver à Nuremberg, en 1761, deux trios pour
clavecin et violon.
ARNOLD ( Samuel), docteur en musique,
né à Londres le 10 août 1740, reçut les pre-
mières leçons de musique d'un musicien nommé
Gates, alors maître des enfants de la chapelle
royale , et termina ses études dans cet art sous
le docteur Narcs. C'est donc à tort qu'on a dit
(Dict. hisLdes Mus., Paris, 1810)qn'ilétait Al-
lemand , et qu'il avait été élève de Hœndel. A
peine Arnold eut-il atteint l'âge de vingt-cinq
ans qu'il (ut engagé par les directeurs de Co-
venl-Garden à travailler pour leur théâtre; il
débuta par le petit opéra-comique intitulé :
Maid qf the Mill (la Fille du Moulin). Les
éloges qui furent donnés à sa musique le détermi-
nèrent à s'exercer sur un oratorio, et il écrivit
TheCure ofSaûl (la Guérison de Saiil), qui fut
exécuté en il7^,ei qui lui fit une grande réputa-
tion en Angleterre. A celui-ci succéda, dans l'année
^■mvanie, Abimelech ; en 1776 il donna The pro-
(iigal Son ( l'Enfant prodigue), et en 1777 La
Résurrection. Dans les intervalles qui séparent
ces productions il fit la musique de plusieurs
opéras , farces et pantomimes. A la mort du doc-
teur Nares , qui eut lieu au commencement de
1783, Arnold lui succéda dans la place d'orga-
niste du roi et de compositeur de la chapelle
royale. Ces emplois l'obligèrent à écrire un
grand nombre d'offices, d'antiennes et de psau-
mes, qui sont fort supérieurs à ses autres ou-
vrages, bien qu'ils soient moins connus. L'an-
née suivante il fut choisi comme sous-directeur
de la musique de Westminster jiour la commé-
moration de Hi'findel. Ce fut aussi Arnold que
le roi d'Angleterre chargea de diriger la magni-
fique édition des œuvres de ce grand musicien,
qui fut publiée à Londres en 1786, en 3C vol. in-
lol. 11 eut le tort de ne pas donner assez desoins
à cette édition, et d'y laisser une multitude de
fautes qui la déparent, et qui font préférer souvent
les anciennes éditions données par Walsh, sous
les yeux de H.Tndel. Vers la fin de l'année 1789,
l'Académie de musique ancienne le nomma son
directeur : il a conservé cette place jusqu'à sa
mort. C«lle-ci lut hùt^e par une chute qu'il fit
en voulant prendre un livre dans sa bibliothè-
que : il se brisa le genou ; et, nonobstant ks soins
qu'on lui prodigua, il cessa de vivre le 22 oc-
tobre 1802, après avoir langui pendant plus
d'une année. Ses restes furent déposés à l'abbaye
de Westminster; et les choristes de cette abbaye
se réunirent à ceux de Saint-Paul et de la cha-
pelle royale pour chanter à ses obsèques un
service funèbre composé par le docteur Calcott.
De pareils honneurs prouvent -la haute estime
que les Anglais ont eue pour les talents d'Arnold ;
tous leurs biographes s'accordent, en effet, pour
vanter le mérite de ses prodjctions : néanmoins
j'avoue qu'en examinant ceux de ses ouvrages
qui ont été gravés , je n'y ai rien trouvé qui
put justifier les éloges qu'on leur a prodigués.
Le chant en est commun et dépourvu d'élégance ;
la qualité qui m'y a paru la plus remarquable
est la pureté d'harmonie.
Le docteur Arnold a composé .sept oratorios ,
cinquante-cinq opéras anglais , outre un grand
nombre de pantomimes, odes, séiénades et
farces. Parmi ses opéras et pantomimes, les sui-
vants sont les plus connus : l» Maid of the Mill
( la Fille du Moulin), à Covent-Garden, 17G5.
2° Rosamond, ibid., 1767. — 3° The Portrait,
farce, ibid., 1770. — 4° Mother Shiplon (la
Mère Shiplon), pantomime , à Hay-Market,
1770.— h" Son-ïn-law (le Gendre), farce, ibid.,
1779. — 6" Fire and Water (le Feu et l'Eau ),
opéra ballet, ibid., 1780. — '"Wcdding Nigh.t
(la Nuit des Noces), farce, ibid., 1780. — 8° Sil-
ver Tankard (le Pot d'argent), farce, ibid.,
1781. — 9° Dcadin live (le Mort vivant), opéra-
comique, ibid., 1781. — 10^ Castleof Andalusia
(le Château d'Andalou.sie), opéra-comique, à Co-
vent-Garden, 1782 1 1° Gretna-Grcen , farce,
Hay-Market, 1783. — 12° Ilunt the lipper (\à
Pantoufle qui court), farce, ibid — 13" Peepii)g
Tom, opéra-comique, il)id., 1784. — 14° JleiT,
there , and everywhere (Ici, là et partout),
ibid., 1784. — Ijo Two to one (Deux à un),
opéra-comique, ibid., 1785. — 10° Tur/iand no
Tiirk (Turc et |)oint Turc), opéra-comique,
ibid, 1789. — M" Sïege o/ Ciirzola (le Siège de
Courzole), opéra-comique, ibid., 1786. — 18"
Inideand yrtnco. opéra, ibid., 1787. — X^" En-
?«!7f!f/il/«s*cia?i (le Musicien enragé), intermède,
ibid., \l&S.— ').Q''BattleofHexhnm{\à\ia[A\\\(i ■
d'Hexham), opéra, ibid., 1789. — 2l°New Spain
(la Nouvelle-Espagne), opéra, 1790. — I")." Basket
Maker ( le Faiseur de corbeilles ), intermède,
1790. — 23° Surrender of Calais (la Prise de
Calais), ibid., 1791. —2^" H arlequin and Faus-
ius , pantomime, à Covent Garden , 179."?. —
75° Children in the wood (Les Enlànts dans
ARNOLD
le bois) , inteimèJe, Hay-Market, I7a3. — 2G"
Hobin Gray , intermède , ibid. — 27» Torinski ,
opéra, ibid., i79b. —28° Mountainers (\es Mon-
tagnards), ibid., 1795* — 29° Wopaijdtherecko-
ning? (Qui paiera l'écot?), interniMe , ibid.,
1795. — 30" Love and Mone?/ {Amour ei Argent),
farce, ibid., 1795. — 31» Bauninn Day , inter-
mède, ibid., 1796. — 32" Shipwreck, opéra-co-
mique, à Drury-Lane, 1796.-33° ItalïanMonk
(le Moine italien), opéra, à Hay-Mariset, 1797. —
34° False and True ( le Faux et le Vrai ), ibid.,
1798. — 5° Throw physic to the dogs (Jeter
ses remèdes aux cliiens) , farce, 1798. — 36' Cam-
bi-o-Britons, o\téra,\h\d., 1798. —37° Review ( la
Revue), farce, ibid., 1801. — 38° The Corsair{le
Corsaire), ibid., 1801. — 39" Vétéran Tar (le
Vieux Matelot), op. corn, à Drury-Lane, 1801. —
40° Sixiy-third Letter (La soixante-troisième
Lettre ) , farce , à Hay-Marliet. Une collection
complète. de tous les ouvrages gravés d'Ar-
nold, reliée en 18 volumes in-folio, a été vendue
à Londres, cliez Kalkin, en 1846, 9 guinées.
Outre cela, Arnold a laissé en manuscrit une
grande quantité de musique sacrée , un traité de
la basse continue, et a fait graver douze œu-
vres de sonates et de pièces pour le piano. On a
aussi de lui une collection de cliansons intitulée :
Anacreontic songs, duels andglees, Londres,
1788. Le portrait d'Arnold a été gravé dans le
Biographical Magazine, en 1790.
- ARIXOLD (Ferdinand) , habile chanteur, né
à Vienne, vers le milieu du dix-huitième siècle,
possédait une belle voix de ténor. Il brilla sur
le théâtre de Riga en 1796 , et puis sur ceux de
Hambourg, de Berlin et de Varsovie.
ARIXOLD ( Ignace-Ernest-Ferdinand), doc-
teur endroit et avocat à Erfurt, naquit dans cette
ville, le 4 avril 1774. Il a donné un catalogue
de compositeurs dramatiques dans l'Almanach
de Gotha de 1799 , où l'on trouve , parmi beau-
coup d'erreurs et de négligences, quelques dé-
tails intéressants. Eu 1803 il publia une analyse
esthétique des œuvres de Mozart , sous ce titre :
MozarVs Geïst. Seine kurze Biographie und
assthetische Darstellung seiner Werke ( Esprit,
de Mozart. Sa Biographie abrégée, et tableau
esthétique de ses œuvres) ; Erfurt, 1803, in-8°.
Cet essai fut suivi de publications de même genre
qui parurent à des époques diverses, et qui
concernent Zumsteeg, Dittersdorf, Haydn, Che-
rubini , Paisiello , Cimarosa, Winter et Himmel.
Ces opuscules ne portent pas de nom d'auteur.
Ils ont été réunis en deux volumes, sous le litre
de Galerie des musiciens les plus célèbres des
dix-huitième et dix-neuvième siècles (Gallerie
der beriihmtesten Tonkiinstler des achtzehnlen
BIOCU. UNIV. des musiciens. T. I.
OndneunzehntenJalirliiind(!il.s); Erfurt, J.K.Mùl-
1er, 1816, 2 vol. in-8°, Enlin il a fait paraître un
assez bon ouvrage sous ce titre : Der angehende
Musikdirector, oder die Kunst ein Orchesterzu
bilden, etc. (Le Directeur de Musique, ou l'art
de diriger un Orchestre); Erfurt, 1806, in-S».
Danscelivre,diviséen 16 chapitres, Arnold donne
ime idée générale des fonctions d'un directeur de
musique, delà préparation et de l'exécution.
d'un morceau, des répétitions, de la disposition
d'un orchestre , de la mesure et de la manière
de la hattie, de l'expression et de la précision ,
de la direction dans les divers genres de musique
d'église , de concert, de l'opéra , du ballet , etc.
Arnold est mort à Erfurt, le 13 octobre 1812;
il avait alors le titre de conseiller privé et de
secrétaire de l'université de cette ville. Outre ses
travaux dans la littérature musicale, on lui doit
aussi quelques romans.
ARNOLD ( Jean-Godefkoi ) , compositeur
agréable et virtuose sur le violoncelle, naquit le
l^' février 1773, à Niedernhall, près d'Oehrin-
gen, où son père était encore maftre d'école
en 1810. Après avoirterminé ses études élémen-
taires, Arnold se livra exclusivement à la musi-
que, au piano et surtout au violoncelle, pour
lequel il avait un goût passionné. Dès l'âge de
dix ans, il causait déjà l'étonnement de ceux
qui l'entendaient jouer de ce dernier instrument;
mais il y avait si peu de moyens de développer
ses dispositions naturelles dans le lieu qu'il ha-
bitait, que son père se décida à l'envoyer, en
1785, à Liingelsau pour y prendre des leçons du
musicien de la ville. Ce musicien était un homme
dur qui soumit le jeune Arnold aune discipline
si sévère, que sa santé en fut altérée, et qu'il ne
se rétablit jamais parfaitement. Au mois de mars
1790, il entra chez son oncle Frédéric Adam
Arnold, musicien de la cour à Wertheim. Là,
il eut occasion d'entendre souvent de bonne mu-
sique exécutée par un orche.stre choisi, et son
talent sur le violoncelle y prit de nouveaux dé-
veloppements. Pour compléter son éducation mu-
sicale, il prit des leçons d'harmonie et de com-
position d'un habile chanteur et organiste nommé
Frankenstein. Ses progrès furent rapides, et il
fut bientôt en état d'écrire des concertos de vio-
loncelle qui eurent beaucoup de succès , non-seu-
lement à Wertheim, mais dans toutes les villes
où il se fit entendre dans le cours de ses voyages.
Au mois d'avril 1795 , il se rendit en Suisse pour
y donner des concerts ; mais à cette époque la
guerre désolait ce pays, et Arnold ne réussit point
dans son entreprise. Le succès d'un second voyage
qu'il fit par Wetlersiein et Nordlingen ne fut pas
meilleur. Mécontent de sa position, Arnold se
10
146
AR!^OLD
rendit à Ralisbonne, oà il fit la connaissance de
Willmann, violoncelliste célèbre, dont il reçut
des leçons pendant quelques mois. Son talent
s'accrut encore dans le voyage qu'il fit en 1796
en diverses parties de l'Allemagne ; mais ce fut
surtout à Berlin et à Hambourg qu'il atteignit à
la perfection sous plusieurs rapports. L'avantage
qu'il eut d'entendre Bernard Romberg pendant
près de deux mois le conduisit à réformer quel-
ques défauts qu'il avait remarqués dans son jeu.
En 1797, il se rendit à Francfortsur-le-Mein ,
et y fut attaché à l'orchestre du théâtre. H se
livra alors à l'enseignement, et eut un grand
nombre d'élèves pour le piano et le violoncelle.
Il arrangea beaucoup d'opéras en quatuors pour
violon ou flûte , composa des concertos pour plu-
sieurs instruments, particulièrement pour la
llùte et pour le piano. Pour son instrument, il écri-
vit aussi beaucoup de solos, duos et trios , dont la
plus grande partie fut imprimée à Bonn, à Franc-
fort et à Offenbach. Outre ces composilions , il
voulut aussi traiter le genre de la symphonie. Sa
première production de celte espèce fut exécutée
avec succès : sa mort prématurée l'empêcha déter-
miner la seconde. Il y avait neuf années qu'il
était établi à Francfort lorsqu'il fut attaqué d'une
maladie de foie qui le conduisit au tombeau , le 26
juillet 1806, à l'âge de trente-quatre ans. Parmi les
compositions d'Arnold qui ont été imprimées, on
remarque : 1° Cinq concertos pour le violoncelle ,
le premier en ut , le second en sol , le troisième
en /a , le quatrième en mi majeur, le cinquième
eu ré, tous gravés à Offenbach, chez André. —
2" Une symphonie concertante pour deux flûtes
avec orchestre, qui a eu beaucoup de succès, et
qui a été gravée à Bonn, chez Simrock. — 3° Six
thèmes avec variations pour deux violoncelles,
op. 9, à Bonn. — 4° Andante varié [lour flûte
avec deux violons, alto et basse , Mayence, chez
Schott; 5" Vingt-quatre pièces faciles pour gui-
tare, Mayence, Schotl; 6" Duos faciles pour
guitare et flûte, Mayence, Schott; 1° Marches
et danses , ibid.
ARI\OLI)(CuARLEs), pianiste et compositeur,
né à Neuliirchen , près de Morgentheiui , le 6 mai
1794, est fils du précédent. Élève d'André et de
Volweiler, il a acquis du talent comme pianiste
et comme compositeur. Dès son enfance, ayant
déjà une habileté fort rare sur le piano, il voyagea
pour donner des concerts, et se fit entendre avec
succès à Vienne, à Berlin , à Varsovie et à Pé-
tt'rsbourg. Il épousa M"* Kesling dans cette
dernière ville. A Cracovie, le droit de bourgeoisie
lui fut accordé parce qu'au péril de sa vie il sauva
celle d'un jeune homme (lui se noyait dans la
Vistule, en s'y jetant tout Ihabiilé. Il demeura
plusieurs années à Pétersbourg; mais il fut
obligé de s'en éloigner parce que la santé de sa
femme souffrait de la rigueur du climat de la
Russie. Arrivée Berlin, il y donna un concert,
le 15 novembre 1824, et s'y fit applaudir comme
compositeur et comme pianiste. Ce succès le
décida à se fixer dans cette ville. Appelé à Muns-
ter, en 1835, comme directeur de musique, il
paraît y avoir établi définitivement sa demeure ;
cependant il se trouvait à Pétersbourg en 1847,
y donnait des concerts et y faisait entendre son
fils, qui, très-jeune encore , excitait l'intérêt par
son talent sur le violoncelle.
Arnold a publié de sa composition : 1° Un
excellent sextuor pour lo piano. — 1" Dps sonates
pour le piano, œuvres .3* et 5^, Offenbach , An-
dré. — 3° Sonate pour le piano, avec accompa-
gnement de clarinette et basse, œuvre 7*^, ibid. —
4° Divertissement pour piano seul, n°' 1 et 2 ,
œuvres 12* et 13® , Berlin, Schlesinger. — 5" Ron-
deau pour le piano, op. 14, tbid. — 6° Thème
polonais arrangé en rondeau , op. 15 — 1° Varia-
tions sur un thème original, op. IG. — 8° Vive
Henri IV en rondeau pour piano et violoncelle,
Leipsick, Peters. — 9° Rondoletto ou divertisse-
ment, n" 4 , — 10° Concerto pour le piano avec or-
chestre, op. 17, Berlin, Christiani. — 11° Valses
favorites, Berlin, Grochenschnelz. — 12° Rondo
pour piano à quatre mains ; Offenbach , André. —
13° Divertissements pour piano seul, op. 13, 14,
16, 24. — 14" Fantaisies et variations, op. 17,
20. — 15° Cantique pour quatre voix d'houmies,
Brunswick, Spàhr. — 1G° Quatuor pour deux vio-
lons, alto et basse, op. li), Leipsick, Breitkopf et
Ilzertel. La musique d'Arnold est d'une exécution
difficile. Ilestaussi auteur d'une méthode pratique
pour le piano ( Praklisc/ie Klavierschule ), qui a
étépubliée à Offenbach, chezAndré. Unopéra in-
titulé rcZc^îAe, de sa composition, a été iepréseuté
à Kœnigsberg , et il a fait jouer à Berlin frêne ,
grand opéra, le 15 octobre 1832 : cet ouvrage
n'a pas réussi, à cause de la faiblesse du poëme.
ARi\OLD (FRÉnÉRic-GuiLLAtME) , docteur
en philosophie, né à Heilbronn en 1810, se livra
à l'étude de la musique dès ses premières années
sous la direction de son père, (pii était habile
musicien. Destiné aux études théologiques, il fré-
quenta le gyumase de sa ville natale, puis alla
à l'université de Tubingue et termina ses études
à l'université de Fribourg. Bientôt après on le
chargea de la rédaction d'un journal qui se pu-
bliait à Cologne sons le titre de Rheinblultcr
(les Feuilles du Rhin) ; mais il abandonna cette
position pour aller à Londres diriger, en second,
l'orchestre de l'opéra allemand au théâtre do
Drury-Lane. Depuis lors il s'est fi^xé à Elberfeld,
ARNOLD — ARINOULD
147
oh il a établi un commerce de. imisiqiie et d'ins-
truments , sans abandonner toutefois la composi-
tion et les arrangements pour le piano et pour
la guitare. Son arrangement des symphonies de
Beethoven pour piano et violon est estimé en Al-
lemagne , à cause de sa fidélité. On a sous son
nom des rondeaux et des pièces faciles pour
piano seul ou à quatre mains, Cologne, Eck
vtO'^; Des pots-pourris pour guilare et flûte
ou violon, ibid.; des recueils de Lieder avec
piano, etc. Le fameux chant du Rhin, sur les
paroles de Becker, qui a produit une vive seii-
safion en Allemagne, vers 1835, a été composé
par Arnold. Ce musicien est aussi l'auteur d'une
méthode élémentaire de musique , intitulée :
Allgemeine MustkLehre, als Einleïtung ztc
jeder Schule ( Science générale de la musique ,
ou introduction à toutes les méthodes) ; Cologne,
lick et C'e. Enfin M. Arnold a écrit dans plu-
sieurs revues et journaux des articles de cri-
tique et d'esthétique musicale.
ARiXOLDI (Jf.an-Cokrad), recteur à Darms-
tadt et ensuite professeur d'astronomie à Giessen,
naquit en 1C58, à Trobach sur la Moselle, et
mourut à Giessen, le 22 mai 1735. Il a publié
une thèse relative à la musique, sous ce titre sin-
gulier : Musïca Alcxikalws , declamationibus
aliquot soleinnibus in fine examinis verna-
culis , Jforœ dux pomeridiana d. V Martii ,
A. 1713, Commcndanda auditor es clémentes,
faventes et benevolos sibi submisse exoral in-
lerccdenle Illiisl. Pœdagogii Dannstatlini
liecfo)V, elc, Darmstadt, 12 pages in-4".
AR]\OLUT (Gaspar), constructeur d'or-
gues, vivait à Prague vers la fin du dix-septième
siècle. En 1684, il fit deux positifs pour le prince
de Lobkowilz , dont l'un existe encore dans la
chapelle de Lorette à Prague.
ARI\Oj\I (Guillaume), compositeur et orga-
niste de la cathédrale de Milan vers 1580, naquit
à Bergame en t546, suivant une note que m'a
envoyée Mayr, et à Milan , d'après le litre d'un
de ses ouvrages. Il fut membre de l'académie
des Uniti. Cet artiste a publié -. 1° Magnificat à
quatre, cinq, six, sept et huit voix, Milan, 1595.
(Voy. Morigia, Nobillàdi Milano). — 1" Il primo
libro de' Madrigali, Venise, Richard Amadino,
1600, in-4''. Trois livres de Motets de sa com-
position ont été aussi imprimés : je ne connais
que le troisième, qui a pour titre : Gulielmi Ar-
noni Mediolanensis , Academici Uniti, in ec-
clesia metropolitana organici, Sacronim mo-
dulalionum qux vulgo Motecla vocantur sex
vocibus. Liber tertius. Aune primum in luceni
editus; Veneliis apud Ricciardum Amadinum,
IfiO?, in-4°. Dans le Bergameno Parnasso de
1015, on trouve un morceau de sa composition.
Quatre motets à six voix d'Arnoni ont été in
sérés dans le Promptuarium Musicum d'A-
braham Scbad -. le premier ( Exurgat Deus) est
dans la première partie; le second [Cantabo Demi-
«?nji) est dans ladeuNième ; le troisième (Inlabiis
meis) et le quatrième (Domine Deus) se trouvent
dans la quatrième partie. On trouve aussi des
morceaux de la composition d'Arnoni dans le
Parnassus musicus Ferdinandxus , publié à
Venise, en 1615, par Bonometti {Voy. ce nom.)
Ai\i\OR JARLASKALD, scalde ou
poète chanteur islandais, vécut sous les règnes
de Magnus le Bon, et de Harald, fils de Sigurd,
rois de Norwége, au onzième siècle. Il fut un des
auteurs des Knithllnga Saga, et l'on a aussi de
lui une complainte sur la mort de Geller ïhor-
killsons, dont la mélodie a été conservée dans
les chants de tradition populaire en Norwége.
C'est un morceau très-original.
ARi\OT (Hughes) , écrivain écossais qui vécu t
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle.
On lui doit une histoire d'Edimbourg (History qf
Edinburgh), Londres, 1779, in-4 ), dans laquelle
il y a des renseignements intéressants sur la mu-
sique nationale de l'Ecosse.
ARNOULD (Madelaine-Sophie), actrice de
l'Opéra, naquit à Paris, le 14 février 1744, rna
de Béthisy, dans la maison et dans la chambre
où l'amiral de Coligny avait été tué le jour de la
Saint- Barthélémy . Elle débuta le 15 décembre
1757, à l'âge de treize ans, et obtint beaucoup de
succès : depuis ce temps jusqu'en 1778, époque
de sa retraite, elle fit les délices des habitués de
ce speclacle. Les défauts de son chant étaient
ceux de l'école détestable du temps où elle
vécut ; mais sa voix touchante et son expression
vraie étaient des qualités qui lui appartenaient,
et ce sont elles qui lui valurent les éloges de
Garrick, lorsque ce grand acteur l'entendit. Les
rôles qui ont fait sa réputation sont ceux de Thé-
laïre, dans Castor ; à^Jphise, i\àns Dardanus,
et iVIphigénie en Aulide.
m"» Arnould ne fut pas moins célèbre par ses
bons mots que par ses talents : presque tous sont
brillants; mais le plus grand nombre sont d'im
cynisme qui ne permet pas de les citer. En voici
quelques-uns qui n'ont pas ce défaut. Une dame
qui n'était que jolie se plaignait d'être obsédée
par ses amants : « Eh ! ma chère, lui dit M"'' Ar-
nould, il vous est si facile de les éloigner : voi?s
n'avez qu'à parler. « Une actrice vint jouer un
jour le rôle (Vfphigénic en Aulide étant ivre -.
" C'est Iphigénie en Champagne, » dit M"* Ar-
nould. Quelqu'un lui montrait une tabatière sur
laquelle on avait réuni le portrait de Sully et celui
10.
148
ARNOULD — ARRIAGA
du duc de Clioiseiil : Voilà, dit-elle, la recette
et la dépense. » Elle est morte en 1803.
ARKOULT DE GRANDPOIVT, ménes-
trel de la cour de Charles V, roi de France, était
au service de ce prince en 1364, ainsi qu'on le
voit par un compte du mois de mai de cette
année. (Manuscrit de la Bibliothèque du Roi, coté
F, 540 du supplément.)
ARNSTEIiV (A.), violoniste à vienne, de
l'époque actuelle, néà Belichow, en Galicie, a pu-
blié quelques œuvres légères pour son instru-
ment, parmi lesquelles on remarque une Fan-
taisie-capricc pour violon et piano, op. 4 ; Vienne,
Millier.
ARI\ULPI^E(MAÎTRE),surnomrné(/eSfl^n^
Ghislain (S. Gillenensis), parce qu'il était de
cette petite ville du Hainaul, vécut dans le quin-
zième siècle. Un petit traité de Dif/erentiis et Gc-
nerîbus cantorum, dont il est auteur, a été in-
séré par l'abbé Gerbert dans ses Scriptores ec-
clesiastici de Musica sacra pot issimitm (t. III,
p. 316-318), d'après un manuscrit de la Biblio-
thèqueimpériale de Paris. Arnulphe distingue les
chantres de son temps en quatre classes. La pre-
mière, dit-il, est composée d'ignorants qui , sanr.
aucune connaissance de la musique, offensent les
oreilles les moins délicates , et mettent en fuite
l'auditoire par les horribles discordances dont ils
accompagnent le chant. Dans la deuxième classe
se rangent ceux qui, bien que pourvus d'un
meilleur sentiment, n'ont qu'une connaissance
imparfaite de l'art, mais suppléent par un ins-
tinct naturel à ce qui leur manque de savoir. La
troisième classe est formée de musiciens instruits
dont l'organisation naturelle est médiocre; et,
enfin, la quatrième est composée de chantres par
excellence, qui réunissent l'instruction à l'instinct
de l'art.
AROi\ (PiETKo). Vo!j. AARON.
ARQUIER (Joseph), compositeur, né à
Toulon en 1763, étudia la musique à Marseille
et y lit de rapides progrès. En 1784, il entra à
l'orchestre du théâtre de Lyon, en qualité de vio-
loncelliste; quatre ans après, il était à Carcas-
sonne, où son premier opéra fut représenté sous
le titre de Vlndicnne. En 1789, Arquier fut ap-
pelé à Marseille pour y remplir les ftinclions de
chef d'orchestre du théâtre du Pavillon : il y lit
jouer IJaphnis et Horlensc, opéra dont il avait
composé la musique sur les paroles du com-
mandeur de Saint- Priest. Encouragé par le succès
de cet ouvrage et par celui du Pi ra/e, représenté
<lans la même année au théâtre de Toulon, Ar-
quier voulut s'essayer sur des scènes plus impor-
tantes, et se rendit à Paris en 1790. il avait espéré
d'être nommé deuxième chef d'orchestre, par la
protection de M. De Saint-Pricst, alors surin-
tendant de l'opéra ; mais, privé de cet appui
par les événements de la Révolution, il fut obligé
d'accepter un emploi à l'orchestre du théâtre Mo-
lière, nouvellement établi dans la rue Saint-
Martin. En 1792, il en devint chef d'orciiestre, et
pendant plus de deux ans il conserva cette po-
sition. La clôture de ce théâtre, après plusieurs
banqueroutes des entrepreneurs, le mit dans la
nécessité de chercher des ressources dans les
théâtres de province. En 1798, il était à Tours,
où il faisait représenter Les Péruviens , opéra
de sa composition. Deux ans plus tard, il accepta
la place de chef d'orchestre du Théâtre des
Jeunes- Élèves, rueThionville, à Paris : il y fit
représenter plusieurs petits opéras dont il écri-
vait la musique avec une prodigieuse rapidité ;
mais, bientôt après, il partit pour la Nouvelle-Or-
léans avec une troupe d'Opéra dont il était de-
venu directeur de musique. La mauvaise issue de
cette entreprise le ramena en France; et, débarqué
à Brest en 1804, il y fit jouer l'opéra de La Fée
Urgèle , dont il avait refait la musique. De re-
tour à Paris, il y reprit possession de son ancien
emploi de chef d'orchestre au théâtre des Jeunes-
Élèves; mais la mauvaise fortune n'en avait pas
encore fini avec ce pauvre artiste : un décret im-
périal supprima ce théâtre ainsi que plusieurs
autres, en 1807; et Arquier fut obligé d'accepter
une position de maître de musique à Toulouse.
11 l'échangea, en 1809, contre celle de chef d'or-
chestre du Pavillon, à Marseille, qu'il avait au-
trefois occupée. En 1812 il était à Perpignan; puis
il retourna à Toulouse, et enfin il alla mourir de
misère à Bordeaux, au mois d'octobre 1816. Ce
compositeur a donné au théâtre lyrique et co-
mique de la rue de Bondy, à Paris, Le Mari
corrigé, dont la musique fit le succès ; au théâtre
Molière, La Peau de VOiirs; au théâtre Mon-
tansier. Le Congé , et V Hôtellerie de Sarzano ;
au théâtre des Jeunes-Elèves, 1800, L'' Ermitage
des Pyrénées et Les Deux petits Troubadours;
à la Nouvelle-Orléans, Le Désert ou l'Oasis;
à Marseille, Monrose , et la Suite du Médecin-
Turc ; enl'm , à Perpignan, Zipéa. Il a laissé en
manuscrit une nouvelle musique pour VAviant
JalouxaiLe Tableau parlant, ainsi queles deux
premiers actes d'un grand opéra sur le sujet de
Philoctète.
ARRIIEIVIUS (Laurent), né à llpsal, vers
1680, succéda à son père, en 1716, dans la place
de professeur d'histoire à l'université de sa ville
natale. Il a fait imprimer : Dissertatio deprimis
musicœ Inventoribus ; Upsal, 1729, in-8.
ARUIA(»A (Jean-Cur-ysostome de), né à
lîilhyo, en 1S08, montra dès son enfance les plus
ARPxlAGA — ARRIGONI
149
Irenreuses dispositions pour la musique. Il apprit
les premiers principes de cet art presque sans
maître, guidé par son génie. Sans avoir aucune
connaissance de l'harmonie , il écrivit un opéra
espagnol où se trouvaient des idées charmantes
et toutes originales. A l'âge de treize ans il lut en-
voyé à Paris pour y faire de sérieuses études au
Conservatoire de son art ; il y devint élève de
Baillot pour le violon, et de l'auteur de ce Dic-
tionnaire pour l'harmonie et le contre-point , au
mois d'octobre 1821. Ses progrès tinrent du pro-
dige ; moins de trois mois lui suffirent pour ac-
quérir une connaissance parfaite de l'harmonie;
et, au bout de deux années, il n'était aucune dilli-
culté du contre-point et de la fugue dont il ne
se jouât. Arriaga avait reçu de la nature deux
facultés qui se rencontrent rarement chez le
même artiste : le don de l'invention et l'aptitude
la plus complète à toutes les diflicultés de la
science. Rien ne prouve mieux celte aptitude
qu'ime Fugue à huit voix qu'il écrivit sur les
paroles du Credo, Et vitam venturi : la perfec-
tion de ce morceau était telle, que Cherubini,
si bon juge en cette matière, n'hésita pas à le
déclarer un chef-d'œuvre. Des classes de ré-
pétition pour l'harmonie et le contre-point ayant
été établies au Conservatoire en 1824, Ar-
riaga lut choisi comme répétiteur d'une de ces
classes. Les progrès de ce jeune artiste dans l'art
de jouer du violon ne fuient pas moins rapides :
la nature l'avait organisé pour faire bien tout ce
qui est du domaine de la musique.
Le besoin de produire le tourmentait, comme
il tourmente tout homme de génie. Son premier
ouvrage fut un œuvre de trois quatuors pour le
violon, qui parut à Paris, en 1824, chez Ph. Petit.
Il est impossible d'imaginer rien de plus original,
de plus élégant, de plus purement écrit que ces
quatuors, qui ne sont pas assez connus. Chaque
fois qu'ils étaient exécutés par leur jeune au-
teur, ils excitaient l'admiration de ceux qui les
entendaient. La composition de cet ouvrage fut
suivie de celle d'une ouverture, d'une symphonie
à grand orchestre , d'une messe à quatre voix ,
d'un Salve Regina, de plusieurs cantates fran-
çaises et de quelques romances. Tous ces ou-
vrages, où brillent le plus beau génie et l'art d'é-
crire poussé aussi loin qu'il est possible, sont
restés en manuscrit.
Tant de travaux faits avant l'âge de dix-huit
ans avaient sans doute porté atteinte à la bonne
constitution d'Arriaga; une maladie de langueur
se déclara à la (in de 1825 : elle le conduisit au
tombeau dans les derniers jours du mois de fé-
vrier de l'année suivante , et le monde musical
fut privé de l'avenir d'un homme destiné à con-
tribuer puissamment à l'aviincement de son art,
c>omme les amis du jeune artiste le furent de
l'âme la plus candide et la plus pure.
ARRIETA (Juan-Emile), compositeur es-
pagnol, a voyagé en Italie dans sa jeunesse, pen-
dant les années 1838 à 1845, y a fait des études
de composition, et a fait représenter à Milan
l'Opéra Ildegonda, qui n'a pas réussi. On a
gravé de sa composition une ballade pour ténor
et piano, intitulée /'Oflsj ; iMilan, Ricordi. M. Ar-
riéla est retourné dans sa patrie en 1848,
époque des troubles de l'Italie, et a donné au
tliéâtre d'opéra-comique espagnol de Madrid di-
vers ouvrages appelés Zarzuelas, entre autres
FA Domino azul (Le Domino bleu), 3 actes,
en 1852; La Estrella de Madrid (L'Étoile de
Madrid), en 3 actes; El Gmmete (Le Mate-
lot), en 2 actes; Guerra à Muerte, représenté
au théâtre du Cirque en 1855, elle grand opéra
Isabel la Caiolica, au Théâtre Royal, dans la
même année.
ARRIGHI (Jacques- Antoine), maître de
chapellede lacathédrale de Crémone, naquit dans
cette ville en 1702. Il a laissé en manuscrit des
messes , vêpres , psaumes et litanies à quatre et
à huit voix, avec violons et orgue, qui furent es-
timés autrefois en Italie. L'Académie des Phil-
harmoniques de Bologne, qui l'admit au nombre
de ses membres en 1745, le perdit dans l'année
suivante, et fit imprimer un éloge de ce compo-
siteur.
ARRIGO. Voyez ISAAC ( Henri ).
ARRIGONI (Charles), né à Florence, dans
les premières années du dix-huitième siècle , fut
un des plus habiles luthistes de son temps. Le
prince de Carignan le nomma son maître de cha-
pelle, et en 1732 il fut appelé à Londres par la
Société des Nobles, qui voulait l'opposer à
Hœndel avec Porpora ; mais Arrigoni n'était pas
de force à lutter contre ce grand musicien. Il a
donnéà Londresson opéra Fernando, en 1734;
et, en 1738 , il a fait représenter, à Vienne, son
Esther. Il paraît qu'avant d'aller en Angleterre,
Arrigoni s'arrêta à Bruxelles ; car on a imprimé
dans cette ville le poëme d'un oratorio, sous ce
titre : Il Ripeniimento d'Acabbo, dopa il rim-
provero délia strage di Nabot; oratorio a cin-
quc voci, musica di Carlo Arrigoni, cantato
nella reale Cappella délia serenissima Ar-
chiduchessa d'Axistria Maria-EUsabetta. Bru-
xelles, oppressa Eug. Enrico Frickx, stampa-
iore disua Maesta impérialee catolica, 1728,
in-4° de 34 pages. On manque de renseigne-
ments sur les dernières années de sa vie et sur
l'époque de sa mort.
ARRIGONI (Rënato), secrétaire du gouver-
150
ARRIGONI — ARÏOPHIUS
neraent de Venise, a publié, sous le voile de l'a-
nonyme, lin livre qui a^pour titre : Notizie ed Os-
servazioni intorno aW origine ed al progressa
dei teatri e délie rappresentazioni teatrali in
Veneziaenellecitlàprincipalideipaesi veneti,
in-8°. Venezia, tipografia del Gondoliere, 1840,
Quelques exemplaires portent le nom de l'auteur.
ARTARI A ( Dominique ) , célèbre éditeur de
musique à Vienne, naquit à Blevio en Toscane,
le 20 novembre 1775. Son frère aîné, plus âgé
que lui de trente-trois ans, après avoir par-
couru l'Allemagne, la France, l'Espagne et
l'Angleterre pour y établir des relations com-
merciales , avait obtenu un privilège de l'impé-
ratrice Marie-Thérèse, en 1770, pour le com-
merce des objets d'arts de tout genre. Il ap-
pela Dominique à Vienne pour l'aider dans ses
entreprises, et celui-ci s'appliqua particulière-
ment à la publication des grandes œuvres mu-
sicales. Ce fut lui qui publia d'origine les
plus beaux ouvrages de Mozart, Haydn, Beet-
hoven, Hummel, Moschelès , etc. Dans les der-
niers temps de sa vie , il s'occupait particuliè-
rement du commerce de tableaux ; mais il était
toujours resté le chef de la maison Artaria et
Ci*. Il est mort à Vienne, le 5 juillet 1842, à
l'ûge de soixante-sept ans.
ARTEAGA (Etienne), jésuite espagnol,
né à Madrid , était fort jeune lors de la suppres-
sion de la compagnie de Jésus. 11 se retira en
Italie, et fut nommé membre de l'Académie des
sfieiices de Padoue. Il vécut longtemps à Bo-
logne , dans la maison du cardinal Albergati.
Le P. Martini , qu'il connut dans cette ville ,
l'engagea à travailler à ses Révolutions du théâtre
musical italien , et lui procura le secours de sa
nombreuse bibliothèque. Arteaga se rendit en-
suite à Rome , où il seliad'amitié avec le cheva-
lier Azara, ambassadeur d'Espagne à la cour de
Rome, qu'il suivit à Paris. Il mourut dans la
maison de son ami, le 30 octobre 1799. On a
publié à Bologne, en 1783, son ouvrage intitulé :
Le Rivoluzioni del teatro musicale ilaliano,
dalla sua origine, fino al présente, 2 vol.
in-8°. Ayant refondu entièrement ce livre, qu'il
augmenta de sept chapitres au premier volume ,
et d'un troisième volume entièrement neuf, il en
donna une seconde édition à Venise en 1785, en
3 vol. in-8". Il y en a eu une troisième édition,
dont j'ignore la date, et que je ne connais que
par l'avertissement d'un traduction française fort
abrégée qui parut à Londres, en 1802, sous ce
titre : Les révolutions du théâtre musical en
Italie, depuis son origine jusqu'à nos jours,
traduites et abrégées de l'italien de Dont Ar-
teaga, in-8°, 102 pages. Cet abrégé a été fait par
le baron de Rouvron , émigré français. Lichlen-
thal ne parle pas de la troisième édition.
E. L. Gerber, et d'après lui , MM. Choron et
Fayolle, disent que le livre d'Arteaga avait eu
déjà cinq éditions en 1790 : c'est une erreur,
il n'y en a jamais eu que trois. Une traduction
allemande a été publiée à Leipsick en 1789,
en 2 volumes in-8°; cette traduction est du
docteur Forkel, qui l'a enrichie de beaucoup
de notes.
L'ouvrage d'Arteaga est le plusimportantqu'on
ait écrit sur les révolutions du théâtre musical;
c'est le seul où l'on trouve de l'érudition sans
pédantisme , des aperçus fins sans prétention ,
un esprit philosophique, un goût, un style élé-
gant, et point d'esprit de parti. Il serait à dé-
sirer que ce livre fiit traduit en fiançais ; car on
ne peut considérer comme une traduction le
maigre extrait dont j'ai parlé.
Arteaga a laissé en manuscrit un ouvrage. in-
titulé : DeZ ritmo sonoro,edelritmo mutodegli
antichi, dissertazioni VU, dont il avait confié
la traduction à Grainville, auteur d'une traduc-
tion médiocre du poème d'Yriarte sur la mu-
sique; ce dernier était au tiers de l'entreprise
lorsque Arteaga cessa de vivre. On avait annoncé
dans les journaux que le neveu du chevalier
Azara se proposait de publier le manuscrit ori-
ginal, resté entre ses mains; mais il n'a pas tenu
sa promesse. Il avait été déjà question autrefois
de publier l'ouvrage à Parme avec les caractères
de Bodoni ; la révolution , qui avait fait de
l'Italie le théâtre de la guerre, suspendit cette
entreprise littéraire. Aucuns renseignements
n'ont été donnés plus tard sur le sort du ma-
nuscrit d'Arteaga.
ARTHUR AUXCOUSTEAUX. Voy.
AUXCOUSTEAUX.
ARTMAIXIV (Jérôme), un des meilleurs
facteurs d'orgues de la Bohême, naquit à Prague ,
dans la première moitié du dix-septième siècle.
D'après les ordres de l'abbé Norbert d'Ame-
luxen, il construisit, en 1654, l'excellent orgue
du collège des Prémontrés , sous l'invocation de
saint Norbert, dans le Vieux-Prague.
ARTOPIIIUS (Baltuasar), compositeur
allemand, vécut dans la première moitié du
seizième siècle. On trouve des motets et des
psaumes de sa composition dans les recueils
dont voici les titres : 1" Selectissinix nec nonfa-
miltarissimxCanlionesiiltracentum, etc. Au'
gustx Vindelicorum, Melchior Kriesstein ex-
cudebat , anno Domini , 1540, petit in-8° obi.
On sait que cette précieuse collection a été publiée
par Sigismond Salblînger. — 2''Novum et insigne
opns innsicum, s"x, quinquc et quatuor vo-
ARTOPHIUS — ARTUSI
151
cum, etc ; Norimbergas, Hier. Graphxus, 1537,
petit in-4" obi. — 3° Psalmomm selectorum to-
mus tertiiis, quatuor, quïnqueet quidam plu-
riumvocum. Norimbergœ, apttd Jo. Petreium,
anno salutis 154 1 , in-4"'.
ARTOT (ALEWNDRE-JosEPn MONTAGNY,
est connu sous le nom d') qu'avait pris son
père et que toute sa famille a conservé. Né à
Bruxelles le 4 février 1815, il eut pour premier
maître de musique son père, qui était premier
cor au théâtre de cette ville. Dès l'âge de cinq
ans Artot solfiait avec facilité , et, en moins de
dix-huit mois d'études sur le violon, il fut en
état de se faire entendre au théâtre dans un con-
certo de Violti. Charmé par les heureuses disposi-
tions de cet enfant, M.Snel, alors premier violon
solo du théâtre, se chargea de les développer par
ses leçons, et peu de temps après, il l'envoya à
Paris. Artot y fut admis comme page de la cha-
pelle royale, et, lorsqu'il eut atteint sa neuvième
année , il passa sous la direction de Kreutzer
aîné, pour l'étude du violon. Cet artiste dis-
tingué le prit en affection et lui donna sou-
vent des leçons en dehors de la classe du Con-
servirtoire. A la retraite de Kreutzer, qui eut lieu
en 1826, son frère , Auguste Kreutzer, ie rem-
plaça et n'eut pas moins de bienveillance que
son prédécesseur pour Artot. CeUii-ci venait
d'accomplir sa douzième année lorsque le second
prix de violon lui fut décerné au concours du
Conservatoire : l'année suivante il obtint le pre-
mier. Alors il quitta Paris pour visiter son pays :
il se fit entendre avec succès à Biuxelles , et
quelques mois après, ayant fait un voyage à Lon-
dres, il n'y fut pas moins heureux, et de bruyants
applaudissements l'accueillirent chaque fois qu'il
joua dans les concerts. Depuis lors, Artot, de re-
tour à Pai is , fut attaché aux orchestres de plu-
sieurs théâtres ; mais le désir de se faire con-
naître le fit renoncera ces places pour voyager
dans le midi de la France. Plusieurs fois il a
parcouru la Belgique, l'Angleterre, la Hollande
l'Allemagne, l'Italie ; deux fois il est ailé en Rus-
sie, et a donné des conceits jusqu'aux fron-
tières de l'Asie. En 1S43, il visita l'Amérique du
Nord , la Nouvelle-Orléans et la Havane ave«
M"'^ Damoreau, cl y donna une multitude de
concerts. Déjà atteint dans ce voyage du piin-
cipe d'une maladie de poitrine, il languit pendant
qivelques mois, et mourut à Ville-d'Avray, près
de Paris, le 20 juillet 1845, au moment où il
venait de recevoir la décoration de la Légion
d'Iwnneur. Artot manquait de largeur dans le
8on et dans le style ; mais il avait'du brillant'dans
les traits etchantaitavecgrâcesurson instrument.
On a gravé de sa composition : l'' Concerto pour
violon et orchestre (en In mineur) , op. 18,
Mayence Schott — 2° Des fantaisies pour violon et
piano, op. 4, 5, 8, 11, 10, 19, ibid. —3° Des airs
variés pou r v iolon et orchestre, ou violon et piano,
op, 1, 2, ilfibid. — 4" Des rondeaux pour violon
et orchestre ou piano, op. 9 et 15 •,ibid. — 5" Des
sérénades, romances, etc., ibid. — Artot a écrit
aussi plusieurs quatuors pour violon, et un quin-
tetto pour piano, deux violons, alto et basse,
qui n'ont pas été publiés.
ARTUFEL (Damien de) , dominicain espa-
gnol, qui vécut dans la seconde moitié du seizième
siècle, a écrit un traité du plain-chant, intitulé :
Canto llano, Valladolid, 1672, in-8°.
ARTUSI (Jean-Marie), chanoine régulier de
Saint-Sauveur, né à Bologne, florissait vers 1590.
Ses études avaient été classiques et sévères ; de
là vient qu'il fut un antagoniste ardent des in-
novations introduites de son temps dans l'har-
monie et dans la tonalité ; innovations dont il ne
comprit pas plus la portée que ceux qui en
étaient les auteurs.
Il a publié : 1° Arte del contrappuntoridotto
in tavole, Venise, 1586, in-fol. — 2° Seconda
parte nella quale si traita delV utile ed uso
délie dissonanze, Venise, 1 589, in-fol : la seconde
édition de cet ouvrage a jwru en 1 598 avec des
additions, à Venise, in-fol. Jean Gaspard Tro*^,
le père, l'a traduit en allemand, mais sa traduc-
tion n'a pas été imprimée. — 3° V Artusi,ovvero
délie imperfezioni délia moderna musica, ra-
gionamenti due, nei qualisi ragiona di moite
cose utili, e necessarie agli moderni composito-
r/, Venise, 1600, in-fol. — i" Seconda parte delP
Artusi délie imper/ezzioni délia moderna mu-
sica, etc., Venise, 1603, in-fol: Artusi attaque
dans cet ouvrage les innovations de Claude Mon-
leverde, qui venait d'introduire l'usage de la sep-
tième et de la neuvième de la dominante sans pré-
paration, ainsi que les retards de plusieurs conson-
nancesàlafois,usagequi a étéfunesteà la tonalité
du plain-chant, mais qui a donné naissance à
la musique moderne. — 5° Difesa ragionata
délia sentenza data da Ghisilino Dankerts, et
Bartolomeo Escobedo cantori pontificia fa-
vore di D. Vincenzo Lusitano contro D. Nicola
Vtcentinu : ce petit éciit, imprimé d'abord à Bo-
logne, sans date, petit in-4°, commence par ces
mots : Leiiatemi questo pensiero, et ditemi;
anticamente haueano le consonanze che hab-
biamo noi si o nà? Artusi l'a ensuite refondu
dans le Ragionamento primo de son livre Délie
imperfezioni délia moderna musica, depuis la
page 14 jusqu'au feuillet 38 {voyez au sujet de
cet écrit les articles Dankers , Lusitano ( F.) et
Vicentino). — 6° Impresadelmolto M. R- Gin-
152
ARTUSI — ASCHENBRËNNER
seffo Zarlino diChioggia, giàmaestro di cap-
pella deir illusthssima signoria di Venezia ,
dichiarata dal R. D. Giov. Maria Artusi , Bo-
logne, 1604,in-4°. 7° Considerazionirmisicati,
Venise, 1607, 10-4°. Il y a du savoir dans les
écrits d'Arlusi, mais on y trouve peu de raison
et de philosophie. La loi suprême pour lui était
la tradition d'école, et, de ce qu'on n'avait pas
fait usage de certaines successions harmoniques,
il concluait qu'on ne pouvait les employer. Au
reste, son meilleur ouvrage, celui qui peut être
encore consulté avec fruit pour l'histoire de l'art
d'écrire en musique, est son traité du contre-point :
malheureusement les exemplaires en sont fort
rares. Comme compositeur, Artusi a publié Ca7i-
zonelte a quattro vocï. Libro fin Venezia , Giac.
Vincenli, 1598,in-4". On trouva un Can^o/e Do-
mino d'Artusi, à huit voix en deux chœurs, dans
une collection qui a pour titre Motetti et Salmi a
otto voci, composti da otto eccellentissimi àu-
fori, con la parle del basso per poter sonarli
velC organo dedtcati alvioUoreverendo sig .Ce-
xare Schieti dignissimo canonico d'Urbino, In
Venetia, appr. Giacomo Vincenti, 1599, in-4''. —
Les auteurs sont Ruggiero Giovanelli, Cesare
Schietti, Gio. Croce, Palestrina, Gio.-Mar. Nanini
Fel. Anerio, Luca Marenzio,et Gio. Maria Artusi.
ARWIDSSOIV (Adolphe-Iwar) , conserva-
teur de la hibliothèque ii)yale de Stockholm, est
né en 1791, à E»adajoki, en Finlande. Après avoir
achevé ses études à l'université d'Abo , il fut
chargé d'y enseigner l'histoire. En 1821 il y fonda
un journal politique et littéraire, sous le titre
de Abo Morgenblad, que le gouvernement russe
supprima bientôt , à cause de ses tendances li-
bérales. Au mois de mai de l'année suivante , ce
gouvernement traita plus sévèrement encore
M. Arwidsson pour un article politique inséré
dans le recueil périodique intitulé Mnémosyne :
il fut révoqué de sa place de professeur et
exilé de la Finlande. 11 se retira en Suède, pour
laquelle il avait manifesté ses sympathies, et ob-
tint la place de bibliothécaire à Stockholm. De-
puis lors il s'est livré sans relâche à de grands
travaux littéraire?. 11 n'est cité ici que comme
éditeur d'une belle et intéressante collection
d'anciens chants populaires de b Suède , tirée
on grande partie des manuscrits des bibliothèques
de Stockholm et d'Upsal, et qui a paru sous ce
titre : Svenska Fornsanger. En samling of
Kcimpavisor, Folk-visor, Lekar och Dansar,
samt Bartioch Vall-sânger ( Anciens chants
suédois. Recueil de chants de guerre, chansons
populaires, badines etde danse, etc.). 3 vol, in-8°.
Le premier a été publié à Stockholm en 1S34 , le
second en 1837, et le troisième en 1842. A la
fin des deux premiers volumes, on trouve los
chants harmonisés par le maître de chapelle Eg-
gert ; mais le troisième volume a particulièrement
beaucoup d'intérêt , parce qu'il est entièrement
rempli de chants notés dans leur forme primi-
tive et populaire. La collection de M. Arwidsson
est en quelque sorte une suite de celles de Geijer
etd'Afzelius. ( Voy. ces noms.)
ARZBERGER ( — ). On trouve sousce nom,
dans la XI"* année de la Gazette musicale et
de Leipsick, p. 481, la proposition d'un per-
fectionnement essentiel dans la construction de
la guitare ( Vorschlàge zxi einer wesentUchen
Verbesserung im Bau der Guitarrc.)
ASCAMO (JosQuiN d') ; V. JOSQUIN D'AS-
CAGNO.
ASCHEI\BRE]VI\ER (Chrétien-uenri),
maître de chapelle du duc de Mersebourg, na-
quit au Vieux Stettin, le 29 décembre 1C54. Sou
père, qui était musicien dans celte ville, ai)rè.s
avoir été maître de chapelle à WolfenbiJttel, lui
donna les premières notions de la musique. A
l'âge de quatorze ans , il reçut des leçons de J.
Schiitzpour la composition. Peu de tempsaprèsil
perdit son père; mais il en trouva nn second en
Schiitz, qui l'envoya à Vienne, en 1676, pour
perfectionner son talent sur le violon et la com-
position, sous la direction du maître de cha-
pelle André-Antoine Schmelzer. Lorsqu'il se crut
assez habile , il chercha à assurer son sort par
ses talents, et entra en qualité de violoniste à la
chapelle du duc de Zeitz, en 1677. Il ne possé-
dait cette place que depuis quatre ans lorsque le
duc mourut, et la chapelle fut supprimée. As-
chenbrenner alla à Wolfenbùltel, et y acquit la
bienveillance de Rosenmiiller, qui le fit entrer au
service de son maître; mais à peine fut-il de re-
tour à Zeitz, où il était allé chercher sa famille,
qu'il apprit la mort de Rosenmiiller, et en même
temps la déclaration que le duc ne voulait point
augmenter sa chapelle. Il resta sans emploi deux
ans à Zeitz ; enfin, en 1683, il fut nommé pre-
mier violon du duc de Mcrsehourg. Cette époque
semble avoir été la plus heureuse de sa V\e,. En
1692, il entreprit un second voyage à Vienne.
Son talent était formé ; il joua du violon devant
l'empereur, et lui dédia six sonates pour cet ins-
trument. Ce prince fut .si satisfait de cet ou-
vrage qu'il lui donna une chaîne d'or, avec une
somme assez forte. Cependant son existence
était précaire, et il éprouvait beaucoup de diffi-
cultés à se placer d'une manière convenable ;
enfin, en 1695, il retourna à Zeitz en qualité de
directeur de musique, emploi qu'il conserva jus-
qu'à son troisième voyage à Vienne, en 1703. H
vécut à Zeitz jusqu'en 1713, époque où il fut
ASCHENBRENJNER — ASHLEY
Î53
nommé maître de ehapelle du duc de Merse-
boiir^. Quelque avantageuse que parût èlre sa
position, il fut obligé de se retirer au bout de six
ans(i719} àléna, à l'âge de soixante-cinq ans,
avec une modique pension. Il mourut dans cette
ville, le 13 décembre 1732.
On ignore si les sonates de violon qu'Aschen-
brenner à dédiées à l'empereur ont été publiées ;
mais on connaît de lui un ouvrage qui a pour
titre Gast und Hochzeiff rende , bestekend in
SonaCen, Prxludien, Allemanden, Curanien,
Baletten. Arien, Sarabanden mit drei, vier
undfimfStimmen, nebst dem basso continua
( Plaisir des noces et des soirées , contenant des
sonates, préludes, allemandes, courantes, ballets;
et airs à trois, quatre et cinq parties, avec basse
continue), Leipsick, 1673. Corneille à Beughem
( Bibl. Matth., p. 300) cite une secondeédilion
de cet ouvrage, datée de Leipsick, 1675; il en
a paru une troisième à Inspruck, en 1676.
ASCHER (J.), pianiste de l'impératrice des
Françaiset compositeur pour son instrument, est
né à Londres en 1829. Après avoir commencé
ses études musicales à l'institution ro7alc de
cette ville, il est allé les terminer au conserva-
toire de Leipsick, si je suis bien informé. En
1849 il se rendit à Paris, et s'y fit entendre avec
succès dans les formes brillantes à la mode et
dans le genre mis en vogue par Thalberg, On
a publié depuis cette époque un grand nombre
de ses productions de salon et de concert, parmi
lesquelles on distingue: La Goutte d'eau, o\>. 17 ;
La Danse espagnole, op. 24 ; La Danse anda
louse, op. 30; la Fanfare militaire, op. 40 ; La
Feuille d'Album; La Perle du Nord; des ma-
z.ourkas, des polkas, et des transcriptions d'opé-
ras, telles que Robert le Diable, Marta, La Fa-
vorite, Le Pré-aux- Clercs, Les Mousquetaires
de la reine. Le Pardon de Ploërmel, etc. Toute
cette musique légère a été publiée à Paris.
ASHE (André), flûtiste habile, né vers 1759, à
Lisburn (Irlande). Ses parents l'envoyèrent d'a-
bord dans une école près de Woolwicb , en An-
gleterre, où il apprit les premiers principes de la
musique ; mais la perted'im procès ruineux obli-
gea sa famille aie rappeler auprès d'elle. Heureu-
sement le comte Bentinck, colonel hollandais au
service d'Angleterre, vint visiter l'académie de
Wooiwich ; il vit le jeune Ashe en larmes, te-
nant dans ses mains sa lettre de rappel. Touché de
son désespoir, il prit desinformations, écrivit aux
parents, et finit par se charger de l'enfant, qu'il
emmena avec lui, d'abord à Minorque et ensuite
en Espagne, en Portugal, en France, en Allema-
gne, et enfin en Hollande. Le comte avait eu
d'abord l'intention de faire du jeune Ashe son
homme de confiance, et de lui donnei une édu-
cation convenable; mais les dispositions de cet
enfant pour la musique, et particulièrement pour
la fiûte, décidèrent son protecteur à lui ?aisser
suivre son penchant, et à lui donner des maîtres.
Ashe acquit en peu d'années une grande habi-
leté sur la flûte : il fut l'un des premiers qui fi-
rent usage sur cet instrument des clefs addition-
nelles. Le désir de faire connaître son talent le
porta alors à quitter son bienfaiteur : il se rendit
à Bruxelles, où il fut successivement attaché à
lord Torrington, à lord Dillon, et enfin à l'Opéra
de eette ville. Vers 1782, il retourna en Irlande,
où il fut engagé comme flûtiste solo aux con-
certs de la Rotonde, à Dublin, Sa réputation ne
tarda poiitt à s'étendre jusqu'à Londres. En 1791,
Salomon, qui venait d'attirer Haydn à Londres,
et qui voulait former un orchestre capable d'exé-
cuter les grandes symphonies écrites par cet
illustre compositeu-r pour le concert d'Hannover-
Square, se rendit à Dublin pour entendre Ashe,
et lui fit un magnifique engagement. 11 débuta ,
en 1792, au deuxième concert de Salomon, par
un concerto manuscrit de sa composition. De-
venu en peu de temps le flûtiste à la mode, il
fut de tous les concerts. A la retraite de Mon-
zani, il devint première flûte de l'Opéra italien,
et en 1810 il succéda à Rauzzini comme direc-
teur des concerts de Bath. Cette entreprise,
qu'il conserva pendant douze ans, fut produc-
tive les premières années ; mais les dernières fu-
rent moins heureuses, et Ashe finit par y perdre
une somme considérable. Il a vécu dans la re-
traite depuis 1822. Aucune de ses compositions
pour la flûte n'a été gravée. Il avait épousé une
cantatrice, élève de Rauzzini, devenue célèbre
en Angleterre sous le nom de M"® Ashe. Sa
fille, pianiste habile, s'est fait entendre avec
succès en 1821, dans les concerts de Londre."?.
ASHLEY (Jean), hautboïste de la garde
royale anglaise, vivait à Londres vers 17S0. A la
commémoration de Hacndel, en 1784, il joua le
bnsson double (Contra-fagotto) que Hœndel avait
fait faire , et que personne n'avait pu jouer jus-
qu'alors. Il seconda aussi le directeur Bâtes dans
le choix des muciciens, et eut après lui la direc-
tion des oratorios pendant sept ans. On ignora
l'époque de sa mort.
ASHLEY (Général), fils du précédent, fut
l'un des violonistes les plus distingués» de l'An-
gleterre. Ce fut sous Giardini, et ensuite sous
Barthelemon, qu'il apprit àjouer du violon, et il
parvint à un tel degré d'habileté que Violti le
choisit plusieurs fois pour jouer avec lui ses sym-
phonies concertantes. A la mort de son père,
Ashley lui succéda comme directeur des orato-
154
ASHLEY — ASIOLI
rios de Covent-Garckn, conjointement avec son
frère (Jean-Jacques ). Il n'a rien fait imprimer
de ses compositions. Il est mort près de Lon-
dres, en tSlS.
ASHLEY (Jean-Jacques), frère du précé-
dent, fut organiste à Londres et professeur de
ciiant. L'Angleterre lui a l'obligation d'avoir for-
mé des chanteurs habiles, tels que M. Elliot,
C. Smith, M"^ Vaughan, M""Salomon,etc. Ash-
ley n'est pas moins recommandable comme com-
positeur que comme professeur ; élève de Schrce-
ter, il possédait des connaissances assez étendues
dans la musique. On a de lui les ouvrages sui-
vants : 1" Twelve easy duetts for german
flûte, etc., Londres, 1795. — 2° Sonatas for the
piano forte, op. 2. — 3° Six progressive airs for
the piano forte. Ashiey a dirigé les oratoi ios de
Covent-Garden conjointement avec son frère , à
qui il a peu survécu.
ASHTON ( Hugues ) , musicien de la cha-
pelle de Henri VII, roi d'Angleterre, a composé
quelques messes à quatre voix qui se trouvent
dans une collection d'ancienne musique à la bi-
bliothèque de l'université d'Oxford.
ASHWE LL ( Thomas ) , compositeur anglais,
vécut sous les règnes d'Henri VII , d'Edouard VI
et de la reine Marie. On trouve quelques-unes
de ses compositions pour l'église dans la biblio-
thèque de l'école de musique d'Oxford.
ASHWORTH (Caleb), ministre non con-
formiste, naquit à Northampton, en 1709. Ses
parents le mirent d'abord en apprentissage chez
un charpentier; mais, ayant manifesté du goût
pour l'élude , on le fit entrer dans l'académie
du docteur Doddrige. Après qu'il eut terminé ses
cours, il fut ordonné ministre d'une congréga-
tion de non conformistes à Daventry , et peu de
temps après il succéda au docteur Doddrige dans
la direction de son académie. H est mort à Da-
ventry en 1774, ûgé de soixante-cinq ans. On a
de lui : 1" Introduction to the art ofsinging
(Introduction à l'art du chant), dont la seconde
édition a été publiée à Londres en 1787. — 2"
Collection of tunes and anlhems ( Collection de
cantiques et d'antiennes).
ASIAIN (Joachim), frère hiéronymite et
organiste du monastère de Saint-Jérôme, à Ma-
drid , vers le milieu du dix-huitième siècle, a été
considéré par les meilleurs musiciens de sa pa-
trie comme un des artistes les plus habiles en
son genre. Il a beaucoup écrit pour son instru-
ment; parmi ses meilleurs ouvrages, on re-
ïDurque un grand nombre de pièces pour des of-
fertoires, une suite de grands versets pour les
jours solennels, et neuf versets (3u huitième ton,
pour la fête de l'Ascension.
ASIOLI (Bomface), né à Corregio, le 30
avril 1769, commença à étudier la musique dès
l'âge de cinq ans. Un organiste de la collégiale de
San-Quirino, nommé D. Luigi Crotti, lui donna
les premières leçons; mais, la mort lui ayant en-
levé son maître, il se trouva livré à lui-même
avant d'avoir atteint sa huitième année, ce qui
n'empêcha pas qu'il écrivit à cet âge trois messes,
vingt morceaux divers de musique d'église, un
concerto pour le piano avec accompagnement
d'orchestre, deux sonates à quatre mains et
un concerto pour le violon. Il n'avait pris cepen-
dant jusqu'alors aucunes leçons d'harmonie ou de
contre-point. A dix ans, il fut envoyé à Parme
pour y étudier l'art d'écrire, ou, comme on dit,
la composition, sous la direction de Morigi.
Deux ans après, il alla à Venise, et y donna deux
concerts dans lesquels il fit admirer son habileté
sur le piano et sa facilité à improviser des fugues.
Après quatre mois de séjour dans cette ville, il
retourna à Corregio, où il fut nommé maître de
chapelle. Asioli était à peine dans sa dix-
huitième année, et déjà il avait écrit cinq messes,
vingt-quatre autres morceaux de musique d'é-
glise, deux ouvertures, onze airs détachés, des
chœurs pour La Clemenza di Tito; deux inter-
mèdes, La Gahbia de'Pazzi et 11 Ratto di Pro-
serpina; une cantate, La Gioja pastorale; un
oratorio, Giacobbo in Galaad ; trois opéras
bouffes, La Volvbile , La Contadina vivace ,
La Discordia teatrale; un divertissement pour
violoncelle, avec accompagnement d'orchestre;
deux concertos pour la flûte; un quatuor pour
violon, flûte, cor et basse; un trio pour man-
doline, violon et basse; un divertissement pour
basson , avec accompagnement d'orcliestre.
En 1787 , Asioli se rendit à Turin , où il de-
meura neuf ans. Il y écrivit neuf cantates qui de-
puis ont plus contribué à le faire connaître avan-
tageusement que tous ses ouvrages précédents.
Ces cantates sont : La Primavera , Il Nome, Il
Consiglio,Il Ciclope, H Complimento, Quella
cetra pur tu sei , Piramo e Tisbe et La Scusa :
tous ces ouvrages sont avec accompagnement d'or-
chestrp; /a Tempesta, qui depuis lorsa été publiée
parmi sf-s nocturnes et avec accompagnement
de piano. Asioli a aussi composé dans la même
ville deux drame , Pimviaglione et La Festa
d'Alessandro , deux ouvertures, vingt petits
duos et douze airs avec accompagnement de
piano, des canons à trois voix, neuf airs déta-
chés avec orchestre, six nocturnes à cinq voix
sans accompagnement, deux nocturnes pour trois
voix et harpe, un duo, un trio, et quatre quatuors,
une sérénade pour deux violons, deux violes,
deux flûtes , basson et basse, douze sonates pour
ASIOLI
155
le piano, enfin, Gitstavo, op(5ra séria en deux ac-
tes, pour le théâtre royal de Turin.
En 1796, Asioli accompagna la marquise Glie-
rardini à Venise; il y resta jusqu'en 1799, époque
où il alla s'établir à Milan. Trois ans après , le
vice-roi du royaume d'Italie le nomma son maî-
tre de chapelle et censeur du conservatoire de
musique de Milan. Lots du mariage de Napoléon
avec Marie-Louise, en 1810, Asioli vint à Pa-
lis; j'ens l'occasion de le connaître à cette épo-
que et de me convaincre qu'il était honune ai-
mable autant que musicien de mérite. Il conserva
ses places jusqu'au mois de juillet 1813. Alors il
désira se retirer dans sa ville natale, où il con-
tinua d'écrire jusqu'en. 1820. Depuis ce temps
il a renoncé à cultiver la musique et a vécu dans
le repos.
A JMilan, il a écrit deux cantates , Il Dubio et
f.a Medea; une scène lyrique avec orcliestre ;
un sonnet (la Cmnpnna di Morte) pour ténor;
deux duos, douze airs, les stances Chiama gli
abitator pour ténor ; un dialogue entre l'A-
mour, Malvina et la Mort; on sonnet {in quelV
età) ; une oie anacréontiqueà la Lune, pour té-
nor, avec chœurs; une sérénade pour deux vio-
lons, llùte, deux cors, viole, basson, basse
et piano; une symphonie (en/a mineur); une
ouverture ; une sonate pour piano avec basse obli-
gée; une sonate pour harpe; le cinquième acte
d'un ballet, et Cinna, o-pcra-séria en deux ac-
tes, pour le théâtre de la Scala. 11 a aussi ar-
rangé l'oratorio de Haydn , La Création , pour
deux violons , deux violes et deux bases.
En qualité de directeur de la musique du vice-
roi d'Italie, Asioli a composé vingt et un motets
italiens et vingt-trois autres morceaux d'église,
deux cantates et une pastorale à quatre voix
pour le théâtre de la cour. Comme censeur du
conservatoire royal de Milan, il a écrit : 1"
Principj elc.mcntari di. musica , adottali dal
R. Conservntorio di Milano, perle, ripetizioni
giornaliere degli alunni; con tavelé. Milano
Massi, 1809, 47 page> in-s° (en forme de dia-
logues). La seconde édition de cet ouvrage a
été publiée dans la même ville en 1811 , la troi-
sième à Gênes en 1S21, la quatrième à JMilan,
chez Giov. Ricordi, en 1823. Une traduction
française de ces éléments a paru à Lyon chez
Cartau\, sous ce titre : Grammaire musicale,
ou théorie des principes de musique, par
demandes et par réponses, adoptées par le
conservatoire de Milan pour l'instruction de
ses élèves, traduite de Vitalien ; 1819, in-R",
avec douze planciies. Une deuxième édition de
c«tte traduction a été faite en 1833, chez le môme
éditeur. C. C. Cùttner a publié aussi, en alle-
mand , une traduction libre du livre d'AsioIi,
chez Schott, à Mayenee, en 1824. Le mérite de
cet ouvrage consiste dans la concision et la dar
té. — 1° l'Allievo al Cembalo, Milan, Ricordi ,
in-folio obi. Ce livre élémentaire est divisé en
trois parties : la première contient des leçons de
piano, la seconde traite de l'accompagnement
de la basse chiffrée, la troisième est un petit
traité d'harmonie avec des instructions pour
l'accompagnement de la partition. — 3» Primi
elementiper il canto, con dieci ariette istrut-
tiveper cantare di buona grazia , Milan, Ri-
cordi, in-fol. obi. — 4° Elementiper il contra-
basso, con una nuova maniera di digitare.
Milan, Ricordi, 1823, ia-(ol. obi. — ô» Trat-
tato d'armoniae d'accompagnamenio , Milan,
Ricordi, 1813, 139 pages in-folio. Asioli a sui-
vi dans cet ouvrage la doctrine du P. Valotti sur
les renversements d'harmonie, théorie irration-
nelle qui avait déjà été développée parle P. Sab-
batini dans son traité de la basse chiffrée, et qui
sera toujours rejetée par tout bon harmoniste,
car on y admet la résolution, repoussée par l'o-
reille , des dissonnances non par le mouvement
des notes dissonnantes elles-mêmes, mais par
celles qui leur servent de soutien. — G° Dialoghi
siil trattato d'armonia , per servir e d'esame
agit aliievi di composizione e d'accompagna-
mento del regio conservatorio di musica in
Jî/i^rtno; Milan, Ricordi, 1814,95 pages in-8". —
7° Osservazioni sut temperamento proprio de
gli stromenti stabili, dirette agli Accordatori
di piano-forte edorgano, Mi\an, Ricordi. —8°
Disinganno sulle osservazioni fatte sul Tem-
peramento proprio degli stromenti stabili,
ibid. Ce petit écrit est une réponse à une cri-
tique qui avait été faite de son système de tem-
pérament.— 9° Il Maestro di composizione,
ossia Seguito del Trattato d'armonia, 1 vo-
lumes in-4°, ornés du portrait de l'auteur, ibid.
Cet ouvrage n'a été publié qu'après la mort d'A-
sioli. On trouve dans le premier volume une no-
tice sur sa vie et toute la partie théorique de
l'ouvrage. Le deuxième vohmie renferme les
exemples, ou la partie pratique. Les deux vo-
lumes forment 500 pages.
Dans les compositions sérieuses, Asioli a man-
qué de force ; mais dans les airs et les duos avec
accompagnement de piano, il s'est fait une ré-
putation méritée par l'expression et la grâce de
ses mélodies. On peut considérer ses ouvrages ea
ce genre comme le type des iN'oc/wnies, que beau-
coup de compositeurs ont imité depuis d'une ma-
nière plus ou moins heureuse. Comme tliéoricien,
il n'a rien inventé ; mais la nature l'avait doué
d'un esprit mélhodique et de l'iirt <roxposcT avec
156
ASIOLI — ASOLA-
clarté ce qn^l savait : ce sont ces qualités qui
brillent surtout dans les ouvrages élémentaires
qu'il a publiés.
Asioli a cessé de vivre à Correggio , le 26 mai
1832. Une notice biographique sur sa vie et ses
ouvrages a été publiée par M. Antoine Coli,
prêtre de Corregio, sous ce titre : VUa di lioni-
fazio Asioli da Correggio, seguita delV elenco
délie Opère del medesimo. Milan , Ricordi ,
1834, 1 vol. in-8". On a imprimé à Florence, en
1836, sans nom d'auteur, Elementi dicontrap-
punto,coi tipi de V.Batellie figli, in-4", avec
planches de musique : M. Gaspari, de Bologne,
croit que cet ouvrage est d'Asioli.
ASOLA (Jean-Matthieu), en latin Asula',
prêtre et compositeur pour l'église, né à Vérone,
vécut dans la seconde moitié du seizième siècle.
Les titres de ses ouvrages ne fournissent pas de
renseignements sur la position qu'il occupa ; mais
il est vraisemblable qu'il fut maître de chapelle
d'une église importante, car le nombre de ses
compositions religieuses est considérable. Asola
vivait encore en 1600, et paraît avoir été un des
premiers compositeurs qui, à cette époque, adop-
tèrent l'usage de la basse continue pour l'accom-
pagnement de la musique d'église par l'oigue,
ainsi que l'indiquent les titres de deux de ses ou-
vrages. Dans ses œuvres en contre-point sur le
plainchant, son style a de l'analogie avec celui
de Constant Porta ; style très-pur, mais dont la
sévérité est un peu sèche. Asola fut un des maî-
tres qui dédièrent un recueil de psaumes à J. Pier-
luigi de Palestriua, en 1592, pour lui marquer la
haute estime qu'ils avaient pour son génie. Les
ouvrages connus de ce maître sont ceux dont les
litres suivent:!" Introihis et Âlleluyamissanim
omnium majorumsolemnitatum totius anni su-
per cantu piano, quatuor vocum. \&nei\\s a\>ud
Ant. Gardanum, 1565, in-4°. — 2" Missarum
quinque voc. concinn. Liber primiis. Venetiis,
apud Herœd. Ant.Gardanum,\bl ï,'\\\-ti° . — T
Psalmodia ad vespertinas horas omnium so-
lemnit.octo rocMm. Venetiis, apud Haered. Hie-
ron. Scottum, 1574, in-4°. — 4° Falsi hordoni
sopra Qliotlotuoni ecclesiastici, con alcuni di
M. Vincenzo Rufo. Venezia, app. gli Figli di
Ant. Gardano, 1575, in-4Ml y a d'autres éditions
de cet ouvrage publiées à Venise, en 1582, 1584,
<età Milan, 1587 5° Vespertina Psalmodia ma j-
Solemnit. oclo voc. Venetiis upud Hieronymum
Scotum, 1576, ui-4''. Il y a une deuxième édition
de c«t ouvrage puhliée à Venise, chez Richard Ama-
dino, en 1599, in-4". — 6" Completorium per
totiim quatuorqueillxB. Virginis antiphonx
qux in fincproanni tempore secundumroma-
num curiam decanlantur cum sex vocibus,
ibid., 1576, in-4''. 11 y aune deuxième édition de
cet ouvrage publiée à Venise, chez les héritieis de
Jér. Scotto, en 1585, in-4" ; et une troisième en
1590. — 7" Vespertina omnium solemnitatum
psalmodia duoque B. Virginis cantica primi
tonifCumquatucr vocibus, \b\d.,iâ78,m-i°. — 8"
llprimo libro délie Messe aquattro voci. In Ve-
nezia app. A ngelo Gardano, 1 579, in-4». — 9" Il
seconda libro délie messe a quattro voci; ibid.,
1580, in-4°. Il y aunedeuxième éditionde ces deux
livres de messes publiée à Venise chez Ang. Gar-
dane, en 1586, in-4°. — 10" Missa et major, so-
lemn. Psalmodia 6 vocum. Venetiis apud he-
rœd. Hier. Scotîim, 1581,in-4°. — 11° Vespertina
omnium majorem solemnitatum psalmodia
quatuor vocum. Venetiis, apud Angelum Gar-
danum, 1582, în-4". Cet ouvrage n'est pçut-ètre
qu'une deuxième édition du n" 7. — 12° Officium
majores Hebdomadx sanctse quatuor vocum ;
ibid, 1583, in-4°. — 13° Secunda pars officii
Hebdomadx sanctœ quatuor voc. ibid., 1584,
in-4*'. Une deuxième édition de ces deux parties de
l'office de la Semaine sainte a été publiée à Venise,
par Richard Amadino, en 1595, in-4°. — 14° /«
passionibus quatuor Evang. Christi locut.
triiim vocum. Venetiis, apud Ang. Gardanum,
1583 in-4". — 15° Sacrae cantiones in totius
anni solemnit atibus paribus quaternis voci-
bus decanlandx, ibid, 1584, in-4°. Il y a une
deuxième édition de ces motets publiée à Venise
en 1591, par Richard Amadino. — 16° Divinx
Dei Laudes binis vocibus concinendx. Venetiis
ap. Ang. Gardanum., 1580, in-4°. Ily aune
deuxième édition de ces cantiques publiée à Ve-
nise, en 1600, par Richard Amadino. — 17° La-
mentationes , improperia et alii sac. Laudes
in hebdom. maj. decanlandx tribus voc.Ve-
netiisapud r,ic. Amadinum, 1588, in-4". — 18"
Secundapars Vespertinx omn. solemn. Horis.
deservient. quatuor vocum, Venetiis, apud Vi-
centium et Rie. Amandinuni, 1591, iQ-4". Il y
a une première édition de ces vêpres solennelles à
quatre voix, impriméechezles mêmes, en 1585. —
19° Missa Defunctorum trium voctim, ibid.,
1 588, in-4°. Il y en a une deuxième édition publiée
chez les mêmes, en 1600. — 20° Dicx Missx et
decem sacrx laudes trium vocum; ibid., 1589,
iu-4°. — 21° Misse sopra gli otto tuoni eccle-
siasHci a cinque voci. ^\i\ân, 1590. — 21°Canto
fermo sopra le messe, inni ed altri cose eccle-
siastiche appartenenti ai suonatori d'organo
per rispondere al coro. In Venezia app. Vin-
centino e Ricc. Amadino, 1596, in-4°. 11 y a deux
autres éditions de cet ouvrage publiées à Venise,
en 1602, et 16 (5. — 2^° Sacro-sanctx Dei Laudes
octonis vocibus in fractis decantandae. Ve-
ASOLA — ASPRILIO
157
netiis, apiid Ricciardum Amadhmm, 1600, 9
voi. in-4''. Ces compof5i lions sont divisées en
deux ciiœurs qui se répondent. Le neuvième vo-
lume contient les deux basses réunies pour l'u-
sage des organistes. Celte partie a pour titre
particulier : Gli bassi delli Mottettl aotlo voci
del R. D. Gio. Matteo Asola Veronese, uniti
insieme et stampati pcr commodità dcglï or-
' ganisti. Asola, bien que spécialement livré à la
composition delà musique d'église, aécrit, comme
tous les maîtres de son temps, des madrigaux,
dont on a publié les recueils suivants : 24° 3Ja-
drigali a due voci da cantarsi in fiiga. In Ve-
netia, ap. Gia.Vincenli, 1587, in-4°. Trois au-
tres éditions de cet œuvre, imprimées à "Venise
en 1604, 1624 et 1665, sont à la bibliothèque du
Lycée communal de muisique, à Bologne. — 25"
Le Vcrgine, madrigalï a tre voci, libro primo.
In Venezia, pressa Ricciardo Amadino, 1596,
{n-4°. LeP. Martini a donnéen partition quelques
morceaux d'Asola dans son Esemplare; et le P.
Paolucci a inséré un graduel du même auteur dans
la première partie de son Arte pratica di Con-
trappiinto. On trouve aussi quelques motets
d'Asola dans le Promptuarium musicum d'A-
braham Scbad.
ASPA (Mario), compositeur dramatique, né
à Messine, vers 1806, a fait ses premières études
musicales dans cette ville , pais s'est rendu à Pa-
lerme et de là à Naples, où il est entré au collège
royal de musique, et a reçu des leçons de contre-
point deZingarelli. Sorti de cette école, il s'est livré
à l'enseignement du cliant et à la composition pour
le théâtre. Les principaux ouvrages qu'il a écrils
sont : r Giovanni Banier, ossia il Castello di
Arolte, en deux actes, représenté an théâtre du
Fondo, à Naples, en 18-30. Cet ouvrage tomba
à plat. — 2° Il Carcere d'Ildegonda, opéra sé-
rieux en deux actes, mieux accueilli au théâtre
Nuovo, dans le mois d'octobre 1831. — 3" La
7?«r/a , au théâtre au Fondo, le. 18 mai 1832. —
4° il Litigante senza Vite, opéra bouffe en deux
actes, 1833. — 5° La Finta grega, farce en un
acte. — 6° / Due Forzati , en deux actes. —7°
Il 20 Aiigusto, en deux actes, au mois de dé-
cembre 1835. — 8° Il Marinaro, en deux actes,
au théâtre ISuovo, en 1839; ouviage dans lequel
il y avait de jolies cboses. — 9°/ VueSavoiardi,
en deux actes, au théâtre du Fondo, le 16 mars
1838. — 10'' Il Quadro Parlante, en un acte, au
théâtre Nuovo, novembre 1834. — 11° Barto-
lomeo del Piombo, en deux actes, au théâtre
Nuovo, en 1837. — 12° Allan Mac Aulay, en
trois actes, au même théâtre, dans l'été de 1838.
— 1 3° Maria d'Arles , en deux actes , ouvrage
qui ouvrit le carnaval de 1841, avec \\n fiasco
complet. — \k° Il Proscrit lo, en deux actes, égr-
lement tombé dans la môme année. — 15* Gu-
glielmo Colman, en deux actes, tombé au car-
naval de 1843. — 16° Paolo e Virginia, en trois
actes, pour l'ouverture du Ibéàlre Metas/asio, à
Rome, le 29avril 1843. — 17° Il Travestimenlo,
joli ouvrage représenté au théâtre du Fondo, à
Naples, dans le carnaval de 1846. 11 y a de la
facilité dans le style de ce compositeur, mais ab-
sence complète de création. Les autres ouvrages
d'Aspa dont les dates de représentation et le succès
me sont inconnus ont pour titres : La Verga ma-
gica; la Metamorfose for tunata; Federico II ;
L'Or fana muta; Il Muratore di Napoli; Wer-
ther.
ASPELMAYER ou ASPELMEYER (Fran-
çois), musicien et compositeur au service de
l'empereur d'Autriche, mort à Vienne, le 29 juillet
1786, s'est fait connaître par les ouvrages sui-
vants : 1° Die Kinder der Natur (les Enfants de
la Nature). — 2° Der Sturm (l'Orage). —3» Pig-
malion — 4° Agamemnon vengé, ballet. — 5"
La Lavandaradi Citere, ballet. — 6"/ Mo7i
Spagnuoli, idem. Il a composé aussi Six duos
pour violon et violoncelle, six trios, six qua-
tuors pour violon, et dix sérénades pour des
instruments à vent.
ASPERl (Ursl'I-e), née à Rome en 1807, a
étudié la musique dès ses premières années , et a
acquis du talent dans l'art du chant etsur le piano.
Elle a reçu les leçons d'harmonie et de composi-
tion de Fioravanti. En 1827 elle a écrit pour le
théâtre Valle un opéra intitulé • Le Avventure di
nna giornata, qui a été représenté le 13 mai.
Le public a si bien accueilli celle première pro-
tluction de sa plume, à la première représenta-
tion et aux suivantes, qu'elle a été obligée de
quitter plusieurs (ois le piano pour se présenter
sur la scène. Le 18 novembre 1834, elle donna
à Rome un grand concert dans lequel on en-
tendit la SchoLerluhner et la Biondini, et où elle
exécuta sur le piano plusieurs morceaux de sa
composition. En 1839, elle dirigeaitla musique
d'un Ihoâlre de second ordre, à Florence. En
1835, M"" Aspeii écrivit l'ouverture et l'intro-
duction du mélodrame I itir Indiani, qui fut re-
présenté à Rome, et en 1843 elle adonné dans
la même ville l'opéra I Pirati, qui a été joué
avec quelque succès.
ASPLIIVD (... ), savant suédois, qui vécut
vers le milieu du dixhuilième siècle, a publié une
dissertation intitulée : De Horologiis Mitsico-
Automatis; Upsal, 1731.
ASPRILIO (Pal'l), musicien de la cour de
Ferrare, au commencement du dixseptièmesiècle,
; a fait imprimer de sa composition : Madrigali a
158
ASPRILIO — ASTARITTA
Quattro voci, libro primo; \cueiid, lG01,in-4°.
ASPULL (Georges) , jeune pianiste anglais,
né en 1813, excitait l'admiration de ses compa-
triotes dès l'âge de huit ans, par le brillant et le
fini de son exécution. Bien que sa main (ùt trop
petite pour embrasser l'étendue de l'octave, il
jouait les compositions les plus difficiles de Hum-
mel, de Moschelès et de Kalkhrennersans en ra-
lentir le mouvement et dans l'intention des au-
teurs. Telle était l'heureuse organisation du jeune
Aspull qu'on pouvait espérer de le voir se placer
un jour parmi les pianistes les plus distingués;
mais une maladie de poitrine l'a conduit au tom-
beau lorsqu'il entrait à peine dans sa dix-huitième
année. Ilestmort à Leamington, le 20 août 1832,
et SCS obsèques ontété faites à Notlingliam, deux
jours après. Il avait laissé en manuscrit divers
ouvrages pour le piano qui ontété publiés après
sa mort, avec son portrait, sous ce titre : Georges
AspulVs posthumous Works for the piano -for te.
Londres (sans date).
ASSAIXDRI (Laure ), cantatrice distinguée,
est née à Vailate, dans la province de Lodi
(Lombardie), vers 1815. Admise au conserva-
toire de Milan à l'âge de seize ans , elle y reçut
une bonne éducation musicale, et ses progrès
furent si rapides que lorsque Rossini l'entendit,
en 1835, il l'engagea immédiatement pour le
théâtre italien de Paris. Elle y débuta au mois
d'octobre par le rôle d'Adalgisa, dans la Norma,
et se montra digne de chanter à côté de Rubini,
de Lablache et de la Grisi. Le Romeo des Mon-
tecchi e Capuleti de Rellini , et la Donna Eh
vira de Don Juan, achevèrent son succès sur
la première scène italienne de cette époque. Pen-
dant les années 1836 , 1837, et 1838 elle fut en-
gagée pour le môme théâtre et pour l'Opéra ita-
lien de Londres ; puis elle retourna en Italie.
Après y avoir chanté à Gênes avec Pasini elBa-
diali , elle fut appelée à Barcelonne , où elle resta
une année. Son engagement terminé, elle partit
pour Berlin, et y chanta avec succès pendant
plusieurs années tous les premiers rôles de Lucia,
Otcllo , La I\'orma, Lucrezia Borgia, Béatrice
di Tenda, etc. En 1843, elle se fit entendre à
Varsovie et au théâtre italien de Pétersbourg.
De retour à Milan au mois de juillet 1845, elle a
paru depuis lors à Bologne, Maiitoue, Turin, etc.,
et partout elle a été considérée comme une can-
trice de la bonne école.
A8SEi\SIO ( Don Carlo ) , professeur de
piano, né à Madrid, vers 1738, s'est fixé à Pa-
lerrne,en Sicile, où il a publié en 1815 : Scuola
per ben suonare il piano forte.
ASSMA"VER (Ic.NACE), compositeur et or-
ganiste , est né à Salzbourg , le 1 1 février 1 790.
Elève de Michel Haydn, il est devenu , sous la
direction de c-et habile maitre, un des musiciens
les plus distingués de l'Allemagne dans le genre
de la musique d'église. En 1824 il fut nommé
maître de chapelle du chapitre des Ecossais.
Dans l'année suivante il reçut sa nomination d'or-
ganiste de la cour impériale de Vienne. Appelé
en 1838 au poste de vice-maitre de chapelle de la
même cour, il a succédé à Weigl, au mois de fé-
vrier 1846, dansla place de second maître de cha-
pelle titulaire. Les œuvres de musique d'église
composées par Assmayer sont importantes et en
grand nombre; ellesconsistent : l°en quinze messes
avec orchestre, dont la plupart sont en manuscrit;
on n'en a publié qu'une messe solennelle (en ut)
à quatre voix, violons, viole, violoncelle, contre-
basse, deux hautbois , deux bassons , deux cors,
deux trompettes, timbales et orgue ; Vienne, Me-
chetti ; et une messe pastorale allemande à trois
voix, instruments à vent et orgue, op. 46;
Vienne, Haslinger. — 2° Douze graduels, dont
quelques-uns seulement à quatre voix ou à voix
seule , avec orchestre, ont été publiés à Vienne,
chez Mechetti et chez Diabelli 3° Dix-huit of-
fertoires à voix seule avec chœur, ou à quatre
voix concertées avec orchestre, dont plusieurs
ont paru chez les mêmes éditeurs. — 4° Un Te
Deww solennel à quatre voix et orchestre, op. 48,
à Vienne , chez Haslinger. — 5° Deux Requiem
brefs. — 6"^ La mort de Sàûl, oratorio dratna-
tique, avec orchestre, op. 50 ibid. — T David et
Saûl, oratorio dramatique, avec orchestre, op-
49, ibid. — 8° Plusieurs hymnes et motets. — 9.
Un Te Detfwi à huit voix, avec accomp. d'instru-
ments de cuivre. — 10° Plusieurs ouvertures.
— 11" Divers morceaux de musique vocale et
instrumentale pour des circonstances particulières.
— 12»Unesympbonie, à grand orchestre exécutée
à Vienne en 1844. — 13° Des pastorales et fugues
pour l'orgue. — 14° Des rondeaux et autres com-
positions pour le piano.
ASTARITTA (Janvier ), compositeur dra-
matique, né à Naplesvers 1749, eut une grande
réputation en Italie, et réussit en différents
genres , mais principalement dans l'expres-
sion des situations comiques. Dans le cours de
sept années, il écrivit plus de quatorze opé-
ras; celui de Circé et Ulysse eut un succès pro-
digieux , non-seulement en Italie , mais aussi en
Allemagne, où il fut représenté vers 17S7.
On connaît de lui : La Contessadi Bimbin-
poli, illl; I Visionari, 1772; Finezze d"A-
more, o la forza non si fa, ma si prova, 1773;
IlMaritochenon hamoglie, 1774; / Fdosofi
immaginari, 1788; La Contessina; Il principe
spondriaeo, 1774; La Critica ieatrale, 1775;
ASTARITTA — ATHÉLARD
159
Il Mondu délia Luna, 1775; La Dammaim-
maginana , \111 ; V Isola di Bimjoli , 1777;
Armida, \111 ; Circee Vlisse, 1777 ; JSiœlctto
bella vita, 1779. Dans l'automne de 1791, il
donna à Venise : / Capprici in amorc, et a» car-
naval de 1792, Il Medico Parigino , ûam la
même Tille. Gerber [Neues Biogr. Lex. der
Tonkûnstl. ) cite aussi de cet auteur : La Moli-
narella, op. biiffa, 1783, à Ravenne; Il Di-
vertimento in campagna, op. buffa, 1783, à
Dresde ; /Z i^ra/ice^e ôjc-rorro, op. buffa, 1786,
ibid. ; Il Parruchiere, 1793, à Berlin.
La manière de ce compositeur se rapproclie de
celle d'Anfossi, et l'on petit dire qu'il a les mêmes
qualités et les mêmes défauts. La coupe de ses
airs et de ses morceaux d'ensemble est heureuse ;
ses accompagnements sont assez purs , mais trop
nus; ses chants sont gracieux, mais ils manquent
d'originalité.
ASTON (Hugues), organiste anglais sous
le règne de Henri VUI, auteur d'un Te Deum à
cinq voix, qui est maintenant dans la bibliothèque
du collège de musique d'Oxford.
ASTORGA (Emmanuel, baron d') né à Pa-
lerme, le 11 décembre 1681, eut un existence
toute romanesque. Fils d'un chef de bandes mer-
cenaires au service de la noblesse de Sicile, qui,
souffrant impatiemment le joug de l'Espagne, es-
saya de le secouer par l'insurrection en 1701,
Astorga vit périr son père sur l'échafaud dans la
même année, avec plusieurs nobles siciliens. Sa
mère, qu'on obligea d'assister au supplice,
mourut de douleur, et lui-môme s'évanouit. La
princesse des Ursins, première dame d'honneur
de l'épouse de Philippe Y, prit en pitié le pauvre
jeune homme, et le fit entrer au couvent d'As-
torga, eu Espagne, dont plus tard il prit le nom.
Dans cette retraite il acheva son éducation et
perfectionna, par l'étude, le beau sentiment
musical dont la nature l'avait doué. Rentré dans
le monde trois ans après, il obtint , par le crédit
de sa prolectrice , le titre de baron d'Astorga ,
et fut chargé d'une mission près de la cour de
Parme en 1704. Il y devint l'âme de toutes les
réunions d'amateurs de musique ; car il était
excellent chanteur et compositeur de mélodies
gracieuses et sentim^^ntales. Sa mission terminée,
il continua de demeurer à Parme, où le retenait
son amour secret pour la fille du souverain,
Elisabeth Farnèse. Le duc, ayant pénétré dans
les sentiments de son hôte, trouva le moyen de
l'éloigner en lui donnant une lettre de recom-
mandation pour l'empereur Léopold V^, qui, sé-
duit par les talents du baron d'Astor-ja, voulut
l'attacher à sa cour; mais celui-ci ne jouit pas
longtemps de sa faveur, car son nouvean Mé-
cène mourut le 0 mai 1705. Le baron d'Astorga
s'éloigna de Vienne peu de temps après, et mena
une vie aventureuse, visitant l'Espagne, où il re-
trouva la faveur de sa bienfaitrice, puisle Portu-
gal, l'Italie, et enfin l'Angleterre, où il demeura
deux ans. En 1720, il reparut à Vienne ; mais il y
resta peu de temps, et se retira dans un couvent »'u
Bohême,oùilmounit le 21 août 1736 (Voy. YOes-
lerrcichisc/ies Biograpliisches Lexicon de Ccr-
niann, t. 1, p. 278.) Parmi ses nombreuses com-
positions, on ne peut citer que les suivantes : 1"
Slabat Mater, qui fut exécuté à Oxford en 1713,
et qui obtint beaucoup d'applaudissements, — 2"
Dofne, opéra, à Vienne, en 1705. — 3" Cantate
Quando penso, etc. — 4° Cantate : Torna Aprile.
— 5° Cantate : In questo cor. Burney loue dans
ces cantates, qui passent pour être ses meilleu-
res, la grâce et la simplicité de la composition
6" Cantate : Clorinda, s' io Vamai, etc. — 1"
Cantate : Palpitar già senlo il cor. Reichardt
possédait quelques morceaux inédits de la compo-
sition d'Astorga. La partition du Slabat Mater,
à quatre voix et instruments, est en manuscrit à la
bibliothèque royale de Berlin; on la trouve aussi
à la bibliothèque impériale de Vienne, avec
celle de la pastorale de Dafne, dans le fonds
de Kiesewetter. La collection de l'abbé Santini,
à Rome, renferme 54 cantates d'Astoiga pour
soprano et clavecin, 44 idem pour contralto et
clavecin, et enfin 10 rfMc^^i pour deux soprani.
Toute cette musique est remarquable par l'origi-
nalité, le sentiment et l'expression. Je possède
une collection considérable d'œuvres d'Astorga.
ASTRUA (Jeanne ) , excellente cantatrice,
née à Graglia, près de Verceil , en 1730. Graun,
qui l'entendit par hasard dans un voyage qu'il
fit en Italie en 1745, fut frappé de la beauté de
sa voix, et se chargea de son éducation vocale;
car il était lui-même bon chanteur. 11 la fit dé-
buter, le 3 août 1747, dans une pastorale composée
par le roi de Prusse Frédéric II , laquelle avait
pour titre II Repastore, et qui fut rcpré-senlée
à Charlottenbourg. En 1750 elle obtint un congé
pour aller à Turin , et dans la même année elle
chanta avec un brillant succès, aux noces de
Victor-Amédée, le rôle de prima donna dans l'o-
péra de£a Vittoria d'Imeneo. Elle retourna en-
suite au service de la cour de Berlin , qu'elle ne
quitta que pour revenir à Turin, où elle est morte
en 1792, à l'âge de soixante-deux ans.
ATHÉLARD ou ATHELHARD, moine
bénédictin de Bath, en Angleterre, vivait sons le
règne de Henri I, vers 1200. Il eut, pour le
temps oii il vécut, des connaissances étendues ,-
qu'il augmenta par ses voyages, non-seulement
en Europe, mais en Egypte et en Arabie. Il
160
ATHÉLARD —
écrivit un traité des sept arts libéraux, qui com-
prenaient la grammaire, la rhétorique, la dialec-
tique, la musique, l'aritlimétique, la géométrie
et l'astronomie. Ayant appris l'arabe, il traduisit
de cette langue en latin le Traité de géométrie
d'Euclide, connu sous le nom d'Élémens, et
non les Éléments harinoniques de cet auteur ,
comme La Borde (Essai sur la mus., t. III, p.
567),Forkel (Allgem. Litter. dermusik, p. 488)
et les auteurs du Dictionnaire historique des Mu-
siciens (Paris, 1810) ledisent. Les bibliothèques
des collèges du Christ et de la Trinité à Oxford
possèdent les manuscrits des ouvrages d'Athélard.
ATHÉiVÉE, grammairien grec, naquit à
Naucratis en Egypte, vers l'an 160 de l'ère vul-
gaire , sous le règne de Marc-Aurèle : U vivait
encore sous celui d'Alexandre-Sévère, l'an 228 :
c'est tout ce qu'on sait des particularités de sa
vie. On doit à Alhénée une compilation qui a
pour titre : les Deipnosophistes ou le Banquet
des Savants; elle nous est parvenue presque
complète, à l'exception des deux premiers livres,
que nous n'avons qu'en abrégé. Cet ouvrage est
précieux par les renseignements qu'il fournit sur
une multitude d'objets de l'antiquité, particulière-
ment sur l'histoire de la musique des Grecs, les
écrivains qui ont traité de cet art, les instruments,
leur usage, les chansons, etc. 11 est divisé en
quinze livres. Dans le premier, il est traité de la
musique et des chansons dans les festins; le
quatrième contient des renseignements sur quel-
ques instruments de musique; le quatorzième
traite des joueurs de flûte, des chansons, de l'u-
tilité de la musique et de la danse , des instru-
ments de tout genre.
Les manuscrits d'Athénée sont en petit nombre,
ce qui est d'autant plus fâcheux que le texte a
été considérablement altéré dans ceux que nous
possédons : de là vient que, malgré les travaux de
quelques savants , nous ne possédons pas encore
une édition d'Athénée qui soit complètement
satisfaisante; la meilleure est celle qui a été
donnée par Jean Scliweighaeuser, sous ce titre :
Atheneei Deipnosophistx a codicibus manus-
cripti emendavil, etc., Strasbourg, 1801-1807,
14 vol. in-S". On peut cependant consulter aussi
ôvec fruit l'édition donnée parCasaubon en deux
volumes in-fol. Les cinq premiers volumes de l'é-
dition deSehweighœuser contiennent le texte grec
et la version latine ; les neuf autres renferment
les notes et les tables. Parmi ces notes, celles du
quatrième et du quatorzième livres sont intéres-
santes pour l'histoire de la musique. L'abbé de
Marolles, qui n'entendait pas le grec, a donné
une mauvaise traduction française d'Athénée ,
d'après la version latine, Paris, 1680, in-4''.
ATÏAIGNANT
Lefebvre de Yillebrune en a publié une autre en
5 volumes in-4° (Paris, 1785-1787) : celle-ci est
peu estimée des savants. En ce qui concerne la
musique, il est évident que le traducteur ne sai-
sissait pas toujours le sens du texte original.
ATI S. Voy. ATYS.
AÏTAIGIXAKT eu ATTAINGNANT (Pier-
re), imprimeurdeParisdans le seizième siècle, pa-
raîtavoir été le premier qui ait imprimé dans cette
vil'e de la musique avec des caractères mobiles.
Ceux dont on se servait avaient été gravés par
Pierre Hautin, graveur, fondeur et imprimeur
de Paris, qui en fit les premiers poinçons
en 1525. Pierre Attaignant paraît en avoir fait
l'essai dans le, premier livre de motets à quatre
et cinq voix de divers auteurs qu'il pubba
en 1527, in-8° oblong, avec des lettres gothi-
ques. Dix-neuf autres livres de cette collection
parurent à des époques plus ou moins éloignées,
jusqu'en 1536. Leur collection forme cinq vo-
lumes. C'est un recueil précieux pour l'histoire
de la musique française : on y trouve des compo-
sitions de maistre Gosse, Mcolas Gombert,
Claudin , Hesdin , Consilium, Certon, Rousée,
Mouton, Holtinet, A. Mornable, G. le Roy,
Manchicourt, Guillaume [le Heurteur, Vermont
l'aîné, Richalort, M. Lasson , l'Héritier, Lupi,
Lebrun, Wyllart, Feuin, l'Enfant, Moulu,, Ver-
delot, G. Louvet, Divitis, Jacquet, De La
Page, Longueval, Gascogne, Briant et Passereau.
( Voy. ces noms. ) Le titre de chaque livre varie
en raison de son objet. Par exemple le sep-
tième livre, qui contient vingt-quatre motets
pour le dimanche de l'Avent, la Nativité, etc.,
a pour titre : Musicales motetlos quatuor,
quinque et sex vocum modulos Dominici a.d-
ventûs, nativitatisque ejus , ac sanctorum
eo tempore occurrentiuni habet. Parisiis, in
vico Citbarœ, apud Petrum Attaingnant (aux
autres livres, Attaignant, excepté au onzième
où il y a aussi Attaingnant ) musice calcogra-
phum prope sanctorum Cosmi et Damiaui
templum, cum gratia et privilegio chris-
tianissimi Francorum Régis. Le titre du hui-
tième livre est : XX musicales motettos qua-
tuor, quinque vel sex vocum modulos habet.
Mense decembri 1534, Parisiis, etc. Onze
livres de chansons françaises à quatre parties,
par les mêmes auteurs , ont été aussi publiés à
la même époque par Pierre Attaignant, en 4 vol.
in-8°obl. Le premier livre est daté de 1530; mais
ce doit être une réimpression, car, dans l'exem-
plaire qui est à la Bibliothèque impériale de Paris
( n° 2689, in-8° V ) , le neuvième livre porte la
date de 1529, et le cinquième est de 1528. Les li-
vres 2*= , 3*, 4% 6* et 8' ne sont pa5 datés. Voici
ATTAIGNANT — ATTWOOD
IGI
le titre du cinquième livre : Trente et quatre
chansoîis musicales à qtialre parties impri-
mées à Paris le XXIII^jour de janvier mil.
V. C. XXVIlIpar Pierre Attaignant , demeu-
rant en la rue de la Harpe près l'église Sainct
Cosme , desquelles la table sensuyt. Les noms
des auteurs de ces ciiansons ne se trouvent ni
dans ce livre , ni dans les deuxième, quatrième,
sixième, liuitième et neuvième. Le onzième
livre ne contient que des chansons de Clément
Jannequin; en voici le titre : Chansons de
Maistre Clément Jannequin, nouvellement
et correctement imprimées à Paris par
Pierre Atteignant (sic) ; demourant à la rue
de la Harpe devant le bout de la rue des Ma-
thurins près de Véglise de Sainct Cosme (sans
ilate). Les chansons contenues dans ce recueil
sont des pièces plus développées que les antres;
ce sont : 1° Le Chant des Oyseaux ( Réveillez-
vous). — 2" La Guerre (Écoustez, écouslez). — 3°
La Chasse (Gentilz veneurs). — 4° L'Alouette. —
Or sus, or sus); — 5° Las povre cœur (Y.Jan-
neqxtin ). II y a aussi deux recueils de motets à
quatre et cinq parties imprimés par Attaignant,
et qui sont de ceux qui ont été cités précédem-
ment. Le premier, sans date et sans nom d'au-
teurs, a pour titre : Motetz nouvellement im-
primes à Paris par Pierre Attaignant, de-
meurant à la rue de la Harpe près St. Cosme;
le second intitulé : A7/ motetz à quatre et
cinq voix coviposés par les autlieurs cy des-
noubz escripts , naguères imprimés à Paris
par l'ierre Attaignant, demourant à la rue
de la Harpe près deVéglise de Sainct Cosme.
Ce recueil, daté des calendes d'octohre lô29,
contient des compositions de Gombert , de
Claudin {Claude de Sermisy. V. ce nom ) , de
Du Croc, de Mouton, de Dorle et de Deslouges.
11 est remarquable que l'imprimeur dont il
s'agit dans cet article a orthographié son nom
de diverses manières; sur ses recueils on trouve
Attaignant , Attaingnant et Atteignant. Ce
peu d'exactitude dans l'orthographe des noms
s'est reproduit depuis le moyen âge jusqu'au
commencement du dix-septième siècle.
Attaignant imprimait encore en 1543 , car il a
publié dans cette année un Livre de danceries
à six parties, par Consilium, l vol. in-4"ol)l.;
mais il avait ces.sé de vivre en 155C, car à
cette époque ce fut sa veuve (jui publia plu-
sieurs livres de pièces de violes à cinq parties ,
par Gervaise ( Voy. ce nom ).
Les caractères de musique des éditions d'At-
taignant ont assez de nelteté ; mais ils n'ont pas
l'élégance de ceux dont se servirent à peu près
de son temps Adrien Le Roy et Robert BalLird;
lilOGR. UiMV. DES .lltSICIE.NS. — T. I.
ceux-ci avaient été gravés, en 1.^40, par Guil-
laume Le Dé, graveur, londeur et imprimeur
à Paris (Voy. Le Bé). Les livres de musique
imprimés par Attaignant sont d'une rareté ex-
cessive.
ATTEY (JEA>), amateur de musique à Lon-
dres, au commencement du dix- septième siècle, a
publié : The first book of ayrcs of four parts
with tablature for the Lute, sa mode that
ail the paris may be plaid together with
the Iule, or one voyce with the Lute and
bass viol. Londres, 1622 , in-fol. ( Premier livre
d'airs à quatre voix en tablature de luth ; de
telle sorte que toutes les parties peuvent être
exécutées ensemble avec le luth , ou chantée»
par une voix avec accompagnement de luth
et de basse de viole.)
ATTWOOD (THOMAS), compositeur an-
glais, fils d'un charbonnier, naquiten 1767. Al'àge
de neuf ans, il entra comme enfant de chœur à la
chapelle royale, et commença son éducation
musicale sous le docteur Nares et sous son suc-
cesseur le docteur Ayrton. Après avoir passé
cinq ans dans cette école, il eut occasion de
chanter devant le prince de Galles, qui le prit
sous sa protection, et l'envoya étudier à Naples
la compositon et le chant. Ses maîtres furent
Philippe Cinque et Latilla. De Naples il alla à
Vienne, où il reçut dit-on, des conseils et des
leçons de Mozart, jusqu'en 1786. De retour en
Angleterre, il fut attaché à la musique parti-
culière du prince de Galles, puis devint maître
de musique de la duchesse d'York et de la
princesîie de Galles. En 1795, Altwood suc-
céda à Jones dans l'emploi d'organiste de Saint-
Paul , et en 1796 il obtint la place de composi-
teur de la chapelle royale , en remplacement de
D. Dupuis, décédé. Enlin, il a été admis en 182t
comme membre de la chapelle particulière du
Roi , à Brighton.
Parmi les nombreux opéras qu'il a écrits
pour le théâtre, les jdus connus sont ceux-ci :
lo Prisoner ( le Prisonnier) , à Drury-Lane,
en 1792 . —2° AdoptedChild {VEnfant adoptif)
ibid., 1793. — 3° Caernavoncust le (leChàteiu
de Caernavon) , Hay-Market, 1793. — 4° Poor
Sailor (le pauvre Matelot), Covent-Garden,
1795. — 5° the Smugglers ( les Contrebandiers ),
Drury-Lane, 1796, — 6" Mouth of the Nile
(l'Embouchure du Nil), Covent-Garden 1798. — 7°
A Day at Rome ( un Jour à Rome ), divertisse-
ment, Covent-Garden, 1798. — 8° C asile of
Sorento (le Château de Sorento), op. com., Hay-
Market, 1799. — 9" Magic Oak ( le Chêne ma-
gique), pantomime , Covent-Garden , 1799. —
10° Old Clothes-Man (le vieux Marchand d'Ha-
ll
Ifi2
ATTVVOOD — AUBER
bits), inlermècfe, idem, 1799.— 11° Red-Croas
Knights (les Chevaliers de la Croix-Rouge), Hay-
Mailiet, 1799. — 12" S. David's day (le Jour de
Saint-David), farce, 1800. — 13° True Friends
( les vrais Amis), à Covent-Garden , 1800. Outre
ces ouvrages, Attwood a composé plusieurs
(Eiivres de sonates pour piano , et des leçons pro-
gressives pour cet instrument, qui ont été gra-
vées chez eiementi , à Londres. Il a écrit aussi
heaucoup de musique d'église pour le service
'de la chapelle royale, et notamment l'antienne
avec chœup et orchestre pour le couronnement
du roi Georges IV , qui est d'une beauté remar-
quable. Attwood se distingue entre les mu-
siciens anglais par un style |)lein de goût et de
pureté; sa mustque a de la l<)rce , de l'expres-
sion et de l'effet. Il est fâcheux que le sol de
l'Angleterre soit si peu favorable .i la musique ,
qu'un artiste si distingué soit ohligé de renoncer
à la carrière de gloire qu'il aurait pu parcourir,
pour se livrer uniquement à l'enseignement.
ATYS, ou ATÏS ( ...), créole, né à Saint-
Domingue, vers 1715, suivant La Borde (Essai
sur la Musique , t. III, p. 493), fut un llù-
liste distingué qui se fixa en France. Une af-
faire qu'il eut en Autriche l'obligea de se battre;
il reçut une balle dans le menton, et cet acci-
dent altéra sensiblement son embouchure. De
retour à Paris, il s'y livra à l'enseignement, et
composa beaucoup de sonates, duos, trios et
quatuors pour la llûte. On trouve de lui , en
manuscrit, à la Bibliothèque impériale de Paris,
un œuvre de six sonates pour deux flûtes ,
en forme de conversation. Suivant M. Ber-
mann (Oesterreic/i. Eiograph. Lexikon, t. I,
|). 287 ), la date précise de la naissance d'Atis se-
rait le 18 avril 1715; il aurait été à Vienne
en 1760; et il serait mort le 8 août 1784. M. Ber-
mann sait les dates d'une manière effrayante.
ATZE (FKÉDÉurc), musicien né en Alle-
magne, était organi-ste à Breslau vers 1815;
depuis lors il a quitté cette ville pour aller en
Russie, où il était encore en 1833. AIze est im
artiste distingué comme organiste et comme pia-
niste; il a fait admirer partout la délicatesse et
la précision de son jeu. On a de lui : 1" Polo-
naise pour le piano , Leipsick , Hofmeisler. —
2" Duo pour piano et violon, œuvre 2. — 3^ Po-
lonaise pour le piano, œuvre 9, Berlin, Forster. —
4° Grande polonaise, dédiée à M™* Amalie Ko-
refpa, Breslau, Forster etHoffinan, œuvre 10. —
5° Pot-pourri pour le piano, œuvre 11, ibid.
AUBER ( D,vniel-Fra.nçois-Espkit ) , né à
Caen. le 29 janvier 1782 (I) dans un voyage que
(Il Cette date m'a été donnée en inio par le père du cé-
lèbre compositeur, 3r l'époque de mes premières recher-
ses parents firent en celte ville, est fils d'un mar-
chand d'estampes de Paris, dont la situation était
aisée. Sa famille était originaire de la Norman-
die. Doué des plus heureuses dispositions pour
la musique, Auber étudia d'abord cet art comme
un objet d'agrément. Après avoir appris à jouer
dn piano sous la direction de Ladurner, il fat
envoyé à Londres pour y apprendre la profession
d'u commerce; mais bientôt, dégoûté d'un état
pour lequel il ne se sentait point né, il revint à
Paris. Accueilli dans le monde avec plaisir à
cause de son talent et de son esprit, il commençât
à se faire connaître par de petites composition.s
telles que des romances -. quelques-unes de celles-
ci eurent un succès de vogue. Un trio pour
piano, violon et violoncelle, qu'il pubïïa vers le
même temps à Paris, fit voir qu'il pouvait traiter
avec talent la musique instrumentale. D'autres
ouvrages plus considérables vinrent bientôt aug-
menter sa réputation parmi les artistes. Il était
lié d'amitié avec le célèbre violoncelliste Lamare -
Celui-ci avait un style tout particulier dans sa
manière déjouer de la basse, et il désirait le pro-
pager par un genre de musique qui lui fût propre;
mais, par une singularité qu'Userait difficile d'ex-
pliquer, il n'avait pas ime idée mélodique ni un
trait dans la tète qu'on pût employer dans un
morceau de musique. A sa prière, Auber écrivit
tous les concertos de basse qui ont paru sous \e
nom de ce virtuose, et môme quelques autres
qui sont restés en manuscrit. Le public croyait
que ces concertos étaient de Lamare , mais tous
les artistes savaient qu'ils étaient dus au talent
d'Auber. Le caractère original de cette musique
produisit tme assez vive sensation dans le monde,
et l'on prévit dès lors que le jeune compositeur
à qui on la devait se ferait un jour une brillante
réputation. Vers le même temps, Auber écrivit
un concerto de violon qui fut exécuté au Con-
servatoire de musique de Paris par Mazas, et
qui obtint un brillant .succès.
Le désir de travailler pour le théâtre lui avait
déjà fait remettre en musique l'ancien opéra co-
mique intitulé Julie, avec accompagnement de
deux violons, deux altos, violoncelle et contre-
basse. Cet ouvrage, qui renfermait plusieurs
morceaux charmants, fut réprésenté surun théâtre
d'amateurs à Paris, et reçut beaucoup d'applau-
dissements. Peu de temps après, Auber écrivit
pour le petit théâtre de M. de Caraman, prince
de Chimay, un autre opéra avec orchestre com-
plet, dont il a tiré depuis lors plusieurs mor-
ceaux pour ses autres ouvrages.
ches pour la Biographie universelle des vuisiciens. Tou»
les recueils Mographiqucsdonort celle du S9 janvier i7s<i.
AUBER
163
Malgré ces succès, qui jusqu'alors avaient été
renfermés dans le cercle d'un certain monde
d'artistes et d'amateurs, Auber s'apercevait que
ses études musicales avaient été incomplètes, et
que le savoir lui manquait dans l'art d'écrire :
il voulut aciiever son éducation sous ce rap-
port, et se livra à des travaux sérieux sous la
direction de Clierubini. Ces études terminées, il
écrivit une messe à quatre voix, dont il a tiré
la prière de son opéra de la Muette de Por-
tici. En 1813, il fit son début en public par
un opéra en un acte qu'il fit représenter au
théâtre Feydeau sous le titre du Séjour mili-
taire. Cet ouvrage ne justifia pas les espé-
rances que les premiers essais d'Auber avaient
(ait naître; on n'y trouvait rien de la grâce et
de l'originalité d'idées qui avaient fait applaudir
ses premières productions, et qui plus tard lui
ont acquis une si belle et si juste renommée.
Un repos de plusieurs années suivit cet échec,
et le com|)Ositeur semblait avoir renoncé à une
carrière où l'attendaient de brillants succès ,
lorsqu'un dérangement de fortune et la mort du
père d'Auber obligèrent celui-ci à chercher des
ressources pour son existence dans l'exerciced'un
art qui n'avait été pour lui jusqu'alors qu'un
délassement. En 1819, il fit représenter à l'Opéra-
CQm\(\»&h&Tcstament elles Billets doux, opéra
en un acte. Cet ouvrage fut moins heureux en-
core que ne l'avait été le premier essai public
des talents d'Auber. Déjà l'on accusait de par-
tialité et de jugements de coterie les éloges qui
lui avaient été prodigués ; mais bientôt le com-
positeur se releva par La Bergère châtelaine,
opéra en trois actes qui fut joué au môme
théâtre dans les premiers mois de 1820. Des idées
originales, de la mélodie, une instrumentation
élégante et des intentions dramatiq ues distinguent
cet ouvrage, qui obtint un succès complet, et
qu'on peut considérer comme le premier fon-
dement de la brillante réputation de son auteur.
Emma, ou la Promesse imprudente, o'^érà en
trois actes, joué en 1821, continua ce que la
Bergère châtelaine avait commencé, et dès lors
Auber ne connut plus que des succès.
Ce fut alors qu'il eut le bonheur de se lier
d'amitié avec Scribe, et que tous deux unirent
leurs esprits, si parfaitement analogues, leur ma-
nière de sentir, et leur instinct delà scène., dans
une multitude d'ouvrages charmants que le suc-
cèscouronua. Jamais associationd'auteurs ne fut
plus heureuse. Leicester, la Neige, le Concert' à
la Cour, Léocadie, le Maçon, Fiorella, la
Fiancée, Fra Diavolo, la Muette de Pvrtici, le
Philtre, et vingt autres ouvrages devenus populai-
res, onl été les fruits de celte association des deux
talents les plus fins delà scène française , pen-
dant l'espace de t renie ans. Parmi ces ouvrages
La Muette de Portici a été considérée comme
le chef-d'œuvre du compositeur; la postérité
sanctionnera sans doute ce jugement; car la
variété de style , le charme des mélodies et l'ex-
pression dramatique qui distinguent cet opéra
en font une des plus belles productions musicales
de notre époque. Membre de l'Institut de France,
dans la section de musique de l'Académie des
beaux-arts , et associé de plusieurs autres aca-
démies, Auber a été maître de chapelle du
roi Louis-Philippe : il occupe aujourd'hui la
même position à la cour de l'Empereur des
Français. Après la retraite de Cherubini , il lui a
succédé comme directeur du Conservatoire de
musique de Paris. Commandeur de la Légion
d'honneur, officier de l'ordre belge de Léopold ,
et décoré de plusieurs autres ordres, Auber a vu
récompenser par tons les honneurs qu'il pouvait
désirer, ainsi que par les faveurs de la fortune,
les succès obtenus par son talent. La liste des ou-
vrages dramatiques de ce compositeur se forme
de cette manière : 1° Le Séjour militaire, 1 acte
( 1813). — 2°ie Testament et les Billets doux,
(acte (1819). — 3" Z,a Bergère châtelaine,
3 actes ( 1820). — 4° Emma, ou la Promesse im-
prudente , 3 actes ( 1 82 1 ). — 5° Leicester, 3 actes
(1822). — G° La Neige, ou le nouvel Éginhard
4 actes (1823), tous à rOpéra-Comique. — 7" Ven-
dôme en Espagne, en 1 acte , en collaboration
avec Hérold , à l'Opéra , à l'occasion du retour
du duc d'Angouléme à Paris, après la campagne
d'Espagne, en 1823. — &" Les Trois Genres, 1 acte
en collaboration a%'ec Boïeldieu, pour l'ouverture
du théâtre de l'Odéon ( 1824). — 9° Le Concert
à la cour, 1 acte ( 1824) . à l'Opéra-Comique. —
10" ZéocarfJe, 3 actes ( 1824), idem. — i 1° Le Ma-
çon, 3 actes ( 1825 ), idem. — 12" £e Timide , i
acte(1826),irfe?rt. — 13 °Fiore/Za, 3 actes ( (S26),
idem. — 14° Za Muette de Portici, 5 actes (1 82S),
à l'Opéra. — 15° La Fiancée, 3 actes ( 1829), à
l'Opéra-Comique. — 16° Fra Diavolo , 3 actes
(1830), idem. — 17° Le Dieu et la Bayadère,
1 actes (1830). à l'Opéra. — IS" La Marquise de
Brinvilliers, 3 actes (1831), à l'Opéra-Comique,
en collaboration avec Batton, Berton , Blangini,
Boïeldieu, Carafa, Cherubini, Hérold et Paër. —
19° Z,e Philtre, 2 actes (1831), à l'Opéra.—
20° Le Serment, 3 actes (1832), idem. — 21» Gz«-
tave III, 5 actes ( 1833), idem. — 22° Lestocq, 3
actes ( 1 834), à l'Opéra-Comique . — 23° ie Cheval
de bronze, 3 actes (1835), idem. — 24° Actéon,
1 acte ( 1836 ),ide»i.— 25° Les Chaperons blancs,
3 actes (1836), idem. — 26° L'Ambassadrice-, 3
actes (1836)jdeni. — 27° Le Domino «ojr, 3 actes,
11.
1G4
AUBER — AUBERLEN
(tSSllidein.—lS" Le Fmc des Fées, 5acles{\?,39)
à rOpéra. — 29' Zanetta, 3 actes (1840), à l'Opéra-
Comique. — 30° Les Diamants de la couronne,
3 actes (f 841), idpm.~3l° Le Duc d'Olonne ,
3 actes( 1842), idem. — 32° La Part du Diable,
3 actes (1843), idem. — 33° La Sirène, 3 actes
(1844), idetn. — 34» La Barcarolle, Bâcles
(1845), idem.— 35° Baydée, 3 actes (1847),
idem. —36° V Enfant prodigue, 5actes (1850),
à l'Opéra. — 37° Zerline,ou la Corbeille d'à-
ranges, 3 actes (1851), idem. — 2?>° Marco -
Spada, 3ac.tes (1852), à l'Opéra Comique — 39°
Jennij Bell, 3 actes ( 1855), idem. — 40° Manon
Lescaut, 3 actes {\%h%),idem. Pour l'opéra inti-
tulé, La marquise de Brinvilliers, dont la mu-
sique était de plusieurs auteurs, Auber a écrit
un duo au troisième acte qui est un chef-d'œuvre
d'esprit scénique.
AUBERLEIV (Samuel-Gottlob), directeur
de musique et organiste de la cathédrale d'Ulm
naquit le 23 novembre 1758, à Fellbach , près
de Stuttgani , où son père était instituteur. Ijien
que la vie des artistes soit souvent agitée, il est
peu d'entre eux qui aient connu le malheur
comme Auberlen et (jui aient langui dans un état
misérable aussi longtemps que lui. Sa vie écrite
par luimôme offre un tableau toncliant des Iri-
liiiiations auxquelles il fut en butte, et du cou-
rage qu'il mit à combattre la mauvaise fortune.
Cet ouvrage a été publié à Ulm, en 1824, sous
ce titre : Sanuiel Gottlob Aubcrlen's Musik-
direlilor und Organisten avi Munster in
Ulm, etc., Lehen , Meinungen und Schiksale
von ihm sclbst beschrieben (Vie, opinions et
aventures de Samuel Gottlob Auberlen , etc., un
volume in -8° de 248 pages). On y trouve pres-
que l'intérêt du roman : l'auteur s'y montre
artiste, et il y a de la poésie dans son style. J'ai
tiré de son livre tout ce qui, dans cet article,
concerne sa personne et ses ouvrages.
Le père d'Auberlen lui enseigna les premiers
éléments de la musique. A l'âge de huit ans , il
.se mit à apprendre seul à jouer du violon, du
piano et du violoncelle; mais ses parents le des-
tinaient à être instituteur et organiste , et tout
ce qui pouvait le détourner de ces professions
lui était interdit. Lorsqu'il eut atteint sa quator-
zième année, il dut aider son père dans .ses le-
çons ; mais so;î pencbantdficidé pour la musique
lui inspirait du dégoût pour l'état auquel on le
destinait. Vers ce môme tem[)S , le violiniste Kenz
le prit en amitié et lui donna des leçons de son
instrument : ces leçons et les représentations de
l'Opéra de Stuttgard , où on lui avait permis de se
rendie quelquefois , développèrent ses heureuses
dispositions pour l'art musical. Les amateurs de
musique de Canstatl lui fournirent l'occasion
d'entendre de bonne musique et de former son
goût, car il y faisait sa partie dans les sympho-
nies et les autres belles productions de Haydn et
des grands maîtres de cette époque. Celte cir-
constance lui procura la connaissance d'Enslen,
virtuose de la chambre du duc à Sluttgard, qui
lui donna des leçons de violon. A l'âge de vingt
ans il se rendit à JMurrbardt comme précepteur
dans une maison |)articulière. Ce fut là qu'il écri-
vit .son premier air : il le fit exécuter à l'église
par un de ses élèves.
Après deux années de séjour dans cet endroit,
il retourna chez son père; mais il y demeura peu
de temps , parce qu'il obtint la permission d'aller
à Zurich pour y terminer ses études musicales.
11 partit pour cette ville en 1782, et il y trouva
le violoniste Henri Ritter, qui lui donna <les
leçons. Une maladie qui conduisit son père au
tombeau le rappela à Fellbach, où on espérait le
fixer comme instituteur; mais il résista à toutes
les instances qui lui furent faites à ce sujet, et
le l^"' juillet 1784, il retourna à Zurich. Il avait
alors vingt-six ans. Dans la même année il épousa
une jeune fille qui , ainsi que lui , ne possédait
rien. Il crut pouvoir subvenir aux dépenses oc-
casionées par sa nouvelle position au moyen de
concerts ; il se mit à voyager et visita Saint-Gall,
Constance, Ravensbourg, Lindau et quelques
autres villes. Une maladie de .sa femme ne lui
permit pas d'aller jusqu'à Augsbourg et Munich,
comme il en avait le projet. Il retourna donc à
Zurich, dont le séjour ne lui fut pas favorable,
car il y trouva peu d'élèves, et bientôt il eut des
dettes qui l'obligèrent à solliciter une place dans
la chapelle de Stuttgard. On ne lui offrit que celle
de surnuméraire : il l'accepta dans l'espoir d'un
prochain avancement; mais l'avantage le plus
réel qu'il relira de sa translation dans cette ville
fut d'y recevoir des leçons de composition de
Poli , maître de chapelle du duc. Malheureuse-
ment il n'en profita pas longtemps, car ne tou-
chant aucun traitement, et n'ayant qu'un petit
nombre d'élèves, il ne put subvenir aux besoins
de sa famille. Sa situation devint telle, qu'il se
vit obligé d'abandonner à ses créanciers le peu
qu'il possédait, et de quitter Stuttgard à pied,
sans vêtements, sans linge, sans argent , emme-
nant avec lui sa femme et son fils, qui tous deux
étaient malades Auberlen peint d'un style pathé-
tique les scènes de désespoir qu'il y eut entre lui,
sa femme et son enfant, après ce départ précipité.
Il vécut quelque temps dans une misère pro-
fonde, sans pouvoir trouver d'emploi utile pour
■ses talents; enfin une place fort peu lucrative de
directeur de musique à Zoflngen se présenta, et
AUBERLEN — AUBERT
165
il en prit possession au mois de janvier 1791. A
son mince traitement, il joignit le produit de
quelques leçons de piano et de plusieurs mor-
ceaux d'harmonie pour clarinettes, flûtes, bas-
sons, cors et trompettes , qu'il écrivit pour une
société d'amateurs. Ces morceaux eurent du
succès et furent cause qu'on lui demanda trois
symphonies à grand orchestre pour la même so-
ciété. Ces dernières compositions tiennent le pre-
mier rang parmi ses ouvrages.
Après neuf mois de séjour à Zofingen, Auber-
len fut appelé comme directeur de musique à
Winterthur. Là, il écrivit ses cantates: Éloge
de la Poésie , Éloge de la Musique , pour
Vélection d'un bourgmestre, son oratorio la Fête
des Chrétiens sur Ze Go/r/o^Aa, des airs, des
duos, des morceaux de musique instrumentale,
et en 1796, une messe solennelle qui fut consi-
dérée comme un très-bon ouvrage. L'invasion
de la Suisse par les armées françaises le priva
tout à coup de sa place et de ses moyens d'exis-
tence, après sept années de tranquillité. Il par-
tit au mois de juin 1798 pour Esslingen, et sa
vie fut livrée de nouveau aux agitations. Il crut
trouver un terme à ses maux, lorsqu'au mois de
mars de l'année 1800, il entra au service de la
duchesse de Wurtemberg; mais il ne jouit' pas
longtemps des avantages de cette position , car
ia duchesse partit pour Vienne lors de l'entrée
des Français dans le Wurtemberg. L'hiver sui-
vant une place de professeur de musique au sé-
minaire de Bebenbausen , près de Tubinge, de-
vint vacante; quoiqu'elle fût insuffisante pour
ses besoins, Auberlen l'accepta. Ce poste lui
fournit l'occasion de travaillera l'amélioration de
l'état de la musique à Tubinge, et il réussit si
bien dans ses travaux, que la ville manifesta l'in-
tention de lui donner un supplément de traite-
ment; mais il n'en eut jamais rien. Après sept
ans d'une situation assez misérable dans cette
ville, il partit le 4 novembre 1807 pour Scbaf-
fouse , où il venait d'être appelé comme direc-
teur de musique. Il y trouva de bons amateurs
dont il augmenta le nombre par ses é!èves. Ces
ressources lui suggérèrent le projet d'établir de
grandes fêtes musicales dans la Suisse, et .ses
efforts furent couronnés par le succès. La pre-
mière réunion eut lieu à Lucerne, le 27 juin 1808.
On n'y comptait que quatre-vingt-huit artistes;
mais tous étaient de bons musiciens, et l'effet de
la musique répondit aux soins qu'Auberlen avait
pris pour l'organiser. La seconde fêle fut indi-
quée pour l'année suivante à Zurich , et la troi-
sième à Schaffouse. Depuis lors l'association
des musiciens de la S.uisse a été dans une pros-
périté toujours croissante. Pour lui donner de
la consistance, Auberlen fonda, en 1816, une
école de chant choral, qui a pris ensuite une
grande extension, et écrivit pour cette institu-
tion une méthode et des mélodies à quatre voix,
ainsi que des odes et chants sacrés de Gellert,
trois cahiers de chants solennels , et plusieurs
autres recueils de chants à plusieurs voix, qui
ont été tous imprimés à Schaffouse , en 1816 et
1817. Déjà, en 1809, il avait établi un théâtre
d'amateursoù ses élèves jouaient de petits opéras:
c'est pour ce théâtre qu'il écrivit ie Jour de nais-
sance d'une 7uère.
Enfin le moment du repos vint pour Auber-
len : le 6 juin 1817 i] fut nommé directeur de
musique et organiste de la cathédrale d'Ulm,
place honorable et avantageuse qu'il occupait en-
core en 1824, époque où il écrivit les Mémoires
de sa vie dont il a été parlé précédemment.
Outre les ouvrages qui ont été cités, on connaît
aussi de sa composition : 1° Vingt-quatre chan-
sons allemandes avec accompagnement de piano,
Heilbronn , 1799. — 2" Sechs moderne ka-
racteristische Walzerfûr Clavier (six valses
pour le clavecin dans le style moderne), V", 2^
et 2," recueils, œuvre 7, Augsbourg, 1799. — 3"
Vingt-quatre allemandes et contredanses pour
le clavecin, î6id., 1800.— ii" Euterpens Opfer
am Alfar der Grasien (Offrandes d'Euterpe sur
l'autel d<;s Grâces), l'^ suite, 1801. — 5" Douze al-
lemandes pour piano-forté, op. 8,Leipsick. — 6°
Versuch elner kurzen leichtfasslic/ien Anlei-
tung zîim vierstimmigen Choralgesang, etc.
(Essai d'une introduction courte et facile au chant
choral à quatre voix, etc). Schaffouse, Alexis Ruk,
in-8°de 63 pages. — 7° Quarante Mélodies chora-
les à voix d'hommes. Munich, Tidleer, 1834. —
8° Cinquante chants à deux, trois et quatre voix,
à l'usage des écoles, en chiffres. Esslingen, Daun-
cheimer. — 9°. Chants allemands à l'usage des
étudiants. Ratisbonne, Reitmayer. Auberlen avait
annoncé, en 1786, la publication d'uu journal de
musique sous le titre de Porte-Feuille musical :
il devait renfermer des pièces de chant, de cla-
vecin , des notices biographiques, des anecdotes
et des annonces : mais il n'en a rien paru. ,
AUBERT (Jacques), surnommé le Vieux,
violoniste de la chambre du roi; de l'Opéra et du
Concert spirituel , entra à l'Académie royale de
musique, 1727, et fut nommé chef des pre-
miers violons en 1748, et vers le même temps
surintendant de la musique du duc de Bourbon.
Au mois de mai 1752, il se retira de l'Opéra,
et il mourut à Belleville près de Paris, le 19
mai 1753, et non en 1748, comme le dit La
Borde {Essai sur la Musique), ni en 1 758, comme
raflirment les anlfuvs du Dictionnaire des Mu-
160
ATJBERT — AUBÉRY DU BOULLEY
siciens (Paris, 1810). Aubert a écrit pour l'O-
péra la musique des ouvrages suivants : 1° La
Paix triomphante, 1713, ballet non repré-
senté. — 2° Diane, divertissement, en 1721, en
société avec Bourgeois. — 3° Le Ballet de vitigt-
quatre heures, 1722. — 4° La Reine des Péris
paroles de Fuselier, 1725. — 5° La Fête champêtre
et guerrière, 1746. 11 reçut 360 livres pour prix
de la musique de cet ouvrage. On a aussi d'Au-
bert Le Ballet de Chantilly, cantate in-4°
obi., Paris, 1728, et trois livres de sonates pour
le violon, gravées à l*aris ; sans date.
AUBERT (Louis), fils aîné du précédent ,
né le 15 mai 1720, entra comme violoniste à l'or-
chestre de l'Opéra, en 1731, à l'âge de onze ans,
et quelques années après au Concert spirituel. Au
mois de septembre 1755, il obtint la place de
chef des premiers violons de l'Opéra, place qu'a-
vait occupée son père. C'est en cette qualité qu'il
était suppléant de Chéron pour battre la mesure;
il conserva cet emploi jusqu'en 1771, époque de
sa retraite. Il vivait encore en 1798, et jouissait
d'une pension de 1,000 fr. sur la caisse de l'O-
péra. Aubert a publié six livres de solos pour le
violon, six livres de duos, deux concertos , et
quelques autres ouvrages, tous gravés à Paris,
sans date. Il a écrit pour l'Opéra : 1° la mu-
sique d'un pas de deux dans l'acte de VEspa-
(jne, de V Europe galante, à la reprise de 1755.
Ce morceau a été inséré dans un livre de sym-
phonies à quatre parties dédié à la marquise de
Villeroy et publié en 1756. — 2° la musique d'un
pas de six, ajouté au dernier acte de Roland, en
1755. — 3° unechaconnedans4toonHe,en 1756.
AUBERT (L'Abbé Jean-Louis), frère du pré-
cédent, né à Paris, le 15 février 1731, rnorl
dans la même ville, le 10 novembre 1814, s'est
fait connaître par quelques ouvrages de littéra-
ture au nombre desquels se trouve une Réfuta-
lion suivie et détaillée des principes de M, Rous-
seau de Genève, touchant la musique fran-
çaise, adressée à lui-même, en réponse à
sa lettre; Paris, 1754, in-8°.
AUBERT (**''), plus connu sous le nom
i\\Auberti, était violoncelliste à la Comédie ita-
lienne, et mîurut à Paris, en 1805. 11 a publié-:
1° Six solos pour violoncelle, op. ; 1. — Paris 2°
Sit duos pour le môme instrument, op. 2, ibid.
AUBERT (Pierue-François-Olivier), né à
A'miens, en 1763 , apprit à la maîtrise de cette
ville les premiers éléments de la musique, et
parvint, par son travail et sans le secours d'au-
cun maître, à jouer fort bien du violoncelle. Étant
venu à Paris , il entra à l'orchestre de l'Opéra-
Comique, où il est resté pendant vingt-cinq ans.
il a publié deux métiiodes de violoncelle, et il
fut le premier en France qui fit succéder un bon
livre élémentaire pour cet instrument aux ou-
vrages insuffisants de Cupis et de ïillière. 11 a de
plus composé : 1° Trois quatuors pour deux vio-
lons, alto et basse, op. 1; Zurich, 1796. — 2° Trois
idem, op. 2. — 3° Trois duos pour deux violon-
celles, op. 3. — 4° Trois idem, op. 5. — 5'' Trois
idem, op. 6 . — 6° Trois idem , op. 7. — 7"
Études pour le violoncelle, suivies de trois duos
et de trois sonates, op. 8. — 8° Huit livres de
sonates pour le même instrument. Olivier Au-
bert a publié une brochure de 44 pages in-12,
sous ce titre : Histoire abrégée de la mu-
sique ancienne et moderne, ou Réflexions
sur ce qu'il y a de plus probable dans les
écrits qui ont traité ce sujet, Paris, 1827. Dans
l'introduction de ce petit ouvrage, l'auteur dit
qu'il n'a pu se décider à garder en portefeuille ce
fruit de vint-cinq années de recherches et de
réflexions! C'est beaucoup de temps employé
pour peu de chose.
AUBERY (F. Félix), amateur de musique
à Paris, s'est fait connaître par un livre qui a
pour titre : Éléments de la Tfiéorie musicale,
ou Méthode propre à en abréger l'étude. Se-
conde édition. Paris, Gibus, 1835, in-4°.
AUBÉRY DU BOULLEY (Prudent-
Louis ) , né à Verneuil ( département de l'Eure ) ,
le 9 décembre 1796 , eut pour premier maître de
musique son pire, qui était bon musicien. A
l'âge de cinq ans il était déjà assez instruit pour
lire toute espèce de musique à livre ouvert; à
dix ans il était assez habile sur la flûte et sur le
cor pour jouer sur ces instruments des concer-
tos difficiles. Après avoir reçu quelques leçons
d'harmonie, il écrivit, à l'âge de onze ans, des
marches et des pas redoublés qui furent exécutés
par la musique de la ville. En 1808 M. Aubéry du
Boulley fut envoyé à Paris pour y continuer ses
études musicales. Il eut d'abord pour professeur
de composition Momigny ; ensuite Méhul et enfin
Cherubini perfectionnèrent ses connaissances.
Le Conservatoire de musique ayant été fermé en
1815, M. Aubéry du RouUey retourna à Verneuil
où il se maria. Rempli du plus vif enthousiasme
pour la musique , il saisissait alors toutes les oc-
casions de coopéier aux concerts qui étaient
donnés par les artistes et les amateurs dans les vil-
les qui environnent Verneuil, telles qu'Évreux,
Vernon, Dreux, etc. Jusqu'en 1820, la musique
n'avait été qu'un plaisir pour lui ; mais à cette
époque, il en fit sa profession. Malgré la multipli-
cité de ses occupations, il trouvait le temps d'é-
crire ; c'est ainsi qu'il fit, en 1824, la musique d'un
opéra intitulé: Les Amants querelleurs, quj
fut reçu à l'Opéra-Comique , mais dont l'auteyr
AUBÉRY DU BOULLEY — AUBIGNY
167
des paroles relira le livret pour l'arranger en
vaudeville , qui fut joué sans succès an gymnase.
M. Aubéry du Boulley écrivit aussi dans le
même temps beaucoup de musique instrumentale
qui parut chez différents éditeurs de Paris.
Une maladie de poitrine dont les symptômes
étaient graves obligèrent M. Aubéry du Boulley
à renoncer à l'enseignement de la musique, en
1827, à se retirer à la campagne ( à Grosbois
près de Verneuil) et à s'y livrer à l'agriculture.
La nouvelle direction qu'il venait de donner à sa
vieneluifitcependant point oublier la musique. Il
consacra ses loisirs à la rédaction dHine métliode
d'enseignement qu'il publia en 1830, sous le ti-
tre de Grammaire musicale. L'organisation
de la garde rwtionale, dans toute la France, lui
fournit à cette époque l'occasion de formera Ver-
neuil un corps de musique militaire de quarante
musiciens et de ranimer le goût de la popula-
tion pour l'art musical. L'heureux essai qu'il
avait fait en cette circonstance de sa méthode
d'enseignement lui suggéra l'espoir d'en faire une
application utile jusque dans les moindres villa-
ges, et le hameau qu'il habite fut le premier où
il en fit l'essai. Sa persévérance a été couronnée
par le succès ; des corps de musique de cuivre ou
d'harmonie ont été successivement organisés à
Breteuil, Couches, Nonancourt, Damville, dans les
bourgs de Brezolies et de Ti llères-su r-Eure, et en lin
dans le petit village de Grosbois, où il y a main-
tenant une excellente musique composée de deux
bugles, dix clairons, quatre trombones, un
buccin , nn ophicléide alto , deux ophicléides
basses et trois caisses à timbre ; de simples pay-
sans sont devenus des artistes. C'est un service
réel rendu à l'art et aux populations que cette
propagation du goût de la musique et des con-
naissances qui y sont relatives.
Les œuvres musicales de M. Aubéry du Boulley
se composent de sonates pour piano , marches
et pas redoublés pour le même instrument, oeu-
vres 1, 4, 6 et 8, Paris, M™* Joly; de six
quatuors pour piano, violon, flûte et guitare,
œuvres 56, 66, 72, 74, 80 et 82, Paris, Ri-
chault; de sept duos pour piano et guitare,
œuvres 31, 38, 4G, 52, 67, 78 et 81, ibid.;de
trois trios pour piano , contralto et guitare ,
œuvres 32, 54 et 83, ibid. ; d'un quintetto
pour flûle, piano, violon, alto et guitare, œuvre
76 , ibid. ; d'un septuor pour violon , alto, basse,
flûte, cor, clarinette et guitare, œuvre C9, ibid.;
d'une grande sérénade pour deux violons,
alto, basse, flûte, deux clarinettes , deux cors et
basson , œuvre 48 , ibid. ; d'une collection de
pièces d'harmonie contenant soixante mor-
ceaux, publiée en dix livraisons formant les œu-
vres 45, 47,49, 51, 53, 55, 57, 59, 61 et 63,
ibid.; d'un recueil d'harmonie composée pour
être exécutée aux messes militaires, œuvre
68 , ibid. ; de cinq cahiers de contredanses
pour piano et guitare, ibid.; de trois recueils
de contredanses en sons harmoniques pour gui-
tare seule, ibid. ; de plusieurs œuvres pour
guitare seule, deux guitares, guitare et flûte
ou violon, ibid. ; de l'opéra des Amants que-
relleurs arrangé en quatuor pour flûte , violon ,
alto et basse, et de l'ouverture du même opéra
à grand orchestre, œuvres 44 et 58, ibid.; de
beaucoup de romances avec accompagnement
de piano ou de guitare, Paris , Mme joly, Meis-
sonnier, Janet et Richault; d'une méthode com-
plète et simplifiée pour la guitare, œuvre 42,
Paris, Richault; enfin d'une Grammaire mu-
sicale, 1 vol. in-S" , imprimée avec les ca-
ractères de musique de Duverger, Paris , Ri-
chault. On peut voir l'analyse de cet ouvrage
dans la 9™^ vol. de la Revue musicale. M. Au-
béry du Boulley a aussi publié une brochure
qui a pour titre : Des Associations musicales en
France , et de la Société philharmonique rlr-.
l'Eure, de l'Orne et d^ Eure-et-Loir, fondée,
par P.-L. Aubéry du Boulley, Versailles, 1839,
in-8°de 8 pages.
AUBIG!\ Y (D'Engelbrenner d'). Deux sœurs
de ce nom, filles d'un major au service du prince
de Kesse-Cassel , se sont fait remarquer par
leur talent de cantatrices , à Coblence , en
1790. Elles avaient été dirigées dans leurs études
par Sales , maître de chapelle de l'électeur de
Trêves. L'aînée possédait une belle voix de so-
prano ; la plus jeune (Nina) avait une voix de
contralto fortement timbrée. Les deux sœurs exé-
cutèrent en 1790, dans des concerts publics, le Sta-
bat Mater de Rodewald, et s'y firent vivement
applaudir. En 1792 elles étaient à Cassel et y
faisaient l'ornement du concert d'amateurs. A
cette époque, l'aînée épousa M. Horslig, membre
du consistoire de Biickebourg; Nina suivit sa
sœur dans ce lieu , et acheva de perfectionner
son talent dans la solitude. Elle y vivait heu-
reuse lorsqu'elle fit , en 1803, la connaissance
d'une dame qui se faisait passer pour une com-
tesse anglaise, et qui lui offrit de l'emmener à
Londres , et de se charger des frais du voyage
et de son entrelien. Nina d'Aubigny se laissa sé-
duire et partit avec elle. Mais à peine furent-elles
arrivées à leur deslination,que la préfendue com-
tesse avoua qu'elle n'avait aucun droit à porter
ce titre, et qu'elle était hors d'état d'offrir au-
cuns secours à sa compagne. Cette déclaration
était un coup de foudre pour la jeune cantatrice,
qui se trouvait sans ressource dans uu pays
168
AUBIGNY — AUDIFFRET
ôlranger. Toiilefois, ses talents vinrent la liter
d'embarras. Elle donna des leçons de chant ,
et finit par s'attacher à une famille riche, en
qualité d'institutrice. Le chef de cette famille
était un des principaux agents de la Compagnie
des Indes; ses affaires l'ohligèrenl à aller s'é-
tablir à Bombay, et Nina d'Aubigny l'y accom-
pagna. On ignore ce qu'elle est devenue depuis
lors. On a sous le nom de cette artiste : 1° Airs
allemands, italiens et français, Augsbourg, 1797.
— T Veber das Leben und den Character des
Pompeo Sales (Sur la vie et le caractère de
Pompeo Sales) , dans la l"'" année de la Gazette
musicale de Leipsick, pag. 377-384. — 3" Ueber
die Anfmerksamkeit , die Jeder dem Saenger
schuldig ist (Sur l'attention qu'on doit au chan-
teur ), dans la môme Gazette musicale, 3^6 année,
pag. 752. — 4° Mein Lieblingswort, Piano (Mon
mot favori , Piano), ihid., pag. 800. — 5° Bricf
an Natalia iiber den Gesang, als Befœrderung
der hxitsUchcn Glûcfiseligkeit des geselligen
Vcrgnûgens. Ein Handbiich fiir Freunde
des Gesanges die sich selbst, oder fûrMiit-
ter und Erziehcrinnen, die ihreZœglinge fiir
die Kunst bilden wollen ( Lettres à Nafalie
siu- le chant , considéré comme véhicule du bon-
heur domestique , etc. ), Leipsick , Voss , 1803,
gr. in-8° avec 5 planches de musique. Ces let-
tres, écrites d'im style fort agréable, sont au
nombre de 31 ; elles contiennent d'excellentes ob-
servations. On en a publié une seconde édition
améliorée à Leipsick', en 1824, gr. in-8°.
AUBIIVS DE SEZAKNE, poète et musi-
cien français , vivait vers 1260. On trouve deux
chansons notées de sa composition dans deux
manuscrits de la Bibliothèque impériale de Paris,
n°s 65 et 66 , fonds de Cangé.
ACDEBERT (Pierre) , chantre à dédiant
( contrapuntiste ) de la chapelle de Jean d'Or-
léans , depuis 1455 jusqu'en 1467 , aux appoin-
tements de 24 liv. tournois ( 140 francs 88 cen-
times ) , suivant un compte de la maison de ce
prince (Manuscrit de la Bibl. du Roi, F. 540,
suppl.)
AUDEFROI LE BATARD, trouvère ar-
tésien du treizième siècle, dont on trouve une
chanson notée dans un manuscrit de la Bibliothè-
que impériale, à Paris, n" C6, fonds de Cangé, et
seize romances dans un autre manuscrit, coté 7222.
AUDlBEBT(....),maîtredemusiquede l'A-
cadémie du Roi, à Lyon, naquit à Aix en Pro-
vence, au commencement du dix-huitième siècle.
11 apprit les éléments de la musique comme enfant
de chœur au chapitre de Saint-Sauveur de sa ville
natale, et fut, dans cette école, le condisciple de
l'abbé Blanchard. Son éducation finie, il alla s'éta-
blir à Toulon , où il fut pensionné du Concert. Il
parait qu'il ne quitta cette ville que pour prendre
possession de sa place de maître de musique d»
l'Académie.Dans une lettre qu'il écrivit au ministre
d'Argenson, en 1746, on voit qu'il avait sept en-
fants, que l'aîné de ses fils , âgé de div-sept ans ,
était musicien, et que lui-même faisaitsubsister sa
famille au moyen des leçons qu'il donnait. Dan.s
un mémoire, dont il sera parlé tout à l'heure ,
et qui est joint à la lettre déjà citée, il dit aussi
qu'il est connu par différents ouvrages en plu-
sieurs genres giûil a donnés au public dans
les provinces. Cee ouvrages sont depuis long-
temps tombés dans l'oubli , et le nom d'Audi-
bert serait aujourd'hui parfaitement inconnu, si
les recherches de l'auteur de ce Dictionnaire ne
lui avaient fait découvrir un fait qui recommande
ce musicien à l'attention des historiens de l'art
musical.
Dans un recueil manuscrit qui se trouve à la
Bibliothèque impériale de Paris, parmi les livres
imprimés, sous le numéro V, 1840, sont contenus:
une lettre écrite par Audibert au ministre des af-
faires étrangères, au mois de février 1746, et
un mémoire sur un chiffre musical de son inven-
tion pour l'usage de la diplomatie. Selon lui , ce
chiffre, dont il donne un exemple dans un mor-
ceau de quinze portées, devait être à l'abri de
toute explication par ceux qui n'en posséderaient
pas le secret; néanmoins son exemple ayant
été soumis à l'analyse dans les bureaux des
affaires étrangères, fut déchiffré avec facilité, et
les éléments de son chiffre furent dégagés mé-
thodiquement par l'employé chargé de ce travail.
Sans lui avouer que son secret n'en était plus un,
le ministre lui répondit qu'il possédait déjà plu-
sieurs chiffres du môme genre, que ces chiffres
ne pouvaient être considérés que comme des
choses curieuses, et qu'on n'en pouvait faire
usage dans les expéditions habituelles. Dans le
fait, le grand inconvénient de l'invention d'Au-
di bert consistait en ce que chaque signe ne re-
présentait qu'une lettre de l'alphabet, ce qui
rendait l'opération de la traduction fort longue.
L'analyse de ce chiffre musical a été donnée
dans le 26" numéro de la cinquième année de
la Revue musicale.
AUDIFFRET (Pierre- H yacinhte -"Jac-
ques-Jeak-Baptiste), pé à Avignon, le 7 no-
vembre 1773, fit ses études chez les doctrinaires
de cette ville et dans la maison du môme ordre,
à Marseille. Dès son enfance il avait appris la
musique. Il môla la culture de cet art à ses tra-
vaux littéraires jusqu'à la fin de sa vie. Atteint
par la réquisition, en 1792, il fit, comme musi-
cien de régiment, les campagnes de 1794 et 1795
AUDIFFRET — AUFSCHNAITER
IC9
en Belgique et en Hollande. De retour h Paris à
la tin de l7t)7, il entra dans les bureaux de son
père, agent de change à la bourse de cette ville;
mais son aversion pour les affaires financières
le décida à les abandonner en 1802. Des intérêts
de famille l'ayant conduit en Bretagne, il se ma-
ria a Nantes, et y obtint la place de directeur du
dépôt de mendicité. Démissionné en 1816, il re-
vint à Paris, et y eut, en 1820, un emploi au dépar-
tement des manuscrits de la Bibliothèque royale.
Audilîret est mort à Montmartre , près Paris , le
l*^"" juillet 1841, à l'âge de soixante-dix-hnit ans.
Laborieux écrivain, il a fourni à la Biographie
universelle des frères Micbaud un grand nom-
bre d'articles relatifs à l'histoire de l'Orient, et
à la dernière édition de VArt de vérifier les dates,
la Chronologie historique des Maures d'Es-
pagne. On lui doit aussi beaucoup d'autres ou-
vrages historiques et littéraires qui l'ont fait
admettre dans la Société asiatique de Paris et
dans plusieurs académies; mais il n'est cité ici
que pour la partie de ses travaux qui est relative
à l'histoire de la musique. Il fut le collaborateur
de Raguenaud ( Voy. ce nom ) pour les années
1819-1831 de VAlmanach des Spectacles (Paris,
Barba, 13 vol. in-18 ), et y a fourni toutes les
notices biographiques des compositeurs et chan-
teurs des divers théâtres. 11 a été aussi un des
coopérateurs de la Biographie universelle et
portative des Contemporains, dirigée par Rabe
( Paris, 1S2C-1834, 5 vol. in-8°), et y a fourni
un grand nombre de notices du même genre
parmi lesquelles on remarque celles de Grétry
Méhul, Piccinni , ainsi qu'au Supplément de la
Biographie universelle de Micbaud. On a aussi
de sa composition : 6 Romances , avec accom
pagnement de piano ; Paris, Leduc, 1801.
AUDIXOÏ ( Nicolas ]MÉD.\RD ), acteur de la
Comédie italienne, né à Nancy, vers 1730, est
mort à Paris, le 21 mai 1801. Le 3 janvier 1764,
il débuta dans les rôles de basse-taille, qu'on ap-
pelle, dans le langage des coulisses, rôles à ta-
blier. Ce fut lui qui joua d'origine le Maréchal
ferrant, de Philidor. Quelques dégoûts qu'il
éprouva de la part de ses camarades, l'obligèrent
à se retirer, eu 1767. 11 se rendit alors à Ver-
.sailles,pour prendre la direction du théâtre de
cette ville; mais il ne la garda que deux ans, et
revint à Paris en 1769. Depuis sa retraite, il dé-
sirait se venger de la Comédie italienne. Pour
satisfaire ce désir, il loua une loge à la foire
Saint-Germain , et y plaça des marionnettes ou
comédiens de bois qui imitaient la tournure et le
jeu de ses anciens camarades. La nouveauté de
ce spectacle et la ressemblance des personnages
piquèrent la curiosité publique; les marionnettes
attirèrent la foule. Le succès enhardit Audinot
qui fit bâtir sur le boulevard du temple le Théâ-
trede l'Ambigu-Comique, dontW fit l'ouverture
au mois de juillet 17C9,et qui changea .ses ma-
rionnettes contre des enfants. 11 mit sur le rideau
cette inscription : Sicut infantes audi nos. Le
succès de ce nouveau spectacle fut tel,qu'Audi-
not se vit obligé d'agrandir sa salle en 1772. Ce
fut alors qu'on commença à y représenter de
grandes pantomimes, qui ont lait la fortune de
l'entrepreneur.
Audinot a composé les paroles et la musique
du Tonnelier, opéra-comique qui fut représenté
au Théâtre-Italien, le 28 septembre 1761, et qui
n'obtint point de succès. Quêtant y ayant fait
des changements, et Gossec ayant corrigé quel-
ques défectuosités de la musique, l'ouvrage fut
remis au théâtre, le 16 mars 1765, et fut dès
lors vivement applaudi. Audinot fut aussi l'au-
teur du programme et de la musique d'une pan-
tomime qui fut jouée avec succès à son théâtre,
en 1782, sous le titre de Dorothée.
AUFFM AN ( Joseph - Antoine - Xavier ) ,
maître de chapelle h Kempten, vers le milieu du
dix-huitième .siècle, a publié trois concertos pour
l'orgue, sous ce titre : Triplus Concentus har-
7no?2iCM5, Augsbourg , 1754, in-fol. E. L. Ger-
ber, et d'après lui les auteurs du Dictionnaire
historique des Musiciens (Paris, ISIO) sont
tombés dans une erreur singulière sur ce musi-
cien : ils en ont fait un maître de chapelle du
prince Campidon , parce qu'on lit au titre de
son ouvrage : Pr. Campidon. Music. Chor.
Procf. Campidona est le nom latin de Kempten.
AUFSCHNAITER ( Benoit - Antoine ),
maître de chapelle à Passaw , vers la fin du dix-
septième siècle et au commencement du dix-
huitième, a publié : 1° Concors discordia,
imprimé à Nuremberg, en 1695, consistant en
six ouvertures. 2° Dulcis fidium harmonica,
consistant en sonates d'église à huit, 1699, in-
folio. 3° Vesperse solemnissimx , quatuor vo-
cibiis concertantibus, duobus violinis et dua-
bus violis necessariis, quatuor ripien. pro
pleno choro, violone cum duplici basso con-
tinua, duobus clarinis concert. , op. 5, Augs-
bourg, 1709, in-folio. 4° Alaiidse quinque,
contenant cinq messes solennelles, op. 6, Augs-
bourg, 1711, in-folio. 5° Diiodena offertoria
de venerabili sacramento , etc., quatuor vo-
cibus , duobus violinis, duabus violis, cum
duplici basso et duobus trombonis, op. 7,
Passaw, 1719. &" Cymbaliim Davidis vesper-
tinum, seu vespera pro festivltatibus , etc.,
quatuor vocibns, quatuor violinis , duabus
violis, cum duplici basso, duobus haulb. in
170 AUFSCHNAIÏE
tono galHco,etdtiof)us clarinis, op. 8, Passavv,
1729, in-folio.
AUGER (Paul ), surintendant de la musique
de la chambre du roi, et maître des concerts de
la reine, remplissait ces fonctions avant 1629, et
en était encore en possession à l'époque de sa
mort, le 24 mars ) 660. Cambefort, surintendant
et maître ordinaire de la chambre du roi, épousa
sa fille. Anger a composé pour la cour la mu-
sique du Petit et Grand Ballet de la Douai-
rière de Bïllebahault , en 1626, et celle d'un
autre ballet intitulé : Le Sérieux et le Grotes-
que, en 1627.
AUGESKY (Joseph), dominicain bohème,
naquit à Iglau , le 26 novembre 1745, fit ses
études dans cette ville , entra dans son ordre à
l'âge de seize ans, et prononça ses vœux le 27 août
1763. Il fut ensuite envoyé à Pilsen, comme pro-
fesseur de latinité au collège de cette ville et
comme prédicateur. Augesky fut un des harpistes
les plus habiles de son temps, et se fit remar-
quer par le brillant et la délicatesse de son jeu.
Il a composé plusieurs concertos pour la iiarpe,
qui sont restés en manuscrit. En 1776, il fut ap-
pelé au couvent de son ordre , à Prague : il
paraît y avoir terminé ses jours.
AUGUSTE (ÉMiLE-LÉopoLo), duc de
Saxe-Gotha, né le 23 novembre 1772, mort le
l7 mai 1822, a composé quelques chansons avec
les mélodies, lesquelles ont été insérées en 1806
dans la Gazette pour le monde élégant {Zeitung
fur die eleg. Well). Il en a inséré deux dans
le recueil qu'il a fait imprimer sous le titre de :
Kyllenion. Ce prince a fait aussi représenter
sur le théâtre de sa cour, en 1808, un opéra de
sa composition.
AUGUSTI (Jean -Chrétien -Guillaume) ,
philologue et théologien protestant, né à Eschcn-
berg en 1772, était |)etit-fils d'un rabbin qui se
convertit au christianisme en 1722. Après avoir
achevé ses éludes à l'université d^léna, il y
«nseigna la philosophie et les langues orientales.
En 1812 il fut appelé à Breslau en qualité de
professeur de théologie , et en 1819 il passa à
l'université de Bonn , pour y enseigner la même
science. Ayant obtenu en 1828 le litre de con-
seiller consistorial à Coblence, il alla se (ixer
dans celte ville, et y mourut le 28 avril 1841. On
a de lui quelques ouvrages estimés sur les an-
tiquités et l'histoire du christianisme. Il n'est
cité ici que pour deux dissertations, la première
intitulée : De Hymnis Syrorum, Breslau, 1814,
in-8o; l'autre, De Hymnorum sacrorum usii,
jbid., 1817, in-4o.
AUGUSTIN (Aurélien), un des plus grands
liommes entr* les docteurs de l'Église, naquit à
R — AUGUSTIN
Tagaste, petite ville d'Afrique, le 13 novembre
354, sous le règne de l'empereur Constance.
Ses parents, qui désiraient qu'il fût savant, le
firent étudier à Madaure et à Carthage. Ses
progrès furent rapides, mais sa jeunesse fut
orageuse. Après avoir professé l'éloquence à Ta-
gaste et à Cartilage, il se rendit à Rome, et peu
de temps après à Milan , où il venait d'être ap-
pelé comme professeur. Ce fut là qu'il entendit
les sermons de saint Anibroise,'et qu'il se con-
vertit à la religion chrétienne. Il ne tarda point
à quitter toutes ses occupations poursuivre sans
obstacle la carrière religieuse 0*1 il était entré, et
il retourna en Afrique, où il fut nommé évêque
d'Hipponc. Il se trouva à plusieurs conciles, et
combattit avec éclat les manichéens , les dona-
tistes , les pélasgiens et toutes les autres sectes
qui s'étaient formées dans les quatrième et
cinquième siècles. Il mourut à Hippone, le
28 août 430, pendant que cette ville était assié-
gée par les Vandales.
Parmi les écrits de S. Augustin , on trouve un
traité De Musica,en six livres, et en forme de
dialogue, qui a été imprimé à Bàle, en 1521,
in-4<',et que les bénédictins ont inséré dans leur
édition de ce Père de l'église, en 1 1 volumes in-
folio ( Paris, 1684 ). On le trouve aussi dans la
première édition de ses œuvres, Bàle, 1569, in-
folio. MM. Gaume, libraires de Paris , ont pu-
blié en 1835-1836, une belle édition des œuvres
de saint Augustin, en onze volumes in-S", dans
laquelle on trouve son traité de musique. Cet
ouvrage en a été extrait, et l'on en a fait un ti-
rage à part, en un volume in- 12 de 268 pages,
sous ce titre : S. Aurelii Augîcstini Hipponen-
sis episcopi de Musica libri sex, post recensio-
nem monachorum ordinis sancti Benedicti,e
congregatione S. Mauri, ad Mss. Bibliothecae
regiœ codices, et veteres editiones novis nunc
curisrecogniti atqueemendati. Parisiis,apud
Gatime fratres , 1836. Les notes qui accom-
pagnent cette édition sont fort bonnes. Ce serait
en vain qu'on chercherait dans cet ouvrage des
renseignements positifs sur la musique de l'é-
poque où vivait S. Augustin; ce savant homme y
traite peu dé l'art musical en lui-même. Dans
le premier livre il donne une définition de la
musique, et s'attache à démontrer que les notions
que nous en avons nous viennent directement
de la nature, préalablement à toute étude. Les
autres livres ont plus de rapport au rhythme et
au mètre qu'à la musique proprement dite. Au
résumé, le traité de musique de S. Augustin est
un ouvrage faible et peu digne de son auteur.
Il paraît qu'il n'en avait pas lui-môme une opi-
nion forl avantageuse, car il en fait une crilique
AUGUSTIN — AUMAl^fN
171
assez sévère dans une épltre à un de ses amis ,
nommé Memorius, qui lui avait demandé ce
traité (August. op., t. 2, Epist. 101, p. 487,
édit. 1684 ). Il dit qu'à la veillé il a écrit six li-
vres sur la partie de la musique qui concerne le
temps et le mouvement, et qu'il se proposait d'en
faire encore six autres sur les tons et les modes,
mais que Memorius se repentirait de son empres-
sement à les avoir demandés, tant il les trouve-
rait ennuyeux et difficiles à entendre. Il ajoute
que le sixième livre est en quelque sorte le ré-
sumé des cinq autres, qui ne valent pas la
peine qu'on les lise, et qui n'avaient point plu
même à son cher fils Julien.
M. l'abbé Angelo Majo, savant bibliothécaire
du Vatican, a publié, en 1S28, dans le troisième
volume de ses Scriptorum velerum nova Col-
lecUo e Vatïcanis codicibus édita, p. 116
(troisième partie), un abrégé du traité de mu-
sique de saint Augustin, fait par un auteur ano-
njme, sous le titre de Prcecepta artis Musicae
collecta ex Libris sex Aurelii Augustini de
Musica. Cet abrégé est divisé en vingt-un cha-
pitres ; il paraît avoir été fait dans un temps
rapproché de celui où l'ouvrage complet a ét«
écrit , car le manuscrit où M. Majo l'a découvert
est fort ancien.
AUGUSTIIV (L.), assesseur à Halberstadt
et amateur de musique, fut un des organisa-
teurs de la sixième fête musicale de l'Eibe , qui
eut lieu à Magdebourg en 1834. Il a rendu
compte de cette solennité dans un écrit qui a
pour tilre : Die Elb-Musikfeste (La Fête musi-
cale de l'Elhe); Halberstadt, 1834, 24 pages
in-4o.
AUGUSTONELLI ( François - X.\vier ) ,
premier flûtiste à la cour du prince de la Tour-
et-Taxis, à Ralisbonne, naquit à Venise, en 1741,
et mourut en 1809. On vante le fini de son jeu,
et surtout le son pur et argentin qu'il tirait de
son instrument.
AULAGNIER (Antonis), professeur et
éditeurà Paris, est néàManosque (Basses-Alpes),
en 1800. Dans sa jeunesse, il fit à Marseille des
études de latinité et de philosophie qui ne l'em-
liôchèrent pas de se livrer à son goût pour la
musique. Plus tard, il se rendit à Paris, et en-
tra au Conservatoire comme élève de la classe
d'orgue, sous la direction de M. Benoist. Ce
maître lui lit faire un cours d'harmonie et d'ac-
compagnement. Jusque là, M. Aulagnier n'avait
considéré la musique que comme un délassement
à d'autres travaux; mais à dater de cette époque
il abandonna toutes ses autres études, pour se
livrer à l'enseignement. Après plusieurs années
çl'CNcrcicc de sa nouvelle |irofession, il s'est fait
éditeur de musique, et a publié quelques ou-
vrages de sa composition, parmi lesquels on re-
marque : I" Méthode élémentaire pour le piano.
Cette méthode a eu en peu de temps trois édi-
tions successivement améliorées et augmentées.
2" Des variations , rondos et mélanges pour le
piano sur des airs d'opéras et de ballets , envi-
ron quinze recueils. 3" Trois airs variés à qua-
tre mains. 4° Des recnoils de contredanses pour
plusieurs instruments. 5° Des romances pour
une et deux voix; 6° Des faux-bourdons ro-
mains et parisiens à trois voix, à l'usage des
séminaires et des collèges. 1° 0 salutaris, à
trois voix. 8° Domine salvum fac re^em, à
trois voix. 9» Deux messes brèves à trois voix.
AULEN (Jean), contrapuntiste, dont la pa-
trie n'est point connue. Il vivait à la fin du
quinzième siècle et au commencement du sei-
zième. Petrucci a inséré des motets de sa com-
position dans la collection qu'il a publiée sous le
titre àeMotetti Libre quarto, Venise, 1595, petit
in-40 obi.
AULETTA ( Pierre ), maître de chapelle du
prince de Belvédère, dans la première moitié du
dix-huitième siècle, adonné Ezio, opéra sérieux,
à Rome, en 1728, et Orazio,'3i Venise, en 1748.
Quelques morceaux de sa musique ont été insérés
dans les intermèdes II Giacatore,el II Maestro
di musica, qui ont été représentés à Paris, en
1752.
AULETTA ( Dominique ) , né à Naples , et
vraisemblablement fils du précédent, s'est fait
connaître comme compositeur par l'opéra bouffe
en deux actes intitulé La Locandiera di spirito.
On connaît aussi sous son nom une messe à quatre
voix avec orcliestre, plusieurs concertos de cla-
vecin, et des airs détachés avec orchestre.
AUMAN ( . . . .), chanoine régulier du mo-
nastère de Saint-Florian en Autriche, naquit en
Bohême vers le milieu du dix-huitième siècle.
Il vivait encore en 1795. On le considère comme
un bon compositeur de musique d'église, et l'on
trouve, dans plusieurs églises d'Autriche, des
messes et des motets dont il est auteur.
AUMANN (Dietrich-Chrétien), composi-
teur qui vivait à Hambourg vers 1789, était,
dans le même temps , organiste adjoint dans l'une
des églises de cette ville. On a de lui les ouvrages
suivants : C horalbiich fiir das neue Hambur-
giscke Cesangbuch ( Livre de musique cho-
rale, etc. ), Hambourg, 1787, in-4o. 2° Hoch-
zeitkantale im Klavierauszuge (Cantate de
noce pour clavecin), Hambourg, 1737". 3° Oster-
Oratorium , mit einer doppelter Heilig , im
Klavierauszuge (Oratorio pour la fête lie Pâ-
ques, etc.), Hambourg, 1788. 4i' Dasuevuelioscn
Î72
AU MANN — AUVER.UT
mœdchen (La Nouvelle P.osière ), opéra co-
mique en deux actes, Hambourg, 17S9. On
trouve dans le catalogue de Traeg à Vienne
(1799) un ouvrage d'Auman manuscrit, inti-
tulé : Das Hochenauer Schiffgesdirei , fur
vier Singsthnmen, zwei Viol, et Basso.
AUM01\T (Henri-Raymond), violoniste
et compositeur, né à Paris, le 31 juillet 1818,
(ut admis an Conservatoire de cette ville le
17 décembre 1832, et reçut d'abord des leçons
de Guérin; p-uis il devint élève de Baillot, et le
deuxième prix lui fut décerné au concours de
1837. Dans les années suivantes il suivit des
cours d'harmonie et de composition. Il s'est re-
tiré du Conservatoire en 1840. On a publié de
sa composition : 1° 1^'' air varié pour violon et
ordiestre; Paris, Richault. 2° Les Caractères ,
trois fantaisies pour violon seul. Paris, Cballiot.
3° Duo concertant pour piano et violon, sur un
llième de Meyerbeer; ibid. 4° Fantaisie sur un
thème français pour violon avec ace. de piano ;
ibid. 5° Idem sur un thème italien, idem , ibïd.
G" Idem sur un thème allemand, idem, ibid.
AURADOU (. . .), auteur inconnu d'un
ouvrage qui a pour titre : Principes de musi-
que, suivi d'un petit abrégé sur V harmonie
et le discours harmonique, divisés en deux
parties. Moulins, de l'imprimerie de Desrosiers,
1837, in-S» de 88 pages de texte et 40 de mu-
sique.
AURANT (....), second sous-maître de
la musique de la chapelle de François 1*'', roi
de France, fut nommé à cet emploi en 1543.
Ses appointements étaient de trois cents livres
iournois (environ dix-huit cents francs dans
la proportion de notre monnaie). Le premier
sous-maître de la chapelle était Claude de Ser-
inisy. A l'égard de la place de premier maître
de la chapelle, elle était remplie par le cardinal
de Tournon, qui n'était point musicien, et qui ,
conséquemment, n'était cliargé d'aucunes fonc-
tions relatives à la musique.
AURÉLIEIV, moine de Réomé ou Moutier
Saint-Jean, au diocèse de Langres, vivait vers le
milieu du neuvième siècle. Il a écrit un traité
de musique, divisé en vingt chapitres, qu'il
dédia à Bernard, abbé de son monastère, par
deux épîtres dédicatoires, l'une au commence-
ment, l'autre à la fin de son ouvrage. Sigebert et
Trithème , trompés par le mol latin Reomensis
qui est en tête de l'ouvrage, ont cru lire Re-
mensis, et ont fait d'Aurélien un clerc de l'église
<le Reims. Ils ont été copiés en cela par tous
les biographes. Un manuscrit du dixième siècle,
mil est le plus ancien connu du traité d'Au-
rélien, se trouvait à l'abbave de Saint-Amand
avant la révolution de 1789. L'abbé Gerbert a in-
séré cet ouvrage dans le premier volume de ses
Scriptores ecclesiastici de musica , d'après un
manuscritde la bibliothèque Laurentienne de Flo-
rence. Les bénédictins Martenne et Durand avaient
déjà publié les deux épîtres dédicatoires et l'é-
pilogue de ce traité dans les Veteru7n Script, et
monum. liist., Paris, 1724, t. 1, p. 123-125). Le
traité d'Aurélien ne concernant que les tons du
plain-chant, et ne contenant rien sur la musique
mesurée, ni sur l'harmonie ou le contre-point, qui
n'existaient point encore, ou qui, du moins, ne
faisaient que de naître, est d'un intérêt médiocre
pour l'histoire de l'art.
AURISICCHIO (Antoine), compositeur de
l'école romaine, mort jeune , fut maître de cha-
pelle de Saint-Jacques des Espagnols, à Rome. 11
a beaucoup écrit pour l'église. Oa a donné à
Londres, en 1758, l'opéra d'Attalo, dans lequel
on avait introduit plusieurs morceaux de sa com-
position. On trouve dans la bibliothèque musicale
de l'abbé Sanlini, à Rome, les ouvrages de ce
compositeur, en manuscrit, dont voici les titres :
i° Alcuni sludi }5ul canto fermo. 2° Salmi a
Quattro per le Vergine, et per gli Apostoli ,
C071 organe. 3° Si quasris miracula, à quatre
voix. 4° Lauda Sion à quatre. 5° La morte di
Gesu, cantata con slromenti. 6° Oratio leremix
a canto e basso. l°Te Deum Laudamus a quatro
con stromenti. 8°Salmi à quatro con slromenti.
9° Messe a quatro con stromenti.
AURiVHAJMMER (M""), pianiste distin-
guée, à Vienne en Autriche, a publié pour son
instrument les ouvrages dont les titres suivent :
1° Variations sur un thème en sol. Vienne, Mollo.
T Variations sur un thème hongrois. Vienne,
Haslinger. 3° Variations sur un air de Nina, ibid.;
4° Dix variations sur l'air allemand 0 mein lieber
Augustin , ibid. 5° Neuf variations sur un thème
en sol. Vienne, Artaria.
AUTRIVE (Jacques-François d'), l'un des
meilleurs élèves de Jarnovicli, pour le violon,
naquit en 1758, à Saint-Quentin , département de
l'Aisne. Il joignait à des sons purs beaucoup
d'expression dans l'adagio. Malheureusement il
devint sourd à l'âge de trente-cinq ans, et cet acci-
dent ne lui a pas permis de réaliser toutes les espé-
rances que ses débuts avaient données. Ses com-
positions renferment des chants gracieux. Outre
plusieurs concertos pour son instrument, il a fait ,
graver plusieurs œuvres de duos, dont l'un est
dédié à Kreutzer. Plusieurs ouvrages pour le
violon, de sa composition, sont restés en manus-
crit. Il est mort à Mons, en Belgique, au mois de
décembre 1824.
AUVERJAT (Jeandel'), maître de musique
AUVERJAT — AVÊ-L'ALLEMAND
f73
(le IVglise cJes Innocents, à Paris, dans la seconde
moilié du dix-septièmesiècie, a composé beaucoup
de musique d'église. Il a publié : \' 31issa Iste
confessor, quatuor vocibus, infol., Paris, Ro-
bert Ballaid. 2° Missa Legem pone, quatuor
vocibus decantandx, in-fol., ibid. 3° Missa 0
gloriosa Domina, quatuor vocibus, infol.,
ibid.; 4° ItHssn Tu es petrus , quinque vocibus,
infol., ibid. 5° Missa Ne moreris, quinque
vocum, in-fol., ibid. C° Missa Confitebor Do-
raini , quinque vocibus, '\n-(o\., ibid. 1° Missa
Fundamenta ejus, quinque vocibus decan-
tandx, in-fol., ibid.
AUXCOUSTEAUX, ou, comme l'écrit An-
nibal Gantez (1), HAUTCOUSTEAUX (Arthur ou
Artus), naquit en Picardie, suivant cet auteur.
M. Victor Magnien croit que ce fut dans les en-
virons de Beauvais (2); mais M. Gomart objecte
contre celte opinion (3) qu'Auxcousteaux ayant
été élève de Jean Valentin Bournonville, à la
maîtrise de Saint-Quentin, il est vraiscmblabiu
qu'il a vu le jour dans cette dernière ville, plutôt
qu'à Beauvais. Il y a cependant des motifs en
faveur de la première opinion ; car il existe en-
core des familles du nom d'Auxcousteaux à Amiens
et à Beauvais, et M. Gomart lui-même remarque
que ces familles ont pour armes parlantes A' Azur
à trois cousteanx d'argent garnis d'or, posés
en pal (4). Quoi qu'il en soit, Auxcousteaux fut
d'abord chantre à l'église de Noyon , ainsi que le
prouve un compte de celte église pour l'année 1627
qui se trouve à la Bibliothèque d'Amiens. Après
avoir occupé ce poste pendant un petit nombre
d'années, il fut appelé à Saint-Quentin pour y
|)rendre possession de l'emploi de maître de mu-
sique de la collégiale. Il alla ensuite à Paris, et,
après y avoir publié quelques morceaux de mu-
sique d'église, il fut nommé maître de la Sainte-
Chapelle. Ses envieux prétendirent qu'il ne tenait
cette maîtrise que de la faveur du premier pré-
sident du parlement; mais on ne peut nier qu'il
ne fût digne de sa place, car ses ouvrages tien-
nent le premier rang parmi les productions de
l'école française de son temps. Dans un avertis-
sement au lecteur, le libraire Pierre le Petit,
qui a publié la Paraphrase des pseaumes de
David , en vers français , par Aritoine Godeau,
evesque de Grasse et de Vence, et mis en chant
par Artns Aucousteaux (Paris, 1156, 1 vol.
in-l2),nous apprend que cehn-ci fut autrefois
haute-contre de la musique de la chapelle du
;i) Voyez ce nom.
(2) Bulletin de rathcnéc du Beamoisis, 1843, page 3ii.
(5) Notes historiques shv la maîtrise de Saiut-Qiientin
et snr les célébrités 7nusicales de cette ville, page 4s.
• (4) Loc. cit.
Roy Louis XIII , et qu'il mourut dans cette
même année ICôC, pendant l'impression de sa
musique du recueil des psaumes. On connaît
de ce compositeur: 1" Psalmi aliqtiot ad nit-
merum musiccs , quatuor, quinque et sex
vocum redacti, Paris, Ballard , 1631 , in-4''
obi. 2° Meslanges de chansons à six parties
(Dédiés au premier président Mole), Paris, P.
Robert Ballard, 1644, in-4. 3° Quatrains de Ma-
thieu mis en musique à trois voix, selon Tordre
des douze modes, Paris, Robert Ballard, 1G4S,
in-4°. 4° Suite de la première partie des quatrains
de Mathieu à trois voix, selon l'ordre des douze
modes, ibid., 1652, in-4* obi. 5° Noèls et can-
tiques spirituels sur les mystères de N. S. et sur
les principales fêtes de la Vierge; premier et
deuxième recueils, ibid., 1655. 6" Missa primi.
font, Paris, Ballard, in-fol. 7" Missa secundi
to}ii,q7iatuorvocum, Pa.ni,Bà\\avà,in-(o\. ma>.,
1643. Une deuxième édition de cet ouvrage a été
publiée par le même imprimeur, en 1658. S" Mis-
sa ter ta toni, quatuor vocum, ibid., in-fol.
9° Missa quarti toni, quatuor vocum, ibid.,
in-fol. 10° Missa quinli toni, quatuor vocum ,
ibid., infol. 11° Missa sexti toni, quinque
vocum, in-fol., ibid. 12° Missa septimi toni,
quinque vocum, ibid., in-fol. 13° Missa octavi
toni, quinque vocum, ibid., in-fol. 14° Me.sse
Quelle beauté, 6 mortels, à cinq parties, ibid.,
in-fol. 15° yl/maLaus angelorum , à six parties ,
\n-io\., ibid. iiV Magnificat de tous les tons,
à quatre parties, ibid., in-fol. allant. Ce que j'ai
vu d» la musique d'Auxcousteaux ])rouve quw
c'était un musicien instruit, qui écrivait avec plus
de pureté et d'élégance que la plupart des maîtres
de chapelle français de son temps. Deux mor-
ceaux de sa composition, que j'ai mis en partition
pour juger du mérite de l'auteur, m'ont lait croire
qu'il avait étudié les ouvrages des anciens martres
italiens.
AVANZOLINI (Jérôme), né à Rimini, dans
les États Romains, vécut au commencement du
dix-septième siècle. On a de sa composition :
Salmi a otto voci. op. 1. In Venezia, app. Aless.
Viceiiti, 1623, in-4°.
AVÉ-L'ALLEMAND (B.), docteur en
droit à Lubeck, d'origine française, est fils d'un
directeur de musique de Greisswald, qui mourut
dans cette ville en 1S31. On a de lui un compte
rendu de la troisième lête musicale du nord de
l'Allemagnedonnéeen 1841. Cet écrit a pour titre:
Ruckblicke auf das dritte norddeulsche Mu-
sikfest zu Hambourg. Lubeck, 1841, in-8°. On y
voit que l'orchestre et les chœurs étaient com-
posés de six cents personnes <lirigées par Frédéric
Schneiilcr, Krebs,Grund, llernr.ann, de Lubeck,
174
AVELLA — AVENTINTJS
et Haffner, de Hambourg; que les solos d'ins-
truments y furent joués par Liszt et Queisser;
que M""* Schroeder-Devrient et Dutlos-Maii-
lardy cliantèrent; enfin, que le produit des con-
certs fut de 04,060 marcs 15 scheliings; que la
dépense fut de 79,070 marcs, et conséquemment
que le déficit fut de l'»,409 marcs 8 scheliings.
AVELLA (Jean d'), franciscain au monas-
tère de Terra cli Lavoro , dans le royaume de
Naples, vécut vers le milieu du dix-septième siè-
cle. Il était prédicateur de son ordre et sa-
vant musicien : on trouve des preuves de son
.savoir dans l'ouvrage qu'il a publié sous ce titre :
Regole di mu^ica, divise in cinque trattati,
con le qualï s''insegna il canto fermo , e figu-
rato, per vere efaciti regole. Il modo di fare
il contrappunto , di comporre V uno et l'altro
canto ;di caniare alcunicanti diJficiU,e moite
cose nuove e curiose. In Roma, nella stampa di
Franc. Moneta, 1657, in-fol. de 167 pages. Cet ou-
vrage, qui contient des cboses utiles et curieuses,
est entaché d'idées bizarres sur les rapports de la
musique avec l'astronomie, ou plutôt l'astrologie
judiciaire. Le P. Martini possédait en manuscrit des
annotations de Jean François Beccatelli sur le traité
de musique d'Avella; ellessont aujourd'hui dans
la bibliothèque du Lycée musical de Bologne.
AVEIVARIUS (Philippe), organiste à Al-
tenbourg, naquit à Lichtenstein, en 1553, E. L.
Gerber est tombé dans une singulière inadver-
tance à propos de ce musicien : il le fait (ils de
Jean Avenarius, qui est né en 1670. Philippe Ave-
narius a publié un recueil de motets sous ce titre :
Cantiones xacrœ , quïnque vocum accommo-
daiœ ad omnes usus, tam viva voce, quam
omnis generis instrumentis, etc. Noriberga;, in
officina viduœet heredum Ulrici Aeuberi, 1572,
in-4» ohl. Ce nom d'Avenaritis , donné par les
éditeurs et bibliographes, paraît être, suivant l'u-
sage des seizième et dix-septième siècles, la tra-
duction d'un nom allemand, peut-être Liebhaber.
AVENARIUS (Mathieu), en dernier lieu
prédicateur à Steinbach , naquit à Eisenach, le
21 mars 1025, et fit ses études à Cobourg, Mar-
bourg et Leipsick. Il fut cantor de l'école de
Schmalkalde, en 1650, et prédicateur à Steinbach,
en 1662. Il mourut le 17 avril 1692. Strieder
{Hess.Gel. Geschichte) cite un traité De Musica
de cet auteur, qui est resté en manuscrit.
AVENARIUS (Jean), fils du précédent,
naquit à Steinbach, en 1670. 11 commença ses
études à Meinungen et à Arnstadt; en 1688, il
alla à Leipsick , où il fut nommé Magister. En
1692, il se rendit à Berka, en qualité de prédica-
teur, et en 1702 ilfutappeléàSchmalkaldecomme
diacre; enfin il alla s'établir à Géra en 1723, et y
mourut le 11 décembre 1736. Ses ouvrages pu-
bliés sont : 1" Sendschrciben an M. Gottfr.
Ludovici, von den hymnopœis Hennebergen-
sibus (Epître à M. Gottfr. Ludovici sur les can-
tiques de Henneberg., 1705, in-4°). 2° Erbaut-
liche /Âeder-Predigien,uber.vier Evangelische
Sterb-und Trostlieder (Chansons édifiantes, etc.)
Francfort, 1714, in -8 .
AVEIVARIUS (Thomas), dont le nom alle-
mand était Habermann, naquit à Eulenbourg, à
trois lieues de Leipsick, vers la fin du seizième
siècle. lia fait imprimer à Dresde, en 1614, une
collection de chants sous ce titre : Horticello an-
muthiger,froelicher and trauriger neues amo-
rischer Gesanglein, etc.(Pelitjardin de nouvelles
chansonnettes agréables, joyeuses, tristes, amou-
reuses , avec de jolis textes , non-seulement pour
les voix, mais pour toutes sortes d'instruments),
à quatre et cinq parties , composées et publiées
par Thomas Avenarius, d'Eulenbourg , Poet.
mus. studiosus, anno fit IVDICIVM (c'est-à-dire
10 IJ). Malheson a publié dans son Ehrenpforte
(p. 12 et suiv.) l'épHre dédicatoire de ces chan-
sons : elle est en style burlesque, mêlé de latin
et d'allemand, à peu près dans le goût des facé-
ties de la cérémonie du Malade imaginaire, à
l'exception de l'esprit qu'il y a dans celles-ci.
L'auteur de cette dédicace ne paraît pas avoir écrit
de trop bon sens. Voici un échantillon de ce mor-
ceau bizarre : Avenarius parle de son ouvrage et
de la résolution qu'il a prise de le livrer au pu-
blic, quoi qu'il en puisse arriver. « Je veux (dit-il)
« laisser faire maintenant mon premier qualem-
« cunque musicx industrix et solertiœ saltum
« in publicum, et confier vêla ventis ubi in
« portti nauta malefidus timet pericula ,
« ignorant par où il doit naviguer et faire voile
« pour arriver à bon port, enfin par où il se doit
« hasarder, suivant l'adaiie /ac^a es^ aléa, à la
'< grâce de Dieu. » Si le mérite de la musique
d'Avenarius équivaut à sa prose , ce doit être
quelque chose d'étrange.
AVENTANO (Pierre -Antoine). Voy.
AVONDANO.
AVEJ\TIIVUS (JEAN THURNMAYER,
plus connu sous le nom d'), fils d'un cabaretier
d'Abensperg, en Bavière, naquit dans cette ville
en 1466. Après atVoirétudié à Ingolstadt et à Pa-
ris, il se rendit à Vienne , et ensuite à Cracovie,
où il enseigna le grec et les mathématiques. En
1512, il fut appelée Munich par le duc de Ba-
vière pour présider à l'éducation des jeunes ducs
Louis et Ernest. 11 composa en latin, par l'ordre
de ces princes, les Annales de^ Bavière, qui
ont fait sa réputation comme historien. Il vécut
célibataire jusqu'à l'âge de soixante-quatre ans;
AVENTINUS — AVIDÎUS
17.5
se maria alors, fit un mauvais choix, et mourut
lie chagrin quatre ans après, le 9 janvier 1534.
Jérôme Ziégler a donné sa vie en tête de !a pre-
mière édition de ses Annalïum Boiorum, pu-
bliée en 1554, in-folio. Comme écrivain sur la
musique, il a publié : Musicœ rudimenta admodum
brevia atque utilia communia quidem spondeo
focaeteris pedibus barbari cantum planum ac
mensurabilemvocant, quamfacillime qiiicquidad
rem musicum spectat ex illis disces, simurerrores
mfinitos quibus tota nmsica iiti cseterjB discipli-
njp, corrupta depravataque est hand dilficulter
deprœhendosomnesomissa rerum diligenlia mem-
bramsutamurcircainanesvocumpugnasconsenes.
cimus, scribimur indocLi, doctique poemata pas-
sim, etc. Joannes AventinusThurinomarus editit.
A la fin du volume, ou trouve celte sous-
cription : Excusa in o/ficina Milleixina Au-
gustx Vindelicorum. XII Cal. Junios. Anno a
NativUdte Domini : M. D. XVf, in-4" de 19
Ccuillets. Ce petit ouvrage est d'une rareté ex-
cessive. Il est divisé en dix chapitres, dont cha-
cun est relatif à un des éléments de la musique.
AVIAIXUS (Jean), ou AVINIUS, né à
Thiindorff, village à trois lieues d'Erfurt,futd'abord
recteur de l'école de Ronnebourg, près d'Alten-
bourg, ensuite pasteur à Munich-Berendorff, et
enfin surintendant à Eisenberg, où il est mort en
1617. On a de lui un livre intitulé: Isagogen
musicœ Poeticœ, Erfurt, 1581, !n-4°. Il a laissé
en manuscrit un recueil de traités sur des ques-
tions de musique beaucoup plus importants que
son livre imprimé; Waither, quia vu ce recueil
autographe, dit qu'il était à peu près illisible. Les
objets traités par Avianus dans ces écrits sont
les suivants : 1° Musica practica vêtus, ubi
docebit, plerosque illos, qui viordiens reti-
nere aniiqua fabrorum, et tdgenus alia prse-
cepta velint , non asseqiii tanien semper sen-
tentiam quam défendant. T Compendium
veteris imisicx practïcœ. 3° Compendium
musicas modulativx novum. 4° Scholse mu-
sicse, quibus explicantur causx mtitationis.
5° Musica modulativa nova atque intégra.
6° Progyninasmata ludi Rondeburgensis. 7°
Cantor, seu instructio eoruni, qui choro
prxficiuntur , ut in omnes casus paratiores
évadant. 8° Criticus in tanta varietate can-
tionum, quee probandx , quaz improbandx ,
quce quibus prxferendœ sint, ostendens.
9° Disputatio de perfectissima suavitate titulo
Orlandi, seu quid spectare qliive mentent di-
rigere debeat, qui prxstantem suavitate can-
tilenam sit compositurus. 10" Musica poetica
absolute et àTioôsixtixô; tradita. 11° Artili-
cum corrigendi depravatas cantilenas, ut ad
veritatem quondam proxime revocentur : re-
prehQndetur ibi quorumdam eodem in gé-
nère temeritas depravantium quod corrigere.
suspîciebant. 12° Aliquot tomi selectarum
cantionum quatuor, quinque, sex, septem et
oclo voclbus compositarum , nec antea un-
quam expressarum. 13° Aliquot tomi 7nissa-
rum nova quadam methodo ex multis harmo-
niis irapôSixcoç derivatarum. On voit par la date
de i'épitre dédicatoire du recueil d'Avianus,
adressée au magistrat de Nuremberg, que cet ou-
vrage a été achevé au mois d'octobre 158S.
AVlCENl\E,ou correctement IBÎV'SIIVA
(Abou-Aly Hoceïn), naquit l'an 980, à Alclia-
nah, bourg dépendant de Chyraz, dont son père
était gouverneur. Avicenne est le plus célèbre
des médecins arabes. Il commença ses éludes à
Bokhara dès l'âge de cinq ans, et apprit en peu
de temps les principes du droit, les belles-let-
tres , la grammaire, et toutes les branches des
connaissances cultivées de son temps : la mé-
decine fut particulièrement l'objet de ses études :
elle devint la source de sa gloire, de sa fortune
et de ses malheurs ; car Mahmoud, fils de Sé-
bektéguyn, conquérant célèbre, ayant voulu l'at-
tirer à sa cour, et Avicenne ayant refusé de s'y
rendre, il fut forcé de s'enfuir du royaume de Kha-
rizm, où il se trouvait, et d'errer de contrée en
contrée , comblé partout d'honneurs et de ri-
chesses, et toujours poursuivi par la marche
victorieuse et le ressentiment de Mahmoud. A la
mort de ce prince, il alla à Ispahan, et Ala-Ed-
daulah, qui y régnait, le combla de bienfaits, et
l'éleva à la dignité de vizir. Un de ses esclaves ,
qui voulait s'emparer de ses richesses, l'empoi-
sonna avec une forte dose d'opium, et il mourut
en 1037 à Hamadan, où il avait accompagné Ala-
Eddaulah. Avicenne a beaucoup écrit sur la mé-
decine, la métaphysique et la philosQphie; on
peut voir des détails sur ses ouvrages dans les
recueils de biographies ; il n'est mentionné ici
que comme auteur d'un Traité de musique en-
langue arabe, qu'on trouve dans plusieurs biblio-
thèques, et notamment dans celle de Leyde. V.
Cat. Libr. tam. impr. quam maniiscr . Bibl.
publ. Ludg. Batav., p. 453, n"' 1059 et lOfiO.
Le litre de cet ouvrage est simplement :
Traité de musique.
AVIDIUS (Gérard), né à Nimègue dans les
premières années du seizième siècle, ou vers la
fia du quinzième, fut élève de Josquin Deprès,
Ce renseignement est le seul qu'on cite sur sy
i76
AVIDIUS — AYLWARD
personne. On a de sa composition une complainte
à quatre parties sur la morfde son maître, que
Tilman, Susato a insérée dans le septième livre
de son recueil intitulé : Chansons à quatre ,
cinq , six et huit parties de divers auteurs
(Livres 1-13. Anvers, 1543 - 1550, in-4<'obl.).
La pièce de Gérard Avidius a pour titre : In
Josquinum a Prato musicorum Principem
Monodia. Avidius est souvent désigné dans les
recueils de motets et de chansons du seizième
siècle par son prénom de Gérard ; circonstance
qui rend difficile la distinction de ses ouvrages de
ceux deGérard de Turnliout, souvent aussi désigné
de la même manière. Je crois, d'après l'analogie
du styledelacomplainte citée précédemment avec
deux chansons à quatre et à cinq voix, qui se
trouvent dans le quatrième livre du même recueil
(p. 13 ) et dans le douzième (p. 16), sous le nom
de Gerardi, que celles-ci appartiennent à Avidius.
AVILA (TnoMAS-Louis-ViTTORiA. d'), compo-
siteur espagnol qui vivait vers la lin du seizième
siècle, a publié un ouvrage de sa composition sous
ce titre: Motecta festorum totius anni cum
communi sanctorum, quatuor, quinque, sex
et octo vocibus ;l{onie, 1585.
AVILES (Manuel LEITAMDE), compo-
siteur portugais, né à Portalègre, lut maître de
chapelle à Granada vers 1625. On trouve l'indi-
cation de plusieurs messes manuscrites de sa
composition à huit et à seize voix, dans le Ca-
talogue de la Bibliothèque du roi de Portugal.
Voy. aussi Machado, Bibl. Liisit., t. 3, p. 294.)
AVISON (Charles), musicien anglais, que
l'on croit être né à Newcastle , où il exerça sa
profession dînant toute sa vie. Le 12 juillet 1736,
il fut nommé organiste de l'église de Saint-Jean
de cette ville ; mais au mois d'octobre suivant, il
quitta cette place, et devint organiste de Saint-
Nicolas. En 1748 , l'orgue de Saint-Jean ayant
exigé des réparations qui furent estimées 160
livres sterling, Avison offrit de donner 100 livres
pour cet objet , à la condition qu'il serait nommé
organiste pour toute sa vie, avec des appointe-
ments de 20 livres, et qu'il aurait le droit de se
faire remplacer : son offre fut acceptée , et l'un
de ses fils, nommé Charles, fut son suppléant.
En 1752 , il publia : An essay on musical ex-
pression, London, in-12 (Essai sur l'expression
musicale). La seconde édition parut à Londres
en 1753 , in-8°, avec des changements et quel-
ques additions, entre autres une Ze^^re à fau-
teur sur la musique des anciens , qu'on sait
maintenant avoir été écrite par le docteur Jortin.
Avison soutient, dans son ouvrage, que Mar-
cello etGeminiani sont supérieurs à Haendel : as-
sertion fort extraordinaire, an moins quant au
second , et qui devait déplaire beaucoup en An-
gleterre; aussi parut-il danfi la même année un
petit écrit intitulé : Remarks on M. Avison's
Essay on musical expression, dans lequel il est
traité d'ignorant qui a eu besoin d'employer la
plume d'autrui pour écrire son livre. On croit,
en effet, que le docteur Brown et Mason l'ai-
dèrent dans la rédaction de son essai. Ces remar-
ques sur l'ouvrage d'Avison sont du docteur
Hayes, professeur de musique à Oxford. Avison
fit une réplique à ces remarques, qui fut insérée
dans la seconde édition. La troisième a été pu-
bliée à Londres en 1775, in-8". Une traduction
allemande de l'Essai sur l'expression musicale a
été publiée sous ce titre : Ueber d. musizalischen
Aûsdrûckt. Leipsick , 1775 , in-S".
Avison avait été élève de Geminiani , qui con-
serva toujours beaucoup d'estime pour lui, et qui
alla même le visiter à Newcastle. La prédilection
qu'il avait pour le style de son maître le lui fit
adopter exclusivement dans ses propres compo-
sitions, qui consistent en deux œuvres de sonates
pour piano , avec accompagnement de deux vio-
lons, et quarante-quatre concertos pour violon.
Il publia par souscription les Psaumes de Mar-
cello , avec des paroles anglaises. Avison mourut
à Newcastle, le 10 mai 1770 , et eut pour suc-
cesseur, comme organiste de Saint-Nicolas, son
fils Edouard, qui mourut en 1776; son autre fils,
Charles, qui lui succéda dans la place d'organiste
de Saint- Jean , donna sa démission en 1777.
A'VONDAJXO (Pieriîe-Antoine), violoniste
et compositeur, né à Naples au commencement
du dix-huitième siècle , est connu par deux opé-
ras, Bérénice ci H mondo nellaL^ina; un
oratorio intitulé, Gioa, re di Giuda; douze so-
nates pour violon et basse, op. l, Amslerdam
1732, et quelques duos de violon et basse, gravés
en Allemai^ne et à Paris. Les partitions manuscrites
des oratorios d'Avondano ; Gioa et La morte
d^Abel, sonl à la Bibliothèque royale de Berlin.
AVOSANI (Orfeo), organiste à Viadana,
petite ville du Mantouan , vers le milieu du dix-
septième siècle, y était né. Il a publié de sa com-
position : 1° Concerti à cinq voci, op. i; in
Venezia, Bartol. Magni, in-4. 2° Messe a ire voci
Venise, 1645. 3° Salmi e compieta concerta a
cinqup. voci, ibid.
AXT (Frédéric-Samuel), néà Stadt-ilm, en
1684, fut d'abord cantor à Kœnigsee vers 1713, et
ensuite (en l7l9)àFrankenhausen, oùil mourut
en 1745- Il a publié sous le titre d'Année musicale
un œuvre de vingt-cinq feuilles pour le chant.
AYLWARD (Thomas), organiste et , pro-
fesseur du collège de Gresham, à Londres, à la
fin du dix-huitième siècle et au commencement
AYRTON
AZAIS
177
du suivant, s'est fait connaître par les ouvrages
dont voici les titres : 1 " Six Lessons for the Organ,
op. 1; Londres (S. D). — 1° Elégies and Glees,
op. 2. ibid. — 3" 8 Canzonets for iwo sopranos
voices, ihid.
AYRTOIX (Edmond), docteur en musique,
naquit en 1734, à Ripou. dans le duciié d'York,
où son père exerçait la magistrature. Destiné par
ses parents à la carrière ecclésiastique , il fut
placé au collège du lieu de sa naissance, où il passa
cinq années ; mais, ayant montré de grandes dis-
p.-sitions pour la musique, on le confia aux
soins du docteur Nares, alors organiste à la ca-
thédrale d'York. Il était encore fort jeune lors-
qu'il fut nommé organiste et recteur du chœur
de Southwell. Il résida plusieurs années dans ce
lieu, et s'y maria à une femme de bonne famille,
qui le rendit père de quinze enfimts. En 1764
il se rendit à Londres, où il venait d'être appelé
comme musicien de la chapelle royale. Peu de
temps après, on le nomma sous-maître de chant
à la cathédrale de Saint-Paul. En 1780, il devint
maître des enfants de la chapelle royale, et
quatre ans après l'université de Cambrige lui
conféra les degrés de docteur en musique. En
1784 il fut l'un des directeurs de la commémo-
ration de Hœndel. Il se relira de la chapelle
royale et de tous ses autres emplois en 1803 , et
mourut en 1808. Ses restes furent déposés à
l'abbaye de Westminster. Le docteur Ayrton a
écrit beaucoup de musique d'église qui n'est
connue qu'en Angleterre. Un de ses fils, homme
d'esprit et de beaucoup d'instruction, passe pour
avoir été le rédacteur principal du journal de
musique connu sous le nom de the Harmoni-
con , qui a commencé à paraître en 1823, et qui
a fini dans le cours de l'année 1833.
AZAÏS (Pierre-Hyacinthe), né en 1 743 à
Ladern, village du Languedoc, près de Carcas-
sonne , entra de très-bonne heure, comme en-
fant de choeur, à la cathédrale de cette ville. Vers
l'âge de quinze ans, il fut placé à Auch, comme
sous-maître de musique, dans l'église métropoli-
taine. A vingt ans, on le choisit pour diriger un
concert d'artistes et d'amateurs qui venait de
s'établir à Marseille. Deux ans après, il vint à
Paris, fit exécuter plusieurs motets au concert
spirituel, reçut des conseils de Gossec et se lia
d'amitié avec l'abbé Roussier. Le collège de
Sorèze s'élevait à cette époque : Gossec, à qui
le directeur de cet établissement avait demandé
un maître de musique, lui adressa Azais, qui,
avant de se rendre à sa destination, s'arrêta
quelques mois à Toulouse, où il épousa M"^ Lé-
pine, fille d'un facteur d'orgue, célèbre dans le
midi de la France. Fixé à Sorèze, Azaïs y passa
BIOGR. UNIV. DES MlSlCir.NS. _ T. I.
dix-sept ans. En 1783, il quitta ce lieu pour.se
rendre à Toulouse, où il continua de se livref .1
l'enseignement et à la composition de la musique
d'église. Il est mort dans cette ville, en 179(5,
âgé de cinquante-trois ans. En 1776, il avait
publié une Méthode de musique sur un nou-
veaîi plan, à Vusage des élèves de l'école mi-
litaire, in-12. Il a fait paraître aussi, en 1780,
douze sonates pour le violoncelle , six duos
pour le même instrument, et six trios pour deux
violes et basse. Outre ces ouvrages, il a laissé eu
manuscrit un grand nombre de messes et de mo-
tets dont son fils a perdu les partitions pendant
la première révolution française.
AZAÏS (PiEKRE- Hyacinthe), fils du pré-
cédent, est né à Sorèze, le l"^"" mars 1766. Ad-
mis dans l'école militaire de cette ville, il y fit
de bonnes études, puis il entra dans la con-
grégation de la doctrine chrétienne, qu'il aban-
! donna pour devenir secrétaire de l'évoque d'O-
leron. D'abord partisan de la révolution de 1789,
M. Azaïs en fut ensuite l'une des victimes. Con-
damné à la déportation par le tribunal d'Alby,
après les événements du 18 fructidor, il fut
obligé de se cacher; ce fut dans l'hospice des
Sœurs de la Charité deTarbes qu'il alla chercher
un asile. Il paraît que, dans la solitude de cette
maison, ses méditations le conduisirent à poser
les bases du Système universel qui depuis lors
lui a procuré une éclatante renommée. Devenu
libre par la réforme du jugement rendu contre
lui, il se retira à Bagnières pour se livrer à la
rédaction de son système. Vers 1 805, il vint à
Paris où il essaya l'effet de ses idées sur le pu-
blic parun ouvrage intilidé : Essai sur le monde-
il avait alors près de quarante ans. Cette pre-
mière publication lui fut utile et lui procura suc-
cessivement les emplois de professeur d'histoire
et de géographie au prytanée de Sainl-Cyr, d'ins-
pecteur de la librairie à Avignon et ensuite a
Nancy, puis enfin sa nomination de recteur de
l'académiedecette dernière ville, en 1815. La se-
conde restauration le priva de cet emploi. Depuis
lors retiré à Paris, où il continua ses recher-
ches sur l'application de ses principes de phi-
losophie, Azaïs a pris part aux débats politiques
par la publication de plusieurs brochures.
Il n'est point dans l'objet de ce Dictionnaire de
faire l'analyse des principes de la Vérité univer-
selle exposés par Azaïs dans son Cours de phi-
losophie générale, qui parut à Paris, en 1824,
8 vol. in-S" ; je ne veux considérer ici ses idées
que dans leur rapport avec l'acoustique et la mu-
sique. Déjà il avait jeté quelques-unes de ces
idées dans le grand ouvrage qui vient d'être
cité; mais depuis lors il leur a donné bcau-
12
178
AZAIS — AZOPARDl
coup plus de développement dans une série de
lettres qu'il a adressées au rédacteur de la /?e-
vue musicale, et qui ont paru dans les n"' 37,
38, 40, 42, 4G et 49 (1831 ) sous le litre d'^-
coustique fondamentale. La théorie exposée
dans ces lettres n'a rien de commun avec celle
des physiciens : elle est toute d'invention. Azaïs
pose en principe que l'effet de la musique com-
posée dans divers systèmes dépend du rapport
de ces syslèmes avec l'organisation de ceux
qui en écoutent les produits; il en donne pour
preuve l'ennui que ferait naître aujourd'hui un
opéra de Lulli ou de Campra, tandis que cette
musique excitait l'enthousiasme des Français
au temps de Louis XIV; il n'hésite point à dé-
clarer que la musique de Rossini, qui nous
cause aujourd'hui d'agréables sensations, n'au-
rait pas seulement été sans charme pour les
contempor(\ins de Campra ou de Lulli, mais
qu'elle leur aurait même semblé insupportable.
Sans contester ces assertions, on voit qu'Azaïs
a pris l'effet de l'éducation pour celui de l'orga-
nisation ; car il est certain que les Français n'é-
taient pas autrement organisés au dix-septième
siècle qu'ils ne le sont aujourd'hui. D'ailleurs
il n'est pas vrai que toute musique du dix-sep-
tième siècle soit insupportable à des oreilles du
dix-neuvième; plus d'un essai fait de nos jours
a prouvé le contraire.
En acoustique Azaïs commence par nierqnele
son soit le produit de l'air vibrant, et il élevé
d'assez jusies diflicultés contre cette théorie de
tous les physiciens. Jusque-là, rien de mieux,
car la dilférence des timbres et la diversité des
inlonalions qui se propagent à la fois dans l'air
et qui aboutissent concurremment à l'oreille, don-
nent beaucoup de probabilité à l'existence de la
matière du son dans les corps. Malheureusement
Azaïs ajoute que « les divers sons produits en
« même temps se combinent, se séparent, don-
« nent par leur combinaison naissance à des
« sons nouveaux. Que pourrait-on entendre (dit-
« il) par des vibrations aériennes qui se com-
« bineraient, se séjiarerai'^nt, donneraient nais-
« sance à des vibiations nouvelles?» On ne sait
ce que c'est (ju'un son produit par d'autres sons
qui se combinent, se séparent, etc. ; il est vrai-
semblable qu'Azaïs entend par là les accords :
mais un accord n'est point un son; c'est une
réunion de sons entendus simnitané/nent.
Au reste, ce n'est pas là le plus curieux : le
voici. Selon la doctrine de la Vérité îini-
verselle, une force universelle d'expansion
produit une projection rayonnante de fluides
sonores, lumineux ou électriques en raison
de /a *!ature des corps. Tout corps de nature
et de dimensions quelconques est essenlielle-
ment, constamment pénétré de cette force, qui
travaille sans cesse à étendre indéliniment hors
de lui-môme toute sa substance. Cette extension
indélinie, dont l'effet inévitable, si elle ne ren-
contrait pas d'obstacles, serait la dissolution
rapide, instantanée, cette extension indéfinie est
modérée, retardée, balancée à l'égard de chaque
corps, par l'expansion également indéfinie de
tous les corps qui l'environnent. A l'égard du
lluide sonore , lorsqu'un corps est élastique,
c'est-à-dire lorsqu'il est constitué de manière à
pouvoir, sans se briser, réagir confie une per-
cussion accidentelle, il se presse d'abord sur
lui-même, il se condense au gré de cette per-
cussion dès le second instant; il se dilate
au degré même où il vient d'être condensé ;
par celle dilatation expansive, il agit sur le'^
corps environnants qui, par leur expansion
coalisée, lui ont donné sa densité habituelle; il
tend à les écarter ; mais ceux-ci, qui sont élasti-
ques comme lui, réagissent à leur tour contre sa
réaction, se condensent, provoquent de sa part
une dilatation nouvelle que suit une nouvelle
condensation.... En un mot, ce corps élastique
est soumis, par le seul acte d'une percussion
instantanée, à une vibration continue, c'est-à-
dire à une alternative de condensation et de di-
latation.
Les corollaires de cette théorie sont faciles à
uediiire; mais Azaïs a cru devoir leur donner
beaucoup d'extension dans les six lettres qu'il a
insérées sur le même sujet dans la Eevue musi-
cale. Une des choses les plus curieuses de ce.^
développements est l'idée de globules qui s'é-
chappent des corps sonores à chaque vibration
pour arriver jusqu'à l'oreille et se mettre on
équilibre avec les globules qu'elle-même exhale
lorsqu'elle vibre, il explique ensuite comment le»
rapports arithméitques des globules produits par
plusieurs sons donnent la sensation de consoii-
nance ou de dissonance. A toutes ces hypothèses
il ne manque que la démonstration; niais,à l'air
de conviction qui règne dans le langage d'Azaïs,
il est facile de voir (pie les démonstrations n'au-
raient rien ajouté aux clartés dont son esprit était
illuminé. Azaïs est mort à Paris , le 22 janvier
1845.
AZOPARDl ( Françoi») , maître de cha-
pelle à Malle, vers le milieu du dix-huitième
siècle, a éciit beaucoup de musique d'église,
mais il est plus connu par un traité de compo-
sition qu'il publia en 1760 sous ce litre : Il mu-
sico pratico. Framery en a donné une traduction
française intitulée : Le musicien pratique, ou
leçons qui conduisent les élèves dans l'art du
AZOPARDI — AZZOLINO
179
contrepoint, en leur enseignant la manière de
composer correctement toute espèce de musi-
que, Paris, Ledac, Il 9>6, deux volumes in-8°,
l'un de texte, l'autre d'exemples. C'est un ou-
vrage médiocre, où les exemples sont faiblement
conçus et mal écrits. Choron en a donné une
édition plus commode, dans laquelle il a inter-
calé les exemples au milieu du texte; Paris,
1824, un vol. in-4''.
AZPILÇUETA (Martin d'), surnommé
Aararnw, jurisconsulte fameux, prêtre et cha-
noine régulier de l'ordre de Saint-Augustin, de
la congrégation de Roncevaux , naquit à Vera-
soin , dans la Navarre, en 1491, et mourut à
Rome en 1586. Parmi ses nombreux écrits est
un traité De musica et canlu figurato , qu'on
trouve dans les deux éditions de ses œuvres im-
primées à Lyon, 1597, et Venise, 1602, six
vol. in-fol. On a aussi réimprimé à Rome , en
1783 , un petit ouvrage de sa composition inti-
tulé : li Siicnzio necessario nell' altare , net
coro ed altri luogfii,ove si cantànoi divini
ufjizii.
AZZARITI (...) , professeur de musique à
Naples, s'est fait connaître par un ouvrage inti-
tulé : Elementi pratici di musica, Naples,
Trani, 1819, in-8".
AZZIA (Alexandre d'), né à Naples, vers
1765, fut attaché en qualité de poète traducteur
de libretti au théâtre italien établi à Paris , en
l'an IX, par M"* Montansier. On a de lui : Sur
le rétablissement du théâtre Bouffon italien
à Paris, Paris, 1801, deux feuilles in-S". D'Azzia
est mort à Paris en 1804. C'est lui qui était allé
en Italie pour y rassembler la troupe qui produi-
sit une si vive sensation dans le MairimonioSe-
greto de Cimarosa : on y remarquait M"" Stri-
nasacchi, Nozzari et Raffanelli, alors le meilleur
bouffe de l'Italie.
AZZOLLXO BERNARDINO DELL A
CIAJA. Voyez CIAJA ( Azzolino-Bernaruiwo,
chevalier della).
t».
B
BAAKE (Ferdinand-Gottfried), pianiste et
compositeur, né le 15 avril 1800, àHendeieer, près
de Halberstadt, où son père était cantor el or-
ganiste. Il était âgé de dix ans lorsque sa mère
alla s'établir à Halberstadt, afin de procurer à
ses fils les moyens de recevoir une bonne instruc-
tion. Baake suivit les cours du gymnase, et
reçut ses premières leçons de musique de Samuel
Mùller, bon organiste de la catbédrale. Après la
mort de ce musicien , il a eu pour maîtres de
piano et de composition, Hummel et Fr. Schnei-
der. 11 a d'abord rempli les fonctions d'organiste
et de directeur du chœur à l'église principale de
Halberstadt ; puis il a occupé quelque temps une
place d'organiste à Wolfenbuttel. En 1836, il fut
appelé à Miilhausen pour y remplir les fonctions
d'organiste de l'église principale; mais il ne con-
serva celte position que pendant deux ans, ayant
été rappelé à Halberstadt pour y diriger la société
de chant.
On a publié de sa composition : 1° Six chansons
allemandes, op. 1 . Leipsick, Breilkopfet Hœrtel. —
2° Six polonaises pour le piano, op. 2. Ibid. —
3* I" Rondeau pour le piano mêlé d'un thème de
Chérubini, op. 3. Berlin, Trautwein. — 4° Grandes
variations sur un thème original, op. 4. Mayence,
Scliott. — 5" Sept chansons allemandes pour voix
desupiano.op. n. I5erlin, Trautwein. — 6° Grande
sonate pour le piano, op. 6. Lei psick, Br. et Hœrlel
— 1° Odéon , recueil de nouvelles compositions
pour le piano. 1*'' volume. Wolfenbiiltel, Hart-
man. 2* vol. Ibid.— 8" Variations et rondo sur l'air
allemand : ISoch einmal die schœne Gegend,
op. 9. Ibid. — 9° Amusement pour \e piano, op.
10. Ibid. — 10° Douze valses, op. Il, Leipsick,
Hofmeisler. — IT Sonatine, op. 12. Wolfenbuttel,
Hartmann 12" Prélude pour l'orgue. Erfurt,
Kœrner, in-4"' obi. — 13° Chants à quatre voix avec
3cc.de piano, op. 13. Halberstadt, Franfz. — 14"
Chœurs d'hommes à quatre voix, op. 16. Ibid. —
15° Salve Peginaki voix, avec orchestre. Baake
a publié contre le directeur de musique M. Wilke
(voyez ce nom) un écrit plein d'aigreur, sous ce
titre : Beschreibung der grossen Orgel der Ma-
rienkirchezu Wismar, so wie der grossen Or-gel
des Dômes und der St.-Marienkirche zii Hal-
berstadt. Ein Beitrag zur Beleuchtung and
Wilrdigung der eigenthUmlic/ioi Ansichten
und Gruudsaetze des Uerrn Musikdlncior
Wilke zu A'eu-Ruppin , in Bezug au/ die Or
gelbaukunst (Description du grand orgue de IMa-
rienkirclie à Wismar, ainsi que du grand orgue
de l'église Ste-Marie à Halberstadt. Essai pour lé-
claircissement el l'appréciation des connaissances
spéciales et des principes de M. le directeur da
musique Wilke deNeu-Ruppin,ence quiconcerno
l'art de la construction de l'orgue). Halberstadt,
Franiz, 1843, in-8°. Wilke ayant publié une bro-
chure en réponse aux attaques de Baake, celui-ci
lança contre lui un nouveau pamphlet, plus acerbe
encore, lequel a pour titre : Neuer Beitrag zur
Beleuchtung und Wilrdigung der Parihei-
lichkeit , Inconsequenz und Ignoranz des
Herrn Musikrector Wilke in Beziehung au/
die Orgelbaukunst, etc. (Nouvel essai pour l'é-
claircissement et rappréciation de la partialité, de
l'inconséquence et do l'ignorance de M. le direc-
teur de musique Wilke en ce qui concerne la
facture de l'orgue, etc.; ibid., 1845, gr. in-8".
BABAN (Gkatien), compositeur espagnol, et
maître de chapelle à Valence dans les années 1G50
à 1665, a joui d'une grande renommée parmi les
maîtres de son temps. Il écrivait habituellement
ses messes et ses motets à plusieurs chœurs.
Quelques-uns de ses ouvrages se trouvent en ma-
nuscrit dans les archives de l'église métropoli-
taine de Valence.
BABBI (Chkistophe), maître des concerts de
l'Électeur de Saxe, naquit à Césène en 1748. Il
étudia le violon sous Paul Alberghi, élève de Tar-
tini ; ce fut en 1790 qu'il entra au service de l'É-
lecteur. Il a composé des concertos pour le violon,
des .symphonies pour l'église et la chambre, des
quatuors, des duos pour la flûte, et une cantate
pour le clavecin, publiée à Dresde en 1789.
BABBI ( Gregohio), né aussi à Césène, était,
vers 1740, un des premiers ténors de l'Italie.
En 1755, il fut engagé pour le théâtre de Lisbonne
el il lui fut payé pour deux années d'appointe-
ments 24,000 crusades (132,000 francs.) Retiré
dans sa ville natale en 1777, il y est mort dans un
âge avancé. Babbi excellait dans le chant ex-
pressif.
BABBINI (Matteo), un des plus célèbres
ténors de l'Italie, naquit à Bologne en 1754 Des-
tiné par ses [larenls à l'exercice de la médecine et
de la chirurgie, il fréquenta les cours de ces
sciences, jusqu'à ce que la mort de ses parents
180
BABBmi — BACCHINI
181
Peut laissé sans ressources. Alors il dut renoncer
à la continuation de ses études scientifiques , et
chercher un asile chez une lante mariée à Cortoni,
professeur de chant de quelque mérite. Elle le re-
cueillit chez elle et eut pour lui les soins d'une
mère. Cortoni ayant remarqué les heureuses dis-
positions de Babbini pour la musique, particuliè-
rement pour le chant , lui donna des leçons, cor-
rigea les défauts de son organe et en développa
les qualités. Quelques années d'études sérieuses
lui tirent acquérir tout ce qui constitue un grand
chanteur et un mu'iicien instruit. Son éducation
vocale terminée, il embrassa lacarrière du théâtre.
Ses débuts furent si brillants, que le roi de Prusse
Frédéric II le fit engager immédiatement après
pour le théâtre de sa cour. Après un séjour d'une
année à Berlin, Babbini partit pour la Russie,
où l'impératrice Catherine II l'attacha à son ser-
vice. En 1785, il se rendit à Vienne et y fit ad-
mirer l'excellence de sa méthode. Appelé ensuite
à Londres, il s'y rendit en [jassant [lar Paris, où
il eut l'honneur de chanter un duo avec la reine
Marie- Antoinette. De retour en Italie , il brilla à
Venise, en 1789, dans les Horaces, deCimarosa;
puis il fut engagé au théâtre de Turin. En 1792,
le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, l'appela
de nouveau à Berlin, où il .se fit admirer dans
l'opéra sérieux II Dario. Pendant les dix années
suivantes, Babbini chanta avec de brillants succès
sur les principaux théâtres de l'Italie; puis il re-
tourna à Bologne, où il se fit entendre, pendant
le carnaval de 1802, dans l'opéra de Nicolini /
Mania, et dans les Misteri Eleusini, de Mayer,
quoiqu'il eût alors près de cinquante ans. Peu de
temps après, il se retira du théâtre et se fixa à Bo-
logne, où il vécut environné de l'estime générale,
faisant un noble usage des richesses qu'il avait
acquises par son talent, et partageant ses loisirs
entre la culture des arts et la société de quelques
amis. Il mourut à Bologne le 21 septembre 1816,
à l'âge de soixante-deux ans. Le docteur Pierre
Brighenti, ami de cet artiste, a publié : Elogio
di Matteo Babbini. Bologne, 1822, in-S".
BABELL (William), fils d'un musicien qui
jouait du basson au théâtre de Drury-Lane, naquit
vers 1690. 11 reçut les premières leçons de mu-
sique de son père, et devint ensuite élève de Haen-
del. Mattheson assure qu'il surpassa son maître
comme organiste. Son mérite le fit nommer or-
ganiste de l'église de All-Hallows (Bread- Street),
et musicien ()articulier de Georges \". Son pre-
. mier essai dans l'art d'écrire consista en leçons
de clavecin sur les airs de Pyrrhus et de quel-
ques autres opéras de Haendel. Les pièces de cla-
vecin qu'il fit sur les airs du Rinaldo sont excel-
lentes, et si difficiles, que peu de personnes ont
pu les jouer après lui. Ses autres compositions
consistent en : 1° Douze solos pour violon ou
hautbois. — "i." Douze solos pour flûte allemande
ou hautbois, op. 2. — 3° 6 Concertos pour des
petites Jlùtes et des violons. Babell mourut
jeune, en 1722, ayant beaucoup abrégé ses jours
par son intempérance.
BABIXIGG (Antoine), ténor quia joui d'une
brillante réputation en Allemagne, est né à Vienne
le 10 novembre 1794. Il a reçu son instruction
musicale dans l'école de Vienne; malheureusement
ce fut dans un temps où l'art du chant était en-
seigné en Allemagne d'une manière fort impar-
faite, et lorsque les habiles chanteurs de l'Italie
ne s'étaient point encore fait entendre dans la ca-
pitale de l'Autriche. De là vient que Babnigg s'est
toujours fait remarquer par la singulière beauté de
sa voix, plutôt que par la pureté de sa méthode
et de sa vocalisation. Il commença sa carrière
dramatique à Vienne, puis chanta à Linz, Graetz,
Prague, et plusieurs autres villes de l'Autriche.
Partout il eut de brillants succès, à cause du
charme de sa voix, et bien qu'il fût acteur mé-
diocre. Après quelques voyages à l'étranger, il
accepta un engagement pour le théâtre royal de
Dresde, en 182C, et s'y fit applaudir avec trans-
ports pendant quelques années; mais, vers 1830,
l'altération de son organe vocal devint sensible.
Il chanta cependant encore jusqu'en 1836, puis il
partit pour la Pologne et la Russie, où il demeura
pendant les années 1837 et 1838. De retour à
Dresde, il reprit son service au théâtre royal;
mais il se retira définitivement en 1842. Sa fille,
Mlle Emma Babnigg, a chanté avec quelque
succès à Dresde, Leipsick, Hambourg, Paris et
Cologne. En 1849 , elle retourna de nouveau à
Hambourg, et y prit un engagement pour le Ihéûtro
de cette ville.
Une sonate à quatre mains pour le piano a été
gravée à Vienne sous le nom de Babnigg.
BACCELLI (Dominique), musicien italien,
vint en France au mois de juillet 1766, avec sa
femme qui venait d'être engagée par Colalto pour
jouer les premières amoureuses à la comédie ita-
lienne. En 1770 , il écrivit la musique d'un opéra
comiquede Cailhava, intitulé le Nouveau Marié,
ou les Importuns. Cette musique fut goûtée.
En 1779, les pièces italiennes ayant été aban-
données, Baccelli retourna en Italie avec sa
femme : on ignore ce qu'il est devenu depuis ce
temps.
BACCHIIM (GiSLAMERio), compositeur ila-
lien du dix-septième siècle , n'est connu que par
un recueil de messes inlUulé: Il primo libro délie
messe a tre , quattro, e nove voci concertait,
Venise, Ale\andre Vincenti, 1627, in-é".
182
BACCHINI — BACCHIUS
BACCHIIVI (Benoît), savant littérateur et
religieux bénédictin, naquit à San-Domino, dans
l'État de Parme, le 31 août 1651. 11 fit ses études
à Parme, et entra dans l'ordre de St- Benoît
en 1668. Ayant été nommé secrétaire de l'abbé de
St-Benoît, à Ferrare, il alla successivement avec
cet abbé à Venise, à Plaisance et à Pavie. De re-
tour à Parme, il se livra avec ardeur à des études
sérieuses, et apprit le grec et l'bébreu. Ce fut peu
de temps après qu'il commença la publication du
journal connu sous le nom de Giornale de' Let-
terati d'italia. 11 mourut à Bologne le 1*"" sep-
tembre 1721, âgé de soixante-dix ans. Il était de
presque toutes les académies d'Italie, et prenait
dans celle des Arcades le nom A^Ereno Panor-
mio. On trouve sa Vie, écrite par lui-même, en
latin, tome 34 du Giornale rfe* Let terati, Sia-
née 1723. Parmi ses nombreux ouvrages, on re-
marque le suivant : Sistrorum figurïs ac diffe-
rentia... ob sistri romani effigiem communi-
catam Dissertatio, Bologne, 1691, in-4". Cette
dissertation ne fut tirée qu'à cinquante exemplai-
res, et l'auteur en envoya un à Jacques Tollius,
qui la fit réimprimer à Utreclit, en 1696, in-4",
avec des notes et une petite dissertation sur le
même sujet. Le titre de cette seconde édition est :
De sistris , eorumque figuris ac differentïa.
Forkel dit (Allgemeinc Litleratur der Musik,
p. 86 ) que la dissertation de Baccliini fut d'abord
écrite en italien, et que Tollius la traduisit en
latin. Elle a été insérée par Grœvius dans son
Thésaurus aniiquitatum romanarum, t. 6,
p. 407, et par Ugolini dans le Thésaurus anii-
quitatum sacrarum , t. 32. Le travail de Bac-
cliini laisse beaucoup à désirer, même sous le rap-
port de l'érudition. Quant à la partie musicale,
tout y est superficiel : l'auteur n'y entendait
rien.
BACCHIUS, surnommé le Vieux, écrivain
grec, auteur d'un traité de musique. On ignore
quel fut le lieu de sa naissance et en quel temps
il vécut; on sait seulement qu'il écrivit posté-
rieurement à Nicomaque ; car il le nomme, ainsi
que Didyme, dans sa définition du rliytbme.
L'ouvrage de Baccliius est un dialogue sur la
musique, intitulé ElffayoïyTl nept [xovxrtxïi; (Intro-
duction à la musique). C'est une sorte de ma-
nuel, par interrogations et réponses, qui semble
avoir été destiné à des écoles publiques. De tous
les livres sur la musique que les Grecs nous ont
laissés, celui-ci est le moins prétentieusement .sa-
vant, et c'est le seul qu'on puisse considérer
comme un traité de musique pratique. Les ques-
tions sont posées avec netteté, et les réponses
sont en général courtes et précises.
On trouve l'ouvrage de Baccliius en manus-
crit dans presque toutes les grandes bibliothèques
de l'Europa : dans la Bibliothèque impériale de
Paris il y en a cinq sous les numéros 2456, 2458,
2460, in-fol., 2532, in-4% 3027, in-fol. Le texte
de Baccliius fut publié pour la première lois par
le P. Mersenne, dans ses Quassliones celeber-
rimse in Genesim (Paris, 1623, in-fol.), où l'on
est fort étonné de le trouver. Dans la môme an-
née, F. Morel, célèbre imprimeur de Paris, en
donna une version latine en un petit volume
in-S", qui est devenu fort rare. On trouve une
fort mauvaise traduction française du même ou-
vrage dans le Traité de l' Hannonie universelle
que Mersenne a publié à Paris, en 1627 (1 vol.
in-8°), sous le pseudonyme du sieur de Sermes.
Meibomius a inséré le texte de Baccliius dans sa
collection des écrivains grecs sur la musique
{Antiquse musicx auctores scptem. Amstelo-
dami, 1652, in-4o, 2 vol.), et l'a accompagné
d'une nouvelle version latine et de notes. Dans
la préface qu'il a mise en tête de cet ouvrage de
Baccliius, il parle d'un manuscrit de Scaligerqui
contenait un fragment de cet auteur, considéré
par lui comme inédit, et qu'il promettait de pu-
blier avec un traité ou plutôt dans deux traités
composés par deux auteurs anonymes, suivant
la remarque des M. A. J. H. Vincent (voy. l'ou-
vrage cité plus bas). Remarquons en passant
qu'il était assez singulier que Meibomius eût re-
mis à un autre temps la [lublication de ce qu'il
considérait comme la seconde partie de l'ouvrage
dont il donnait alors la première ; car ce qu'il
appelait un fragment est en réalité un travail
complet. Au surplus, Meibomius n'a pas tenu sa
parole; l'ouvrage de Baccliius n'a pas été mis
au jour, et il en a été de même des traités ano-
nymes. Depuis l'époque où le savant critique
écrivait, le manuscrit de Scaliger avait passé
dans la célèbre Ifibliotlièque de Meermann , et il
était resté ignoré de tout le monde pendant
cent soixante-dix ans, lorsqu'en 1824 cette bi-
bliothèque fut mise en vente publique: l'acqui-
sition du manuscrit grec fut faite par un An-
glais; on ne sait ce qu'il est devenu depuis ce
temps.
Heureusement, parmi les manuscrits de la Bi-
bliothèque impériale de Paris qui contiennent le
traité de musi(iue de Bacchius, il en est cinq, cotés
2458, 2460,2532, 3027 et 173 du fonds de Coislin,
qui renferment cette seconde partie, ou plutôt cet
autre ouvrage, dont la forme est absolument dif-
férente de la forme du premier. M. Frédéric Bel-
lermann, savant professeur deBerIin,en a trouvé
deux autres à Naples, et en a publié le texte,
d'après ces sources, à la suite de celui du traité
de musique anonyme dont il vient d'être parlé.
BACCHIUS — BACCUSI
183
dans le volume qui a poiirtilie : Anonyml Scrip-
tio de Musica. Bacchn senioris Introductio
artis musiae. E cod'icibus,e[G. Berolini, 1841,
in- 4". (Voyez Bellermann). L'ouvrage de Bac-
cliiusa pour titre : ElaaywYr; té/vyi; [xoyCTt:cri; Bax-
Xeiov) ToO Y£povTo; (Introduction à l'art musical , par
Bacchius l'Ancien). L'auteur y établit, contre la
doctrine des aristoxéniens, que les sens sont im-
puissants à nous donner la connaissance exacte
des choses, et, en particulier, que l'audition est
insuffisante pour juger des rapports des sons.
M. Bellerraann remarque (page 101) que les vingt
premiers paragraphes de ce petit écrit sont
contenus dans le sixième chapitre du deuxième
livre des Harmoniques de Manuel Bryenne. M. A.
J. H.Vincent en adonné unetraductiou française
dans son beau travail sur quelques manuscrits
grecs relatifs à la nmsique, qui remplit toute la
deuxième partie des Notices et extraits des
manuscrits de la bibliothèque du Roi et au-
tres bibliothèques, publiés par l'Institut royal
de France. Paris, Imprimerie royale, 1847.
Je ne terminerai pas cet article sans faire re-
marquer qu'il était peu exact de dire, comme
Meibomius, que cette seconde partie était abso-
lument inédite, car la mauvaise traduction fran-
çaise de Mersenne a le mérite d'être complète. Il
est vraisemblable que ce moine a eu connais-
sance du manuscrit d'où il a tiré le second traité
de Bacchius, postérieurement à la publication du
texte grec qu'il a faite dans ses Questions sur la
Genèse. Personne n'a remarqué cette différence
entre la traduction de Mersenne et le texte publié
par Meibomius; La Borde seul a eu connaissance
de celte traduction.
BACCHYLIDES, poëte et musicien grec,
né à Joulis dans l'île de Céos, vécut à la cour
d'Hiéron, tyran de Syracuse, environ 470 ans
avant J.-C. Neveu, par sa mère, du poëte chan-
teur Simonide, il fut oncle d'Eschyle. L'anti-
quité fut partagée sur le mérite des poésies de
Bacchylides ; quelques-uns les préféraient à celles
de Pindare; mais Longin les considère comme
inférieures à celles-ci. 11 n'en reste aujourd'hui
que quelques fragments, dont le plus considéra-
ble est un beau Pœan adressé à la paix, qui nous
a été conservé par Stobée. Comme musicien,
Bacchylides s'est distingué par la création de
chants dans des rhytbmes nouveaux et variés,
particulièrement dans les chants de danses et
dans les hymnes. Les fragments connus de ses
poésies ont été réunis par M. Christian-Frédéric
Neue, qui les a accompagnés d'une version la-
tine et d'un savant commentaire, dans la mono-
graphie qui a pour titre : Bacchylidis Cet frag-
menta, Berlin, 1822, in 8° de 76 pages.
BACGI (DOMINIQUE), mort le 27 janvier 1549,
à Crémone, sa |)alrie, fut l'un des ])lus grands
chanteurs de son siècle. Louis Cavitelli, cité par
Arisi(Cremon. Lelter., t. II, p. 451), dit de lui :
Dominicus Baccus, quo aller non fuit prx-
stantior ciere viras , turbamque accendere
cantu, et ad magts graphice scribendum,
obiit, etc.
BACCI( PIERRE-JACQUES), né à Pérouse, vers
le milieu du dix-septième siècle, a composé la
musique d'un opéra intitulé Abigail, représenté
à. Città délia Pieve, en 1691. Le style de Bacci
a de l'élégance, pour le temps où il écrivait. On
trouve dans VAbigail un air (Pensa a quesf
ora), qui est d'une remarquable beauté.
BACCILIERI (JEAN), ecclésiastique, né à
Ferrare , vécut dans la seconde moitié du sei-
zième siècle, et au commencement du dix-sep-
tième. On a imprimé de sa composition : 1° La-
mentationes,Benedictuset Evangel. Dom. Pal-
marum et Fer. II, qicinque vocum , op. 1. Ve-
neliis, 1607, in fol. — 2° Vespri a otto voci, op.
2. Venezia, app. Angelo Gardano, IGIO, in-4''. —
3" Totumdefunctorumofficium,quinque voci-
bus. op. 3. Venetiis apud Bartbol. Magni, 1619,
in-4o.
BACCINELLI (jean-baptiste), né à Sienne,
dans la seconde moitié du seizième siècle, a fait
imprimer de sa composition : Sacrse cantiones
duobus, tribus et quatuor vocibus l\b. I. Ve-
nise, Vincentini, 1616, in-4''.
BACCIOIVI (JOSEPH), l'un des huit membres
ordinaires de la section musicale, dans la classe
des beaux-arts de la société italienne des scien-
ces, du royaume d'Italie sous Napoléon 1, belles-
lettres et arts, et l'un des maîtres de chapelle
du collège des professeurs de musique de Flo-
rence, naquit dans cette ville en 1763.11 a beau-
coup travaillé pour l'église, et ses compositions
sont estimées ; elles sont restées manuscrites,
suivant l'usage d'Italie. En 1807, il a publié à
Florence un Traité de Vart du chant, qui a
eu beaucoup de succès
BACCUSI (nipPOLYTE), moine italien du
16" siècle, fut maître de chapelle de la cathé-
drale de Vérone, vers 1590. Cerreto assure
qu'il composait déjà en 1550. Je crois que c'est
une erreur. Baccusi fut un des premiers musi-
ciens qui, pour soutenir les voix dans la musique
d'église, y joignirent des instruments qui jouaient
à l'unisson des voix. Les ouvrages dans lesquels
il a introduit celte nouveauté sont intitulés :
1" Hippolyti Baccusii, eccl.cath. Veronse mu-
sica; magistri, missx très, tumviva voce, tum
omni instrumentorum génère cantatu acco-
' modatissimx , cum octo vocibus. Vend, ap-
s 84
BACCUSI — BACH
Ricciarchim Amadimnn, 1596. — 2» Hïppol.
Baccusii, eccl. calh. Veronœ musicesprsefecll,
Psalmi omnes qui a S. Rom. ecclesia in so-
lemnitatibus ad vesperas decantari soient
cian duobus Magnificat, tum viva voce, tum
omni instrumentorum génère cantalu acco-
viodattssïmi, cum octo vocibus, mine prinmm
in lucem editi. Venet., ap. Ricciard. Amadi-
num, 1597. Les autres productions de Baccusi,
sont : l" Madrigali a set voci, lib. I et II, Ve-
nise, 1C04 (ce sont des réirapressions); lib. III.
Jbid., 1579, in-4o;Iib. IV, 1587.— 2o Madrigali
a tre voci,\ih. I, Venise, 1594; lib. II, ibid.,
1597. — 30 Motetti a cinque, sei e otto voci,
ibid., 1585, in-4'' : la première édilion de ces
motets a paru à Venise, chez les héritiers de
Fr. Rampazetti, en 1579, in-4''. Il y en a une
troisième édition publiée dans la même ville,
chez Vincenti, en 1608, in-4o. Ce recueil con-
tient trente motets. — 4o Messe a quattro voci,
ibid., 1587. — 5" Messea cinque, sei e otto voci,
■ibid., 1589. — 60 Missarumquinque et novem
vocum liber qiiartus. Venetiis, Gardano, 1593,
in-40. — losalmi spczzati a quattro voci, ibid.,
] 594. — 8"^ Salmi a cinque voci, ibid., 1602. Le
P. Martini cite un recueil de motets {Saggio fon-
dant, prat. di contrap., p. 74, t. 2), dédiés à
Palestrina, par plusieurs contrapuntistes, au nom-
bre desquels se trouve Baccusi ; ce recueil a été
publié, en t592. Luckner a aussi donné quelques
morceaux de ce musicien dans ses Mutelx sacrse,
qui ont paru en 1590. Enfin on connaît encore de
Baccusi : RcguLv spiritualis melodix, seu Liber
spirituaimm cantionum, Anxevs, 1617. Je crois
quec'est une deuxième édition. Stanze delV Âri-
osto e Tassoairevoci. Venezia,Ricc. Amadino,
1597, in-4°. On trouve quelques pièces de Baccusi
dans le recueil publié par André Pevernage, sous
le titre de Haruionia céleste di diversi eccel-
lenlissimi musici (Anvers, Pierre Phalèse,
1593, in.4o, obi.), dans la Sgmphonia Angelica,
collection publiée par Hubert Waelrant (Anvers,
Pierre Phalèse et Jean Bellere, 1594, in-4'',obl.),
dans la Melodia Olympica, recueillie par Pierre
Phillips, musicien anglais (Anvers, mêmes édi-
teurs et même année), dans 11 Trionjo di Dort,
recueil de Madrigaux publié à Venise, par Gar-
dane, en 1592, et à Anvers, par Phalèse, en 1596,
danslei'a/flrfjso musicale di madrigali e can-
soni a cinque voci (Anvers, Pierre Phalèse,
1596, in-4°), et dans plusieurs autres recueils
du même genre.
BACFARTjOuBACFARRE (Valentin),
lulhiste du seizième siècle, dont le nom vérita-
ble était Grœw, naquit en 1515 dans la Transyl-
vanie. Il paraît que son talent sur le luth fut
admiré de ses contemporains, suivant une ins-
cription placée sur son tombeau, et qu'il fut at-
taché au service de Sigismond-Auguste, roi de
Pologne, après avoir voyagé en France, en Alle-
magne, et avoir passé quelque temps à la cour
de l'empereur Ferdinand. Vers 1570 on le re-
trouve à Vienne, au service de Maximilien II.
Dans un voyage qu'il lit en Italie, il mourut à
Padoue le 13 août 1576, à l'âge de soixante et
un ans. Il lut inhumé dans l'église Saint-Lau-
rent, où se trouve l'inscription dont il vient d'être
parlé. On doit ces renseignements à Jean Tœpeit
qui, dans son livre des origines Transylvanien-
nes (Origines Transylv., cap. III), s'exprime
ainsi : Patavii ad S. Laurentium sequens in-
scriptio legitur, qiiam fere extinctam ego lé-
gère non potui : Valentino Graevio, alias Bac-
fart, e Transylvania Saxonum Germanix
colonia oriundo, quem fidibiis novo plana et
inusitato artificio canentem, audiens œtas
nostra ut altcrum Orpheum adniirata obslii-
puit- Obiit anno MDLXWl, ibid. Aug. Vixit
A. LXI. Natio Germanica unanimis et test,
exec. P. — Il est fâcheux que le mauvais état
de l'inscription n'ait pas permis de lire le reste;
on y aurait trouvé vraiseuiblahlement d'autres
lenseignements intéressants concernant cet ar-
tiste. Dacfart a fait imprimer une collection de
pièces pour le luth, qui a paru sous ce titre :
Premier livre de tabelature de luth, conte-
nant plusieurs fantaisies, motets, chansons
françaises, et madrigals. Paris, par Adrian Le
Roy et Robert Ballard, 1564,in-4o, obi. Sonoii-
vrage le plus important est celui qui a pour titre .
Harmonix musicœ in usum Testudinis . La
première partie a été publiée à Cracovie, en
1565, in-fol. La deuxième partie a paru dans la
môme ville en 1568.
BACFART (Jean), célèbre joueur de luth,
naquit en Hongrie, à la (in du seizième siècle.
Besard a inséré quelques pièces de sa composi-
tion dans son Thésaurus harmonicus , publié
en 1603. Les événements de la vie de cet artiste
sont inconnus.
BACH, nom d'une famille illustre dans l'his-
toire de la musique, de laquelle sont sortis, pen-
dant près de deux cents ans, une foule d'artistes
de premier ordre. Il n'y a point d'autre exemple
d'une réunion de facultés aussi remarquables
dans une seule famille. Le chef de celle-ci ,
nommé Veit Bach, fut d'abord boulangera Pres-
bourg. Forcé de sortir de cette ville, vers le mi-
lieu du seizième siècle , à cause de la religion
protestante qu'il professait, il se retira dans un vil-
lage de Saxe-Gotha, appelé Wechmar, et s'y fit
meunier. Là il se délassait de ses travaux en
BACH
185
chantant et s'acconipagnant avec une guitare. Il
avait deux (ils, auxquels il communiqua son goût
pour la musique , et qui commencèrent cette
suite non interrompue de musiciens du même
nom qui inondèrent la Tliuringe, la Saxe et la
Franconie , pendant près de deux siècles. Tous
furent ou chantres de paroisses, ou organistes,
ou ce qu'on appelle en Allemagne musiciens de
ville. Lorsque, devenus trop nombreux pour
\ivre rapprochés , les membres de cette famille
se furent dispersés dans les contrées dont je viens
de parler, ils convinrent de se réunir une fois
chaque année, à jour fixe , afin de conserver en-
tre eux une sorte de lien patriarcal ; les lieux
choisis pour ses réunions furent Erfurt, Eisenach
ou Arnstadt. Cet usage se perpétua jusque vers
le milieu du dix-huitième siècle, et plusieurs fois
l'on vil jusqu'à cent vingt personnes, hommes,
femmes et enfants, du nom de Bach, réunis au
même endroit. Leurs divertissements , pendant
tout le temps que durait leur réunion , consis-
taient uniquement en exercices de musique. Ils
débutaient par un hymne religieux chaulé en
chœur, après quoi ils prenaient pour thèmes des
chansons populaires , comiques ou libres , et les
variaient en improvisant, à quatre, cinq et six
parties. Ils donnaient à ces improvisations le
nom de Quolibets. Plusieurs personnes les ont
considérées comme l'originedesopérasalleniands;
mais les quolibets sont beaucoup plus anciens que
la première réunion des Bach ; car le Dr Forkelen
possédait une collection imprimée à Vienne, en
1542. Un autre trait caractéristique de cette fa-
mille remarquable est l'usage qui s'y était intro-
duit de rassembler en collection les compositions
de chacun de ses membres ; cela s'appelait les
Archives des Bach. Charles-Philippe-Emmanuel
Bach possédait une partie de cette intéressante
collection vers la fin du dix-huitième siècle. On
trouve une généalogie complète des Bach dans
l'ouvrage de Korabinsky intitulé : Beschreibiing
der Kœnigl. Ungarischen Haupt-Frey-%ind
Krœnungstadl Presburg. ( Description de
l'resbourg, capitale de la Hongrie), t. I, p. 3.
L'arbre généalogique de cette famille a été aussi
publié dans le n° 12 de la Gazette musicale
de Leipsick, année 1823.
B.\Cil (uANs), fils aîné de Veit Bach, fut
boulanger, puis musicien de la chapelle du duc
de Gollia. Charles-Philippe-Emmanuel Bach pos-
sédait son portrait dessiné en 1C17 (Voy. le
catalogue de son cabinet, intitulé : Verzeichniss
des musikalischen Nachlasses des verslor-
benen Capellmeislers C. Ph. Emman. Bach,
Hambourg, 1790, p. 90). Ce portrait fut vendu
a marcs. Hans Bach mourut en 1G26, laissant
trois fils, Jean, Christophe et Henri , qui furent
des musiciens habiles. On ignore quels furent
les prénoms des enfants et les fonctions du se-
cond fils de Veit Bach , dontle nom était Jean,
et qui fut fabricant de tapis.
BACIl (je\n), fils aîné de Hans Bach de
Wechmar, naquit dans ce lieu en 1604. Après
avoir terminé ses études musicales sous la direc-
tion de son père, il fut appelé à Erfurt, où il fut
employé comme musicien du conseil et organiste
de l'église paroissiale. En 1664, il quitta Erfiirt
pour aller s'établir à Gotha. Quelques composi-
tions qu'il a laissées en manuscrit donnent une
haute idée de son mérite. Il eut trois fils nom-
més Jean-Chrétien , Jean-Égide et Jean-Nicolas,
qui furent aussi des musiciens distingués. Jean
Bach mourut en 1673, à l'âge de soixante-neuf
ans.
BACH (CHRISTOPHE) , deuxième fils de Ilans
Bach de Wechmar, naquit en ce lieu en 1613.
Ainsi que son frère aîné , il reçut de son père
toute son instruction musicale; ses études ter-
minées, il alla se fixer à Eisenach, où il ob-
tint l'emploi de musicien de cour et de ville.
Organiste distingué , il a laissé quelques pièces
pour l'orgue qui existaient dans les archives des
Bach. Il mourut en 1661, laissant trois fils,
nommés Georges-Christophe, Jean-Ambroise et
Jean-Christophe.
BACH (uENRi) , troisième fils de Jean Bach
de Wechmar, et petit-fils de Weit Bach, naquit
à Wechmar, le 16 septembre 1615. Son père
lui enseigna les premiers principes de la musi-
que et l'envoya ensuite compléter son instruc-
tion à Erfurt, chez son oncle Jean Bach l'aîné.
En 1641, il fut nommé organiste à l'église d'Arns-
(adt. LecomtedeSchwarzbourgArnstadt, charmé
des talents du jeune Bach , l'envoya en Italie
pour qu'il s'y perfectionnât , et se chargea de la
dépense. Après avoir passé deux ans dans cette
contrée , il revint à Arnstadt , où il reprit sa
place d'organiste, qu'il occupa pendant cinquante
ans. Il eut le plaisir de voir, avant de mourir,
ses deux fils aînés (Jean-Christophe et Jean-
Michel), plusieurs petits-fils, et vingt-huit ar-
rière-petits fils , cultivant tous la musique avec
plus ou moins de succès. Son troisième fils,
Jean-Gùnther, mort sans enfants, n'a laissé au-
cun souvenir comme artiste. Henri Bach mourut
à Arnstadt, le 16 juillet 1692, âgé de soixante-
dix-sept ans. Les compositions de ce musicien
consistent en pièces d'orgueeten musi()ue simple
pour des cantiques ; elles sont restées en ma-
nuscrit.
BACH (jE\N-ÉGmE), deuxième fils de Jean
Bach d'Erfurt, né en 1645, succéda , eu qua-
186
BACH
Jité de musicien du sénat d'Eifmt, à son père,
Jorsque celui-ci alla s'établir à Gotha. Il devint
aussi par la suite organiste de l'église de Saini-
Micliel, et mourut en 1717. Il a laissé quel-
ques compositions pour l'église, conservées dans
les archives des Bach, entre autres le motet à
neuf voix en deux chœurs : Unser Leben ist ein
Schatten, de, écrilen 10;)6.(Foj/. leCataloguede
la Bibliothèque de Ch. Ph. Em. Bach, p. 85).
Le (ils aîné de Jean-Egide Bach, nommé Jean-
Chrhiian, lequel était né en 1640, et mourut
en 1082, et leplus jeune (ilsdu même Jean-Egide
Bachd'Erfiirt, nommé Jean-Nicolas, né en 1653,
mort en 1682, furent tous deux musiciens de
chapelle, mais ne s'élevèrent pas au-dessus de la
médiocrité. La postérité de Jean-Christian ne
sortit pas de l'obscurité, et Jean-JNicolas n'eut
qu'un fils , du môme nom que lui , né en 1682,
et qui mourut sans enfants.
BAClI ( GEORGES-CHRISTOPHE) , fds aîué dc
Christophe, et pelit-fils de HansBach, naciuil à
Eisenach en 1641. Ses études terminées, il ob-
tint la place de chantre et de compositeur à
Scinveinfurt. Les archives des Bach conliennent
un motet allemand de sa composition, écrit en
1C89 sur le texte : Sïehe, wie fein und lie-
blich, etc., pour deux ténors et basse, avec ac-
compagnement d'un violon, trois basses de viole
et basse. ( Voy. le Catalogue de la Bibliothèque
de Ch. Ph. Em. Bach, page 85.) Il mourut en
1697, laissant trois fils, Jean-Valentin, Jean-
Chrélien et Jean-Georges, qui, comme artistes,
ne paraissent pas s'être élevés au-dessus de la
médiocrité.
BACH (jean-christophe), fils aîné de Henri,
fut un des plus grands musiciens que l'Allema-
gne ait produits. Il naquit à Arnstadt en 1643.
Si l'on sen rapporte à l'oraison funèbre que
J.-G. Olearius fit de Henri Bach, il paraît qu'il
fut le seul maître de ses fils pour tout ce qui con-
cerne la musique. Au reste, Jean-Christophe étu-
dia les principes de son art avec la plus constante
application jusqu'à l'âge de vingt-deux ans, et
développa ses heureuses facultés par le travail le
plus obstiné. En 1665, il fut appelé à Eisenach
pour y occuper la place d'organiste de la cour et
de la ville. lien remplit les fonctions jusqu'à sa
mort, qui eut lieu le 31 mars 1703, c'est-à-dire
pendant trente-huit ans. Dans cet intervalle il
lit de bons musiciens de ses trois fils, Jean-Nico-
las, Jean-Christophe, qui donna des leçons de
musique à Erfûrt, à Hambourg, à Rotterdam et en-
fin en Angleterre vers 1732, et Jean-Frédéric, qui
mourut en 1731, àMiillhause,oii il était organiste
de l'église de Saint-Biaise. Il eut aussi un qua-
trième filsnomméJean-Michel, qui mourut jeune.
Les ouvrages de Jean-Christophe Bach indi-
quent dans leur auteur un talent de premier or-
dre. Original dans ses mélodies, énergique et pé-
nétrant par son harmonie, il est surtout remar-
quable dans ses compositions vocales. Les
archives des Bach contiennent un chant de noces
à douze voix, qu'il a écrit sur ses paroles : Es
erhub sich ein Slreit; c'est un morceau de la
plus grande beauté ; on n'y aperçoit pas l'em-
barras qui semble devoir résulter d'un si grand
nombre de voix. Un autre motet, écrit on 1684,
contient aussi des effets neufs qui lui appartien-
nent. Reicliardt vit à Hambourg un morceau de
musique d'église à cinq voix, de Jean-Christophe
Bach, daté de 1676 : il n'en parlait qu'avec ad-
miration. Les autres ouvrages qu'on cite de ce
musicien remarquable sont : 1" Un motet à vingt-
deux voix pour la fête de Saint-Michel. — 2° Un
motet à huit voix en deux chœurs, écrit en 1672.
(Lieber Herr Goit, u^ecke uns avf), qui se trouve
en manuscrit à la Bibliothèque royale de Berlin.
On trouve aussi dans la même bibliothèque :
3" Le motet à quatre voix Ich lasse dich nicht. —
4" Le motet à huit voix Unsres Herzens Freude
hat ein Ende. — 5° Le motet à huit voix Herr
mm lassest du deinen Diener. — 6° Le motet à
cinq voix, avec basse continue, Der Gereichte
Obergleich. — 7° Une sarabande pour clavecin,
avec douze variations. — Enfin on connaitaussi de
se compositeur : 8° Un motet à quatre voix, com-
posé en 1691. — 9° Un autre motet à quatre voix.
— 10° Un solo d'alto, avec accompagnement d'un
violon , basses de viole et basse continue. Le
chant de noces à douze voix , et le chant à
vingt-deux voix, dont il est parlé ci-dessus, étaient
dans la collection de Ch. Ph. Em. Bach. {Voy.
le catalogue de sa bibliothèque, page 84.)
Comme organiste, Jean-Chrislophe Bach était
au rang des plus habiles. Ses doigts et sa tête
avaient une si grande facilité à traiter l'harmo-
nie pleine, qu'il ne jouait guère qu'à cinq parties
réelles. Forkel (dans la vie de J.-S. Bach) dit
qu'il a vu à Hambourg des pièces d'orgue de Jean-
Christophe qui lui ont paru être des modèles de
style et de force harmonique. E.-L. Gerher pos-
sédait huit morceaux du même compositeur qui
consistaient en préludes variés et fugues pour
des chorals. Au reste, on trouve en Allemagne
un assez grand nombre de pièces qui portent le
nom de Jean-Christophe Bach ; mais il ne faut
pas les attribuer légèrement à celui qui est l'ob-
jet de cet article; car beaucoup de membres de
cette famille extraordinaire des Bach ont eu les
mêmes prénoms : outre Jean-Christophe , fils de
Christophe et frère jumeau de Jean-Ambroise,
il y a eu : 1" Jean-Christophe, deuxième fils
BACH
187
de celui dont il s'agit ici; 2° Jean-Christophe,
fils de Jean-Christopiie , etpetit-(ils de Cliristo-
plie ( né en 1G82, mort en 1737) ; 3° Jean-Chrix-
tophe, fils de Jean-Ambroise , et frère aîné du
fameux Jean-Sébastien; 4" Jenn-Chrislophe ,
lils de Jean, et pelit-fils de Hans (né en 1073,
mort en 1727); 5° Jean Christophe, fils du
frère aîné de Jean-Sébastien ; 6° Jean-Christo-
phe, deuxième fils de Jean-Si'bastien ; 1° et en-
fin Jean-Christophe, fils de Jean-Nicolas et pe-
tits-fils du célèbre Jean-Cliristophe, dont il vient
d'être parlé. M. F. Naue a publié à Leipsick ,
cliez Hofmeister, neuf motets en chœur, de Jean-
Cliristopiie et de Jean-Michel Bach. Ces motets,
divisés en trois recueils, ont paru sous ce titre :
IX Motettenfûr Singechore.W?, font partie d'une
collection de musique d'église de différents temps
et de divers peuples, qui avait été entreprise par
l'éilileur.
BACH (jea.n-Michel), deuxième fils de
Henri, et frère du précédent, fut organiste et
grefticr du bailliage de Amte-Gehren, dans la
principauté de Schwarzbourg-Sondershausen,
jirès de la forêt de Thuringe. Comme son frère
Jean-Christophe, il fut excellent compositeur de
musique d'église. Les archives des Bach contien-
nent divers motets de sa composition, dont voici
l'indication : 1° Un motet à cinq voi\ sur le
texte ; Ich wciss dass mein Erlœser (Je sais que
mon Sauveur, etc. ). — 2" Un autre motet pour
soprano, avec accompagnement de cinq instru-
ments et orgue, sur ces paroles : Ach, wle sehn-
lich ivari ich, etc. — 3o Un troisième motet à
cinq voix, composé en 1699 sur ces paroles :
Das BliUJesu (Lesangde Jé.sus,etc.).— 40ylt</.'
La&st uns den JJerren loben, solo de contralto
avec accompagnement de quatre instruments. —
50 Nun habich ilberivunden, motet à huit voix
en deux chœurs , composé en 1679. — 6" Herr,
ivenn ich niir dich habe, etc., motet à cinq
voix. Tous ces ouvrages se trouvaient dans la
collection de Cil. Pli. Em. Bach ( Foy. le Cat.
de sa Bibliolh. p. 84-85). E.-L. Gerber possédait
soixante-douze préludes fugues pour les canti-
ques composés par Jean-Michel Bach; ils sont
passés, depuis la mort de ce biographe , dans la
bibliothèque de la Société des amis de la musi-
que, à Vienne. Quelques motets de Jean-Michel
Bach ont été publiés par M. Naue , dans le re-
cueil dont il a été question dans l'article précé-
dent. On ignore les dates précises de la nais-
sance et de la mort de Jean-Michel Bach. Une
de ses filles (Marie-Barbe) a été la première
femme de Jean-Sébastien.
BACH (jean-ambroise), fils de Christophe,
Siaqiuit à Eisenach en 1645, et succéda à son père
dans la charge de musicien de cour et de ville
au môme lieu. ]t avait un frère jumeau (Jean-
Christophe), musicien de cour à Arnstadt, avec
lequel il avait tant de ressemblance que leurs
femmes ne pouvaient les distinguer que par la
couleur des vêtements. Leur voix, leurs gestes ,
leur humeur, leur style en musique, tout était
absolument semblable. Us avaient l'un pour
l'autre l'amitié la plustendre. Si l'un des deux était
malade, l'autre éprouvait bientôt le même mal ; en-
fin ils moururent à très-peu d'intervalle l'un de
l'autre. Ces deux frères excitèrent l'étonnement
de tous ceux qui les connurent. Jean-Ambroise
avait un talent distingué com me organiste ; mais
sa gloire la plus solide est d'avoir donné le jour à
l'immortel Jean-Sébastien Bach. Charles -Phi-
lippe-Emmanuel Bach, son petit-fils, possédait
son portrait peint à l'huile, haut de 3 pieds 2
pouces, large de 2 pieds 9 pouces; il fut vendu
30 marcs après la mort du possesseur.
Jean-Christophe Bach, qu'il ne faut pas con-
fondre avec le fils aîné de Henri, et qui fut le troi-
sième fils de Christopiie, naquit en 1645 à Eise-
nach, et mourut à Arnstadt en 1G94. Celui-ci fut un
habile musicien dont il reste un air d'église à
quatre voix, composé à Arnstadt en 1686, sur le
texte : Nun ist ailes nberjvunden, elc. ( Voy. le
Cat.de la Bibliot. de Ch. Ph. Em. Bach , \). 85.)
BACH (jEANBEHNAnn), fils de Jean-Égide,
naquit à Erfurt, le 23 novembre 1676. Il fut d'a-
bord organiste de l'église des Négociants dans
sa ville natale; de là il passa à Magdebourg, en
1699, pour y remplir les mômes fonctions; en-
fin, en 1739, il succéda à Jean-Christophe Bach,
dans la place de musicien de la cour et dans celle
d'organiste de l'église Saint-Georges, à Eisenach.
Il est mort dans cette ville, le 11 juin 1749. On
a de lui d'excellents préludes pour des cantiques,
et de bonnes ouvertures dans le style français de
son temps. Ch. Ph. Em. Bach en possédait cinq
dans les archives des Bach, dont une en mi bé-
mol, une en sol majeur, deux en sol mineur , et
une en ré majeur. H ne faut pas confondre ce
Jean-Bernard , avec un autre Jean-Bernard Bach,
organiste à Ordruff, qui mourut en 1742, et qui
était neveu de Jean-Sébastien , et fils de Jean-
Christophe, frère aîné de ce célèbre compositeur.
Adlung, dit de celui-ci que ses ouvrages sont
en petit nombre, mais qu'ils sont excellents.
BACH (JEAN-CHRISTOPHE), fils aîné de Jean-
Ambroise, naquit à Ei-senach , et fut organiste à
Ordruff, dans le duché de Saxe-Cobourg-Gotha.
E. L. Gerber, qui l'appelle Jean-Bernard, dit
qu'il mourut en 1742; c'est une erreur évidente;
car Jean-Sébastien, son frère, né en 1685 , per-
dit, par sa mort, l'asile qu'il avait chez lui, à
188
BACH
i'àge de quinze ans : ce fut donc en 1701 que
Jean-Christophe Baeli cessa de vivre. Son meil-
leur titre au souvenir des artistes est d'avoir été
Je premier maître de clavecin du grand homme
qui est l'objet de l'arlicle suivant. Son fils, Jean
Hernard, né en 1700, et mort en 1742, qui lui
succéda comme organiste à Ordruff, fut un com-
positeur de mérite.
BACH ( JEAN-SÉBASTIEN), un des plus grands
musiciens de l'Alleniagne , et peut-être le plus
grand de tous, naquit le 21 mars 1G85 à Eise-
nach, oii son père, Jean-Ambroise , était musi-
cien de cour et de ville. Il était à peine âgé
de dix ans quand il devint orphelin ; privé de
ressources, il futobligédecherciier un asile auprès
de son frère aîné , Jean-Christophe Bach , orga-
niste à Ordruff, qui lui donna les premières le-
çons de clavecin. Son heureuse organisation pour
la musique se manifesta bientôt, et la rapidité
de ses progrès surpassa tout ce qu'on pouvait
espérer. Ne trouvant pas dans la musique qu'on
lui faisait étudier de diflicuités qu'il nepûtvaincre
en peu de temps, elle lui devint bientôt insuffi-
sante. Les compositeurs les plus célèbres de ce
temps-là, pour le clavecin, étaient Froberger,
Fischer, J.-G. de Kerl, Pachelbel, Buxtehude,
Bruniis, Bœhm, etc. Le jeune Bach avait re-
marqué certain livre qui contenait plusieurs
pièces de ces auteurs et que son frère cachait
avec soin; son instinct musical lui en avait ré-
vélé le mérite; mais, quelles que fussent ses ins-
tances auprès de son frère pour qu'il lui prêtât
ce livre, elles furent toujours sans succès. Le dé-
sir de posséder ce trésor, devenu plus vif par le
.refus qu'il éprouvait, lui suggéra la pensée de
chercher à se le procurer par la ruse. L'objet de
ses souhaits ardents était renfermé dans une ar-
moire, fermée seulement par une porte en treil-
lis ; les mains de l'enfant étaient assez petites
pour passer à travers les mailles; il parvint à
rouler le livre, qui était couvert seulement en
jiapier, et à le tirer dehors. Bach résolut alors
de le copier; mais ne pouvant y travailler que
la nuit et n'ayant point de chandelle, il fut obligé
d« le faire à la clarté de la lime, et il s'ccoula
près de six mois avant que cette pénible tâche
fût remplie. Enfin il était en possession de cette
copie qui lui avait coîité tant de peine, et il
commençait à en faire usage en secret, lorsque
son frère s'en aperçut et la lui enleva sans pitié.
\{ ne put la recouvrer qu'à la mort de Jean-Chris-
tophe, qui arriva peu de temps après.
Jean-Sébastien, se voyant abandonné à lui-
môme, se rendit à Lunebourgavecun de ses cama-
rades d'étude, nommé Erdmann,et tous deux s'en-
gagèrent comme choristes à l'église de Saint-Michel
de cette ville, et y suivirent le cours d'études du
gymnase. Tourmenté du désir de se fortifier sur
le clavecin et sur l'orgue , le jeune Bach recher-
chait avidement les occasions de voir et d'en-
tendre tout ce qui pouvait hâter ses progrès dans
son art. Plusieurs fois il fit le voyage de Ham-
bourg pour y entendre le célèbre organiste J.-A.
Reinke; il visita aussi la chapelle du duc de
Celle, qui était composée, en grande partie, d'ar-
tistes français. De Lunebourg il se rendit à Wei-
mar, où il devint musicien de la cour en 1703,
à l'âge de dix-huit ans; mais l'ennui qu'il éprou-
vait d'être obligé de jouer du violon à l'orchestre,
au lieu de toucher l'orgue, et le désir qu'il avait
de cultiver son talent sur ce dernier instrument,
lui firent quitter cette place dans l'année sui-
vante, pour celle d'organiste de la nouvelle église
d'Arnstadt.
L'aisance que lui procura ce nouvel emploi le
mit en position d'acquérir les ouvrages des meil-
leurs organistes, et de les étudier sous le double
rapport de la composition et de l'exécution. La
proximité où il était alors de Lùbeck le déter-
mina à faire plusieurs fois à pied le voyage de
celte ville, pour y entendre le fameux organiste
Diétricht Buxtehude, dont il admirait les œu-
vres. Le jeu de ce grand artiste eut pour lui tant
de charme qu'il se décida à passer secrètement
trois mois à Lijbeck pour y étudier sa manière.
Déjà les talents de Bach étaient connus et le fai-
saient rechercher; plusieurs villes de la Saxe et
du Palatinat se disputaient sa possession. En 1707,
il accepta la place d'organiste de l'église de Saint-
Biaise à Mùllhausen; mais ayant fait un voyage
à Wei mar, l'année suivante, pour y jouer de
l'orgue devant le duc régnant, son talent y
causa tant d'admiration,que la place d'organiste
de la cour lui fut offerte sur-le-champ. Do tels
succès , loin de diminuer en lui l'amour de l'é-
tude et du travail, ne faisaient que l'accroître et
que lui faire désirer d'atteindre plus près de la
perfection. Outre ses études comme organiste, il
avait entrepris de graftds travaux pour acquérir
de profondes connaissances dans l'harmonie, et
il écrivait beaucoup, soit pour l'orgue, soit pour
l'église.
Ses efforts furent récompensés en 1717 par sa
nomination à la place de maître des concerts du
duc de Weimar. Zachau , habile organiste à
Halle et maître de Haendel , mourut vers cette
époque : sa place fut offerte à Bach ; il se fit en-
tendre, pourjustifier le choix qu'on avait fait de
lui ; mais, par des motifs qui ne sont point con-
nus, il n'accepta pas cette place.
Jean-Sébastien Bach avait atteint sa trente-
deuxième année : son talent était dans toute sa
BACH
189
force cl l'Allemagne retentissait du l)niit (le ses
succès , lorsque Louis 3Iarcliand , célèbre orga-
niste français, alors exilé de Paris, arriva à
Dresde et charma toute la cour d'Auguste , roi
de Pologne, par son jeu brillant et léger. Le roi
offrit à cet artiste des appointements considérables
pour le déterminer à se fixer à Dresde; mais
Volumier, maître des concerts de la cour, qui,
vraisemblablement était jaloux de la faveur nais-
sante de Marchand, et qui connaissait la supé-
riorité de Bach, conçut le projet d'établir entre
ces deux artistes une lutte dont le résultat devait
être désavantageux à l'organiste français. Il in-
vita donc Jean-Sébastien â se rendre à Dresde,
et s'empressa de lui procurer l'occasion d'entendre
Marchand en secret. Bach se rendit justice et
proposa sur-le champ un défi à celui qu'on lui
présentait comme si redoutable, s'engageant à
improviser sur les thèmes que Marchand lui pré-
senterait , à la condition que l'épreuve serait ré-
ciproque. Marchand accepta cette proposition ,
et le lieu du rendez- vous fut fixé, avec l'agré-
ment du roi. Au jour convenu, ime brillante so-
ciété se réunit chez le comte Marshal , ministre
d'État. Bach ne se fit pas attendre : il n'en fut
pas de même de son antagoniste. Après un long
délai, on envoya chez lui ; et l'on apprit avec
étonnement qu'il était parti le jour même , sans
prendre congé de personne. Bach joua donc seul
et, sur les thèmes qu'il avait entendu traiter
par Marchand , improvisa longtemps avec une
admirable fécondité d'idées et «ne perfection
d'exécution qu'aucun autre ne possédait. Il fut
comblé d'éloges; mais on dit qu'il ne reçut point
un cadeau de cent louis que le roi lui avait des-
tiné, sans qu'on ait pu jamais expliquer cette
circonstance. Les biographes allemands, qui ne
connaissent Marchand que par la réputation dont
il a joui, s'étendent avec complaisance sur la
gloire dont Bach se couvrit en cette occasion;
mais on ne peut considérer le projet de mettre
en parallèle l'organiste français avec ce grand
musicien, que comme une insulte falteà celui-ci. 11
se peut que Marchand ait eu ce qu'on appelle
une exéculion brillante, mais ses compositions
sont misérables. On n'y trouve que des idées
communes, une harmonie faible, lâche, incor-
recte ; son ignorance du style fugué est complète.
Telle était son infériorité à l'égard de Bach qu'il
n'est pas sûr, malgré sa fuite précipitée, qu'il
l'ait bien sentie , et qu'il ait compris tout le dan-
ger de sa position.
Bach était revenu depuis peu à Weimar, quand
le prince Léopoid (l'Anhall-Cœlhen, grand ama-
teur de musique, lui offrit, en 1720, la place de
maître desa clia|)elle. Bach entra inuiiédiatement
en possession de cet emploi. Le long séjour de
Jean-Sébastien dans cette résidence, et l'existence
douce et calme qu'il y avait trouvée, furent fa-
vorables à ses études, ainsi qu'au besoin de pro-
duire des compositions de tout genre qui tour-
mentait incessamment son génie. Durant cette
époque il fit un second voyage à Hambourg
(vers 1722) pour y voir encore une fois Reinke,
alors presque centenaire ; il y toucha devant lui
l'orgue de l'église de Sainte Catherine, et impro-
visa pendant plus d'une heure d'une manière si
sublime sur le choral An Wasscrflûssen Babil-
lons, que le vieux Reinke lui dit avec atten-
drissement : Je croyais que cet arl était perdu,
mais je vois que vous le faites revivre.
A la mort de Kiihnau, en 1733, Bach fut
nommé directeur de musique à l'école de Saint-
Thomas de Leipsick ; ce fut son dernier change-
ment deposition.il garda cette place jusqu'à' sa
mort. Vers le même temps , le duc de Weis-
senfels le nomma maître honoraire de sa cha-
pelle, et en 1736 il reçut le titre de compositeur
du roi de Pologne, électeur de Saxe. Depuis sept
ans il était à Leipsick, lorsque son deuxième fils,
Charles-Pliilippe-Emmanuel, entra au service
de Frédéric II , roi de Prusse. La réputation de
Jean-Sébastien remplissait alors toute l'Allema-
gne; Frédéric exprima plusieurs fois le désir
qu'il avait de le voir, et voulut que son fils l'en-
gageât à venir à sa cour; mais Bach , alors acca-
blé de travaux, ne donna pas d'abord beaucoup
d'attention aux lettres de Charles-Philippe-Km-
manuel. Enfin ces lettres devinrent si pressantes,
qu'il se décida à faire ce voyage, et, en 1747, il
se mit en route avec son fils aîné, Guillaume-
Friedmann. Frédéric avait tons les soirs un con-
cert où il jouait quelques morceaux sur laflûte :
au moment oii il allait commencer im concerto,
un officier lui apporta, suivant l'usage, la liste
des étrangers arrivés à Postdam dans la journée.
Ayant jeté les yeux dessus , il se tourna vers les
nuisiciens et s'écria : Messieurs, le vieux Bach
est ici. Aussitôt la flûte fut mise de côté, et le
vieux Bach y sans avoir pu quitter ses habits de
voyage, fut conduit au palais. Le roi, ayant re-
noncé à son concert pour ce soir-là, proposa à
Jean-Sébastien d'essayer les pianos de Silbermana
qui se trouvaient dans plusieurs salles du palais;
les musiciens les suivirent de chambre en cham-
bre, et Bach improvisa sur chaque instrument
qu'il rencontra. Enfin il pria Frédéric de lui
donner un sujet de fugue : il le traita de manière
à faire naître l'admiration parmi tous les musi-
ciens qui étaient présents, quoiqu'il nel'et'it point
préparé. Étonné de ce qu'il venait d'entendre,
le roi lui demanda une fugue à six parties.
190
BACH
demande à laquelle Bach satisfit à l'instant sur un
thème qu'il s'était choisi lui-même. Frédéric
désirait juger de son talent d'organiste: le jour
suivant Bacli improvisa sur toutes les orgues de
Potsdam, comme il avait joué la veille sur tous
les pianos de Silbermann. Après son retour à
Leipsick,il écrivit une fugue à trois parties sur
le thème du roi , un ricercare à six , quelques
canons avec l'inscription : Thematis regii ela-
borationes canonicee ; \\ y joignit un trio pour
la flûte , le violon et la basse , et il dédia le tout
à Frédéric, sous ce titre : Musikalisches Opfer
(Offrande musicale).
Le voyage de Jean-Sébastien Bach à Berlin fut
le dernier qu'il fit. L'ardeur qu'il portait au tra-
vail, et qui souvent, dans sa jeunesse, lui avait
fait passer des nuits entières à l'étude, avait al-
téré sa vue; l'affaiblissement de cet organe aug-
menta beaucoup dans ses dernières années, et la
cécité finit par devenir presque complète. Quel-
ques amis qui avaient confiance dans l'habi-
leté d'un oculiste anglais, arrivé récemment à
Leipsick, le déterminèrent à tenter l'opération :
elle manqua deux fois ; et non-seulement Bach
perdit entièrement la vue , mais sa constitution ,
jusqu'alors vigoureuse, fut altérée par les souf-
frances et le traitement qu'il lui fallut subir. Sa
santé déclina pendant près d'un an, et, le 30
juillet 1750, il expira dans sa soixante-sixième
année. Dix jours avant sa mort, il recouvra tout
à coup l'usage de ses yeux. Il voyait distincte-
ment et pouvait supporter la lumière au jour;
mais, quelques heures après, il fut frappé d'une
attaque d'apoplexie suivie d'une fièvre inflam-
matoire qui l'enleva en peu de temps à sa fa-
mille et au monde musical. Cet homme célèbre
s'était marié deux fois. De sa première femme ,
fille de Jean-Michel Bach, il avait eu sept enfants,
parmi lesquels deux fils, Guillaume-Friedmann et
Charles-Philippe-Emmanuel, se montrèrentdigues
d'un tel père. Sa seconde femme, bonne canta-
trice, lui donna treize enfants, au nombre desquels
étaient huit fils, dont le plus jeune, Jean-Chré-
tien , acquit de la célébrité comme compositeur
dramatique. Jean-Sébastien Bach eut donc vingt
enfants, à savoir, onze fils et neuf filles. Tous
ses fils montrèrent d'heureuses dispositions pour
la musique; tous furent musiciens de profession;
mais quelques-uns seulement prirent un rang
distingué dans leur art.
A des talents extraordinaires Bach unissait
toutes les qualités sociales : bon père, bon époux,
bon ami, il montrait pour tout ce qui l'entourait
une bienveillance rare et une facilité de carac-
tère toujours égale. Tout amateur de musique,
quel que fût son pays, était bien reçu dans sa
maison , où l'on exerçait l'hospitalité d'une ma-
nière noble et généreuse. Cependant il n'était pas
riche, car, bien que ses emplois et le produit de
ses leçons fussent lucratifs, sa famille était si
nombreuse, qu'il ne pouvait faire d'économies.
D'ailleurs, quoiqu'il jouit de l'estime et môme
de l'amitié de plusieurs princes, il ne songea ja-
mais à en tirer parti pour sa fortune. Uniquement
occupé du soin de perfectionner son talent, ne
chantant que pour les Muses et lui, selon
l'expression d'un ancien , il n'était pas propre à
ces manœuvres dont la plupart des artistes sa-
vent maintenant si bien se servir pour leur
avantage. Son talent prodigieux d'exécution au-
rait pu l'enrichir, s'il eût voulu voyager ; mais
il dédaignait les succès populaires comme les
faveurs delà fortune; les éloges des connaisseurs
avaient seuls droit de lui plaire , et il préférait
à tout les douceurs d'une vie retirée et labo-
rieuse. Malgré sa grande supériorité sur les au-
tres musiciens, il était fort modeste. Quand on
lui demandait comment il était parvenu à pos-
séder son grand talent : « En travaillant beau-
coup, disait-il; tous ceux qui voudront travailler
de la même manière y parviendront comme
moi. » Il semblait compter pour rien le génie
extraordinaire dont la nature l'avait doué.
La renommée de Bach fut immense pendant
sa vie ; toutefois on peut affirmer aujourd'hui
que ce grand homme n'a point été connu de ses
contemporains. Ils avaient reconnu qu'il était le
plus habile des organistes, le plus étonnant des
improvisateurs , le plus savant des musiciens de
l'Allemagne. Ses fugues étaient considérées par
quelques artistes comme les plus belles qui eus-
sent été écrites pour l'orgue ou pour le clavecin ;
ils y avaient distingué l'œuvre d'un génie profond
et hardi dans un genre qui semble exclure l'in-
vention : mais là se bornait la connaissance qu'on
avait du talent de cet homme qui renfermait
en lui-môme tout un monde de musique. Sa
musique d'orgue et de clavecin, objet de l'admi-
ration universelle aujourd'hui , n'existait qu'en
copies manuscrites dans les mains de quelques-
uns de ses élèves , particulièrement de ses fils ,
Guillaume-Friedmann et Charles-Philippe- Em-
manuel , de Kittel , Krebs , Kirnberger et quel-
ques autres. Mais ces œuvres mêmes, bien
qu'en grand nombre et toutes admirables , n'é-
taient que la minime partie des productions d'un
génie original qui semble avoir été inépuisable.
Sa vie calme et régulière avait favorisé son pen-
chant au travail ; son activité égalait son talent ,
et l'éloignement où il était des grandes villes le
laissail,en quelque sorte,étranger aux variations
de goût que l'art subissait de son temps. L'ori-
BACÎI
191
ginalilé si piiissanfe de ses compositions se con-
serva sans tlmite plus intacte par risolement où il
se tint pendant sa laborieuse vie. Du reste , fort
modeste, nonobstant sa grande valeur, il ne re-
clierchait pas les applaudissements, ne travaillait
que pour lui et quelques amis , et condamnait
en quelque sorte à l'oubli les ouvrages qu'il pro-
duisait, et qui n'étaient entendus qu'au moment
où il venait de les terminer, puis liaient rangés
dans une armoire d'où ils ne sortaient pins. De
là, l'ignorance où l'on fut longtemps de l'exis-
tence de ces œuvres sublimes. Après sa mort, il
en resta quelques morceaux chez Breilkopf; ses
(ils Guillaume Friedmann et Cliarles-Pbilippe-
Kmmaniiel en eurent beaucoup d'autres en par-
tage; Kirnberger, alors au service de la princesse
Amélie de Prusse, sœur de Frédéric II, en re-
cueillit un grand nombre pour la bibliothèque
musicale de cette princesse , et le reste se
dispersa.
Les choses étaient en cet état, lorsqu'en 1788 ,
Mozart , alors dans toute la force de son talent ,
et après avoir produit VIdoménée, les Aoces de
Figaro et Don Juan, passa à Leipsick. Doles,
alors directeur de musique à l'école Saint-Thomas,
lui fit entendre à l'oflice du dimanche un motet
ou cantate d'église composée par Bach qui pro-
duisit une si vive impression sur le grand ar-
tiste qu'il s'écria : Grâces au ciel , voici du
nouveau, et j'apprends ici quelque chose/
A peine rentré chez Doles , il demanda qu'on lui
fît voir la partition de l'ouvrage qui lui avait
causé tant d'émotion ; mais on ne la possédait
pas, et l'on n'avait que les parties séparées.
Mozart les disposa autour de lui sur des chaises
et sur une table. Là , portant rapidement les yeux
d'une partie à l'autre, il passa plusieurs heures
dans la contemplation de ce nouveau, dont la
création remontait peut-être au temps où Jean-
Sébastien Bach était attaché au service du prince
d'Anhalt-Cœthen , c'est-à-dire à quelque soixante
ans de là. Cette anecdote lit du bruit, et la
grande autorité de l'opinion de Mozart commença
à (i\er l'attention des artistes sur des produc-
tions si belles, presqueoubliées jusqu'alors. Fasch,
fondateur de l'académie de chant de Berlin, et
son successeur Zelter, se mirent en quête de la
musique religieuse de Bach , en rassemblèrent
une quantité considérable, et firent exécuter
avec soin quelques-unes des plus belles pièces
qui firent éclater des transports d'enthousiasme.
D'autre part, des amateurs zélés s'étaient mis
en recherche de ces précieuses reliques; leurs
soins sauvèrent de la destriiction des chefs- d'oeu-
vre qu'on commence seulement à connaître, et
(pii seront toujours des sujets d'étonncment et
d'admiration pour les connaisseurs. De proche
en proche , l'enthousiasme s'est communiqué en
raison de la connaissance qu'on acquerrait du
génie immortel de Bach. Dans ces derniers temps
les éditions de ses œuvres se sont multipliées ,
et l'exécution, faite avec les soins nécessaires,
de quelques-unes de ses grandes cotnpositions,
en a fait comprendre la valeur à des assemblées
nombreuses.
Dans l'immense quantité de grands ouvrages
sortis de sa plume, Bach semble avoir voulu
laisser aux siècles futurs la preuve la plus écla-
tante de la puissance de son génie. La force du
récitatif, dont on a fait honneur à Gluck, se
montre à sa plus haute expression dans ses
cantates d'église, et dans son Oratorio de la
Passion d'après saint Matthieu. Les mélodies
sont neuves, originales, expressives surtout, et
supérieurement adaptées aux paroles. Jamais
l'art de faire mouvoir un grand nombre de voix
et d'instruments ne fut porté si loin, et ce qui
frappe d'ime admiration irrésistible, c'est que
toute cette complication est évidemment conçue
d'un seul jet. Les effets d'instrumentation sont
si variés dans ces compositions , et sont si re-
marquables, qu'on a peine à comprendre com-
ment Bach , qui longtemps a vécu dans de pe-
tites villes , et qui avait peu d'occasions d'étu-
dier les instruments, a pu si bien les connaître,
et devancer son siècle dans l'art et les em-
ployer.
Comme organiste et comme virtuose sur le
clavecin, aucun de ceux qui l'avaient précédé
et qui l'ont suivi ne l'ont égalé : ce qui le prouve^
c'est que ses ouvrages, qui n'étaient pour lui
que des badinages, présentent de si grandes
diflicultés que les plus habiles artistes ne les
considèrent que comme des études pénibles qui
leur coûtent beaucoup de travail, et qu'ils ne
peuvent les jouer que dans des mouvements
beaucoup plus lents que ceux où Bach les exé-
cutait. Tous ses doigts, également agiles, se
prêtaient aux combinaisons du doigter. Ses pieds
même s'étaient accoutumés à des mouvements
si rapides, qu'avec eux il jouait sur la pédale de
l'orgue des difficultés que beaucoup d'autres
n'auraient jouées qu'avec peine au moyen des
mains. A ces qualités il joignit un goût exquis
dans le mélange des registres de l'orgue et dans
les effets qu'il savait en tirer. Quand il essayait
un de ces instruments pour la première fois , il
jugeait avec promptitude de ses qualités et de
' ses défauts , et savait éviter d'employer les jeux,
dont l'effet n'était pas satisfaisant. Son expé-
rience et ses connaissances positives dans les
détails de la construction d'un orgue le faisaient
192
BACH
souvent choisir comme arbitre pour la réception
et la vérification des instruments de cette espèce
nouvellement établis. Il en était de même pour
l'admission des organistes aux places vacantes.
11 portait dans ces examens l'attention la plus
scrupuleuse et l'impartialité la plus sévère. Cette
sévérité lui fit quelquefois des ennemis de ceux
dont il blessait les intérêts ou l'amour-propre;
mais, s'il était sans pitié pour la médiocrité, nul
plus que lui n'était adinirateur du véritable
talent. Les ouvrages de tous les grands composi-
teurs étaient rassemblés chez lui, et il avait la
plus haute estime pour Fnx, Keiser, Caldara,
Reinke, Hasse, les deux Graun, Telemann et
Haendel. L'un des chagrins de sa vie fut de n'a-
voir pas vu ce dernier. Hœndel fit trois voyages
à Halle, sa ville natale, après qu'il se fut fixé
en Angleterre ; mais ces deux grands artistes ne
purent parvenir à se réunir. Le premier voyage
eut lieu en 1719; Bach était alors à Cœthen.
Aussitôt qu'il fut informé de l'arrivée de Haendel,
il partit pour se rendre auprèsde lui; mais Hœndel
avait quitté Halle le même jour. La deuxième fois
que cet homme célèbre retourna en Allemagne,
Bach était malade à Leipsick; au troisième
voyage de Haendel, en 1752 , Bach n'était plus.
Les caractères distinctifs des compositions de
Jean-Sébastien Bajch sont une originalité soutenue,
un style élevé , une teinte mélancolique , une
mélodie quelquefois bizarre , mais sublime ; une
harmonie plus hardie que correcte, mais pleine
d'effet. Souvent on dirait qu'il choisit à plaisir des
thèmes ingrats ou baroques, qui inspirent d'abord
plus d'étonnement que de plaisir; mais sa ferlile
imagination sait bientôt y introduire des res-
sources inattendues dont le charme s'empare de
l'exécutant et de l'auditeur. Son caractère sérieux
le portait au style grave et sévère ; ses fonctions
de maître de chapelle et d'organiste ne lui laissè-
rent d'ailleurs pas le temps d'en cultiver d'autre.
Ses habitudes , son éducation musicale et sa vie
retirée l'avaient rendu insensible au mérite de la
musique dramatique; il avait si peu d'estime pour
ce genre qu'au moment de partir pour la capitale
de la Saxe, où il était toujours invité aux spec-
tacles de la cour, il disait ordinairement à son fils
aîné, Guillaume-Friedmann, compagnon habituel
de ses voyages ; Allons entendre les chanson-
nettes de Dresde. 11 travaillait beaucoup ses ou-
vrages , y revenait souvent , et y faisait de nom-
breuses variantes : de là vient qu'il n'est pas rare
d'en trouver des copies fort différentes. Sa fé-
condité était prodigieuse; aussi le nombre de ses
ouvrages est-il immense. 11 est même douteux
qu'aucun musicien ait écrit autant que lui. La ré-
capitulation de ses œuvres de musique d'église
dont l'existence a été signalée dans quelques
grandes collections ^'t chez plusieurs amateurs,
ou dont quelques-unes ont été déjà publiées, a
donné le nombre prodigieux de deux cent cin-
quante-trois grandes cantates religieuses ,
composées chacune de quatre ou cinq morceaux,
quatuors, chœurs, airs, duos et récitatifs, avec
des chorals à quatre parties et toutes instrumen-
tées; sept messes à quatre voix et orchestre en
la, en sol, en ré mineur, en fa, en sol mineur, en
si mineur, en ?'d majeur; le catalogue de la Bi-
bliothèque royale de Berlin indique aussi une
messe (en si mineur) à cinq voix, six instru-
ments et basse continue , et M. Hilgenfeldt ( Jo-
hann-Sebastian Bach's Leben , Wirken und
Werke, p. 116) dit qu'il en existe deux autres
à cinq voix et grand orchestre dans la bibliothèque
du Gymnase de Joachimsthal, dans la même ville.
Deux messes à huit voix réelles, quatre de ri-
pieno et deux orchestres, la première en ut,
l'autre en fa ; plusieurs Kyrie , Credo et Sanc-
tus à quatre voix avec ou sans orchestre ; trois
Magnificat , le premier, en ré majeur, à cinq
voix, deux violons, viole, deux flûtes, deux
hautbois, trois trompettes, timbales et orgue, qui
est à la Bibholhèque royale de Berlin; le second,
en mi bémol, à cinq voix, deux violons, viole,
deux llûtes, deux hautbois, trois trompettes et
timbales ; le troisième et dernier, à huit voix
réelles, deux violons, viole, trois trompeltiS et
timbales, dont le manuscrit est à la Bililiothèque
de Berhn.
Le nombre de motets produits par la verve
inépuisable du grand artiste est consiiiérable;
peut-être ne connaît-on pas tout ce qu'il a pro-
duit en ce genre. M. Hilgenfeldt n'en compte que
dix-sept ( p. 111 et 112), dont sept à huit voix,
mais il en existe trois autres à quatre voix dans
le fonds Poelchau de la Bibliothèque royale de
Berlin , que M. J. P. Schmidt a publiés chez
Trautwein , dans la même ville ; l'auleur de celte
biographie en possède un à cinq voix {Ist Golt
J'iir tins); enfin on doit considérer comme de vé-
ritables motets le chœur à quatre voix et basse
continue Aus tiefer Nothschrei ich; le chœur à
quatre voix et orchestre (en sol mineur) Cfins/e
du Lamm Gottes, de la main deCh. Phil. Euun.
Bach ; le chœur : Herrdeine Augen^schen nach
dem Glauben, à quatre voix et instruments,
copié de la main de Schwenke de Hambourg, et
le chœur Sehet welch eine Liebe hat uns, à
quatre voix et basse continue , qui sont dans le
fonds de Poelchau , à la Bibliothèque royale de
Berlin.
On connaît de Bach plusieurs psaumes conj-
plets. On a publié le cent dix-septième à Leipsick,
BACH
Vu?,
di07. Rreilkopl et Haertel , (ruprès le inanuscal
original (U> l'auteur. Le cent (luaruntc-neiivièmo
a paru à lierlin, chez Traulwein, et le manuscrit
oiii-inaldu cent qiiarante-linitièineeslà la Biblio-
tlièque royale de Berlin.
Au nombre des compositions les plus impor-
tanles de cet homme extraordinaire sont ses ora-
torios, et surtout celui de la Passion, d'après
St-Mathicii. Le premier de ces ouvrages est une
prande cantate pour les fêtes de Noël [Oiatorium
fcmpote Naiivitaiis Chrisli], divisce en six
parties, avec accompagnement d'orchestre. Le
deuxième est l'oratoiio des fêtes de Pâques, avec
crcliestre. Puis vient VOratorio de VAscension,
idem. La fassjon, d'après Saint-Malliieu, est une
sublime inspiration , une conception colossale ,
écrite àdeux chœurs et deux orchestres, avec des
récitatifs, des airs , des chœurs et des chorals
liarmoniscs, où les idées les plus neuves, les
plus hardies, les combinaisons les plus compli-
quées, les effets ks plus inattendus se succèdent
sans interruption dans une partition énorme. Une
autre Passion , d'après St-Jean, beaucoup moins
développée, a été écrite par J. S. Bach , vraisem-
blablement à une époque où son talent n'avait pas
encore acquis toute sa maturité; car l'examen de
la partition n'y fait pas découvrir l'abondance de
traits de génie qui brillent dans ses autres ou-
vrages.
Pai aii les manuscrits rassemblés dans diverses
collections, on trouve aussi des cantates pour des
anniversaires de naissance de différents princes,
ou pour des réjouissances publiques; des drames
apologétiques ou mythologiques pour des fêtes,
tels que Le Combat (musical) A' Apollon et Pan ;
Éolc, Pallas et Pomone ; Honneur à la reine,
cantates comiques, cantate de noces ( 0 holdcr
Tug .'), cantate pour la fête de la Kéf'ormatiou
Récrite en 1717); musique funèbre pour les ob
sèques d'une princessede Saxe, composée en 1727;
enlin, un très-grand nombre de chorals harmo-
nisés pour les voix , ou combinés avec l'instru-
mentation. Les collections les plus considérables
qu'on connaisse aujourd'hui des ouvrages ma-
nuscrits de Bach sont : 1° celle qu'on trouve
dans la bibliothèque de l'Académie de cliaut
{ Singakademie ) à Berlin ; T celle de la Biblio-
thèque royale delà même ville ; 3" la collection
du Gymnase de Joacbimstbal, également à Berlin.
Poelchau, grand amateur de musique, avait
acheté une partie des œuvres de Bach qui se
trouvaient cliezson fils Cbarles-Philippe-Emma-
nuel, et la collection de ce musicophile a passé
dans la Bibliothèque royale de Berlin ; cependant
bi'aucoup d'autres ouvrages ont été acquis par
d'autres amateurs à la vente de ia bibliolLièquo de
Diocn. i!MV. DES r.isicirss. — t. i.
Oharles-Philippe-Emmanuel Bacli; car il ixisl.iit
dans cette bibliothèque soixante-dix cantates d'i-
glise, dont on. ne trouve qu'ime partie à la Bi-
bliothèque de Berlin.
Tels sont les trésors qui , pendant un siècle en-
viroh, ont été inconnus au monde Muisicaj , et (jui!
des hommes d'elites'elïorcentaiijourd'bui de pro-
duire à la lumière. Zelter, à qui l'inslitution de
r.-Vcadémie de chant offrait des moyens d'ex(''cu lion
sid'lisants, fut un des premiers qui enlrejirirent
de faire connaître cette musifiue d'église de Ikcli,
si différente du style de tous les autres maîtres.
Son élève, Mendelssohn,se passionna aussi pour
ces mêmes œuvres, et ne contribua pas peu à
leur donner de la vogue. Ce fut lui qui , en di-
verses circonstances , fit entendre dans diffé-
rentes exécutions solennelles, le grand oratorio
de la Passion et l'admirable messe en si mineur.
Lui-même se ressentit de l'étude qu'il avait faite
de ces cliose.s , car le Paulus et V Elias offi ent
quelques réminiscences de leurs formes. Après
lui, Mosewiiis, directeur de musique et pro-
fesseur à l'université de Breslau et à l'inslilut
académicpie de musique d'égli.se de la même ville,
donna une impulsion nouvelle à la curiosité des
amis dévoués de l'art par l'écrit qu'il publia
en 1845, sous le titre de Jean Sébastien Bach
dans ses cantates d'église et dans ses chants
de chœur. Enfin, à l'occasion de l'anniver-
saire séculaire de la mort de Bach , une société
s'est formée en 1850 pour la publication d'une
édition complète, imprimée avec luxe, de toutes
les œuvres de Bach. Le manifeste en fut publié
le f'' novembre de la même année, et l'on ouvrit,
non une souscription proprement dite, mais une
association entre tous les artistes et amateurs de
musique pour la fondation de ce tardif monument
élevé à la gloire d'un des plus puissants génies
qui aient brillé dans l'art. L'exécution de cette
généreuse entreprise est en tout digne de sa con-
ception.
D'autres entreprises s'étaient déjà formées au
commencement du dix-neu\ièmesiècle, et dans la
suite, pour la publication des œuvres instrumen-
tales de Bach, dont quelques-unes seulement
avaient paru séparément. La première fut celle
que Schicht (vo!/. ce nom ) fit conjointement
avec le savant ForKel pour une édition des œu-
vres de clavecin de ce grand homme , laquelle fut
publiée chez Kùhnel , à Leipsick. Bien (princom-
plèlc, cette collection fut considérée couune im
trésor par les connaisseurs. Elle reproduisait quel-
ques collections d'exercices ainsi que le c^ilèbre
recueil (le quarante-huitfugues et préludes connu
sous le nom de Clavecin bien tempéré, lequel
avait été déjà publié auparavant, etl'ony trouvait
13
194
BACH
enouire six admirables sonates pour clavecin et
violon, (]ui,(]ans les manuscrits possédés parCli.
l'h. Em. Dacli, portent le nom de Trios; le fameux
air avec trente variations, prodige de facture et
d'imagination; les petites suites ajipelées Suites
françaises, les six grandes suites, dites Suiles
anglaises, et le recueil des quinze inventions ou
pièces de différents caractères à trois parties.
Quelques années après la publication de Kùlinel ,
parut celle de Naegeli , à Zurich , qui ne différait
de la première que par l'addition de l'Art de la
fugue à quatre parties , ouvrage de Bach non
achevé, dont une édition gravée avait été piibliée
par ses fils, avec une préface de Marpurg, en 1752
et plus tard à Paris, chez Pleyel. A cette diffé-
rence près, l'édition de Naegeli n'est pas plus
complèteque ceilede son prédécesseur. Vers 1835
un comité d'artistes s'est constitué pour la publi-
cation d'une nouvelle édition des œuvres de Bach
pour le clavecin, corrigée sur les manuscrits ori-
ginaux avec le doigter et les mouvements du mé-
tronome pris dans la tradition la plus authentique.
Charles Czerny a été un des éditeurs de cette col-
lection,qiii paraît chez Péters àLeipsick. Elle con-
tient des choses importantes qui ne se trouvent
pas dans les éditions antérieures.
Les concertos de Bach, restés inédits jusque
vers 1836, ont trouvé un éditeur intelligent dans
M. Dehn , conservateur de la partie musicale de
la Bibliothèque royale de Berlin, qui, s'unissant
au comité d'artistes dont il vient d'être parlé , a
publié, non-seulement les composilionsde cegenre
dont il existait des copies manuscrites dans les
mains de quelques artistes, mais plusieurs autres
inconnues, et tiréesdu trésormusical de toutes les
productions de Bach que renferme le dépôt qui
était confié à sa garde.
La musique d'orgue, celte gloire immortelle de
Bach, fut comme on l'a dit précédeoiment, long-
temps renfermée dans les manuscrits qui restèrent
entre les mains de l'artiste , ou dans celles de ses
enfants et de ses élèves. A l'exception de six
chorals variés et (ugués pour deux claviers et
pédale, qui avaient été publiés à Leipsick en 1760,
dix ans après la mort de l'auteur, on n'en avait
rien fait paraître; mais après la visite de Mozart
à Leipsick, on s'occupa sérieusement de ces chefs-
<l'œuvre trop peu connus, et la célèbre maison
Breitkopf et Haertel publia les admirables pré-
ludes pour des chorals { C floral- Vorspiele) en
quatre suites, dans les premières années du siècle
présent. Dans le même temps parurent chez
Kiihnel plusieurs fantaisies et fugues avec pédale
obligée. Naegeli publia, sous le titre d'£'co/e d'or-
gue pratique, six sonates pour deux claviers et
pédale, qui furent reproduites à Vienne avec le
litre de Trios. Hofmeistei' fit paraître à Vienne
et à Leipsick un intéressant recueil sous le litre
d'£'j;nx/ce5, lequel renferme des préludes, des fu-
gues et des chorals variés avec pédale; des fugueset
lies |)réludes séparés parurent chez la plupart des
éditeurs à Leipsick, à Berlin, à Hambourg; entin,
M. Marx, professeur de musiciue à l'université de
Berlin, publia neuf magnifiques |iréludes suivis
d'autant de fugues , pour deux claviers et pédale ;
et M. Kœrner, éditeur à Erfurt, mit également au
jour un grand nombre de pièces publiées dans
d'autres recueils ou connues seulement des or-
ganistes de l'Allemagne. Une des plus belles
pièces de ce genre est la fameuse Passacaglia,
qui exige la plus rare habileté d'exécution pour
être rendue dans son mouvement et dans son
caractère. Une association s'est aussi formée
vers 1839 pour la publication des œuvres com-
plètes de Bach pour l'orgue. Les éditeurs sont Grie-
penkerl, amateur passionné de musiqueet savant
auteur dun bon traité d'esthétique, etM.Roitzscli,
amateur distingué. Il a paru huit volumes de
cette collection, chez Péters, à Leipsick. La mort
de Griepenkerl, en 1849, a suspendu un moment
l'entreprise; mais elle est maintenant achevée.
Bach ne lut pas seulement un homme de génie
et le plus grand musicien de son temps; il eut
aussi le talent d'enseigner, avec une incontestable
supériorité, la composition et l'art de jouer du
clavecin et de l'orgue. La nature compliquée des
ouvrages pour ces deux instruments, toujours
écrits à trois, quatre ou cinq parties, l'avait
obligé à inventer un doigter particulier, qui tut
connu longtemps en Allemagne sous le nom de
doigter de Bach, mais qu'on peut désigner d'une
manière plus significative par le nom de doigter
de substitution, parce que, dans la musique à la-
quelle il s'applique, un doigt prend souvent la
place qu'occupait un autre pour tenir le son pen-
dant que l'autre doigt, devenu libre, agit dans
l'exécution. Les plus anciens élèves dont il forma
le talent lurent Jean-Martin Schubert, qui devint
nuisicicn de chambre et organiste du duc de
Weimaret mourut à l'ilge de trcnte-et-im ans;
Jean-Tobic Krebs, im des plus grands organistes
de l'Allemagne ; et Jean-Gaspard Vogler, né dans
le Hanovre, et qui succéda à Schubert dans ses
places à la cour de Weimar; puis, en première
ligne se |)résentent ses deux illustres lils, Guil-
laume-FriedmannetCharles-Pliilippe-EmmanupI,
dont les notices suivent celle-ci ; puis Homilius,
artiste distingué, directeur de musique des églises
principales de Dresde et cantor de l'École de la
Croix, dans cette ville; Jean Louis Krebs, fils de
Jean-Tobie, organiste du château à Zeits, ensuite
à la cour de Golha; Jean-Frédéric Doles, d'abord
lîVCH
l*}-
cantOK à Freiberg, et après la iiiorl de llaru-r, un
(ies successeurs de Jean-Sébastien Bacli à l'École
Saint-Tliomas; Allnikol, organiste à Nanmlwnrg;
l'excellent organiste et compositeur Fischer, qui
fut le maître de Vierling ; Jean-Frédéric Agricola,
compositeur de la cour de Prusse, tliéoricien et
critique distingué; Kirnberger, artiste de grand
mérite comme compositeur et comme tliéoricien,
qui a compté parmi ses élèves Fascli, J. P. A.
Scliùltz etZolter;Goldberg, compositeur au ser-
vice du comte de Briibl, à Dresde; Charles- Fré-
déric-Abel, le célèbre jo-uenr de basse de viole
et compositeur ; Jean-Gottfiied Miithel, grand or-
ganiste et compositeur; et entln Kittel , qui n'était
iigé que dedix-lniit ans quand il perdit son maî-
tre, m;iis (jui avait si bien profité de ses leçons,
qu'il l'ut organiste de premier ordre. De son école
s.int sortis Haessler, Umbreit, M. G. Fiscli«r, et
Hindi.
Les ouvrages de Jean-Sébastien-Bach publiés
jusqu'à ce jour sont : I. Musiquf, keuGif.use :
1 Missa a (junltrovoci, 2 violini, viola, ?.
Jlautied orijann, \\° l.en Za majeur; Bonn, Sim-
rock. — 2° Missa a quattro voci, viola, flanti,
trombe ed organo , n" 2, en sol majeur; ibid.
Pffilchau fut l'éditeur de ces deux ouvrages. —
3" Messe à quatre voix, avec accompagnement
(le deux violons, deux flûtes, contrebasse et basse
continue pour l'orgue, en la; Berlin, Trautwein.
— 4" Grande messe (en si mineur) à quatre voix et
orciieslre; Zurich, Naegeli. Autre édition, Bonn^
Simrock. Cet ouvrage est un des chefs-d'œuvre
de son illustre auteur. Ch. Pli.Ém. Bach a ajouté
une intioduction au Credo de cette messe. —
5" Missa a otto voci reali e 4 rfi ripieno, coW
(iccomp. di due orchestre (en ut); Leipsick ,
Breitkopfet Haertel. — 6° Magnificat à 3 voix, 2
violons, viole, 2 flûtes, 2 hautbois, 3 trombes,
timbales et basse continue pour l'orgue (en mi
héuiol) ; Bonn , Simrock. Prelrhau a été l'éditeur
de cet ouvrage. — 7° Joh. Seb. Bach' s Moletten
in ParlMur (Motets de Jean-Séb. Bacli en parti-
tion ), l"' et V suites, Leipsick, Breitkopf et
Haertel. Cette collection, formant 98 pages in-fol.
renferme ses six motels à 8 voix sans accompa-
gnement : Sinrjpt (lem Herrn ein nettes Lied;
Fûrchtedich nicht, etc.; Ich Lasse dich nicht;
Komm , Jcsu , homm , etc.; Jesu! meine
Freude,etc.; Der Geist kilft zmsrer Schicach-
heit, etc. Ces motets renferment de très-belles
choses; le quatrième, particulièrement, est très-
remar(iuable par l'art avec lequel Bach lait dia-
loguer les deux chœurs. Schicht {voy. ce nom)
a été l'éditeur de ce recueil. M. Hilgenfeldt assure
que le troisième motet ( /c/i lasse dich nicht)
n'est pas l'ouvrage de Jean-Sébastien Bach, mais
bien de Jean-Christop'.ii; Bach d'Arn^tadt (vo>iz
Johann Sébastian liach's Lcben , Wirken und
Werke, p. 112). — s" Motet<à8 voix eu|)aitilion
{Lob, Ehre undWeisheit); Mil. — d<* Motet al-
lemand à httit voix , avec basse continue , eu
parlition, surictexte : Janchzet deni Herrn aile
Welt ; Leipsick, Kollmann. J. P. Doering a été
l'éditeur de ce morceau. — lO" Le 117" psaume à
quatre voix et orchestre, en partition ; Lei()sick ,
Breitkopl. — 1 1°. Le l49e psaume à huit voix en
deux chœurs; Berlin , Trautwein. Simrock, de
Bonn, en a donnéune autre édition. — 12° Cantate
à quatre voix et orcliestre sur le texte : Ein'
feste Biirgist tinser Gotl ; Leipsick, Breitkopf.
— 13° Litanies à quatre voix, en paililiou;
Bonn, Simrock. — 14° Motet à quatre voix,
sur le texte : Herr, deine Augen; ihid — 16"
Motet à quatre voix : Ihr werdetweinen. Ibid.
— 16° Autre molet <à quatre voix : Du Hirle Is-
raël ; ibid. — 17" Motet à quatre voix : Herr,
gehc nicht in's Gerirht. — 18° Gottes Zeit ist
die allerbeste Zeit; ihid. Ces six derniers ou-
vrages ont été publiés en deux livraisons sous le
j titre suivant : Joh. Seb Hachas Kirchenmusick
zu 4 Singstimmen (Musique d'église de Jean-Sé-
bastien Bach à quati'e voix. — 19" Grosse Passions
musik nachdem Evangelium Matthei {La Pas-
sion, d'après l'évangile de saint Mathieu, pour
deux chœurs et deux orchestres) ; Berlin, Schlesin-
ger. L'une des plus vastes conceptions musicales
qui aient vu le jour est, sans nul doute, cet ouvrage,
qui est resté inconnu pendant près d'un siècle
après ([ue Bach l'eut composé. On ne peut consi-
dérer sans la plus vive admiration l'introduclion,
dans le style fugué, où deux chœurs à quatre voix
et deux orchestres se meuvent avec élégance et fa-
cilité dans des formes scientifiques et compliquées,
pendant qu'un troisième chœur de voix de soprani
fait entendre un choral à l'unisson d'un mouve-
ment large et simple. La manière dramatique et
neuve dont Bach a su employer le chœur comme
interlocuteur n'est pas moins digne de remarque,
l.e récitatif est d'une rare beauté de déclamation;
les mélodies sont d'une mélancolie pénétrante,
remplies de nouveautés et de hardiesses; enfin,
l'instrumentation ofire des combinaisons variées
qui prouvent que Bacli avait mieux compris les
ressources des instruments qu'aucim autre com-
positeur. — 20" Passionsmusiknach dem Evan-
gelium Johannis {La Passion, d'après l'évan-
gile de saint Jean, pour quatre voix et orchestre) ;
Berlin, ïraulwein, 1S31, in-fol. Cet ouvrage est
très-inférieur au précédent. —21" Kirckengesœn-
gefûrSolound Chorslinimen mit Instrumental
beglcitung (Chants d'égtise pour voix seule et
chœur avec accompagnement iustrumenl.-.li. |»,(;-
1.10
BACH
titiou avec acrompagncmpnt ^^c p.aiio par J. P.
Stlimidt; Berlin, Traulweiii. Ce recueil contient
trois motels, le premier pour le dimanche de
Septuagésime, le second pour le dimanche des Ra-
meaux ,et le dernier pour le premier dimanche après
la Trinité. — 2'2° Offertoire {Da pacem nobis),
piur quatre voix et petit orchestre, en partition ;
Vienne, Diabelli. —23» Le motet Jésus ricfite
meine Beginnen, à 4 voix, 2 violons, deux haut-
bois, 2 cors , et basse continue pour l'orgue, en
partition, dans le troisième volume du livre de
M. de Winterfeld intitulé : Der evangelisclie
Kirchengesang, etc., pages 121-127 desexemples
demusique. — 24° Cantate pour le 15* dimanche
après le Trinité, Warum betrûbst du dich
mein Herz (Pourquoi aifliges-tu mon cœur?),
A 4 voix, 2 violons, viole, 2 hautbois et basse con-
tinue pour l'orgue, ibid. p. 145-171. — 25° Can-
tate pour le 27* dimanche après la Trinité, Wa-
cfiet au/ rii/t uns die Stimme, e/c.,à 4 voix ,
2 violons, viole, 2 hautbois, taille de hautbois,
et basse continue pour l'orgue, ibid. p. 172-2t8.
Admirable composition où la puissance du génie
se fait sentir depuis le commencement jusqu'à
la lin. —26° Cantate pour la 2e férié de la Pente-
côte, Also liât Gott die Welt-geliebt , k 4 voix,
2 violons, viole, 3 hautbois et basse continue
pourl'orgue, ibid. p. 230-261.-27° Johann Sé-
bastian nach's Werke {Œu\res de Jean-Sébas-
lien Bach), publiées par l'association dite Bach-
Gcsellschaft zu Lnpsick,h Leipsick, chez Breit-
kopfet Hacrtel,in-lol., gravées et imprimées avec
luxe, et ornées d'un beau portrait, gravé par
Lichting, d'après l'original peint par Haussmann
i|ue possédait Charles-Philippe-Emmanuel Bach.
Au moment où ceci est écrit (1858), huit vo-
lumes de cette intéressante collection ont paru :
ils contiennent des cantates religieuses qui sont
autant d'oeuvres de premier ordre, aussi remar-
quables par la nouveauté des idées que par la
forme, la messe en si mineur, l'oratorio de la Pas-
sïon, celui de Noël, et un volume de musii|iie
d'orgue.
11. Chant Choral. Joh. Seb. Saches viers-
tinimige Choraigesœnge, gesammelt von C.
P. E. Bach (chants è quatre voix de Jean-
Sébastien Bach , recueillis par C. P. £. Bach).
l"' Partie; Berlin, 1765, infol. obl. de 50 pages.
2* partie; ibid. 1769 , in-fol. de 54 pages. Cette
édition est la première de ce recueil. Kirn-
berger, élève de Bach , ajant recueilli d'autres
chants de même genre , harmonisés par son
maître, se proposait vraisemblablement d'en pu-
blier une nouvelle édition ; mais il ne donna pas
de suite à ce projet, et ses matériaux passèrent
dans les mains de Cliarles-Philipi.e Emmanuel
Bach, qui donna une deuxième édition en quiilre
parties in-4°, dont la première parut chez Jeau-
Gottlieb-EmmanuelBreilkopf, à Leipsick, en 1784,
et la quatrième en 1787, avec une préface de l'é-
diteur. Cette deuxième édition , qui a pour titre
comme la première, Joh. Seb. Bach's Viers-
timmige Choral-Gesaenge, contient 371 chorals.
En 1832, M. Ch. Ferd. Becker {voij. ce nom) a
publié ime troisième édition du même recueil avec
une prélace nouvelle, sous ce titre : 371 viers-
timminge Choraigesœnge von Johann Sébas-
tian Boc/i, Leipsick, Breitkopf et Haertel. Cette
édition, peu satisfaisante par sa disposition et par
ses nombreuses négligences , a été l'objet de cri-
tiques assez sévères en Allemagne. Quelque temps
après cette publication, M. Becker fit paraitie,
comme supplément à son édition, 69 chorals avec
la basse chiffrée (69 Chorœlemït bezi/Jcr/em
Bass, etc.) ; ibid. Sensible sans doute aux criti-
ques dont son travail avait été l'objet, le même
artiste publia une autre édition des chants chorals
de Bach , à laquelle il donna une disposition nou-
velle, sous ce titre : Johann Sébastian Bach's
Vierstimmigc Kirchengesœnge , geordnet vnd
mit einem Vorworte begleilet Von C. F. Bcclicr ;
Leipsick, Robert Friese, 1843, in-4°. Cette édi-
tion est ornée du portrait de Bach. Elle n'a pas
été à l'abri de toute critique. On a repioché par-
ticulièrement à l'éditeur d'avoir mal à propos
transposé quelques-uns des chorals , et d'y avoir
introduit des chants qui n'ont pas été harmonisés
par Bach , et qui môme ont été publiés avant sa
naissance. On est redevable au savant, exact et
soigneux M. Louis Erk (voij. ce nom) d'une
excellente édition des chants chorals et airs spi-
rituels de Bach , dont la première partie a paru
à Leipsick, chez C. F. Péters, en 1850, sous ce
titre : Johann Sébastian BaclCs mehrstiminige
Choraigesœnge undgeistliche Arien, etc. Pour
cette édition, M. Erk a puisé aux sources authen-
tiques et originales. Il indique les éditions d'où
Bach a tiré les mélodies qu'il a harmonisées, et
les accompagne de leurs textes primitifs. La iirc-
mière partie contientlôO chants, dont 22 n'avaient
jamais été publiés. Quelques-uns sont accompa-
gnés de l'instrumentation que Bach leur a donnée
dans ses cantates, et les numéros 149 et 150 of-
frent la mélodie chorale accoiiipagnée des trois
autres voix en style fugué avec basse continue.
Une table analytique des sources où l'auteur a
puisé chaque chant termine le volume. Eu gé-
néral, ces sources sont les manuscrits des can-
tates de Bach , le Musicatisches Gesang-Buch
de George Christian Schmelli (Leipsick, 1736,
in-8°), et le petit livre d'orgue et de clavecin
écrit par Bach , en 1725, pour sa seconde femme,
BACH
197
Anne Maileleinc, dont leinamiscril est inlilulé :
Clavier- liûcJilein dcr Anna- Magdelena Ëachin-
le manuscrit est l'original de la main de Bacli.
III. MusiQLK vo<;ale mondaine. De toutes
les compositions vocales de Bach écrites pour des
lètesde cour, des anniversaires de naissances, des
mariages, ou des avènements de princes, ou enfin
pour des amis de l'artiste, on n'a publié jusqu'à
ce jour que deux cantates comiques, dont la pre-
mière est sur un sujet villageois, pour soprano et
basse, avec 2 violons, alto, une tlùte, un cor,
ft basse continue pour le clavecin; la deuxième
a pour titre : Schlendrian et sa fille la petite
Lisette, pour soprano, ténor, et basse avec 2
violons, alto, flûte et basse continue. M. Delin
{voy. ce nom) est éditeur de ces deux pièces,
dont la première a paru à Leipsick , (liez Klemm,
et l'autre à Berlin, chez G. Crantz, en 1837.
IV. Musique pour clavecin seul ou accompa-
gné. 1° Clavierûbungen, bcstehend in Prœ-
ludien , Allemanden , etc. ( Exercices pour le
clavecin, consistant en préludes, allemandes,
courantes, sarabandes, gigues, menuets, etc.),
œuvre premier, gravé sur cuivre; Leipsick, 1728-
1 73 1 , six suites in-fol. obi . — TZioeiterTheil der
Clavierûbungen, bestehend in cinem Concerto
nach italiaenischem gusto undeiner Ouverture
nach franzoesischcr Art, vor ein Clavicymbel
mil zweyen Manualen, etc. (Deuxième partie
des Exercices pour le clavecin consistant en un
concerto dans le goût italien et une ouverture
dans la manière française, pour un clavecin à
deux claviers), publiés par Christ. Weigl, à Nu-
remberg, 1735. — 3" Clavierûbungen, bestehend
inverschiedenen Vorspielenûber die Catechis-
mus und andereGesœnge vor die Or gel,
Dritter Theil (Exercices <le clavecin, consistant
en différents préludes sur le catéchisme et au-
tres chants pour l'orgue, etc.; troisième partie); à
Leipsick, chez l'auteur, 1739. Cet ouvrage ap-
partient plutôt à la catégorie des pièces d'orgue ,
qu'à la musiijne de clavecin. 11 fut gravé sur des
planches de cuivre par Bach lui-même et par
ses fils. — 4° Clavierûbungen, etc. (Exevdces
pour le clavecin ou air avec plusieurs variations).
Cette quatrième partie des exercices, publiée
d'abord pour Balthazar Sclimid , à Nuremberg ,
en 1742, puis par J. Scbûbler, à Celle, en Thu-
ringe, a été réimprimée à Zurich, chez Naegeli,
et dans toutes les éditions postérieures , sous ce
titre: Air avec trente variations. Les ressources
immenses du génie de Bach se retrouventdans cet
air varié. La plupart des variations sont en ca-
nons à divers intervalles; on y trouve des re-
ciierches d'harmonie des plus compliquées, et une
abondance de motifs qui dénotent l'imagination la
plus féconde. —5" Daswohllemjierirte Clavier
(Le Clavecin bien tempéré, consistant en qua-
rante-huit préludes et autant de fugues dans fous
les tons majeurs (!t mineurs), collection souvent
réimprimée h Leipsick, à Zurich, à Olfenbach,
à Paris, etc. Quoique rempli d'incorrections et
de bizarreries, cet ouvrage n'en est pas moins
une des plus étonnantes productions musicales
du dix-huitième siècle. Les préludes sont tous
excellents; quant aux fugues, malgré les défauts
qui viennent d'être signalés, on y trouve une
abondance d'idées peu communes, des modulations
inattendues et d'un grand effet, et, ce que Bacli
seul a su faire, les fugues à trois ou quatre par-
ties conservent le même nombre jusqu'à la fin,
quels que soient les obstacles du doigter. Cet ou-
vrage a été longtemps le seul de Bach qui fût
généralement connu en France. — 6° Musikalis-
ches Opfer (Offrande musicale , dédiée à Fré-
déric 11, roi de Prusse, contenant une fugue à
trois, un ncercare à six, plusieurs canons, et
un trio pour flûte, violon et basse; le tout sur
un thème choisi parle roi); Leipsick , 1747,
in-fol. D'autres éditions postérieures ont paru à
Leipsick, chez Breitkopf et Haertel,en 1831 , et
chez Naegeli, à Zurick. — 7" Six sonates pour le
clavecin avec accompagnement de violon
obligé; Zurich, Naegeli, 1800, in-fol.; compo-
sition d'un style sévère, mais admirable sous
tous les rapports. Les sonates sont en général
dans le genre fugué ; mais Bach a su jeter un si
grand nombre d'idées profondes et neuves an
milieu du travail scientifique, que ces fugues
n'ont rien de la sécheresse du genre. Les adagios
sont remplis de mélancolie; l'un d'cox, surtout,
en si mineur, est d'un effet irrésistible. Les au-
tres productions de Bach pour le clavecin et le
clavicorde étaient restées inédites jusqu'à sa
mort, et même environ soixante ans après,
lorsque Kiihnel, éditeur de musique à Leipsick,
entreprit d'en donner une édition complète dont
il a paru plusieurs cahiers, mais qui n'a pas été
achevée, Voici la liste de ce qui en a paru :
1° Toccate. — 2» Quinze inventionsou petites
pièces. — 3° Qicinze symphonies à trois parties ;
— io Exercices pour le ctoeciw, œuvre premier,
six suites. — 5Q Fantaisie chromatique G'Six
petits préludes pour les commençants; 1" Fan-
taisie, no 1. — 9,° Six suites pour le clavecin,
appelées les petites suites françaises , n"» i— 6.
— 9° Aria con variazioni 10° Le clavecin bien
tempéré. — 11° Grandes suites, dites suites an-
glaises, contenant des pièces de différents genres.
Ces œuvres ont été reproduites en tout ou en par-
tie dans d'autres éditions à Francforl; à Olfenbach,
chez .\ndré ; à Berlin, Traulwein; ibid. Schlesinew
198
BACH
àZnrick.Nîrçeli. Celui ci y a ajouté: — 12') Lavl
de laftiguea (|iiatre parties. Cet ouvrage avait été
}^iavé sur cuivre en grande partie par .1. S. Gach
et ses tils , au fur et mesure qu'il en écrivait les
pièces; mais les progrès rapides de sa cécité
reinpêchèreut de le terminer comme il le voulait,
par des fugues à quatre sujets dans lesquels tous
les artifices du genre auraient été réunis. Ses en-
tants le publièrent en 1752, c'est-à-dire deux ans
après sa mort, dans l'élat où il se trouvait, et
avec une préface de Marpurg. Dans cette édition
originale, et dans une autre publiée à Paris, cliez
Pleyel, en 1801 , les quatre parties sont en par-
tition; mais dans l'édition de Nœgeli, un ar-
rangement pour le piano se trouve au-dessous
de l'accolade des parties séparées. La nouvelle
édition publiée chez Péters , à Lcipsick , a été
revue et doigtée par C. Czerny. Elle fait partie
des œuvres complètes de clavecin publiée par
une société d'artistes et d'amateurs. M. Haupl-
mann {voy. ce nom), cantor et directeur de mu-
sique à Saint-Thomas de Leipsick, a fait imprimer
en 1841, cliez Péters , de très-bonnes observa-
tions et des commentaires sur ces ouvrages de
Bach. — 13° Une grande fantaisie avec fugue (en
ré), quatre autres fantaisies avec fugue (en la,
si bémol , et deux en ré), des toccates et fugues,
des préludes et fugues , et des fugues séparées
ont été publiées à diverses reprises à Leipsick , à
Berlin, à Olfenbacb ; mais toutes ces pièces ont
été réunies aux autres compositions indiquées
précédemment, et avec beaucoup d'autres iné-
dites, sous la direction de Czerny et de Griepcn-
kerl. Celle collection a pour titre : Œuvres
complètes de Jean-Séba&lien Bach pour le
clavecin. Édition nouvelle, soigneusement
revue , corrig^, métronomisée et doigtée, par
un comité d'artistes. Leipsick, Péters. Ces œu-
vres sont réparties de la manière suivante dans
les livraisons : f et î""". Le clavecin bien tem-
péré; 3™^, VArt de la fugue; 4"'^, 4 fantaisies,
1 fugue, 4 toccates, 4 duos; 5'"'', 6 exercices
( c'est l'œuvre 1" ) ; 6"»', concerto , ouverture et
thème avec 30 variations (c'est la deuxième et
la quatrième partie des exercices réunis) ; ?'"<', 6
préludes, 1 petite fugue, 30 inventions, 6 suites;
S""», les six grandes suites ;9'">", loccate, 4 prélu-
des, 3 fantaisies, 8 fugues, fragment d'une suite ;
10™*, G grandes sonates |)0ur piano et violon ; 11™«
concerto (en ré mineur), pour 3 clavecins, avec 2
violons, alto et basse; 12'"«, concerto (en w/),
pour 2 clavecins, avec 2 violons, alto et basse ;
13ine, concerto (en z<<nuneur), pour 2 clavecins, 2
violons, alto et basse; l^'"", concerto (en ut)
pour ;î clavecins, avec 2 violons, alto et basse;
l.i'^<", 16 concertos de Vivaldi pour violon et
quatuor arrangés par J. S. Bach pour clavecin
seul; 16""', concerto (en /a) pour clavecin et 2
flûtes concertantes; l?"»*, concerto (en sol mi-
neur), pour clavecin, 2 violons, alto, violoncelle
et contrebasse. Il reste à comprendre dans cette
collection : 1 concerto (en ré mineur ) pour cla-
vecin, 2 violons, alto et basse, déjà publié à
Leipsick, chez Whislling; 1 concerto (en la
mineur ), pour clavecin, 2 violons , alto et basse ;
1 concerto (en la mineur) pour clavecin, flûte
ou violon obligé, 2 violons, alto, violoncelle et
contrebasse, déjà publié à Mayence, chez Scholt ;
1 concerto (en la majeur) pour clavecin et qua-
tuor; 1 concerto (en ré majeur) pour cla-
vecin, flfite et violon concertants, 2 violons, alto,
violoncelle et contrebasse; 1 concerto (en sut
mineur) pour clavecin , 2 violons , alto et basse ;
1 concerto pour 3 clavecins (en ré majeur), avec
2 violons, alto et basse; 1 concerto pour quatre
clavecins concertants , 2 violons, alto et basse ;
huit trios pour clavecin, violon ou flûte et basse :
et quelques pièces détachées.
V. Musique tour orgue. Les compositions
pour l'orgue de J. S. Bach sont en nombre \m-
mense : on en connaît beaucoup aujoind'hui ;
mais peut-être en est-il d'autres égarées dans des
collections particulières. Dans ce genre , comme
dans tous ceux qu'il a traités, son génie a trouvé
des tré.sors d'imagination inépuisable, d'origina-
lité, et de variété dans les formes. Son style a
toujours lecaractère de la grandeur, et son senti-
ment d'harmonie est rempli de traits inattendus
dont l'effet estirrésistible. Un art prodigieux règne
dans ses préludes sur des chorals , par sa ma -
nière de présenter le même sujet sous des formes
variées et toujours neuves. Les épisodes de ses
fugues sont riches d'invention, et les rentrées
des sujets se font toujours d'une manière inat-
tendue, vive, puissante d'effet, bien que l'har-
monie laisse quelquefois désirer plus de correc-
tion. Au surplus, ce défaut de correction, dont
Chérubini était si choqué, tient à ce que Bach
exécutait en général ses préludes et ses fugues
dans un mouvement rapide, et qu'il savait que
les rencontres de dissonances non préparées ou
non résolues régulièrement sont peu remarqua-
bles dans la vitesse. Il savait aussi que dans la
musique de cette espèce, toutes les incorrections
sont absorbées par le sentiment tonal, quand
celui-ci est bon.
Les ouvrages pour orgue de ce grand homme
publiés jusqu'à ce jour sont : t" La troisième
partie des exercices, indiquée précédemment, et
qui a pour titre : Clavierubunq, bestehend
in verschiedcnen Vorspielen ûbcr die Catlie-
c/iisiinis-u)id andcrc Gesxnge cor dic Orgel ;.
BACH
199
Leipsicli, 1739, in-fol. Ce recueil renferme des
prières pour le cafécliismc , des préludes et des
fugues sur des chorals, à 2 claviers à la main et
pédale, et quelques pièces pour des claviers ma-
nuels seulement. On y trouve de fort belles choses.
— 2° Scc/is Chorœle verschiedencr Art, auj
cïncr Orgel mit zwci Clavieren und Pedal vor-
z-uspie leti, elc. (six chorals traités de différentes
manières, pour jouer sur l'orgue avec deux cla-
viers et pédale, etc.); Zelle, ou Celle, chez Jean-
George Schûbler, 1740. Cet ouvrage est d'une
facture admirable. — 3° Canonische Verœnde-
rungen ûber dus Weinachtslied : Vom Himmel,
lihoch da ovun Ich hcr, etc. ( Variations ca-
noniques sur le chant de Noël, Vom Himmel,
etc., pour orgue, à 2 claviers et pédale) ; Nurem-
berg, CalUiasar Sciimid, 1747, in-4" obi. Une
deuxième (-dition de cet ouvrage intéressant a
paru à Leipsick, chez Breilkopf et Haertel, et
Hasslinger, de Vienne, en a donné ime autre
dansles premiers numéros d'ime coiieclion pro-
jetée des œuvres de Dach pour l'orgue qui n'a
pas été continuée. — 4" Choral- Vorspielefur die
Orgel mit cinem und zwei Clavieren und
Pedal (l'réludes pour des chorals à un et deux
claviers et pédale); Leipsick, BreitkopfetEIaerlel,
2 parties in-fol., 1800. Ces préludes, au nombre
des 40, sont le chef-d'œuvre du genre. Le mé-
lange des claviers y est traité avec tant d'ha-
l)ileté, les citants chorals y sont variés avec une
telle puissance de génie et une imagination si
féconde, qu'on peut affirmer qu'il n'existe aucune
composition de cette espèce digne de soutenir
la comparaison avec celle-là. — 50 44 kleine
Choral- Vorspiele (44 petits préludes pour des
chorals). Ces préludes sont tirés d'un petit livre
d'orgue que Bach écrivit pour ses élèves lors-
qu'il était au service du duc d'Anhalt-Cœthen,
et qui contient de- instructions sur la manière de
traiter les chorals, des modèles et des exercices
pour le jeu du clavier de pédale. Ce livre, qui se
trouve à la bibliothèque royalede Berlin, a pour
titre : Orgelbûchleinf worinne einem anfa-
henden Organislen Anleitung gegeben wird,
aiiff allerhund Arlh, einen Choral durchzu-
fûhren, etc. (Petit livre d'orgue, dans lequel
une instruction est donnée aux organistes com-
mençants concernant les différentes manières de
traiter un choral, etc.) — 6" 15 Grosse Choral-
Vorspiele ( quinze grands préludes pour des
chorals), ibid. — 7" 52 Choral- Vorspiele ver-
schiedener Form (52 préludes pour des cho-
rals, en diverses formes); ibid., 4 suites. — ^8° 18
Choral-Vorspielemit denb variationen iiber :
vom Himmel hoch da komm Ich her, etc.
(18 préluder avec 5 variations sur le chant de
Noël : Vom Himmel, etc.); Leipsick, Poters.
Plusieurs pièces des recueils précédents se re-
trouvent dans celui-ci. — g» Der angehende Or-
ganist : 46 kleine Choralvorspiele mit obi.
Pedal (l'Organiste commençant ; 46 petits pré-
ludes de chorals, avec pédale obligée) ; Erfurt,
Koenier. — 10° Variationen iiber den Choral -.
Christ, der du bist der helle Tag (6 variations
sur le choral : Christ, der du bist, etc.); Leip-
sickjBreitkopfet Haertel.— 11° It Variationen
iiber den Choral : Sei gegriisset, Jesu giitig
(11 variations sur le choral : Sei gegriisset, Jesu
giitig); ibid. 12. PrakischeOrgelschule, enthal-
tend 6 Sonaten fur 2 Manuale undoblig. Pe-
dal (École pratique d'orgue, contenant 6 sonates
pour 2 claviers et pédale obligée) ; Zurick , Nae-
geli. Le même ouvrage a été publié à Vienne,
chez Haslinger, sous le titre de Six Trios pour
l'orgue à 2 claviers et pédale). Cet œuvre est de
la plus grande beauté. - 13" Six Préludes etsix
Fugues pour l'orgue avec pédale obligée. Vienne,
Steiner. -- 14° Johann Sébastian Hachas noch
wenig bekannte Orgel-compositïonen, gesam-
melt und herausgegebenvon Ad. Bern. Marx
(Compositions |)Our l'orgue de Jean-Sébastien
Bach, recueillies et publiées par Ad. Bern.
Marx); Leipsick, Breitkopfet Haertel, 3 suites,
in-fol. obi. Ce recueil contient un choix de pré-
ludes magnifiques et des plus beHes fugues de
l'auteur, au nombre de neuf pièces. — 15° Pas-
sacaglia fiir 0/-(;e^ (Passacaille pour l'orgue);
Francfort, Dunst. Il y a plusieurs autres éditions
de cette composition sublime et célèbre, à Pra-
gue, chez Berra; à Erfurt, chezKoerner; à Leip-
sick, chez Peters; etc. — 16° Pastorale (en /a)
pour orgue avec pédale; Berlin, Schlesinger; Pra-
gue, Berra; etc. — 17° Thema Legrentianum
elaboratum cum subjecto pedaliler; Vienne,
Haslinger. — 18° Pracludien und Fugen fiir die
Orgel ; no 1 ûber den Namen B-AC-H ;n<> 2
Fuge (Préludes et Fugue pour l'orgue; no 1.
Prélude et higue sur le nom de Bach, c'est-à-
dire, si h, la, ut, si;n° 2 fugue); Leipsick,
Breilkopf et Haertel. Nonobstant l'opinion gé-
nérale qui attribue à Jean-Sébastien Bach la fu-
gue sur B-A-C-H, il est douteux que cette com-
position lui appartienne; car on n'y trouve pas
le feu de son génie. Beaucoup de fugues, de pré-
ludes, de toccates, et de fantaisies pour l'orgue,
composés par cet homme illustre, ont été publiés
séparément à Leipsick, chez Breilkopf et Haer-
tel, chez Péters, à Berlin, chez Trautwein , et à
Erfurt, chez Koerner. Toutes ces pièces ont été
réunies aux autres compositions de J. S. Bach
pour l'orgue, déjà publiées, et en partie inédites,
dans une collection de ses œuvres complètes pu-
200
BACH
liliées par Griepenkerl et Roitscli, en 7 volumes,
«liez Peters.à Leipsick. Le premier volume con-
tient les G sonales pour 2 claviers et pédale, la
Passacaille et la Pastorale ; dans le second, on
trouve 9 préludes et autant de fugues, une fan-
taisie suivie d'une fugue; dans le troisième, 6
préludes et autant de fugaes, 3 toccates suivies
d'une fugue, et une fantaisie avec fugue; dans
le quatrième, 6 préludes suivis Je fugues, 4 fu-
gues séparées, un prélude séparé, une toccate
et fugue, une canzona ( en ré mineur) , 2 fan-
taisies (en sol et en ut mineur), et un tiio»(en
ré mineur); dans le cinquième, 56 préludes
courts pour des chorals, et 4 suites de varia-
tions sur des chorals ; le sixième volume con-
tient 34 grands préludes de chorals, et une col-
lection de variations; et, enfin, le septième ren-
ferme 33 grands préludes de chorals, et une suite
de variations.
VI. MUSIQLE POCR DIVERS INSTRUMENTS. 1" TrOiS
sonates pour un violon seul; Leipsick, Breit-
kopf etHaertel. Ces sonates sonttirées de l'œuvre
de Bach contenant six solos pour violon, dont
le manuscrit original , qui a appartenu à l'au-
teur de cette biographie, est passé dans la pos-
session de Baillot. Une autre édition des trois
sonates a été donnée par Siinrock, à Bonn, sous
ce titre : Studio, o tre sonate per violino. M.
F. David, professeur au conservatoire de Leip-
sick {votj. ce nom) en a publié une troisième pour
l'usage des élèves de cette institution, avec une
instruction sur le doigter et le mécanisme de
l'archet, sous le même titre ; Leipsick , Kislner.
— 2° Ciacona (Chaconne) avec variations, pour
■violon seul; Berlin, Schlesinger. Cette belle
pièce est tirée de la deuxième sonate. Menduls-
sohn y a ajouté un accompagnement de piano et
l'a publiée avec cette addition, sous ce titre : Cha-
conna, with variations Jor violin solo, wilh
additional accompaniment of piano -forte;
Londres, Boosey. Cet arrangement a été réim-
primé parCrantz,à Hambourg. — 3° Cinq duos
pour deuxviolons ; Vienne, Haslinger. — 4" Six
solos ou sonates pour violoncelle publiés par
Z>o;;aHer; Leipsick, Breitkopf et Haertel. Une
autre édition a paru dans la même ville, chez Kist-
ner, sous ce titre -. Six sonates ou études pour
violoncelle solo. — 5° Six concertos publiés
pour la première/ois d'après les manuscrits ori-
ginaux, par S. W. Dehn ; Leipsick, Péters ; n° 1 ,
Concerto pour violino piccolo, 3 hautbois et 2
cors de chasse, avec accompagnement de 2 vio-
lons, alto, violoncelle et contrebasse ; n" 2, Con-
certo pour violon, llùte, hautbois et trompette
concertants, avec accompagnement de 2 violons,
alto, violoncelle et contrebasse ; n" 3, ConcL-rto
pour 3 violons, 3 altos et 3 violoncelles avec
basse continue pour le clavecin ; n» 4, Concerto
pour violon et 2 flûtes concertants, avec accom-
pagnement de 2 violons, alto, violoncelle et
contrebasse; n" 5, Premier concerto en la mi-
neur pour le violon, avec accompagnement de 2
violons, alto etbasse;n" 6, Concerto pour clave-
cin, flûte et violon concertants, avec accomp. de
violon, alto, violoncelle et basse. Il reste à pu-
blier : Une symphonie concertante pour 2 vio-
lons (en ît^ mineur), avec 2 violons, alto et basse,
dont le manuscrit existait chez Ch. Ph. Em.
Bach (voyez son Catalogue, p. 67); une sonate
(en si mineur), sous le nom de Trio, pour cla-
vecin et violon, qui n'est pas celle qu'on trouve
dans le recueil de 6-sonatespour ces instruments.
Le manuscrit original était chez Ch. Ph. Em.
Bach. Il en existe une copie, de la main d'Alt-
nikol, à la bibliothèque royale de Berlin; sonate
(en mi majeur) pour clavecin et fîûte (Catal. de
Ch. Ph. Em. Bach); Trio (en si mineur) pour
2 flrttes et clavecin (ibid) ; Trio (en fa majeur)
pour 2 violons et basse (copie de la main d'Alt-
nikol,à lu bibliothèque royale de Berlin) ; Sonate
(en ut majeur) pour fliite et basse (Catal. de Ch.
Ph. Em. Bach) ; Trio pour (lùte, violon et basse
(en z<^ mineur), ibid. ; Ouverture (en lit majeur)-
pour 2 violons, alto, 2 hautbois, basson et basse
continue pour le clavecin, à la bibliothèque royale
de Berlin ; Ouverture (en si mineur) pour 2 vio-
lons, alto, flûte et basse (Catal. de Ch. Ph. Em.
Bach); ouverture (en re majeur) pour 2 violons,
alto, 2 hautbois, trompette et basse (ibid.) ; Sym-
phonie (en ré majeur) pour 2 violons , alto, 2
hautbois, liasson^ 3 trompettes et basse (ibid).;
Symphonie concertante pour violon et hautbois
concertants, 2violons, alto et basse; quatuor pour
haulbois, violon, alto et basse; Trois Caprices
pour luth seul. On peut juger, par les détails
qui viennent d'être donnés, de la prodigieuse
fécondité de Jean-Sébastien Bach ; fécondité
d'autant plus étonnante, que ses emplois, ses
voyages, ses élèves, et les soins qu'exigeait sa
famille l'occupaient beaucoup ; mais c'est préci-
sément un des caractères du génie que la faci-
lité de produire au milieu des obstacles qui l'en-
vironnent.
La vie et les ouvrages de J. S. Bach ont été
les objets de plusieurs monographies dont voici
les titres : 1° Ueber Johann-Sébastian BacIVs
Leben, Kunst und Kunstwerke (Sur la vie de
Jean Sébastien Bach, son talent et ses œuvres,
par le docteur Jean-Nicolas Forkel ; Leipsick,
1S02, in- 4°, avec le portrait de Bach. Il a paru
une traduction anglaise de cet ouvrage, sous ce
litre •• Life of John Sébastian Bach; tvilh a
BACH
201
cri/icnl vicw of his composi/ions ; Loiulrcs,
1820, gr. in-S^de 116 pages.— 2° Lcbensbeschrei-
bumj des Kapel/meisler, etc.. Johann Sébas-
tian Bach, etc. (Histoire de la vie du maître de
chapelle, etc., Jean-Si^basticn Bach, ^nhlive par
J. E. Grosser); Breslau, 1834, petit. iii-8°. Coin-
(liiation sans valeur. La pins grande partie du
volume est remplie par des anecdotes concernant
des artistes étrangers a l'objet principal. — 3° Jo-
^ /innn Sébastian Bach's Lebcn, Wirken iind
Werke (Vie, talents et œuvres de Jean-Sébas-
tien Bach, par C.-L. Hilgenfeldt);Leipsick, Hof-
ineister, 1850, l vol. in-4° de 182 pages, avec
(luelques pages de musique. Cet ouvrage est ce
qu'on a faitdcplus complet et de plus exact sur
Bach. — -i" Joli. Seb. Bach in seinen Kirchen
Cantaten iind Choralgesangeiiiienn-Séh-asiiea
Bach dans ses cantates d'église et dans seschants
dechœur, par Jean-Théodore Mosewius) ; Ber-
lin, I8'i5, gr. in-4''. On peut aussi consulter, au
point de vue esthétique, un travail concernant le
génie et les œuvres de Bach, par l'auteur de
la présente biographie , inséré dans la Gazette
musicale de Paris (année iSb3,no^ 14, 17 et 19).
BACH (Guillaume-Friedmann) , (ils aîné de
Jean-Sébastien, naquit à Weimar en 1710. 11
apprit de bonne heure la musique sous la direc-
tion de son illustre père, qui prit plaisir à cul-
tiver ses heureuses dispositions. Il reçut aussi
queliiiics leçons de Graun l'aîné, alors maître
des concerts à Mersehotirg. Jean-Sébastien Bach
ayant été noniiiié directeur de musique à l'école
Saint-Thomas de Leipsick, en 1723, Guiilaume-
Fiiedmann profita de cette circonstance pour
suivre les cours de l'université, et s'adonna par-
ticulièrement avec ardeur à l'étude de la juris-
prudence et des mathématiques, dans lesquelles
il devint fort habile. En 1732 , il fut appelé à
Dresde, comme organiste de l'église de Sainte-
Sophie; mais il paraît qu'il ne garda cette place
que peu d'années , et qu'il revint chez son père,
dont il fut le compagnon de voyage en plusieurs
occasions. Nommé en 1747 directeur de musique
a l'église Notre-Dame de Halle, il se rendit dans
cette ville, où il se fixa pendant vingt ans. Ce
long séjour lui a fait donner souvent le nom de
Bach de Halle. En 1767, il quitta sa place, sans
motif apparent, et vécut sans emploi d'abord à
Leipsick, ensuite à Brunswick, en 1771, à Goet-
tingue en 1773, et enfin à Berlin, où il mourut
dans une extrême misère, le l*"' juillet 1784.
Un génie hpi;reux et des études profondes
avaient failde Guillaume FriedmannBach le plus
faraud organiste, le plus habile fuguiste et le plus
savant nuisicien de l'Allemagne, après son père.
" Au clavecin, dit le docteur Forkel, son jeu était
« léger, brillant, cliai-manl; à l'orguesonstyleélait
" élevé, solennel , et saisissait d'un respect reli-
« gicux. >> Malheureusement il aimait à impro-
visi r et écrivait peu ; mais ce qu'il a laissé est
marqué au coin du génie et de la science la plus
|)rofonde. On a lieu de s'étonner qu'avec des ta-
lents si remarquables, ce musicien ait eu sipeud(^
bonheur, et jiu'il ail été réduit à vivre des secours
de ses amis pendant les dernières années de sa
vie, (luoiqu'il n'eût aucun de ces vices honteux
(jui conduisent quelquefois les artistes à la mi.sère.
Mais il avait un caractère opiniâtre et sombre
qui rendait son commerce difficile; il s'irritait
du peu de succès desa musique , dont le carac-
tère élevé n'était apprécié que par les connais-
seurs, et il dédaignait défaire des démarches pour
tirer parti de ses talents. Ce n'est que depuis sa
mort qu'il a été estimé à sa juste valeur et
que ses ouvrages ont été recherchés. On a de
lui : 1° Une Sonate pour clavecin;\\A\e., 1739. —
2° Six Sonates pour clavecin ; Dresde, ilib.—
3" Trois Sonates avec accompagnement de vio-
lon, œuvre 2^; Amsterdam, Hummel. — 4° Six
Sonates pour clavecin seul , ibid. On a publié,
dans ces derniers temps : 5" 12 Polonaises pour
piano seul ; Leipsick, Péters. — 6" Orgelstucke
Prdeludien und Fugen (Pièces d'orgue, l",
2* et S^suites); Leipsick, Breilkopf. — 7^ Concerto
pour orgue à deux claviers et pédale, publié par
Griepenkerl, d'après le manuscrit autographe;
Leipsick, Péters. 11 a laissé en manuscrit: TFoni
harinonisehen Drcylilange — 2° Quatorze polo-
naises. — 30 Huit pelites fugues pour l'orgue. —
4° Concerto de clavecin à huit parties. — 5" concei to
de clavecin à quatre mains. — 6° Quatre fugue.s
pour l'orgue à deux claviers et pédale. — 7° Deux
sonates pour deux clavecins concertants. — 8° Un
Aveutà quatre voix. — 9° Une musique complète
pour la Pentecôte, avecorchestre et orgue. La bi-
bliothèque royale de Berlin possède de ce grand
musicien, en manuscrits autographes ou autres ;
1° Dix sonates de clavecin, dont une a pour titre :
La Revedlo. Le manuscrit de celle-ci est de la
main deKirnberger. — 2° Huit fugues pour clave-
cin (en ut majear, ré majeur, m i bémol, ré mineur,
nu mineur, si bémol et /a mineur). — 3° Cinq
fantaisies idem (en la mineur, ??ii mineur, Mfma-
jeur,soZ majeuret ré mineur. — 4o Concerto pour
2 clavecins concertants (en /a majeur), sans ac-
compagnement. — 5° Symphonie pour 2 violons,
alto, basse et deux flùles. — 6» Trio pour deux
llûtes et basse. — 7° Deux cantates pour la fête
de Noël, à 4 voixet instruments. — 8° Une can-
tate pour la première férié de Pâques, idem. —
QoAirsd'égliseavec orgue et un cor. — 10° Quinze
compositions pour les fêles principales de l'église.
202
BACH
la plupart à quatre voix, orgue et instruments (ma-
nuscrits originaux).La plupart de ces ouvrages ont
été composés pendant le séjour de l'auteur à Halle.
B/VCII (Charles - Piiilii-pd ■ Emmanuel),
deuxième lils de Jeau-Séhaslien, naquit à Wei-
inar le 14 mars 1714. On le désigne ordinaire-
ment par le nom de Bach de Berlin, parce qu'il
demeura dans cette ville pendant vingt-neuf ans.
]| lit ses premières études de musique à l'école
de Saint-Thomas, à Leipsick. Son père le prit en-
suite sons sa direction, et lui enseigna, pendant
plusieurs années, le clavecin et la composition.
Pendant ce temps, il lit à l'université de Leipsick
un cours de jurisprudence qu'il acheva à Franc-
fort-sur-l'Oder. Il fonda dans cette dernière ville
une académie de musique, dont il eut la direc-
tion, et pour laquelle il composait dans les occa-
sions solennelles. En 1738, il se rendit à Berlin pour
y professer la musique, etdenx ans après il entra
au service de Erédéric le Grand , qui venait de
monter sur le trône. Il conserva cet emploi jus-
qu'en 1767 , où il alla à Hambourg comme di-
recteur de musique pour y remplacer Telemann.
Avant son départ, la princesse Amélie de Prusse
lui conféra le titre de maître de sa chapelle , en
récompense de ses services. Ce n'est pas sans
beaucoup d'obstacles queCb.-Ph.-Em. Bach par-
vint à s'affranchir de l'espèce d'esclavage oii il
était à la cour de Pi usse , pour se transporter à
Hambourg; plusieurs fois il avait demandé son
congé sans pouvoir loblcnir : on se contentait
d'augmenter ses appointements. N'étant pas né
Prussien, il semble qu'il devait être libre d'aller où
il voulait : mais il s'était marié à Berlin, et, dans les
usages despotiques de ce temps -là, sa femme et
!«es enfants ne pouvaient quitter la Prusse sans la
permission du gouvernement dont ils étaient les
sujets. Le souvenir de ce qu'il avait souffert en
cette occasion lui rendit si chère la liberté dont
il jouissait à Hambourg, qu'il ne voulut jamais
quitter cette ville, quels que fussent les avantages
que lui offraient plusieurs princes d'Allemagne
pour l'attirer à leur service.
Le docteur Burney le connut en 1773 ; il jôuis-
saitd'une honnéteaisance, mais non de toute la
considération que méritaient ses talents. Accou-
tumé comme on l'était en Allemagne au style sa-
vant, harmonieux, mais plus ou moins lourd des
compositeurs de ce pays, la musique de Cb.-Ph.-
Em.Bach, pleine de nouveauté, de grâce, de
légèreté, et qui s'éloignait des formes scientifiques,
ne (ut pas estimée ce qu'elle valait, et ce n'est
guère qu'en Franco et surtout en Angleterre
qu'on sut apprécier tout son mérite. C'est cepen-
dant ce môme style, perfectionné par Haydn et
Moznrt, qui depuis a charmé toute l'IIuropc. L'in-
justice de ses compatriotes fit longtemps le tour-
ment de Bach, qui avait le sentiment de son ta-
lent : « Mns, disait-il à Burney , depuis que j'ai
cinquante ans, fai quitté toute ambition. Je
me suis dit : Vivons en repos; car demain il
faudra mourir; et me voilà tout réconcilié
avec ma position. Ce grand artiste mourut à
Hambourg, le 14 décembre 1788. Il eut deux
fils, dont l'un suivit la carrière de la jurispru-
dence, et l'autre celle de la peinture : ce sont les
preun'ers membres de la famille des Bach qui ne
se soient pas livrés à l'étude de la musique. Bach
possédait une belle collection de miLsique an-
cienne, de livres, d'instruments et de portraits de
musiciens : elle fut vendue en 1790, et le cata-
logue en fut imprimé sous ce titre : Verzeichniss
des musjkalischen ISachlasses des verstorbe-
nen Capellmeislers Cari. Phil. Emmanuel
Bach. Hambourg, 1790, 142 pages in-8''. On y
trouve une notice de ses compositions imprimées
et manuscrites; elles consistent : 1° en deux
cent dix solos pour clavecin, composés depuis
1731 jusqu'en 1787, dont 70 sont restés en manus-
crit. — 20 Cinquante-deux concertos pour le cla-
vecin et orchestre, composés de 1723 à 1788,
dont neuf seulement ont été imprimés. — 3o Qua-
rante-sept trios, partie pour clavecin et (lartie pour
flûte, violon et basse, desquels vingt-sept sont
encoreinédits. — 4o Dix-huit symiihonies à grand
orchestre , composées de 1741 à 1776 : on n'en
a imprimé que cinq. — 5" Douze sonates pour cla-
vecin obligé avec accompagnement de plusieurs
instruments, dont trois seulement ont été pu-
bliées. — 0° Dix-neuf solos pour divers instru-
ments, tels que llûte, hautbois, viola di gamba,
harpe , etc. : on n'a imprimé que deux de ces
pièces. — 7° Trois quatuors pour clavecin, flûte,
alto et basse, composés en 1 788, et encore inédits.
— 8° Une foule de petites pièces pour divers ins-
truments, imprimées et manuscrites; de plus, en
manuscrit : un Magnificat, com^o?,é en 1749;
un 5anc<«s; un Veni Creator; vingt-deux can-
tates et motets, composés de 1763 à 1788; quatre
services pour la fôtede Pâques, composésen 1756,
l77S et 1784 ; un service pour la fête de Noël ,
en 1775; neuf chœurs religieux avec orchestre,
de 1771 à 178.S ; trois services pour la fête de
Saint-Michel, i772, 1775 et 1785; cinq motets
f.ans instruments ; une antienne à quatre voix ; un
Amen, idem; une cantate de noces, en 17GG ; un
chœur italien pour le roi de Suède, en 1770;
une cantate pour une naissance, 1769; deux ora-
torios, 1780 et 1783 ; deux sérénades ; une hymne
di! naissance en deux parties ; dix-sept pièces
pour des installations de prédicateurs , de 1769
il 1787 ; deux musiques de jubilé, toutes deux en
BACH
20,'î
1775; une cantate pour (l'nor, avec orchestre,
en 1772; .Se/»ja , cantate pour soprano, avec
orcliestre, 1776; cinq airs, avecorcliestre; qualre-
vingt-qiiinze ciiants imprimés et manuscrits, et
une quantité considérable fie cliants simples ou
chorals. Le nombre des ouvrages que Rach a
publiés depuis 1731 , par la voie de l'impression
ou de la gravure, se monte à plus de cinquante;
eu voici l'indication : I. Pour le chant: I° Me-
lodien zu Gellerts geistlichen Liedern (Mélo-
dies pour les cantiques de Gellert) ; Berlin, 1754.
Cet ouvrage eut en 1784 sa cinquième édition.
— 2" Oden Sflmm^ffnp' (Recueil d'Odes) ; Berlin,
1761. 3» Anhang zu Gellerts geistlichen Oden
(Appendix aux odes religieuses de Gellert). Ber-
lin, 1764. — 4° Une multitude d'airs et de chan-
sons dan>. les recueils de Graef, deKraus, de Lang,
de Breitkopf et autres ouvrages périodiques.
— 5" Philix et Tir ci s, canlale; I5erlin, 1706. —
60 Der Wirthunddie G^ri^e (l'Hôte et les Con-
vives); Berlin, 1796. — 7o Les psaumes de Cramer;
Hambourg, 1774. — 8° Die Israeliten in der
Wiiste (les Israélites dans le désert), Oratorio,
en partition ; Hambourg, 1779. — 9° Sancttis, à
deux chœurs, en partition, Hambourg, 1779. —
10° Sturm's geistliche Gesœnge mit Melodien
(cantiques deSturm, mis en musique); Ham-
bourg, 1779. Le second volume du même ouvrage
a paru à Hambourg, en 1 78 1 . — 11° Kloptoks Mor-
gengesxng am Schœpfungsfeste ( Hymnes du
matin, pour la fête de la Création, par KIopstock),
enfiartition; Leipsick, 1787.— 12° Deux litanies
à huit voix eu deux chœurs; Copenhague, 1786.
— 13° Rammlcrs Auferstehung und Himniel-
fcihrt Jesii (la Résurrection et l'Ascension de
Jésus, par Ramier), en partit.; Leipsick , 1787.
— H. PocK LE CLAVECIN : 14° Un menuet à mains
croisées; Leipsick, 1731. — lb°Six sonates dédiées
au roi de Prusse; Nuremberg, 1742;— IC'^ con-
certo pour clavecin en ré; Nuremberg, 1745.
— n'Un id.e.n si hémo[,ibid., 1753. — 18° Six
sonates; Berlin, 1753. —19° Dix sonates, dans les
œuvres mêlées de Haffner; Nuremberg, 1755 et
1756 — 20° Deux sonates et une fugue dans le
recueil de Breitkopf, 1757 et 1758. — 21° Une
fiigue à deux parties pour clavecin , dans le re-
cueil de fugues de Marpurg ; Berlin, 1758.—
22° Douze petits morceaux pour clavecin, Berlin,
1758. — 23° Six sonates, avec des variantes dans
les reprises (il y a joint une préface sur ces varian-
tes); Berlin, 1759. H yen aeuunedeuxième édition
en 1785. — 24° Six sonates; Berhn, 1761. —
25"Six sonates; ;&if/., 1762.— 26° Concerto en mi
majeur; ibid , 1763. — 27" Trois sonatines, avec
accompagnement, de 1764 à 1765, imprimées sé-
paii'inent. — 28';» Si\ sonates faciles ; Leipsick,
1760. — 29" Recueil de pièces pour leclavcfiii ;
Berlin, 1765. — 3o° douze petits morceaux à l'u-
sage des commençants , premier recueil; Berlin,
17G."). —31° deuxième recueil des mèmts; ibid.,
170S. —32° six sonatesà l'usage des dames, 1770.
Il y a en 4eux éditions de cet ouvrage, l'une gra-
vée à Amsterdam, l'autre imprimée à Riga. —
S.'î" douze petites pièces à deux et trois parties ;
Hambourg, 1770. — 34° Musikalische Vermis-
chuitg (Mélanges musicaux); Hambourg, 1771. —
35" Six concertos faciles avec accompagnement;
ibid., illï. — 30° Six sonates pour clavecin, vio.
Ion et violoncelle ; Berlin, 1776. — 37° Trois sona-
le-i , avec accomiiagncment de violon et viol'ui-
celle, premier recueil; Leipsick, 1776. — 38° Quatre
sonates, ibid, deuxième recueil ; Leipsick, 1777.
— 39°Six sonates pour les connais.seurs, Leipsick;
1779. — 40° deuxième recueil (les mêmes; Leip-
sick, 17S0. — 41° troisiènie idem; ibid 1783. —
42" Quatrième /rfent;jiirf. 1785. — 43° cinquième
idem; ibid. 1785.— 44° sixième recueil idem,
avec des fantaisies libres; ibid., 1787. — 45° So-
nnta péril ccmbalo solo; Leipsick, 1785. —
Pour divers instruments : — 46° Trio pour vio-
lon, en ut mineur, avec des observations, suivi
d'un autre trio pour flûte, violon et basse; Nu-
remberg, 1751. — 47» symphonie, en ?ni mineur,
pour deux violons, alto et basse, ibid., 1759. —
48° Quatre symphonies à grand orchestre; Leip-
sick, 1780. — idoPreludio e set sonate per or-
gane ; Berlin, 1790, grand in-fol.— l'V. Écrits
SUR LA MUSIQUE : 50° Einfall einen doppelten
Contrapunct in der Octave von 6 Tacten zu ma-
chenohnedie Regelndavon zuwissen (Idée pour
composer un contrepoint double à l'octave, de six
mesures, sans en connaître les règles) ; 1757, dans
le troisième volume dus essais de Marpurg. —
31° Versuch iiber die wahre Art das Klavier
zu spielen,mit Exemplen und 18 Probstûcken
in 6 Sonaten (Essai sur la vraie manière déjouer
du clavecin, avec desexempleset dix-huit modèles
en six sonates) ; Berlin, 1752 — 1762, in-4°, 2 vo-
lumes. Les exemples de cet ouvrage forment un
volume grand in-folio. La deuxième édition de
cet excellent ouvrage a été publiée à Leipsick ,
en 1782, la troisième en 1787, la iquatrième en
1797. Rien ne peint mieux l'indifférence ou l'on
est en France pour les progrès de la musique, que
l'absence d'une traduction de ce livre, beaucoup
plus important que son titre ne l'annonce. Le se-
cond volume contient d'excellents principes d'ac-
compagnement. L'auteur de cette biographie pos-
sède le manuscritautograplied'iin petit ouvrage de
Ch.-Ph.-Emra. Bach, intitulé : Kurze Anwei-
sung znm General-Bass (courte instruction
pour la basse continue), petit in-4o obi. de 3>t><
204
BACH
pages, ainsi que seize lettres de sa main, relalives
à sa vie et à ses ouvrages ; enfin le catalogue
thématique de loiifes ses (ruvres imprimées et
inédites, manuscril supérieurement exécuté en
un volume in-fol. de 98 pages, précédé d'une
helie vue de son tombeau sur les bords de Ttilbe,
peint en gouache. On lit dans le Correspondant
de Hambourg (1790, no 160), que Bach lui-
luôme fut le rédacteur de ce catalogue, dont on
a extrait celui qui a été publié après sa mort. On
a imprimé quelques ouvrages posthumes de lîach
à lîcrlin et à Leipsick, consistant principalement
en musique de cliant et de clavecin. M. A. -F.
Riccius publie en ce moment ( 1853) une édition
complèle des œuvres de Charles-Philippe Emma-
nuel Bach, pour le clavecin, chez Frédéric Hof-
meister, à Leipsick. La première livraison
contenant six sonates, est accomjjagnée d'une
intrcdiiclion historique et critique. Le cataIo;;ue
thématique de toutes les compositions inédiles
de Bach pour le clavecin et pour d'autres instru-
ments, avec l'indication de ieiu- date, se trou ve dans
le catalogue général de sa collection cité précédem-
ment. Les manuscrits autographes d'une partie de
?es cantates d'égliseet autresouvrages de musique
religieuse, ainsi quede ses symphonies et deses con-
certos pourclavecin et pour divers rnstrnments,
se trouvent à la bibliothèque royale de Berlin.
Créateur de la sonate moderne, Emmanuel
Bach a eu le sort souvent réservé à ceux qui ou-
vrent des voies nouvelles dans l'art : il fut mé-
connu de ses contemporains , parce que son style
était trop nouveau pour eux, et .ses ouvrages
ont vieilli rapidement, parce que ses successeurs,
instruits par son exemple, ont développé ce qu'il
avait inventé et en ont perfectionné les formes.
Jugées au point de vue de l'époque actuelle, les
pièces composées parce grand musicien nous sem-
blent trop courtes, accoutumés que nous som-
mes à l'ampleur parfois ex.agérée de la musique
de Beethoven , de Weber et de Mendelssohn.
l'armi les nombreux recueils de sonates qu'il
a mis au jour, on rein;ii(pie eu première !i-
une celui qui a pour lide Sonates île cla-
vecin pour les connaisseurs (Clavier-Sona-
leu fiir Ifenner), dont il a paru six suites à
t-<'ipsick, depuis 1779 jusqu'en 1787, et dont la
réunion forme un gros volume in-fol. Cette im-
portante production renferme dix-huit sonates,
douze rondeaux détachés, et six fanlaisies. Le
titre Sonates pour les Connaisseurs, semble
une protestation contre l'indifférence que le
vulgaire montrait pour les ouvrages de Bach. Un
des traits caractéristiques du talent d'Emma-
nuel Bach est son pencliaul pour la mélodie.
A le voir s'éloigner avec soin du .style fugué
dans la plupart de ses ouvrages, on a peine
à comprendre qu'il ait pu s'affranchir avec
tant de liberté de l'éducation qu'il avait reçue
et des habitudes de son enfance. Des quatre
lils de Jean-Sébastien Bach qui se sont montrés
dignes de leur illustre père, l'aîné (Guillaume-
l'riedmann) et Jean-Chistoplie-Frédéric ont été
les continuateurs de sa manière, et l'on voit dans
leurs œuvres qu'ils ont été inspirés par son génie.
Les deux autres, au contraire (Charles Pluliiipc-
Emmanuel et Jean-Chrétien), ont été mélodistes
avec passion, et ont employé toutes les ressour-
ces de leur imagination à la création ou à la pro-
pagation des formes modernes. Jean -Sébastien
était encore dans toute la force de son talent
lorsque son fils Emmanuel publia ses premiers
ouvrages. 11 serait intéressant de savoir quelle fut
l'opinion de ce grand homme sur des choses si
différentes de son style. Vraisemblablement il
les aura considérées comme des bagatelles ; car
c'était par C(! mot qu'd désignait les opéras ita-
liens (le sou temps, et toute la musique libre qui
n'avait de base que dans l'imaginalion, quoiqu'il
eût lui-même l'imagination la plus riche et la [plus
indépendante. Quoi (ju'il en soit, Emmanuel Bach
fit voir dans son premier œuvre de .sonates , déilié
au roi de Prusse, et publié en 1742, la voie nou-
velle où il voulait s'engager, quoicpi'il y eût en-
core quelque incertiUule dans sou style; mais il
caractérisa davantage sa n'.anière dans les six so-
nates qu'il fit paraître en 1753. Là, les formes
qu'il a reproduites ilans ses autres œuvres sont
arrêtées, et l'on n'y retrouve plus rien del'ancienne
école.
Cependant ces œuvres , et quelques sonates
détachées du môme genre, qu'Emmanuel Bach
avait fournies aux recueils de compositions de di-
vers auteurs publiés k Nuremberg, chez Haflner,
et à Leipsick chez Breitkopf, ayant fait accuser
cet artiste, par quelques critiques allemands,
(le n'avoir adopté des formes libres dans ses com-
positions , que parce qu'il n'avait pas assez d'ha-
bileté dans l'art d'écrire pour traiter avec talent
des ouvrages plus scolasfiqucs , il crut devoir
démontrer l'injustice de cette attaque, en faisant
insérer dans le reci'.eil intitule Musicalisches
Allerlcij, pirblié à Berlin en 1761 , deux sonates,
dont la première (en nii mineur) est composée
de pièces d'anciennes formes d'irn style serré, et
dont l'aulre (en rd mineur) a poirr dernier mor-
ceau une fugue excellente. S'il était nécessaire
d'avoir une autre preirve d.e la valeur des œu-
vres de lîacli qrre ces mêmes ouvrages, on la
trouver-ail dans la haute estime que Haydn ,
Mozart et Clementi eurerrt toirjours pour l'origi-
nalité du style de cet artiste.
BACH
2U5
BACH (.IrvN-CiinisTOPiiE-FiiÉDÉnic), (ils
do Je:in-Sél)astien , né à Leipsick, en 1732,
étudia d'abord le droit à l'université de sn ville
natale; mais bientôt il abandonna cette science
ponr la musique, qu'il aimait avec passion.
Ses heureuses dispositions et les leçons de son
père en firent un compositeur habile et nn pia-
niste distingué. Charmé de ses talents, le comte
de Schaumbourg, grand amateur de musique,
le nomma son maître de chapelle, et lui donna
des appointements de 1000 tlialers (3,750 fr.).
Les devoirs de sa place l'obligeaient à compo-
ser des canlates et des oratorios ponr toutes les
féfcs de la petite cour de Bùckebourg; du reste,
il jouissait d'une existence douce , tranquille, et
pouvait se livrer aux travaux qu'il affectionnait,
sans être troublé par un service fatigant. Il ne
s'éloigna qu'une seule fois de la résidence du
comte de Schaumbourg: ce fut pour faire avec
son frère, Jean-Chrétien Bach, nn voyage de
quelques mois à Londres. De retour à Bùcke-
bourg, il y mourut le 26 janvier 1795, d'une in-
flammation de poitrine, laissant après lui la ré-
putation d'un artiste distingué et d'un homme
respectable. On ne trouve point dans ses com-
positions le feu qui distingue celles de ses frères
Cliarles-Philippe-Emmanuel et Guillaume-Fried-
mann ; mais elles se font remarquer par la force
de l'harmonie et par l'habHeté avec laquelle le
siyle fugué y est traité. Bach aimait son art
avec passion, et s'en occn|)ait»ans cesse : jusqu'à
sa mort, il conserva riiabitiide de consacrer toutes
SOS matinées à la composilion. Ses ouvrages
sont en grand nombre ; la bihliolhèque royale de
Berlin possède en manuscrit: /no, cantate de
Bamler, à voix seule avec deux violons, viole et
basse. — La jeunesse de Jésus, tableau biblique à
quatre voix, deux violons, viole, basse continue,
deux (lûtes et deux cors. — La RésuiTeclion de.
Lazare, oratorio de Herder, à quatre voix et
oichestre. — Une Cantate pour l'anniversaire de
la naissance du comte de Schaumbourg, composée
en 1787, à quatre voix etorchestre. — Unecau-
iale pour l'Ascension, à quatre voix, deux violons,
alto et basse continue. — Deux motets à quatre
voix. — Une symphonie (en si bémol) pour deux
violons, alto, basse, deu< clarinettes, basson et
deux cors. — Pygmalion, cantate théâtrale. —
Deux concertos pour le piano avec orchestre. — Un
trio pour (lûte, violon et basse. — Un autre trio pour
deux violons et basse ; et des airs avec orchestre.
Il n'a été imprimé de lacomposilion de Jean-Chris-
topbe-Frédéric Bach que des sonates isolées,
dans les mélanges de musique (iMiisicalisclics
Vielerley), les cantiques de Munter {Munter's
geistliche iitY/cr), dont la deuxième livraison
a paru en 1774. — Six quatuors pour (lùle, violon,
viole et basse, gravés à Hambourg. — Ino, caii-
taie arrangée pour le clavecin, t^n 1 780. — Musi-
caiische Ncbenstunden (les Heures d'amuse-
ment de musique , collection de petites pièces) :
le premier cahier a paru en 1787 et les antres
dans les années suivantes, jusqu'en 179 1. — Enfin,
six quatuors pour le violon, à Londres, en i7S^).
Les .sonates faciles pour le clavecin, et la cantate
V Américaine, que Gerber attribue à Jean-Cbris-
toplie-Frédéric, dans son ancien lexique, ap-
partiennent à son frère Jean-Chrétien. L'épouse
de Bach était cantatrice à la cour du comte de
Schaumbourg.
BACH (Jean-Chrétien), onzième fils de
Jean-Sébastien , naquit à Leipsick en 1735.11
n'avait pas encore quinze ans, lorsqu'il perdit son
père ; ce malheur l'obligea de se rendre à Berlin
chez son frère Ch.-Ph.-Emmanuel, pour y per-
fectionner son talent sur le clavecin et dans la com-
position. Ses progrès étaient sensibles, et déjà quel-
ques-unes de ses productions avaient été remar-
quées du public, lorsque la connaissance qu'il fit
de quelques cantatrices italiennes (it naître en lui
le désir de visiter l'Italie. Il quitta Berlin en 17;i4,
et se rendit à Milan , où, peu de temps après,
il fut nommé organiste de la cathédrale. On
ignore les motifs qui lui firent quitter cette ville,
mais il est certain qu'il .se rendit à Londres en
1759. Il n'y (ut pas longtemps sans être fait mu-
sicien de la reine, et peu après maître de sa
chapelle. En 1763, il fit représenter son opéra
(\''Orione,ossia Diana vendicata, ouvrage qui a
fait sensation par quelques l)eaux airs, et par des
effets nouveaux d'instruments à vent. C'est dans
cet opéra que les clarinettes furent entendues
pour la première fois en Angleterre. Le succès
de Bach dans cet opéra fixa son sort à Londres,
où il demeura jusqu'à sa mort, qui eut lieu en
1782. Il fit cependant un voyage à Paris vers
1780, mais il resta peu de temps dans cette ville.
Sans avoir la puissance d'invention et la ri-
chesse d'harmonie de son père, ni la variété d'i-
dées et la profondeur de son frère Cliarles-Phi-
lippe-Emmanuel, Chrétien Bach fut cependant
i un des musiciens remarquables du dix-huitième
siècle ; et tels sont les avantages de la carrière
dramatique, que son nom et ses ouvrages ont été
I bien plus généralement connus que ceux de ces
I deux grands artistes. Ses airs Pont fort beaux,
et plusieurs ont joui d'une grande célébrité. Son
chant n'a point de caractère qui lui soit particu-
i lier; il se rapproche beaucoup de la manière des
maîtres italiens de l'époque où il écrivait, et
surtout de ceux de l'école de Naples ; mais \\ a
du brillant , de la facilité; ses mélodies sont fa-
206
BACn
vorables aux voix, et les accompagnements en
sont(^,Iéganls et d'un bon effet. Bach a eu le m('-
rite de donner aux airs d'opéra un effet plus dra-
matique, en lie ramenant point après l'allégro le
mouvement lent du commoncemenf, comme l'a-
vaient fait tous les compositeurs italiens qui l'a-
vaient précédé. Les opéras les plus connus de
Chrétien Bach sont : 1° Calorie; Milan, 1758,
ctLondres, 1704. — 2° Ono«e; Londres, 1763. —
•^"Znuaida, ilans la même année. — 4° Bérénice,
|)asticc!o, avec des morceaux de Hasse , Galuppi
etFerradini;1764. — 5" Adriano in Siria ; 17G4.
— (j° Carattaco ; 1767. — 7° VOlimpiade; 1769.
— 8° Ezio. — 9° Or/eo; 1770. — 10» Temistocle,
dont la partition manuscrite est à la bibliothèque
royale de Berlin. — 11° Si/ace. — 12" Lucio Silla.
— 13° ia Clemenzadi Scipione. — 14° Gioas re
di Giuda, oratorio. — 15° Amadis des Gaules,
eu trois actes, gravé à Paris. Cet ouvrage, en-
trepris sur la demande des directeurs de l'Opéra,
lut représenté en 1779, et le manuscrit fut payé
10,000 fr. par l'administration, suivant le compte
<les dépenses de 1779 à 1780. VOrione de Bach
fut traduit en français, en 1781 , et reçu à l'O-
jiéra dans la même année ; mais il n'a pas été
représenté. Ses autres compositions pour le chant
<onsistcnt en un Salve Regina, un Magnificat k
deux voix et orchestre, un Laudate piieri à deux
voix et orchestre, un Gloria à quatre voix et
orchestre, deux motets pour ténor composés pour
le célèbre chanteur Raff, quelques autres
compositions pour l'église, et une cantate inti-
lul(^ Die Amcrikanerinn (L'Américaine);
Dresde. La bibliothèque royale de Berlin pos-
sède vingt-quatre volumes d'airs en partition,
extraits des opéras de Chrétien Bach.
Bach a eu aussi de la célébrité pour sa mu-
sique instrumentale, qui se compose de quinze
symphonies à huit instruments ; une symphonie
concertante pour plusieurs instruments; dix-
liiiit concertos pour clavecin avec accompagne-
ment; six quintetti pour la flûte et le violon ,
trente trios ou sonates, pour clavecin , violon
et basse; une sonate à quatre mains; une pour
lieux pianos; six trios pour violon; douze so-
nates pour clavecin seul; six quatuors pour vio-
lon ; deux quintetti pour piano, flûte, haut-
bois, alto et violoncelle, et un quatuor pour
|iiano, deux violons et basse. Toute cette musi-
que est facile à jouer; c'est plutôt à cet avantage
qu'an mérite de la composition, qu'il faut attri-
buer les succès qu'elle a obtenus.
BACH (Cécile), femme du précédent, née à Mi-
lan, en 1746 , d'une famille nommée Grassi, fut
cantatrice au théâtre italien de Londres, depuis
i7f)7 jusqu'à la mort de son mari. Elle n'était
pas jolie et n'avait aucun talent comme actrice ,
mais le timbre de sa vuix clait si agréable, son
intonation si juste, son expression musicale si
naïve et si pénétrante, qu'elle faisait oublier ces
défauts. La perte de son éi)onxliii (itquilter Lon-
dres pour retourner dans sa patrie.
BACH (Jean-Nicolas), tils aîné de Jean-
Christophe , naquit à Eisenach , le 10 octobre
1C69. En 1695, il fut nommé organiste à Jena,
où il établit une fabrique de clavecins. Vers la
fin de sa vie, il se retira dans sa ville natale, oii
il mourut en 1738. lia composé des suites de
pièces pour l'orgue et pour le clavecin, qui prou-
vent qu'il avait un grand talent comme organiste
et comme compositeur. En 1787, on trouvait
dans le magasin de Breitkopf, à LeipsicK, un motet
manuscrit à deux chœurs sur le texte : Merk
aitf mein fferz, etc. , qui était l'ouvrage de ce
musicien. La bibliothèque royale de Berlin pos-
sède de sa composition, en manuscrit, un Kyrie
et un Gloria à quatre voix avec instruments,
composé sur le cantique allemand : Allein Gotl
in der Hôh sei Ehr (en mi mineur). Jean-Ni-
colas Bach eut deux frères qui exercèrent aussi
la profession de musiciens ; l'un, nommé Jean-
Christophe, demeura d'abord à Erfurt, puis à
Hambourg, ensuite à Rotterdam et enfin à Lon-
dres, où il est mort ; l'autre, nommé Jean-Fré-
déric, fut organiste de Sainf-Blaise à Mùlhausen.
Un troisième frère de Jean-Nicolas, nommé
Jean-Michel, mourut dans son enfance.
BACH (Jean-Louis), lils de Jean-Michel,
naquit en 1077 à Amte-Gehren, dans la princi-
pauté de Schwartzbourg-Sondershausen, et fut
maître de chapelle de la cour de Saxe-Meinun-
gen.ll mourut en 1730. La bibliothèque royale de
Berlin possède une musique funèbre à deux chœurs
avec instruments, divisée en trois parties, et
composée par cet artiste, en 1724, pour les obsè-
ques du prince Ernest-Louis de Saxe Meinungen.
Ernest-Louis Gerber possédait aussi du même
compositeur une grande cantate d'église écrite en
1710, pour le 25" dimanche après la Trinité.
Gerber accorde beaucoup d'éloges à cette com-
position, écrite h quatre voix, deux violons , deux
violes et basse continue.
BACH (Jean-Eknf.st), fils de Jean-Bernard
et petit- fils de Jean- LIgide, maître de chapelle du
duc de Saxe-Weimar, à Eisenach , naquit dans
cette ville, le 28 juin 1722. Il demeura six ans
à l'école Saint-Thomas de Leipsick , et à l'uni-
versité de la même ville. Il y étudia la juris-
prudence, ei, de retour à Eisenach, il y exerça
la profession d'avocat. Mais il paraît s'être sur-
tout occupé de la iiiusi(iue, car, en 1748 , il tut
donné comme adjoint à son père (Jean-Bernard ,
BACn
207
dont il a été parlé ci-dessus) , dans la place
(i'organistt; de l'ci-lise de Saint-Georges. Il moti-
1 lit à Eisenacli vers 1781 , avec le titre et la pen-
sion (le maître de ciiapelle. On a publié de sa
composition : 1° Sammiung ausscrlesener fa-
bef.ii mit Melodien ( Recueil de fableschoisies mi-
ses enmiisique);Niiremberg. — 2° Trois sonates
pour clavecin avec violon ; ibid., 1770, in-fol.
— 3" Deux idem; ibid., 1772. Ses antres compo-
sitions sont restées en manuscrit : elles consis-
tent en unequantité de psaumes; deux Magnifi-
cat; deux services pour la Passion; deux can-
tates à quatre voix et orchestre; une gramle
musique funèbre pour les obsèques du duc I£r-
nest-Auguste-Constantin de Saxe-Wcimar, des j
chansons, et quelques symphonies composées
pour le service de la cour à laquelle il était at-
taché. On lui doit aussi la préface de la première
édition de l'ouvrage d'Adelung, intitulé Musika-
lische Gelahrtheit. Son (ils, excellent organiste,
lui a succédé dans ses places d'organiste et d'a-
vocat de la cour. On trouve en manuscrit à la
l.ihliothèqueroyale de Berlin : un Hyrieet Gloria à
(piatre voix et basse continue, le 18* psamiie à qua-
tre voix et instruments, trois cantates d'église, un
motet à cinq voix et instruments, une fugue à
quatre voix et orchestre, et une fantaisie pour
le clavecin , composi'S par Jean-Ernest Bach.
BACH (Jean-Éue), second fils de Jean-Va-
lentin, et petil-tils de Georges-Christophe, na-
quit en 1705, et fut maître de musique et inspec-
teur du gymnase de Schweinfurt; il y fut installé
solennellement le 29 mai i743, etmouruten 1755,
à rage de cinquante ans. il a laissé quelques
campositions pour l'Église qui sont restées en
manuscrit.
BACH (JeanMicuel), surnommé Ze Jeune,
fut d'abord cantor k Tonna, vers 17f>?; ti ,...-,
entraîné par le goût des voyages, il abandonna «a
place, et voyagea en Hollande, en Angleterie et
en Amérique. De retour en Allemagne, il étudia
pendant quelque temps à Gœttingue, en 1779, et
se fixa ensriite à Custrow, dans le duché de
rdecklembourg, où il exerçait encore la profession
d'avocat en 1792. Ses ouvrages se composent
de six concertos aisés pour le clavecin , op. 1;
nerlin, 1770. Il a publié aussi un ouvrage m-
titulé : Kurze und systematische Anleiliing
zum Generalbass und der Tonkunst uber-
haupt, mit Excmpeln erlœutert, zum Lehren
und Lerncn cntworfen (Instruction systéma-
tique pour apprendre la basse continue et la
musique en généial , avec des exemples pour
loiix qui veulent enseigner et pour ceux qui
veulent apprendre); Cassel , 1780, in 4°.
BACH ( Guillaume ), (ils de Jean-Christophe-
Frédéi ic , et pclil-lils de Jean-Sébastien, naquit
en 1754 à Dùckebourg, où son père était raaitre
de chapelle du comte de Schaumbourg. Il sé-
journa d'abord quelque temps à Londres chez;
son oncle, Jean-Chrétien Bach , par les soins
duquel il acquit du talent dans la musique. De
retour en Allemagne, il composa une cantate, qui
fui exécutée à Minden en 1789, en présence de
I-redéric-Guillaume II. Cette composition plut
au roi, qin accorda à l'auteur la place de timbal-
lierdansla nouvelle chapelle de la reine, eu 1790,
et ensuite celle de musicien de la chambre. Guil-
laume Bach, dont le fils était naguère le seul
rejeton vivant de l'illustre famille de son nom,
a rempli ces emplois pendant près de 40 ans. Les
ouvrages de sa composition qui ont été publiés
sont : 1" la cantate dont il a été parlé ci-dessus,
et qui a paru sous le titre de Joie du peuple de
voir son roi bien-aimé , avec accompagnement
de clavecin; Buckebourg; 1790. — 2" Six sonates
pour clavecin et violon, œuvre premier; Berlin,
1788. — 3° Trois sonates pour clavecin et violon,
op.2;Berlin, 1790. — 4° sixsonatespour le clave-
cin seul, op 3; Berlin, 1796. — 5° Deutsche und
frunzœsische Licder (chansons allemandes et
(rançaises); Leipsick. Guillaume Bach est moit
à Berlin en 1846, à l'ûge dequatre vingt-douze ans.
BACH (OswALD), professeur de chant, dont
l'origine est ignorée, n'est connu que par la cita-
tion que Ch. M. de Weber a faite d'un ouvrage
de sa composition qui a pour titre : Leçons de
chant pour mes élèves , Salzbourg, 1790, 2 par-
ties in-4o.
BACH (Jean-George). On trouve sous ce
nom un Sextuor pour piano, hautbois, violon,
violoncelle et deux cors, œuvre troisième, gravé
à Offenbach, chez André.
BACH (JEAN-CiutisTOPHE), dernier descen-
dant de la famille des Bach, naquit en 1780 à
Bindersleben, près d'Erfurt, où il fut économe
de la commune. Il y mourut le 2i mars 1846.
Jean-Christophe Bach cultivait la musique
comme amateur et était bon organiste. Kœrner,
éditeur à Erfurt, a juibliéune fugue pour l'orgue
(en la) de sa composition.
BACH (Henri-Amand), docteiir en médecine
et en philosophie , est né à Ober-Scbred'eldorf
dans le comté de Glatz, en 1791 . Sou éducation
musicale fut commencée au gymnase de cette
ville. Bach se rendit ensuite, en 1811, à l'uni-
versité de Breslau, et y termina ses études. En
1813 il partit pour Vienne, et deux ans après
il alla à Berlin, où il acheva ses cours de méde-
cine. Comme compositeur et comme pianiste, il
possède un talent distingué; mais il s'est fait re-
marquer principalement par un livre qu'il a pu-
208 I
BACH — BACHINI
l)lié sous ce titre : De musices effeciu in ho-
mine sann et segro; Berlin, Fred. Stark, 1817,
in-8". On connaît de sa composition : Thème
avec sept variations pour le piano. Bresiau,
Bartii.
BACH (Auouste-Guu.laume), organiste de
fi^giise de Sainte-Marie {Marienkirche) à Ber-
lin, né dans cette ville, le 4 octobre 179G, ne
descendait pas de l'illustre famille de ce nom.
Son père était secrétaire île la direction royale
des loteries, et organiste de la Trinité. Après
avoir terminé ses études musicales, Auguste-
Guillaume Bach se livra à l'enseignement, et fut
altaclié comme professeur de musique à plu-
sieurs institutions et gymnases; puis il fut ap-
pelé en 1822, à SIettin en qualité de directeur de
musique. La manière dont il remplit ses nou-
velles fonctions l'ayant fait connaître avanla-
gcuseinent, Zelter, qui, conjointement avec Ber-
nard Klein, venait de fonder un nouvel institut
de musique, jeta les yeux sur Bach pour y rem-
plir les fonctions de (trofcsseur de composition.
Dans l'espace de dix ans '1 y forma beaucoup
de bons élèves qui se sont fait connaître comme
organistes et professeurs. Après la mort de Zelter
et le départ de Klein, Bach eut la direction de
cet institut normal. Dans le môme temps il reçut
aussi sa nomination de membre de la commis-
sion consultative pour la construction des orgues
en Prusse, parce qu'il avait acquis des connais-
sances pratiques dans la facture de ces instru-
ments par l'examen qu'il avait fait dans ses voya-
ges des pins belles orgues deLeipsick, Dresde,
Prague, Vienne, Bresiau, Munich et Hambourg.
Kn 1834, l'Académie royale des beaux-arts de
Berlin l'admit au nombre des membres de sa sec-
tion de musique. Cet artiste est mort à Berlin
eu 1853 à l'âge de cinquante-sept ans. Il a pu-
blié plusieurs ouvrages do sa composition pour
le |)iano et pour l'orgue, parmi lesquels on re-
marque : 1° Divertissement pour le piano, Berlin,
IJchke. — 2" Fantaisie pour le piano, op. 3.;
iind. — 3° Fantaisie et fugue, en nt mineur, o|).
4; ihid. — 4» Variations sur l'air : 4?z Alexis send
ich dich; ibid. — ;")° Variations sur un llièiue
original, op G; Leipsick,Probst. — G°12 Grandes
variations sur l'air : Gestern abend inar ; Ber-
lin.— 7°Marciietriompliale pour le piano, op. 7;
ibid. — 8° Pièces d'orgue consislantenpréhnlcs,
fugues, chorals variés, etc. ; quatre suites; Leip-
sick,Br. et Haertel. — 9° Fantaisies, préludes et
fugues pour l'orgue; Berlin. — 10° Chants à voix
seule avec accompagnement de piano, op. 3 ;
Berlin. — \{°Der praklisclie Organist {VOtga-
nisfe praticien, contenant un recueil de divers
l reludes, chorals, fugues et autrescompositions).
diviséen trois parties; Berlin, Traulwein. —12"
Pièces d'orgue pour le concert, supplément a
VOrganiste praticien, ibid. Bach s'est aussi
fait connaître par de grandes compositions exé-
cutées à Berlin, à Dresde, et dans plusieurs villes
<le la Prusse, entre autres : Uonifacius, ora-
torio avec orchestre, exécuté à Berlin, en 1837,
et le psaume lOC, à 4 voix et orchestre, dont
la partition arrangée pour piano acte publiée eu
1840, ci Berlin, chez Trautwein. Enfin il a été
éditeur du livre choral pour les églises évangé-
liques de la Prusse qui a paru sous ce titre :
ClioraUnich fur das Gesangbuch zum ootles-
(liensll. Gcbr. fur evang. Gemcïndcn;- Berlin,
Trautwein.
BACH ^Jean-David), professeur de musique
à Berlin , n'est connu que par un ouvrage élé-
mentaire .';ur cet art intitulé : Klciner Gesaijg-
catechisimis oder die irahre und rechteArt des,
ersten Gesang Unte.rrichts in Volksschulen.
Erster Lehrgang (Petit catéchisme de chant,
ou véritable et bonne méthode d'enseigner les
éléments du chant dans les écoles populaires.
Premier enseignement). Berlin, Reimer, 1827,
gr. in-8°, obi. — 2" Cours de la science du chant,
suite du petit catéchisme, eic-^ibid. — 1828.
Suivant 31. Gassner ( Vniversal-Lexikon dcr
Toukunst, p. 88), l'auteur de cet ouvrage serait le
dernier rejeton de la grande famille des Bach.
Vn autre musicien de ce nom (Bach, M.), pro-
fesseur de musique à Cologne, actuellement vi-
vant (1855), est auteur d'une méthode de chant
(Singsclmle) publiée en trois parties, à Cologne,
chez Haelscher, et de deux recueils de Liedcr
avec accompagnement de piano, ibid.
BACHAUS (Jean- Louis), organiste de Sainte
iMarguerite et de l'église du cloître, à Gotha, vi-
vait en 1758. 11 étudia la composition sous le
maître de chapelle Stœlzel. On le range parmi
les bons compositeurs pour le clavecin.
BACHELERIE (Hugues DE LA), trouba-
dour français, né à Uzerche, dans le Limousiq,
vécut vers la seconde moitié du douzième siècle.
On a de lui des chansons d'amour dont les ma-
nuscrits ont conservé le chant.
BACHELET (L. -P.), chantre de l'église
métropolitaine de Rouen, est auteur d'un petit
recueil intitulé : Psaumes et cantiques en faux-
bourdon. Rouen, l'ieuri fils aîné, 1837, in-S^de
IG pages.
BACHl (Jean de), compositeur français du
seizième siècle, dont Jean Monlanus et Ulrich
Neubert ont publié des motets dans leur Thésau-
rus Musicus, Nuremberg, 1564, t. l^'.
IJACHIiMI (TnÉonor.E), né à Mautoue, vers
la lin du seizième siècle ou dans tes premières
RACHIIS'I
BACII.MANN
209
annios du 17""", fut coidelier au couvent do
«elt»^ ville, docteur en tlicologie, et maître de
cljiipelle de l'arcliiduc d'Auliiclic, duc de Man-
foui'. Le P. de Villiers de Saint-Étienne dit (Bi-
blioth. Carmelit., t. II, col. 793) que Bacliini a
écrit, vers 1(530, un traite De musica, qui est
vraisemblablement resté en manuscrit, car au-
cun bibliographe n'a cité cet ouvrage. Forkel ni
Licbtenthal n'en ont eu connaissance.
BACHMAIXIV (Frédéric), auteur allemand
qui vécut dans la première moitié du dix-bui-
tième siècle, a publié une dissertation De effec-
tibus musices in corpore humano. Leipsick ,
1734.
BACI1MA1\M (Charles-Louis), habile lu-
Ibier et musicien delacbambredu roi dePrusse,
naquit à Berlin en 1716. Comme instrumentiste.
Il se distinguait par son talent sur la viole; mais
c'est surtout comme luthier qu'il mérite d'être
placé au rang des artistes les i)liis recommanda-
bles. Ses instruments, et particulièrement ses
violonsetses violes, sont fort recherchés en Alle-
magne. Il est l'inventeur des chevilles à vis pour
la contrebasse, invention qu'il appliqua parla
suite aux violoncelles et môme aux violons. 11
imagina aussi, vers 1780, une espèce de guitare
à clavier qui portait, vers la droite de la table, un
mécanisme au moyen duquel on faisait frapper
les cordes par de i)etits marteaux. Cet instru-
ment eut peu de succès. En 176,') Bachmann
reçut son diplôme de luthier de la cour. Cinq ans
après, il fonda, conjointement avec F.rnesl
Benda, le concert des amateurs de Berlin, (|ui
eut une existence brillante, et qui ne finit «lu'en
1797, lorsque Bachmann fut devenu trop vieux
pour y donner des soins. Cet artiste estimable
est mort à Berlin en 1800, à l'âge de quatre-
vingt-quatre ans. 11 eut deux (ils, qui furent
musiciens de la chapelle du roi de Prusse.
BACHMANN (Charlotte-Chkistine-Gl'il-
hf.lmink), femme de Cbarles-Louis-Baclimann,
fut depuis 1779 cantatrice du concert des ama-
teurs de Berlin, oii elle chantait encore en 1797.
Lors de l'exécution de l'oratorio intitulé Lamort
de Jésus {>}& Grann), elle y cbanta les solos, con-
jointement avec madame .Scliick. Elle était aussi
comptée parmi les premières virtuoses de Berlin
ïur le clavecin. Le catalogue de Rellstab indique
(pielques cbansons de sa composition.
BACH.MANN (Le P. Sixte), religieux pré-
inontré à Marchthal en Autriche, naquit le 18
juillet 1734 à Kittershausen. La nature l'avait
doué de dispositions si heureuses pour la musi-
<|ue qu'à l'âge de neuf ans il lutta avec le jeune
Mdzatt, sur le piano, sans être vaincu par lui. Il
était déjà piw venu alors à jouer correctement
BIOCIÎ. IJMV. DES MLSlCir.NS. — T. I.
plus de deux cenls morceaux difficiles, parmi
lesquels se trouvaient des pièces et des fugues de
Jean-Sébaslien Bach. Ses parents, qui le desti-
naient à l'élat ecclésiastique, le firent entrer de
bonne heure au monastère des bénédictins de
Kittersbausen. Il n'y trouva point de ressources
pour continuer ses études musicales, mais cela
ne l'empêcha pasde commencer à composer pour
le piano , bien qu'il n'eût pas les premières no-
tions de l'art d'écrire. Il sentait le besoin d(î
s'instruire dans le contrepoint ; son désir fut sa-
tisfait lorsqu'il fut envoyé chez îes prémontrés
de Marcbtbal pour y faire son noviciat, car il
trouva dans la bibliothèque du monastère une
riche collection d'ouvrages théoriques etde com-
positions des meilleurs maîtres, qu'il se mit à
étudier avec persévérance. L'arrivée du maître
de chapelle Koa à Marchthal lui fournit ensuite
l'occasion de perfectionner son éducation mu-
sicale. Ses études dans la théorie ne lui avaient
point fait négliger son talent d'exéiulion sur le
piano, et il avait acquis une grande habileté dans
la mau'ère de Bach, non-seulement comme pia-
niste, mais comme organiste. Ayant été nommé,
en 1780, membre de la société musicale établie
par Holïmeister, il prit l'engagement de compo-
ser plusieurs morceaux pour celte société ; mais,
ayant été mécontent de la publication de ses
deux premières sonates de piano, il rompit avec
Hoffmeister, et retira les compositions qu'il des-
tinait à cet institut. Depuis lors il a vécu dans
la retraite à Marchthal, composant toujours, siu--
tout dans le style ecclésiastique, mais publiant
peu de chose. Les ouvrages de sa composition
qui o.nt été imprimés sont : 1° Deux sonates pour
le clavecin; Vienne, 1780. — 2° Collection de
petites pièces pour le même instrument ; Spire,
1791. — 3" Sonate pour le piano; Munich, 1800.
— 4° Fugue pour l'orgue ; Spire, 1792. Parmi ses
ouvrages restés en manuscrit, on remarque plu-
sieurs messes dont les quatre dernières sont
écrites dans le style rigoureux, une cantate re-
ligieuse, une grande symphonie, trois quatuors
pour deux violons, alto et basse, trois sonates
pour le piano et quelques fugues pour l'orgue.
BACHMANN (Gottloe), organiste de Saint-
Nicolas à Zeitz, naquit à Bornitz, village voisin
de cette ville, le 28 mars 1763. A l'âge de quinze
ans il fut admis à l'école de Zeitz, où l'organiste
Frech lui donna des leçons de piano et d'iiar-
monie. Aju-ès avoir employé environ se(it années
à l'élude de la musique, Bachmann essaya ses
forces dans la composition par quelques sonates
de piano; mais, considérant combien il lui res-
tait à acquérir de connaissances pour écrire cor-
rcctcmcnl, il prit, en 17H5, la résolution de se
14
210
BACHMANN
reuJrc à Leipsick, pour y étudier à fond le con-
trepoiat et les belles-lettres. A cette époque
les compositions de Kozelucli et les quatuors de
Pleyel jouissaient d'une vogue décidée ; Baclininnn
se passionna pour ce genre de musique et s'en
fit l'imitateur; il ne tarda pas cependant à s'en
dégoûter, après qu'il eut entendu les ouvrages de
Haydn et de Mozart, et ce furent ces deux grands
artistes qu'il prit pour modèles. Il passa plusieurs
années à écrire des quatuors et des syvnphouies
dans leur style. Ses amis, auxquels il les faisait
entendre, applaudissaient à ses efforts, au lieu de
lui faire remarquer qu'il y a peu de gloire à ac-
quérir dans l'imitation des meilleures choses;
mais, ayant quitté Leipsick en 1790 pour se
rendre à Dresde auprès de Naumann, il trouva
dans ce compositeur un juge plus sévère que
ses amis, et il commença à comprendre qu'il
resterait toujours fort loin de Haydn et de Mo-
zart, parvînt-il à imiter aussi exactement (lue
possible leur manière savante et pure. Né avec
un sentiment vif du beau en musique, Bachmann
était dépourvu d'imagination et de génie; il fal-
lait qu'il imitât quelqu'un : ce fut Naumann qui
devint son modèle, et, après avoir aimé passion-
nément la musique instrumentale, il en vint à
adopter les préjugés de ce compositeur contre ce
genre, et à se persuader qu'il ne peut être ex-
pressif. La simplicité du style de Naumann, de
Weigl, de Salieri, de Cimarosa et de Vincenzo
Martini devint l'objet de ses préférences, et c'est
dans cette manière qu'il écrivit depuis lors la
plupart de ses ouvrages. La nécessité d'obtenir
une position lixelui faisait solliciter depuis quel-
que temps la place d'organiste à Zeitz; il l'obtint
en 1791, et depuis lors il n'a plus quitté cette
ville. Les ouvrages de Bachmann se divisent en
plusieurs classes; voici l'indication des princi-
paux : Opéras. 1° Phaedon et Naïde, cii un
acte. — 2° Don Silvio de Rosalva, en deux actes,
arrangé pour le piano; Brunswick, 1797. — 3° Or-
phée et Eu7-idice,en deux actes ; Brunswick, 1 798.
— 4° Cantate sw la mort d' Orphée ; Brunsv/ick,
1799. La mélodie de ces compositions est gra-
cieuse et ne manque pas d'expression; maison
y trouve peu d'invention. Ballades et chansons:
5° Poésies légères de Matthisson et de Jacobi,
mises en musique; Halle, 1795. — 6° V Elysée,
ballade de Matthisson ; Vienne, Riedt. — 7° Douze
chansons allemandes, œuvre sixième ; onenl)acli,
André. — 8° Héroet Léandre,ha.\\&Ae. de Dùrger;
Offenbach, 1798. — 9° Complainte d'une jeune
,/ti/e, de Schiller; Augsbourg, 1799. — 10" Léonard
et Blondme, ballade ; Leipsick, Breitkopf et Haer-
tt'l. — 11" At'/fo/T, ballade de Ciirger ; Vienne,
Riedt. — 12" Arion, ballade; Coiin, Siinrock, —
13° Die Burgschaft (la Caution), ballade de
SchiUt^r; Vienne, Riedt. — 14° La plainte do,
Cérès, de Schiller; ibid.— 15" Dit' Schlacht ;
ibid.~ 16" Ballades de Goethe ; Leipsick, Kiih-
nel.— 17° Douze chansons allemandes, œuvre
vingt-deuxième ; Vienne, Eder. — 18° Six chan-
sons, op. 25 ; Vienne , Riedt. — 1 9" Six odes alle-
mandes, op. 33; ibid. — 20o Six chansons alle-
mandes, op. 45 ; Berlin, Dunker. — 21° Six idem
op. 51; Leipsick, Hofl'meister. — 22" Six idem,
op. 59 ; Worms, Kreitner. — 23° Trois morceaux
deRochlilz ; Leipsick. — Musique instrumentale.
— 2i" Symphonie pour l'otxhestre, op. 2; Of-
fenbach, André. — 25° Deux id. , œuvres neu-
vième et dixième ; Brunswick , Spehr. Ces com-
positions sont très-faibles. — 26° Deux quatuors
pour deux violons, alto et basse, œuvre troisième;
Offenbach, André. — 27° Deux ide7n, op. 5 ;
ibid. — 28" Trois idem, œuvre septième ; Vienne ,
Eder. — 29o Deux idem en sol et en mi-bémol,
op. 8; Brunswick, Speiir. — 30° Un idem, op.
32; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 31" Un
idem, op. 57 ; Worms, Kreitner. — 32» Un idem,
dédiéà Haydn, Augsbourg, Gomharf . — 33o Qutn-
^e^/o pour piano, flûte, violon, altoet violoncelle,
op.42; Vienne, Eder. — 34" Deux trios pour
piano, violon et violoncelle, Brunswick, Spehr.
— 35" Sonate pour piano et violon obligé, op. 4;
Offenbach, André. — 3G" Andante pour piano
et violon, tiré de la Symphonie op. 9; Bruns-
wick, Spehr. — 37° Sonate [lour piano et violon
obligé, op. 23; Vienne, Eder. — 38°Sonate pour
les mêmes instruments, op. 1k, ibid. — 30" .S'ci-
nate pour piano, à quatre mains, o\).k\ ; Bonn.
Simrock. — 40° Sonate pour piano seid, op 21 ;
Leipsick, Breitkojif. — 4 l"So)iale idem, op. 36 ;
Vienne, Riedt. — 42° Six petites pièces idem;
Leipsiik, Breitkopf. — 43° Douze pièces favo-
rites ; Vienne, Eder. — ik» Sonate, ibid. — 45"
Une idem, n» 76 du Journal de Musique ; Offen-
bach, André. — 46° Deicx sonates; Dresde,
Hilscher. — 47" Douze danses et marches, op.
58; Worms, Kreilner. — 48°Six pièces d'orgue,
œuvre trente-quatrième; l^eipsirk, Breilkopt et
Haertel. — i9° Douze i(/c/H; Leipsick, Hoffmeis-
ter. On a aussi de Bachmann un petit traité d'har-
monie intitulé : Kurze und deulliche Gene-
ralbass Anweisung ; Zeitz ( sans date ), in-S».
Enfin, vers la lin de sa vie, il a publié : Allge-
meine Musikschule nach der neuesten Méthode
eingericlitel (École complète de musique, d'après
les méthodes les plus nouvelles); Zeitz, 1833,
in-8°.
BACHMANN (CnRÉiiEN-Louis), médecin,
né à Scliwni tz, près de Henneherg, étudia à l'u-
niversité d'Erlangen, en 1785, et y fit imprimer.
BACIIMANN
BACILLY
211
dans la mùiuo anm^c, un ouvrage in-4°, intitult^ :
Enluurf zu Vorlesungen uber die Théorie
lier Miisik, insofern sie IÂebIiabcr)i derselben
nothwendig und iriilzlich isl (Idée d'un cours
de théorie de la musique, en tant qu'elle est né-
cessaire et utile aux anoateurs de cet artj. Ger-
ber (liiogr. Lex. der Tonkunstler) dit que ce
n'est qu'une co|)ie fidèle de la dissertation du
docteur Forkel sur le même sujet. Vers 1797,
Bacliniann se (ixa à Cuimbacli , où il exerça la
médecine. On a aussi du même auteur : Disser-
tatio inauguralis medica de Effectibus mu-
sicx in hominem. Erlangen, 1792.
BACHMAi\i\ (O.), fabricant d'instruments
à arcliet à Halberstadt, est auteur d'un livre in-
tiiulé : Theoretisch-praktisches Handbuch des
Gcigenbaues ; oder Anweisung , italienische
îind dcutsche Violincn, Bralschen, Violoncel-
lo's. Violons sa voie Guitarren undGeigenbogen
iinch den neuesten Grundsœtzen und in
hocclister Vollkommenheit zu vei'fertigen (Ma-
nuci théorique et pratique de la construction des
instruments à archet, etc.); Quedlinbourg et Leip-
sick, Gott. Basse, 1835, 1 vol. in-8° de 92 pages,
avec 4 planches. Le livre de Bachmann n'est
guère qu'un abrégé du grand ouvrage de Wetten-
gel, publié quelques années auparavant (V. Wet-
tengel).
BACHMAYER. On a sous ce nom, qui
est probablement celui d'un musicien autrichien,
Irente-six airs nationaux arrangés pour deux
clarinettes, deux corset deux bassons, imprimés
à Vienne, chez Steiner.
BACHMEISTER (Lucas), docteur en théo-
logie, professeur et surintendant a Rostock, na-
quit à Lunehourg le 18 octobre 1530, et mourut
à Rostock le 9 juillet J608. On a de lui: Oratio
de Luca Lossio ; Rostock 1562. II prononça cet
éloge du musicien Lossius le jour où il prit pos-
session de sa chaire de théologie.
BACHSMIDT (Antoine), compositeur et
virtuose sur la trompette et sur le violon , naquit
à Moelk en Autriche, vers 1709. Il fut pendant
quelque temps inspecteur des prisons dans sa
ville natale; mais il abamlonna cet emploi, et
se mit à voyager. Partout il obtint des applau-
dissements pour son talent extraordinaire sur la
trompette , dont il savait tirer d<»8 sons qui sem-
blaient ne pas appartenir à cet -ustrument. Il fut
enfin placé à la chapelle du prince-évêque de
Wùrtzbourg; mais il ne put y rester longtemps :
le son de son instrument ayant causé des maux
de nerfs à la tanle du prince , Bachsmidt fut
obligé de quitter ce service et fut récompensé
ningnifiqucment. Il se rendit de là à Eichsladt,
ou il fut placé à la chapelle du prince-évôque
(Jean-Antoine III). Bachsmidt , y ayant arqnis
une grande habileté sur le violon , fut employé
par le comte de Strasoldo, successeur du prince-
évôque , comme premier violon- de sa musique,
et |)eu de temps après comme directeur de ses
concerts. Il commença alors à se livrer avec ar-
deur à la composition et à l'étude des ouvrages
des meilleurs maîtres anciens et modernes. Ses
premiers essais ayant eu du succès, le prince
d'Eichastadt l'envoya en Italie pour se perfection-
ner. A son retour dans la résidence, le prince
le nomma directeur de sa chapelle. Il composa
alors plusieurs opéras allemands et italiens qui
furent représentés à la cour et sur le théâtre de
la ville; sa musique d'église lui acquit surtout une
grande réputation. Il a écrit beaucoup de messes,
vêpres , litanies, etc., dont les copies manuscrites
se sont répandues. On connaît aussi un grand
nombre de symphonies, de quatuors, de con-
certos , de sa composition; mais il n'a été gravé
que six quatuors de violon , et un concerto pour
haut bois, deux violons , alto, basse et deux cors.
Son style rappelle celui de Graun. Bachsmidt de-
vint aveugle quelques années avant sa mort, qui
arriva vers 1780.
BACILERI (DoM Jean), ecclésiastique né
à Ferrare , dans la seconde moitié du seizième
siècle , est connu comme compositeur par les
ouvrages suivants : 1° Vespri a otlovoci, op. 2;
Venise, AngeloGardano, 1610, in-4''. — 2° To-
tum de/unctorian oflicium quinque vocibus ,
op. 3; Venise, Bail. Magni, 1619.
BACIL1ER1 (Louis), compositeur drama-
tique, né à Bologne, et élève du lycée commu-
nal de musique de celte ville , a fait représenter
au petit théâtre ContavaHi, eu 1842, Sesostri,
opéra en trois actes dont la musique a eu peu
de succès. Cet essai n'a point été suivi par d'au-
tres productions.
BACILLY ( BÉNIGNE de) , prêtre, né dans la
Basse-Normandie, vers 1625, n'était pas un com-
positeur habile, comme on l'assure dans le Dic-
tionnaire historique des musiciens (Paris, 1810);
il avait au contraire fort peu de pratique , quoi-
qu'il ne manquât pas d'une sorte de génie naturel.
Bacilly avait obtenu un bénéfice qui l'a fait dési-
gner par ses contemporains sous le nom de
Prieur de Bacilly. On volt par le titre d'un de
ses ouvrages qu'il avait cessé de vivre en 1692.
Il a publié : 1° Recueil des plus beaux vers
qui ont été mis en chant, avec le nom des
auteurs, tant des airs que des paroles; Paris,
1661 , 2 vol. in-12. — 2° Remarques curieuses
sur Vart de bien chanter; Paris, 1668, in-12.
— 3" Premier et deuxième recueils d'airs spi-
rituels à deux parties, par feu M. de Bassillg
14.
212
BACILLY
BACKOFEN
(sic); Paris, 1692, 2™*' édition. —4" Premier et
deuxième recueils d'airs bachiques; Paris ,
1G77 , in-8" obi. , 2""" édition. Forliel , d'après le
catalogue fort mal fait qui se trouve dans l'iiis-
toire de l'Opéra du président Durey de Noinvilie,
a écrit {Allgemeine Litteratur der Musik, p.
309 ) De Bailly au lieu de Bacilltj ; Liclitenthal
le copie aveuglément en cette circonstance (Bio-
grafia délia Musica, t. 4, p. 142), comme
il le fait presque toujours, et reproclie à E. L.
Gerber d'avoir écrit de Bacilly d'après l'autorité
de La Borde. La Borde et Gerber ont nommé l'au-
teur des Remarques curieuses par son véritable
nom , et Forkel et Lichenthal ont été induits en
erreur. Voici , à cet égard , des renseignements
dont je garantis l'exactitude. L'ouvrage de Ba-
cilly fut d'abord imprimé sans nom d'auteur,
sous ce titre : Remarques curieuses sur Vart
de bien chanter, et particulièrement pour ce
qui regarde le chant français. Paris, Ballard,
1668, in-12. Dans la même année le frontispice
du livre fut changé, et l'on y ajouta : par le
Pr. B. D. B. Le titre de la deuxième édition ,
qui parut à Paris, en 1671 , in-12, chez G. de
Luyne , est le même que celui d , avec les lettres
initiales (1). La troisième édition est intitulée :
L'Art de bien chanter de M. de Bacilly; Paris,
Claude Bageart, 1679, in-12. Le frontispice de
celle-ci fut encore changé dans la même année ,
et Bacilly y ajouta une défense de son livre ,
dont il avait été fait une critique anonyme. L'ou-
vrage ainsi remanié porte pour titre : L'Art de
bien chanter de M. de Bacilly, augmenté
d'un discours qui sert de réponse à la critique
de ce traité. Paris, chez l'auteur, 1679, in-12.
Enfin la quatrième édition est intiliAée : Traité
de la méthode ou art de bien chanter, par M.
de B***. Paris, Guill. de Luyne, 1681, in-12.
BACK (P. CoNRARD ), naquit en 1749 à Hci-
gerlo«;li. En 1770 il entra dans l'ordre des Bénér-
dictins à Ottobeuern, où il mourut en 1810. Ses
études de musique ont été faites à Zweifatlen ,
sous le P. Ernest Weibrauch, ensuite à Ottobeuern
sous le P. François Scheitzer, et enfin sous Neu-
bauer. 11 a composé beaucoup de messes, lita-
nies, etc. Parmi ses compositions, on connaît
aussi un opéra de Joseph, dont les journaux
allemands ont vanté le mérite.
BACKHAUS ( Jean-L. ) ; V. Bachaus.
(1) B.irbier, Dictionn. des Anonymes, t. III, p. 337,
n» 18029 , 2°'= édit. ) prétend que les exemplaires de
1671 ont pour titre : Traite de la Méthode, ou V/irt de
bien chanter, et que ers exemplaires sont de la pre-
mière édition avec iiii nouveau frontispice. Il y a dans
cette assertion plusieurs erreurs que n'aurait pas faites
ce biblidgraplic s'il eût vu les diverses éditions du livre.
BACKOFEIX (J.-G.-Heni!1 ) , compositeur,
littérateur et virtuose sur la harpe, le cor anglais,
la clarinette et la flûte, vivait à Nuremberg en
1803 , et naquit à Durlach en 1768. En 1780 , il
fut envoyé à Nuremberg , avec deux de ses
frères , pour y étudier la musique , la peinture
et la littérature. Il apprit en peu de temps le
français, l'espagnol, l'italien, et devint habile
peintre de portraits. Ses maîtres de musique fu-
rent Gruberpour la composition, et Birckmann
pour les instruments. En 1789, Backofen était
déjà compté parmi les bons clarinettistes, et les
voyages qu'il fit alors augmentèrent beaucoup sa
réputation. Eentré à Nuremberg en 1794, il se mit
à étudier la flûte, et devint bientôt l'un des pre-
miers flûtistes de l'Allemagne. Mais c'est surtout
comme harpiste et comme virtuose sur le cor
anglais qu'il s'est distingué. Après avoir voyagé
pendant plusieurs années, il s'arrêta à Gotha en
1802, et revint à Nuremberg l'année suivante.
On a de sa composition : 1° Seize variations sur
l'air : Ah! vous dirai-je maman, pour la
harpeà crochets; Leipsick, 1779. — 2° Sonate pour
la harpe , avec ace. de violon ; ibid., 1 798. — 3"
Concertante pour haipe, cor de bassette , et vio-
loncelle. — 4° Concertante pour harpe, alto et
violoncelle. — 5° Treize variations pour la harpe,
sur l'air Ach die lieber Augustin, etc. , op. 41;
Leipsick, 1801. — 6" Premier, deuxième et'
troisième caiiiers de pièces pour la harpe; ibid.
l79d-i802. — ~° Anleitung zu7nHarfenspiel mit
eingeslreuten Bemerhungen ûker den Bander
ffa//e (Instruction sur l'art de jouer de la harpe ,
avec des remarques sur la construction de cet
instrument) ; Leipsick, Breitkopf et Haertel,1802.
Une deuxième édition augmentée de cet ouvrage
a paru en 1827, sous le titre de Harfenschule ;
ibid. — 8°Anweisung/ur die Klarinette und das
Bassethorn. {'^éihoào; pour la clarinette et le
cor de bassette); ibid., 1803.-9° Concertante
pour deux clarinettes. — 10° Quintuor pour corde
hasselte, 2 violons, alto et basse. — 1 1° Premier
recueil pour la harpe , avec le doigté indiqué ,
à l'usage des commençants. De plus, en manus-
crit : 1» Te Deitm bref; — 2° Musique pour l'ou-
verture du théâtre de Nuremberg, — 3" Scène de
Métastase. — 4° Chant funèbre pour la mort d'un
Franc-Maçon, à quatre voix. — 5° Trois concertos
jiour cor de bassette ; — 6° Grand concerto pour la
harpe <i pédales. — 7°Quintetto pour la clarinette.
8° Plusieurs pièces d'harmonie pour deux cla-
rinettes, deux cors et deux bassons. En 1806,
Backofen fut nommé nmsicien de la chambre
à la cour de Gotha. Il fit de là quelques excur-
sions à Leipsick, à Munich et à Francfort.
En 1815, il se fixa à Darmstadt, et y établit une
BACKOFEN — BADER
213
iiianufarlnie (1c daiinoKes, quelques années aptes.
Il y vivait encore en IS37. Deux de ses frères ont
aussi emhrassé la profession ilc musicien. Le pre-
mier, Ernest né à Durlacli en 1770, était premier
hasson au théâtre de Nuremberg, en 1S03; le
second, Godefroid, né aussi à Durlach, en 1771,
jouait la première clarinette au môme théâtre,
dans le même temps.
BACON (Roger), franciscain anglais, na-
quit à Ilcliester, dans le comté de Sommerset,
eu 1214. Il étudia d'abord à Oxford , puisa l'u-
niversité de Paris, où la réputation des profes-
seurs attirait des disciples de toutes les parties de
riilurope. Revenu en Angleterre en 1240, il y
entra dans l'ordre de Saint-Fiançois, et alla se
(i\er à Oxford, où il se livra à l'étude de la phy-
sique. La nature l'avait doué d'un génie qui le
porta à s'élever au-dessus de son siècle et à faire
des découvertes qui lui ont mérité l'admiralion
des nations éclairées et les persécutions de ses
contemporains. Il moiiiut à Oxford, vers 1292.
Au nombre de ses écrits se trouve un traité De
valore musices , qui a été inséré dans son Opus
inajus , Londres, 1733, in fol. Un manuscrit du
14* siècle de la bibliothèque Ambrosienne de Mi-
lan , coté R. 47 , in-fol., contient un petit traité
de musique de Roger Bacon, sous ce titre :
Opusculum valdè utile de musicâ. Ce traité,
<livisé par chapitres, s'étend depuis la page 43
jusqu'à la 57*. Il ne contient rien qui le distingue
des écrits de .son temps sur cette matière , à l'ex-
ception de celte question assez curieuse : Quo-
modo pulsus siie arterix musice moveantiir,
de seconda vero promissionis quomodo natura
musïcx in pulsu inveniatur, sicut dicunt
Galienuset Avicena. C'est cette nnême question
qui, longtemps après^a fourni au médecin Marquet
le sujet d'un livre singulier. (Voy. Marql'et. )
BACON (François), de Verulam , célèbre
chancelier d'Angleterre, né en 1560, mourut
en 1626. Cet homme de génie, l'un de ceux qui
ont le plus contribué aux progrès des sciences
naturelles par la philosophie positive qu'il y a
introduite, a traité de plusieurs objets relatifs à
la production et à la piopagation des sons dans
les deuxième et troisième centuries de son im-
[)ortant ouvrage intitulé : Sylva sylvancm, sive
liistoria naturalis. Ce livre se trouve dans ses
œuvres complètes imprim.éesà Francfort en 1065,
iri-fol., p. 754.
BACON (Richard Macrensie), littérateur et
musicien anglais , né à Norwich vers 1788 , s'est
fait connaHre avantageusement par la publication
d'un écrit périodique relatif à la musique, intitulé :
The Quarterly musical Magazine and Review,
dont le premier numéro a été publié au mois de
] janvier 1818. Ainsi que l'indique son litre, celte
j levuc devait paraître de trois en trois mois par
i cahiers qui , étant réunis, formaient des volumes
d'environ 550 pages; mais la publication n'a été
régulière que dans les premières années ; dan.-'
les derniers temps, les numéros ont paru près de
deux ans après l'époque indiquée. Le dixième
I volume a été complété en 1830. Ainsi que la plu-
I part des livres anglais qui traitent de la musique,
ieQuarlerly musical Magazine est assez super-
ficiel en ce qui concerne les parties principales
de l'art, et en même temps, diffus sur des ques-
tions de peu de valeur ; cependant cet écrit pé-
riodique n'est pas dépourvu de mérite. M. Ba-
con, suivant l'usage des anglais, ne s'est pas fait
connaître comme rédacteur du Quarterly mu-
sical Magazine; mais il a publié sous son nom
un traité du chant extrait de son recueil périodi-
que, sous ce titre : Eléments of vocal science
being a phtlosophical enquiry into soine ofthe
principîes of singing ; Londres, Baldwin, Cra-
dock and Joy, 1824, in-l2. Cet ouvrage est écrit
sous la forme de lettres, qui sont signées, dans le
Quarterly musical Magazine, du pseudonyme
de Timotheus.
En 1821 , le projet d'une Encyclopédie de mu-
sique fut fait à Londres : elle devait former deux
volumes grand in-4''. démenti, Bishop, le Dr.
Grotch, M. Adams, et quelques autres musiciens
et littérateurs y devaient fournir des articles , et
la rédaction générale de l'ouvrage devait être
confiée à M. Bacon , qui en publia un prospec-
tus bien fait dans la même année , en une de-
mi-feuille in-4o, du format que devait avoir l'En-
cyclopédie. Celte entreprise ne s'est pas réalisée.
M. Bacon habitait ordinairement dans une maison
de campagne à Cossey, près de Norwich , et non
loin de Londres.
BACQUOY GUÉDON (Ale.xis), danseur
de la comédie française, retiré en 1767, est auteur
d'un livre qui a pour titre : Méthode pour exer-
cer l'oreille à la mesure dans l'art de la danse,
Amsterdam (Paris), 1778, in-8° de 56 pages,
avec 20 planches de umsique. Le même livre a
re(>aru avec un nouveau frontis|)ice, en 1784.
BAUENHAUPT(HERMANiN), directeur de
musique à l'église de Glùkstadt, dans le duché de
Holstein, sur les bords de l'Elbe, vers le milieu du
dix-septième siècle, a fait imprimer dans cette ville,
en 1674 , un ouvrage intitulé : Choragïum Me-
licum, qui renferme quarante morceaux de mu-
sique sacrée à troix voix , deux vicions et basse.
BADER (Charles- Adam), néà Bamberg, le 10
janvier 1789, futconsidérécommeundesmeilleurs
ténoi s de l'Allemagne. Son début dans la carrière
dramalicpie eut lieu tn 1814, au ttjéàtre de
214
BADFR — BAKCKEPx
l?riinswick , alors dirigé par Kliiigemann. Deux
ans après, il obtint un congé pour aller se l'aire
entendre à Berlin. Sa voix et son talent comme
acteur n'avaient point encore acquis leur déve-
loppement; néanmoins les représentations où
Bader se (il entendre lurent autant de triomphes.
Son engagement achevé à Brunswick, il en con-
tracta un à Berlin, qui l'a fixé dans cette ville.
Comme la plupart des chanteurs allemands, Ba-
der manquait d'une éducation vocale basée sur
une bonne mise de voix et sur un noécanisme
pratique de la vocalisation; mais le timbre de sa
voix était de la plus belle qualité , et son accent
avait beaucoup de pathétique et d'expression.
Comme acteur, il avait d'ailleurs beaucoup d'in-
telligence, de chaleur el de force. Son genre
était le drame , et les rôles qui lui ont fait le
plus d'honneur sont ceux d' Adolar dans \''Eu-
rianthe de Weber, Ae Liciniiis dans la Veslale,
de Corlez el de Masaniello. Il comptait beau-
coup d'admirateurs parmi les habitués du théâtre
royal de Berlin, mais les partisans de la musi-
que italienne lui contestaient le titre dechantenr,
cl prétendaient qu'il ne méritait ses succès que
par son jeu. Bader parut pour la dernière fois sur
1(! théâtre de Berlin le IS janvier 1849, dans le
lôle de Blondel de Richard- Cœur-de-lion ,
opéra de Grétry. 11 a publié de sa composition :
I ° V'eni Creator à quatre voix et orchestre; Bonn,
Siinrock. — 2° Six Lieder, avecaccomp. de piano;
Berlin, Schlesinger.
BADIA (C HAKLES- AUGUSTIN ) , compositcur,
né à Venise, était au service de la cour de
Vienne au commencement du dix-huitième siècle.
Ses ouvrages sont : l" Nai-ciso, à Vienne, 1699. —
2" LaNïnfa Apollo;\'ieme, 1700. — 3° La Cor te
céleste, oratorio pour la fête de Sainte-Catherine,
1702. — 40 Amore vuol somiglianza ; 1702. —
5° Il Profeta EHa, oratorio, à Venise , 1720. —
6° Giesù nei Prestorio, oratorio, en 1730. On con-
naît aussi de sa composition, Tributi armonici,
collection composée dedouze cantates à voix seule
et clavecin, gravée sans date et sans nom de lieu.
BADIA ( Louis), compositeur, né à Tiramo,
dans le royaume de Naples , vers 1822, a fait
représenter à Bologne, pendant la saison du car-
naval, en 1846, son premier opéra, intitulé Gis-
mondo de Mendrisio. Cet ouvrage n'eût pas de
succès. Un autre opéra, écrit pour Florence par
le même artiste, n'a eu qu'une représentation.
Le 15 lévrier 1853 M. Badia a fait jouer au grand
tliéûtre de Trieste Flavïo Rachis , opéra sérieux
qui n'a pas été plus heureux.
BADiALl (Ci';sAU ) , ba'^se chantante distin-
guée des théâtres d'Italie, débuta à Triesfe en
1827. Après avoir brillé sur les Ihéâtres princi-
paux , particulièrement à Milan , où il chanta
[tendant les années 1830, 31 et 32, il fut engage;
au tliéûlre de Madrid, puis à celui de Lisbonne,
et ne revint en Italie qu'en 1838. Lorsqu'il re-
parut au théâtre de la Scala , à Milan, il y ob-
linl im succès d'enthousiasme, el il y chanta al-
ternativement ainsi qu'à Vienne et à Turin. En
18'i2, letilre de premier chanteur de la cham-
bre impériale lui fut accordé, puis il se fit enten-
dre à RoiiiC, à Venise, à Trieste, à Turin, et
dans d'aulres villes moins imporlanlos. V.n 184.i
il était à Livourne; mais il parait avoir quille
la scène peu de temps après. L'Académie de
Sainte-Cécile, de Rome, l'admit au nombre de
ses membres. Jl s'est fait connaître comme com-
po^iteur par trois mélodies intitulées-. 1" VAd-
dionMce, Homauza ; Vienne, Mechelli. — 2° H
Ginramenlo, pour mezzo soprano ibid. — S"
L'ombra, romanza, idem, ibUI.
BADIIVO (Louis-Dii;ui>ONM3), pocfe et mu-
sicien italien, naquit à Mondovi le 7 août I(!7.t.
Après avoir terminé ses éludes littéraires et mu-
sicales, il embrassa l'état ecclésiasli(ine, et ob-
tint les places de maître de chapelle et de rec-
teur du séminaire de Mondovi. Il mourut en
cette ville le 18 novembre 1742. On a imprimé
de sa composition: Sacri affectus pnctici in
honorem D. Mariai Virginis, quatuor vocum;
Mondovi, 1712, in-4'».
BAfcCKER (Casimir), né à Berlin, vers 1790,
fut amené (01 1 jeune en France par M'"* de Gen-
lis, qui en lit son élève de prédilection, particu-
lièrement pour la harpe. Elle lui enseigna à jouer
de cet instrument d'après son système, qui con-
sistait à faire usage, dans l'exécution, du petit
doigt de chaque main , ce qui est contraire aux
principes ou, si l'on veut, aux habitudes des har-
pistes. Quoi qu'il en soit des avantages de ce
système , il est certain qu'il réussit complète-
ment dans l'éducation de M. C. Baecker, doué
par la nature des plus heureuses dispositions et
d'une volubilité de doigts jusqu'alors sans exem-
ple. Vers 1808, M. Baecker débuta dans les con-
certs, et se fit applaudir par le brillant et la net-
teté de son jeu , ainsi que par la beauté des sons
qu'il tirait de l'instrument. H était alors âgé
d'environ dix-huit ans, et n'était connu dans le
monde que sous le nom de Casimir. Après de
brillants succès, il cessa tout à coup de paraître
en public, et rentra dans l'obscurité de la vie
privée , mettant autant de soin à se faiie oublier
(pi'il en avait mis naguère à se faire connaître.
Plus de dix-huit ans s'écoulèrent, et un petit
nombre d'artistes avaient seuls conservé le sou-
venir du talent de M. Baecker, lorsqn'en 1829
il vint réveiller l'attention du public jiar l'an-
BAECKER — BAKR
nonce d'un cours de harpe , dont le prospectus
indiiiiiait la niiseei: pratique, dans l'enseignement
de cet instrument, du système de M™*^ de Gen-
lis, devenu celui de son élève. J'ignore quel fut
le succès de ce cours, mais je sais que depuis ce
it'inps M. Baecker n'a point cessé de se livrer à
i enseignement de la harpe. Au mois d'avril de
r.innce 1835, il s'est fait entendre dans un con-
cert; mais il y fit peu de sensation.
Dans les concerts qu'il a donnés , M. Casimir
JJaecker a joué quelques morceaux composés ou
orrangos par lui : il paraît avoir gardé cette mu-
sique pour lui seul , car je ne crois pas qu'il en
ait eh' lien publié. Tous les catalogues de la France
et de l'Allemagne sont muets à cet égard.
BAEHR (Jean), ou Béer, ou Baei\ maître
des concerts du à'zc. de Weissenfels , naquit en
1655 à Saint-Georges sur l'Ems, bourg du comté
de Klevenhaller, en Autriche. Ses parents, qui
professaient la religion protestante, étaient pau-
vres et hors d'état de rien faire pour l'éducation
de leurs (ils; des moines, possesseurs de la sei-
gneurie catholique où il était né, se chargèrent
de son entretien et de son instruction, dans l'es-
poir de le faire changer de religion. Lorsqu'il fut
âgé de dix ans, on l'envoya au couvent des bé-
nédictins, à Lambach. Il y fit de si rapides pro-
grès dans les lettres, les sciences et la musique,
qu'il put être admis, le 20 octobre 1670, au
gymnase poétique de Ralishonne. Il s'était réuni
dans celte ville à ses parents, qui avaient dû s'y
retirer à cause de leurs opinions religieuses. 11
y resta plusieurs années. Le magistrat de Ratis-
bonne lui fournil ensuite les moyens d'aller étu-
dier la théologie à l'université de Leipsick ; mais
il y resta peu de temps, parce que sa belle voix de
ténor, son talent sur le violon et sur le clavecin,
enfin son mérite comme compositeur, le firent
appeler à la chapelle du duc Auguste de Saxe.
Après la mort de ce piiuce, il fut nommé maître
de chapelle des concerts du duc Jean-Adolphe
de Weissenfels. Atteint d'une balle à la chasse
du sanglier, il est mort au mois d'août 1700, âgé
de quarante-huit ans.
Baehr est plus connu comme écrivain polé-
mique, que commecompositeur. Plus pédant en-
core que savant , il a porté dans ses disputes
littéraires l'oubli de toute convenance. Ses ou-
vrages consistpJit en pamphlets assez courts,
quoique les titres en soient fort longs : en voici
la liste. Ursus murmurât, das ist : klar und
Jeudicher Beweiss , welcher gestalten Herr
Gottf. Vockerod, Recior des Gymnasii illustr.
zu Gotha, in seinem den 10 aug. des abge-
tvichenen 1696 Jahres heraiisgegebencn pro-
gramma te der Miisik, und pcr consequens de-
tien von dcrselbcn dcpenJircndcn zu viel
gelhan ( L'Ours murmure , ou preuve claire et
évidente de l'ignorance de M. Godefroi Vocke-
rodt, etc. ) ; Weimar, 1697, in-S", 42 pages.
Celle diatribe est dirigée contre un programme
intitulé : Consultatio IX de cavendo falsa
mentium intemperatarum medecina; sive
abusu musicorum exercitiornm, sub exemplo
prmcipum romanorzim, par G. Vockerodt,
recteur à Gotha. Baehr se désigne lui-même sous
le nom àWrsi(s , parce que celui de Baer signi-
fie un ours dans la langue allemande. Vokerodt
ayant défendu son opinion dans un autre écrit
intitulé : MissbraiKh der freijne Kûnste, in-
sonderheit der Musik. {khxxs i\e& beaux-arts,
et notamment de la musique) , Baehr l'attaqua
plus violemment encore dans une satire qu'il
intitula : Vulpes vulpinatur , List wider List ,
oder die musikalische Fuchsjagd ( Le renard
est pris, ruse contre ruse, ou la clia«se musi-
cale aux renards); Weissenfels , 1697, iu-4",
12 feuilles. Cette dispute donna encore lieu à
d'autres pamphlets de Baehr, qu' il intitula Ur-
sus sallat, Ursus triomphât, etc. Les au-
tres ouvrages de ce musicien sont : \" Bel-
lum musicum, oder musikalischer Krieg. (I,a
guerre musicale) ; Weimar, 1701, in-4", 4 feuil-
les 1/2. — 2o Musikalische Discurse durch die
Principia der Philosophie deducirt, etc. Nu-
remberg, 1719, in-8% 219 pages. Cet ouvrage,
comme on voit, a été publié longtemps après la
mort de l'auteur. Baehr y donne la solution de
soixante questions relatives à la musique, dans un
nombre égal de chapitres. A la lin du volume, on
a réimprimé l'opuscule intitulé -. Bellum musi-
cum. Baehr a laissé en manuscrit un traité de
composition intitulé : Schola phonologica , seu
Tractalus doctrinalis de compositione harmo-
nica, qui a été en la possession de Mattheson.
Celui-ci, dont le caractère avait de l'analogie avec
celui de Baehr, assure que ce musicien était gai ,
qu'il était recherché dans le monde, et que ses
ouviages portent l'empreinte de la sérénité de son
esprit. (V. Mattheson, Grundlage einer Ehren-
pforte, p. 15.). Baehr a laissé en manuscrit quel-
ques ouvrages de philosophie.
BAEHR (O.). On a publié sous ce nom
six Lieder h quatre voix ( soprano, alto, ténor et
basse ) , Leipsick , Breitkopf et Haertel , et six
Lieder pour mezzo soprano , avec accomp. de
piano, ibid.
BAEHR (Joseph). Foyes Béer.
BAER (Henri). On a gravé sous ce nom
trois duos pour deux violons , chez Breitkopf et
Haertel , à Leipsick.
BAERMAKÎV (JEAN-FrÉDÉiuc), bassoHisle
316
BAERMANN
et flûtiste à Halfe , a publié divers ouvrai;es <le
sa composition : 1° Trois duos pour deux lli"itcs,
œuvn; premier; Leipsick, 1798. — 2" TTohidcm,
œuvre deuxième; ibid. — 3°Troisduos pour violon
et violoncelle, œuvre quatrième; ;6i(/, 1799. —
4° Trois duos pour violon et alto, op. fi, et trois
idem, op. 7 ; Offenbacli , 17'J!). — 5° Trois duos
pour deux llùles, o|). 8, 18()'2.
BAEH!VIAi\I\( HENni-JosKPu), virtuose sur
la clarinette, est né à Fotsdam, le 14 février 1 783.
A l'âge de onze ans il fut admis dans l'école de
musique militaire de cette ville, et y commença
son éducation nnisicale. l'ius tard il eut le bou-
deur de recevoir des leçons ducélèbre clarinettiste
Béer, qui lui (it faire de rapides progrès dans
l'art de jouer de son instrument. Malbeureusement
les devoirs multipliés du service militaire, oij il
était engagé, lui laissaient peu de temps à donner à
ses études. Mis de soldat, il était de droit, suivant
les lois de son pays, soldat lui-môme, et, comme
tel , obligé de sacrilîer sans cesse ses pencliaiils
aux exigences despotiijues de sou état. Pemlant
dix ans, lui que la nature et le travail avaient
fait lui des artistes les plus remarquables de son
temps, fut obligii de faire, comme un simple
manœuvre de musique , le service declarinetlisie
ordinaire dans le premier bataillon de la garde
royale de Prusse , cl celui de première clarinette
de la musique du roi. Les événements qui suivi-
rent la bataille d'iéna lui rendirent la liberti' ; il
en profita , quitta sa patrie, et se rendit en Ba-
vière, où il fut [)lacé en 1806 dans la musique de
la cour. En 1818 il fit son premier voyage dans
la Suisse et le midi de la France, et partout son
talent excita l'entbousiasme. De retour à Mu-
nicb , il y apprit la réorganisation de la cbapelle
du roi de Prusse, et crut devoir offrir d'y re-
j)rendredu service; mais, ses propositions n'ayant
pas été acceptées , sa liberté lui fut définitivement
acquise. En 1811, Cbarles-Marie de Weber alla à
IMunicb pour y donner des concerts; Baermann,
dont ce compositeur admirait le grand talent, se
lia avec lui d'une étroite amitié , et en obtint trois
concertos de clarinette, qui furent composés ex-
pressément pour lui. Pendant l'automne de la
même année, ces artistes firent ensemble un voyage
de concerts , et se firent entendre à Gotlia, Wei-
mar, Dresde, Prague et Berlin. En 1813 Baermann
visita pour la première fois la capitale de l'Autriclie ;
son talent y excita l'enthousiasme, comme cela
était arrivé dans toutes les villes que l'artiste avait
visitées. Deux ans après il lit un voyage en
Italie, et, malgré l'indifférence des habilanis de
ce pays pour la musique instrumentale ,' il obtint
partout de brillants succès, |)articulièreuient à
Venise, où il donna un concert qui (ut dirigi- par
Eybler. Arrivé à Paris vers la fin de 1817, il y
donna des concerts avec M""' Catakni , et s'y (it
entendre plusieurs fois dans les concerts de ta
semaine sainte. Ou y admira la belle qualité des
sons qu'il tirait de son instrument, le brillant de
son exécution et l'élégance de son style ; mais
cette admiration fut stérile, car on ne songea
point à fixer Baermann à Paris pour servir de
modèle aux jeunes gens qui se livraient ii l'étude
de la clarinette dans le Conservatoire. Depuis
cette époque, Baermann a l'ait plusieurs au-
tres voyages, recueillant partout des témoignages
d'intérêt pour son beau talent; le premier à
Dresde, en 1819; l'année suivante à Londres, où
il était appelé par la Société pbilbarmonique; en
1821 à Vienne; en 1822 et 1823 en Russie et en
Pologne , enlin, en 1827, à Berîin, Copenhague
ctllambourg. En 1833, il retourna à Pétersbourg,
et postérieurement il visita de nouveau quel-
ques grandes villes de l'Allemagne et (it un
.«lecond voyage à Paris. Toute l'Allemagne le con-
sidéia longtemps comme un modèle de pcrfei'-
tion dans l'art de jouer de la clarinette. Les
compositions qu'il a publiées sont au nombre
d'environ trente-cinq œuvres. On y remarque
plusieurs concertos et concerlinos, particulière-
ment les œuvres 24 , 27 et 28, publiés à Leipsick,
chez Breitkopf et Haeitel ; des airs variés avec
orchestre, œuvres 12,20, 21 et 29, Bonn, Siin-
rock; Paris, Gambaro; Leipsick, Hofmeister, et
Br. et Haertel ; des fantaisies et des sonates avec
orchestre, œuvres 20 et 31; des quinlettis pour
clarinette, deux violons, alto et violoncelle, œu-
vres 19, 22 et 23, Leipsick, Br. et Haerlel ; des
quatuors pour clarinette, violon, alto et basse, œu-
vres, 18 et 25, Leipsick, Br. et Haertel, Mayence,
Schott ; des duos, études et solos. Baermann est
mort à Munich le 16 juin 1847, à làge de
soixant-quatre ans.
BAERMAI\I\ (Charles), frère du précé-
dent, né comme lui à Potsdam, reçut aussi son
éducation musicale dans l'école de musique mi-
litaire des grenadiers de la garde royale. Après
avoir servi longtemps comme musicien dans un
bataillon de cette garde, il fut noinmé premier
bassoniste de la chapelle du roi de Prusse, tl
mourut il Berlin, le 31 mars 1842, comme mu-
sicien pensionné de la cour. On a de cet artiste
un article qui a été publiédansla Gazette musi-
cale de Leipsick (ann. 22*, col. 601 ), sous ce
titre : Ueber die Nalurund Eigenthûmliclilicit
des Fagots , iiber seinen Gtbraucli als Solo
und Orchcsler-Itistrument (Sur la nature et les
propriétés du basson, sur son usage comme ins-
trument de solo et d'orchestre). Cet article est
peu développé.
BAERMANN — BAGLIONI
217
BAERMi\I\I^ (Charles), fili de Henri-
Joseph, né à Munich, en 1820, a reçu de son père
toute son éducation musicale. Devenu fort habile
sur la clarinette et lecordebassetle (sorte de clari-
nette alto), il fut placé comme seconde clarinette
dans la chapelle royale de Bavière, à l'âge de qua-
torze ans. Dans les années 1838 et 1839 il a fait
avec son père un grand voyage dans l'Allemagne
méridionale , dans les provinces rhénanes , en
Hollande, en Belgique et à Paris. Us obtinrent
dans celle ville un grand succès, particulièrement
dans «n concert du Conservatoire, oii ils exécu-
tèrent une symphonie concertante. De retour à
Munich, Charles Baermann y a repris ses études
et a perfectionné sou talent presque à l'égal de
celui de son père, dont il a été le successeur dans
la chapelle royale de Bavière. On a publié de sa
composition jusqu'à ce jour (1858) environ vingt-
cinq œuvres de fantaisies, vai iations et divertis-
sements pour clarinette, avec orchestre ou piano,
à Munich, chez Falter, et à Mayence, chez Schott.
BAERWALD (Frédékic-Henki). Il a paru
sous ce nom , une brochure de quatre feuilles ,
qui a pour titre : Die neuesten Erfindungen
und Verbesserungen an den musikalisciicn
Instnnnenten , soioohl Saiten-als Blasinstru-
menten, insbesondere des Forte-piano und
anderer Tastenïnstrumente , etc. (Les plus
nouvelles inventions et les derniers perfection-
nements des instruments de musique, etc.);
Quedlinbourg et Leipsick, Gott. Basse, 1833,
in-S", avec trois planches contenant 77 figures.
lîAGATELLA (Antoink), né à Padoue,
veis le milieu du dix-huitième siècle, a écrit un
opuscule intitulé : Régale per la costruzione
de' violini, viole, violoncelli evioloni, Memoria
presenfataair Academia délie scienze, lettere
ed arli di Padove, al concorso del pretnio
delV arli delV anno 1782; Padoue, 1786, 24 pa-
ges gr, in-4°, avec 2 planches. Le travail de Ba-
gatella, qui avait été fait pour un concours proposé
par l'académie de Padoue, obtint le prix et fut
publié aux frais de l'académie. Il y a dans
cet ouvrage quelques préceptes utiles pour la
construction des instruments à archet, puisés
dans les proportions de Stradivari et des autres
habiles luthiers de l'école de Crémone; mais il
est à regretter que l'auteur du mémoire ne lui ait
pas donné plus de développements. L'opuscule
de Bagatellaaété traduit en allemand parSchanm,
sous ce titre : Ueber den Bau der Violine,
Bratsclie und Violoncell ; Leipsick, Kùhnel,
1806, in-8°.
BAGATTI (François), excellent composi-
teur et organiste à Sainte-Marie délia Porta , à
.Saint-Victor et au Saint-Sépulcre à Milan, vers
le commencement du dix-septième siècle, a publié
deux œuvres de motets, ainsi que des messes et
des psaumes. Piccinelli, qui nous fait connaître ce
musicien dans son Ateneo de" Letterati Mila-
nesi (p. 139), n'indique ni le lieu ni la date de
ces publications.
BAGGE (Charles- Ernest, baron de), cham-
bellan du roi de Prusse, vivait à Paris vers 1783.
Amateur passionné de la musique, il recherchait
les artistes, leur ouvrait sa bourse, les accueillait
chez lui, et appréciait bien leur talent. Malheu-
reusement il ne conservait pas le même tact
lorsqu'il s'agissait de lui. Il avait appris à jouer
du violon, et, quoiqu'il jouût faux, il croyait
être de la première force. Dans cette persuasion ,
il invitait la plupart des violinistes qu'il connais-
sait, ceux même qui jouissaient de la plus bril-
lante réputation, à prendre de sas leçons; et
lorsqu'ils lui objectaient, pour se débarrasser de
ses importunités , la nécessité d'utiliser le temps
pour vivre , il leur offrait île les payer pour qu'ils
devinssent ses élèves. Ce ridicule lui fit donner le
nom de Francaleu du violon. L'empereur Jo-
seph II loi dit un jour : Baron, je n''ai jamais
entendu personnetjouer du violon comme vous.
Outre son goût pour le violon, il avait aussi la
manie de composer; il a fait graver à Paris,
en 1783, un concerto que Kreutzer, alors fort,
jeune, exécuta avec beaucoup de succès, et
précédemment (en 1773), six quatuors concer-
tants pour deux violons, alto et basse, œuvre I.
On trouve aussi dans le catalogue de Westphal ,
marchand de musique à Hambourg, l'indication
d'une symphonie à huit parties , de la composition
du baron de Bagge. H est mort à Paris, en 1791.
Hoffmann a fait du baion de Bagge le sujet d'un
conle où l'on trouve le cachet deson talent original.
BAGGE (Selmar), violoncelliste à Lemberg,
né eu Bohême vers 1815, est élève du Conserva-
toire de Prague. En 1841 il se fit remarquer
comme compositeur distingué par une ouverture
exécutée dans le troisième concert de celte année
à Lemberg, et par un concerto de violoncelle dans
lequel il fit preuve d'une rare habileté sur son
instrument. En 1847 il était à Vienne, et y brillait
dans les concerts. Il a publié quelques composi-
tions parmi lesquelles on remarque une jolie so-
nate facile pour piano et violoncelle, op. 3; Vienne,
Hasiinger.
BAGL10;\I (Louis), de Milan, fils de Fran-
çois Baglioni , musicien de la chambre à
Ludwigsburg, et, depuis 1770, un des meilleurs
violinistes de la chapelle du duc de Wurtemberg,
a composé la musique de Tancref/c, etdeto Giiin-
guctle allemande (1777), qui ont été repré-
sentes à l'Opéra deSlultgard.
218
BAGLIONI — BAILLON
Un avilio artiste (le ce nom, qui vit à Milan, s'est
(ait connaître par un grand duo pour violon seul,
à l'usage de Paganini , Milan, Ricordi, et par
des Eserclzï per iLCunto lib. 1 et 2. ibid.
Plusieurs chanteurs et cantatrices de la mûme
famille ont brillé sur les théâtres d'Italie dans la
seconde moitié du dix-huilième siècle.
BAGLÎVI (Georges), célèbre médecin et
professeur de la Sapience à Rome, membre de la
Société Royale de Londies et de celle des Curieux
de la nature, naquit à Haguse en 1663, et mourut
à Rome en 1706, à l'âge de trente-huit ans,
épuisé par le travail. H a publié une dissertation
Deanatomia, morsu et cjfect'ibiis Tarentiilœ,-
Kome 1695. Elle a cto iu^^éne ensuite dans la col-
lection de ses œuvres, intitulée : Opéra omnia
medico-praclica et anatomica, dont il y a eu
des éditions à Lyon en 1704, 1710,1715, 1745; à
Paris, 1711 ; à Anvers, 1715; à RAle, 1737; à
Venise, 17.'i4 , et enlin une dernière donnée jiar
Pinel, avec des corrections, des notes et une
préface, Paris, 1788, 2 vol. in-8°.
L'abbé lieriim {Dizion.slor. ait. degli Scril-
tori di musica, etc., t. I, p. 73), cite une tra-
duction italienne de la diss^tation de Baglivi,
sous ce titre : Dissertazione sugli e/fetli délia
musica nelle malattie occagionate dalla mor-
.sicatura délia tarnntola , Rome, 1696. Dans
ce morceau, Baglivi établit comme des faits irré-
cusables et les effets de la morsure de l'araignée
connue sous le nom de tarentule , et ceux de la
musique pour la guérison du mal. Il cite à ce
sujet plusieurs expériences qui lui paraissent
di'cisives; mais Serao, professeur de médecine à
l'Université de Naples, a attaqué avec vivacité
la réalité de ces expériences, dans ses Lezioni
academiche délia Tarantola (Naples, 1742);
plusieurs savants médecins se sont rangés de son
avis, tandis que d'autres, tels que Kaliler, Sta-
roste, Mojon et Licbtenthal, ont adopté les idées
de Baglivi.
BAGI\I (Benoît), musicien né à Ferrare
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut
attaché au service de l'illustre maison des Anziani
de Bologne. Il a publié de sa composition Motetti
a olto voci , lib. I. Venise, Vincenti , 1608,
in-'i".
lîAHlX (t. -G.), claveciniste, qui vivait à
Berlin en 1790 , a publié dans cette ville six so-
nates pour le cl.ivecin, œtivre l".
BAIF (Jean-Antoine he), fds de Lazare de
Baif, naquit à Venise en 1532. Au lieu de suivre
la carrière diplomatique, dans laquelle il eftt pu
réussir par sa naissance et ses latents, il aima
mifMix se livrer exclusivement à la poésie : il ne
fut (epcndant qu'un poète médiocre, dans la
manière de Ronsard. En 1570, il obtint de
Charles IX des lettres patentes pour l'établisse-
ment d'une académie de poésie et de musique,
qui ne put se soutenir. Il mourut à Paris, pauvre
et oublié, le 19 septembre 1589. Indépendamment
de ses poésies, il a publié quelques ouvrages re-
latifs à la musique; en voici les titres : 1" Ins-
truction pour toute musique des huit divers
tons, en tablature de Luth, Paris, 15..,in-8".
— 2" Instruction pour apprendre la tablature
de guiternc {guitare); Paris 15.. — 's" Douze
chansons spirituelles, paroles et musique;
Paris, Adrien Le Roy, 1562, in-4°. — 4° Premier
et deuxième livres de chansons à quatre par-
ties;P!nh, 1578, 1580. Les auteurs du Diction-
naire des musiciens (Paris, 1810-1811) disent
que Buïf fut secrétaire de Charles IX : je ne
trouve celte assertion confirmée nulle part.
BAILDOIV (Joseph), musicien anglais, a
fait graver une collection de chansons anglaises
intitulée : The Lavrel, a new collection o) en-
glish songs ; Londres 1797. — - 2° Ode ta conten-
tment; Londres, .sans date. — 3" Love in a vil-
lage, petit opéra en collaboration avec Beinard,
1763.
B AILE Y (Anselme), musicien anglais qui
vivait vers la fin du dix-huitième siècle, a publié
un ouvrage intitulé : A practical Treatise on
singing and playing with just expression and
rcal élégance (Traité pratique sur l'art de
chanter et de jouer avec élégance et expression) ;
Londres, 1771, in-8°. C'est un livre de peu de
valeur et qui ne contient que des préceptes géné-
raux assez vulgaires.
BAILLEUX (Antoine), professeur et mar-
chand de musiqueà Paris, était aussi compositeur.
On a de lui les ouvrages dont les titres suivent :
1° Le Bouquet de l'Amitié , cain\ali\\p.. — 2° Six
Symphonies à quatre parties, Paris, 1758. —
3° Méthode de chant,Par\s, l760,in-lol.— 4"S/.2;
Symphonies à grand orchestre , 1767. — 5" Jlé-
thode raisonnée pour apprendre à jouer du
violon, avec le doigté de cet instrument, et les
différents agréments dont il est susceptible; pré-
cédée des principes de la musique. Paris, 1779,
iu-fol. Le même ouvrage a été reproduit avec lui
autre litre, comme une nouvelle édition, en 1 798. —
6° Les petits concerts de Paris. —7° Solfèges
pour apprendre facilement la musique vocale
et instrumentale, Purh, 1784,in-4°. — 8" Jour-
nal d'ariettes italiennes, dont il a paru dix
années. Bailleux est mort à Paris, en 1791.
BAILLOIV ( Pierre Joseph), maître ordi-
naire de la musique du duc d'Aiguillon, vivait à
Paris vers latin du dix-huitième siècle. On a de
lui : Psouvelle méthode de guitare selon le
BAILLON — BA.ILLOT
21»
syslhne. des meilleurs antenrs, contenant les
moyens les p/j<.s- clairs et les plus aisés pour
apprendre à accompagner une voix, et par-
venir à jorter tout ce qui est propre à cet
instru7nent iPsivis, 1781, in-4°. Bâillon a aussi
rédigé un journal de violon et La muse lyrique,
journal d'ariettes avecaccomp. de liarpe ou de
tjuitare, depuis 1772 jusqu'en 1784.
lîAILLlOIVI (M. Giovanni), mécanicien , né
à Milan, a invente un orgue mécanique d'une
construction fort ingénieuse, pour être placé dans
les jardins de la villa de Leinate qui appartenait
à la comtesse Visconti. La description de cet ins-
trument a élé donnée par riiiventeiir dans le
Giornale de' Lefferatl d'Italia, tom. X, t. XI,
p. 489-498. Cette description a pour titre : Ma-
china pneumalica, inventa/a da M. G. Bail-
Honni ,fatta d'ordine délia eccellentissima
signora Visconti, per le delizie délia sua villa
di Leinate.
BAILLOT ( PiERKE- Marie-François de Sa-
i.KS ), un des plus célèbres violinistes que la
France ait [)roduits, est né à Passy, piès de Paris,
le 1" octobre 1771. Son père, avocat au parle-
ment de Paris , avait été envoyé en 1768 en qua-
lité de procureur du roi , à Ajaccio en Corse, où
il avait su se concilier l'estime et l'affection géné-
rale. De retour en France en 1771, il établit à
Passy une maison d'éducation, et plus tard, à
Paris , un pensionnat pour l'enseignement de la
jurisprudence. Dès l'âge le plus tendre, Baillot
annonça de rares dispositions pour la musique,
elle violon avait tant d'attrait pour lui, qu'il par-
vint à jouer sur cet instrument plusieurs airs sans
qu'on les lui eût enseignés. Vers l'âge de sept ans,
on iui donna pour premier maître Polidori , Flo-
rentin, qui avait peu d'exécution, mais qui ne man-
quait |)asd'enlliousiasme et qui, cliaque jour, par-
lait à son élève de l'Italie. En 1780, Baillot étant
revenu à Paris avec ses parents, son professeur
de violon fut Sainte-Marie, artiste français dont
la sage sévérité lui donna ce goût de l'exactitude
et de la netteté qu'on remarquait dans son jeu.
Baillot n'a point oublié ce qu'il doit à son maître,
sous ce rapport; il en conserva de la reconnais-
sance jusque dans sa vieillesse. Une circonstance
inattendue vint exercer tout à coup sur ses progrès
une influence remarquable et prolongée. Il n'avait
que dix ans lorsqu'on le conduisit, en 1782, au
concert spirituel qui se donnait alors au palais des
Tuileries, dans l'endroitqu'onappelleaujourd'hui
la Salle des Maréchaux : il y entendit une seule
lois Viotti dans ses brillants débuts. Sans avoir
pu garder à cet âge aucun souvenir positif ni du
morceau joué par Viotti , ni du caractère de son
talent, il lui resta de ce grr;!id artiste une telle
impression que dès ce moment il devint l'idéal
de sa pensée, et que longtemps après, babitant
des contrées éloignées , Viotti était toujours poiu-
lui le modèle de la perfection qu'il voulait at-
teindre , mais à sa manière. Le basard ne lui
fournit que vingt ans après l'occasion de l'en-
tendre de nouveau et de savoir enfin s'il allait
retrouver en lui le héros que son imagination
s'était créé ; ce fut alors que, frappé d'admiration
pour le style de Viotti, si simple, si expressif et
tout à la fois si majestueux, il s'écria : Je le
croyais Achille ; mais c'est Agamemnon.
En 1783 Baillot parfit avec sa famille pour
Bastia, où son père, nommé substitut du procu-
reur général au conseil supérieur de Corse, mou-
rut quelques semaines après son arrivée. M. de
Bonclieporn, intendant de cette île, touché de la
pénible position de sa famille, qui venait de per-
dre son seul appui, offrit à la veuve de se char-
ger de l'éducation de son fils. 11 l'associa à ses
enfants et l'envoya avec eux à Rome, où ils res-
tèrent treize mois. Là, Baillot eut pour troisième
et dernier maître de violon Pollani, élève deNai-
dini, qui, dans ses leçons , ne cessait de dire à son
élève : Bisogna spianare l'arco (il faut étendre
l'archet, élargir le jeu) ; obligation qui sympa-
thisait à merveille avec l'enthousiasme excité
dans l'âme du jeune disciple par la vue du Ca-
pitole. Pendant son séjour à Rome, Baillot, âgé
seulement de treize ans , se fit entendre aux
conversations du cardinal de Binnis et à l'Aca-
démie de France, dont Lagrenée était directeur.
Le célèbre peintre David s'y trouvait alors. De
retour en Cor.^e dans l'année 1783, Baillot se ren-
dit bientôt à Bayonne, habita pendant cinq ans
alternativement cette ville, Pau, Auch et les Py-
rénées, s'occupant peu de musique, et accornpa-
gnantM.de Bonclieporn dans toutes ses tournées,
en qualité de secrétaire. Cependant, toujours
passionné pour le violon, il profitait de tous les
instants de loisir pour s'exercer dans la solitude
des bois et des montagnes.
Les intendances ayant été supprimées, Baillot
vint à Paris an mois de février 1791, résolu d'y
chercher provisoirement des ressources dans
son talent. Présenté à Viotti, il l'élonna pnr la
largeur de son exécution. Lé célèbre maître lui
offrit une place dans l'orchestre du théâtre Fey-
deau, où les admirables chanteurs italiens de
l'opéra bouffon jouaient alternativement avic
l'opéra français. Baillot, qui avait d'autres projets,
n'accepta cette place que temporairement. C'est
alors qu'il se lia d'une tondre amitié avec Rode,
qui était chef des seconds violons de cet orches-
tre. Après y être resté cinq mois, il quitta le
liiéâtrp, parce qu'il obtint une place qu'il sollici-
220
BAiLLOT
tait au ministère tlps finances, el la musique re-
devint pour lui ce qu'cl'e avait été longtemps,
*''esl à-dire un délassement au lieu d'être une
profession. Dix années s'écoulèrent dans l'exer-
cice de ses fonctions au ministère des finances,
et ce service ne (ut interrompu que par l'appel
de Baillot comme volontaire de la première ré-
quisition. Cet appel le conduisit pendant vingt
mois à l'armée des côtes de Cherbourg. En 1795
le hasard lui lit découvrir les compositions de
Corelli, Tartini, Geminiani, Locatelli, Bach et
riœndel, qui lui avaient été inconnues jusque-là;
il en fit sa principale élude, et il y retrouva toute
riiisloire du violon. De retour de l'armée, il se
fit entendre pour la première fois en public comme
artiste, dans le 14« concerto de Viotti , au con-
cert de la maison Wenzel, rue de l'Échiquier.
Le succès qu'il y obtint fixa sur lui l'attention
générale, et dès ce moment commença sa répu-
tation, qui alla grandissant chaque jour quand
on l'entendit exécuter ses propres concertos aux
concerts de la rue de Cléry, du théâtre Louvois
et du théâtre di' la Victoire. Le 22 décembre
1795, il fut admis au nombre des membres du
Conservatoire de musique, pour y occuper tem-
porairement la place de Rode, alors en voyage.
Celui-ci s'etant fixé ensuite en Russie, Baillot
fut nommé titulaire et remiilit les fonctions de
professeur de violon depuis l'ouverture des
classes, qui n'eut lieu qu'un peu plus tard, jus-
<|u'en 1842, époque de sa mort. C'est à cette épo-
<|ue, je crois, qu'il faut reporter les études d'har-
monie qu'il a laites sous la direction deCalel. Plus
tard, il a pris des leçons decontrepoint de Reiclia
et de Cherubini.
Lorsque le Conservatoire de Paris l'ut définiti-
vement constitué, et que tous les genres d'étu-
des y furent mis en activité , une nouvelle car-
rière s'ouvrit devant Baillot. Il était appelé à y
fonder une école de violon dont les conditions
principales étaient de résumer ce qu'il y avait
de meilleur dans les anciennes écoles italienne,
allemande et française. Gaviniès, vénérable chef
de celle-ci, descendait alors dans la tond)e, et
laissait à ses jeunes successeurs la mission de
créer par éclectisme un nouvel ordre de choses.
La nécessité de l'unité d'enseignement se faisait
sentir pour tontes les branches de l'art. Le comité
du Conservatoire comprit la position où il se trou-
vait à cet égard , et il arrêta dans une de ses
séances que des ouvrages élémentaires pour le
solfège, le chant, l'harmonie, la composition et
tous les instruments seraient rédigés par quel-
ques professeurs, après que les bases du travail
auraientété posées en assemblée générale. Rode,
Kreutzer et Baillot se réunirent donc pour for-
mer une méthode de violon ; mais, si grand que
frtt.le mérite des deux premiers, les éludes clas-
siques de Baillot, ses habitudes de méditation et
sa facilité à s'exprimer en termes élégants et
précis, lui donnaient un avantage reconnu pour
la rédaction d'un tel ouvrage. D'un commun ac-
cord, il fut convenu que ce travail lui serait dé-
jiarti, et c'est à cette résolution, digne d'aussi
grands artistes, qu'est dû le beau monument qui
lut alors élevé par le Conservatoire à l'art du
violon.
Qu'il me soit permis de rappeler ici un de mes
souvenirs qui se rapportent à celle époque de la
vie de Baillot. Depuis peu de mois j'étais élève au
Conservatoire, lorsque le ministre de l'intérieur
Chaptal vint poser la première pierre de la biblio-
thè(]ue et de la grande salle de concerts de cette
école. La cérémonie fut suivie d'un concert impro-
visé. Arrivé depuis peu de ma province, tout était
nouveau pour moi; toutefois, bien que fort igno-
rant, je comprenais par instinct la possibilité du
beau etj'apcrcevais jusqu'où il pouvait aller. Aussi
dois-je avouer que lorsque j'entendis Rode jouer
à un concert de madame Grassini son septième
concerto, bien que je fusse charmé parce jeu si
élégant, si pur, si brillant et si jeune, je ne fus
point étonné. J'avais compris d'avance que ()our
jouer du violon avec perfection, il fallait en jouer
ainsi. Mais j'éprouvai dans le même temps deux
sensations auxquelles je n'étais pas préparé, et
dont l'ébranlement est encore présent à ma pen-
sée. La première fut causée par l'audition de 1'/-
phigénie en Tauride de Gluck ! Je ne connais-
sais pas Gluck ! Malheureux que j'étais ! Sa mu-
sique ne ressemblait à rien de ce que j'avais en-
tendu auparavant; c'était un monde nouveau
poiu' moi, et plusieurs mois se passèrent avant
que je |)usse songer à autre chose. Eh bien ! une
émotion d'un genre aussi neuf pour mon ûme
fut celle que je ressentis à la séance dont je viens
de parler, lorsque j'entendis Baillot jouer un trio
(c'ftait enyii mineur, je m'en souviens), accom-
pagné par Rode et par de Lamare. Là je com-
pris tout à coup que le violon peut être autre
chose qu'un instrument bien joué, et, sous l'im-
pression des accents passionnés de l'artiste qui
m'inondaient d'un plaisir inconnu, je me fis tout
d'abord l'idée de sa mission et de son avenir;
mission qu'il a remplie dans toute son étendue;
avenir qui s'est réalisé tel que je l'avais prévu.
Nommé chef des seconds violons de la musique
particulière du premier consul Bonaparte , le 2(i
juillet 1S02, Baillot occupa ensuite la même place
dans la cliai»elle de l'empereur Napoléon. Au
mois d'août 1805, il se décida à .suivre l'exemple
de Rode, de Boieldicu et de queUpies autres
BAILLOT
22!
articles français qui s^Maiollt lendiw en RuRsic ;
et, d'après rinvilalion du C(^lobte violoncelliste
de Lamare (Voij. ce nom), qui lui avait donné
rendez-vous à Vienne, il partit pour Moscou.
L'Europe était alors en paix ; mais à peine Bail-
lot avait-il atteint les frontières des pays étran-
gers que la guerre éclafa. Commencée à Ans-
lerlitz, elle n'eut de terme qu'à la bataille de
Friedland,et l'exil de Baillot en Russie, qui, sui-
vantses projets, ne devait être que d'une année,
se prolongea au delà de trois ans. De tous les
artistes voyageurs, il est le seul qui ait traversé
deux fois l'Kurope sans pouvoir donner un con-
cerl, poursuivi qu'il était par de graves événe-
ments politiques et par leurs résultats. Arrivé à
Vienne dans une saison déjà avancée, il ne put
y rester que douze jours, et n'eut que le temps
de voir Haydn, Salieri, Beellioven, et d'y serrer
la main de Cliérubini, qui étaitallé composer son
opéra de Faniska dans la capitale de l'Autriche.
Arrivés à Moscou au mois de novembve 1805,
Baillot et de Lamare y donnèrent de brillants
concerts qui tenaient de la féerie , à l'époque
même de la bataille d'Austerlitz dont on igno-
rait l'issue. Seize séances de quatuors et de qiiin-
tetli suivirent ces concerts et furent fréquentées
avec beaucoup d'intérêt par plus de deux cents
souscripteurs principaux. Chacune de ces séances
avait lien alternativement dans le palais d'un des
douze premiers souscripteurs. Un concert pour
la noblesse fut donné dans une salle de gigan-
tesques proportions, où se réunit un auditoire
de quatre mille personnes. Rode ayant quitté
Saint-Pétersboug au commencement de 1808,
alla retrouver ses deux amis à Moscou. A cette
époque la place de chef d'orchestre du firand-
ïhéàtre de cette ville fut offerte à Baillot, qui ne
l'accepta pas, et qui ne tarda point à partir pour
Saint-Pétersbourg avec son compagnon de voyage.
Boieldieu, alors maître de chapelle de l'empe-
reur Alexandre, les accueillit en frère. Les deux
virtuoses se firent entenrire à l'Ermitage devant
l'empereur, puis ils jouèrent au Grand-Tliéàtre, et
au concert de la noblesse. D'assez grands avan-
tages semblaient devoir les fixer dans la ca-
pitale de la RuNsie; mais Baillot, ne pouvant se
décidera être plus longtemps éloigné de sa patrie
et de sa famille qu'il chérissait, refusa de rem-
placer Rode dans l'emploi qu'il avait occupé à la
cour, et se mit en route pour la France. Un con-
cert fut donné à Riga, un autrb à Mittau par les
deux artistes, qui trouvèrent dans celte dernière
ville et à Stalgen la plus noble et la plus cor-
diale hospitalité chez M. de Berner, dont la fille
possédait un grand talent sur le violon.
Après une yhsence de plus de trois ans, et
quatre mois après .son retour de Ru.ssie, Baillot
reparuten public le 17 jtanvicr 1809, dans un con
cert qu'il donna à l'Odéon. Rode, dont l'éloigne-
nient avait été beaucoup plus long , s'était fait
entendre pour la première fois, dans la môme salle,
onze jours auparavant. L'effet produit par ces
deux artistes fut différent. Bien qu'admirable
par sa justesse, le fini et l'élégance de son jeu
Rode parut avoir perdu quelque chose de sa cha-
leur dans le long séjour qu'il avait fait en Rus-
sie; Baillot, au contraire, en conservant tout
son feu, toute sa sensibilité, montrait plus de
délicatesse dans son exécution , et son archet
avait acquis plus de variété. Son succès fut com-
plet. En 1812 ce virtuose fit un voyage de .six
mois dans le midi de la France, et donna des con-
certs à Bordeaux, Bayonne, Pau , Toulouse,
Montpellier, Marseille, Avignon et Lyon. De re-
tour à Paris, il songea à réaliser la pensée qu'il
avait depuis quelque temps de fonder des séances
de musique instrumentale, dans le genre duqua-
luoret du quintette, pour y faire entendre, dans
une progression de styles, les diverses transfor-
mations imprimées à ce genre de musique par le
génie si différent de Boccherini, de Haydn, de
Mozart et de Beethoven. Ce projet, dont l'exé-
cution devait révéler en Baillot un immense ta-
lent qu'on ne lui connaissait point encore, lut
réalisé en 1814 , et la première de ces séances
eut lieu le 12 décembre de la même année. De-
puis lors il en a été donné chaque hiver un cer-
tain nombre de semblables '. Baillot, considéré
comme un exécutant de solos, était sans doute
un grand violiniste; mais sa supériorité, sous le
rapport du mécanisme le plus savant qu'il y eût
en Europe, était une qualité qui ne pouvait être
appréciée que par un petit nombre de connais-
seurs : d'ailleurs ces connaisseurs et les ama-
teurs les plus enthousiastes de son talent ne sa-
vaient pas qu'il y avait en lui un autre talent
plus grand encore, talent rare, miique, dirai-je,
qui lui faisait prendre autant de manières qu'il y
avait de styles dans la musique qu'il exécutait.
Le temps, loin d'affaiblir cette faculté si rare ,
ou plulôt unique, ne fit que la développer en
Baillot, et sa sensibilité musicale semble avoir
acquis chaque jour plus d'énergie. Baillot, dans
le quatuor, était plus qu'un grand violoniste : il
était poète.
Les malheurs de la France en 1815 avaient
fait fermer le Conservatoire au mois de juillet de
I Dans l'origine de ces séances, le quintctto fut compose
de MM. Baillot et Guynemer au premier et au deuxième
violon, Tariût et St-l,aurrnt à l'alto, [)e Lamare et Norbliu
à la basse, et plus tard par MM. Baillot, Vidal, Sauzay, IJr-
han, Mialle, N'orblin et Vasiin.
BAILLOT
cette cTP.née : ces tristes circonstances déterminè-
rent Caillot à voyager. Il prit sa route par la liei-
giiliie et donna des conceiis à liruxelles, à Lié;;e,
à Uotterdam, à Amsterdam, recueillant partout
des témoignages d'admiration pour son beau ta-
lent. Arrivé à Londres au mois de décembre, il
y fut reçu membre delà société philharmonique.
Selon l'usage établi en Angleterre, il dirigea les
concerts et exécuta des solos dans ces mômes
concerts à Leicester, Birmingham, Liverpool,
ISIanchester et Londres, à la société philharmo-
nique. Après dix mois d'absence, il revint à Paris
dans l'été de 1816. Nommé premier violon et
violon solo à l'Académie royale de musique (l'O-
péra) au mois de novembre 1821, il demanda et
obtint en IS'26 que ses fonctions fussent res-
treintes à celles de l'exécution des solos. Les
concerts spirituels donnés à l'Opéra dans les an-
nées 1822, 23 et 24 furent dirigés par lui. L'ad-
ministration de rOpéra ayant été donnée par
entreprise à M. Véron, au mois de juin 1831 , ce
spéculateur supprima la place de premier violon
solo, et, après dix ans de service, Baillot cessa
ses fonctions le l*' novembre de la même année.
Dès l'année 1825 il avait tenu la place de premier
violon de la chapelle du roi, au sacre de Char-
les X, en l'absence de Kreutzer ; il reçut sa no-
mination définitive à cette place en 1827. Trois
ans après, la révolution qui éclata au mois de
juillet ayant amené un changement de dynas-
tie, la chapelle se trouva supprimée de fait ; mais
en 1832 Paër fut chargé d'organiser la musique
particulière du roi Louis-Philippe, et Baillot fut
compris dans celte organisation comme chef
des seconds violons. Dans l'été de 1833, il a fait
un voyage en Savoie, en Piémont, en Lombar-
die, en Suisse, et a donné des concerts à Lyon,
Chambéry, Aix-les-Bains, Lausanne et Genève.
Partout son admirable talent a excité le plus vif
enthousiasme, et ce voyage a été pour lui un vé-
ritable triomphe.
lin 1834 Baillot a mis le comble à sa gloire
par la publication d'une nouvelle méthode qu'il
a rédigée et qui a paru sous le titre de l'Art du
violon. Les bornes d'une notice telle que celle-
ci ne permettent pas de donner l'analyse raison-
née de ce beau tiavail ; je renverrai pour celte
analyse à celle qin a été faite dans la Kevue mu-
xicale, au mois de mars 1835, et je me bornerai
à dire que, de tous les livres élémentaires qui ont
été faits surl'art de jouer des instruments, celui-là
est le mieux pensé, le mieux écrit, le plus pré-
voyant et le plus utile. Par cette pubh'cation,
Baillot consolide cette belle et savante école fran-
çaise du violon, qui lui est redevabled'une grande
partie de sa gloire, qui a élé longtemps l'objet
! de l'admiralion des étrangers, et ntii a pcujjlé
les orchestres d'une multitude de virtuoses.
Dans tout ce qui précède, Baillot n'a été con-
sidéré que sous le rapport de son talent d'exécu-
tion; comme com|)ositeur de musique pour son
instrument, il ne me paraît pas qu'on lui ait rendu
justice, ni que ses ouvrages aient été estimés à
leur juste valeur. Son style est, en général, grave
ou passionné, et l'on y voit que l'artiste a moins
cherché à plaire par des sacrifices au goût du
public qu'à satisfaire ses penchants, qui sont tou-
jours élevés. De là vient le reproche qu'on a
quelquefois fait à l'artiste de manquer de charme
dans sa musique et d'y mettre de la bizarrerie.
Cette prétendue bizarrerie n'est que de l'origina-
tité qui peut être ne s'est pas produite dans un
temps favorable. La difficulté d'exécution de la
musique de Baillot a pu nuire aussi à son succès.
Empreinte de la véhémence et de la souplesse de
son archet, elle était rendue par lui comme elle
avait clé conçue ; mais il y a si peu de violinistes
capables de sentir et d'exprimer ainsi, qu'il n'est
point étonnant que le découragement se soit em-
paré de la plupart d'entre eux, quand ils ont es-
! sayé d'imiter le maître. De tous les morceaux
I
j composés par Baillot, les airs variés sont ceux
! qui ont été le mieux compris et qui ont obtenu
! le plus de popularité. Parmi ses ouvrages, ceux
qui ont élé gravés sont : 1» Quinze trios pour
deux violons et basse. — 2o Six duos pour deux
violons. — 3" Douze caprices ou études pounvio-
lon seul. — 4° Neuf concertos. — 5° Une sympho-
nie concertante pour deux violons, avec orchestre
ou accompagnement de piano. — 6" Trente airs
variés avec orchestre, ou quatuor, ou seulement
violon et basse. — 7° Trois nocturnes en quintet-
tes.— 8° Trois andante, dont un avec sourdine,
morceau charmant etdel'effet le plus heureux. —
9" Trois quatuors pour deux violons, alto et basse.
— tO° Une sonate pour piano et violon. — 1 1° Un
adagio suivi d'un rondo — 12°Un souvenir. -
13° Vingt-quatre préludes dans tous les tons Plu-
sieurs éditions de ces ouvrages ont élé faites en
France et en Allemagne. Les compositions inédiles
sont celles dont les titres suivent: 1° Vingt-quatre
caprices ou études dans tous les tons et suivant
leurs divers caractères, pour faire suite à l'Art du
violon. — 2° Un dixième concerto. — 3° Plusieurs
fantaisies. — 4oUn Boléro. — 5° Plusieurs airs
variés. — 6" Quelques morceaux détachés .
Comme écrivain , Baillot a publié : 1° Mé-
thode de violon adoptée par le Conservatoire,
avec Rode et Kreutzer. La première édition de
cet ouvrage a paru au magasin de musique du
Conservatoire ; Weissembruck en a donné une
autre à Bruxelles; Schott, de Mayence,et Pé-
BAILLOT — BAI NI
1ers, (le Leipsick,en ont pnblii' des fradnclions
allemandes, dans lesquelles on a siippiimo les
exercices; Hreitkopf et Haertel , de Leipsick ,
Lischke et Schlesinger, de Berlin, Haslinger, de
"Vienne, et Berra, de Prague, en ont donné des
traductions complètes ; enfin André, d'Offen-
bacli , en a fait paraître nne édition en allemand
et en français. Rolla a fait nne traduction ita-
lienne du même ouvrage; elle a paru à Turin
t Irz les frères Reycend. — 2° Méthode de. violon-
celle adoptée par le Conservatoire , par Levas-
seur , Catel et Baudiot, rédigée par Baillot;
Paiis, imprimerie du Conservatoire, in-fol. Pe-
ters, de Leipsick, a donné nne traduction alle-
mande de cette méthode. — 3° L'Art du violon,
nouvelle métliode. Paris; 1835, in-fol. —4° Rap-
port fait au Conservatoire sur l'orgue expres-
sif de M. Grenié; Paris, 1812, une feuille in-8".
— 5° Rapport sur un nouveau chronomètre pré-
senté au Conservatoire par M. Despréaux,Pa-
ris, 1813, unedemi-feuillein-l2 — 6° lyoticesur
Grétnj; Paris, lSii,in-S°.— l° NoticesurJ.-B.
Viotti, né en 1755 à Fontanetto, en Piémont,
mort à Londres, le 3 mars 1824; Paris 1823,
une feuille in-S". —8° Barhier (DJc/ion. des Ano-
nymes, t. 3 , p. 137 , n" 15495) et M. Quérard
(La France littéraire, t. 1, p. 156) attribuent
k Baillot la rédaction d'un écrit qui a paru sous
ce litre : Recueil de pièces a opposer à divers
libelles dirigés contre le Conservatoire de mu-
sique; Paris, 1803, in-4". — 9» On a aussi de ce
laborieux artiste deux discours sur les travaux
du Conservatoire aux distributions des prix en
1812 et 1813; ces morceaux se font remarquer
par le mérite d'un style élégant et facile. Baillot
est mort à Paris, le 15 septembre 1842, à l'âge
de soixante et onze ans, laissant un vide immense
dans l'école qu'il avait fondée. Le gouvernement
français a rendu un éclatant hommage à la mé-
moire de cet artiste, en faisant placer son buste
dans les galeries de Versailles.
BAILLOU(Loi!isije), musicien français, reçut
des leçons de violon de Capron , puis se rendit eu
Italie pour y perfectionner son talent. A Milan il
fut attaché au théâtre de la Scala comme chet
d'orchestre, et les entrepreneurs de ce théâtre le
chargèrent d'écrire la musique de plusieurs ballets.
Les principaux ouvrages de ce genre auxquels il
a travaillé sont : — 1° Andromacca et Pirro, re-
présenté en 1777. — 2° L'' Amante generosa, dans
la même année. — 3° Apollo placafo, 1778. —
4o Calipso abbandonata,id. — 5o Mirza, 1783.
— 6° La Guinguetta inglese, id. — 70 La Zin-
gara riconosciuta, id. — &" Giulto Sabino, en
1784.— 9"Lodovicoil moro, 1780.— lO» Amore
maestro discuola,id.— Il" Il Popolo d'Argo
fcsteggiante, iil. — 12° Vologese, id.— \2^Gu(i-
timnzin 0 la Conquista del Messico 1787. —
14" H primo viaggiatore, id. — 15° Il/anfaro
miiilare , id. — I60 / due Acari, id. — 170 II
Ma/riinonio per concorso, 1788. — iSo Gui/"
lelmo Tell, 1797. — 19" L^icio Giuniol}ruto,id.
— 20" La Disfdtta di Abderamo, 1809. Une
partie de ce dernier ouvrage est de Capuzzi.
BAILLY (Henri de), surintendant de la
musique du roi Louis XIII, en 1C25, mourut à
Paris, le 25 septembre 1039. Il composa plu-
sieurs motets pour la chapelle du roi, entre au-
tres un Super Jlumina, qui eut quelque réputa-
tion. Bailly a écrit aussi quelques ballets et des
divertissements pour la cour , qui sont restés en
man\iscrit.
BAILS (D. Benito), directeur de mathéma-
tiques de l'Académie de San-Fcrnando, et
membre de l'acailémle royale espagnole d'his-
toire, sciences naturelles et arts de Barcelone ,
naquit dans cette ville en 1743. Il a donné une
traduction espagnole des leçons de clavecin de
Bemetzrieder , sous le titie de Lecciones de
clave y principios de harmonia. Madrid, 1775,
in-4o.
BAI1\I (Laurent), compositeur né à Venise,
fut élève de Gaelano Carpani , maître de chapelle
de l'église del Gesîi, à Rome, et fut lui-même
maître de chapelle à Venise , puis de l'église des
Douze-Apôtres, à Rome, de la cathédrale de
Terni, et enfin de Rieli, où il mourut. 11 a beau-
coup écrit pour l'Église. L'almanach de Milan le
cite comme ayant écrit plusieurs opéras, de-
puis 1785 jusqu'en 1788, mais les titres n'en sont
pas connus. Vn Stabat pour deux ténors et
basse, et des motets à trois parties , composés
par Laurent Baini , sont à Rome dans la biblio-
thèque musicale de M. l'abbé Sauliui.
BAÎJXI (L'abbé Joseph), neveu du précédeul,
est né à Rome, le 21 octobre 1775. De bonnes
études dans les arts, les lettres et la théologie
préparèrent ce savant homme, dès sa jeunes.se, à
remplir avec distinction ses fonctions sacerdota-
les, et <à prendre une place aussi honoiahle parmi
les écrivains sur la mu.sique que parmi les compo-
sit<!urs. Après avoir reçu de sou oncle, Laurent
Baini , de bonnes instructions préliminaires dans
les diverses parties de l'art , et particulièiement
dans-le conliepoinl, .suivant la doctrine de l'an-
cienne école romaine, l'abbé Baini devint l'élève
et l'ami de Joseph Jannaconi , en 1802. Peu de
temps après, il fut admis comme chapelain
chantredans la chapelle pontificale. Sa belle voix
de basse et ses profondes connaissances dans le
plain-chantel dans la musique ecclésiastique lui
procurèrent sans peine l'entrée de cette chapeile
BAINI
célèbre, dontil devint ensuite Icdirecteur. Fran-
çois Kondler a exprimé avec chaleur, dans son
travail intéressant sur Tétatdela musique à Rome,
6on admiration et pour le bel organe vocal de
Haini , et pour la manière simple et savante dont
il dirigeait le chœur des chanteurs pontilicaux.
Comme compositeur de musique d'église, il no
mérite pas moins d'éloges. Bien qu'il n'ait rien
publié de ses ouvrages en ce genre, il n'en est
pas moins connu et renommé en Italie , particu-
lièrement à cause du mérite de son Miserere ,
compo-é pour le service de la chapelle Sixtine,
par ordre du pape Pie VU (Voy. aul"' vol.de cette
Jiiogr. tiniv. des Musiciens, une notice sur les
divers Miserere qui ont été composés pour cette
clia|ielle, à l'article ALLixiii). Ce morceau , écrit
etexécuté pour la première fois en 1821, est le
seul qui ait pu soutenir la comparaison avec les
Misercreà^KWcgn et de Caj; il est exécuté alter-
nativement avec ceux-ci.
Comme écrivain sur la musique, l'abbé Baini
s'est placé fort haut par ses divers ouvrages, sur-
tout par sa monographie de Palestrina. Son pre-
mier écrit fut une brochure intitulée : Leltera
sopra il moteito a quattro cori del Sig. D.
Marco Sanlticci, premialo delV academia
ISapoleone in Lucca, Vanno 1806, corne lavoro
dï génère nuovo. II y fait ressortir l'erreur de
l'académie, qui considérait comme un genre neuf
de composition le motet à quatre chœurs de San-
tucci , tandis qu'il existe un nombre considérable
de motets, de messes et de psaumes à seize,
vingt, vingt-quatre, trente-deux et m(^me qua-
rante-huit voix, écrits dans les seizième, dix-
septième et dix-!\nitième siècles, parMassaini,
Antonelli,Agostini. Pacelli, Valerio Bona,Savetla,
Benevoli, Abbatini, Beretta, Pitoni, Jannaconi,
Ballabene, et beaucoup d'autres compositeurs.
Le deuxième ouvrage relatif à la musique,
composé par l'abbé Baini , a pour titre : Saggio
sopra Videntità de' ritmi musicale e poetico.
Firenze, dalla stamperia Piatti, 1820, 76 |>a-
ges in-8°. Le savant directeur delà chapelle Six-
tine a écrit cet opuscule en réponse à seize ques-
tions qui lui avaient été proposées par le comte
de Saint-Leu, frère de l'empereur Napoléon. C'est
le prince lui-même qui s'est fait l'éditeur de la
brochure, et, dans le temps où il publiait l'origi-
nal, il en faisait une traduction française qui \>di-
T»i s,omceA\Ue : Essai sur ridenlilé durhythme
poétiqueet musical, traduit de Vouvrage italien
de M. l'abbé Baiyn, par Le comte de Saint-Leu,
Florence, Piatti, 1820, in-8". L'opuscule dont il
s'agit brille partout d'une érudition solide et d'un
profond savoir. Des idées très-heureuses abon-
dent dans les solutions des diverses questions (jui
avaient été adressées à l'auteur; cependant je ne
puis partager l'opinion de Kandler, lorsqu'il dit
que Baini a prouvé jusqu'à l'évidence <iuc le
rhythme des poètes grecs et latins est absolument
le même que celui des compositeurs modernes
dans toute l'Europe civilisée. J'ai démontré, au
contraire, en plusieurs endroits, particulièrement
dans le travail spécial sur le rhythme que j'ai
publié en 1852 dans la Gazette musicale de
Paris, que le rhythme musical a pour base la
symétrie et la régularité des temps, qui ne sontpas
les principes de la métrique des anciens. Dans la
musique moderne le rhythme musical absorbe le
rhythme de la versification ; chez les anciens, au
contraire, le mètre poétique absorbait le ihylhme
de la musique.
Le travail le plus im[)ortant de ce musicien
érudit est celui qu'il a publié sur la vie et les ou-
vrages de l'illustre compositeur Jean -Pierre-Louis
de Palestrina, sous ce titre : Memorie storico-
critiche délia vita e délie opère di Giovanni
Pierluigida Palestrina, cappellano cantore, e
qulndi compositore délie cappella ponti/icia,
maestro di cappella délie basiliche valicana,
lateranense, e liberiana, detlo il Principe
dellavnisica. Honia, dallaSocielà Tipogra/icu,
1828, 2 vol. in-4°. L'esprit de critique littéraire,
l'cruiiitioti, le .savoir musical et la connaissance
parfaite des styles brillent partout dans cet ou-
vrage, et en font un des plus beaux monuments de
l'histoire de l'art. Le très-petit nombre d'erreurs
qui s'y trouvent ( quel écrivain est absolument a
l'abri de l'erreur ?) ne saurait en diminuer le mé-
rite. Le désir d'approfondir toutes les questions
qu'il touchait en passant a souvent conduit Baini
dans des développements qui font perdre de vue
l'objet principal : inconvénient qui serait grave, si
les Mémoires historiques pouvaient être consi-
dérés comme un livre destiné à être lu d'une
manière suivie, mais qui s'alfaiblit si l'on consi-
<lère que les ouvrages de cette esjièce sont des-
tinés à être consultés plutôt que lus. Au reste,
l'abbé Baini paraît avoir aperçu le reproche qu'on
pourrait lui faire à ce sujet, car il a résumé les
princi|)aux événements de la vie de Palestrina à
la fin du deuxième volume de son ouvrage
(p. 372-383). La plupart des objets intéressants
de l'histoire de la musique italienne, dans les
seizième et dix-septième siècles, sontéclaircis par
l'auteur des Mémoires historiques et critiques ,
dans de longues et savantes notes répandues au
nombre de 659 dans les deux volumes de cet
ouvrage. Les registres de la chapelle pontificale,
les mémoires manuscrits de Pitoni sur les com-
positeurs de l'école romaine , et les ancioniK :;
compositions des maîtres belg'^s, italiens et es
BAINI — BAT
22.";
pflgnols qui existent dans les archives de la
chapelle Sixtine , ont fourni à cet écrivain des
documents authentiques qui ne pouvaient être
connus que d'un diantre de la chapelle pontifi-
cale, et qui donnent un prix inestimable au tra-
vail de-l'abbé Baini. Bien supérieur dans l'em-
ploi qu'il a su faire de ses matériaux à Adami de
Bolsena {Voy. ce nom), il en a discuté la valeur
avec une rare sagacité. On désire quelquefois
plus de philosophie dans les idées de Baini, ja-
mais plus de savoir ni de bonne foi.
L'admiration sans bornes et justement méritée
que Baini professe pour Jean-Pierre-Louis de Pa-
lestrina lui a fait consacrer une grande partie de
sa vie à mettre en partition les œuvres complètes,
publiéesou inédites, dece grand compositeur, pour
en doimer une édition soignée. Pour n'être point
effrayé par l'immensité d'un tel travail, il a failn
être animé d'un pur amour de l'art comme l'était
l'auteiirdes Mémoires historiques et critiques. A
la (in du deuxième volume de cet ouvrage il a
donné une liste de toutes les compositions qui
entreraient dans nne si belle collection. Malheu-
reusement il n'a pu réaliser son projet. Admira-
teur exclusif du maître qu'il affectionnait et des
formes anciennes de la musique d'église, Baini
ne comprenait rien à l'art, sous d'autres formes ,
et ne savait même pas en quoi la tonalité de la
musique moderne diffère de l'ancienne. Pour lui,
l'art était en décadence depuis la fin du seizième
siècle. Ce digne ecclésiastique, esclave des devoirs
de son état, avait porté atteinte à sa robuste
constitution par des travaux multipliés, parti-
culièrement par ceux de la confession. Il est
mort à Rome le 21 mai 1844 , laissant par son
testament ses livi-es et ses manuscrits à la con-
grégation de la Minerva. M. Adrien de La Page
a publié en 1845, dans la Gazette musicale de
Paris, une Notice sur Joseph Baini, écrivain
musical et compositeur. Il a été fait de cette
notice un tirage à part, Paris, 1845, in-8°.
B.\11\VILLE (. . .), organiste à l'église
principale d'.\ngers, vers le milieu du dix-
liuilième siècle, a publié : Nouvelles pièces
d'orgue, composées sur différents tons, Pa-
ris 1767.
BAIR (Antoine), facteur d'orgues à Munich,
a construit celui du couvent de Attl , composé
de seize registres, ef, en 1743, celui de l'ancien
couvent de Schefllarn , composé de vingt-deux
registres.
BAISSIÈRES (Faber), trompette-major
dans un régiment de la garde royale de Char-
les X, est né à Rouen, vers 1795. Il s'est fait con-
naître par une Méthode simplifiée pour le cor-
net à pistons, contenant les principes élémen-
BIOCR. LNIV. DES MUSICIENS. T. I.
taires de cet instrument. Paris, Petit, (8,!<.t,
in-4° gravé.
BAITZ (Jean-Andké- Hartmann), bon cons-
tructeur d'orgues à Ufrecht, mourut peu de
jours avant la dédicace d'un nouvel orgue qu'il
avait fait à Zierikzée en Hollande, et qu'il avait
fini le 20 décembre 1770. Cet orgue est un seize
pieds ouverts, à quarante-six jeux , trois claviers
à la main , un de pédale , et neuf soufllets. La
montre est en étain fin d'Angleterre. Outre cet
orgue, qui a coûté 19,500 écus de Hollande, il
a construit : 1° celui de Benschop, positif à un
seul clavier ; 2 "celui de la grande église deGorin-
chem (en 1755), seiise pieds, trois claviers,
pédale , trenle-deux jeux ; 3° celui de l'église des
Mennonitesà Utrecht(en 1765), positif de dix jeux
avec un seul clavier; 4° celui de Wœrden (en
1768), seize pieds, deux claviers, pédale et
vingt-sept jeux; 5° celui de Ysselsteyn, à deux
claviers, pédale et seize jeux ; 6" celui de l'église
française de Heusden , à neuf jeux; 7° celui de
Oosterhout, de huit piedi et seize jeux; 8° en-
fin celui deTilborg, de huit pieds et onze jeux.
BAJ (Thomas), né à Crevalciiore, an terri-
toire de Bologne, dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, fut pendant plusieurs années té-
nor de la chapelle du Vatican. Le 19 novembre
1713 il fut élu maître de la même chapelle (selon
lin journal manuscrit cité par l'abbé Baini), corne
il più anlico e virtuoso délia cappella. 11 ne
jouit pas longtemps de l'honneur que lui avaient
mérité ses longs services , car il mourut le 22
décembre 1714. Un seul ouvrage a suffi pour
faire la réputation de Baj ; mais cet ouvrage est
un chef-d'œuvre dans son genre. Treize miserere
avaient été écrits pour le service de la chapelle
du Vatican, pendant la semaine sainte ; mais un
seul avait réuni tous les suffrages, et était exécuté
chaque année, depuis près d'un siècle; ce mi-
serere était celui d'Allegri. A la prière du collège
des chantres delà chapelle pontificale, Thomas
Baj en écrivit un nouveau , dont les versets sont
alternativement à cinq voix et à quatre, avec le der-
nier à huit. Il y suivit à peu près exaclement le
plan du miserere de Grégoire Allegri , mais en y
introduisant quelques modifications bien conçues.
La mélodie de ce morceau est fort simple, mais
d'un style élevé. Il fut trouvé si beau qu'on
l'adopta sur-le-champ, et qu'il fut exécuté
chaque année dans la chapelle du Vatican , sans
interruption, concurremment avec le miserere
d'Allegri , jusqu'en 1767. En 1708 on essaya un
nouveau miserere de Tartini , qui ne parut pas
digne de ce grand musicien; et, l'année suivante,
on reprit celui de Baj jusqu'en l770. Plus tard
on voulut exécuter un miserere de Pasquale Pi-
15
226
BAJ — BALBASTRE
sari ; mais ce morceau éprouva le même sort que
celui de Tartini; et depuis lors ou n'a cessé de
chanter chaque année le miserere de Baj. Cho-
ron a publié ce morceau dans sa collection de la
musique sacrée qui se chante à la chapelle pon-
tificale pendant la semaine sainte. Le catalogue de
musique de M. l'abbé Sanlini, de Rome, indique
d'autres compositions manuscrites de Baj ; elles
consistent en une messe à cinq voix sur les no-
tes :ut, ré, mi,, fa, sol, la; les motets à quatre voix
Virgo glorîosa; Salva nos, Domine; CumJu-
cun dilate ; Beatus Laurentius ; Christe; Serve
bone ; Dominus, qunndo veneris; les motets à
cinq voix Iste est Johannes; Millier quas erat ;
les motets à huit voix Inveni David; Sacerdotes
Domini; In omnem terrain; et un De pro/un-
dis , également à huit voix.
BAJETTl (Jean), compositeur milanais et
directeur de musique au théâtre de la Scala de
cette ville, a fait représentera ce théâtre, le 19
mars 1841 , l'opéra : Gonsalvo,qu\ eut quelque
succès, et qui fut joué au théâtre S. Carlo, à
Naples,dans l'année suivante. Dans la .saison du
carnaval de 1844 il adonné l'opéra : l'Assedio di
Brescia, qui ne réussit pas. En 1843 il avait fait
exécuter à Plaisance la cantate intitulée : Il ge-
nio d'Italia, qui a été publiée, avec accompa-
Snement de piano , chez Ricordi , à Milan. Enfin
M. Bajetti a écrit un grand nombre de morceaux
de danse pour les ballets: G;5e/Ze, d'Adam, Odetta,
avcQ Panizza et Croff, Esmeralda, avec Pugni,
et Caterina, ossia lafiglia del Bandilo, avec le
même. Tous ces morceaux ont été publiés pour
lé piano, à Milan, chez Ricordi.
BAKER (Le docteur ), pianiste, violoniste et
compositeur, naquit à Exeter, en 1768. La sœur
de sa mère lui donna les premières leçons de
musique et de piano. A l'âge de sept ans, il jouait
déjà les pièces de Haendel et de Scarlatti. Vers le
même temps on lui donna pour maîtres Hugues
Bond et Jackson , alors organiste de l'église ca-
thédrale d'Exeter : il prit aussi des leçons de
Ward pour le violon. Quand il eut atteint sa dix-
septième année il quitta Exeter pour aller à Lon-
dres , oii il fut accueilli dans la maison du comte
de Uxbrige. Là il perfectionna ses talents par
les leçons de Cramer le père et de Dussek. Ayant
été nommé organiste à Stafford, il se rendit dans
ce lieu, où il résidait encore en 1835. Vers 1801,
il s'est fait recevoir docteur en musique à Oxford.
Ses compositions consistent en deux œuvres de
sonates de piano, publiés à Londres; trois duos
à quatre mains ; six antiennes à quatre , cinq et
six voix; fantaisies pour l'orgue; l'Orage et la
Tempête, glees à trois et quatre voix ; duos à
deux voix; l'ouverture et les airs des Coffres,
divertissement représenté à Covent-Garden , et
beaucoup de concertos pour violon, de duos, et
d'airs variés pour piano.
BAKER (James-Andrew), organiste dis-
tingué et compositeur à Birmingham, est né dans
cette ville le 8 novembre 1824. il a publié deux
recueils de préludes (ro/o«<a/ies) pour l'orgue,
et beaucoup de pièces détachées pour le piano ,
Londres, Boosey.
BALANI (d. Gabriel), compositeur qui
vivait à Fano, vers la fin du dix-septième siècle,
a écrit la musique pour la prise d'habit d'une
religieuse etl'a fait imprimer sous ce titre : Sacre
CaHsoHe;Fano, 1682, in-4".
BALARD (Jean), habile joueur de luth,
vers la fin du seizième siècle , dont Besani a
inséré quelques pièces dans son Thésaurus llar-
monicus.
BALBASTRE (Claude), né à Dijon le s dé-
cembre 1729, arriva à Paris le 16 octobre 1750.
11 y fut accueilli par Rameau, son compatriote et
son ami, qui lui donna des leçons. Son début, au
concert spirituel, se fit le 21 mars 1753, par iia
concerto d'orgue qui fut fort applaudi , comme
on le voit par le Mercure d'avril de celte année.
Balbaslre fut reçu organiste de l'église de Saint-
Roch , en survivance de Landrin, organiste du
roi, le 26 mars 1756, et composa pour cette pa-
roisse ses noëls en variations qu'il exécuta tous
les ans à la messe de minuit, jusqu'en 1702. À
cette époque, l'archevêque de Paris lui lit dé-
fendre de jouer l'orgue à la messe de minuit,
et pareille défense lui fut faite en 1776 pour ses
Te Deum de la veille de Saint-Rocli , parce
qu'ils attiraient trop de monde dims l'église. Reçu
organiste de la cathédrale en 1700, il obtint
aussi le brevet d'organiste de Monsieur, en 1776,
et conserva cet emploi jusqu'à la révolution. Bal-
bastreest mort à Paris le 9 avril 1799. I! passe,
en France, pour avoir imaginé le premier de
faire organiser le piano, invention qui, dit-on,
fut exécutée par Ciiquot, lacteur d'orgues re-
nommé; mais elle est plus ancienne. On a de
Balbastre les compositions dont les titres suivent :
■ — 1° plusieurs concertos d''orgue, manuscrits. —
20 Un livre de pièces de clavecin; Paris, .sans
date. — 30 Quatre suites de Noëls avec varia-
tions ; Paris, sans date. ■ — 4° £/» livre de qua-
tuors pour le clavecin, avec accompagnement
de deux violons, .une basse, et deux cors adli-
hïlum. Tous ces ouvrages sont écrits d'un style
lâche et incorrect. Comme la plupart des organis-
tes français de son temps, Balbaslre n'avait que
de l'exécution sur les claviers à la main et la con-
naissance des effets de l'orgue parle mélange des
jeux et des claviers; mais, comme tous ses confrères
BA.LBASTRE — BALDENECKEll
227
<!« Taiis il n'avait aucune connaissance du jeu
lie la pédale (dont le clavier n'était pas jouable,
«railleurs, sur les orgues françaises) , et il était
ii;norant du grand style des organistes italiens et
allemands des anciennes écoles.
BALBI (Marc-Antoine), moine vénitien, est
auteur d'un petit traité dont le premier titre-est :
Régula brevis musicx practïcabiiis cum quin-
qne generibus proportionwn praciicabilitim,
et le second : Qui commenza la nobil opéra di
pralica musicale, ne la quale se traita lutte
le cose a la prattica pertinente, fada, com-
pilata e ordinata per fraie Marco-Antonio
Balbi, vcneto. L'existence de cet ouvrage a été
Ignorée de tons les bihliograplies. Bien que le
juemier titre soit en latin, louviage est écrit en
assez mauvais italien. Il est imprimé en caractères
golliiques, et ne contient que sept feuillets ou qua-
torze pages, sans date, sans lieu d'impression, et
sans nom d'imprimeur. L'objet principal de cet
ouvrage est un traité succinct des proportions de
l'ancienne notation de la musique.
D.\LBÎ (Louis), né à Veni.se dans la pre-
mière moitié du seizième siècle, fut élève et imita-
teurde Constant Porta. Il entra jeune dans l'ordre
des grands Coideliers, ou mineurs conventuels,
et fut maître de cbapelle de l'église Saint-Antoine,
à Padoue. Il occupait encore cette place en 1591,
car Auguste Gardane, qui publia dans cette an-
née une édition du Graduale romanum, dit dans
la préface qu'elle a été revue par trois des plus
excellents musiciens de l'Italie : par Gabrieli,
organiste de Saint- Marc, par maître Louis Balbi,
in ecclesia D. Antonii Palavini musices mo-
doratorc, et par Horace Vecchi. Balbi a publié
des messes, des motets et des madrigaux. Ses
ouvrages connus jusqu'à ce jour sont : 1° Sacra-
rum Missarum liber primus, quatuor, quinque
c^5ea;î;o««m;Venetiis,apudVincenli, lb84,in-4°.
— 2° Cantiones ecclesiasficœ quinque vocum;
Venetiis, 1576. — 3° Motettia quattro voci; in
Venezia, Vincenti, 1578, in-4°. — i° Ecclesiastici
concentus, una-octo vocibus, lib. 1; Venetiis,
npudAlex. Raverium, 1606, in-4°. Onvoitparle
titre de cet ouvrage que l'auteur était alors (160r.)
niaîliede cbapelle du grand couvent de son ordre,
àVenise. LeP. Balbiaétéundesédileursdugraduel
et de l'antiphonaire publiés sous ce titre : Gra-
duale et Antiphonarium ;juxta ritiim Missalis
et Brcviarii novi; Venetiis apud Ang. Garda-
num, 1591, gr. in-fol. gotb. Dodenscbatz a inséré
quatre motets à liuit voix de ce musicien dans ses
Florilegii musici Portensis.
BALBI (Laurent), amateur, né en Italie, et
bon violoncelliste,a publié les œuvres suivants :
1° Sonata da camcra, a violino, violoncello e
continuo. — 2° Sonate a violinosoloecontimio.
— 3° Sonate a due violini e violoncello. Toutes
ces compositions ont été gravées à Amsterdam,
sans date.
BALBI (Ignace). On a publié sous ce nom
en Allemagne, vers 1782, quelques ariettes avec
accompagnement. On présume qu'elles sont d'un
ténor qui chantait à Lisbonne en 1756.
BALBI (Melchior), noble Vénitien, né
en 1759, fut élève d'Antoine Calegari, et cultiva
la musique comme amateur. Il mourut à Padoue,
dans sa soixante-neuvième année, au mois de
juillet 1828, laissant en manuscrit un ouvrage qui
fut publié après son décès, sous ce litre : Trattato
del sistema annonico di Antonio Calegari,
mxstro deir insigne Cappella délia basilica
dis. Antoniodi Padova, propostoedimostrato
da, etc.; Padova, pel Valenlino Crescentini, 1829 ,
in-S" de 141 pages, avec 2 planches de musique.
BALBIIV (BoaosLAw), jésuite hongrois, né à
Kœiiiggratz en 1621, mort en 1688. Il a écrit
des Miscellan. Regni Bohem., où il donne des
détails intéressants sur le grand orgue de Prague
et les cloches des églises de la Bohème.
BALDACINI ( Antoine -LoL'is), violoniste
italien qui vivait vers 1720, a publié douze so-
nates à trois parties; Amsterdam, sans date.
BALDAMUS (...). On connaît sous ce nom
des Sonatines pour le piano à quatre mains
(vuvre premier (Hambourg, Cranz), et deux
chansons (Lieder) à deux voix avec accompagne-
ment de piano (Berlin, Cosmar).
BALDASSABE. Voyez BALDISSERA.
BALDASSAUI (Pierre) compositeur, né
à Rome, dans le dix-septième siècle, a écrit à
Brescia, en 1709, un oratorio intitulé : Applausi
eterni delV amore manifestato nel Tempo.
BALDEKECKEB (Uldaric), musicien de
cour et violoniste à Mayence, a publié à Francfort
ver.s, 1784, Sia; trios concertants pour violon,
viole et violoncelle.
BALDEXECKER (Jean-Bernard), violo-
ni.ste et pianiste fixé à Francfort sur leMein, s'est
fait connaître par diverses compositions pour le
violon et le piano. Il avait été premier violon de
l'opéra d'Amsterdam avant de passer à l'orches-
tre de celui de Francfort. 11 est mort dans un âge
avancé en 1849.
Ses ouvrages les plus connus sont : 1" Trois
duos pour deux violons, op. 1 ;Offenbacb, André.
— 2" Polonaise pour le piano, œuvre 2 ; Franc-
fort, Fischer. — 3" Six trios pour violon, alto
et basse; Offenbach, André; — 4° Polonaises;
pour le piano, œuvres 4 et 6 ; Francfort, Hoff-
mann et Dunst. — 5° Polonaise en r^ mineur pour
le piano ; Mayence, Scliolt. — 9" Le Cercle, di ver-;
228
BALDENECKER — BALDRATI
tissementen trio pour violon, alto et violoncelle;
Amsterdam, Steup. — 7° Thème varié pour le
piano, op. 7 ; Francfort, Hoffmann et Dunst. —
8" Thème varié pour le violon, avec accomp. de
violon et violoncelle; Bonn, Simrock.
BALDENECKER (Nicolas), frère du pré-
cédent naquit à Mayence, le 27 mars 1782. Dans
sa jeunesse il dirigea l'orchestre des vaudevilles
du Théâtre français à Mayence; puis il entra
comme violoniste au nouvel orchestre du théâ-
tre de Francfort-sur-le-Mein en 1801. Ce fut lui
qui, avec Scheible, organisa le concert des ama-
teurs dans cette ville, et fonda plus tard la so-
ciété de chant connue sous le nom de Csecilia.
Le 1" octobre 1851 il fêta son jubilé de cinquante
ans comme premier violon et directeur du chœur
au théâtre. Il a publié plusieurs œuvres de so-
nates et de solos pour le piano.
BALDENECKER (Jean-David), fils du
précédent, un des premiers violons de l'orchestre
du théâtre de Francfort, vécut quelque temps à
Leipsick, puis fut directeur de musique à Carls-
ruhe. Il est mort le 22 juillet 1854, dans toute la
force de l'âge. On connaît de lui quelques œuvres
de peu d'importance pour le piano.
BALDENECKER (Jean-Bernard) le jeune,
pianiste de talent, naquit à Mayence le 23 août
1791. Il fut élève de Blenkner, et alla s'établir à
Francfort en 1807. En 1830 il fonda dans cette
ville ime école d'après le système de Logier et de
Stœpel pour l'enseignement du piano. Il y réu-
nissait souvent ses élèves pour exécuter des
morceaux sur douze à seize pianos à la fois. Plus
tard il établit une fabrique d'encre pour l'impres-
.sion en taille-douce. Cet artiste est mort à Franc-
fort, le 25 juin 1855. Ses meilleures compositions
pour le piano sont : 1° Grande sonate pour le
piano avec violon obligé, op. 7; Offenbach,
André. — 2° Deux sonates à 4 mains, op. 9. — 3»
Sonate pour piano seul (en /a mineur), op. 10.
Conrad et Aloys Baldenecker sont les fils
de Jean -Bernard le jeune. Conrad a été attaché
comme professeur à l'école de piano d'ensemble,
fondée par son père ; Aloys a fait partie de l'or-
chestre du théâtre de Francfort, comme violo-
nisle, jusqu'en 1854; il est maintenant (1859)
raaltre de concerts à Wiesbaden.
BALDEWEIN (Jean- Chrétien), né à
Cassel,vers 1784, devint en 1820 chef des chœurs
du théâtre de cette ville, et occupait encore cette
place en 1831. Précédemment il avait été cantor
de l'école communale. En 1839, il fit exécuter une
OdeàV amitié pour quatre voix d'hommes, et dans
l'année suivante il fit entendre une hyrame égale-
ment pour desvoix masculines. On aimpriméde sa
composition : l'Six chants pour voix de soprano
avec accompagnement de harpe ou piano, 1" re-
cueil;Leipsick,BreitkopfetHaertel.— 2°Sixidem,
2156 recueil; ibid. — 3°Sixidem,3™e recueil ;Lcip-
sick, Peters. — 4" Six Lieder, i" et 2" livraisons ;
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. La fille de Bal-
dewein se fit entendre dans un concert, en 1826;
et son fils, après avoir chanté pendant plusieurs
années au théâtre de Cassel, débuta à celui
d'Amsterdam, en 1846, comme première basse.
BALDI (Jean), organiste à Pistoie, né dans
cette ville vers la fin du dix-huitième siècle, est
considéré en Italie comme un des meilleurs élè-
ves de Philippe Gherardeschi. Baldi a composé
beaucoup de musique pour le violon, des messes et
des psaumes. Il s'est fixé dans sa ville natale.
BALDI (Dominique). La Bibliothèque impé-
riale de Paris possède des cantates italiennes ma-
nuscrites, sous le nom de cet auteur.
BALDINI (Jérôme), professeur de flûte, né
à Vérone, a vécu à Paris dans la première moitié
du dix-septième siècle. On a de sa composition
un livre de .sonates, pour une flûte seule,
BALDINI (Charles), compositeur, est né à
Bologne au commencement du dix-neuvième
siècle, et a fait ses études musicales sous la di-
rection de Mattei. Il a écrit de la musique d'église
qui, jusqu'à ce jour, est restée en manuscrit. En
1837 cet artiste a été nommé membre de l'Aca-
démie philharmonique de Bologne.
BALDISSERA ou BALDASSARE ou BAL-
DESSARI, organiste et compositeur, naquit à
Imola dans les dernières années du quinzième
siècle, ou au commencement du seizième (i). Le
29 mars 1533 il fut nommé organiste du second
orgue de la cathédrale de Saint-Marc à Venise,
et en remplit les fonctions jusqu'au mois de juil-
let 1541, époque qui est vraisemblablement celle
de sa mort. Il eut pour successeur Jachet ou
Jacques de Berchem. La seule composition de
Baldissera connue jusqu'à ce jour est un madrigal
à cinq voix qui se trouve (page 37) dans une col-
lection intitulée : Le dotte et eccellente compo-
sitioni de' Madrigali, \n-k° oblong, imprimé à
Venise en 1540. C'est entête de ce morceau qu'il
est nommé Baldissera.
BALDRATI (Le P. Barthélémy), moine
cordelicr, naquit àRiminivers 1645, el fut maître
de chapelle de l'église Saint-François de cette
ville. On a imprimé de sa composition un œuvre
(f) M. Caffl n'est pas certain si le nom de Baldassare fut
un nom de famille ou nn prénom. Il dit que cet artiste fut
d'abord organiste de l'Kglise paroissiale de Saint Jcrémie,
que son traitement comme organiste de Saint-Marc fut
d'abord de Go ducats, puis de 80. (Voyez5(oria delta m«-
sUa sacra nella gia cappella ducale di SanlUaico.
tom. I, p. 1076 )
BALDRATI— BALFE
229
qui a pour titre : Messe a quattro voci da Ca-
pelln, op. 1. Rome, Jacques Monti, 1678. La Bi-
biioliièque impériale de Paris possède en manuscrit
une messe à vingt-quatre voix de ce maître, et des
motets à cinq et à six voix, également en ma-
nuscrit.
BALDUCCI (Marie), cantatrice, née à
Cônes en I7.i8 , avait une voix d'une étendue ex-
traordinaire; mais son exécution était incorrecte,
et son chant dépourvu d'expression. Elle chantait
les rôles de prima donna à Venise en 1778. Au
carnaval de 1779, elle était à Milan, où elle chanta
avec succès les rôles de Calliroe, dans l'opéra
de Felice Alessandri, et de Cleopatra, dans celui
d'Anfossi.
BALDUCCI (M... ), compositeur napo-
litain , a fait ses études musicales au collège royal
de musique de Naples. Son entrée dans la carrière
du théâtre s'est faite avec succès par son opéra
intitulé Bianca Turenga , représenté à Naples
en 1838. Les morceaux détachés de cet ouvrage
ont été publiés à Milan, chez Hicordi. M. Bai-
ducci a écrit aussi II Conte dl Marsico, mélo-
drame pour des voix de femme, avec accompa-
gnement de deux pianos, dont un à quatre mains.
BALDUIN (Noël). Foye:; BAULDUIN.
BALDUS (Bernardin), ou plutôt Baldi,
abbé de Guastalla, dans le Mantouan, naquit à
Urbino dans l'État de l'Église, le 6 juin 1553 , et
mourutle 10 octobre \f\\l . On a de ce fécond
écrivain près de cent ouvrages, dont une partie
est inédite. Parmi ceux qui ont été imprimés,
on remarque un Lexicon vilriivianum, seu de
verborum vitruvïanorum sïgnificatione (Ve-
nise, 1594) dans lequel il explique tous les ter-
mes de musique contenus dans le traité d'archi-
tecture de Vitruve. La description de l'orgue
hydraulique de cet auteur a mis à la torture Baldi ,
comme tous les autres commentateurs.
BALESTRA (Raimond), compositeur ita-
lien, vivait au commencement du dix-septième
siècle.J.-B. Bonometti a inséré plusieurs psaumes
el motets de Balestra dans sa collection intitulée :
Parnassiis musicus Ferdinandxus , publiée à
Venise en 1615.
BALETTl (Elene-Riccoboni), connue sous
le nom de Rose Baletti , cantatrice distinguée ,
naquit à Stiittgard en 1768. Au mois de novem-
bre 1788, elle débuta au concert spirituel, à
Paris, et elle entra immédiatement après dans
la troupe des Bouffons du théâtre de Monsieur.
Sa voix était douce , sa vocalisation parfaite et
son expression touchante : aussi obtint-elle le
plus beau succès parmi les amateurs (alors eu
petit nombre) qui fréquentaient ce théâtre. Vers
l."9a, elle retourna àStuttgard, où elle devint
cantatrice de la cour du duc de Wurtemberg.
BALFE (Michel-Guillaume), dont le nom
de famille est Balph, est né le 15 mai 1808, à
Limerick en Irlande, et non à Dublin, comme il
est dit dans la Conversations- Lexicon. Doué de
la plus heureuse organisation pour la musique,
il apprit le chant et le piano presque en se jouant,
et ne fit jamais d'étude sérieuse de la composi-
tion ; cependant il a obtenu des succès comme
chanteur avec une voix médiocre, il accompa-
gne au piano avec beaucoup d'intelligence et d«'
verve , il possède beaucoup d'habileté dans la
direction des orchestres , enfin il a improvisé
une vingtaine d'opéras peu remarquables par
l'invention, mais où il y a de l'instinct, un bon
seutiuient d'harmonie et la connaissance de l'ins-
trumentation. Homme d'esprit, d'ailleurs, et
plein de confiance en lui-même, il a su tirer de
ses facultés plus d'avantages qu'elles ne sem-
blaient en promettre. Son père et le musicien
Horn furent ses premiers maîtres, et ses progrès
furent si rapides, qu'il pût se faire entendre en
public dès l'âge de sept ans, dans un concerto de
Viotti. Arrivé à Londres à peine âgé de seize ans,
il chanta le rôle du chasseur dans quelques re-
présentations du Freyschiitz. Dans le même
temps il entra dans un des petits théâtres de
Londres, en qualité de chef d'orchestre. En 1825
il fit un voyage à Rome, avec une riche fa-
mille anglaise. Dans l'année suivante, il écrivit
à Milan la musique du ballet de La Pérouse, pour
le théâtre de La Scala. Arrivé à Paris, à la fin
de celte même année 1826, il débuta au théâtre
italien, sous le nom de Balfi , dans le rôle de
Figaro du Barbier de Séville. Sa voix de bary-
ton mal timbrée et son inexpérience de la scène
étaient des obstacles trop sérieux pour qu'il put
réussir à côté des excellents chanteurs qui bril-
laient alors sur cette scène. Peu de temps après,
il retourna en Italie. Engagé à Plaisance au prin-
temps de 1830, il y chanta pendant toute la sai-
son ; puis il se rendît en Sicile, chanta au théâ-
tre de Palerme, et y donna son premier opéra
sous le titre de / Rivali. En 1832 il était à Flo-
rence, où il fit jouer l'opéra bouffe un Avve-
timente. XMWm, il chanta en 1833 au théâtre
Carcano, où il fit représenter EnricoIValpasso
délia Marna, nouvel opéra de sa composition
dans lequel M"e Roser, devenue sa femme depuis
peu de temps, chanta le premier rôle. Les rémi-
niscences nombreuses que le public remarqua
dans cette partition en empêchèrent le succès.
Après avoir chanté à Bologne, Balfe obtint i;n
engagement pour le théâtre de La Fenice, à Ve-
nise. Ce lut là qu'il eut la malheureuse idée do
mutiler le Crocia'o de Meyeibeor, en y introdui.-
230
BALFE — BALLABENE
sant des roorceanx de sa composition, et d'autres
de Kossini el de Donizelli. L'indignation de l'I-
talie contre cet acte de bailiaiie obligea Balfe à
s'éloigner de ce pays. Arrivé à Londres en 1835,
il y donna des leçons de cliantet écrivit pour le
théâtre italien lMs5e(//o de la Rochelle, opéra
en trois actes qui eut quelque siucès. M™' Ma-
hhran ayant été engagée an printemps de 1836
pour jouer l'opéra anglais au théâtre de Drwry-
Xane, Balle écrivit pour elle Tke Maid of Ar-
tois, dont le sujet avait beaucoup de ressem-
blance avec celui du ballet et de l'opéra de Clari,
joués longtemps auparavant à Paris. Peu scrupu-
leux sur le choix des idées, il en avait pris dans
plusieurs partitions en vogue poiu- fabriquer la
sienne ; mais ime valse de Strauss, dont il avait
(ait un air chanté par M"'e Malibran avec une
verve merveilleuse, assura le succès de cet ou-
vrage. Le 2" mai 1837, il donna au même théâ-
tre Jeanne Gray; opéra en trois actes, qui ne
réussit pas. Dans l'année 1838, Balfe lit repré-
senter à Londres /4??ia/««, or tke love test (Amé-
lie, ou l'amour éprouvé), puis Falstaff; Jeanne
d'/l rc, fut jouée en 1839. Tout cela était écrit
fro|) rapidement pour prendre place parmi les
belles œuvres d'art ; cependant les connaisseurs
rrconnurent des progrès dans Falsta//, sous le
rapport de l'originalité du style. Le Diadesté,
joué en 1839, ne réussit pas. Chargé de la direc-
tion de l'orchestre du théâtre de Drury-Lane,
Balfe ne donna pas d'ouvrage nouveau en 1840;
dans celte môme année et dans la suivante, il
fit des voyages en Irlande et en Ecosse avec sa
femme et le célèbre pianiste Thalberg, pour y
donner des concerts. A son retour à Londres,
il lit jouer Kéolanthe, opéra romantique qui ne
réussit que médiocrement. Dans l'été de 1842
IJalfe fut chargé de la direction de la grande
léle nuisicale de Norwicli. l'eu de temps après,
il partit pour Paris, où il écrivit Le Puits d'à
moîir, (]ui fut représenté à l'Opéra-Comique ao
mois d'avril 1843. Cet ouvrage, dépourvu d'ori-
ginalité, mais où il y a du mouvement et de la
dislinctiin dans l'harmonie, a eu du succès et a
été joué à l'étranger comme en France. The
bohémien Girl ( La jeune bohémienne) , jouée
à Hambourg, sous le titre de La Gilana, et à
"Vienne sous celui de die Zigeunerin, marqua
du progrès dans le talent de Balfe, et fit voir
qu'il avait été sensible à la critique des jour-
neaux de Paris. Cet ouvrage fut joué pour la
première fois à Londres, en 1844. Dans la môme
année l'auteur fit représentera l'Opéra-Comique
(\t Vavis JjCs quatre jUs yl?/?HOH, en trois actes.
De tous ses ouvrages, c'est celui dont le succès
a été te plus générai, en France, dans toutes les
grandes villes de l'Allemagne, en Angleterre et
en Hollande. Quoiqu'on y remarque toujours la
négligence et la trop grande facilité du compo-
siteur, on ne peut nier que ce ne soit sa meil-
leure production, et qu'il ne s'y trouve de jolies
choses. Depuis cette époque, Balfe a écrit au^si
La fille de la place Saint-Marc ; L'Étoile de
Séville, en 1846, pour l'Opéra de Paris, et qui
ne réussit [)as, quoique les principaux rôles fus-
sent chantés par Gardoni et par M'"^ Stolz ; The
Bond-man (L'Esclave), dan.s la même année, et
The tnaidof honour (La fille d'honneur) ; mais
ces ouvrages ont fait peu de sensation. Lorsque
M. Costa, suivi de tout l'orchestre qu'il dirigeait
quitta le Théâtre de la Reine pour passera celui
de Covent-Garden, M. Lumiey ciiargea Balfe de
l'organisation d'unaulre orchestre et lui en confia
la direction. Dans ces fonctions, il a fait preuve
de beaucoup d'habileté, d'intelligence et de
goût; mais, l'entreprise ayant cessé en 1852, il
partit pour l'Allemagne. Balfe, très-bon maître
de chant, avait publié à Londres, en 1862, un
ouvrage élémentaire de chant intitulé : Indis-
pensable studïes for a soprano voice, in-fol. A
son retour à Londres en 1855, il y a fait paraître
une méthode de chant , et a donné au commen-
cement de 1859 Satanella, opéra romantique
en trois actes, qui, d'après les journaux, a obtenu
un brillant succès, et qui est considéré en An-
gleterre comme son meilleur ouvrage.
BALHOKIV (Locis-Guillaume), né dans le
duché de Holstein, mourut le 20 mai 1777. Il
est auteur d'un ouvrage intitulé : Prolusio de
phonascls veterum vocis Jormandw conscr-
vandseque magistris. Alloua et Hanovre, 17G6,
in-4°. Il y a de l'érudition dans cet écrit; mais
il n'y a guère que cela; l'auteur laissa voir à
chaque instant qu'il était étranger à la matière
qu'il traitait. Il a, au reste, ce rapport avec tous
les savants qui ont écrit sur la musique des
anciens.
BALÏNO ( A^NlBAL-Plo-FABRI ) , surnommé
il Bolognese, parce qu'il était né à Bologne, fut
élève de Pislocchi, et l'un des meilleurs ténors de
son temps. Appelé à la cour de Portugal pour y
être premier chanteur de la chapelle royale , il
mourut à Lisbonne, le 12 août 17C0.
BALLABEiME (Grégoire) , né à Rome ,
dans la première moitié du dix-huitième siècle,
est mort dans la même ville vers ISOO. Il s'est
fait connaître du monde musical par une messe
composée du Kyrie et du Gloria, à quaranlc-
huit voix divisées en douze chœurs, chef-d'œu-
vre de patience et de savoir. La cour de Portugal
ayant fait demander à Pasquale Pisari , par .son
ambassadeur à Rome, un Dixit à seize v<ii\ , en
BALLABENE — BALLAUl)
2;îi
quatre clioxirs réels : ce DixU fut essayé dans
l'église des Douze-ApOtres par cent cinquante
chanteurs, et on profita de celte occasion pour
essayer aussi l'ouvrage de Ballabene, dont l'eftet
parut obscur ; inconvénient inévitable dans des
compositions si compliquées. D'ailleurs des
masses cliantantes beaucoup plus considérables
auraient été nécessaires pour rendre sensibles les
entrées des parties de chaque chœur. En 1778,
la place de maître de chapelle de Saint-Pierre ,
lie Rome, étant devenue vacante par la mort de
,lean-Costanzi , Ballebene se mit sur les rangs
poiM' l'obtenir, mais ce fut Antoine Buroni qu'on
choisit. Ballabene fut élu membre de l'Académie
<\e^ philharmoniques de Bologne en 1754. Joseph
Heiberger, musicien allemand fixé à Rome, a fait
imprimer dans cetle ville, en 1774, une lettre con-
cernant l'effet de la messe à quarante-huit voix ,
<lans l'essai qui en avait été fait. M. l'abbé San-
tini possède en manuscrit im DixH à seize voix ,
de Ballabene, un autre Dixit à huit, des messes
et des motets à cinq, la Séquence de Saint-Au-
gustin à quatre, et un Amen à quatre. On peut
obtenir du même amateur des copies de la grande
messe à quarante-huit voix, moyennant le prix
de dix écus romains.
BALLARD, famille d'imprimeurs de musi-
cpie qui, pendant près de deux siècles, eut en
ipielque sorte le monopole de l'impression des
livres de musique, en France. Les divers privi-
lèges qui successivement furent accordés à cette
famille peuvent être considérés comme la cause
la plus puissante de l'état stalionnaire dans lequel
1 esta ce genre d'impression jusque dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Les caractères
flont se servaient les Ballard avaient été gravés
en 1540 par Guillaume le Bé ; en 1750, ils s'en
servaient encore après y avoir ajouté seulement
quelques signes devenus indispensables. Cliafpie
Ibis qu'un typographe voulut introduire quelque
|)erfeclionnement dans cette partie de l'art , les
lîallard s'y opposèrent, en vertu de leurs privi-
I iges, et la cour soutint leurs prétentions. Robert
Ballard, chef de la famille, fut pourvu de la
charge de seul imprimeur de la musique de la
chambre, chapelle et menus plaisirs du roi ,
conjointement avec Adrien-le-Roy son beau frère,
par lettres patentes de Henri II , en date du 15
(év. 1552. Charles IX confirma leur privilège.
Ils imprimèrent en société 1° Le livre de Tabla-
ture de guiterne (guitare) d' Adrien-le-Roy ,
in-i°, 1561 ; 2° les Psaumes de David en vers ,
par Maroi, avec la musique, 1562, in-8' ; les
œuvres de Nicolas de la Grotte, 1570, in-S",
et beaucoup d'autres collections.
BALLARD (Pierre), tils du précédent, fut
maintenu dans la charge de son père par Henri III
et Henri IV. Ayant f.iit près de cinquante mille
livres de dépenses pour l'acquisition des poinçons
et des matrices de Le Bé, somme énorme pour ce
temps, Louis XIII le récompensa en lui accordant
des lettres patentes en 1633. Parmi les ouvrages
qu'il imprima^ on remarque Cent cinquante
psaumes de David , mis en musique par Claudia
le Jeune, 1615, in-s"; et Ai7:s de différents
auteurs, mis en tablature deluth ,1617 , in-4°.
BALLARD (Robert), fils de Pierre, tut
pourvu de la même charge de seul imprimeur du
roi pour la musique, par lettres patentes de
Louis XIII, en date du 24 octobre 1639. 11 fut
successivement juge, consul, administrateur des
hôpitaux , et syndic de la chambre des libraires,
depuis 1652 jusqu'en 1657.
BALLARD (Christophe), fils de Robert, fut
conlirmé dans les attributions de ses pères, par
lettres patentes de Louis XIV, en date du 11 mai
1673. Un très-grand nombre d'ouvrages théori-
ques et pratiques de musique est sorti des pres-
ses de cet imprimeur.
BALLARD (Jean-Baptiste-Christophe), fils
du précédent, obtint les mêmes prérogatives que
ses ancêtres , par lettres patentes de Louis XIV,
en date du 5 octobre 1095. Ha beaucoup imprime,
tant en ouvrages théoriques que pratiques. Il mou-
rut avec le titre de doyen des grands juges con-
suls, en 1750.
BALLARD ( Christophe- Jean-François) ,
(ilsdeJean-Baptiste-Christophe, obtint de LouisXV
des lettres patentes confirmatives, en date du 6
mai 1750. Il mourut en 1765, laissant un fils
nommé Pierre-Robert-Christophe, qui obtint
aussi des lettres patentes de Louis XV, en date
du 20 octobre 1763. Tous ces privilèges ont été
abolis depuis lors. La famille des Ballard , qui
s'était montrée si peu désireuse de faire faire des
progrès à l'impression de la musique, parce qu'elle
avait pour elle la faveur des gens en place et une
longue possession du monopole, fut attaquée
dans ses intérêts par la gravure , et ne put sou-
tenir longtemps sa dangereuse concurrence. Ce-
pendant, sans inventer de nouveau système pour
la composition des caractires, il aurait été facile
d'en rajeunir les formes ; mais les Ballard s'obs-
tinèrent à conserver leurs notes gothiques. En
vain Fournier et de Gando, en France, Antonio
de Castro à Venise, et Breitkopf, à Leipsick,
voyaient leurs efforts couronnés par le succès,
la lamilledes Ballard, fièrede son privilège, crut
pouvoir se reposer sur lui du soin de sa fortune :
cette fortune était déjà anéantie plusieurs années
avant la révolution, qui rendit à chacun la liberté
de son industrie.
2:52
BALLAROTTI — BALTZIAR
BALLAROTTI (fkançcis), musicien ila-
lien qui vivait à la fin du dix-septièm* siècle, a
composé la musique d'A Iciade o violen za d'Amore
conjointement avec François-CliarlesPoilaroloet
François Gasparini. Cet opéra a été représenté
à Venise en 1699. Ballarotti a écrit aussi Ario-
visto, avec Perli et Magni (Milan 1699) et VA-
viante impazzito (Venise, 1714).
BALLIÈREDE LAISSEMEAT (Char-
les-Louis-Denis), né à Paris, le 9 mai 1729, est
mort à Rouen, le 8 novembre 1800. 11 cultiva
tour à tour la musique, les lettres, la chimie,
les mathématiques , et devint vice-président de
l'académie de Rouen. Il eut des relations avec
J.-J. Rousseau, d'Alembert, Diderot et Vol-
taire, écrivit les livrets de quelques opéras comi-
ques , et publia une Théorie de la Musique,
Paris, 1764, in-4". Les auteurs du Dictionnaire
des Musiciens (Paris 1810) ont remarqué avec
justesse que cette théorie est essentiellement vi-
cieuse, l'échelle de sons y étant fondée sur la
gamme du cor et de la trompette,- qui est fausse
en ce qu'elle déplace le demi-ton de la gamme,
anéantit celui qui est caractéristique de la
tonalité moderne, et y introduit un son qui lui
est étranger (l). Cet ouvrage fut cependant ap-
• prouvé par l'Académie de Rouen ; mais on sait
que de pareilles approbations , accordées par des
savants étrangers à la musique , sont de peu de
valeur. ( Voy. le Journ. des Savants, ann. 17G5 ,
p. 291-320. )Jamard, chanoine régulier de Sainte-
Geneviève, s'est emparé du système de Ballière
et l'a développé. (Votj. Jamard.)
BALLIOM (Jérôme), organiste de l'église
royale et ducale de Sainte-Marie Alla Scala, de
Milan, naquit dans la seconde moitiédu seizième
siècle, et fut élève du maître de chapelle Guil-
laume Arnoni. Il a fait imprimer plusieurs ou-
vrages de sa composition, dont on connaît : Sa-
crarum cantiomim una, dtiabus, tribus, qua-
tuor, quinque et sex vocibus liber primus, Op.
Il; Mediolani apud heredes Tint et Lomacii,
1608. On trouve deux motets de ce maître dans
\esFlorilegii musici PortensiSyôe Bodenschatz.
BALOCIII (Louis), dont le nom exact est
Balloco, naquit à Verceil, en 1766. Après avoir
terminé ses humanités, il étudia la jurisprudence
au collège del Pazzo, à Pise, et fut reçu docteur
en 1786 à l'université de cette ville. Le goût de
la poésie lui tit abandonner le barreau, et sa vo-
cation se lit connaître par une traduction en vers
du Mérite des Femmes, de Legouvé. Après la
réunion du Piémont à la France, en 1802, Ba-
(4) Une théorie à peu près semblabk avait été déjà pro-
posée en AllmiKigno par Sorge {f-'oycz ce nom) devi I74l.
Icchi se rendit à Paris. Il y fut attaché comme
poète et chef de la scène au théâtre italien, et
conserva cet emploi pendant plus de vingt-cinq
ans. Les libretti de plusieurs opéras furent com-
posés par lui pour ce théâtre. Il a traiiuit aussi
pour l'Opéra français le Maometto et le Mosè,
de Rossini. Balochi était musicien et composait
les paroles et la musique de canzoni et de roj
mances françaises, dont plusieurs ont été publiées
chez Garii, à Paris. Une de ces romances, L'A-
mandier, a eu un succès de vogue : la mélodie
en est charmante. On a aussi de lui un recueil
de nocturnes français à deux voix, dont plusieuis
ont été chantés dans tous les salons. Batochi est
mort à Paris, du choléra, au mois d'avril 1832.
BALSAMINA (Camille), excellente canta-
trice, naquit à Milan en 1784. Douée d'une très-
belle voix decontralto, d'une sensibilité profonde,
et possédant une vocalisation parfaite, elle fut
accueillie avec enthousiasme partout où elle se lit
entendre. Vers 1807 elle fut engagée comme pre-
mière cantatrice à la cour du prince Eugène, vice-
roi d'Italie. Appelée à Paris, à l'occasion du ma-
riage de Napoléon Bonaparte avec MailÇ-Louise,
archiduchesse d'Autriche, elle fut surprise par
un temps affreux, sur le Mont-Cenis ; sa santé
en fut dérangée ; le mal augmenta pendant son
séjour en France. On crut que l'air de l'Italie lui
rendrait la santé; mais, de retour à Milan, elle
ne se rétablit point, et enfin elle mourut le 9 août
1810.
BALTAZARINI, musicien italien, connu
en France sous le nom de Beaujoyeux, fut I&
meilleur violon de son temps. Le maréchal de
Brissac l'amena du Piémont, en 1577, à la reine
Catherine de Médicis, qui le nomma intendant
de sa musique, et son premier valet de chambre.
Henri III, le chargea de l'ordonnance des fêtes
de la cour; il s'acquitta longtemps de cet emploi
avec intelligence. C'est lui qui conçut le plan du
spectacle dramatique mêlé de musique et de
danse qu'il a fait imprimer sous le titre de Bal-
let comique de la roy)ie, faict aux tiopces de
M. le duc de Joyeuse et de mademoiselle de
Vaiidemont, rempli de diverses devises , mas-
carades, chansons de musique et autres gen-
tillesses. Paris, Adrien Le Roy et Robert Bal-
lard, 1582, in-4<'. Toutefois la musique de cette
pièce ne (ut pas composée par lui ; car il dit dans
sa préface que Beaiilieu et Maistre Sabnon ,
musiciens de la chambre du roi, furent chargés
de celte partie de l'ouvrage.
BALTZ AR (TnoMAs), né à Lubeck vers 1 030,
fut le premier virtuose sur le violon qu'on en-
tendit en Angleterre. Arrivé à Londres en 1656,
Raltzar n'y resta pas longtemps; il se rendit à
BALTZAR — BANCHIERI
23J
Oxford, où il séjourna pendant deux ans. Avant
qu'on ne l'eût entendu dans la Grande-Bretagne,
un horloger de ce pays, nommé David Meli, y
passait pour le plus habile violoniste. La préven-
tion anj;iaise opposa cet horloger, pendant quel-
que temps, à Ballzar; mais la supériorité incon-
testable de celui-ci finit par l'emporter. A la res-
tauration, lîalfzar obtint la place de maître des
concerts de Charles II, mais il ne jouit pas long-
temps des avantages de celte position, car son
intempérance le conduisit au tombeau dans le
mois de juillet 1663. Burney, qui possédait une
collection de ses compositions, assure qu'elles
renferment des dilficultés qu'on ne trouve dans
aucun des ouvrages composés de son temps
pour le violon. Un œuvre de sonates pour viole
à six cordes, violon, basse de viole et basse con-
tinue pour le clavecin, composé par Baltzar, exis-
tait autrefois dans la collection de Britton {voy.
ce nom). Les seules compositions imprimées de
cet artiste se trouvent dans la collection publiée
par Henri Playford , sous le titre de Divisicn
violin, Londres, 1692.
BAMBERGER (Sabine et Eve), sœurs, nées
dans le midi de l'Allemagne, sont d'agréables
cantatrices qui ont obtenu des succès au théâtre
depuis quelques années, particulièrement dans le
genre qu'on appelle opere^ie. L'aînée (Sabine),
après avoir chanté quelque temps à Wùrzbourg,
à Francfort sur le Mein, et à Berlin, au théâtre
de Kœnigstadt, a été engagée à Cassel. Eve, née
en 1811, et beaucoup plus jeune que sa sœur, a
débuté à Berlin (au théâtre de Kœnigstadt) en
1828. Sa voix a paru douce, son jeu expressif et
son aspect agréable.
BAMBINI (FÉLIX), né à Bologne vers 1742,
vint en France en 1752, avec une troupe de comé-
diens italiens, dont son père était directeur; Après
avoir séjourné quelque temps à Strasbourg, cette
troupe vint à Paris, où elle représenta les inter-
mèdes de Pergolèse , de Jomelli , et d'autres
maîtres célèbres de cette époque, sur le théâtre
del'Académie royale de musique. Bambini, alors
âgé de neuf ans, tenait le clavecin et même
composait quelques airs de seconds rôles, qu'on
Introduisait dans les intermèdes. La lettre de
J.-J. Rousseau sur la musique française ayant
allumé la guerre entre les partisans de cette mu-
sique et ceux de la musique italienne, ces dis-
putes se terminèrent par l'expulsion des bouffons.
Le jeune Bambini resta en France et continua
ses études sous Bordenave et Rigade, dont le
mauvais goût et l'ignorance gâtèrent vraisembla-
blement les heureu-^es dispositions de cet enfant,
car après avoir été un prodige dans ses premières
années, il ne devint qu'un artiste médiocre. Son
existence à Paris ne fut que celle d'un maître de
clavecin. On a de lui les ouvrages dont les titres
suivent: 1' Les Amants de village, eail7i. —
2° Nicaise, en 1776, tous deux à l'Opéra-Comi-
que. — 3° Les fourberies de Mathurin. — 4°
V Amour remporte, aux Beaujolois. — 5" huit
œuvres de sonates de piano. — 6° un œuvre
de trios pour violon, alto et basse. — 1° Méthode
pour lepiano, avecNicolay; Paris, in-fol. — s"
Six srjmphonies à quatre. — d" Petits airs pour
le piano-forte avec accompagnement de w/o-
Zo?j, in-fol. oblong.
BAMFl (Alphonse), compositeur italien,
vécut vers le milieu du dix-septième siècle. Il
fut d'abord maître de chapelle à Reggio, puis or-
ganiste à l'église collégiale de Domo d'Ossola.
On connaît sous son nom un œuvre qui a pour
titre : Selva di sacri ed ariosi eoncerti a 1, 2,
3, 4 voci, con una Messa brève. Magnificat, Salve
e Litanie, lib. 1. Milano, per li eredi di Carlo
Camagni, 1655, in-4''.
BAiXCHIERl (AnRiEN), compositeur et
tiiéoricien, naquit à Bologneen 1567, suivant son
portrait placé dans la troisième édition de sa
Cartella di Musica, où il est représenté à l'âge
de quarante-six arts, en 1613. On voit aussi dans
le môme ouvrage (page 101, 3*"® édit.) qu'il fut
élève de Joseph Guami , organiste de la cathé-
drale de Lucques, puis de la chapelle de Saint-
Marc de Venise. Banchieri fut d'abord orga-
niste de Sainte-Marie in Regola, à Imola, où il
se trouvait encore au mois de janvier 1 603 lors-
qu'il signa l'épître dédicatoire de ses Fantaisies
instrumentales à quatre parties, imprimées dans la
même année, chez Richard Amadino à Venise ;
puis il fut moine olivétain et organiste du cou
vent de Saint-Michel in Bosco, près de Bologne.
Suivant J. -G. Walther (3fM5iAaZ. Lexicon, art.
Banchieri), il aurait été fait abbé de son ordre
vers 1612;. mais je ne trouve aucune indication
de ce fait dans les ouvrages publiés par lui; car
dans tous il prend simplement le titre de Bolo-
gnese monaco olivetano. Mazzuchelli fixe en
1634 l'époque de la mort de Banchieri {GliScrit-
tori d'Italia, art. Banchieri). Ce moine s'est
distingué par des compositions de musique reli-
gieuse et profane d'un bon style, et par la publi-
cation de plusieurs ouvrages didactiques où l'on
remarque une instruction solide. Sa première
production intitulée : Conclusioni per organo,
parut à Lucques chez Sflvestre Marchetti, en
1591, in-fol., lorsqu'il était encore sous la dis-
cipline de Guami. La liste de ses nombreux ou-
vrages se présente dans l'ordre suivant : \o Primo
libro di madrigali a 5 voci, in Milano, ap-
presso Filippo Lomazzo, 1593, in-4°. —1°l\i-
234
BANCHIERI
îWe (I) etconcerti a otto voci; in Venetia, op-
pressa Ricciardo Amad'mo,\n-ii°. — 3" Il primo
libro dimadrigal i a :i voci; ïbk\. 1594, in^-' obi. —
k" Salulazione loretane a olto voci, op. quarta ;
ibi(J. 1594, iii -4°. — o° Piimolibrodi canzoneite
à qualtiovoci; ibid., 1595, in-4o. Cet ouvrage
a éléréimpiinii'i trois fois par le même éditeur.—
«o Seconda iibro di canzoneite a 4 voci; ibid.,
1595, in-4'^. Piéimprimé sept fois par le môme
l'dileur. — 7° Terzo Iibro di canzoncttea kvoci,
in Milano, oppressa Filippo Lomazzo, 1596,
in-4''. Il y a une deuxième édition de ce troi-
sième livre publiée par le même. — 8" Il quarto
Iibro di canzoneite a 4 voci; in Venelia, op-
pressa Ricciardo Amadino, 1597, in-4'^. liy a
deux autres éditions de ce livre publiées cliez le
même. — 9" // quinto Iibro di canzoneite a 4
voci, in Milano, upp. Fil. Lomazzo; 1598, in-4''.
Il y a unedenxième édition de ce livre publiée chez
le même. — 10° La Pazziasenile,raggiona7nentl
vaghi e dilettcvoli, composli e dali in luce
colla musica a tre voci; Venise, 1598, in-4°
obl.;Colosne, 1001, in^", et Venise, 1C27, in-4°.
Cet ouvrage est une espèce de comédie en musi-
que à trois voix ,dans le genre madrigalesque, à
l'imitation de V Anfiparnasso A'WovaLCQ Vecciii. —
1 1» Cancer ti ecclesiastici aotlovoci; in Venezia,
app. Ricc. Aviadino, 1598, in-4°. — 12° Salmi
a quattro voci intiéri in concerta; ibid., 159S,
in-4". — 13° Missa solennc aotlo vocidenlrovi
variati concerti aW introilo,gradtiale, offer-
torio, levatione et communione. Et ncljlne
Hinno de gli gloriosissimi SS. Ambroggi et
Agoslina. Libro terzo degli sacri concerti. Il
tutlo nuovamenfe composlo, et data in luce
neir occasione del Capitolo générale; in Ve-
netia, app. Ricc. Amadino, 1599, in-4". 11 y a
une deuxième édition de cet ouvrage publiée
chez. Giacoino Vincenti, en 1606, in-4". — 14° Se-
conda libro di Madrigali a 5 voci ; in Venetia,
app. Ricc. Amadino, 1600, in-4°. — 15" Sinfonie
ecclesiastiche ossia canzoni francesi percan-
tare et sonare a 4 voci, op. 10; ibid., 1601,
:n 4". Il y a une deuxième édition de cet ouvrage
pu!)liée cbezlemêmc, en 1607, in-4". — \&° Terzo
libro di Madrigali a 5 voci ; ibid., 1602, in-4"
obi. Ce livre a été réimprimé en 1608, chez le
même éditeur, sous ce titre : Festino nella sera
del giovedi grosso. Terzo libro madrigalesco
C071 5 voci. — 17° Fantasie ecanzoni allafrun-
cese a quattro voci per sonare nel orgono,
ossiaallro sïromen^o; ibid., 1 603, in-4°. — is"
M; J'ignore la valeur de oe mot qui ne .se trouve dans
aucun dictionnaire, et qui doit appartenir a quel(|ue paluis
Vénitien ou bolonais, à moins (|ne ce ne soit une cun-
traclioii de Letanie.
Tirsi,Fili et Clori, Madrigali a 3 voci, libro
;er:;o;ibi(l., l604,in-4° ob'. — 19° Conclusioni
nel suono dell' organo, novellamenle tradotlc
et dilucidalejn scrittori musici ed organisti
celebri, op. 20; in Bologna,app. Gio. Rossi,
1609,iii-4". Cette édition est la deuxième : j'i-
gnore la date de la première. — 20" Motetti a due
voci, che roncertano a vicenda in vari modi,
op. 21.; ibid., 1609, in-fol. Cette édition est la
deuxième. Je crois que cet ouvrage est le même
qui a paru à Milan, cbez Philippe Lomazzo, sous
le litre de Concerti modernl a due voci con il
basso per Vorgano. — 2 1° Z,i Metamor/osi mu-
sicali, quarto libro délie canzoneite a tre
voci; in Venelia, app, Ricc. Amadino, 1606,
in-4" ohl. J'ai vu un exemplaire de cet ouvrage
avec un frontispice daté de 1005.11 est vraisem-
blable que c'est la même édition. — 22" Caria di
sacre Lodi a 4 voci; in Milano, opp. Fil. Lo-
mazzo, 1605, in-4". — lo" Vorgano suonarino,
opéra ventcsimaquinta; in Venetia, app. Ricc.
I Amadino, 1605, in-fol. Je ne connais cet ouvrage
que par la deuxième édition, publiée chez le
même, en 1611 , in-fol. Pour introduction à ce
livre intéressant, ou trouve dans la deuxiètne
édition un dialogue de sept pages concernant
l'art déjouer correctement la basse continue sur
l'orgue, de toutes les manières. Parmi les règles
quu donne l'auteur pour cet accompagnement
sontcelles-ci : « i"Que sur les notes qui n'ont
« pas la quinte juste, il faut mettre la tierce et
« la sixte ; 2" que les notes altérées par les acci-
'' dents veulent également la tierce et la sixte. »
Si ces règles se trouvent dans l'édition de 1605,
Banchieri doit être placé parmi les plus anciens
auteurs qui ont posé les bases d'ime bonne mé-
thoded'harmonie pratique. Cet écrivain cite son
dialogue {Cartella di musica, p. 150) comme
ayant été iiTiprimé séparément à Milan, cbez
Lomazzo; mais il n'en indique pas la date. Il y
a une troisième édition i\e \^ Organo suonarino,
I datée de Venise, 1628, in-4o : elle est à la bi-
bliothèque du Lycée communal de musique de '
I5ologne. M. Gaspari , ;-,avant musicien et biblio-
graphe en cette ville, possèdeun exemplaire d'une
quatrième édition donnée à Venise par Alexandre
Vincenti, en 1638. Elie est indiquée comme l'œu-
vre 43™' de l'auteur; mais il s'y trouve de grands
ciinngements, et l'important dialogue dont il
vieutd'être parlé ne s'y trouve pas. — 24° Lapru-
denza giovenile, comedia in musica; in Mi-
lano, app. Tini, 1607, in-4" obi. Cet ouvrage
est la contrepartie de LaPazzia senile. — 25"
Vorgano suonarino piccolo ; in Venetia, app.
Ricciardo Amadino, 1608, in-4". C'est \m
abrégé du grand ouvrage précédemment cité.—
BANCUIpyRI
235
20° Cartella musicale nel canlo figiiralo; in
Venetia, app. Giacomo Vincenfi, IC.IO, 111-4".
Cette t'dition est la deuxième :j'ignore la date de
la première, qui avait paru également chez Jac-
ques Vincenti. L'ouvrage a été réimprimé avec
un petit traité du plain-cliant qui avait paru en
ifill chez Lomazzo, à Milan, sous le titre de
Carleltina di canio/ermo , et qui a été réim-
primé à Bologne, en 1614, sous le même titre.
La troisième édition de la Cartella a pour titre :
Cartella musicale nel canto figurato, ferma
et contrapunto del P. D. Adriano Banchieri,
Bolognese monaco Olivetano. Novamente in
questa terza impressione ridotta dalV antica
alla modcrna praitica, et dedicata alla
santissima Madonna di Loreto; in Vene-
zia,app. Giac. Vincenti, 1614, l vol. in-4''. Ce
livre est composé de plusieurs parties qui, dans
la première édition de cette Biographie des mu-
siciens ont été indiquées comme autant d'ouvra-
ges différents, quoique leur pagination se suive
sans interruption. Je crois pointant qu'il n'y a
pas eu d'erreur dans cette indication et qu'il a
été fait des tirages séparés de chacune de ces
parties, car elles ont toutes un frontispice spécial,
avec la date de 1613, tandis que le titre générai
du livre porte celle de 1614. Quoi qu'il en soit
l'ouvrage est composé de la manière suivante :
1" un cahier non chiffré contenant au revers du
frontispice la figure de la Vierge de Lorette avec
deux canons, le premier à trois voix et l'autre à
cinq voix; puis l'épitre dédicatoireo /a santissima
Madonna di Loreto, unavis de l'imprimeur au
lecteur, le plan d'une académie de sciences, de lit-
térature et de musique que Banchieri voulait faire
ériger dans sou monastère , la table des matières
et les errata. 2» A la page première du cahier
suivant, l'auteur s'excuse de ce que plus d'une
année s'est écoulée pendant l'impression, sur ce
que l'imprimeur l'avait prié d'ajouter quelque
chose à son livre concernant l'art moderne de
la composition (c'est-à-dire celui queMonteverde,
Jacques Péri, Caccini, Marco de Gugliano et d'au-
tres avaient mis en vogue depuis environ quinze
ans) , ce qu'il a lait. Puis viennent des madri-
gaux et des canons à la louange de Banchieri ,
un avis sur l'étude des éléments de la musique,
du plain-cliant et du contrepoint, le portrait de
l'auleui, et enfin la méthode de soluiisation d'a-
près la main musicale attribuée à Guido d'A-
rezzo, et les muances. De la page 18 jusqu'à la
page 24 se trouve l'exposé d'une nouvelle mé-
thode sans muances par les six syllabes ut, ré,
mi, fa, sol, la, auxquelles Banchieri ajoute une
septième qu'il nomme ba. Il avait emprunté cette
idée à la Modulata Pallas de Henri Van de
Putte (Erycius Putianus), publiée à Milan en
1599; mais il fut le seul théoricien italien de ce
temps qui l'adopta. 3° La deuxième partie de l'ou-
vrage est intituh'c : Brcvi et primi documenti
musicali a gliJlfjliuoU, et altri, che deside-
rano assicurarsi soprail canto figuratoiin Ve-
netia,app. Giac. Vincenti, 1613. Ces documents
ont pour objet l'ancien système de mesures, des
lig:itures et des points dans ses diverses accep-
tions, avec des exercices pour la division des
temps. Cette partie est renfermée dans les pages
26 à 51. 4° Des solfèges en canons à deux voix
forment la troisième partie du livre et ont pour
titre : Duo in eontrappunto sopra îU, re, mi,
fa, sol, la, utili a gii figliuoli,etprincipianti,
cke desiderano praticare le note cantabiii,
cor le reali mutationi semplicemento, econ il
maestro. InVenctia, app. Giac. Vincenti, 1613.
5° Dans la quatrième partie se trouve le petit
traité du piain-chaut, sous le titre de Altri do-
cumenti nel canto ferma, etc.; i)i Venetia,
etc., 1613. 6° Le traité des règles du contrepoint
remplit la cinquième partie, qui commence à la
page 89 et finit à la page 150. 7° La sixième
partie a pour titre : Canojvi musicali a quattro
voci. Entra gli quali (oltre la curiositù) si
comprendona7nolteutilità,ches'appartengono
al canto figurato , eontrappunto , et canto
ferma, in Venetia, etc., 1613. Ces canons, au
nombre de huit, sont curieux par leurs énigmes.
8° Enfin la septième partie est le traité de la com-
position appelée moderne par Banchieri, auquel
il a donné cetitre : Modernapratica musicale,
prodatta dalle buane osservationi de gli Mu-
sici antichi, ail' atto pratico de gli composi-
tari moderni. Operu trentesima settima, no-
vamente nella ter za impressione delta car-
tella aggiuntata, etc., in Venetia, etc., 1613.
L'objet principal de celte partie du livre est de
faire comprendre le nouveau système de not^tiou
substitué à celui des proportions ; ce que Ban-
chieri explique par des exemples pratii|ues em-
pruntés à divers auteurs célèbres; piiis il en-
seigne brièvement à former la basse continue
sous le chant, et termine par des exemples des
formes nouvellement introduites dans les orne-
ments de ce chant. A l'égard des changements ra-
dicaux qui viennent d'être faits dans l'harmonie
et dans la tonalité, il ne les comprend pas plus
que les autres maîtres de son temps. — 27" Diret-
torio manastica di canto ferma per uso delta
congregazione Olivetana. Bologne, Gio. Rossi,
1615, in-40. Mazzuchelli cite cet ouvrage sous
le titre latin: Birectorium cantus monastici ,
de preparatione ad cantuni et de moduiatione.-
organi. Bologne, 1615. C'est le même ouvraj^tà-
236
BANCHIERI — BANDEIXONI
dont Bancliieri adonné une nouvelle édition inti-
tulée : llcantore OUvetano; Bologne, Girolamo
Mascheroni, lG22,in-4°. — 18<>Salmispezzatiab
voci;in Venetia,npp. Ricc.Âmadmo,i6l6,in-i°.
— 29" Nuovi pcnsieri ossia concerti açîiaiiro
per sonare; in Milano, appresso Fil. Lomazzo,
1616,10-4°. — 3Q''Seco»dinîiovipensieriaquat-
tro;Md., 1617,in-4°. — Zi" Concertimodernial
voci con il basso da sonare per gli stromenti a
penna;Mà., 1617, in-4° obi. Il y a une deuxième
édition de cet œuvre, publiée par le même édi-
teur, mais dont j'ignore la date. — 32° Moderna
Armonia per sonare a quattro voci e stro-
menti ;in Venelia app. Bicc. Amadino, 1619,
in-4''.C'est une deuxième édition. — 33° Vezzodi
Perle sopra la caniic-a délia B. M. F. a 2 voci ;
in Venezia, FincewiJ, 1620, in 4". — Zi° Libro
primo délie messe etMotteticorrenti con basso
continitoel ienori, op. il; in Venezia, app.
Vincenti, 1620, in-4o. — 35" La Barca di Venezia
a Padua,madrigalia3 wci; Venise, 1623, in-4o
obi. — 36°Villanellegiovenileatrevoci;Venezia,
Vincenti, \623,\n-i°.— 37° Canoni ai voci; in Mi-
lano; Fil. Lomazzo, in-fol. — 3i°$[esse, Salmi
e Litanie a 3 voci; Venise, Vincenti, 1625, in-4°.
— 39° Tanie econcerti délia Madonna a1,3et
4 voci; ibid., in-4°. — 40° Messe a cinque voci,
ibid., l625,in-4<'. — 41° Terzo librodi novi pen-
sieri ecclesiasiicia 2 roci; Bologne, Rossi, 1626,
in-4°.— 420 Quarto Hbro di novipensieri a voce
soZa; Venise, Vincenti, 1626, in-fol. — ^3° Messe
in concerto a i, 5 e<8 voci; ibid., 1627, in-4°. —
44° Gemelli armonici, motleli a 2 voci; ibid.
1625, in^o. — ibo II sesto libre di canzonettea
3 roci; ibid., 1628, in-4o. — 46° Il quarto libre
dimadrigali a b voci; ibid., 1628, in-4o. — 47°
Jl principiante Fanciulle, Venise, 1626, in-4o.
— 48° Il virluoso ritrovato accademico, concerti
a 2, 3, 4 ef 5 stromenti; Venise, 1626, in-4o. —
49° Lu Fida Fancmlla, comedia esemplare (en
prose) con musicali intermedi apparenti e
inapparenti; Bologne, 1628 et 1029, in-8° obi. —
50° Trattenimenti di villa concertati a 5
voci; Venise, 1630, in-40. L'ouvrage qui a été
publié à IngolstadI, en 1629, sous ce titre : Dia-
logi, concentiis et symphonix 1 vocibus de-
cantandx , et avec le nom de Banchieri, est sans
doute la réimpression d'un des recueils précé-
dents. Donfrid a inséré dans sa Cerella mu-
sica une messe dominicale à 4 voix sur le
plain-cbanl de la messe des dimanches, par Ban-
chieri. On a inséré des madrigaux à 5 voix de
cet auteur dans la collection de pièces de ce
genre intitulée: Il Cardillo cantante (Le Char-
donneret chantant), ossia madrigali a 5 voci
di vari autori eccellenfissimi: in Venetia, I
app. Giac. Vincenti, 1607, in-4' obi. Le re-
cueil de motets arranges par Coppine, ou Cop-
pinus, imprimé chez ïini à Milan, en 1607 {vog.
Coppinns), contient des pièces de ilanchieri. ]|
s'en trouve aussi dans la Batluta dichiarata
de Pisa {voy. ce nom) , et des pièces d'orgue
du même ont été insérées dans la seconde partie
du Transilvano de Diruta (voy. ce nom).
Mazziichelli attribue à Banchieri un écrit inti-
tulé : Lettere armoniche; Bologne, 1628. Ce
moine était aussi poète, et a composé plusieurs
comédies qu'il a publiées sous le nom académi-
que de Camillo Scaligeri délia Fratta.
BAIVCK (Chables), compositeur de chan-
sons allemandes, né à Magdebourg en 1804.
Après avoir appris les éléments de la musique et
avoir terminé ses études littéraires, il se rendit
à Dessau près de Frédéric Schneider, en 1829,
et prit de lui des leçons d'harmonie et de com-
position. En 1833 il partit pour l'Italie avec le
poète G. Alexander, son ami ; il y passa deux an-
nées, puis revint en Allemagne. Après avoir sé-
journé quelque temps à léna, où il publia diffé-
rentes œuvres, il est retourné à Dresde et a rédigé
les articles de critique musicale au journal de
cette ville. Dans une lettre iusérée au lexique de
Gassner {voy. ce nom) , Banck, dit que ses pre-
mières œuvres intitulées : Citants de VAlle-
magne et Chants de V Italie (sur les poésies
d'Alexander), furent composées pendant sa tra-
versée de la Sicile à Trieste et à Venise. Ses
Matinées musicales (op. 27); son Deutscher
Z/ierferÔMcA (Livre de Z,jerfer allemands), op. 30;
son Salon de Centert, op. 33; ses Chants de
Marie (Manen-Leder), op. 39; son Repos du soir
(Abendruch) ; enfin, son Recueil de douze chants
pour la jeunesse, op. 48, sont empreints d'un sen-
timent poétique et original. Le succès des œuvres
de Banck a été populaire en Allemagne : par
quelles circonstances se fait-il que leur mérite,
leur existence même, soient ignorées hors de la pa-
trie de l'auteur?
BAi\DELL01\I (LuiGi), poète et com-
positeur, né à Rome , et vivant actuellement
( 1858) en cette ville, a eu pour maître de con-
trepoint un moine nommé le P. Teofilo. Pour
le chant et l'expression, il s'est fait imitateur de
Zingarelli. Kandier a dit de lui, dans sa disser-
tation sur l'état actuel de la musique à Rome :
« Nous considérons Bandelloni comme un génie
« pour la poésie, et comme un beau talent pour la
« musique. Poète, il crée; musicien, il arrange
« avec goût. Ses ouvrages sont tous d'après les
« règles de l'art et prouvent une s'ande pro-
« fondeur de jugement. » Le même ciilique
ajoule, dans un autre endroit : « Bandellùiii vi-
BANDELLOWI
BA^DIERA
237
n très- retiré, et regrette en philosophe les erreurs
« (le son époque, qu'il châtie souvent fort poé-
<( tiquement dans ses satires. Son dernier poëiiic
« inédit, dans le genre didactique, Stella mmica
« orficrna, contient tant de passages pleins d'es-
« prit, tant de portraits piquants des composi-
» teurs de nos jouis, qu'il mériterait bien les
« honneurs d'une traduction. » Les meilleures
compositions de M. Bandelloni sont, dit-on, quel-
ques sonnets de Pétrarque, desoctavesdu Tasse,
et quelques morceaux du Dante qu'il a mis en
musique, avec accompagnement de piano ou de
divers autres instruments. Ses Preghiere a Dio,
pour trois voix, ont été publiées à Naples. On
connaît aussi de ce poëte-compositeur un Tan-
tum ergo, un hymne à sainte Agnès, des messes,
des motets et des psaumes pour plusieurs voix
et orchestre, ainsi que des cantates, sous le nom
à'Azioni teatrali, pour différentes voix avec
chœurs et instruments. On remarque parmi
celles-ci Alceste, Pyrame et Thisbé, l'Amour
et Psyché, Clytemnestre et Égisthe, la Cas-
sandra et Agamemnon. Tous ces ouvrages sont
dans la bibliothèque musicale de M. l'abbé San-
tini, à Rome.
BANDERALI (D wid), professeur de chant
au Conservatoire royal de Paris, est né à Lodi ,
en 1780. Après avoir fini ses études musicales,
il débuta, dans l'été de 1806, au théâtre Carcano
de Milan, comme bu/fo tenore, emploi fort rare
et qui fut en quelque sorte créé pour lui. Je
crois que c'est dans l'opéra d'Orgitano Non cre-
dere aile apparenze qu'il se fit entendre pour
la première fois. Après ce début, Banderali chanta
dans différentes villes jusqu'en 1811, où il re-
vint à Milan pour y jouer, pendant les saisons
du printemps et de l'été, au théâtre Carcano.
Peu de temps après il quitta la scène pour se
livrer à l'enseignement du chant et fut nommé
professeur de cette partie de l'art musical au con-
servatoire de Milan. Dans cette situation, plu-
sieurs cantatrices, qui depuis lors ont acquis
de la réputation, devinrent ses élèves. Bien que
Banderali ne parût plus sur le théâtre , il se fai-
sait entendre quelquefois dans des concerts;
c'est ainsi qu'en 1817 il chanta, le 11 et le 15
avril, à la Scala, et le 7 mars 1819, au même
théâtre.
Consulté par M. le vicomte de Larochefou-
cault sur le choix d'un bon maître de chant ita-
lien pour le Conservatoire de Paris, Rossini in-
diqua Banderali. Un commissaire (ut envoyé à
Milan pour traiter avec lui ; des avantages con-
sidérables lui furent assurés, et il vint s'établir à
Paris au commencement de 1828; mais la ré-
volution de juillet 1830 vint ensuite changer sa
position et l'obliger à réclamer par les voies ju-
diciaires l'exécution des engagements qu'on avait
pris avec lui ; cependant il n'a jamais cessé ses
fonctions de maître de chant au Conservatoire,
et forma quelques bons élèves. Il est mort à Pa-
ris, le 13 juin 1849, d'un anévrysme dont il souf-
fraitdepuis plusieurs années. Comme compositeur,
Banderali s'est fait connaître par quatre Ariette
italïane per soprano , publiées à Milan , chez
Ricordi , une Cavatine pour soprano, ibid., et
Vingt-quatre vocalises élémentaires pour mezzo
soprano, en quatre livres ; Paris et Milan.
BAI\DI (Giorgi-Brigida), cantatrice connue
en France sous le nom de Pan <i, naquit à 3/on/i-
celli d'Ongina, dans le Parmesan, vers 1756,
et mourut à Bologne le 18 février 1806. Suivant
uneautreopinion, elle serait née en 1757, àCrema,
dans la Lombardie vénitienne. La beauté , l'é-
tendue et l'accent de sa voix en (irent une can-
tatrice de premier ordre. De Vismes, ancien en-
trepreneur de l'Opéra, entendit un soir, en 1778,
près d'un café, sur les boulevards, une voix dont
l'accent le frappa. C'était Brigide Bandi : il lui
glissa un louis dans la main, et lui dit de venir chez
lui le lendemain matin. Elle fut exacte au rendez-
vous. Après avoir entendu deux fois un air de
bravoure de Sacchini , elle le chanta admirable-
ment. De Vismes l'engagea sur-le-champ pour la
troupe de l'Opéra-Buffa, et la fit débuter par im
air qu'elle chanta entre le second et le troisième
acte d^ Jphïgénie en Aulide; son succès fut
prodigieux , et dès ce moment commença pour
elle une nouvelle carrière. Tour à tour elle a
brillé sur les principaux théâtres de l'Europe. En
1780, elle alla à Vienne; de là à Florence; en-
suite à Milan, à Venise, à Naples et à Londres,
où elle chanta avec le même su<;cès pendant neuf
années consécutives. En 1786 elle chantait avec
Crescenlini au théâtre de la Scala de Milan, et
ce fut pour elleque Salvatore Rispoli écrivit dans
cette saison son Ipermestra. Dans l'été de 1789,
elle chanta au même théâtre VEnea e Lavinia de
Guglielmi. Enfin, au carnaval et au printemps de
1805, elle se fit entendre avec Marchesi, Gaetano
Crivelli et Binaghi sur la môme scène; elle n'était
plusalorsquei'ombred'elle-même; cependant elle
était encore écoutée avec plaisir. Après .sa mort
on ouvrit son corps pour connaître la cause delà
puissance extraordinaire de sa voix, et l'on crut
pouvoir l'attribuer au volume considérable de ses
poumons. Les auleurs du Dictionnaire des Mu-
siciens (Paris, 1810) ont fait deux articles de
Bandi et de Banti.
BANDIERA (Louis), grand-cordelier ou
mineur conventuel , docteur en théologie , et
maîlre de chapelle de la basilique des XII apôti es.
23S
BAlVDIERrV. — BANISTER
à Rome, vers le milieu du dix-septième siècle,
a publié un ouvrage de sa composition intitulé :
Psalmi vesperltni una cum antiphona; , Li-
ianiis B. M. V et responsorii S. Antonii 4
vocum; Rome, And. Rhei, 1663.
BAIXDIIVI (Ange-Marie), né à Florence,
le 25 septembre 1726, fut l'un des littérateurs
les plus savantsdii dix-huilièmesiècle. Aprèsavoir
fait ses études chez les jésuites, il se livra en-
tièrement aux recherches relatives à l'histoire
littéraire. Au milieu de ses travaux, il fit un
voyage à Vienne, un autre à Rome, et il prit
dans cette dernière ville les ordres ecclésiastiques.
En 1756, il fut pourvu par l'Empereur d'un ca-
nonicat à Florence et de la place de bibliothé-
caire en chef de la bibliothèque Laurent.ienne.
Il conserva ce dernier emploi jusqu'à sa mort ar-
rivée en 1800. Par son testament il a fondé une
maison d'éducation publique et a consacré le
reste de son bien à divers actes de bienfaisance.
Parmi ses écrits, on distingue ceux-ci, relatifs
à l'histoire de la musique; 1° Dissertatio de
saltationibus veterum , qui a été insérée dans
le tome V des œuvres de Meursius. — 2° De vUâ
et scrtptis Joan. Bapt. Donii Pairicii Floren-
tini , libri V, adnotationibus illustrati, acce-
dit ejusdem Donii litterarium commercium
ïtunc primumin lucemeditum; Florence, 1755,
in-fol. Je ne sais où Forkel a trouvé que cette
dissertation sur la vie et les écrits de Doni est
en deux volumes in-folio; Lichtenthal n'a pas
manqué de le copier en cela.
BAINEUX {....), né à Paris en 1795, a
été admis au Conservatoire comme élève, et y
a reçu des leçons de M. Dauprat pour le cor.
Après avoir terminé ses études, il est entré à
l'orcliestre du Gymnase dramatique comme pre-
mier cor, et de là est passé à l'Opéra-Comique
en 1825, où il a été nommé cor so?o en 1837. Pen-
dant toute la durée de l'existence du Gymnase
de musique militaire, Baneux y fut professeur
de cor. Il est mort subitement le 15 octobre 1854 ,
à l'âge de cinquante-neuf ans. Il s'est fait con-
naître comme compositeur par une Fantaisie
pour cor et piano , publiée à Paris, chez Janet
et Cotelle.
BA1\EUX (Mathied-Gustave), fds du pré-
cédent, né à Paris, le 12 juin 1825, fut admis au
Conservatoire le 24 octobre 18.36 , comme élève
de Daupriit pour le cor, après avoir reçu de
son père les premières leçons de cet instrument.
Le premier prix lui fut décerné en 1840. Il fit
aussi à la môme époque des études de compo-
sition sous la direction d'Halévy. Engagé comme
premier cor à l'Opéra-Comique, il a été pendant
plusieurs années attaché à l'orchestre de ce théàl re;
mais i\ a donné sa démission en 1849, et a voyagé
ensuite pour donner des concerts. En 1853 , il
était en Italie; mais après la mort de son père
il est rentré à l'Opéra-Comique en qualité de cor
solo. Il a écrit plusieurs morceaux pour son in.s-
f rument et a publié des Variations sur un air fa-
vori de / Capuleti, de Bellini, pour cor et or-
chestre. Œuvre l"^*; Paris, Richault.
BA]\FI ( Jt'LEs), luthiste né à Milan, dans la
première moitié du dix-seplième siècle, était fds
d'un médecin de cette ville. Ayant perdu son père
dans sa jeunesse, il fut obligé de se réfugier chez
son oncle, Carlo Francesco Banfi, qui lui apprit
à jouer du luth. Des affaires de famille ayant
obligé Jules Danfi à faire un voyage en Espagne,
son vaisseau fut pris par un corsaire, près des
côtes de la Catalogne, et lui-même fut conduit à
Tunis et vendu comme esclave. Dans cette si-
tuation il se souvint qu'un franciscain lui avait
dit qu'étant aussi esclave à Tunis, il avait obtenu
sa liberté en jouant du luth devant le bey. Banfi
demanda à être présenté à ce prince et à entrer
à son service. Son espoir ne fut point déçu, car
il devint bientôt le favori du bey. Prolitant de
la liberté dont il jouissait, il se mit à étudier la
forlilication des places et l'artillerie. Après quel-
ques années de séjour à Tunis , il obtint de son
maître la permission de faire un voyage en Ita-
lie, d'où il passa à Madrid. Le roi d'Espagne ayant
été informé des connaissances que possédait Banli,
le nomma ingénieur et ensuite lieutenant-général
d'artillerie. Walther dit qu'il mourut à Madrid
dans cette position élevée. Avant d'entreprendre
ses voyages, Banfi avait publié un traité de l'art
de jouer de la guitare, sous ce titre : Il maes-
tro di chitarra; Milano, 1653.
BAI\ISTER (Jean), violoniste et directeur
de la chapelle de Charles II, roi d'Angleterre,
naquit dans la paroisse de Saint-Gilles , près de
Londres, vers 1630. Son père, musicien au ser-
vice de cette paroisse , lui enseigna les premiers
principes de la musique; en peu de temps il de-
vint un violoniste habile ; le roi d'Angleterre l'en-
voya en France à ses frais, pour qu'il y pertéc-
tionnât son talent. A son retour il fut nommé
membre de la chapelle royale; mais il perdit cette
place pour avoir dit devant le roi que le talent
des Anglais sur le violon était inférieur à celui
des Français. Dans cette situation , il chercha à
tirer parti de son talent en fondant chez lui des
soirées de musique et une école à laquelle il
donna, en 1676, le titre pompeux à' Académie.
Banister a mis en musique l'opéra de Circé , qui
fut représenté au théâtre de Dorset-Garden ,en
1670. Onaaussi des airsdesa composition insérés
dans les collections de son temps, et plusieurs
BAÎilSTER — lîANWART
2:^9
morcoaux pour le violon. Il mourut le 3 octobre
IG7(), et tut inhumé à l'abbaye de Wetsminster.
BAIVISTER ( Jean ) , surnommé le Jeune,
(ils du précédent, né à Londres vers 1GG3, apprit
à jouer du violon sous la direction de son père.
Ayant été admis comme violoniste au théâtre de
Drury-Lane, il conserva cet emploi jusqu'en i7'.',0,
époipie où il fut remplacé par CurbonelU. Il est
mort en 1725. On a de lui des caprices variés
pour violon, insérés dans la collection intitulée
Division Violin; il a aussi publié une collection
de musique de différents caractères composée
par lui et par Godefroy Finger.
Un descendant de cette famille, nommé Henri
J. Banister, est un bon violoncellisle qui a pu-
blié une suite d'études pour son instrument , et
un livre intitulé Douiesticmusicforthe weal-
thy;or a pleafor the arts audits progress
( Musique domestique pour le riche, ou plaidoyer
en faveur des arts et de leurs progrès ), Londres,
184.'5, in-S".
BANiXER (Richard), savant ecclésiastique
anglais, docteur eu théologie à l'université
d'Oxford, naquit vers la fin du dix-septième
siècle. Il a fait imprimer un discours d'inaugura-
tion d'un orgue qu'il avait i)rononcé,sous le titre
de Muslck at Worcester ; Londres, 1737, in-S".
BA1\]\1ERI (Antoine), né à Rome en 1638,
fut amené très-jeune à Paris. Il était laid et
contrefait, mais doué d'une des plus belles voix
de soprano qu'on eût jamais entendues. Ayant
eu l'honneur de chanter devant Anne d'Autriche,
mère de Louis XIV, cette princesse le prit en
affection et le combla de hontes. Pour prévenir
la perte de sa voix, Bannieri engagea un chirur-
gien à lui faire l'opération de la castration. Ce-
lui-ci n'y consentit que sous la promesse d'un
secret inviolable. Quelques années après , on
s'aperçut qu'au lieu de muer, la voix de Ban-
nieri embellissait tous les jours, et l'on découvrit
enfin quelle en était la cause. Cela vint aux oreil-
les du roi , qui l'interrogea pour savoir qui lui
avait fait l'opération : Sire, lui dit Banmeri, f ai
donné ma parole d'honneur de ne point le
nommer, et je supplie Votre Majesté de ne
pas m'y contraindre. — Tufais bien , lui répon ■
dit Louis XI V, car je le ferais pendre , et
c'est ainsi que je ferai traiter le premier qui s'a-
visera decommettreune pareille abomination.
Le roi voulait d'abord chasser le chanteur ; mais il
lui rendit ses bontés, et ne lui accorda sa re-
traite que lorsqu'il eut atteint l'âge de soixante-
dix ans. Bannieri vécut encore plus de trente ans
et mourut en 1740, âgé de cent et deux ans.
BANIMUS (Jean-Abeut), ou Cannus. D'a-
près le titre d'un livre publié par ce savant son
nom serait Bannu , car il y est mis au génitif
Banni. Il a été réimprimé de la même manière
dans les diverses éditions; mais Descartes, qui
était son ami, et qui en parle dans plusieurs de
ses lettres, l'appelle Bannius. Dans une de ces
lettres , écrite en 1640 , et adressée à M. de
Zuitlichem (1), l'illustre philosophe nous apprend
que Banniusétaitprôtre catholi(iue, fixé à Harlem,
très-honnête homme , qu'il y jouissait d'une cer-
taine aisance modeste, et que non-seulement il
s'occupit de la musique théorique, mais qu'il y
avait beaucoup d'art et de beautés dans les airs
de sa composition. Ces renseignements senties
seuls que j'aie pu trouver sur ce savant, de qui
l'on a un petit ouvrage de quelque intérêt con-
cernant la musique des anciens , sous ce titre :
Dissertatio epistolica de miisicx nattira, ori-
gine, progt-essu et denique studio bene insti-
tuendo, ad incomparabilcm virum Petrum
Smyenum; Harlem, 1637, in-l2(2). Cepetitécrit
a été inséré dans la deuxième édition du recueil
intitulé : Hîigonis Grotii et aliorum de omni
génère studiorum recti institucndo disserta-
iiojifs. Amsterdam, 1645, in- 12. La dissertation de
Bannius a reparu une troisième fois, quelques an-
nées après, dans un recueil qui a pour titre : Gc-
rardiJo.Vosiiet aliorumdissertationes de stu-
diis beneinstituendis;Tn]&c\.idiA Rhenum, 169S
in-12. Le livre de Bannius ou Bannus cité par
Boeder (Bibliogr. crit., p. 509), sous le litre
de Delicias musicee veleris , pourrait bien
n'être ((ue l'ouvrage précédent.
BANTI. Voyez Bandi.
BAl\ VVART ( jACOCEs), compositeur, né en
Suède au commencement du dix-septième siècle,
fut maître de chapelle à la cathédrale de Cons-
tance. Il est mort peu avant lCà7. Onconnait de
lui: — 1" Teutschmit neu componiren Stûc/ten
und Couranten gemehrte Tafel Musik, von 2, 3,
4 Instrumenten ; Constance, 1052, in-4";
_ 2" Motetx sacrx ex Thesauro musico Jac.
Bamvart, von 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Stinunen, mit 4 /?)pie«/5; Constance, 1061,
in-4°. LaBibliothèque impériale de Paris possède
aussi de cet auteur : 3" Missartim opus i et b
vocibus, addita unaa 10 vere 18 (vocibus) cum
triplicibasso adorganum, lib. \.et7; Constance,
1 6o7 , iu-4°. Cet ouvrage est indiqué au titre comme
l'œuvre premier (posthume), ou cinquième de
l'auteur. Aucun mérite remarquable ne distingue
(i) T. II. Lettre 31« de l'édition latine publiée par C4er-
selicr, et tome y\l\'^ des œuvres de Descartes publiées par
M. Cousin, p. 424 et suiv.
(2) La date de 1(î34 donnée dans la première édition de
cette biographie est évidemment inexacte, car l'ouvrage
est daté des calendes d'octobre 1S36.
240
BANWART
BARBARINÏ
ces messes : cependant il y en a une à trois cliœuis
qui est curieuse.
BAPTISTA (Jean), compositeur de mu-
sique, vivait vers 1550. On Irouvequelques mor-
ceaux de sa composition dans l'ouvrage d'Am-
merbacli intitulé : Orgel oder Instrumenten
Tabulatur (Tablature pour orgue et autres ins-
truments); Leipsick, 1571, iu-fol.
Un autre musicien du même nom, qui vivait
dans la première moitié du dix-huitième siècle,
a composé plusieurs œuvres de sonates de flûte
qui ont été gravés à Paris.
BAPTISTE ANET, dit Baptiste, eut en
France la réputation d'être le plus habile violoniste
de son temps. Il avait reçu pendant quatre ans
des leçons de Corelli, qui lui avait enseigné à jouer
correctement ses sonates, ce que peu de gens
pouvaient faire alors. Lorsqu'il vint à Paris, il fut
regardé comme un prodige, et cela ne paraîtra
pas étonnant, si l'on se rappelle l'état de faiblesse
où était alors la musique instrumentale en France.
On assure que Baptiste fut l'un des premiers vio-
lonistes qui jouèrent sur la double corde : cela
n'est pas exact. Ce fut vers 1700 qu'il vint à
Paris : un des seigneurs de la cour le présenta à
Louis XIV, en donnant de grands éloges à son fa-
lent. Après que le roi l'eut entendu, il donna
l'ordre, sans rien dire à l'artiste, qu'on fit venir
«m des violons de sa musique. Aussitôt qu'il fut
arrivé, Louis XIV lui dit : Un air de Cadmus
(opéra de Lulli). Le ménétrier joua un de ceux
dont il se souvenait. Quand il eut fini : Je ne
saurais que vous dire , Monsieur, dit le roi à
Baptiste : voilà mon goût , à moi. Le pauvre
élève de Corelli comprit qu'il ne pouvait trouver
de position à Paris ; car la France n'offrait alors
aucunes ressources en dehors de la cour {voy.
Comparaison de la musique italienne et de la
musique française , par De la Viéviile de Pre-
neuse, 1"^" partie) : il passa en Pologne, où il est
mort, chef de la musique du roi. 11 a publié à
Paris, 1° Sonates de violon, l", 2% 3e livres. —
2° Deux suites de pièces à deux musettes, œu vre
2. — 3" Six duos pour deux musettes, œuvre 3.
BAPTISTE (Louis-Albekt-Fri:i)éiuc), bon
violoniste et compositeur pour son instrument,
naquit à Attingen, en Souabe, le 8 août 1700.
Sa famille, française d'origine, avait dû s'expa-
trier par suite de la révocation de l'édit de Nantes.
A l'ûge de trois ans, il suivit son père à Darm-
stadt, et il y resta jusqu'à ce qu'il eût atteint sa
dix-septième année. Ses voyages l'amenèrent à
Paris en 1718; mais la musique française ne fut
point de son goût et il partit pour l'Italie, qu'il
parcourut, ainsi que plusieurs autres pays de
l'Europe. En 1723 il se fixa à Cassel, où il se fit
maître de danse. On a de lui : — i» Douze solos
pour le violon. —2° Six solos pour le violoncelle.
— 3" Six trios pour hautbois et basse. — 4" Plus de
trente-six solos pour la basse de viole. — S» Douze
concertos pour le même instrument. — 6° Six so-
nates pour la (lùte traversière : ces dernières ont
été publiées à Augsbourg.
BARATHE (L'abbé), organiste delà cathé-
drale de Saint- Flour, est auteur d'un petit écrit
où se font remarquer de très- bonnes idées et des
sentiments élevés. Cet ouvrage a pour litre : Le
culte religieux aux âges de la foi, ou Vin-
fluence du chant ecclésiastique dans la reli-
gion; Paris, 1847, in-12de 96 pages.
BARBAJXT (Chaules), musicien anglais,
fut organiste de la chapelle du comte Haslang,
ambassadeur de Bavière à Londres, en 17 64. Les
catalogues des marchands de musique de Londres
indiquent les ouvrages suivants de sa composi-
tion : — 1" Symphonies à grand orchestre, œuvre 5.
— 2° Un livre de trios de violon. — 3" Un œuvre
de trios de clavecin. — 4° Un œuvre de duos de
flûte. — 5° Deux sonates pour clavecin. On con-
naît aussi de lui en manuscrit: Htjmni Sacri,
Antiphonas, en partition.
BARBABIIVl (Manfred-Lupi), composi-
teur qui vivait vers le milieu du seizième siècle,
était né vraisemblablement à Correggio , dans le
duché de Modène, car il ajoute à son nom la qua-
lification de Corregensis. Quoi qu'il en soit, Bar-
barini,qui,d'aprèslesavertissements placés en tête
de ses ouvrages, paraît avoir vécu quelque temps
en Suisse, puis en Bavière, a mis en musique à
cinq voix l'éloge des villes fédérées de la Suisse
par Glaréan, et a publié son ouvrage sous ce titre:
Symphonix, seu insigniores aliquotac dulci-
sonai quinque vocummelodix super 1). Jlen-
rici Glareani Panegijrico de Helvetiarum tre-
decim Urbium laudibus ; Basilese, ex of/icina
Hieronymi Curionis , impensis Henrici Pétri,
155§, in-8°. Celte musique est réimprimée ou
ajoutée à la suite de la deuxième édition de l'a-
brégé du Dodàcacorde de Glaréan, par Won-
negger {Voyez Glaréan), qui parut chez le nième
éditeur, en 1559. On connaît aussi de Barliarini
une collection de motets à 4 voix intitulée : Can-
tiones sacrx quatuor vocuni, quai vulgo Mu-
leta vocantur, novde eompositx; Auguslx Vin-
delicorum, per Philippum Vhlardum, 15C0,
in-4'' obi. Quelques morceaux de ce musicien
lépandus dans divers recueils sont désignés sim-
plement par le piénom Lupi , ce qui ajoute à
l'incertitude et à la confusion occasionnées par
les musiciens qui ont porté le même nom, et qui
ne sont pas distingués d'une manière suflisantt!.
( Foy CI Lupi.)
BARBARINO
BAUBF-:
241
B.\Illî:\HII\0 (lîvnTOi.oMKo), compositcnr,
nô à Fabiano, dans la IMarclte (TAiinMio, el qui
fut nommé // Pesai ino, a piihlio : — \n Mitdnçinll
a ciuqiie voci ; Venise, ICO'.). — 2° Il primo libro
de' Motet ti a voce soin, o in soprano, o in te-
nore ; Venise, Amadino, IfilO, in-4''. — 3° Il se-
conda libro de. Motetli; Venise, Barl. Magni ,
If) 14 , in-'i". — 4° Mndrignlia trevoci da can-
tarsl nel clavicembalo; Venise, 1G17. Des mo-
tels de I5arbarino ont ('•[è insciés par Bonomeiti
dans son l'nrnnisus mitsicus Ferdinandicus,e[c.
Venise, ICI 5. (Voy. Bonometti.)
BAllIiARO (Oamei,), palriaiclie d'Aquilée,
et l'un des descendants de François Darliaro , cé-
ièhre littérateur du quinzième siècle, naquit à
Venise,le 8 février 1513. 11 fit ses études à Pailoiie,
et s'adonna particulièrement aux mathématiques.
Ayant été reçu docteur de la faculté des arts
en l;)4C, il retourna h Venise, et vers 1548 il
fut chargé d'une ambassade auprès du roi d'An-
gleterre, Kdouard VI. En 1550, on le nomma
coadjiiteur du patriarche d'Aquilée, et, dès ce
moment, il prit le titre de Patriarche éln. Barbare
est mort à Venise, le 12 avril 1570. Il a donné
une traduction italienne de Vitruve sous ce titre :
/ dieci lïbri delV archlteltura di. M. Vitruvio,
tradotti e commentati ; Venise, 1556,in-fol. Il
y en a une seconde édition , qui est la plus es-
timée; Venise, 1567, in-4°. On y trouve quelques
notes sur la musiquedcs anciens. En 1567 Barbaro
a donné à Venise d'autres commentaires latins
sur Vitruve, in-fol., dans lesquels on trouve des
notes importantes sur le 13^ chapitre du 10^ livre,
qui traite de l'orgue hydraulique. Le père Martini
cite aussi de lui un traité intitulé : Délia musicn,
qui est resté en manuscrit. ( Voy. Stor. délia
imisica, t. I, p. 449.)
liARBELLA (Emmanuel), né à Napics,
commença l'étude du violon à six ans et demi ,
sous la direction de son père, François Barbella.
Après la mort de celui-ci , Emmanuel recul des
conseils deZaga. Pascalino Bini, élève de Tar-
lini , lui donna ensuite des leçons pendant plu-
.sicurs années. Le premier maître de contrepoint
de Barbella fut Michel Gabbalone; puis il devint
élève de Léo, qui disait en plaisantant : Ao» pcr
queslo, Barbella èïin vero asinoche non sa
nicntc (Si ce n'est pour la musique, Barbella est
un âne qui ne sait rien). Il devint habile violo-
ni.-te , et fit quelques élèves, parmi lesquels on
distingue Raimondi. Barbella fut grand partisan
du système harmonique de Tartini, qu'il ne com-
prenait pas. Il mourut à Naples en 1773. On a
publié les ouvrages suivants de sa composition :
— 1° Six duos pour deux j;io/oHS; Londres, sans
« date. — 2° Six sonates pour violon; Londres.
BIOCR. tNlV. DES MUSICIENS. — T. 1.
I — 3'> Six duns pour violon, op. 3; Paris.— \°Six
duos pour violoncelle , op. 4 ; Paris. Burney n
inséré dans le troisième volume de son histoire
générale de la musique (p. 561 ) une pièce char-
mante, à double- corde, de ce violoniste; elle a
pour titre : Tinna nonna, per prender sonno.
On a gravé chez Louis, à Paris, trois œuvres de
duos pour deux violons, sous le nom de Bar-
bella.
BARBE ou Barbé (Antoine) (1), musicien
belge, devint maître de musique de la maîtrise,
à Notre-Dame d'Anvers en 1527. Il était renommé
comme musicien de grand mérite et com|iosa
beaucoup de musique d'église dont la plus grande
partie est aujourd'hui perdue. De son tem|)s, la
musique prit un grand essor à Anvers. Après le
décès de sa femme, il se fit prêtre et célébra .sa
première messe en 1548, en même temps que
son fils Jean Barbe ou Barbé, qui fut chapelain
à Notre-Dame et mourut en 1573. Antoine Barbe
mourut le 2 décembre 1564, el eut pour succes-
seur Gérard de Turnliout. Outre le (ils dont il
vientd'ôtre parlé , il eut une fille nonnnée Jeanne,
qui fut la femme du com[>ositeur Sévcrin Cornet
(V. Counet), un (ils naturel appelé CAfl//ev,
et un autre lils, nommé Antoine , comme lui.
Dans le recueil qui a pour titre : Quatuor vo-
cum musicx modulationcs numéro XXVJ ex
optimis Auclorihus diligenlcr salutx prorsus
novœ, atque typis hac tenus non IJxcusx
(Antverpvv, npud Guillclmuni Visscnxrmi,
1549., petit in -4" obi.), on trouve deux motels de
cetartiste. Lequalrièmelivredeschansoiisàiiuatie
parties, aM7î<e/ sont contenues XX.XIV chan-
sons nouvelles (Anvers, Tylman Susato, 1544),
contient aussi une chanson d'Antoine Barbe.
BARBE ou BARBÉ (Maître Antoine 11*),
fils du précédent, fut musicien instrumentiste à
Anvers. Il mourut le 10 février 1604 et fut in-
humé, comme son père, dans la cathédrale. C'est
sans doute cet artiste qui est l'auteur de pavannes
et courantes in-sérées dans le recueil intitulé Pe-
tit trésor des danses et branles à quatre et
cinq parties des meilleurs autheurs propres
à jouer sur toxis les estrumenz (sic);àLoii-
vaiii,chez Pierre Plialèse, libraire juré, 1 an 1573,
in-4° obi.
BARBE ou BARBÉ (Antoine III«), filsdii
précédent, et petit-fils de Maître Antoine I",
fut excellent musicien et organiste distingué.
En 15'J5, il obtint la place d'organiste à l'é-
(1) Je suis redevable à l'obligeance de M. Léon de Bur-
bure des noiivraiix rcnstij.'nciiieiits qu'on trouve ici sur
ces anciens artistes belRes, et qu'il a puisés d.ms Icsdocu-
iiiiiits aiithentitiru'S des aiciiivcs de t'cgiisc Notre-Dame
d'Anvers.
16
.•Î42
BARBE — BARBIKRI
glise Saint-Jacques d'Anvers : il en rem|)lit les
(onctions pendant trente et un ans, et mourut
' le 15 mars 1626. Il paraît certain que cet artiste
est l'auteur du livre intitulé : Exemplaire des
douze tons de la musique, et de leur nature
(Anvers, 1599, in-4''), indiqué sous le nom
<IeBar6e# (Adrien), dans la première édition de
cette Biographie.
BARBEREAU ( Mathubin-auguste-Bal-
THASAR ), né à Paris, le 14 novembre 1799, a été
îidmis au Conservatoire le 14 août 1810 , et y a
fait toutes ses études musicales , depuis le solfège
t'I le violon jusqu'à la composition. Reicha a été
son maître de contrepoint. Au concours de l'Ins-
titut de France, en 1824, M. Barbereau a obtenu
le premier grand prix de composition musicale
pour la cantate intitulée Agnès Sorel, qui fut
exécutée à grand orchestre le 4 octobre de la
même année. Après avoir voyagé en Italie et en
Allemagne, comme pensionnaire du gouverne-
ment, M. Barbereau est revenu à Paris , où il a
élé choisi pour chef d'orchestre du Théâtre des
Nouveautés. Il y a fait exécuter plusieurs ouver-
tures , et a composé une partie de la musique de
ro|>éra pas^jccio qui fut représenté à ce théâtre,
au mois de novembre 1831, sous ce titre : Les
Sybarites de Florence. Postérieurement il a suc-
cédé à Léopold Aimon dans la place de chef
d'orchestre du Théâtre Français; mais après quel-
ques années, il a pris sa retraite pour se livrer à
ses travaux , particulièrement à l'enseignement
de la composition. En 1844, il commença la publi-
cation d'un grand tr-aité de composition qui devait
former cinq ou six volumes grand in-S"; mais
le premier volume seulement, relatif à l'harmonie
élémentaire, et quelques livraisons du second ont
paru jusqu'à ce jour (1858), c'est-à-dire, dans
l'espace de quatorze ans. Cet ouvrage a pour titre:
Traité théorique et pratique de composition
musicale; ouvrage divisé en trois parties.
1'^ partie : Harmonie élémentaire (Théorie gé-
nérale des accords); 2e partie : Mélodie. — Son
application à l'harmonie. 3* partie : Harmonie
concertante ( Contrepoint et fugue. — Style
scientifique). Première partie, I volume grand
in-8"; Paris, Schoncnberger, 1845. La méthode
exposée dans cet ouvrage est obscure , embar-
rassée, basée sur une mauvaise classification des
faits harmoniques , et surchargée de détails inu-
tiles. M. Barbereau a aussi publié des Études
sur Vorigine du système musical. Premier mé-
moire ; Paris, Bacheher, 1852, gr. in-8<» de 125
pages. CeMémoire devait cire Suivi d'un autre qui
n'a pas paru jusqu'à ce jour ( 1858), quoique sa
publication (ùt annoncée pour la même année.
On peut voir dans la Gazette musicale de Paris
(année 1853, n"' 4,7), l'analyse de la théorie
exposée dans ce mémoire, par l'auteur de cette
notice; et la polémique sur cette analyse, dans
les numéros 8, 9, 11 du même journal.
BARBETTI (Jules-Cksar), luthiste de Pa-
doue, a publié dans cette ville, en 1582, un ou-
vrage intitulé : Tabulx Musicse testudinarix
hexacordx et heptacordx, in-4''. C'est une mé-
thode de doigté pour les deux luths à six et à
sept cordes qui étaient encore en usage du temj)s
de l'auteur. On a aussi de Barbetti : Intavola-
tura di l/nito délie Canzonet/e a Ire voci; Ve-
nise, G. Vincenti, 1603, in-4". Le poitrait de
Barbetti ou Barbetta se trouve au commence-
ment de cet ouvrage.
BARBIERI (Ll'Cio), organiste de l'église S.
Petronio de Bologne, naquit en cette ville, dans
la seconde moitié du seizième siècle. Il a fait im-
primer de sa composition : Motletli a 5, C, 7, 8
voci coir organo; Venezia appressoAless. Vin-
centi, 1620, in-4". L'abbé Santini , de Rome,
possèdeen manuscrit des motets à six voix et des
psaumes à huit de cet artiste, lesquels portent
la date de 1608.
BARBIERI (Jean-Ange), chanteur et com-
positeur, était au service du prince de Gonzague,
vers le milieu du dix-septième siècle. Un oratorio
de sa composition était en manuscrit dans la bi-
bliothèque royale de Copenhague avant qu'elle
ertt été la proie d'un incendie, en 1794.
BARBIERI (Le comte Louis), de Vicence,
est auteur d'un opuscule intitulé : Nuova sco-
pcrla e dichiarazione délia vera corrispon-
denza et analogia del colorito co" suoni chia-
mati vocatif e del chiaroscuro co' tuoni mu-
sici; con la espressione dé' caralteri di vari
lingnaggio ; Vicence, 1780, in-8° de 37 pages.
BARBIERI (Gaetano), littérateur et ama-
teur de musique, à Milan , né vers 1780, a ré-
digé, depuis 1828 jusqu'en 1832, un journal heb-
domadaire intitulé / Tealri, dans lequel il" rendait
compte des opéras nouveaux, des concerts, débuis
de chanteurs, etc., et où il a inséré de bonnes
notices biographiques sur les compositeurs et les
chanteurs les plus distingués de cette époque. 11
a publié aussi : Notizie biografiche di M. F.
Malibran,raccolte e publicate da, etc.; Milano,
Fort. Stella e Figli, 1836 , in-8" de 54 pages avec
le portrait lithographie de M""* Malibran.
BARBIERI (...), compositeur espagnol de
l'époque actuelle, a fait quelques études musi-
cales en Italie, si je suis bien informé. Vers 1850
il forma une association avec d'autres composi-
teurs nommés Hemando, Oudin, Inzenga, Gaz-
tambide, le chanteur Salas, et l'auteur dramalique
D. Luiz Olona , pour l'établissement d'un théâtre
RARBIKKI
barr!iii*:au
m
d'opéra espaj^nol , et cette siniélé en fit l'entre-
prise au llié;\tre du cirque de ÎMadrid. l'ii des
premiers ouvrages représenté sur ce lliéâtre, an
mois de septeu)l)re 18jl, l'ut la zarziieia (opéra
conii(iue) \ni\h\\è Jugar con Juego (Joner avec
fureur), qui obtint un brillant succès, et dont la
musique était de M. Barbieri. Depuis lors cet
artiste a donné au même théâtre /^a Hcchicera
(leSorliléf^e), en trois actes, La Espadade lier-
vardo (l'Épée de Bernardo), en trois actes, et El
marques de Caravaca ( le Marquis de Carabas)
en deux actes. M. Barbieri est considéré en Ls^
pa^ne comme le plus habile compositeur dra-
matitiue de ce pays, à l'époque actuelle.
liARBIERI ou BARBIIU^E (Cu.vrles de),
compositeur italien de l'époque actuelle ( IS.îo),
lut d'abord accompagnatein-, ou maestro al Ccm-
balo, dans quelques théâtres de sa patrie, puis
obtint en 1845 la place de chef d'orchestre <Iu
théâtre sur la Vienne, à Vienne. Kn \M1 il lut ap-
pelé à Berlin pour diriger la musique de l'Opéra
italien. Dans l'année suivante il donna dans celte
ville l'opéra intitulé Christoph Colombus, i\\\\ fut
joué le 26 décembre avec sucrés. Il est vraisem-
blable que cet artiste est le même (pii a publié
à Milan, cliez Ricordi, quatre ouvertures (pii
avaient été exécutées dans cette ville, en 1844.
BARBIKUOLLI (Laurent), compositeur,
né à Rovigo en 1813, a fait repréfenter en 18;j(i,
dans celte ville , son opéra intitulé :/ Trojani
in Laurento, qui fut applaudi avecentiiousiasme.
La reprise de cet ouvrage, en 1837, ne fui pas
moins heureuse, et dans la môme année il fut
joué également avec succès au théâtre Apollo
de Venise. Bien qu'un tel essai dût être un en-
couragement pour l'auteur, aucune autre pro-
duction de sa plume n'a été livrée au public pos-
térieurement.
BAÏlBI\GAi\T. Voije-^ BAucmEAu.
B.VBBIOIV (Eistache), mu.sicieii français,
parait avoir vécu dans le commencement du
seizième siècle. 11 a composé quelques chansons
françaises à quatre parties qui se trouvent daiis
unecoUection manuscrite de compositions de cette
espèce qui appartenait à la duchesse d'Orléans,
more du roi Louis-Philippe Les autres compo-
siteurs de ce recueil sont Le Gendre, Samirin,
Janneqiun, Mornable, Jacotin, Passereau, etc.
On a imprimé de Barbion dans Le XII livre con-
tenant XXX chansons amoureuses àh parties
par divers autheurs ; Anvers, Tylman Siisato,
1558; et dans les Cantionum sacraruni vulgo
Motetta vacant 5 e« 6 vocum, ex optimis qui-
busque imisicis seleclarum, Lib.LVJII [Lo-
vanii, apiid Petrum Phalcsium, 1 554-1557, pelit
m-4" (ilil.) ou trouve (juelques-uns de ses motets.
BABBIBEAll (Maître Jacqip.s), qu'on
prononçait ISAiiBiitiAr', des lut mailre de nuisi(pi(î
et précepteur des enfants de dueur de l'église
collégiale de Notre-Dame ( maintenant la cathé-
drale) à Anvers, en 1448. Il est nommé fiarbij-
rianus dans un manuscrit delà bibliothètpie im-
périale de Vienne. C'est vraisemblablement le
même musicien que ïinctoris, son conltuipoiain,
appelle Barbingant (dans le recueil manuscrit
de ses ouvrages que je possède). Kiesewetler de
Wiesenbrunn a changé ce nom en celui de Har-
biryant , dans le catalogue de sa collection d'aq-
cienne musique {Catalog der Sammlung alter
Musik, etc., p. 8), et l'a attribué à un artiste
différent de Barbijrianus {ibid.}; et il a répété
celle double faute dans sa Galerie des anciens
contrepointistes (Galerie der al ten Conlrapun-
tlsten, p. 2 et 3). Un document authculi(|ue qui
e>iste akx archives du royaume de Belgique , à
Bruxelles, sous le numéro 1926 de la chambre
des comptes, fol. cxviu, v% donne à lartiste
dont il s'agit le nom de maistrc Jacques Barbi-
rian, maistre de chant et des effans (enfants)
decolr (de chœur) de Végliscen la ville d'An-
vers. Ce document se trouve dans un com|)te
de l'argenterie (trésor) de l'empereur Maximi-
lien !•=', en date du 24 janvier 1487, etmenlionne
une souuue do soixante-douze livres payée à ce
même Barbirian pour l'entretien el nourrituie
d'un des enfants de chœur de l'église Notre-
Dame, lils naturel d'un sieur Guillaume de Ter-
nay, en son vivant d'esciirie (écuyer) du souve-
rain. Le copiste aura lu sans doute Barbirian
pour Barbiriau. La déplorable négligence qu'on
mettait aux quinzième et seizième siècles dans ta
manière d'écrire les noms propres , et la manie
qu'on avait de les di'naturer étaient telles, que
dans les regi-stres et titres de l'église même à la-
quelle Barbireau ctiit altaclié, sou nom est
changé en ceux de Barbereau, Barbarieu,H
même Burbacola; mais M. de Burbure (Voy.
ce nom) qui a employé sept années à mcltrc ei»
ordre les archives de cette cathédrale, et qui a
fait d'immenses recherches sur les musiciens qui
y furent attachés , s'est assuré par la lecture at-
tentive de tous les documents qui concernent
celui dont il s'agit, notamment par son testament,
que son nom était bien Barbireau et qu'on le
prononçait Barbiriau (I). Si j'entre dans ces dé-
tails minutieux sur le nom véritable de ce musi-
cien, c'est qu'il s'agit d'un des artistes belges les
(I) Celte prononcintion du nom de Barbirc.nu peut
faire croire qu'il Olait né dans le pays Wallon , où l'on a
toujours dit un sciau pour un seau ( sorlc de vase), un
tonniau pour un tmincuu , un chapiau pour un chu-
peau , etî.
16.
244
BARBIREAU — BARDELLA
pliis intéressants ■du quinzième siècle; car il fut
le maître <le beaucoup de musiciens célèbres qui
vécurent dans ce siècle, ou au commencement du
seizième. On vient de voir qu'il fut* nommé maître
de musique et précepteur des enfants de chœur
de Notre-Dame d'Anvers, en 1448; il en remplit
les fonctions jusqu'à la fin de sa vie. En t484 il
avait été mis, en outre, en possession d'une clia-
pelanie. Il mourut à Anvers le 8 août 1491. Par
son testament il a fait des legs importants en fa-
veur du chapitre de Notre-Dame , des chapelains,
et des enfants de chœur.
Une lettre écrite à Barbireau par Rodolphe
Agricola, au mois d'octobre 1482, prouve que
ces deux hommes remarquables étaient en cor-
re,spondance habituelle. On y voit que le maître
des enfants de chœur de la cathédrale d'Anvers
avait invité son savant ami à accepter une place de
professeur dans cette ville , et que celui-ci refuse
cet emploi en faisant connaître les motifs qui lui
font préférer le séjour de Heidelberg. Dans une
autre lettre (De formando studio), Agricola de-
mande à Barbireau quelques-unes de ses compo-
sitions , choisies parmi celles qu'il a faites avec
soin, et qu'il croit dignes d'applaudissements
( Oro remitte ad me aliquid ex lis qux ad ca-
nendtnn composuisti, sed quod accuraium sit,
cf. cum laude ostende t'efe).Tinctoris, contem-
porain de Barbireau , le cite en plusieurs endroits
de ses ouvrages, comme une des plus grandes
autorités dans la musique de son temps, notam-
ment dans le troisième chapitre du Traité de
r imperfection des noies, où il donne un frag-
ment de la chanson française de ce compositeur
qui commence par ces mots : Lame (l'homme)
bany de sa plaisance. La Bibliothèque impériale
de Vienne possède de ce musicien , dans un ma-
nuscrit sur vôlin du seizième siècle : 1° La messe
à cinq voix intitulée : Virgo parens Christi. —
2° Une messe à quatre voix qui a pour titre :
Faulx perverse. — 3o Et, enfin, le £:yne d'une
messe pasc/w^e, à quatre voix . Un autre manuscrit
de la mi^me bibliothèque contient le Kyrie ft le
Chrisle d'une messe (sine nomine) de Barbireau.
Kiesewetter avait mis en partition la chanson
à trois voix de ce musicien. L'homme banni de
sa plaisance, et le Kyrie à cinq voix de la messe,
Virgo parens Christi. Ces deux morceaux sont
passés à la Bibliothèque impériale après la mort
de ce savant, ainsi que toute sa collection d'an-
cienne musique. Enfin, un manuscfit précieux
de la Bibliothèque de Dijon, coté 9.95, renferme
plusieurs chansons notées à 3 et à 4 voix, de
Barbireau (sou-s le nom de Harbinguant), et de
plusieurs autres musiciens célèbres du quinzième
siècle.
BARBOSA (Arias ), né à Aveiro, en Por-
tugal, étudia à Florence sous Ange Politien, et
alla ensuite à Salamanque prendre possession de
la chaire d'éloquence, qu'il conserva pendant
vini;t ans. Le roi de Portugal, Jean III, le donna
ensuite comme précepteur à ses deux frères. Il
est mort en 1520, et, selon d'autres, en 1530. On
a de lui un ouvrage intitulé : Epomctria ; 8é-
tille, 1520, in-4°, dans lequel il traite de la gé-
nération des sons.
BARCA (Franco s), moine portugais, naquit
à Evora, dans les premières années du dix-sep-
tième siècle. Il entra dans l'ordre des chanoines
réguliers, au monastère de Tous les Saints, à
Palmela, eu 1625, et devint maître de chapelle de
son couvent, en 1640. H a beaucoup écrit pour
l'église. Tous ses ouvrages, restés en manuscrit,
étaient dans la bibliothèque du roi de Portugal ,
avant le tremblement de terre qui détruisit la
ville de Lisbonne, en 1755.
BARCA (Alexandre), de la congrégation
des écoles chréliennes, professeur émérite de
droit naturel et social à l'université de Padoue,
et membre de l'académie de cette ville, naquit à
Bergame, le 20 novembre 1741, et mourut à Pa-
doue, le 13 juin 1814. Son premier ouvrage relatif
à la théorie de la musique a pour titre : Nuovi
teoremi sulle divisioni délie ragioni degli in-
tervalli de' siioni; Bergame, 1781, in-4°. 1 1 publia
ensuite, dans les Essais scienfijiqnes et litté-
raires de l'Académie de cette ville (I. I, 1780,
in-4°), un mémoire de 53 pages intitulé : Intro-
duzione ad una niiova Teoria di Musica, qu'il
avait lu à l'académie, le 23 janvier 1783.11 y
analyse la théorie du père Valotti (Saggi scien-
tiftcieletter. delV Academiadi Padova, tom. 1,
p. 365-418 ). Il paraît qiie Barca écrivit une suite
de mémoires siu- cette nouvelle théorie de Va-
lotti , car son biograidie , le professeur Gio. Mai-
roni da Ponte cite le sixième, qui existe chez les
héritiers de l'auteur, sous ce titre : Memoria
sesta délia nuova teoria dimtisica ( V. Orazione
recitata nelle solenni esequie del P. D. Aies-
sandro Barca, etc., il dî li giugno 1814; Ber-
game , stamperia Natali , 1814 , in-8'' ). Un autre
mémoire manuscrit intitulé : Memoria intorno
allô stato atfuale delta musica, s'est trouve
entre les mains du maître de chapelle Simon
Mavr à Bergame. Ce dernier ouvrage avait été
écrit parordie du ministre de l'instruclion publi-
que, sous le gouvernement de Napoléon.
BARCICKY ( A.-J. ), pianiste polonais ac-
tuellement vivant (1859) a publié à Vienne, (liez
Diabelli, deux Fantaisies polonaises pour te
piano, u° l,en sol mineur, n° 2, en ré.
BARDELLA (Antoine NALDI , surnommé
BARDFXLA.
BAREO
245
ÎL), musicien alLirhé au service tlii duc de Tos-
cane, vécut à Florence dans les vingt-cinq der-
nières années du seizième siècle et au commen-
cement du dix-septième. Il fut l'inventeur du
théorlie, auquel on donna d'ahord le nom de
cbitarone (grande guitare). Il parait que cette
dénomination (ut cau.se que l'invention fut con-
testée à son auteur ; car antérieurement à l'époque
où vivait Barilella, il existait à Naples et dans
quelques autres lieux de l'Italie une grande gui-
tare appelée chilaronc, qui n'avait pas de res-
semblance avec le Ihéorbe. Non-seulement Bar-
<lella fut l'inventeur de cet instrument, mais il
en joua avec une habileté qui surpassa celle de
tous ses rivaux , particulièrement dans l'art d'ac-
compagner l'harmonie sur une basse chiffrée ou
sans chiffres. Jules Caccini ( Voij. ce nom ) nous
fournit à ce sujet des renseignements positifs,
dans l'avertissement au lecteur qu'il a mis en tôte
de ses Nuove Masiclie (f" édition; Florence,
Marescotti, 1601, in-fol.). Voici comme il s'ex-
prime : Ma intorno a dette parti di mezzo
( l'harmonie qui accompagne la basse du chant
sur le théorbe)si èveduta osservanza singolare
in Antonio Naldi del.to il Bavdella, gratissimo
servitore a queste Allezze Sereniss. il quale si
corne vcramentc ne è stato Vinventore, cosi è
reputato da tutti per lo piùeccclleiite clie sino
a noatri tempi habbia mai sonato di taie strti-
mento, corne con loro utiiUà fanno fede i pro-
fessori e qiiellï che si dilettano ncll' esercizio
dcl chitarone, etc.
BARDESAXES, ou BARDESANE, né à
Édesse, dans la Mésopotamie , plusieurs années
avant 156, fut le premier auteur des hymnes
en usage dans l'église de Syrie. D'après l'his-
toire des dynasties arabes,, par Aboidfarage,
il paraît que son nom oriental était Ebn Disann.
Celui sous lequel il est connu lui est donné par
S. Ephrem , S. Epiphane , Porjjhyre, Nicéphore,
Eusèbe , et quelques autres écrivains grecs. Bar-
<lesanes appartint à la secte des gnostiques. On voit
rtans S. Ephrem qu'à l'imitation de David , il
avait com()osé cent cinquante hymnes ou canti-
ques, dont il avait fait les mélodies. Ce pète de l'é-
glise , qui a combattu l'hérésie de Bardesanes en
ixlusieurs endroits de ses ouvrages , lui reproche
d'avoir excité les sens par ses chants eiféminés et
lascifs [inHijmn. 55, p. 557). Il faut voir ce que
ditÉtienne, patriarche desSyriens Maronites, des
talents de Bardesanes pour la musique, dans son
opuscule De Tonis Syrorum, publié à Rome
(s. d.). On peut aussi consulter avec fruit l'ex-
cellente dissertation du Dr. Auguste Hahn intitu-
lée : Bardesanes Gnosticus Syrorum primus
hymnologus , Lipsix, 1819, in-8" de 9 'i pages.
Eusèbe {l'ra:p. Evang, VI, 10) nous a conservé
un fragment do Bardesanes sur le destin , re-
marquable par l'élévation des idées.
BARDI (Jean), comte de Vernio, noble flo-
rentin, vivait dans la dernière moitié du seizième
siècle, et se distingua par ses talents et ses con-
naissances dans les lettres , dans les sciences et
dans les arts. Il était membre de l'académie de
la Crusca «f de celle de Alterati de Florence.
Le pape Clément VIII (1) l'appela à Rome»
et le lit son maestro di caméra. Doni, dans
son Traité de la Musique théâtrale (Musica
scenica , t. II, p. 31), lui attribue l'honneur
d'avoir fait naître l'idée de l'opéra en musique.
Il avait établi dans sa maison une sorte d'a-
cadémie où l'on s'occupait spécialement de
cet objet. Les premiers essais furent faits à sa
prière par Vincent Galilée et Jules Caccini
( Voij. ces noms). Il se réunit ensuite à
P. Strozzi et à Jarques Corsi pour faire compo-
ser le premier poëme régulier par 0^^ Rinuccini,
qui fut mis en musique par Jacques Péri ( Voy.
ce nom ). On trouve dans les œuvres de Doni ,
tom. II, p. 233-248, un petit ouvrage de Bardi
intitulé : Discorso mandata da Giov. de Bardi
à Giulio Caccini detto Romano, sopra la
musica antica e'Z cantar bene.
BARDI (Jérôme), docteur en théologie et en
médecine, naquit à Rapallo, en Sardaigne le 7
mars 1603. En 1619, il entra chez les Jésuites,
mais sa mauvaise santé l'obligea d'en sortir cinq
ans après. Il alla à Gènes où il fit de nouvelles
éludes, et après y avoir été nommé docteur en
théologie et en médecine, il fut appelé h Pise, pour
y occuper la chaire de philosophie h. l'université.
En 1651 il se rendit à Rome, où il exerça la méde-
cine jusqu'en ir,07. Bardi e.st auteur d'un traité
dont voici le titre singulier : Musica medica ,
magica, moralis, consona, dissona, curativa,
catholica, rationalis. Selon la Biographie uni-
verselle, cet ouvrage serait resté manuscrit : mais
Oldoini {Athenxum Ligusticum, p. 238) dit
qu'il fut imprimé à Rome en 1651. Forkel, d'a-
près Walther, a cru que cet auteur était fils de
Jean Bardi , comte de Vernio : c'est une erreur
que Lichtenthal a copiée.
B.ARDON (Dandré) ; V. DANDRÉ BARDON.
BAREO (V.), guitariste italien, fixé à Vien-
ne , a public pour son instrument les ouvrages
dont les titres suivent : 1° Rondeau pour deux
guitares, op. 1 ; Vienne, Arlaria. — 2' Caprice bril-
lant pourdeuxguilares.op. 2; Vienne, Weigl. —
3" 12 Écossaises pour deux guitares, op. 3 ; Vien-
(1) Et non Urbain VIII, comme on le ditd.mste Hiogra-
phie Universelle; car ce pape ne parvint an siège pontifical
«lu'en 1662 , époque où il parait que Bardi ne vivait plus,.
246
lie, nermaim. — 4" 12 X/rte»f?to' pour deux gui- j
tares, o;>. 4 ; Vienne, Diabelli.
BARETA ( RoDRiANo), musicien de la ca-
iliédrnle de Crémone, naquit dans cotte ville en
1581. Il a pnblié: 1" Il primo libro de madri-
qali a cinque voci; Venise, I6l5,in-4°. — 2° Il
seconda libro ; iliid., 1615, in-4''.
BARETTI ( Joseph ), littérateur etpoctedu
di\-liiiitième siècle, naquit à Turin te 22 uiars
1716. Après avoir voyagé pendant quelques an-
nées eu Italie, il se rendit à Londres au mois de
janvier 1751 , avec le projet d'y être directeur de
l'Opéra italien, et mourut dans cette ville le 5
mai 1789. Il a publié : Account of the manners
and custom of Italij; Londres, 1768 , in-S°; on
y trouve des détails sur l'Opéra se?'ia et V Opéra
huffa. Cet ouvrage a été traduit en français
|)ar Fréville sous ce titre : Lex Italiens, ou
Mœurs et coutumes d" Italie ; Paris, 1775, in-l2.
Il y en a aussi une traduction allemande intitulée :
Beschrcibung der Sitlen und Gebrœuchenin
Italien; 2 parties in-8", Breslau , 1781. Le frère
de Baretti , professeur de musique, vécut à Tu-
rin, et a publié six duos pour violoncelle, qui
ont été gravés à Paris, vers 1770.
BARGAGLIA (Scipion), violoniste ou
plutôt violiste napolitain, dont parle Cerreto, et
qui vivait dans la seconde moitié du seizième
siècle. On a de lui un œuvre de musique instru-
mentale intitulé : Trattenimenti ossia diverti-
menti da suonare ; Venise , 1587. C'est dans
cet ouvrage qu'on trouve pour la première fois
l'emploi du mot concerto, dans le sens de pièce
pour un instrument principal.
BARGES (Antoine), maître de chapelle alla
Casa grande de Venise , a publié : Il primo
libro de villote a quattro voci , con un altro
canzon delta Galina; Venise, 1 550, in-4°. C'est
un recueil curieux pour le style des airs de ce
temps. On trouve dans le Catalogue de Butscli
( Augsbourg, 1846 , in-8'3 ) un ouvrage de cet au-
teur intitulé : H primo libro di Violetta a 4
voci, etc. C'est celui dont le titre est ci-dessus
avec une faute d'impression où Villoteest changé
en Violetta.
BARGIXANI ( Ottavio) , né à Brescia, vers
le milieu du seizième siècle , fut organiste de
l'église principale de Salo. On a imprimé les ou-
vrages de sa composition dont les titres suivent :
r Canzonette a quattro e otto î;oci ; Venise,
I5!)5. — 2° Motteti a 1, 2, 3, 4 ; Venise , presso
BartolonieoMagni,1597. — .3° Madrigali a cin-
que voci; Venise, 1001.
BARILLI (Louis), bouffe chantant qui a eu
l>eaucoup de célébrité à Paris, naquit à Modène,
eu 1767, suivant certains renseiijueaicals biogra-
BAREO — BARILLI
phiques, ou àNaplcs, en 1764, si l'on en croit
d'autres versions qui paraissent plus vraisem-
blables. On ne sait rien concernant l'époque de
ses débuts, ni sur les théâtres où il parut avant
d'arriver à Paris : les almanachs de théâtres de
l'Italie ne m'ont rien fourni à ce sujet. Ce fut
le 19 août 1805 qu'il joua pour la première fois à
la salle de la rue de Louvois, dans la Locandiera
de Farinelli, où il était chargé du rôle du comte
Cosmopoli. Doué de naturel et de verve comi-
que, il y eut un brillant succès qui ne fut que le
prélude de ceux qu'il obtint plus tard dans le per-
sonnage du musicien Bucefalo des Cantatrice
villane, et dans celui de Bellarosa des Virtuosi
ambulanli, quoiqu'il fût médiocre musicien et
que sa voix eût de la lourdeur. C'est au talent de
coméflien original qu'il y déploya, que ces deux
ouvrages de Fioravanti durent la vogue dont ils
jouirent à cette époque. Pendant plus de dix-huit
ans, Barilli eut le privilège de faire rire les di-
letlanti parisiens, quoique son organe eût perdu
de sa sonorité dans les dernières années.
Devenu un des quatre administrateurs de l'O-
péra italien, au théâtre del'Odéon, en 1809, il
y perdit beaucoup d'argent et se vit plus tard
obligé d'accepter de médiocres appointements,
lorsque Mme Catalani eut obtenu le privilège de
cette entreprise dramatique. La moi t de sa femme
( Voyez l'article suivant), et celle de trois fils
qu'elle lui avait donnés, vinrent successivement
combler la mesure de ses chagrins. Ayant été
désigné, en 1820, pour remplir la place de ré-
gisseur de l'opéra italien, il déploya beaucoup
d'activité dans ces nouvelles fonctions; mais ses
malheurs avaient affaibli sa santé, et pour comble
d'infortune, il se cassa la jambe en 1824. A
peine convalescent àe cet accident, il fut frappé
d'apoplexie, le 26 mai suivant, et cessa de vivre
sans proférer une parole. La probité, le désinté-
ressement de cet excellent acteur lui avaient fait
beaucoup d'amis, qui fuient obligés de se cotiser
pour payer les frais de ses funérailles , et qui lui
tirent élever un tombeau près de celui de sa
femme, dans le cimetière de l'est.
BARILLI (Mmue-Anne) , dont le nom de
famille était Bondini , femme du précédent et
cantatrice distinguée, naquit à Dresde le 18 oc-
tobre 1780, de parents originaires de Bologne,
lesquels étaient attachés au service de l'électeur
de Saxe. Plus tard , son père se chargea de l'en-
treprise du théâtre italien de Prague. Ruiné par
un incendie qui consuma le théâtre et les maga-
sins, il prit le parti de retourner en Italie , où il
espérait trouver des ressources pour rétablir ses
affaires ; mais il mourut dans le trajet, et sa famille,
réduite à la situation la plus pénible, ne paivinl
BARILLI — BARKER
247'
qu'avec peine jusqu'à Bolo;;ne. Marie-Anne I5on-
(lini, àg(H\ alors de dix ans, montrait d'Iieureuses
dispositions pour la musique, et jouait di'jà du
piano avec, (jnelque talent. On la mit dans l'école
de chant de Sarlorini, où elle accpiit, par des
études bien faites, une vocalisation li'gère , une
mise de voix lacilc, et toutes les traditions
d'une bonne méthode. Devenue la femme de Oa-
rilli , elle le suivit à Paris, en 1805, et ne se
(it entendre d'abord que dans quelques concerts ;
mais le succès qu'elle y obtint fut si brillant, que
malgré sa répugnance pour le théâtre et sa timi-
dité naturelle, elle se laissa persuader par les
sollicitations des directeurs du théâtre Louvois,
et débuta le 14 janvier 1807 , dans les Due Ge-
melli de Guglielmi. Dominre par l'émotion , elle
n'y montra pas seulement peu d'intelligence de la
scène, mais son chant môme ne s'éleva pas au-
dessus du médiocre. Découragée par ce premier
essai, elle ne se décida à tenter une nouvelle
épreuve qu'après plusieurs mois d'hésitation.
Enfin son second début se fit le 30 mai dans la
Griselda de Paer, et cette fois elle obtint le suf-
frage unanime du public. Chacun des ouvrages
où elle parut ensuite fut marqué par un succès
d'enthousiasme. Sa voix, quoique peu timbrée,
était d'une admirable pureté; la justesse de ses
intonations était irréprochable ; sa vocalisation
parfaite et le fini de son chant égalaient les qua-
lités des meilleurs chanteurs de l'Italie. Le seul
défaut qu'on pflt lui reprocher était de nianqi:er
un peu d'animation et de force dramatique dans
les morceaux de caractère pathétique. Au milieu
de ses triomphes, une maladie grave et longue
vint la frapper. A peine rétablie, elle voulut (aire
des efforts pour indemniser l'administration des
pertes que son absence de la scène avait occa-
sionnées ; elle reparut en effet dans La Donna
di génie volubile, de Portogallo; mais après la
troisième représentation de cet ouvrage, une
fièvre maligne la saisit et la mit au tombeau , le
24 octobre I8I3 , à l'âge de trente-trois ans. Les
graves événements qui pesaient alors sur les des-
tinées de la France n'empêchèrent pas les
manifestations des regrets universels dont la
mort de cette excellente cantatrice fut l'ob-
jet.
BARIOLA. (Octave), compositeur et orga-
niste distingué à l'église délia Madona di S.
Celso à Milan, a publié dans cette ville : l'' Ri-
cercatepersuonar l'organo.ibSb. — l" Caprici,
ovvero canzoni a 4, libri 3, 1594. Le style de
Bariola a beaucoup d'analogie avec celui de Claude
Merulo.
BARIZEL( Charles), virtuose sur le basson,
oaipiit en 1788 à Merville, près d'IIazebrouck.,
dans le départt«inent du Nord (l).' Parti à l'âge
de dix-huit ans de la maison paternelle, il entra
comme musicien soldat dans un régiment et par-
vint rapidement, par son mérite, au grade dechef
I de musique d'un autre corps, avec lequel il fit
la campagne d'Espagne en 1808. Fait prisonnier
à l'affaire de Cabrera, il fut transporté sur les
pontons anglais , où il eut à souffrir toutes les
tortures qui ont été signalées par divers écri-
vains. Rentré eu France après trois années de
captivité , Barizel entra comme chef de musique
dans un régiment de la jeune garde impériale;
il fit en cette qualité la campagne de Russie en
1812 ,1a campagnede Saxe en 1813, et se trouva
à toutes les grandes affaires de la campagne de
France en 1814. Rentré dans la vie civile en 1815,'
après le licenciement de l'armée, il se livra à des
études sérieuses (lour perfectionner son talent,
qui bientôt le plaça au rang des artistes les plus
distingués de Paris. Devenu premier basson de la
chapelle du roi , sous la Restauration , il entra
dans la musique particulière du roi Louis-Phi-
lippe en 1831, devint professeur de basson au
Conservatoire après la retraite de Gebauer, pre-
mier basson de l'Opéra, et chef de musique de
la 2"'® légion de la garde nationale de Paris. En
récompense de ses services , il fut décoré de la
Légion d'Honneur. Le dérangement de sa santé
l'ayant obligé à demander sa retraite des posi-
tions qu'il occupait, il crut que l'air natal pour-
rait le guérir et retourna à Merville; mais les
progrès du mal ne s'arrêtèrent point, et Barizel
mourut en ce lieu le 25 mai 1850, à l'âge de
soixante-deux ans. On ne connaît pas de com-
position de cet artiste pour son instrument.
BARKER (Cuaules-Spackman), inventeur
du levier pneumatique pour l'allégement du cla-
vier des grandes orgues , est né à Bath , en An-
gleterre, le 10 octobre 1806. Orphelin dès l'âge
de cinq ans, il fut laissé aux soins de son par-
rain , ami généreux de sa famille qui lui fit donner
une éducation libérale et le destina à la méde-
cine; mais la vocation de Barker ne le portait
pas vers l'exercice de celte science. Le hasard
lui fit découvrir sa destination naturelle; car
ayant eu occasion de voir les travaux d'un fac-
teur d'orgues renommé de Londres qui montait
un instrument neuf dans son voisinage, il se
passionna pour un art où le génie d'invention
l)eut développer toutes ses ressources , et fit avec
ce facteur des arrangements pour apprendre dans
(1) C'ost un fait assez remarquable que les trois basso-
nistes les plus distingués de la France, dans la première
moitié du dix-neuvième siècle, ;'i savoir, Delcimbre,
Bari7,cl et Willent, étaient nés dans, le département da.
Njord,
-24S
BARRER — BARftUlNN
Bes atelifirs la Uiéorie et la pratique de la cons-
truction des orgues. Deux ans plus tard il sortit
de chez ce facteur et retourna à Batli, où il éta-
l)lit un atelierde facture des mêmes instruments.
Ce fut alors qu'il entendit parler du grand orgue
qu'on venait de construire dans l'église cathédrale
d'York , et dont les proportions colossales lui
firent pressentir la dureté excessive des claviers;
c'est à cette occasion qu'il se livra à une série
d'expériences pour vaincre la résistance opposée
à la main des organistes par le tirage de l'ou-
verture des soupapes dans les grands instruments ,
où les jeux sont distribués sur plusieurs sommiers.
Le résultat de ces recherches fut la découverte
du levier pneumatique, lequel consiste dans l'ac-
tion d'un air comprimé sur de petits soudlets at-
tachés aux tringles des tirages et faisant mouvoir
le mécanisme de chaque note au moment où le
doigt de l'organiste abaisse la touche; en sorte
que toute la résistance est vaincue par ce levier,
et cesse de peser sur les claviers. M. ISarker
trouva dans la rivalité de ses confrères des ob-
stacles pour l'introduction de sa remarquable in-
vention dans les orgues d'Angleterre; les dégoûts
qu'il en éprouva le décidèrent à se rendre à Paris.
11 y arriva au moment où M. Cavaillé était
chargé de la construction du grand orgue de
Saint- Denis, et il offrit à cet éininent facteur sa
coopération pour l'introduction de son mécanisme
dans cet instrument. M. Cavaillé n'hésita pas à
reconnaître l'importance de celte invention et
accueillit les propositions de M. CarUcr. Depuis
lors, M. Cavaillé a fait entrer le levier pneuma-
tique dans les grandes orgues qu'il a construites.
Conservant toutefois la propriété de son méca-
nisme, M. barker en traita également avec la
maison Uauhiaine et Caliuet (postérieurement
Ducrocquet puis Mcrkiin et Schiitz) et prit la
direction des ateliers de cette maison pour la
construction du grand orgue de l'église Saint-
Eustache, qu'il acheva en 1845, et (pii lut mal-
heureusement détruit par un incendie,six mois
après. C'est aussi à M. Barker qu'on doit la belle
restauration de l'orgue de SaiiitSulpice.
BARLAAM, moine de Saint-Basile, qui se
rendit célèbre par sa science et ses hérésies, dans
la première moitié du quatorzième siècle, naquit
à Seminara, dans la Calabre idtérieure. Il était
fort jeune quand il prit l'habit religieux ; aupa-
ravant il se nommait Bernai d, et il quitia ce
nom , en entrant dans le cloître, pour celui de
Burluam. Le désir de s'instruire le détermina à
passer dans lOrient ; il y adopta In doctrine de
l'Église grecque, et écrivit pour elle contre l'l>
glise latine; puis il en fit abjuration et rentra
dans la communion catholique. Ses disputes
théologiques n'ayant point de rapport avec l'ob-
jet de ce livre, on n'en [larierai pas, et l'on se»
bornera à dire qu'il obtint de l'elnpereur Andto-
nic l'abbaye de Saint-Sauveur, par le crédit de
Jean Cantacuzène, en 1332, et que Clément VI
le nomma évêque de Geraci , dans le royaume
de Naples, en 1348. Bien que l'époque précise
de sa mort ne soit pas connue, il paraît cepen-
dant qu'il avait cessé de vivre au mois d'août
1 348. Au nombre des écrits de Barlaam on trouve,
non des scolies sur les livres des Harmoniques de
Ptoiémée, comme Gesuer, dans sa Bibliothèque
universelle, Adelung, dans son Dictionnaire des
Savants, Walther, l''orkcl,Lichtenthalet d'autres
l'ont dit, mais un coinineiilaiie sur les chapi-
tres 14*, 15^ et 16' du troisième livre de cet
auteur. Ce connnentaire, qui commence par ces
mots : c7t£Î ôày.al rà; ÈTttYpasàv , est à la Biblio-
thèque impériale de Paris, parmi les manuscrits
grecs, sous le n° 2381, in-fol. Walther et,
d'après lui, Forkel, Lichlenthal, etM. Cli. F. Be-
cker disent que ce commentaire a été publié à
Venise, mais sans pouvoir indiquer la date de
l'impression ; je n'ai vu citer nulle part celte édi-
tion , et je la crois supposée. Le 14e chapitre du
troisième livre «les Harmoniques de Ptoiémée
a pour objet d'examiner Par quels nombrrs
premiers on compare les cordes stables du
système parfait (des Grecs) avec les sphhres
principales du (système du) monde. Le là*".
Comment on trouve par les nombres les rap-
ports des mouvements des planètes ( avec les
consonnances musicales); et enfin le 16*, Com-
ment les propriétés des planètes se rapportent
à celles des sons. C'est sur ces chapitres que Bar-
laam a écrit son commentaire, dont le texte a été
publié parM. Jean Franz, docteur en philosophie
et professeur à l'université de Berlin , d'après un
manuscrit de la bibliothèque de Naples, à la suite
de sa dissertation intitulée : De Musicis (jraxis;
Berlin, 1840, in-4° de 23 pages. L'éditeur y a
ajouté le texte des trois chapitres du livre de
Ptoiémée. {Voy. Franz )
BAHMANIV ( Jean-Bai'tiste) , prieur de
l'abbaye de VVeingarten, dans la Forêt Noire,
et ensuite professeur et prieur à Hof, naquit à
Immenstadt, le 1*"^ mars 1709, et mourut à Hof,
le 16 avril 1788. lia publié un ouvrage de sa com-
position, sous ce titre : Christ- Katholisches Kir-
chengesangbuch nach den Gcdankcn des <je-
krwnlen Propheten am 9bsten Psalm,, ersten
Vers. aufalleJalirs-seilenund Gclegenheiten,
in anmuthigen Melodien angestimmt (Livre
de chant des églises catholiques, etc. ); Augsbourg,
17C0, in-4". On lui attribue aussi la composi-
tion de plusieurs opMas, comme poète et
BARMAKN — BARNI
?in
comme musicien ; mais les (lires n'en sont pas
connus.
BARiVARD (Jean), chanoine mineur de
l'église (le Sainl-Paui, à Londres, vers le mi-
lieu (lu dix-septième siècle, a publié une collec-
tion précieuse d'hymnes, d'antiennes, de prières
et de répons à plusieurs parties , par les anciens
compositeurs anglais Tallis, Parsons , Morley,
Giles, 0. Gibbons, W. Mundij , }yno((son ,
Battcn , Hooper, Tye, Weelkes, White, Bull,
et Jf'ard. Cette collection a pour titre : The
first hook qf sclectcd church Miisic, consis-
ting of services and anlhems, such as arc
now tiscd in ifie cathcdral and collégial
churcfies of this Kingdom, never bcj'ore
prïntcd , etc.; Londres, 1641. Malheureusement
elle a été imprimée en parties séparées, main-
tenant disséminées , et l'on croit qu'il serait iui-
possible d'en compléter un exemplaire. Le plus
complet est celui de l'église d'tiereford, mais il y
manciue la partie du soprano.
BARIVBECK (Fkédéuic) , né à Cassel, vers
ISOI , est (ils d'un maître de concerts qui moiuut
dans celte ville en 1S30. lîarnbeck , élève de son
père, puis de Spohr, fut d'abord attaché comme
violonisteà la chapelle de Stuttgart , puis s'est lixé
à Halberstadl. On a de Ini une méthode de vio-
lon qui a pour titre : Theorct. praf.tisc/ie Anlei-
iiing zum Violinspiel ; Halberstadl, 184 5. La
seconde i)artie de cet ouvrage, op. 9, a paru
dans la môme ville, en t84G. On a du même
arliste plusieurs recueils de chan.sons allemandes
avec accompagnement de piano.
BARNÈS (JoscÉ), théologien et [)hilologue,
naquit à Londres le 10 janvier IG54. Ses études
dans les langues grecque et latine furent brillard(\s
cl ses progrès rapides. Llevé à l'université de
Cambridge, il y fut nommé professeur de grec
en 1695. Il ne manquait pas d'imagination, et
sa mémoire était prodigieuse; mais il était dé-
pourvu de goût et de critique. De là vient que
malgré rérudilion qui y es^t répandue, ses édi-
tions d'auteurs grecs sont aujourd'hui peu esti-
mées. Dans son Euripide ( Euripidis qux exlanl
oninia; Cambridge, 1694, in-fol.) on trouve
une dissertation sur la musique scéniquc des
Grecs, cl sur les lois mécaniques du drame des
anciens. Uarnès mourut à Cambridge , le 3 août
1712.
BARNETT (Jean), fils d'un marchand de
diamants de Lomires, naquit à Bedford en 1802.
Des dispositions précoces pour la nuisique et
une voix dont l'étendue était extraordiiiaire le
tirent remarquer par Arnold , alors dire('teur
du (héâtre de Drury-Lane, qui se chargea de
son instruction , et qui le fit débuter, comme
enfant, en 18 l."?, sur son tlK^AIre, dans l'opéra
intitulé : The Sfiipwreck (le Naufrage). Le suc-
cès que Barnelt obtint le fit engager pour rann(^e
suivante comme premier soprano des oratorios.
En 1815, les directeurs de Covent-Gardeu l'en-
gagèrent pour deux ans; mais bientôt après il
perdit la voix et fut obligé de se livrer exclusi-
vement à la musique instrmuentale, sous ladi-
rech'on de Ries qui lui donna des leçons de piano
et de composition. Il a publié depuis quelques an-
ni^es : X" Messe solennelle n» 1, en sol mineur. —
2° Messe n" 2, en ut. — 3° Un volume de mélo-
dies russes. — 4° Plusieurs recueils de chansons
( Gleps et Catches). — 5" PInsieurs scènes, dont
celle d'/i6rfl/(fl»t. — 6o Trois sérénades dans le
style espagnol. — 7" Des airs et des duos italiens
en plusieurs recueils — 8" Deux ouvertures à
grand orchestre. — 9° Une fugue à deux voix pour
ténor et basse. — 10" Des sonates, des fugues et des
variations pour piano. — ll"Uneintro(iuclion, un
rondo et un air pour l'opéra du Mendiant (Beggar).
— 12" Trois valses brillantes pour le violon. —
13° Une fantaisie pour flûte sur un air de Mozart.
Le 2S février 1837 , Barnelt a fait représenter au
théâtre de l'opéra anglais, à Londres, Fair
liosamond, opéra en 2 actes. Deux ans- âpre;
il donna au même théâtre Farinelli, opéri
en 2 actes. Enfin, il a fait représenter en 1841
l'opéra féerique The Mountain Sylph ( Le Sylphe
de la Montagne). On a aussi de cet artiste un
Ess.ii analytique sur les méthodes d'ensei-
gnement de la musique, particulièrement sur
celle de Bocquillon-Wilhem ( Voy. ce nom), sous
ce litre : Systems and Singing Masters : an
analytical comment upon thc Wilhem Sys-
tem, as taught in England; Londres, 1843,
in-S".
BARNI (Camille), compositeur et habile
violoncelliste, est né à Cômo,le 18 janvier 1762.
A quatorze ans il commença l'étude du violon-
celle, sous la direction de son grand-père, David
Ronchetti. 11 reçut ensuite pendant trois mois
des leçons de Joseph Gadgi, chanoine de la ca-
thédrale de Cômo. A vingt-six ans il quitta sa
ville natale pour aller remplacer le second vio-
loncelle au grand théâtre de Milan , oii il resta
huit années chez le comte Imbonati, prolecteur
éclairé des artistes. Après la mort du premier
violoncelle, arrivée en 1791, il joua le solo au
grand théâtre. En 1799 il se mit sous la direc-
tion de Minoja pour l'élude de la composition.
Il fit plusieurs quatuors en Italie, et vint en-
suite à Paris, où il se fixa en 1802. L'année sui-
vaide il donna un concert au Théâtre Olympique,
et joua un concerto de violoncelle de sa compo-
siiiiin. De ISO'i à 1809 ila publié : l"Dcux thèmes
250
BARNI — BARON
(l 'airs italiens avec variations pour violon et violon-
celle.— 20 Six duos pour violon et violoncelle
• - 3° Six trios pour violon , alto et violoncelle. —
40 Trois œuvres de quatuors pour deu\ violons,
alto et violoncelle. — 5" Douze ailettes italiennes.
— 6° Six romances françaises. Baini a écrit la
musique d'un opéra qui lut représenté au tliéâ-
tre Feydeau, en 1811 , sous le titre de Edouard,
ou le Frère par supercherie, qui ne réussit
pas. Cet artiste a été pendant plusieurs années
violoncelliste à l'opéra italien.
B A RON (EiîN est-Th éophile), cél èhre luthiste,
naq-.iit à Breslau, le 27 février 1696, et non
en 1G85, comme le dit Lichtenllial. Dès son
enfance, il montra un goût passionné pour la
niusi(iue, particulièrement pour rinstrument au-
fjuel il dut ensuite sa brillante réputation. Un
Holiéuiien , nommé Koliatt, lui donna les pre-
mières leçons de cet instrument en 1710. Il fré-
quentait alors les cours du gymnase de Sainte-
Klisabelh, dans sa ville natale. Plus tard il alla
étudier le droit et la pliilosopliie à l'université
de Leipsick, puis à Halle, à Cd-tlien, Scliaitz ,
Saaifeld et Riidoîstadt. En 1720 il se rendit à
iéna, où il séjourna deux ans. Ce fut là qu'il
commença à se faire connaître par son talent sur
le Inlli. Au commencement de l'année 1722, il
se mit à voyager, alla à Cassel , où il joua devant
le landgrave; puis à Fulde, à Wùrzbourg, à
Nuremberg et à Ratisbonne. Partout il excita l'é-
tonnement et l'admiration. De retour à Nurem-
berg, il y demeura pour y faire imprimer son
Traité du luth, en 1727. Le 12 mai de l'année
suivante il reçut sa nomination de lutliisle de la
cour de Saxe-Golha, enremplacemient deMeiisel,
mort le 27 mars 1727, d'une chute de cheval.
Baron ne jouit des avantages de sa nouvelle po-
sition que pendant cinq années i carie duc de
Saxe-Gotha étant mort en 1732, des réformes
lurent opérées, et l'artiste donna sa démission.
Peu de temps après il fut appelé à Eisenach,
comme membre de la chapelle. Il y resta jus-
qu'en 1737, époque où il se rendit à Berlin. Il
n'alla pas directement dans cette ville, car il
n'y arriva qu'à la (in de l'année, ayant pris sa
route parMersebourg, Cœthen et quelques autres
petites cours où il y avait des chapelles organi-
sées. Arrivé enfin à Berlin, Baron fut présente
au roi, qui l'engagea comme Ihéorbiste. 11 n'avait
point de Ihéorbe; on lui accorda la permission
d'aller à Dresde pour en chercher un qui lui fut
cétié par Wciss, rx)nnu par son talent sur cet
instrument et sur le luth. Ce voyage contribua à
perfectionner le goût de Baron, car non-seule-
menl il eut le plaisir d'entendre Weiss, mais il
touva à Dresde une réunion de lulliistes distin-
gués tels que llofer, qui était alors au service
"de l'électeur de Mayence, Kropfgans et sa sieur
tous deux élèves de Weiss, et Belgratzky, Cir-
cassien de naissance, qui d'abord s'était distingué
comme pandoriste, et qui s'était ensuite livré à
l'élude du luth , sous la direction du même
maître. Ce voyage fut le dernier que lit Baron.
De retour à Berlin il ne s'occupa plus que de
son service à la cour et de ses recherches sur di-
verses parties de son art. Il mourut dans celte
ville le 12 avril 1760.
Ce luthiste célèbre a écrit une grande quantité
de musique pour son instrument; ses principaux
ouvrages en ce genre sont : T Sel partite à
liuto solo. Trois recueils de ces pièces se trou-
vaient en manuscrit chez Breilkopf, à Leipsick,
dans l'année 1761. — 2" Sonate a due liuti. —
S" Six trios pour luth, violon et violoncelle,
premier, deuxième et troisième recueils. Ces
compositions existaient aussi en manuscrit dans
le magasin de Breilkopf, en 1764. Je possède de
lui en manuscrit quatre suites de pièces, un duo
pour luth et llùte, un concerto pour luth, violon
et basse, et deux fantaisies.
C'est principalement comme écrivain sur la
musique que Baron est maintenant connu. Les
ouvrages qu'il a publiés sont : Historisch-thco-
retischund praktische Untersuchung des In-
struments der Lauten, etc. (Recherches histo-
riques, théoriques et pratiques sur le luth, etc.);
Nuremberg, Jean Fred. Riideger, 1727, in-S° de
218 pages. Celivre est undesmeillcursetdes plus
intéressants qu'on ait publiés sur l'histoire et la
pratique des instruments. La première partie
est diviséeen septchapitres oùilcst traité : (cliap.
1 et 2) du nom et de l'origine du luth; (chap.
3) de la différence des instruments qu'on désigne
en général sous le nom de Luth , et de leurs
qualités; (chap. 4) de quelle manière le luth est
parvenu en Italie; (chap. 5) comment le luth a
été porté en Allemagne par les Francs ; (cliap.
6) des maîtres célèbres qui, à dilférentes époques,
se sont distingués parleur talent sur le luth;
(cliap. 7) des célèbres fabricants de luths, et en
quoi consiste la beauté des instruments de cette
espèce. La seconde partie de l'ouvrage de Baron
expose, en six chapitres, la manière de jouer
dululh. — 2° Un supplémentà ce travail a été pu-
blié par l'auteur dans le deuxième volume des
Essais historiques et critiques de Marpurg (pag.
65-83), sous ce titre : Beitrxge zur historisch-
theoretischen und praktischen Untersuchung
der Laute (Essais de recherches historiques,
théoriques et pratiques sur le luth). — 3° Baron a
complété son travail sur cette matière en pu-
bliant, dans le même volume des Essais de Mar-
BARON — BARRA
25 f
purg 'p.ig. 119-123) un petit traité du système de
la notalion du luth et du lliéorbe, intitule : AO-
handlung von dem Noleusijstemder Lauteund
der Tlieorbe. — ko Abriss einer Abhandlung
von der Mélodie (Essai d'une disseilalion sur
la mélodie); Berlin, 175C, 61 pages in-4o : bon
ouvrage sur une matière intéressante. — 5° Zu-
fœllkje Gedanken ueber verschiedene Materien
(Pensées sur divers objets relatifs à la musique),
dans le deuxième volume des Essais de Marpurg
(p. 124-144). IJaron traite dans ce morceau des
qualités naturelles d'un inaître de chapelle et de
ses devoirs. — Go Une traduction allemande de
Y Essai sur le beau de J.-M. André, sou?ce titre :
\ersuch ueber das Sckœne, etc. Altenbourg,
I 17.^7, in-8". — 7" Une traduction dix Discours szir
l'harmonie, de Gresset, intitulée : Von dem
Uralten Adel und dem Atilzen der Musi/i.
Berlin, 1757.
BARONI (Léonoue), cantatrice célèbre, née
à Rlanloue, vers 1610, était fille de la belle
Adriana, qui avait aussi brillé par la beauté de
sa voix dans les premières années du dix-sep-
tième siècle. Maugars ( Voij. ce nom), qui l'enlen-
<lit à Rome en 1639, en parle en ces termes :
" Sa voix est d'une haute étendue,juste, sonore,
« harmonieuse; l'adoucissant et la renforçant
« sans |)eine, et sans faire aucune grimace. Ses
<i élans et ses soupirs ne sont point lascifs, ses
« regards n'ont rien d'impudique, et ses gestes
« sont de la bienséance d'une honnèlo (ille. En
« passant d'un ton à l'autre, elle tait quelquefois
« sentir les divisions des genres chromatiques et
« enharmoniques, avec tant d'adresse et d'agré-
« ment, qu'il n'y a personne qui ne soit ravi à
« cette belle et difficile méthode de chanter. Elle
« n'a pas besoin de mendier l'aide d'un tuorbe ou
« d'une viole, sans l'un desquels son chant se-
« rait imparfait, car elle-même touche les deux
« instruments parfaitement ( Responce faite
« à un curieux sur le sentiment de la vm-
« sique d'Italie, écrite à Rome le I" octo-
« bre 1639. Paris, 1639, in-8"). » Les succès
de Léonore Baroni sur le théâtre eurent tant
d'éclat, que Vincent Costazuti a pu faire un vo-
lume de toutes les pièces de vers publiées à sa
louange; ce recueil, formé de pièces dont quel-
(|ues-unes sont en langue grecque, d'auties en
h.lin, en italien, en français et en espagnol, a
paru sous ce titre : Applausi poetici aile glorie
délia siynora Leonora liaronï ; Rome, 1639,
in-4". Il en a été fait une deuxième édition dans
la même ville, en IGU. Jean-Victoriu Rossi ,
connu sous le nom dtJanus-ISiàas Enjthrxus ,
contemporain de Léonore Baroni, [>arle d'elleavec
<^loge. ainsi que des pièces écrites en son hon-
neur (1). En 1G45 le cardinal Mazarin engagea
Léonore Baroni pour chanter dans les opi^ias de
Cavalli, Serse et Ercole amante, qu'il lit repri'-
senter à Paris pendant la minorité de Louis XIV.
Elle tut ensuite attachée au service du roi pour
les concerts de la cour ; mais la musique ita-
lienne n'étant pas alors goûtée en France, cette
grande cantatrice finit par prendre sa situation
en dégoAt, et retourna en llalie. On ignore l'é-
poque de sa mort.
BARONI (Philippe), né à Ancône, vécut au
commencement du dix-huitième siècle. On a de
sa composition : Psalmodia vespertina octo
vocibus, op. II. Bologne, Silvani, 1710.
DAROi\I-CAVALCABO (Julie), pianiste
et compositeur distinguée, née à Vienne vers
1803, de parents italiens, fut élève de Mozart
fils, et acquit sous sa direction im talent élégant
et solide. Son premier ouvrage parut en 1830;
en 1838, son œuvre douzième fut publié à Vienne,
chez Hasiingcr. Les œuvres 3, 4, ont paru à
Leipsick, chez Breitkopf et Haerlel.Ces ouvrages
consistent en caprices, sonates et fantaisies pour
le piano. G. W. Fink en a fait des analyses dans
la Gazette générale de musique de Leipsick (ann.
1831 et 1838). Les ouvrages de M"^ Baroni-
Cavaloabo sont jusqu'à ce jour au nombre d'en-
viron quarante.
BARONI (...), compositeur dramatique de
l'époque actuelle (IS50), a fait jouer à Milan,
avec quelque succès, un opéra intitulé Ricciarda,
dont lu partition réduite pour le piano a été pu-
bliée <laus cette ville, chez Ricordi.
BAROTIUS (SciPioN), cantor à l'église
Saint-Martin de Cologne, au commencement du
dix-sei>lième siècle, a publié : Sacri concentus
8 voc, suivis d'une Messe et d'un Magnificat.
Cologne, 1622.
BARRA (Hôttinet), musicien français, est
plus connu sous le nom de Holtïnet (jue sous
celui de Barra, qui paraît avoir été tuiliii de s.i
famille. Il vécut sous le règne de François 1*"",
roi de France. On trouve des motets de sa com-
position dans les recueils intitulés : 1" lAber
quintus XII trium priinorum tonorum Ma-
gnificat continet. Parrhisiis apud PetrumAt-
taingnant musicecalcographîwi, etc. 1534, petit
in-4" obi. — 2° Liber septimus XXII II ti ium,
quinque, sex vocum modulos Dominici adven-
'(1) LeKiego, m ttiealro EleonorœBaronae, cantricis cxi-
miae, in qui) oinncs hic Roinie, qiiotquol ingenio et poetica-
facultatis lande prsestaut, caniiinibus tum etruscè tiiiii
latine scriptis, singulari ne prope divino mulieris illiii»
canendi arlificio tanquam faustes quosdam clamorcs et
plaiisiisediint : Icgi uniim I.oclii (Guidiccioni) epigramma
Ita pariim, ita elegans, etc. {Pinacotheca imagimim il
liist.. ri)-., pari. Il, p. 129.)
252
BARRA — RARRE
tus, nativïtalisque ejus, ac Sanclorum co
temporeoccurrent'mmhabet. Parlsïis, in vico
citharea, apud Petrum Attaingnant , in-4".
ROth. (sans date, mais imprimé en 1533 ou 1534,
suivant les dates des autres livres). On y trouve
deux motets à quatre parties, 0 Radix et 0 Rex
gentium, de Hottinet Barra. ' — 3° Libe7' duodcci-
mus XVII mnsicales ad Virginum Chrisli
.pariim salutationes habet. ibid. 1535, in-4o.
On y trouve un Salve Regina de Barra. — 4° Li-
ber tcrtiits, cum quatuor vocibus ( Motccto-
7-um), Impressum Lugduni per Jacobum
Modernum de Pinguento, 1539.
DA.RRE (Léonahd), contrapuntiste du sei-
zième siècle, naquit à Limoges et se rendit en
Italie. Il y devint élève d'Adrien Willaert , ainsi
qu'on le voit |)ar ce titre d'une collection de
madri;;aux : Le dottc et excellente composi-
tioni de Madrigali a cinque voci da diversi
perfeltisshni jmisici Jatte , cioè, di Adriano
Willar, et di Leonarde Barre suo d'tscipulo ,
etc. Apud Hieronymum Scotum, 1540, in-4''
obi. Ses études musicales terminées. Barré, qui
était prôtre, se rendit à Rome, où il entra en
qualité de chantre à la chapelle pontificale, le
13 juillet 1537. tl fut un des ciianlres aposto-
liques que le pape envoya au concile de Trente,
on 1545, pour donner leur avis sur ce qui con-
cernait le chant ecclésiastique et la musique d'é-
glise. Ces cJiantres furent Léonard Barré, Jean
Barré, Jean Le Cont, Jean Mont, Simon Barto-
lini de Pérouse, Pierre Ordenez, Antoine Loyal
et Ivon Barry ; ils se trouvèrent à la première
session du concile, le 13 décembre 1545. Une
maladie épidémique s'étant déclarée à Trente ,
plusieurs chantres apostoliques retournèrent à
Rome précipitamment; mais Barré, Le Cont,
Ordenez , Bartolini et Loyal restèrent à leur
poste, et suivirent le concile à Bologne, en 1547,
quand il (ut transporté dans cette ville. Quel-
cpies motets de Barré qui ont été publiés par
Gardane de Venise, dans son recueil de 1544,
prouvent que ce musicien était fort instruit dans
son art. On trouve aussi quatre madrigaux à
cinq voix de sa composition dans le recueil cilé
précédemment, pages 8, 9, 11 et 21. Plusieurs
messes et des motets de sa composition se con-
servent en manuscrit dans la bibliothèque de la
chapelle pontificale. Le contrapuntiste cilé sous
le nom de Léonard Barre ou Barra par Kiese-
wetter, dans son Mémoire sur les nnisiciens
néerlandais, est le même que Léonard Barré
dont le nom a élé défiguré.
BARRE (Antoine), musicien français, s'é-
tablit à Rome vers 1550, et s'y fit remarquer
comme compositeur. En 1555, il ouvrit v.nç im-
primerie de musique dans celte ville, et y pu-
blia Il primo libro dette muse, a cinque voci,
madrigali di diversi autori. Ce recueil contient
des compositions d'Arkadelt, de Vincent Ruffo ,
de Jacquet de Berchem et d'Antoine Barré lui-
même. 11 paraît qu'un personnage de haut rang,
nommé Onofrio Vigili, lui avait fourni les moyens
d'élever son imprimerie, car il s'exprime ainsi
dans son épître dédicatoirc : Le primitie délie
cose meritamente si spettano a quello ch'è
' dell' origine e principio di dette cose sono ca-
gione... Da taie esempio con fer mato, vengo a
I consacrare le primitie délia mia stampa a
j voi.... Accettate adunque conlieto volto questi
I nuovijrutti di variati gusti, perché le mie
j fortune dianzi cran nulla, etc. Dans la môme
1 année 1555 un second recueil fut publié par l'im-
primerie d'Antoine Barré, sous ce titre : Primo
libro ilelte Muse a 4 voci , madrigali ariosi
di Antonio Barré, e altri diversi autori. Les
noms des auteurs soûl Antoine Barré, Alexan-
dre Ruffo, Vincent Ruffo , Jean-Dominique de
Nola,Lerma, Lupaccbino, Vincent Ferro, Lam-
berlo il Caldarino, Jules Fiesco, Paul Aniinuc-
cia et Ghislain Dankerts. Parmi des millierb-
d'œuvres de musique imprimés dans le seizième
siècle, l'abbé Baini dit {Mem. stor. crit. délia
vita e délie opère di Gio-Pierl. de Palestrina,
t. II, p. 202, n" 581) (ju'il n'a pas trouvé un seul
cahier qui porlât le nom de Barré, postérieure-
ment à 1555; mais M. Gaspari,de Bologne, m'a
signalé deux publications laites par Antoine Barré
postérieurement à cette date, à savoir : Seconda
libro délie muse a quattro voci. Madrigali
ariosi di diversi eccellentissimi autori con due
canzoni di Giannetto di nuovo raccolti et dati
in luce. In Romse appresso Antonio Barre,
1558; et Madrigali a quattro voci di Fran-
cesco Menta novamente da lui composti et
dati in luce : In Roma per Antonio Barre,
1500. D'autre part, j'ai trouve la partie d'alto
d'un œuvre intitulé: Il primo libro de Madri-
gali a quattro voci di Olivier Brassart- In
Roma, per Antonio Barre, 1564, in-4o. On
trouve à la Bibliothèque impériale de Paris un
recueil qui démontre que Barré avait quitté Rome
et s'était établi imprimeur de musique à Milan.
Ce recueil a pour litre : Liber primus Musa-
rum cum quatuor vocibus seii sacrx can-
tiones, quasvulgo motetta appellant. Milan,
A. Barré, 1588, in- 4°. Cette collection contient
29 morceaux de Palestrina, d'Orlamîo Lassus, de
Clément Non-papa, de Cypricn Rore, deLerma,
de Maillart, d'Adrien Willaert, de Paul Animuc-
cia, d'Annibal Zoilo, de Lupi et d'Horace Vccchi.
BARRE (Chaules Heniu delv), clavccinisle
BARRE — B/VRRINGTOIN
25}
(le la reine, (épouse de Louis XIV, occupait celte
place eu 10C9. On a de ce nuisicieu un recueil
intitulé: Anciens airs a chanter à deux parties ,
avec les deuxièmes couplets en diviiniitions ;
Paris, Ballard, 1(589, in-4° obi.
BARRE (L'abbé DE LA), organiste de la
chapelle de Louis XTV, mort en 1078, était
considéré à la cour comme un compositeur ha-
bile. Il a écrit plusieurs morceaux de musique
<réglise que le roi aimait à entendre, mais qui
n'ont pas été publiés. L'abbé de La Barre était
seul organiste du roi ; après sa mort, sa place
fut divisée en quatre, pour les organistes Tome-
lin, Le Bègue, Buterne et Nivers, qui étaient de
service alternativement pendant un trimestre.
BARRE (Michel de la) , compositeur et
flûtiste célèbre de son temps, naquit à Paris vers
1C80, et mourut dans la même ville en 1744. Il
était fils d'un marchand de bois. En 1700 il
donna à l'Opéra Le Triomphe des arts, et en
1705 La Vénitienne. On a aussi de lui : 1° Trois
livres de trios pour la flûte, imprimés à Paris,
in-4°. — 2° Treize suites de pièces à deux flûtes,
idem, in-4° oblong. — 3° Sonates pour la llùle
avec basse, œuvre 4. — 4"Recueilsd'airsà boire,
à deux parties, 1 vol. in-4° obi.
BARRE (La). Voyez- Labarre.
B A RRET(Apollon-Mauie-Rose), hautboïste
distingué, est né en 1804, dans le midi de la
France. Après avoir appris la musique dans son
enfance et s'être livré à l'étude du hautbois, il
perdit ses parents ; cet événement lui fit prendre
la résolution de se rendre à Paris , où il fut ad-
mis comme élève de Vogt dans le Conservatoire,
au printemps de 1823. Ses progrès furent si ra-
pides que, seize mois après, le premier prix de
hautbois lui fut décerné au concours de 1824.
Lorsque Bernard obtint à cette époque le privi-
lège du théâtre de l'Odéon, pour y jouer les tra-
ductions d'opéras allemands et italiens, Barret
entra dans l'excellent orchestre formé à ce théâ-
tre par Crémont, en qualité de premier haut-
bois. La ruine de l'entreprise de l'Odéon dans
l'été de 1827 fit passer cet artiste dans l'orches-
ti e de l'Opéra comique ; mais deux ans après, des
offres avantageuses lui ayant été faites pour oc-
cuper la place de premier hautbois au théâtre du
roi (Opéra italien) à Londres, il alla se fixer dans
«elle ville, où il est encore au moment où cette
notice est écrite (1858). A ses fonctions de pre-
mier hautbois de l'opéra italien, il réunit celles
de membre de l'orchestre de la Société philhar-
monique et de professeur de hautbois à l'Aca-
démie royale de musique, où il a formé de bons
élèves. Barret a publié plusieurs morceaux pour
son instrument, parmi lesquels on remarque :
lo Mélange sur un motif d'Onsiow avec accom-
pagnement de piano, Paris, Braudus. — 2° Air lan-
guedocien variéavecacc. de piano; ihid. — 3" Di-
vers morceaux gravés à Londres. Sa i)roduc-
tion la plus importante est une méthode pour le
hautbois qui a pour titre : A complet Mel/iod
for the Oboe, comprising ail tlie new fingc-
rings, neio tables of sha/ces, scales, exercises,
etc.; Londres, Jullien et Cie (s. d.)gr. in-4°. Cet
ouvrage est le meilleur et le plus complet qui
ait été fait sur le hautbois; il est terminé par
40 i)ièces progressives , 4 sonates , et quinze
grandes études.
BARRETT (Jean ) , maître des enfants de
chœur de l'hôpital du Christ, à Londres, et or-
ganiste de l'église de S. Rlary-al-Hill, vers
1710, fut élève du D. Blow. Plusieurs de ses
chansons ont été insérées dans la collection
intitulée ; Pills ta purge melancholy. On con-
naît de lui Pair agréable Janlhe the lovely, qui
a été introduit dans l'opéra du Mendiant (Beggarj.
BARRIÈRE (....), violoncelliste français,
a joui d'une brillante réputation à Paris , vers
1740. Il avait déjà publié deux livres de sonates
pour le violoncelle lorsqu'il partit pour l'Italie,
en 1736 , dans le dessein d'y entendre Francis-
celloet de perfectionner son talent par des leçons
de ce grand maître. De retour à Paris , en 1739,
il fit graver son troisième œuvre de sonates où
l'on remarqua les progrès que son goût avait
faits. Son quatrième (fuvre renferme des solos
pour le violoncelle; le cinquième est composé de
sonates pour le par-dessus de viole, et le sixième,
de conceris pour le clavecin.
BARRIERE (Étienne-Beunaud-Joseph), né
à Valenciennes au mois d'octobre 1749, se rendit
à Paris à l'Age de douze ans, où ili)rit des leçons
de violon «le Pagin , élève de Tartini, et eut pour
maître décomposition, Philidor. Après s'être fait
entendre au Concert spirituel, il lut l'un des vio-
linistcs solo de ce concert et de celui des Ama-
teurs. En 1801 il joua une symphonie concer-
tante avec Lafont à un concert de la Salle Olym-
pique. Il a composé plusieurs œuvres de quatuors,
de symphonies, de trios, de duos, de concertos,
qui ont été gravés à Paris.
BARR!i\'GT01\ (Daines), né à Londres
en 1727, fit ses études à l'université d'Oxford
et au coih'ge du Temple. Ajirès avoir fait un cours
de droit, il devint greffier à Bri.stol. Au mois de
mai 1751 il fut nommé maréchal de la ciiambre
haute de l'amirauté, et successivement secrétaire
des alfaires de l'hôpital de Greenvvich , juge des
comtés de Mcrioncth, de Carnavon , d'Angle.sey,
second juge de Chester, et enfin commissaire des
munitions à Gibraltar. 11 est uiort le 1 1 mars
2S4
BARRINGTON — BARSOTTI
1800, Agé de soixante-treize ans , membre de
j)liisieur.s sociélés savantes et président de celle
<les Antiquaires de Londres. Parmi les pièces qu'il
a fait paraître dans les Transactions pliilosopliiques,
on trouve (t. LX, p. 54) une lettre sur Mozart, sous
ce titre : Account of a very remarkable young
musician (Notice sur un jeune musicien très-re-
marquable). Il a inséré aussi un petit ouvrage inti-
tulé: Expériences stir le chant des oiseaux, dans
ses MsceZ^a/î(^e5, publiés à Londres en 1781, in-4''.
Knlin, on a de Darrinston quelques notes sur deux
instruments en usage dans le pays de Galles
(Le Crowth et le Pib-Corn ) , lesquelles sont in-
sérées dans le 3'"* volume de L'Archéologie ( I ),
sous ce titre : Sorne Account of two Musical
instruments used inWales , avec une planclie.
Ces notes ont été lues à la Société des Antiquaires
de Londres, le 3 mai 1770. Bien que trop som-
maires, elles ont de l'intérêt, parce que Daines
Banington avait habité le pays de Galles et y
avait non-seulement vu, mais entendu jouer ces
deux instruments.
BARUOILHET(Pal'l), chanteur fiançais,
est né à Bayonne le 22 septembre ISIO. Fils d'un
négociant de cette ville, il était destiné au com-
merce et fut envoyé à Paris pour y faire des étu-
des spéciales et relatives à son étal futur ; mais un
goiU passionné pour la musique le poussa à re-
noncer à la carrière qu'on voulait lui faire suivre
et à entrer au Conservatoire comme élève de
chant. L'époque de son admission dans cette école
est 1828. Il était ûgé de dix-hnit ans. L'au-
teur de cette notice leçnt alors plusieurs lettres
ilu père de Barroilhef, lequel voyait avec chagrin
Il résolution que celui-ci avait prise. « Je ne
« crois pas, disait-il , qu'il y ait en mon (ils l'or-
- panisation d'tm artiste distingué, et je ne me
« consolerais pas de le voir musicien médiocre.
« Si vous le croyez , au contraire, destiné à se
« faire un nom honorable dans votre art, je ne
« m'opposerai pas à ce qu'il suive son penchant. »
Les réponses étaient rassurantes, bien que les
progrès de l'élève ne répondissent pas exacte-
ment à ce qu'on en avait attendu. Après deux
années d'études sous la direction de Banderali , au
concours de chant de 1830 aucune distinction ne
fut décernée à Barroilliet qui, ne pouvant espérer
d'admission à l'Opéra, se décida à aller tenter la
fortune sur les théâtres de l'Italie. Arrivé à Milan,
il y prit des leçons de Panizza; puis il fit ses
débuts sur des théâtres de troisième ordre. A|)rès
y avoir acquis de l'habitude et de l'assurance, il
(1) .érchxologiu or miscellaneous Tracts relating to
antiguity. Piiblished by the Society of Àntiquarics nf
iMtldon, ium. III, p. 30-3:i; Lontlri'.s, niS, 111-4"=.
chanla à Gènes, Vérone, Brescia, Bergame,
Tricste, Turin, et (ut engagea Palerme, en 1835.
Les succès qu'il y obtint le tirent appeler à
Rome, l'année suivante. Ce fut alors qu'il prit
position parmi les artistes les plus distingués,
par le talent dont il fit preuve dans VAssedio di
Calais, que Donizetti écrivit pour lui , et plus
encore dans le Roberto Devereux et dans leCo-
lombo du même maître. Une maladie de larynx ,
qui lui survint à la fin de 1837, l'éloigna momen-
tanément de la scène. Il se rendit alors à >ai)ies
et y trouva Nourrit, peu de temps avant sa fin
tragique. Après ce triste événement, Barroilliet
s'éloigna de l'Italie, et vint à Paris, où il fut engag(!
pour l'Opéra. Donizetti, qui n'avait pas perdu
le souvenir de ses succès de Rome, écrivit pour
lui le rôle de bariton de la Favorite, par lequel
Barroilliet conquit la faveurdu public. Guillaume
Tell, Lusignan, dans la Heine de Chypre, et
Charles 17, mirent le sceau à sa réputation de
chanteur dramatiiiue. Ce fut au milieu de ses
triomphes qu'il quitta l'Opéra en 1847, parcequ'il
ne put s'arranger avec l'administration de ce
spectacle pour le chiffre de ses appointements.
Depuis lors, Barroilliet ne s'est plus fait entendre
que dans des concerts, et sur les théâtres des
départements.
BARSANTI (l^R.\Kçois), né à Lucques vers
1 090, étudia d'abord à l'uni versité de Padoiie ; mais
il ne tarda point à abandonner ses éludes littéraires
pour se livrer à celle de la musique. En 1714 il
se rendit à Londres, et entra à l'Opéra counne
(lùtiste. Pendant sou séjour en cette ville, il pu-
blia : 1° Six solos pour flûte avec accompagne-
ment de basse, r"" livre; 2o Six solos idem,
2" livre; 3" Six sonates pour deuxviolonset basse
tirées des solos de Geminiani. Après plusieurs
années de résidence à Londres, Barsanti accepta
une place lucralive qui lui fut offerte enÉcos.se.
Il profita de son séjour dans ce jiays pour ras-
sembler une grande quantité de chansons popu-
laires auxquelles il fit des basses. Vers 1750 , il
retourna à Londres. Le mauvais état de ses af-
faires l'obligea à solliciter une place d^alto dans
l'orchestre de l'Opéra et dans celui du Vauxhall ,
quoiqu'il filtdéjà fort âgé. Vers le même temps il
publia Douze Concertos pour violon, et Six ,4»-
/jp«ne5dans le style de Palestrina ; mais ces ou-
vrages ne lui ofliirenlque de faibles ressources,
et, vers la fin de sa vie, il tomba dans une mi-
sère profonde. Onignoreen quelleannécil mourut.
BARSOTTI ( TuoMAs -Gaspaud - Fortuné ) ,
né à Florence le 4 septembre 1786, fut appelé en
1809 par la reine d'Étrurie, infante d'Espagne,
alors à Compiègne, pour remiilir aujuès d'elle
et de ses curants les fonctions de professeur de
BARSOTTI — BARTII
2.".->
piano et <le chant. Cette princesse ayant t^té relé-
guée à Rome par Napoléon, M. Barsotli s'étaidit
à Nice, où il fnt nommé organiste et maître <le
chapelle de la cathédrale. En 1815, il se rendit à
Marseille, et cinq ans après il y fonda une école
de cliant pour les femmes, et un enseignement
de musique au collège royal. En 1821, il proposa
au maire de la ville de Marseille l'établissement
d'une école gratuite de musique ; son projet fut
goùlé; l'école fut fondée; et il en fut nommé di-
recteur. Dans ces fonctions, il a montré autant
d'intelligence que de dévouement. M. Barsotti est
auteur des ouvrages suivants qu'il a publiés :
1° Voir des Tyroliens, varié pour le piano, avec
accompagnement de violon et basse. — 2° Air
varié en /(7, avec accompagnement de violon et
basse. — 3" Di tantipalpitï, varié pour le piano.
— 4° Les Folies (V Espagne, ynr'xé&s. — 5" Six
nocturnes à deux voix. — 6° Domine salvum fac
regem, à trois voix et chœur, avec orchesire. —
7° Méthode de viusiqneh l'usage de l'école gra-
truite de Marseille; Marseille , 1828 Plusieurs
compositions du môme artiste, parmi lesquelles
est une messe à trois voix avec chœurs et or-
chestre, sont encore inédites.
BARTA (JosEi'u), compositeur, né en Bo-
hême , vers 1744 , fut d'abord organiste à l'église
de Saint-Paulin à Prague, et établit ensuite sa
résidence à Vienne , où il écrivit pour le théâtre.
11 est mort dans cette ville en 1803. Ses opéras
les plus connus sont : 1" Da ist nicht gut zti ra-
then (Il estdangereux de conseiller ici), opérette,
1780. — 2° llmercatodi 3Ialmanlile,op. butta,
"Vienne, 1784. — 3^ Der adelic/ie Tagelœ/iner (le
Journalier noble), opérette, ibid., 1793. — 4» Die
donnernde Légion (La Légion d'éclaireurs), opé-
rette en 2 actes. On a aussi de lui six quatuors
pour 2 violons, alto et basse, op. 1 et 6 ; quatre
concertos de clavecin; 6 diielti a due soprani.
BARTALI (Antoine), maître de chapelle
de l'empereur, à Vienne, vers 1680, passait pour
l'tm des plus iiabiles compositeurs de son temps.
Il a publié des trios pour divers instruments sous
<e titre : Thésaurus musicus tritim instrumen-
/onwi, Dillingue, 1671,in-fol. et des sympho-
nies à 3 et à 4 parties, sous ce titre : Prothimia
stiavissima sonatarum siiavïssimarum qux
nanc prima ediiionein Ger mania prodienoit,
cum tribus et quatuor instrumentis redactse,
1G72, in-40 obi., sans nom de lieu.
BARTEI (Jérôme), en latin Barthœus, moine
augustin, né à Arezzo, fut général de son ordre à
Rome, au commencement du dix-seplième .siècle.
Il a fait imprimer les ouvrages suivants : lo Ues-
ponsor. Sanctxfer. 5, 0 et Sabb. major. Heb-
dum. 4 parib. l'oc. .Venise, 1 007, in-4".— 2" Misse
I (id Otto voi'i con basso continuo; Rome, ICOH. —
3" Il primo libro de riccrcaria duevoci. — 4" H
seconda libro degli concerti a due voci , ce-
comodati per suonare con qualsïvoglïa siro-
vicnto, con la parte continua per Voryaiio;
Rome, 1618.
B ARTEL ( Fkançois - Conrao ) ; Voyez
BARIL.
BARTH(HEiNRi))™3îtrc de musique de l'église
Saint-Bavon, à Gand, depuis 1763 jus(|u'à 1780, a
publié de sa com()osition : Six motets a grand
chœur et six diiettes (sic) pour deux basses ,
avec deux violons et orgue, dédiés axi prince
Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-
Bas ; in-fol. (sans date et sans nom de lieu).
BARTII (ChrétienSamijkl), né àGlaucha,
dans le comté lie Schœnburg, en 1735, fut l'un
des plus grands virtuoses de son temps sur le
hautbois. 11 reçut des leçons du célèbre Joait-
Sébaslien Bach, au gymnase de Saint-Thomas, à
Leipsidi. Au sortir de cette école, en 1753, il
entra au service de la petite cour de Rudolstadl,
qu'il quitta, en 1762, pour une place de niiisie.ic.i
de la chambre du duc de Weimar. Eu 1708,
il s'attacha au prince de Mecklembourg, et enfin,
en 1772, il fut admis à la chapelledu Landgrave
de HesseCassel, avec un traitement de huit cents
rixdalers (environ mille écus de France);
mais à l'avénemeut du dernier landgrave (eu
1780), les théâtres français et italien ayant été
congédiés, Barth passa à la chapelle du roi de
Danemarck aux mêmes conditions. On liù doit
plusieurs concertos de hautbois fort brillants
pour le temps où ils ont été écrits. Les trois pre-
miers ont été publiés à Copenhague, le quatrième
à Olfenbach, chez André, le cinquième (œuvre
12) à Leipsick, chez Breilkopf et Haertel. Au
nombre de ses autres compositions, on remar-
q'je : 1° Rondeau suisse , pour hautbois , avec
orchestre, œuvre 10; Jbid. —2" Divertissement
pour hautbois, deux violons, viole et basse, œuvre
% ; Ib. — 3° Pot-pourri pour liautbois et piano,
œuvre 9, Offeubach , André. — 4° Sonates pour
piano et hautbois, Hanovre, Kruschwitz.— 5° Six
éco.ssaises pour piano, Copenhague, Lose. — 6°
Grande symphonie pour instruments à vent, Of-
feubach, André. — 7° Ouverture pour wchestre,
œuvre 18, Ibid. Barth est mort à Copenhague le
8 juillet 1809, avec le titre de musicien pen-
sionnaire de la chambre du roi.
BARTH ( F. -Philippe- Charles- Antoine ) ,
fds du précédent, né à Cassel, en 1773, succéda à
son père dans la place de liautboïste de la cha-
pelle royale à Copenhague. 11 s'est livré aussi à
la composition, et s'est fait connaître par deux
recueils, l'un de chansons danoise.s, l'autre do
RAPvÏH - BARTIÎÉLEMON
chansons allemandes, publiés à Copenhague, et
par un concerto pour flûte, publié àLe^psick,chPz
Breitkopfet Haerlel. Parnii sesonvra<;es inédits,
on compte plusieurs concertos pour hautbois,
d'autres pour flûte, et une symphonie concer-
tante pour deux cors. Le roi de Danemark a
nommé Barth directeur de sa musique d'har-
monie. On a exécuté à Copenhague deux ouver-
tures de sa composition en 1S29.
BARTII ( ), neveu et élève de Charles
Stamilz, né en 1774, joua à la cour de Turin, à
l'ilge de huit ans, des concertos de violon et fit
naître l'admiration des amateurs, parla hardiesse
et le lin! de son jeu ; mais plus tard il ne réalisa
pas les espérances qu'il avait données. A près avoir
été un prodii^e dans son enfance, il ne fut qu'im
artiste médiocre dans la force de l'âge. 11 a p.'.d)lié
à Rotterdam, en 1795, des pots-pourris pour
deux violons, n"s 1,2 et 3; un pot-pourri pour
violon seul, et un pot-pourri vo">' piano et vio-
lon. On croit qu'il est mort vers 1798.
BARTII (Gustave), fils d'un ténor de la
ciiapclle impériale, est né à Vienne vers 1818. 11
y est directeur de la société de chant des chœurs
d'hommes, depuis 1848. On a publié de sa com-
position des Lïeder à voix seule, des quatuors
et des chœurs pour voix d'hommes. En 1843 il
a fait exécuter à Vienne une messe de sa com-
position qui a obtenu l'approbation des connais-
seurs.
BARTHEL (Jean-Chrétien), organiste de
la cour à Altenbourg, naquit àPlaueu le 19 avril
1776. Une réunion de circonstances heureuses
favorisa le développement de ses dispositions
pour la musique. Son père, qui aimait beaucoup
cet art, lui fit prendre à l'âge de cinq ans des
leçons de piano du célèbre organiste Rœsler.
Deux années après il lui donna un maître de
violon. Les progrès de l'enfant furent si rapides,
qu'il excita l'admiration de Mozart, à l'âge de
douze ans, dans un concerto de piano qu'il exé-
cuta ciifcz le cantor Doles, à Leipsick. Peu de
temps après, il entra à l'école de Saint-Thomas
de celte ville, et sous la direction de Hiller et
de l'organiste Goerner il acquit un talent re-
marquable sur le violon et sur l'orgue. 11 n'olait
âgé que de quatorze ans, lorsqu'on lui offrit une
place d'organiste; à seize ans, il fut nommé direc-
teur des concerts de la cour de Scliœnebourg,
sur la recommandation de Hiller. Quelque temps
après, Barthel retourna à Leipsick pour conti-
nuer ses études; mais deux ans s'étaient à peine
écoulés quand il fut nommé directeur de musi-
que à Greitz. Ce fut dans celte ville qu'il com-
mença à donner des preuves de son talent par
ses compositions pour l'église et pour les con-
certs. Il se fit aussi admirer par son exécution
savante sur l'orgue. Après avoir passé plusieurs
années à Greitz, il cntrepiit, d'a|)rès les conseils
de son ami Brand, un voyage musical en Alle-
magne. Dans les grandes villes où il se lit enten-
dre, il donna une si haute idée de son talent,
qu'on lui offrit la place d'organiste de la cour à
Altenbourg, devenue vacante par la mort du cé-
lèbre Krebs, élève de Jean Sébastien iiach. Il
prit possession de cette place en 1806, et ne l'a
point quittée depuis lors. Darthel a beaucoup
écrit pour l'église : on cite particulièrement une
suite de cent quatre psaumes à quatre voix, une
cantate pour le jour de Pâques, et une grande
quantité de pièces d'orgue; mais aucune de ces
productions n'a vu le jour. On n'a |)tiblié de sa
composition qu'un recueil de dix-huit dau.-es pour
le piano, sous le titre de Flore vmsicale (Musi-
kalische Flora) , et douze valses |)our le mémiï
instrument, Leipsick, Kollmanu. Ijartliel est mort
le 10 juin I83i.
BARTUÉLEMOIV (F.-Hipi'olvtiO, com-
positeur et violoniste, ajipelé par les Anglais Bnrl-
leman, est né à Bordeaux en i73l. En i7g6 il
alla à Londres où il lit représenter son opéra de
Pclopïdas, qui eut un si grand succès, que Gar-
lick alla trouver l'auteur sur-le-cliamp et lui
proposa de travailler pour son théâtie ; mais,
craignant qu'il ne pût composer sur des [larolts
anglaises, il prit nue phui'.e el se mit à écrire
des vers pour un air, afin que Barthélemon s'y
exerçât. Celui-ci regardait par-dessus l'épaule
de Garrick, et écrivait en même temps la mu-
sique de l'air. Le grand acteur s'étant levé, re-
mit le papier à Barthélemon, en lui disant :
Tenez, monsieur, voici mes paroles; à quoi
le musicien répondit : Tenez, monsieur, voilà
ma musique. Une telle facilité causa l'admira-
tion de Garrick, qui proposa à Barthélemon de
composer la musique de la farce intitulée : A
peep bchind the curtain ( le jour |)asse à
travers les rideaux), tl qui promit de faire sa
fortune; mais, loin détenir sa j)arole , il reh;s,i
même de lui payer la somme dont ils étaient con-
venus, quoique la pièce eût eu 108 représenta-
tions. En 1768, Barthélemon fit un voyagea Paris
et y donna , le 28 décembre, la pastorale in-
titulée Le Fleuve Scamandre , dont les paroles
étaient de Renout. Puis il retourna à Londres.
En 1770, Barthélemon devint chef d'orchestre
du Wauxhall. Pendant les quatre années sui-
vantes, il lit représenter le Jugement de Paris ;
la Ceinture enchantée, et (en 1774) the Muid
of the Oaks (La fille des Chênes) ; mais, dé-
goûté par les tracasseries que lui faisaient éprou-
ver les directeurs de spectacles, il prit le parti
BARTHÉLEMON — BARTHOLIN
257
(Je voyasor en Allemagne et en Italie, où son
talent comme violoniste lui procura des succès.
La reine de Naples, à qui son jeu avait plu, lui
donna une lettre pour sa sœur, Marie-Antoi-
nette ; il eut l'honneur de la remettre lui-même
à Versailles; mais il nere-ta pas longtemps en
France. Un engagement avantageux lui fut offert
pour Dublin, et il s'y rendit en 1784 avec sa
lemme, cantatrice fort habile qu'il avait épousée
en Italie.ll est mort à Londres en 1808. Outre
ses opéras, il a publié : 1° Concerti a violino
principale, Londres. — 2" Six duos pour deux
violons , œuvre huitième , ibid. — 3° Six qua-
tuors pour deux violons, alto et basse. — 4°
Petites leçons pour le piano., ibid. —5° Pré-
ludes potcr Vorgue, op. 11, ibid. — 6" Trois le-
çons pour le piano, dans le style des plus
grands maîtres, ibid. — 7" Une leçon dans le
style de Slerkel, ibid.; 1800. — 8° Duos pour
deux violons, ibid.; 1800.
BAllTîîELEMY ( Jean- Jacques ) , abbé,
grand trésorier de Saint Martin de Tours, secré-
taire général des Suisses et Grisons, etc., naquit
à Cassis, prèsAubagne, le 20 janvier 1716. Après
avoir fait de brillantes études, dans lesquelles il
apprit presque en môme temps le latin, le grec,
riiébreu , le syriaque , le chaldécn, l'arabe, les
mathématiques, l'astronomie, etc. , il se rendit à
Paris en 1744, où il se livra à l'étude de la nu-
mismatique par les conseils de Gros de Boze,
alors garde du cabinet des médailles. En 1747,
Barthélémy fut nommé à l'Académie des ins-
criptions , en remplacement de Duretle , mort
dans la même année. Nommé successivement
membre de la société royale de Londres et de
celles des Antiquaires de la même ville, il par-
vint en 1753 à la place de garde du cabinet des
antiques, vacante par la mort de Boze. Ayant
fait un voyage en Italie pour des recherches re-
latives à sa place, il (it à Rome la connaissance
du duc de Choiseul , alors ambassadeur de
l^rance, qui conçut pour lui l'amitié la plus vive,
et qui, parvenu au ministère, s'occupa constam-
ment du soin de sa fortune. L'Académie fran-
çaise le reçut dans son sein en 1789; mais la
fortune qui, jusqu'alors, lui avait été favorable,
l'accabla bientôt de revers. Privé de vingt-cinq
mille livres de rentes par la révolution, il lut
réduit au plus étroit nécessaire, et mourut ac-
cablé d'infirmités leSOavril 1795, âgé de soixante
dix-neuf ans. Il a publié : Entretiens sur
l'état de la musique grecque vers le milieu
du quatrième siècle de l'ère vulgaire , Paris
1777, in 8°. Cet opuscule, écrit avec élégance,
et contenant des notions assez exactes sur la
musique grecque à l'époque que l'auteur a choi-
BIOGU. UMV. DES Ml'SlCIKNS. — T. 1.
sie, est extrait de son grand ouvrage intitulé :
Voyage du Jeune Anacliarsis en Grèce, et y a
été refondu dans toutes les éditions qu'on a faites
de ce livre. Sur la foi d'une mauvaise compila-
tion intitulée Bibliographie musicale de la
France, Licbtenfhal a attribué à Barthélémy un
livre qui a pour titre La Cantatrice grammai-
rienne, etc. ; jamais le savant académicien n'a
songé à une production de cette espèce. (Voyez
l'article suivant.)
BARTHELEMY (L'abbé Louis), né à Gre-
noble, vers 1750, quitta de bonne heure sa ville
natale et se fixa à Paris. On a de lui quelques
ouvrages médiocres , au nombre desquels se
trouve celid qui a pour titre : La cantatric£
grammairienne, ou l'art d'apprendre Vortho
graphe française sans le secours d''aucun
maître, par le moyen des chansons. Genève
et Lyon, 1787, in-s».
BARTHELEMY (Pierre), liftérateur, né
à Boulogne-sur-mei-, est connu par plusieurs ou-
vrages au nombre desquels on remarque : Le
Rideau levé, ou conspiration flagrante contre
l'Opéra. Boulogne, Grisel jeune, 1829, in-8°, de
10 pages.
B.ARTHEZ (Paul-Joseph), célèbre physio-
logiste, professeur honoraire de la faculté de mé-
decine de Montpellier, médecin consultant de
Napoléon Bonaparte, membre do la Légion d'hon-
neur et associé de l'Institut, naquit à Montpellier
le 11 décembre 1734. il fit ses études à Narbonne,
où résidait son père, ingénieur du Languedoc,
puis à Toulouse, et fut reçu en 175.3 docteur en
médecine à la faculté de Monl|)ellier. Il mourut
à Paris, d'une fièvre maligne, le 13 octobre 1806.
On ne parlera point ici de ses travaux sur la mé-
decine, qui n'ont aucun rapport avec l'objet de ce
dictionnaire, mais d'un ouvrage posthume publié
par les soins de M. Barthez de Marmorières,son
frère, intitulé : Traité du beau; Paris, 1807,
in-8''. On y trouve un chapitre très-curieux inti-
tulé -. Nouvelles recherches sur la déclamation
théâtrale des anciens Grecs et Romains. Voy.
le Magas, encyclopédique, sixième année, t. V,
p. 209.
BARTHOLDY (Salomon), d'une famille
israëlite de Berlin, a publié dans la Gazette mu-
sicale de cette ville (an 1805, n° 5) un article
intitulé : Veber den Volksgesang der Sicilianer
( Sur le chant populaire des Siciliens).
BARTHOLIN (Gaspard), «ils de Thomas
Barlholin, médecin du roi de Danemark, naquit
à Copenhague, en 1654, et mourut vers 1705. Il
fut aussi docteur en médecine et professeur d'a-
natomie. On a de lui beaucoup d'ouvrages au
nombie desquels se trouve un traité De Tibiis
17
*268
BARTUOLIN — BARTLETT
Veterum, etearum usa, libri très; Rome, 1C77,
in-S", lig. Ce livre, queraiifenr composa à l'âge
de vingt-deux ans, est rempli d'érudition, mais en-
tièrement dépourvu de critique, et à pou près inu-
tile pour l'histoire de l'art. Il y en a une seconde
édition, Amsterdam, Wetstein, 1679,in-12; Grœ-
vius l'a aussi inséré dans le tome 6 de son The-
saur.antiq, roman., p. 1157.
BARTHOLIN ( Jean-Frédkric ), professeur
de mathématiques et assesseur du consistoire, à
Copenhague, naquit dans cette ville le 27 no-
vembre 1665. Après avoir fini ses études, il
voyagea en Hollande , en Angleterre , en France
et eu Italie. De retour dans sa patrie , il prit pos-
session des places dont il est parlé ci-dessus, et
se livra à des travaux littéraires. Il mourut le 30
mai 1708. Parmi les ouvrages de sa composition
qui ont été imprimés après sa mort, on remar-
que : Dïssertaiio de Saule per musicam ctirato.
Copenhague, 1745.
BARTHOLLXI (Oriondo), ou plutôt Bar-
tolini, compositeur né à Sienne, vers la lin du
seizième siècle, est indiqué, par le catalogue de
l'astorff (Munich, 1653), comme auteur des
ouvrages suivants : 1° Messe concertate a 5-9
roci. — 20 Motetti a 1, 2, Z-8vocl,con basso con-
timio. — 3° Canzonette ed arie alla rnmana , a
3 voci, tous imprimés à Venise. On trouve quelques
motets de Bartholini dans les collections publiées
h Anvers, chez Phalèse.
BARTHOLOM^US DE GLAIVT-
VILLE, descendait de la famille des comtes de
Suffolk, et fut moine franciscain. 11 écrivit,
vers 1-366, un traité De proprietatibus rerum,
qui fut traduit en français par un moine nommé
Jean Corbichon , dans l'année 1372, et en anglais
])ar Jean Trevisa, vicaire de la paroisse d( Ber-
keley, en 1398. Hawkins s'est trompé lorsqu'il a
dit ( History of tfie science and practice of
Mtisic, t. II, p. 123) qu'il parait que l'original
a été publié à Harlem , en 1485. Le livre imprimé
dans cette ville, en 1485, par Jacques Dellaert,
est une traduction hollandaise. La pins ancienne
édition connue du texte latin de Bartholomé, avec
une date certaine, est celle qui a été imprimée
en 1480 (in-fol. gothique), par Nicolas Pisloris
àe Bensheym (ou plutôt Bensheim, ville du duché
de Hesse-Darmstadt) et Marc Reinhardt, de
Strasbourg , sans nom de ville (I). Dans ce livre
de la propriété des choses, Bartholomé traite
d'une manière assez étendue delà trompette, de
la llûte, du chalumeau, de la sambuquc, de la
(1) On pcutconsulter le Manutldu lÀhraire. deAî. Bru-
net , pour les diverses (éditions du texte original , et des
traductions (iomc2 de la troisième édition, p.ngcslOO et 101,
cl tome 2 dii supplément du môme ouvrjgc, p. 93 et 04).
symphonie, des timbales, de la cithare, du
psaltérion , de la lyre, des cymbales, du sistre
et des cloches. Hawkins a ccnsulté cet ouvrage
pour son histoire de la musique , et a cité de
longs passages de l'ancienne traduction anglaise
(t. M, p. 279 à 288).
BARTHOLOM^US ( Jean-Chrétien ),
littérateur qui vivait vers la fin du dix-septième
siècle , a publié une dissertation qui a pour titre :
Surdus de sono judkans. léna, 1690, in-4''.
D'après une note que je trouve dans les papiers
de Perne, il paraît qu'il s'agit dans cet ouvrage
d'une expérience renouvelée de nos jours pour
rendre sensibles 'aux sourds les vibrations des
sons par le moyen d'un conducteur métallique
appuyé sur la poitrine.
BARTHOLOMEI ( Le comte ), de la famille
des comtes Gallici, com[)ositeur italien, vécut vers
le milieu du seizième siècle. On a de lui une col-
lection de motets qui a pour litre : Motetta
quinque vocibus suavissime sonantia. Venetia,
app. Ant. Gardane, 1547, in-4o obi.
BARTHOLOMEI (Ange-Michel). Voyez
BAKTOLOMJ.
BARTL (FRANçois-CoNRAn), docteur en phi-
losophie, et professeur de mathématiques trans-
cendantes au Lycée normal d'Olmiitz, naquit le .14
juin 1750 à Weyperth , en Bohême. Après avoir
enseigné à Vienne, à Prague et à Briinn , il se fixa
définitivement à Olmiitz en 1800. Il y mourut
le 28 octobre 1813. Auteur de plusieurs ouvrages
estimés concernant les mathématiques pures et
appliquées, il cultivait aussi la nnisi(iue avec suc-
cès et passait pour un virtuose sur l'harmonica.
Il publia d'abord une notice sur cet instrument,
sous ce titre : Nachrichtvon der Harmonica,
Prague, 1796, brochure in-8°. Plus tard il s'oc-
cupa du perfectionnement de cet instrument, et
y ajouta un clavier avec un système de leviers à
frottement qui faisaient l'office des doigts. Bartl a
donné la description de son invention dans un
écrit intitulé : Abhandlnng von der Tasten-
Harmonika (Dissertation sur l'Harmonica à cla-
vier). Brunn , Leop. Haller, 1798 , gr. in-4o de
75 pages avec 5 planches.
BARTLEMAN (Jean), chanteur célèbre en
Angleterre, était doué d'une très-belle voix de
basse. Il fut élève du D. Cooke et enfant de chœur
à l'abbaye de Westminster. Ce fut aux anciens
concerts d'Hannover-square qu'il fit sa réputation.
Postérieurement, il devint copropriétaire et Tuii
des directeurs de cet établissement. H est mort
en 1820.
BARTLETT (Jean), musicien anglais qui
vivait au commencement du dix-septièiuc siècle,
a publié un recueil de sa composition intitulé : A
BARTLETT — BARTOLUS
S.^O
JJoofi of ai/res tvifh a triplicitie of musicke,
v'hereot llie first part isjor (lie Iule or orpha-
xion, and the viole da gamba and 4 paris to
sing. The second is for trebles lo sing to the
lute and viole. The third part is for the Itite
andvoyce, and the viole da gamba(Li\re d'airs
avec un triple arrangement de musique, savoir :
la première partie pour le lutli ou orpliarion,
la basse de viole, et quatre parties de chant;
ia seconde, pour des voix de dessus, le luth
et la viole; la troisième, pour le luth, les
voix et la basse de viole); Londres, 1606, in-
fol.
BARTOLI (Jean-Baptiste), compositeur ita-
lien du seizième siècle. Le catalogue de la Biblio-
thèque musicale du roi de Portugal indique sous
ce nom : Madrigali a cinque voci, llb. 1; mais
sans date ni nom de lieu.
BAUTOU (Danie-l), savant jésuite, né à
Ferrare en 1608, mort à Rome le 13 janvier 1C85,
a pubiii' un livre très-curieux intitulé : Del
suono de' tremori armonici e delV udito,
trattati IV; Rome, 1679, in-4o. La seconde édi-
tion est de Bologne , 1 680 , in-4°, et la troisième
de Rome, 1681, in-4°. Il y examine les effets
du son dans l'air et dans l'eau. Le chapitre 7 du
second traité, qui traite des salles parlantes, est
fort intéressant; il y décrit les salles de Manloue
et de Capraroia, qui excitent rétonnement de
toutes les personnes qui visitent ces lieux. La
dissertation de Bartoli, dont on trouve un long
détail dans la Littérature musicale de l^orkel et
dans la Bii'liograpliie de la musique de Lichten-
tlial, est insérée dans le troisième volume des
œuvres de cet auteur.
BARTOLI ( Le P. Erasmo), né àGaëte, dans
le royaume de Naples, en 1600, était connu dans
i:etle ville sous le nom du P. Raimo , nom qui ,
ilans la terre de Labour, est la traduction vulgaire
ii'Erasmo. Bartoli était prêtre séculier depuis
l)lusde trente ans, lorsqu'il entra dans la congré-
gation de l'Oratoire, à Napies , où il passa le reste
de sa vie dans les exercices de piété et dans la
culture de la musique. Il mourut de la peste, le 14
juillet 1636, à l'âge de cinquante ans. Les produc-
tions musicales de cet ecclésiastique, qui se con-
servent chez les F/Z/p;3inJ(oratoriens), à Naples,
sont celles-ci : 1" Plusieurs motets à 4 voix. —
2" D'autres motets à 4 chœurs. — 3o Des psaumes
à 8 voix. — 4" Des cantates spirituelles. — 5° une
messe à 10 voix. G» Deux inesses pastorales pour
la fête de Noël. — 7° Les répons de la semaine
sainte. — 8° Deux messes et deux vêpres com-
plètes pour des fêtes solennelles. — Oo Plusieurs
motets à 8 voix en deux chceurs. - lOo Des ré-
pons pour les principales fêles de l'année.
BARTOLIlM (BvuTuoi.oMÉ), l'un des plus
grands chanteurs du conuuenccment du dix hui-
tième siècle, naquit à I aénza , vers 1685. Il lut
élève de Pistocchi et de Bernacchi. L'époque la
plus brillante de sa vie fut depuis 1720 jus-
qu'à 1730. H était alors au service de l'électeur de
Bavière.
BARTOLINI (Vincfjnt), habile sopraniste,
brilla au théâtre de Cassel en 1792.
BARTOLOCCJ (Jules), religieux de l'ordre
de Saint-Bernard , et professeur de langue hé-
braïque au collège delà Sapienza à Rome, naquit,
en 1613, à Célano dans l'Abruzze. Après avoir élé
attaché à la bibliothèque du Vatican , en qualité
d'orientaliste, il devint abbé de son ordre et
mourut d'apoplexie, le l"" novembre 1687. Dans
sa Bibliothèque Rabbinique , Rome, 1675, 4
vol. in folio, on trouve : 1» De Psalmorum
libro, Psalrnis etmusicis instrumentis, part ii,
p. 184. — 2o De Hcbrœorum 7niisica,brevis dis-
sertai., part. IV, p. 427. Ces deux dissertations
ont été insérées dans le Thesaur. anliquilat. sa
crarum d'Ugolini, t. XXXII, p. 457 et Miiv. On
trouve aussi dans le même volume, p. 679, E.x-
cerpta ex bibliotheca Rabbinica Julii Barlho-
locci de voce Sela. 11 y a peu d'utilité à tirer de
tout cela.
B.'VBTOLOAÎEl (Antoine), dit Maurice,
premier violon et directeur de l'orchestre de la
ville e! du théâtre de Parme, naquit on cette ville
en 1760. Il commença ses études très-jeune, à
Turin, dans l'école de Pugnani, et les termina
à Parrae, sous la direction de iilorigi. Les Ita-
liens lui accordent beaucoup de talent. On con-
naît de lui des solos pour son instrument, qui
sont restés en manuscrit. Il vivait encore en 1815.
BARTOLOMI ( A^GE■MIC^EL ), théorbiste
italien, se fixa à Paris vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, ainsi qu'on le voit par l'avertissement
d'un ouvrage qu'il a publié sous ce titre : Table
pour apprendre à toucher parfaitement le
théorbe. Paris, Ballard, 1669, in-4°ûbl. Barlo-
lomi fut attaché au service du prince de Condé
vers 1660.
BARTOLOMEO (Baptiste), voyez Batista
De Viei.mis.
BARTOLOMIO (Bmîbarino), compositeur,
né à Fabriano, dans l'État de rii4;lise, fut sur-
nommé Ji Pesarino, vraisemhlabiement à cause
d'un séjour prolongé dans la ville de Pesuro. Il fut
éditeur de deux recueils de madii;'aux de divers
auteurs, parmi lesquels on en trouve plusieurs
de sa composition. Ces recueils ont pour litres :
Il primo et il .seconda libro de' madrigali di
dirersi nutori; Veneha, Amndori, 1607, in-i".
BAUTOLUS (ABRAUAM),lll•^g'^^f"■ à Allen-
17.
BARTOLUS - BARYPHONUS
260
honig, né à Bentcn m Misnie, est auteur d'un
ouvrage intitulé : Musica mathematica dos ist
das Fundament der Allerliebstein Kunst der
Musica (La musique mathématique qui est le
fondement du tout-aimable art de la musique).
Altenbourg, 1608, in-4° obi. de 174 p. Le titre
indiqué par Forkel et par Lichtenlhal : Bes-
chreibung der Instruvients Magadis oder Mo-
7Wchords ( Description du Magadis ou Mono-
chorde) n'est que celui d'un second frontispice
ajouté à l'ouvrage avec la date de 1614.
BARTSCH (François-Xavier), claveciniste
à l'orchestre du théâtre national, à Vienne, vers
1797, a mis en musique les opéras dont voici
les titres : i" Victor und Heloise (Victor et
Héloise). — 2° 2)05 Hexengericht (Le jugement
du Sorcier).
BARUCH (N.), pianiste établi à Vienne, s'est
fait connaître par les productions dont les titres
suivent : 1° Variations et polonaise (en ré) sur
un <Aènie oHi^inaZ. Vienne, Diabelli.— 2" Valses
brillantes pour le piano, œuvre 2^ ; Vienne,
Cappi. — zo Introduction et variations sur la
■polonaisefavorite d'Ogïnski, œuvre 3"; Vienne,
Mechetti. — 4" Variations sur un air favori de La
Famille Suisse , op. 4 ; Vienne, Diabelli. — 5°
Rondo Scherzando, op. 5 ; Vienne, Mechetti. —
Go Variations et Polonaise, en ré ; Vienne, Dia-
belli. — 70 Heures du soir, douze fantaisies
mignonnes, op. 8 ; Milan, Ricordi.
BARUZZI (M.), professeur de musique à
Milan, a publié quelques compositions pour di-
vers instruments, parmi lesquelles on remarque :
10 Variations pour la flûte sur Deh ! cari,venite,
avec deux violons, alto et basse, Milan, Ri-
cordi.— 2oDivertimento péril piano-forte ad
usodi grand valz; ibid.— 3° Fantasia con va-
riazioni sopra la cavatina del Crociato. Op.
8 ibid. —4° La Tyrolienne de Guillaume Tell,
variée ; ibid. — 5" Introduction et variations
sur le chœur 0 Figli d'Eroi, de La Donna del
Lago, op. 17; ibid.
BARYPHONUS (Henri), dont le nom al-
lemand était Grobstimm (1), naquit à Werni-
gorod, vers 1584, et fut musicien de ville à Qued-
linbourg : on n'a point d'autres renseignements
.sur ce savant , qui a publié plusieurs ouvrages
relatifs à la musique. Ces ouvrages sont : 1° plé-
iades musicae qusein certas sectiones distri-
hutx prxcipuas queestiones mustcas discu-
• Grobstimm, en allemand, signifie grosse voix. Suivant
les idées pédantesques de son temps. Baryphonus ne man-
qua pas de traduire son nom en grec ■. ^apùcpwvo:; de
Papû;, prave, et de çwv^n, '«>•», avec une terminaison la-
tine.
tiunt, et omnia qux ad theoriam périment,
etc.; Halberstadt, 1615, in-80 de 86 pages. La
deuxième édition de ce livre a paru à Leipsick,
en 1630, avec des augmentations, Lipenius {Bi-
blioth. philos., p. 975) indique une édition qui
aurait été publiée à Copenhague, en ICI 5; je
pense que cette édition est supposée. Les pléia-
des de musique de Baryphonus sont sept di-
visions, dont chacune renferme sept questions sur
sept objets, tels que sept dissonances, sept con-
sonnances, etc. On comprend que ces nombres
sont arbitraires et que l'auteur lésa établis pour
justifier le titre qu'il avait choisi. On peut voir,
dans le Lexique de Walther.dans la Littérature
musicale de Forkel, et dans la Bibliographie de
la mîisique, par Lichtenthal, le sommaire de tout
l'ouvrage. — 2° Jsagoge musica , Magdebourg,
1609. Forkel, copié par Lichtenthal, présume
que ce livre, cité par Lipenius, est le même que
celui qui est indiqué par Draudius dans sa Bi-
bliothèque classique (p. 1609) sous ce titre :
Ars canendi, aphorismis succinctis descripta
et notis philosophicis, mathematicis,physicis
et historicis illustrata, Leipsick, 1630, in-4o :
en sorte que celui-ci n'en serait que la deuxième
édition. Baryphonus avait composé beaucoup
d'autres ouvrages dont la publication aurait pu
être utile à cause du choix de leurs sujets, mais
qui malheureusement paraissent avoir été perdus,
Prœtorius en a donné le catalogue tel qu'il est
ici, dans son Syntagma musicum{i. 111, p. 227):
1» Exercitationes harmonies, quibus omnia
tam ad theoriam quam ad praxin musicam
necessariaperaphorismos, iheoremata et pro-
blemata nervose et dilucide expediuntur ; -l"
Diatribe de musica Artusia, ex tabulis Joan.
Mariée Artusii collecta, latine reddita, exem-
plis illustrata et publici juris, in usum et
gratiamGermanicorum italicam lingnam non
callentium facta. Cette traduction latine du
traité du contrepoint en tableaux de Jean Artusi
est le moins regrettable de tous les travaux de
Baryphonus, parce que nous avons l'original.—
30 Dissertatio de modis musicis e veterum et
recentiorum tam Grsecorum quam Latinorum
etitalorum monumentis excerpta, ctinlucem
édita in gratiam philologorum et musices
amantium. Cet ouvrage aurait pu être d'u'i
grand intérêt s'il eût été exécuté suivant le plan
indiqué au titre.— 4" isagoge musico-theorica,
exfundamentomaihematicocoram ratione et
sensu judicium proportione et monochordo
exercentibus producto in gratiam Pétri Con-
radi çlXo!xoû(Tou. Peut-être cet ouvrage est-d
celui qui a été publié à Magdebourg en 160!).-
^r,Logistïca musiea,ïn quaususproporlionvm
BARYPUONUS — BASE VI
261
in nddendis, subir ahendis, copulandis, com-
parandis,a;quiparandïs intervallis synoplice
oboculos ponitur 6" Isagoge musica Eiicli-
dis, cum notis. Praclorius ne dit pas si cette tra-
duction latine du traité de musique attribué à
Euclideétait la version publiéeà Venise, en 1497,
par George Valla, ou si c'était celle du jésuite
Possevin, ou enfin si Baryphonus en avait fait
une nouvelle.' — l°Arithmologia harmonica, in
qua az-Kiozic, tam numerorum harmonicorum
prïmorum et radicalmm, quam inter se coin-
positorum et secundariorum et tetrariorum
tabellares in constituendis intervallis s'impli-
cibus, compositis, prohibitis, diminulis et su-
per/luis oboculos ponuntur. — ^oConsonan-
tiarum progressiones, quse ad quosvis animi
affcctus expi'imendas accomodatœ, etc. — 9°
Progijîunasma melopoeticum in jiaiôsîav et
■Kponaiûdm iribututu. — 10° Catatogus musico-
rum tam priscorum quam recentium. — Ilo
Uistoria veterum instrumentorum musico-
rum e sacris lïtteris, grsecis et latinis monu-
mentis, atque philosophorum , philologorum,
musiccn'um et historicorum scriptis collecta,
et publici juris facta. — 12° Exercitationes
IV de musica vocali; de musica instrumen-
tali;de musica invcntoribus ; de musica usu.
— 13" Monochordi in diatonico, chromatico
et enharmonico génère descriptio. — 14° Spi-
cilegiuvi miisïcum, in quo qusestiones musi-
corutn prsecipux per theoremata et proble-
vuita succincte et nervose discutiuntur.
UASADONNA (Jeain), ténor très-distingué
de la bonne école, a été un des derniers dian-
leurs dramatiques qui conservèrent les traditions
de l'ancien art du chant en Italie, il naquit à
Naples en 180G,y (it de bonnes études musicales
dès son enfance, puis devint élève de Nozzari
pour le chant. Le début de sa carrière théâtrale
se fit à Venise, en 1828, età Vérone dans la même
armée; mais il ne se (il remarquer qu'à Naples,
en 1830. 11 y chanta de nouveau en 1832 et
1833, fut engagé à Modène et à Vienne en 1834 ;
à Gènes, au carnaval de la même année, puis à
Lucques, Milan, Palerme, Rome, où déjà il avait
chanté en 1833; à Trieste, àTurin, Padoue, Ve-
nise, et partout obtint des applaudissements mé-
rites. Pendant les années 1838 à 1844, il se |)ar-
tagea entre Naples et Vienne, où les amateurs
de la plus haute distinction le recherchaient
comme professeur de chant. Je le trouvai à Na-
ples en 1841 : il chantait alors au théâtre Saint-
Gharles, et luttait par son talent contre une ma-
ladie dont sa voix était attaquée. Il se persuadait
que le mai ne serait que passager et qu'il re-
trouverait bientôt ses succès d'auirefois. J'es-
sayai de le détromper, et lui proposai de renon -
cer au théâtre pour accepter la place de profes-
seur de chant au conservatoire de Bruxelles,
avec un traitement de 6,000 francs ; mais je ne
pus triompher de ses illusions. En 1845 \\ accepta
un engagement pour un théâtre italien qu'on es-
sayait d'organiser dans la capitale de la Belgi-
que : il y chanta Otello; mais il n'était plus
I que l'ombre de lui-même. Il comprit alors
I que tout était fini pour lui dans la carrière du
théâtre : il vint me voir, et me demanda de réa-
liser les propositions que je lui avais faites à
Naples; mais la place que je lui avais offerte
n'était plus vacante alors : j'eus le regret de ne
pouvoir accepter ses services. Il retourna à
Vienne, et s'y fixa en qualité de professeur de
chant; mais trois ans après, la révolution dont
l'Autriche fut le théâtre et les événements qui
agitèrent la population de Vienne déterminèrent
Basadonna à s'éloigner de cette ville.- Des i>ro-
positions lui furent faites pour Rio- Janeiro;
l'inquiétude que lui donnait la situation de l'Eu-
rope à cette époque le décida à les accepter. Sa
nouvelle situation lui parut d'abord agréable;
mais, atteint de la fièvre jaune, il succomba aux
suites de cette affreuse maladie, dans le mois
de juin 1850. Basadonna n'était pas seulement un
chanteur de grand mérite; il avait de l'esprit, de
l'instruction, et sa conversation avait beaucoup
d'agrément.
BASANIER (Martin), mathématicien et
musicien, qui vivait à Paris vers la fin du sei-
zième siècle, a fait imprimer un livre inlitidé :
Plusieurs beaux secrets touchant la théorie
et pratique de la musique. Paris, 1584. Cet
ouvrage est de la plus grande rareté.
BASCH (Sigismond), professeur de philoso-
phie, né à Juliusbourg, dans la Silésie, le 3 sep-
tembre 1700, mourut le 2 avril 1771. Il fut succes-
sivement co-inspecteur à Christianstadt, en 1730,
archidiacre , membre du consistoire , premier
prédicateur de la cour et surintendant général à
Hildburghausen, en 1732, puis occupa les
mêmes places à Weimar, en 1756, et y joignit
les fonctions d'inspecteur du gymnase. On a de
lui un livre de chorals et la préface du livre in-
titulé : Von der Sprache des Herzens im Sin-
gen (Le langage du cœur dans le chant), im-
pritTié en 1754.
BASEGGIO (LoRENzo), né à Venise, a
composé la musique de Equivoci del caso, Ve-
nise, 1712; et Laomedonte, Venise, 1715.
BASEVI (A.), docteur en médecine à Flo-
rence; écrivain philosophe et amateur de mu-
sique, est auteur de deux opéras, dont le pre-
mier, Romilda ed Azzelino, fut joué sans suc-
262
BASEVI — BASILI
ces au llioùtre Alfieri, le 11 août 1840; l'aufre,
Eiirico Odoardo, fut représenté au théâtre de
la Pergola, dans l'été de 1847, et eut trois re-
présentations. M. Basevi a fondé à Florence un
journal de musique intitulé l'Armonia, dont il
est le rédacteur principal. Appréciateur impartial
des ouvrages du compo'-ileur Verdi, il a publié un
livre où sont exposées ses opinions et ses idées
à ce sujet, sous le titre de Studio sulle opère di
Giusepi>e Verdi; Florence, 1859, l vol. in-12.
BASILI (D.-Francesco), né à Pérouse, vers
le milieu du dix-septième siècle, fut maître de
cliapelle de l'église neuve de cette ville. En 1796,
il écrivit pour l'académie des Vnissoninn drame
qui fut exécuté sous le titre de Santa CeciUa
Vergine, et peu de temps après un oratorio in-
titulé : / Martiri.
BASILI ou BASILY(D. -André), composi-
teur de l'école romaine, fut maitrede cliapelle de
l'église dcLorette, vers le milieu du dix-huitième
siècle, etmouruten 1775. lia beaucoup écrit pour
l'église. Je possède huit messes à quatre voix de ce
maître, en manuscrit, et deux à huit voix. Dans
la bibliothèque musicale de l'abbé Santini, à
Rome, on trouve des motets à trois, quatre et
cinq voix de Basili, un Salve Reyina, en deux
canons doubles; deux Clmstiisfaclus est, à qua-
tre ; un Miserere à huit, et un autre à douze.
Ce maître a fait graver sur cuivre un ouvrage
composé pour ses élèves, sous ce titre : 3Iusica
nniversale armonico-pratica ; Venise, Alessan-
di i, in-fol. (s. d.). Cet ouvrage consiste en vingt-
quatre exercices majeurs et mineurs pour le cla-
vecin. Chaque exercice est composé d'une basse
cliiifrée pour l'accompagnement, d'une fugue et
d'une sonate. Les basses ( partimentï) et les
fugues ont du niérife, quoiqu'on y remarque de
la sécheresse ; mais les sonates sont de pauvres
compositions dépourvues d'idées. J'ai attribué
par erreur, dans la première édition de cette
Biographie, à André Basily le Miserere à 8 voix
avec un verset à seize publié chez Breitkopf et
Haertel, à Leipsick, et chez Ricordi, à Milan :
celte œuvre appartient à son (ils (Voyez la no-
tice suivante).
BASILI (François), ou Basily, fils du pré-
cédent, est né à Lorette, au mois de février 17G6.
Ayant perdu son père à l'âge de neuf ans, il fut
conduit à Rome, et se livra à des études de mu-
siquequ'il termina sous la direction de Jannaconi,
savant compositeur de l'école romaine. Jeune
encore, il obtint une place de maître de chapelle
à Foligno : ce fut alors qu'il commença à éarire
pour le thi'âtre. Son prenn'er ouvrage en ce genre
fut la cantate ù'Ariuna e Teseo. Il n'était âgé
([ue de vingt-deux ans lorsqu'il donna à Milan,
eu 178S,ia Bella incognita, qui plut beaucoup
aux liahitants de cette ville. Cet ouvrage lut
suivi de La Locaridiera, farce qu'on représenta
avec succès à Rome; puis Basily écrivit pour
Florence les ojiéras <\'Achille neW assedio di
Troja, représenté au théâtre de la Pergola, dans
le carnaval de 1798, et de il lUiorno d'Uli/sse
au même lhëàtre,dans l'auiomne de 1799. A
Venise, il fit représenter Anligona, qui fut bien
accueillie. Quelque temps après, il quitta FolLgno
pour la place de maître de chapelle de Mace-
rata. C'est vers ce temps qu'il écrivit pour le
théâtre S. Mosè de Venise l'opéra bouffe inti-
tulé Conviene adatiarsi, dont le succès fut
brillant, et VUnionevial pcnsata, (iirce qui lut
moins heureuse au théâtre San Benedetlo. Lo
Stravagantc e il Dissipatore , écrit pour les
deux bouffes célèbres Rafanelii et Bassi, et re-
présenté au i)rintemps de 1802, n'eut pas le suc-
cès que semblait promettre le talent de ces
deux artistes et le mérite du compositeur.
Quelque temps après, Basily se maria avec une
dame riche de iMacerata, dont il eut un (ils et
cinq fdles. Sa nouvelle fortune lui fit quitter la
profession de la musique, et cet art ne fut plus
pour lui qu'un délassement. Des chagrins do-
mestiques l'ayant ensuite obligé de se séparer de
sa femme, il dut rentrer dans sa première car-
rière, et la |)lace de maître de chapelle de la
SantaCasa, de Lorette, qu'avait occupée son
père, étant devenue vacante, il l'accepta. Son re-
tour à la musique fut signalé par deux opéras,
rira d'' Achille, écrit pour la Malanotte et re-
présenté au carnaval de 1817, et VOrfuna cgi-
ziana, qui furent applaudis avec chaleur à Ve-
nise. Isaura e Ricciardo, qui fut joué à Rome
peu de temps après, n'obtint que trois représen-
tations. Appelé à Milan dans l'année 1818, Basily
y lit représenter, le 27 janvier, un opéra dont le
poëme était de Romani, et qui avait pour titre :
gV Ilienesi. Le 21 août suivant il donna aussi
au théâtre de la Scala, il Califfoela Schiava,
poésie du même auteur. Enfin, dans lecarêmede
1824, Basily donna au lliéâtre Saint-Charles, àNa-
ples, l'oratorio dramatique // Sansone, dont les
rôles principaux étaient écrits pour Nozzari et La-
blache. Basily a écrit aussi beaucoup d'œuvres
de musique d'église, parmi lesquels on remarque
une messe de Requiem, avec orchestie, qui a
été exécutée dans l'église des Douze-Apôtres, à
Rome, pour les obsèques de Jannaconi, le 23
mars 18IG. En 1827, Basily a été nommé cen-
seur du conservatoire inqiérial de musique de
Milan. Après avoir occupe cette place pendant
dix ans, il fut appelé à Rome par le rhapitie de
Saint-Pierre du Vatican, pour succéder a iioja-
BASILI
263
vanli, en qnalilé de maître de cliapelle de cette
éf^lise. Il prit possession de cet emploi au mois
d'août 1837, et l'occupa jusqu'à sa mort, qui ar-
riva le 25 mars 18bO, à Và\2,e de quatre-vingt-
trois ans. Au mois d'août 1841, j'avais vu, cet
artiste remarquable à Rome, et avais éprouvé
un sentiment pénible de l'isolement où il vivait
dans un âge avancé, découragé (ju'il était de ne
pouvoir faire la restauration de la bonne musi-
que d'église, en l'absence de moyens (rexéculion
suffisants. Ce qu'il me dit alors de l'ignorance
des musiciens de cette chapelle était quelque
chose d'inouï pour moi ; elle était telle, que, di-
sait-il, il ne pouvait leur faire entreprendre l'é-
tude de ses propres ouvrages, et qu'il était oblii;é
de leur faire chanter les choses qu'ils avaient
dans la mémoire. L'abbé Santini, qui m'accom-
pagnait dans la première visite que je fis à Basily,
confirma ces faits par son témoignage. Si les
musiciens de la chapelle de Saint- Pierre du Va-
tican n'étaient pas arrivés à ce degré d'inhabileté,
ce grand artiste, bien <)u'âgé de soixante-quatorze
ans alors, aurait été capable encore d'y faire re-
naître les beaux jours de l'art; car, malgré la
goutte qui paralysait en partie ses doigts, il vou-
lut improviser pour moi sur un vieux piano placé
dans sa chambre, et je fus frappé de la jeunesse
de ses idées, de son excellent sentiment d'har-
monie, et du feu qu'il mettait dans son exécu-
tion. Lorsque je le quittai, il me dit qu'il voulait
écrire une symphonie qu'il désirait que je fisse
exécuter par l'orchestre du conservatoire de
Bruxelles. Quelques mois après, je reçus en effet
le manuscrit original de cette (Kuvre, que je
conserve précieusement : L'ouvrage, dans le style
de Haydn, fut répété plusieurs fois, et produisit
un très-bon effet. On a gravé quelques-unes de
ses compositions parmi lesquelles on remarque :
lo Une fugue pour le piano; Milan, Ricordi. —
2" Une sonate pour le même instrument, ibid.
3° Deux fugues, idem, ibid. — 4o Ave Maria a
tre voci e piano forte, Leipsick, Breitkopf et
Haertel. — 5° Kyrie a quattro brève, coW ac-
comp. di piano, ib. — C^ OJfertoire à quatre
voix et orgue, ibid. — 7° Miserere ad otto voci
concerlati cou repieni ed un versetto a sedici
renli; Milan, Ricordi, Leipsick, Breitkopf et
Haertel.— 8° Confitebor... SalmoCX a quattro
voci cou grande orchestra ; Milan, Ricordi.
— i)° Invitatoria del Mattulino per la Nali-
vità di N. S., a quattro voci concertate oolP
organo; ibid. — 10° Responsori del mattutlno
per la Natività di N. S. a A voci colV organo;
ibid. — 11° Magnificat, a otto voci con l'or-
gano; ibid. — IS» La Salutazione angelica,
ossla l'Ave Maria, a quattvo voci colV or-
gano; ibid. — 13" Motelto ossia offertorio,
/irr rnrc di luis'so con nrcnmp. d''organo ; ibid.
— 14o Aurca luce, inno ad otto voci coW or-
gano; ibid. — 15° Quatre fugues à quatre mains
pour le piano; ibid. — 16° Thème et variations
pour le piano ; ibid. — 17<» Ouverture de l'opéra
gli Illinesi ; idem , ibid. — 18° Idem de Plîa
d'' Achille; idem , ibid. — 19" Idem de Sansone,
idem, ibid. — 20° Première Symphonie à grand
orchestre, dédiée à Rossini; ibid. — 21° Sol-
fèges pour basse, composés pour les élèves du
conservatoire de Milan; en trois livres; ibid. —
22° Quelques airs et duos des opéras Antigone,
il Califfoela Schiava, gV Illenesi, lo Strava-
gante ed il Dissipatore, et Sansone; ibid. Les
œuvres de musique d'église laissés en manus-
crit par Basily, et dont les originaux ont été
trouvés chez lui après sa mort, sont en nombre
immense; en voici l'indication abrégée : Mes-
ses. t° Kyrie et Gloria brefs (en 50/ mineur)
à quatre voix et orgue. — 2° Idem concertés à
quatre voix et orgue (en si bémol), divisés en dix
morceaux. — 3° idem à quatre voix concertés et
orgue (en 50^ mineur), divisée en onze morceaux.
— 40 idein en pastorale à quatre voix et orgue
(en fa mineur), divisés en dix morceaux. —
5° idem à quatre voix et orgue ou orchestre
(en ut mineur), divisés en douze morceaux. —
6° Idem à quatre voix et orgue (en ré mineur),
divisés en douze morceaux. — 1° Kyrie, Gloria,
Credo, Sanctus et Agnus Dei, à quatre voix et
orgue (en ut). — 80 Kyrie et Gloria à quatre
voix et orgue (en ré mineur), divisés en onze
morceaux. — 9° Kyrie et Gloria à huit voix,
orgue et grand orchestre (en mi bémol), divisés
en neuf morceaux. — 10« Kyrie et Gloriahrck,
avec le Ciedo, le Sanctus et l' Agnus Dei à qua-
tre voix et orgue (en ré majeur), en un seul
morceau chacun. — 11° Kyrie et Gloria solen-
nels à quatre voix et orgue (en sol), divisés en
dix morceaux. — 12o Idein à quatre voix et
orgue (enré mineur), divisés en dix morceaux.
— 13° Idem à huit voix et grand orchestre
mi bémol), divisés en dix morceaux. Très-belle
composition. — 14o Kyrie, Gloria, Credo, Sanc-
tus et Agnus Dei à trois voix (deux ténors et
basse) avec orgue «rf libitum (en la mineur). —
16" Kyrie et Gloria brefs à quatre voix et orgue
(en sol), en un seul morceau. — 16° Kyrie et
Gloria à huit voix, en deux chœurs, orgue et or-
chestre (en mi mineur), divisés en dix morceaux.
— 17° Kyrie et Gloria à quatre voix et orgue
(en ré mineur), divisés en dix morceaux. —
18° Kl/rie et Gloria à quatre voix et orgue (en mi
bémol) divisés en douze morceaux. — l!)o Idem
à quatre voix concertées et otcheslrc (en sol).
2G4
BASILI
— 20» Grande messe 3e Requiem à quatre voix
et grand orchestre (en fa mineur). Très-bel ou-
vrage.— 210 Messe de Requiem pour des cou-
vents de religieuses, à treis voix (deux soprani
et contralto) avec orgue (en la mineur). — Gra-
DDELS : Six graduels à quatre voix et orgue (en
si bémol, en fa, en ré, en ut , en mi bémol).
— Six graduels pour diverses voix de solo, avec
orgue ou orchestre. — Séquences : 1° Victimae
Paschali à quatre voix concertées et orgue (en
si bémol). — 1° Deux Veni Creator à quatre
voix et orgue ( tous deux en si bémol). — 3° Si
quœris bénéficia à quatre voix et orchestre (en
si bémol). — 4° Si quseris miracula à quatre
voix et orgue (en sol). — 5° Responsario de
saint François de Paule à deux ténors et
basse avec orchestre (en si bémol) . — 6° Tota
Pulchra pour deux soprani et contralto avec
orgue, pour des couvents de religieuses. —
Credo : \° Credo à quatre voix, orgue et or-
chestre (en /a). — 2" Credo à quatre voix, or-
gue et orchestre (en ut). — Offertoires :
1° Soixante offertoires pour différentes voix de
solo et orgue. — 2° Treize idem à quatre voix et
orgue. — 3° Un idem, à cimi voix et orgue. —
4° Deux idem à six voix et orgue. — 5°Deuxi(;fewt
à huit voix et orgue. — Motets : l" Un motet à
huit voix et orgue. — 2" Quatre idem à quatre
voix et orgue. — 3o Deux idem à trois soprani,
contralto , ténor et orgue. — 4o Un idem à deux
soprani, contralto et chœur de voix de femmes
avec orgue. — 5° Un idem à deux soprani et
orgue. — 6» Deux idem pour voix de basse et
(«chestre. — 7» Deux idem pour voix de soprano
et orchestre. — Introït : Deux Introït à quatre
voix et orgue. — Antiennes : 1° Tu es Petrus à
huit voix et orgue. — 2° Tu es Petrus à quatre
voix et orgue. — 3' Magi videntes stellam,
pour voix de basse et orgue. — Vêpres : 1° Do-
mine ad adjuvendum bref (en itt) à quatre
voix , orgue et orchestre. — 2° idem ( en ré )
idem. — 3" idem (en ré mineur ),ïrfem. — Psau-
mes : l" Trois Dixit à quatre voix et orgue
(en la, en si bémol, en sol). — 2° Trois
Diocit à quatre voix , orgue et orchestre (en mi
bémol, en ré et en si bémol). — 3° Un Dixit
à huit voix et orgue. — 4» Grand Conjitebor à
quatre voix de solo , chœur et grand orchestre.
— 50 Confitebor bref à quatre voix, orgue et
instruments. — 6° Deux Beatns Vir à huit voix
et orgue. Beatur Vir pour soprano et chœur
avec orgue. — 7° Trois Laiidate pueri à quatre
voix concertées et orgue (en fa, si bémol et
la). — 8° Laudate pueri à huit voix et
orgue. — 90 Lsetatus sum à quatre voix et
grand orchestre. — 10" Laudate Dominum à
quatre voix, orgue et orchestre. — tl" Landa
Jérusalem bref à quatre voix, orgue et orches-
tre. — 12° Neuf psaumes brefs sur le plain-chant,
et deux Magnificat, idem. — IS" Benedictris
Dominus Deus meus à quatre voix et orgue. —
14° In exitu, en style dramatique pour exécuter
dans des concerts spirituels , à quatre voix de
chœur, solos , récitatifs avec grand orchestre.
— Magnificat : 1" Magnificat bref à qtiatie voix
concertées et orgue. — 2° deux Magnificat à qua-
tre voix, orgue et orchestre ( en si bémol, et en
fa). — 30 Magnificat à huit voix et orgue. —
4° Lauda anima mea Dominum bref, à quatre
voix et orgue. — 5o Les cinq Antiennes de Vêpres
pour l'église Saint-Pierre à voix solo avec chœur
et orgue. — Hymnes: l" Urbs beata Jérusalem
à 4 voix et orgue. — 1° Aurea luce à huit voix et
oigue. — 3° Iste confesser à quatre voix et or-
cliestre. — 4° Jesu Redemptor omnium kquaUe
voix et orgue. — 5° En gratulemur liodie , à
quatre voix et orgue. — C» 0 Ludovice angelice,
pour voix de basse, chœur et orgue. — 1° Deux
Te Deum à quatre voix et orchestre. — 8° Ave
Maris Stella à quatre voix et orgue. — 9° Ave
Maris Stella à quatre voix, orgue et orchestre.
— 10" Sept Tantupi ergo pour différentes voix
solo avec orgue et diverses combinaisons d'ins-
truments.— \\.o Tantum ergo à cinq voix et
orchestre. — 12° Tantum ergo à quatre voix
et orchestre. — Litanies : \° Deux litanies de
la Vierge à quatre voix, orgue et orchestre (en
la majeur et en si mineur). — 2° Litanie inti-
tulée : Salus infirmorum, à cinq voix de solo,
chœur, orgue et orchestre. — 3° Litanie carac-
téristique tirée du thème en usage parmi les
pèlerins qui visitent la Santa Casa de Lorctte,
à huit voix en deux chœurs, l'un de voix d'hom-
mes , l'autre de voix de femmes , avec orgue et
orchestre. — 4» Litanie des saints à quatre voix,
orgue et orchestre. — 5° Litanie à quatre voix
principales , quatre voix dites de voncerto , et
quatre voix di pieno, formant douze parties réel-
les avec orgue. Ouvrage que j'ai vu à Rome, et
dont la facture est admirable. — 6° Litanies brè-
ves à quatre voix et orgue. — Antiennes de l4
Vierge : 1° Onze Salve Regina pour différen-
tes voix de solo, avec orgue ou orchestre. —
2° Sept Ave Regina Cœlorum, pour différentes
voix de solo et orgue. — 3° Alma.Redemptoris
pour ténor solo , chœur et orchestre. — i° Re-
gina Cœli pour basse, chreur, orgue et orches-
tre. — Musique a Capella sans accompagnement :
l'' Oraison de Jérémie (Incipit Oratio) pour
trois soprani, contralto et ténor. — 2° Christus
à quatre voix (en fa). — 3° Christus à cinq
voix soli (en fa). — 4" Miserere à huit avec
BASILI — BASSANI
205
lin verset à seize. C'est celui qui est publié. —
5° Miserere à quatre voix chorales. Ouvrage d'iin
grand effet. — 6° Miserere pour deux soprani
et contralto avec orgue . pour les couvents de
religieuses. Outre tous ces ouvrages, Bas% a
laissi^ beaucoup d'airs d'église séparés, avec or-
gue ou orchestre, trois quatuors pour deux vio-
lons, alto et violoncelle, et trois symphonies à
grand orchestre.
BASILI ou BASILY ( B.vsilio ), fils du pré-
cédent, néà Macerata, en 1 803, a débuté comme té-
nor au théâtre de Ferrare en 1 856, et se fitentendre
sur plusieurs autres scènes dans les années suivan-
tes. Il se rendit ensuite au Brésil, où il chanta
pendant plusieurs années ; puis il se fixa à Ma-
dnd, en qualité de professeur de chant. En 1844,
il y était entrepreneur de l'Opéra italien. Deux
ans après, il fit représenter un opéra de sa compo-
sition, en langue espagnole, sous ce titre : El
Diablo predicator, qui eut quelque suscès.
BASLER (Charles), professeur de musique
àOppenheimsurle Rhin, dans le duché de Darm-
sfadt, n'est connu que par une méthode pratique
pour étudier l'harmonie au moyen d'un tableau
sphérique qui indique la position de tous les tons
et les passages de l'un à l'autre, par la simple suc-
cession de l'accord parfait, de celui de septième et
de ses dérivés; enfin, de l'accord de quinte et sixte.
Des cartons découpés de diverses formes, dont la
base est toujours appuyée sur l'accord parfait du
ton primitif, donnent les solutions des problèmes
de successions. L'ouvrage, qui renferme l'ex-
plication de la méthode, le tableau et les cartons
mobiles, a pour titre : Reisekarle filr das Reicli
der Tône, oder bildliche Darstellung der Ton
verwandtschajten (Carte de voyage pour l'em-
pire des tons, ou tableau figuré de la patenté des
tons). Carlsruhe, Bielefeld , 1S50, in-4° avec le
tableau et les cartons. Une traduction anglaise,
par M. G. French Flowers, organiste de l'église
Saint-Jean, àPaddington,a paru en même temps
que l'ouvrage original, sous ce titre : Pictorical
représentation of the science ofharmony and
ilie relationship of cords. Lomlres, 1850, gr.
in-4' , très-élégamment imprimé et accompagné
du tableau et des cartons découpés.
BASSAIVI (.Jean), ou BASSANO, musicien
au service de la Serenissima Signoria de Venise,
et maître de musique du séminaire de Saint-
Marc, vécut dans la seconde moitié du seizième
siècle et au commencement du dix-septième.
On a imprimé de sa composition -. 1'^ Concerli
ecclesiastici a b, 6, 7, s e 12 voci, libro 1° ; Ve-
nezia,app. Giac. Vincenii, 1598, in-4". — Idem,
libro 2° ; ibid., 1599, in-4°. — loCanzonette a 4
voci; Venezia, 1587, in-4°. Bodenchatz a inséré
un motet à huit voix , de la composition de Bas-
sani , dans ses Florilegii mtisici portensis.
BASSANI (Jean-Baptiste), néà Padoue vers
1657, fut élève du père Castrovillari, cordelier.
Après avoir été maître de chaitelle de l'église ca-
thédrale de Bologne pendant plusieurs années,
ilaccepla, en 1685, la place de maître de chapelle
à Ferrare. Il y fut membre de l'Académie délia
Morte, et mourut dans cette ville en 1716. L'A-
cadémie des Philharmoniques de Bologne l'avait
admis dans son sein en 1677, et il en avait été
prince en 1682. Ses compositions religieuses,
dramatiques et instrumentales lui assurent une
place distinguée parmi les plus habiles mu.siciens
de son temps. Il fut aussi grand violoniste, et eut
pour élève le fameux Conili. Ses ouvrages fu-
rent publiés de IGSO à 1710 ; ils se compo.sent
de six opéras et de trente-un œuvres de musique
religieuse et instrumentale. Voici les titres de ses
opéras: Falaride, tirarino d'Agrigente, h\e-
nise, en 1684; Amorosa preda di Paride, Bo-
logne, 1684 ;/lZi7rico, rerfe' Coi;, Ferrare, 1585 ;
Ginevra, infanta di Scozzia, Ferrare, rc90;
il Conte di Bacheville, Pisfoie, i696; La Morte
delusa, Feriare, 1696. Ses autres ouvrages sont :
— 1° Sonate da caméra, cioè balletti , cor-
renti, gighe e sarabande a violino e violone
ovvero spinetta , con il seconda violino a be-
neplacito, opéra prima; Bologne, 1693. C'est
une réimpression. — 2° Ricercate, passagi e
cadentie; Venise, Gia. Vincenti et Rie. Amadino,
1685,in-fol. — 3" V Armonia délie Sirène, can-
tate amorose musicaliavoce sola, op. 2%- ibid.,
1692 , in-4° oBI. in partit. — 4° Cantate a voce
sola, op. 3" ; Bologne, 1698, in-4'' ohl. — 5" La
Moralità armonica, cantate a due e tre voci,
op. 4"; ib.; 1700 in-4° obi. — 6" Dodici sonate
a due violini e basso , op. h^. Cet ouvrage e,st
excellent; le style en est noble, pathétique, et la
facture élégante et pure. — 7° A/fctti canori,
cantate ed ariette, op. 6"; Bologne, 1697, in-4"
obi. in partit. — 8" Eco armonica délie muse,
cantate amorose a voce sola , op. l'^;ibid.,
1694, in-4° obi. in partit. — 9° Resi armo-
nici in motteti a voci sola con violini, opéra
ottava, in Venezia, Gia. Vincenti, 1691, in-4°.
Des exemplaires de cette édition, dont a on changé
le frontispice, portent l'indication d'Anvers, et
la môme date. C'est ce même ouvrage qui a
été ensuite réimprimé sous ce titre : Metri sacri
armonici in motetti a voce sola con violini.
op. 8"; ib., 1696, in-4°. — 10" Armonici Entu-
siasmï di Davide, ovvero Salmi concertati à
Quattro voci, con violini e suoi ripieni, con
allri salmi a due e tre voci e violini; Venise ,
1695 et lC98,in-4°. — \\" Salmi di compléta
266
BASSANI — BASSI
a tre e quattro voci, con violini e ripieni, op.
10°; ibid., 1691, in-4°. — 12° Concerti sacrï ,
molelti a una, due, ire e quattro voci con vio-
lini e senza, op. 10", Bologne , 1697, in-4°. —
1 3" Motetti a voce sola con violini , op. 1 2° ;
Venise, 1700, in-4°, in partit. — 14° Armonie
festive, o siano motetti sacri a voce sola, con
violini, op. 1-3'*; Bologne, 1696, in^". — Xh" Amo-
rosi sentimenti di cantate a voce sola, op. 14";
A^enise, 1696, in-4° obi. in partit. — 16° Ar-
moniche fantasie di cantate amorose a voce
sola, op. 15^; Ibid., 1694, in-4° in partit. —
17° La Musa armonica, cantate amorose mu-
sicali a voce sola, op. 16"; Bologne, 1695, in-4°
obi. — IS» La Sirena amorosa, cantate a voce
sola con violini, op. 17" ; Venise, 1699, in-4o. —
19° Tre messe concertate a quattro e cinque
voci, con violini e ripieni, op. 18"; Bologne,
1698, in-4°. — 20» Languidezza amorosa, can-
tate a voce sola, op. 19"; ibid., 1698. — 21°
Messa per gli defunti a quattro voci con viole
e ripieni, op. 20",in-4°; ibid., 1698.— 22° Sal-
mi concertati a due, tre, quattro e cinque
voci con violini e ripieni, op. 21", in-4''; ibid.,
1699. — 23° Lagrime armoniche, ossia il Ves-
pero de defunti, a quattro voci, con violini e
ripieni, op. 22" ; Venise, 1699, in-4o. — 24" Le
notti luguhri concertate ne' responsori delV
uffizio de'' morti , a quattro voci con viole e
ripieni, op. 23"; Venise, 1700, in-4o. — 25" Da-
vide armonico cspresso ne' salmi di mezzo ,
concertati a due e tre voci , con violini per
tutto Vanno, op. 24"; Venise, 1700 , in-4°. —
26° Compietori correnti a quattro voci con-
certate, con violini e ripieni a beneplacito.op.
25"; Bologne, 1701, in-4°. — 27° Antifone sacre
a voce sola con violini per tzitto Vanno, e due
Tantumergo, op. 26"; ib., 1701, iH-4°. — 28°
Motetti sacri a voce sola con violini , op. 27" ;
ib., 1701, in-4°. — 29'' Cantate amorose a vo-
ce sola, op. 28", in-4°, obi. in partit.; Bologne,
1 70 1 . — 30° Corona difiori musicali, ossia XXIV
arie a voce sola, con dite violini, op. 29'''; Bo-
logne, 1702. — 31o Cantate amorose a voce
sola con violini, op. 31"; Bologne, 1705. —
32° Misse concertate a quattro voci, violini e
ripieni, con una Messa per i defonti op. 32",
Bologne, Silvani, 1710,in-4°. La bibliotbèqne
impériale de Paris possède quatre messes à quatre
et cinq voix, ainsi que des motets et des anlien-
nes de cet auteur, le tout en manuscrit. On trouve
aussi de Bassani, à la Bibliothèque royale de Ber-
lin , en manuscrit : 1° Messa canonica 4 vo-
cum cum basso continua. — 2° Le motet à qua-
tre voix Jesu salus peccatorum. — ^i" De pro-
fanais à huit voix en deux chœurs. — 4° Le psaume
Beatus vir à quatre voix endeux canons. — 5° Un
recueil de messes à quatre voix concertanles,
quatre voix de r/piewo et six instruments.
BASSANI (Jérôme) , élève de Lotti , chan-
teur distingué , compositeur dramatique et ha-
bile contrapuntiste , naquit à Venise , vers
la fin du dix-septième siècle. Il a composé beau-
coup de messes, de vêpres, de motets, et
quelques opéras , parmi lesquels on remarque il
Bertoldo , représenté à Venise en 17i8, et VA-
mor pcrforza, dans la même ville, en 1721.
Bassani a joui de la réputation d'un très-habile
maître de chant.
BASSENGIUS, ou BASSENGE (Egide),
né à Liège vers le milieu du seizième siècle, fut
maître de chapelle de l'archiduc Mathias (Er-
nest, suivant l'histoire), qui fut élu roi de Polo-
gne en concurrence avec Henri de Valois (plus
tard roi de France sous le nom de Henri III).
On connaît sous le nom de Bassenge l'ouvrage
qui a pour titre : Motectorum quinque , sex ,
octo vocum liber jyrlmus ; Viennœ Austrix,
excudebat Leonhardus Formica, 1591, petit
in-4° obi.
BASSI (M.), secrétaire du prince de Condé ,
membre de la société des Amateurs fondée et
dirigée (lar Gossec, a publié un pamphlet sur
l'opéra italien que Léonard , coiffeur de la reine,
avait essayé d'établir à Versailles, avant que ce
speclacle, qu'on appelait alors les Bouffons,
fût établi à Paris à la foire Saint-Germain. Cette
l)rocliure a pour titre : Lettre adressée à la So-
ciété Olympique, à l'occasion de l'Opéra Bouf-
fon italien établi à Versailles ; Paris, novem-
bre 17S7, 24 pages ( Voy. le Mercure de France,
1787, n° 51).
BASSI (Louis), chanteur distingué, naquit à
Pesaro en 1766. ImIs d'artistes dramatiques, il
accompagna ses parents à Sinigaglia , et y reçut
des leçons de musique et de chant de Pietro Mo-
randi , élève du P. Martini. Ses progrès furent
si rapides, qu'à l'âge de treize ans il chantait
déjà des rôles de femme dans les opéras bouf-
fons et s'y faisait applaudir. Le désir de per-
fectionner son talent lui fit abandonner la maison
paternelle lorsqu'il eut atteint sa dix-septième
année , et dès lors il prit la résolution de pour-
voir à son existence. Arrivé à Florence, il y trouva
un prolecteur dans le chanteur Pierre Laschi,
dont il reçut de bonnes leçons, et qui le fit dé-
buter au théâtre de la Pergola. Ce même Laschi
lui donna une lettre de recommandation pour
Dominique Guardasoni, entrepreneur du théâtre
italien de Prague, qui l'admit dans sa troupe
chantante, et Bassi commença à chanter dans
celte ville, au mois d'octobre 1734, n'ayant pas
BASSI — BASTIAANS
207
encore dix-neuf ans. Fii peu de temps il devint
l'idole des amateurs (jiii (i('(iiit'iilaient iiabiliiel-
lemciit ce tliéâtre. Il brilla parliculièrement dans
il re Teodoro, dans le Barbier de Sdville,de
Paisieilo, et dans la Cosa rara , de Martini. Ce
fut pour lui que Mozart écrivit le rôle de Don
Juan, et celui du (onite Almaviva dans les
Nozze di Figaro, fendant que l'illustre compo-
siteur dirigeait les répétitions de son immortel
Don Juan, on rapporte que Bassi lui demanda
plusieurs fois qu'il lui fit un air pour remplacer
le rondo fui' che dal vino , qu'il ne croyait pas
susceptible d'effet. Mozart, certain de ne s'être
pas trompé dans la composition de ce morceau ,
se contentait de répondre au cbanteur : Atten-
dez la représentation : si le rondo n'est pas
applaudi, je votis en écrirai tni autre. Ce
qu'il avait prévu arriva : non-seulement l'air fut
goûté, mais on le fit recommencer. Le Don Juan
et les Nozze di Figaro achevèrent la réputation
de Bassi en Allemagne, et pendant plus de vingt
an-!, son talent lit les délices de la liante société
de la Boliême. La situation politique de l'Alle-
magne Ht fermer le théâtre italien de Prague on
tSOti. Dassi avait alors quarante ans. Inconnu
dans sa patrie, il était trop tard pour qu'il y
relournât comme chanteur, et la modicité de ses
aipointements au théâtre de Prague ne lui avait
pas permis de faire d'économies. Dans cette si-
tuation il trouva une ressouice inattendue chez
le prince de Lobkowitz, grand amateur des arts,
(|ui le prit à son service. Pendant quelques an-
nées , Bassi trouva une existence agréable chez
ce noble seigneur, passant les étés dans une terre
magnifique, et les hivers à Vienne, où il excita
l'enthousiasme en 1808, dans le Barbier de Se-
ville de Paisieilo. Cette situation se prolongea
jusqu'en 1814; mais alors des économies consi-
dérables ayant été faites dans la maison du
prince de Lobkowitz, dont la grande fortune était
obérée , Bassi reçut sa démission. Il retoursia
alors à Prague, où il se lia d'amitié avec quel-
ques artistes distingués. Dans l'automne de 1815,
il reçut une invitation pour donner quelques re-
présentations au théâtre de Dresde ; mais sa voix
avait perilu beaucoup de son timbre et de sa sûreté
dans les intonations : l'effet qu'il produisit ne
répondit pas à ce qu'on attendait de lui. Ce-
pendant la direction du théâtre traita avec lui
pour une année. Avant que ce terme lût expiré
Bassi fut nommé régisseur du thcàtreitalien, avec
800 écus de traitement. Il conserva cet emploi
jusqu'à sa mort, qui arriva le 13 septembre 1825.
Les avantages qui distinguèrent cet artiste furent
une belle et noble figure , une taille élevée et
bien proportionnée, une voix dont le timbre
était égal dans toute son étendue et dont l'é-
mission, était naturelle, enfin une rare intelligence
de la scène.
BASSI (Nicolas), excellent bouffe chantant,
et l'un des derniers qui ont possédé la tradition
de l'ancienne école, naquit à Naples eu 17C7
Après avoir fait de brillants débuts à Venise ,
en 1791, il chanta à Milan l'année suivante, et
y fut si bien accueilli, qu'il fut rappelé dans cette
ville en 1793, 1794, 1808, 1810, 1816 et 1820.
11 se trouvait à Paris en 1808, et chanta avec
beaucoup de succès dans il Marco Antonio, de
Pavesi. 11 est mort à Vicence, le 3 décembre
1825. Plusieurs recueils d'ariettes italiennes ont
été publiés à Vienne, à Paris et à Milan, sous le
nom de Bassi : ces morceaux ont été composés
par le chanteur qui est l'objet de cet article.
Un autre artiste de ce nom ( Vincent Bassi)
brilla aussi comme basse chantante sur les théâ-
tres d'Italie, depuis 1827 jusqu'en 1842.
BASSI (Caroline), cantatrice napolitaine,
née vers 1780, obtint de brillants succès, qu'elle
devait à la beauté, au volume extraordinaire de
sa voix, à la justesse exquise de ses intonations,
et à la pureté de sa mise de voix et de sa voca-
lisation. Elle débuta à Naples en 1798; puis elle
chanta à Venise, à Gênes et dans quelques autres
villes de l'Italie, recueillant partout les témoigna-
ges d'admiration. Au carnaval de 1820, elle joua
à Milan au théâtre de la Scala, dans l'opéra de
Bianca e Falïero , que Rossini écrivit pour elle
et pour M"* Camporesi ; mais alors elle avait
beaucoup perdu de l'éclat et de la flexibilité de
sa voix. Peu de temps après elle se retira du
théâtre.
Il y a eu dans le même temps une autre can-
tatrice nommée Caroline Bassi, qui chantait au
théâtre Be de Milan, en 1813, et au théâtre
Carcano, en 1314. On l'appelait la Milana/se
pour la distinguer de la NapoHtaine. Elle était née
en effet à Milan.
BASSIRON (Philippe), contrapuntiste du
quinzième siècle,dont Otta vianoPetrucci de Fos-
sorrfbrone a inséré des messes dans sa précieuse col-
lection intitulée : Missx diversorum auctoruni,
Venise, 1508, in-4°. Dans le quatrième livre des
moteiti imprimé à Venise, par le même Petrucci,
on trouve un Inviolata de Bassiron.
BASTARDELLA (LA).Foy. Agujari.
BASTERIS(Cajetan-Pompée), chanteur cé-
lèbre, né à Bologne, fut au service du roi de
Sardaigne, depuis 1730 jusqu'en 1740.
BASTIAANS (J.-G.), habile organiste eî
compositeur, né à Deventer, est fixé à Amster-
dam. Le 10 mai 1837, il a donné un concerl
d'orgue à Leipsick. La société hollandaise pour
L>G8
BASTIDE — BATESON
l'encoiiragement de la musique a fait imprimer,
•lans le recueil qu'elle publie, un motet et
(les pièces d'orgue de sa composilion, en 1839
et 1844.
BASTIDE (Jean-François de), né à Mar-
seille, le 15 mars 1724, est mort à Milan , le 4
juillet 1798. 11 a publié des Variétés histori-
ques, littéraires, galantes , Paris , 1774, deux
part. in-8°. Dans la seconde partie on trouve
une Lettre sur les grandes écoles de musique,
où les styles de LuUi, de Pergolèse et de Hàndel
sont analysés.
BASTI]\Ï (Vincent), compositeur italien,
vivait vers le milieu de 16* siècle ; il a fait im-
primer : Madrigali a sei voci , op. l'', Venise,
1567. Cette édition, qui est la seconde, a été
corrigée par Claude Meriilo.
BASTOjV (Josquin), compositeur flamand,
vivait en 1556, époque où Guicbardin écri-
vait sa Description des Pays-Bas. On l'a
quelquefois confondu avec Josquin des Prés,
Salblinger a placé quelques motets de Baston
dans sa collection intitulée : Concentus musicus
octo, sex, qiiinqxie et quatuor vocuvi; Augs-
bourg, 1545, in-4''. On trouve aussi de ses compo-
sitions dans ces recueils : 1° Quatuor vocum
musicx modulationes numéro XXVI ex opti-
mis cantoribus dillgenter selectx prorsus
novœ, elc; Antverpiae.apud Guill. Vissenacum ,
1542, petit in^". — 2° Chansons à (\uailie parties,
auxquelles sont contenues XXXI nouvelles
chansons, convenables tant à la voix comme
aux instruments; WsxQ i" ; imprimé à Anvers
par Tylman Susato, etc., 1 543, in-4° obi. — 3° Le
quatrième livre des chansons à quatre par-
ties, e\c.;ib\ii., ihii.— i" L€V''Livreideni.;ib\d.
1544. — 5" Le VIIl" Livre, etcv, ibid., 1545.—
G" Z,e A7« livre, etc., ibid., 1 549.— 7° Le XI 1" livre,
etc., 1558. — 8° Le XI IT livre, etc ; ibid. (sans
date). — 9" Chansons musicnles à cinq parties ,
Anvers,Tylman Susato (sansdate),in-8°. — 10° Can-
tionum sacrarumvulgo Motettn vacant à et G
vocum, ex optimis quibtisque nmsicis sele-
ctarum lib. I-VIll; Lovanii , 1554-1557. —
1 1° Liber VIII b etS vocum cantionum sacra-
rum vulgo Molctta vocant; Lovanii, apud Pc-
trum Phalesium, ann. 1561, in-4".
BATAILLE (Gabriel), luthiste, qui vivait à
Paris au commencemeiU du dix-septième siècle, a
publié des Airs mis en tablature de luth, premier
livre; Paris, Oallard, 1608, in-4''. Le deuxième
livre a paru en 1609; le troisième, en ICU, et
le quatrième, en 1613. On trouve aussi des airs
de Bataille, avec d'autres de Bailly, de Guedron,
de Boesset, de Ballard et de Savorny, dans le
recueil (lui a pour litre : Airs de cour de dif-
férents auteurs ; Ptius , Ballaid, 1615, in-18.
Il composa, en société avec Guedron , Mauduif
etBochet, le ballet dansé par Louis Xlll, en 1617,
le ballet sur la dernière victoire du roi en 1620,
et plusieurs autres , qui furent exécutés dans
les appartements du Louvre. Bataille eut le
titre de luthiste de la chambre de la reine.
BATEN ( Henri ), nommé aussi par quelques
écrivains Henricus de Malinis, parce qu'il était
né à Malines, vivait vers la fin du treizième siècle,
comme il paraît par la lettre qu'il écrivit à Guy
de Hainaut , trésorier de la cathédrale de Liège,
qui fut élu évêquc d'Utrecht en 1301. Balen fut
docteur en théologie et chancelier de l'université
de Paris , et ensuite chanoine et chantre de la
cathédrale de Liège. On a de lui Spéculum Di-
vinorum et Naiuralium quorondam, Mss.
qui était avant la révolution française chez les
chanoines réguliers de Saint-Martin àLouvain, et
à l'abbaye de Tongerloo. Cet ouvrage est divisé
en dix livres; l'auteur y traite de la musique et
des principales questions de la philosophie de
son temps.
BATES (Jean), musicien et bon organiste
anglais, naquit en 1740 à Halifax, dans le duché
d'York. En 1784 il fut chargé de la direction des
oratorios exécutés à "Westminster, à l'anniver-
saire de la mort de Hândel, et il continua ce
service pendant plusieurs années. Ce fut lui qui
organisa aussi le concert de musique ancienne ,
en 1776, et il le dirigea jusqu'en 1793. Comme
compositeur. Bâtes est connu par un opéra in-
titulé Pharnaces, et par les opérettes suivants :
1° Theatrical Candidates. — Flora, or lob in
the Well. — Lady's Frolic. Il a écrit aussi plu-
sieurs œuvres de musique vocale et instrumentale,
dont on n'a publié que six sonates pour le
piano; Londres, Cleraenti. Bâtes est mort le 8
juin 1799, avec le titre de directeur del'hôpital de
Greenwich.
BATES (Sara), femme du précédent, can-
tatrice excellente, connue en 1784 sous le nom
de Miss Harrop, fut élève de Sacchini. Elle étu-
dia aussi avec son mari le slyle de Hàndel ; elle
chantait fort bien les ouvrages de ce maître. On
vantait beaucoup sa prononciation, qu'on com-
parait à celle de Garrick. Le docteur Burney dit
que sa voix était pure et étendue, sa vocalisation
brillante, et qu'elle joignait à ces avantages beau-
coup d'expression dramatique. On a gravé son
portrait, d'après Angelica Kauffmann.
BATESOIV (Thomas), organiste de l'église
cathédrale de Chester, en 1600, fut nommé,
en 16 1 8, organiste et maître des enfants de chœur
de la Trinité à Dublin. Vers le même temps il
prit ses degrés de bachelier en musique à l'uni-
BATHE — BATKA
200
versité de la mémo ville. Il a publié, en 1014,
un recueil de madri^iuix sous ce titre : Englisli
madrigals for three, four,five. and six voices.
BATHE (Guillaume), d'une famille ancienne
et considérée en Irlande, naquit à Dublin, en
1564. Il commença ses études dans cette ville et
les acbeva à Oxford. A l'âge de trente ans, il
abjura le protestantisme dans lequel il était né,
quitta son pays , et se fit jésuite en Flandre, vers
1396. Après avoir voyagé quelque temps en Italie
et en Espagne, il fut nommé directeur du sémi-
naire irlandais de Salamanque, et mourut à Ma-
drid, le 17 juin 1614. Dans sa jeunesse il publia :
A briefc introduction tothetrue artofmusicke,
wherein are set doume exact and easie rides
for suc h as seekebut to know the trueth, loith
arguments and their solutions, for such as
seeke also to know thereason of the trueth :
which rules be meanes vjhereby anij by his
otvne industrie ma y shortly , easily, and re-
gularly attaine to ail such thinys as to his
arte doe belong, etc.; by W. Bathe , student
at Oxenford (Courte introduction aux vrais
principes de la musique, etc.) Londres, 1584,
in-4° ; une seconde édition de cet ouvrage a paru
sous ce titre : A briefe introduction to the skill
of song , concerning the practice ( Courte
introduction à l'art du cbant , etc.); Londres,
sans date. Thomas Este, à qui l'on doit cette
édition , y a fait des corrections et des change-
ments. Batlie s'est fait connaître aussi comme
écrivain ascétique, et de plus a publié, sur le plan
de Comenius, un Janua Linguarum (Salaman-
que, 1611, in-4°) qui est fort estimé.
BATHIOLI (Fkançois), ou plutôt Batioli,
guitariste italien fixé à Vienne, y a fait imprimer
plusieurs ouvrages de sa composition , parmi les-
quels on remarque : 1° Concert-polonais pour
guitare avec quatuor, œuvre troisième; Vienne,
Diabelli. — 2° Douze valses pour une ou deux
guitares, œuvre quatrième; ib. — 3° Grandes
variations sur l'air allemand An Alexis send^ ich
dich, pour llùle et guitare, op. 5; ibid.
— 4° Pot-pourri pour guitare, flûte et alto, op.
6; ibid. — 5" Rondo de chasse, op. 7; ibid.
— 6° Une méthode de guitare avec une introduc-
tion sur le chant, publiée en allemand sous ce
titre : Guitarschule nebst einer kurzen Anlei-
tung zu7n singen; ibid. Une espèce d'abrégé de
cet ouvrage a été publié chez le même éditeur
en allemand, français et italien. Il paraît que
M. Barthioli s'est retiré à Venise vers 1S30.
BATI (Luc), fut maître de chapelle de l'é-
glise de Saint-Laurent, à Florence, dans les der-
nières années du seizième siècle. On ne connaît
lien de ses ouvrages, mais on sait qu'il composa
la nuisique de la mascarade qui parcourut le*
rues de Florence le 20 février 1 595. Cette mas-
carade avait pour sujet les flammes de l'amour
(LeFiammedi amorc). Dix-huit couples achevai
étaient accompagnés chacun de quatre estaffiers,
ce qui faisait un nombre de cent huit masques, non
compris les chanteurs et les instrumentistes,
qui étaient sur un char. M. Adrien de Lalage a
tiré ces renseignements d'im manuscrit du
commencement du dix-septième siècle à la Ki-
bliollièqueMagliabechiana de Florence (Voy. Gaz-
zetta musicale di Milano, anno V! , n" 22. )
BATISTADEVIELMIS(BARTOLOMKODf:),
organiste vénitien du quinzième siècle, succéda
à Bernardo di Stefanium Murer, comme orga-
niste de la chapelle ducale de Saint-Marc, le 12
oclobre 1459, et conserva cette plac« jusqu'au
mois d'aoïU 1490, qui fut vraisemblablement l'é-
poque de sa mort. On ne connaît jusqu'à ce jour
(1859) aucune composition de cet artiste.
BATISTIIV (Jean-Baptiste Stklt.k et non
Stuck), Allemand d'origine, néà Florence, connu
sous le nom de Batistin , fut ordinaire de la mu-
sique du duc d'Orléans et de l'Opéra, et mourut
à Paris le 9 décembre 1755. Il fut, avec Labbé, le
premier qui joua du violoncelle à l'Opéra.
Louis XIV lui accorda une pension pour le fixer
en France; il en obtint une autre de 500 francs, le
15 décembre 1718, sur le produit des repré.sen-
tations et des bals de l'Opéra , pour en jouir pen-
dant tout le temps où il demeurerait à Paris. Il
a fait représenter à L'Opéra : Méléagre (1709).
—Manto la fée (1711).— Polidore ( 1720). Ses
autres ouvrages, ballets ou opéras, ont été écrits
pour la cour, et n'ont pas été représentés à Pa-
ris ; ce sont : L'Amour vengé. — Céphale.— Thé-
tis, ou la Naissance d'Achille. — Neptune et'
Amymone. — Proserpine. — Diane. — Flore.
Heraclite et Démocrite.—Philomèle. — Ariane.
— Les Fêles Bolonaises. — Lérida. — Mars ja-
loux.— Le Sommeil deV Amour.— Les Troubles
de VAmour.On a aussi quatre livres de cantates
de sa composition, publiés en 1706, 1708 , 1711
et 1714, ainsi qu'un recueil d'airs nouveaux;
Paris, Ballard, 1709, petit in-s^obl.
BATKA (Laurent), père de plusieurs mu-
siciens avantageusement connus en Allemagne,
possédait lui-même des connaissances peu com-
munes en musique. Il naquit à Lischau , en Bo-
hême, en 1705, fut nommé directeur de musique
à plusieurs églises de Prague, et mourut dans
cette ville en 1759. lia laissé cinq fils, dont la
plupart vivaient encore en 1800. ( Voy. ci-des-
sous. )
BATKA (Wenceslas), musicien de chambre
de l-'évêque de Brcslau , à Johannisberg , né à
270
BATKA — BATT A
Prague le 14 octobre 1747 , (Hait un excellent té-
nor et jouait fort bien du basson. On a de lui
des concertos pour cet instrument qui sont restés
en manuscrit.
BATKA (Martin), virtuose sur le violon,
succéda à son père dans sa place de directeur
de musique. Il est mort à Prague en 1779. 11 a
laissé en manuscrit plu.sieurs concertos et des
éludes pour le violon.
BATKA (Michel), excellent violoniste, né
le 79 septembre 1755, vivait encore à Prague en
1800. On ne connaît rien de sa composition.
BATKA (Antoine), babile chanteur, né le
21 novembre 1759, devint musicien de chambre
de l'évéque de Bre^slau, et vivait encore en 1800.
Sa voix était une basse du phis beau timbre.
BATKA (Jean), fils de Michel, né à Prague
vers 1791 , est un pianiste distingué, qui s'est
fixé à Pesth, en Hongrie. On connaît sous son nom :
10 Piondino pour le piano sur un motifde Spolir,
Pesth , Miller. — 2" Six variations pour piano et
violoncelle sur l'airallemand : Wir ivinden dir ;
ibid. — 3" Des recueils de danses hongroises, de
valses et de quadrilles ;ib. — 4" La marche natio-
nale hongroise pour le piano; ihid. — des pièces
d'orgue; Vienne, Wilzend ; un i/ôpra me Do-
mine, à quatre voix et orgue ; Vienne , Diabelii.
— Un Graduel pour deux soprani et basse, avec
violoncelle solo et orgue; Vienne, Wilzcnd. —
Et quelques Lieder ou chansons allemandes.
BATOIV (Henri), connu sous le nom de
Bâton Vaine, né à Paris, vers 1710 , eut vers le
milieu du dix-huitième siècle la réputation d'im
virtuose sur la musette , qui était en vogue à
celte époque chez les Français. Il a fait graver à
Paris trois livres de sonates et deux livres de
duos pour cet instrument.
BATON (Charles) , frère du précédent sur-
nommé le Jeune, \nUtOf'e , autant qu'on peut
l'être, sur l'instrument appelé viei^e, en donnait
des leçons à Paris, vers le milieu du dix-huitième
siècle. Il prit la défense de l'ancienne musique
française contre les attaques de J.-J. Rou.sseau,
dans une brochure de trente-six pages, intitulée :
Examen de la lettre de M. Rousseau sur 'la
musique française, Paris, 1754, in-8". C'est une
des meilleures pièces qu'on ait publiées dans
cette controverse : elle eut deux éditions en peu
de temps; la première, publiée en 1753 , est ano-
nyme. Bâton a donné aussi un mémoire sur la
FieZ/edansle Mercure de France, octobre 1757,
p. 143. Ses compositions pour la vielle sont :
10 Suites pour deux vielles, musettes, etc., op.
1: Paris, 1733, in-fol. — 2o Pièces pour la vielle,
op. 2. — 3" Amusements d'une heure, duos pour
deux vielles, op. 4 , in-fol., sans date. Bâton est
mort en 1758. Il s'était occupé longtemps de per-
fectionnements qu'il voulait introduire dans la
construction delà vielle. On voit dans le Mercure
de France (sept. 1750, p. 153) , qu'il avait aug-
menté l'étendue de son clavier et qu'il y ava t
ajouté les notes /a dièse , la et la bémol graves,
qui ne se trouvaient pas dans les anciennes viel-
les. Deux ans après il inventa une antre vielle
qui avait l'étendue de la Hûte et sur laquelle on
pouvait imiter le coup de langue de cet inslru-
mentetle coup d'archet du violon (Foy.Merc. de
France, juin 1752, p. 161 ). C'est de cet instru-
ment qu'il a donné l'analyse dans le Mercure de
1757. Son mémoire a pour titre : Mémoire sur
la vielleen D-\a-ré, dans lequel on rend compte
des raisons qui ont engagé à la faire, et dont
Vextrait a été présenté à la reine.
BATRACHUS (Jean). Sous ce nom, J.-G.
Heuning a mentionné, dans .«a BibUotheca seu
notitia Z/^?'o?7artranorwm (Kilionae, 1766, in-S",
part. I, p. 2(1), un livre sous ce titre: Opuscu-
lum reriun musicalium totam ejus negotii
rationem explicans ; Argentorati , 1536. Or, ce
titre est celui du livre de Frosch, mais dénaturé
( Voyez- Fkosch ) , et avec une date fausse ; car
ce livre porte 1535 et non 153G. En cherchant ce
qui a pu conduire Heuning à changer le nom
de l'auteur de l'ouvrage, j'ai trouvé que Batra-
chus est le nom latin d'un poisson marin qui se
nomme Frosch en allemand. Le nom latinisé
Froschius , qui se trouve au frontispice du livre,
n'avait pas satisfait l'érudition de ce pédant. Que
de sottises ont faites les savants !
BATTA (Alexandre), violoncelliste, fils
d'un professeur de solfège au conservatoire royal
de Bruxelles, est né à Maestricht le 9 juillet
1816. Élève de son père pour les éléments de
la musique, il étudia d'abord le violon, sur
lequel il faisait peu de progrès; mais après que
sa famille se fut établie à Bruxelles , et lorsqu'il
eut entendu le violoncelliste Platel, il sentit que
le violoncelle était l'instrument auquel il était
destiné. A force de sollicitations il obtint de son
|)ère la permission de renoncer au violon , et
d'entrer au conservatoire, où il reçut des leçons
du virtuose qui l'avait charmé. Après plusieurs
années d'études sans la direction de cet excellent
maître, Batta obtint le premier prix de son ins-
trument au concours de 1834, en partage avec
Demunck. En 1835 il sortit du conservatoire et
se rendit à Paris, où les succès de salon (jii'il ob-
tint tout d'abord le décidèrent à se fixer. A celte
époque, Rubini brillait encore au théâtre de la
rue Favart et jouissait de toute la faveur du pu-
blic, autant par ses défauts que par ses qualités in-
contestables. Le plus remarquable de ces défauts
BATTA — BATTEUX
271
était une formule d'opposition du forU et du
piano qui se reproduisait incessamment, quel
que fût d'ailleurs le caractère de la phrase. Ce
moyen de séduction ne manquait jamais son effet
sur les cUlettantï : Batta comprit qu'il pouvait l'ap-
pliquer au violoncelle, dont le diapason et le timbre
ont de l'analogie avecla voix de ténor. Il ne s'était
pas trompé sur le résultat que pouvait avoir celle
application pour sa fortune et sa renommée ; car,
en l'entendant chauler ainsi sur sa basse, les
femmes du monde se passionnèrent jtour sou ta-
lent, quelques-unes même, dit-on, pour sa per-
sonne. Quoi qu'il en soit, il devint l'instrumen-
lisle à la mode. Mais tout n'est pas bénéfice pour
l'art dans les moyens faciles. En rétrécissant son
mécanisme aux proportions d'une mélodie ren-
fermée dans une étendue restreinte, et toujours
phrasée de la même manière, Batta perdit la
l)uissance d'exécution ;le son, l'archet, le méca-
m'sme de la main gauche, tout s'en ressentit. C'est
dommage, car son sentiment de musique était
naturellement bon ; il avait reçu de Platel les
principes d'une belle et large manière avant qu'il
allât à Paris; enfin, il avait un talent remar-
quable par la précision et le sentiment dans la
musique classique du quatuor et du quintette.
Au surplus, il n'a vraisemblablement pas de re-
gret de sa métamorphose; car les succès ne lui
ont pas manqué. Partout, à Paris, en Belgique,
en Hollande, dans les départements de la France,
en Suisse, en Allemagne, à Pélersbourg,ses con-
certs ont atliré la foule; les journaux lui ont pro-
digué des éloges sous toutes les formes, il est dé-
coré de plusieurs ordres, et les éditeurs publient
sa musique. Ce n'est pas tout ce qu'un artiste
peut désirer; mais on ne peut tout avoir.
On a gravé de cet artiste : 1° Trois nocturnes
pour violoncelle et piano, avec Osborne; Paris,
Schonenberger. — 2° Grand duo de piano et violon '
sur Lucrèce Borgia, avec Edouard Wolff; Paris, ,
Mayaud 3° Fantaisie pour violoncelle et piano
sur Lucia de Lammermoor ; ibid. — 4» Ro- i
i
mance de l'Elisire d'amore ; idem, ibid. — '
5° Romance de Richard Coeur de Lion; idem, j
ibid. — 6° Andante pour violoncelle et piano; I
ibid. — 7" Mélodie de Lucrèce Borgia; idem, I
ibid; — 80 La Viennoise, grande valse; idem, !
ibid. — 9° Souvenirs; idem, ibid. — 10" Airs \
Béarnais, dant des Montagnes; idem, ibid. 1
11° Fantaisie et adagio de lacavatinede la Son- ;
tianbtila; idem. — 12°. Réminiscencesdela/idî;e, '
fantaisie, idem; Paris, Brandus. — \3" Souvenir '
de Dom Sebastien, élégie pour violoncelle et |
piano, op. 48; Paris, Escudier. — 14" Six Zicrfcr \
de Schubert, idem, en deux suites; Paris, Mes- |
sonnier. — 15o Grande fantaisie sur des thèmes '
originaux de Bériot; idem, ibid. — IC° Sérénade
de Hartog, idetn; Paris, Ricliault, etc., etc.
Deax frères de Batta se sont aussi fait con-
naître dans la musique. Le premier, Laurent,
né à Maestricht , le 30 décembre 18l7 , a lait ses
études de piano au conservatoire de Bruxelles
et y a obtenu le premier prix en ISoG. Pendant
quelques années il a vécu à Paris et a voyagé
avec Alexandre, pour donner des concerts. En
1848 il s'est fixé à Nancy comme professeur de
piano.
Le plus jeune des trois frères, Joseph, né h
Maestricht, le 24 avril 1820, a fait également ses
études au conservatoire de Bruxelles, comme
violoniste et comme compositeur. En 1845 il a
obtenu le second prix au grand concours de
composition musicale institué par le gouverne-
ment belge. L'année suivante il s'est fixé à Paris
et y a été attaché comme violoniste au théâtre
I de rOpéra-Comique. Il a en portefeuille des
I cantates, des ouvertures, des symphonies, etc.
I Bx\TTALUS ou BATALUS, joueur de
: flûte qui a joui d'une grande célébrité dans Tan-
I cienne Grèce, naquit à Éphèse, et vécut vers
l'an 408 avant J.-C. Sa mollesse devint prover-
biale : Aristophane en avait fait le sujet d'ime
comédie satirique qui n'est pas parvenue jusqu'à
nous.
BAÏTANCHONT (Félix), violoncelliste
distingué, né à Paris le 9 aviil 1814 , est ancien
élève de Vaslin et de Norblin, au Conservatoire.
Il a été attaché à l'orchestre de l'Opéra de cette
ville depuis 1840. 31. Battanchon .s'est fait con-
naître avantageusement dans les concerts de celle
capitale pendant plusieurs années, et a eu de bril-
lants succès en parcourant les départements de la
France, particulièrement la Bretagne. Un instru-
ment appelé baryton par son inventeur, et qui
tient le milieu entre l'alto et le violoncelle, a été
joué à Paris par M. Battanchon, avec un talent
remarquable, dans les années 1846 et 1847. On a
imprimé de cet artiste : 1° Trois études en double
cordepoîir violoncelle, op. l;Paris,Richaull. —
2" Airs bretons, pour violoncelle et piano ; ibid. —
3° Deux mélodies pour violoncelle et piano, op. 3 ;
Leipsick, Holmeister. — 4° 24 études pour violon-
celle adoptées pour l'enseignement du Conserva-
toire de Paris, op. 4.
BATTEN (Adrien), organiste et vicaire du
ehœur de Saint-Paul, à Londres, exerça ces em-
plois sous les règnes de Charles l®"" et de Charles IJ,
c'est-à-dire de 1C40 à 1680. C'était un bon har-
moniste de l'ancienne école. Plusieurs de ses an-
tiennes ont été insérées dans la collection de Bar-
iiard.
BATTEUX (Charles), chanoine honoraire
272
BATTIFERRI — BATTISTA
de Reims, et l'un des plus savants hommes de
France dans le dix-liuifième siècle, naqnit le 7
mai 1715 à Allend'huy, près de Reims. En 1730
il vint à Paris, où il enseigna les humanités et la
rhétorique aux collèges de Lisieux et de Navarre,
puis la philosophie grecque et latine au collège
royal. Il fui admis à l'Académie des inscriptions en
1754, et à l'Académie française en 1761. ilestmort
d'une hydropisie de poitrine, le 14 juillet 1780.
Au nombre de ses ouvrages on compte celui-ci ;
Les beaux-arts réduits à zin seul principe,
Paris, 1743 , 1747 et 1755, in-12 ; livre qui a été
réuni depuis à son Cours de belles-lettres,
Paris, 1774, 3 vol. in-12. Le principe auquel
l'ahbè Battcux ramène les arts est l'imitation de
la nature: principe fécond en apparence, mais
vague et de peu d'utilité lorsqu'on vient à l'appli-
cation, surtout en nnisicpje, de tous les arts le
moins positif. Son objet n'est pas d'imiter, mais
d'émouvoir. Malheur au compositeur qui en
cherche le secret dans des déclamations acadé-
miques, au lieu de le trouver dans son Ame ! Au
reste , il est arrivé à l'abbé Batteux , comme à
tous les savants qui ont écrit sur la musique, de
prouver à chaque page qu'il n'en avait pas la plus
légère notion. On a cependant beaucoup loué son
ouvrage. Il y en a eu quatre traductions alle-
mandes, parmi lesquelles on distingue celle de C-
G. Ramier et celle de J.-A. Schlegel {voy. ces
articles ). On trouve dans les essais de Marpurg,
t. I , p. 273, 325, quelques pièces relatives au
système de Balteux, par Ga^ipard Ruelz et Over-
beck (voy. ces articles).
BATTIFERRI (Louis), comiwsiteiir ita-
lien, né au commencement du dix-septième siècle
à Pascorbara, près de Bologne, fut maître de
chapelle à l'église Saint- Angelo in Vado, dans
cette ville. Il a publié différentes œuvres parmi
lesquelles on remarque celles-ci : 1° Missa e
Salmi concertati a 3 voci con Motetti e Salve
aies voci, op. If; Venezia, appr. Alessandro
Fi?2Cen<(, 1642, in-4°. — 2° Primo Hbro de Motetti
a voce sola coir organo, op. IV ; Bologna per
Giac. Monti, 1669,in-4°. — ^Secondo librode'
Motetti a voce sola, op. 5, ibid., 1669, in-4°.
BATTIFERRO (S.-D.-Lou!s), maître de
chapelle à l'église dello Spirito Santo de I''errare,
naquit à Urbino, vers la fin du dix-septième
siècle. Il a publié de sa composition douze Ri-
cercatia cinqiie e sel soggetti, Ferrare, 1719.
Ces compositions sont très-estimables.
BATTISIIILL (Jonathan ), (ils d'un procu-
reur, naquit à Londres, au mois de mai 1738.
Vers l'âge de neuf ans , on le plaça parmi les en-
fants de chœur de Saint- Paul ; il y fit ses éludées
musicales sous Savage, et devint un des plus
liabiles organistes de l'Angleteire. Après sa sortie
de la maîtrise de Saint-Paul, il fut nommé cla-
veciniste du théâtre de Covent-Garden , et orga-
niste des églises de Saint-Clément, d'East-
Chen, du Christ et de Nevgate-Streel. En 1764,
il composa pour le théâtre de Drury-Lane un
opéra intitulé Alcmena, qui ne fut pas bien
accueilli du public, quoique la musique, dit le
docteur Busby, en fût excellente. Cette pièce fut
suivie de The rites of Hécate (Les mystères
d'Hécata ), drame. Vers le même temps, il se livra
aussi à la composition de la musique d'église, et
fit un grand nombre d'hymnes et d'antiennes à
plusieurs voix. Ses chansons lui procurèrent une
grande réputation dans sa patrie : il en publia
deux collections à trois et à quatre voix en 1776.
Battishill avait déjà obtenu, en 1770, le prix de
la médaille d'or, décernée pour ce genre de com-
position par la Société musicale des nobles de
Thatched-House S. James-Streel. Il avait
épousé miss Davies, célèbre cantatrice de Co-
vent-Garden ; mais elle mourut en 1775, et Bat-
tishill se livra dès ce moment à des excès d'in-
tempérance qui altérèrent sa constitution et qui
le firent tomber dans le mépris. Il est mort à
Islington, le 10 décembre 1801. On dit que ses
ouvrages se font remarquer par de la vigueur
d'harmonie et une grande justesse d'expression.
Smith a inséré plusieurs de ses antiennes dans
son Hnrmonia sacra.
BATTISTA ( Vincent), compositeur napo-
litain de l'époque actuelle (1854), a fait ses études
musicales au collège royal de musique à Naples.
Son premier opéra , Anna La Prie, fut joué au
théâtre Saint-Charles de cette ville, en 1843; oa
y remarqua quelques bons morceaux et il fut
joué et repris plusieurs fois avec succès. En 1844
M. Baltista donna au môme théâtre son second
ouvrage dramatique , intitulé Margherita
d'Arragon, qui fut moins heureux, quoi'iu'on y
trouvât quelques morceaux d'effet. Appelé en-
suite à Milan, le jeune compositeur y écrivit
llosvina de la Forêt, qui fut chanté au théâtre
de la Scala , en 1845, par la Frezzolini, Poggi et
Colini, et auquel on reprocha d'être un mélange
des styles de Donizelti, Bellini et Mercadante.
En 1846 Baltista donna à Naples Zfmo, qui fut
opposé parles dilettauti napolitains à VMzira du
Verdi. Postérieurement il a écrit Irène, qui ne
réussit pas, Eleonara Dnri, il Corsaro delta
Guadalupa , au théâtre Nuovo de Naplès, le 16
octobre 1853 , Ermellnda et d'autres ouvrages
moins connus. On a aussi de cet artiste le cin-
quième chant de l'Enfer du Dante, pour voix de
soprano et piano, et un chant de basse avec chanir,
intitulé il Bivacco Ces ouvrages .sont publiés a
BATTlSTliM — BAU
273
Milan, chez Ricordi, ainsi qu'un clioix de cava-
tines, airs et duos iWlmm La Prie, de Mnrgfif-
rita d'Aragon, d'A'/Ho, de la Rosvinadc La Fo-
rêt, et de Leonora Dori. Ce qui manque dans
tout cela, c'est l'originalité; mais il y a de l'in-
telligence dans la disposition des idées et dans
l'effet des morceaux.
BATTISTIIXI (Jacques), maître de cha-
[lelle de l'église cathédrale de ^'ovare , dans le
Milanais , a i)ublié : 1° Motetti sacri, op. 1 ; Ik)-
logne, 1700, op. 2 , in-4o. — 2» Armonie sagre;
Cologne, l/OOjOp. 2, in-4o. Cet œuvre consiste en
douze pièces à une, deux et trois voix, avec ou
sans violons.
BATTOi\ (Désiré-Alexandre), né le 2 jan-
vier 1797, à Paris, où son père était fabricant de
fleurs artificielles, entra au mois d'octobre 1806
dans une classe de solfège, au Conservatoire de
musique, et passa ensuite à l'étude du piano, au
mois de juillet 1807. Quelques années après il fut
admis dans une classe d'harmonie , et enfin il
devint l'élève de Clierubini pour le contrepoint.
En 1816 il se présenta au concours de Tlnstilut
de France, et y obtint le deuxième grand prix de
composition musicale; l'année suivante le pre-
mier grand prix lui fut décerné pour la cantate
de la Mort d'Adonis. Ce prix donnait à Bat-
ton le titre de pensionnaire du gouvernement et
le droit de voyager pendant cinq ans aux frais de
l'État en Italie et en Allemagne. Avant de quitter
Paris, il fit représenter au théâtre Feydeau (en
1818) un opéra comique en trois actes intitulé
la Fenêtre secrète. Le sujet, du genre de la
comédie, était peu favorable à la musique; ce-
pendant Dation sut faire remarquer dans cet
ouvrage d'heureuses dispositions pour la compo-
sition dramatique ; on y trouvait une harmonie
pure et correcte, et le sentiment de la scène s'y
faisait apercevoir. Arrivé à Rome, le jeune com-
positeur se livra à des travaux sérieux, et écrivit
des morceaux de musique religieuse, un oratorio
et quelques pièces de musique instrumentale. A
Munich , il fut invité à composer une symphonie
et d'antres ouvrages pour la société des concerts
de cette ville. De retour à Paris vers 1823,
Balton , comme la plupart des jeunes composi-
teurs français, fut obligé de frapper longtemps
à la porte des faiseurs de livrets d'opéras pour en
obtenir im; enfin il eutcc\u\ii'Etheli:iHa, drame
en trois actes, d'un genre sombre, qui ne fut
point heureux. La musique de cet ouvrage était
trop uniforme; elle manquait d'effet, quoique
^in^trumentalion eût de l'éclat. Le 6 février 182S
Batton fit représenter au théâtre Fey<Ieau le
Prisonnier d'État, opéra comique en un acte, qui
n'eut pas de succès. Un mois après, en joua au
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. 1.
même lliéiitre le Camp du drap d'or, ouvrage
en (rois actes que ce compositeur avait écrit en
collaboration deMVL RKaut etLeborne. Il ne fut
pas plus heureux cette fois que les précédentes, et
le dégoût de la carrière d'artiste sembla s'emparer
de lui à la suite de ces échecs. C'est sans doute
à ce dégoût qu'il faut attribuer la résolution que
prit Batton de succéder à son père dans le
commerce des fleurs artificielles. Ceiiendant il
tenta un dernier essai en 1832 , et cette fois il fut
plus heureux , car le drame de la Marquise de
lirinvilliers, qu'il écrivit en société avec Auber,
Carafa, Hérol I et quelques autres mu.siciens, fut
favorablement accueilli du public , et fournit à
Batton l'occasiond'écrireun beau finale etqnelques
autres morceaux qui ont prouvé que des circons-
tances favorables lui ont manqué seulement pour
se faire une réputation plus brillante. Depuis lors
ilaécrit un petit opéra pour le carnaval de 1835;
cet ouvrage a été mis en répétition, mais n'a point
été représenté. En 1837, il fit jouer un opéra
comique en trois actes, intitulé le Remplaçant ,
dont le libretto, l'un des ouvrages les plus faibles
de Scribe , nuisit au .succès de ia musique.
En 1842 Balton a été nommé inspecteur des
succursales du Conservatoire de Paris. Sans cesser
d'en remplir les fonctions, il a été chargé en 1849
de la direction d'une classe d'ensemble de mu-
sique vocale dans ce même établissement. Batton
est mort à Paris le 10 octobre 1855, à l'âge
de 58 ans.
BATTU (P.), violoniste et compositeur, est
né à Paris en 1799. Admis comme élève au Con-
servatoire de musique, dans des classes prépa-
ratoires, il devint ensuite élève de Rodolphe
Kreutzer, et après avoir achevé ses études musi-
cales d'une manière brillante, il obtint le premier
prix de violon au concours de l'année 1S22. De-
puis lors M . Battu s'est fait entendre dans plusieurs
concerts et toujours avec succès. Parmi les élèves
de Kreutzer, il est un de ceux qui ont le moins
copié la manière de leur maître. Après être de-
venu successivement l'un des violons de l'orches-
tre de l'Opéra et de la chapelle du roi, M. Ballu
a été privé de ce dernier emploi par la révolution
du mois de juillet 1830. En 1846, il a été nomme
second chef d'orchestre de rO[)éra. lia fait graver
quelques ouvrages de sa composition , entre
autres : 1° Concerto pour le violon, œuvre 1'*;
Paris, Baucé. — 2° l^rois duos concertants pour
deux violons, op. 2 ; ibid. — 3° Deuxième con-
certo, œuvre 3*; Paris, Frey> — 4° Thème varié
pour le violon, avec orchestre ; ibid. — 5° Quel-
ques romances avec accompagnement de piano.
BAU (N. ). Cafliaux cite sous cenom,di>ns
son histoire manuscrite de la musique, un écri-
ts
274
BAUCK — BAUDIOT
vain français qni vivait en 1754. 11 dit, en par-
iant de cet auteur : IS'ous avons de lui un petit
Traité de musique théorique. Je ne connais pas
d'autre indication de cet ouvrage.
BAUCK (Matthieu-André), organiste à l'é-
glise Saint-Jacques de Lubeck, mort vers 1831,
a publié à Hambourg : 1° Musikalisches An-
denken fur Clavier und Gesang ( Souvenirs
musicaux pour le clavecin et pour léchant); 1799.
— 2° Alléluia de Hàndel arrangé pour l'orgue,
suivi d'une fugue à trois parties; ibid., 1799.
Il est aussi auteur d'un manuel d'harmonie , par
demandes et réponses, intitulé ; Anleitung zitr
Kenntniss der Harmonie in Fragen und Ant-
ivorten, als Handbuch; Lubeck, Michelsen,
1813,4 feuilles 1/2 in-8°. Les exemples de mu-
sique sont à la fin du volume; mais dans la se-
conde édition, publiée à Leipsick en 1818, les
exemples ont été ajoutés dans le texte. On a aussi
de Bauck : Lûbekisches Choralmelodienbïich
( Livre de mélodies chorales de Lubeck) , dont la
deuxième édition a été publiée à Lubeck, en 1826,
iu-S^et Lubekischesvierstïmmigcs Choralbuch
( Livre choral de Lubeck à quatre voix); ibid.
1828 , in-'4o oblong.
BAITD (...). habitanlde Versailles, a inventé
vers 1796 une machine propre à fabriquer des
cordes de soie torse, destinées à remplacer celles
de boyaux dans la monture de la harpe, de la gui-
tare, et même du violon, de l'alto et du violon-
celle. 11 déposa des échantillons de ses cordes à
rinstitut, et Gossec lit, en l'an vu (1798), un
rapport à la classe des beaux-arts , où il est dit
que ces cordes peuvent se substituer avec avantage
à celles de boyaux, pour la harpe et la guitare,
mais qu'elles sont moins sonores pour les instru-
ments à archet. Baud a fait imprimer une bro-
chure de 47 pages, intitulée : Observations sîir
les cordes à instruments de musique, tant de
boyau que de soie, suivies d'une lettre du ci-
toyen Gossec au citoyen Baud, du rapport du
citoyen Gossec à l'Institut national sur les
cordes de soïedu citoyen Baud, et de l'extrait
du procès -verbal de V Institut national; Ver-
sailles, 1803, in-8°. Soit à cause du préjugé qui
fait repousser eu France toute innovation, soit
que les inconvénients de ces cordes en balan-
çassent les avantages, il ne paraît pas qu'on
en ait jamais fait usage. En 1810, Baud soumit à
l'examen de l'Institut un violon construit dans un
système de proportions particulières et dont la
table n'était pas barrée, parce que l'auteur de cet
essai considérait la barre comme un obstacle aux
vibrations longituoinales. Le rapport de l'Instilut
ne fut pas favorable à cette invention; il a été
imprimé dans la mauvaise compilation de César
Gardeton, intitulée : Bibliographie musicale de
la France et de l'étranger. (Pag. 348 et suiv.)
BAUD DELA QUARRIÈBE, trouvère,
vivait vers le milieu du treizième siècle. Le ma-
nuscrit n" 66 (fonds de Cangé) de la Bibliothèque
impériale, contient deux chansons notées de sa
composition. La Borde en cite deux autres,
t. II, p. 313.
BAUDERON (Antoink), sieur de Sénecé.
V. Senecé.
BAUDIOT (Charles-Nicolas), violoncel-
liste, né à Nancy, le 29 mars 1773, reçut des
leçons de Janson l'aîné, et succéda à son maître
comme professeur au Conservatoire, en 1802.
Peu de temps après son entrée dans cette école,
il fut chargé de faire avec Levasseur une mé-
thode de violoncelle qui fut rédigée par Baillot.
Baudiot, qui avait un emploi au ministère des fi-
nances, fut du nombre des professeurs qui con-
servèrent leurs places au Conservatoire, lorsque
cet établissement fut réorganisé, en 1816 , sous
le nom d'école royale de musique , et il y joi-
gnit le titre de premier violoncelle de la chapelle
du roi. En 1822 il demanda et obtint sa retraite
de professeur du Conservatoire avec une pension
pour ses anciens services. Depuis lors, il a fait
plusieurs voyages en France pour y donner des
concerts. Le caractère du talent de cet artiste
était un son pur, mais peu puissant, la justesse
de l'intonation et la netteté dans l'exécution des
traits ; mais son archet manquait de variété ; son
jeu était froid et sans verve. Dans un concert
donné par M"" Catalani à la salle Chantereine,
en 1807, il arriva à Baudiot une des aventures
les plus péniblesqui puissent se rencontrer dans la
vie d'un artiste. 11 y devait jouer un solo, et il s'é-
tait retiré dans une chambre du théâtre pour pré-
luder et se préparer pendant qu'on exécutait une
symphonie de Haydn. Par un singulier hasard ,
Baudiot avait écrit la fantaisie qu'il allait exécuter
sur le thème de Vandante de cette symphonie,
et il ignorait que c'était précisément celle»là qu'on
avait choisie pour le concert. Le moment venu
où il devait jouer, on alla le chercher. 11 arrive,
accorde son instrument et commence. Quel-
ques accords de l'orchestre servent de prélude;
mais Tient le thème , et lorsque Baudiot com-
mence ce même thème qu'on venait d'entendre,
avec les riches développements qu'y avait mis le
génie de Haydn, un éclat de rire part dans toute
la salle. Baudiot ne sait ce qui motive cette hila-
rité; il se trouble, et dans son agitation, prend
mal une position au démanché et joue faux. Les
rires redoublent et avec eux l'angoisse de Baudiot,
dont toutes les Aicultés morales sont anéanties
cl qiii manque la plupart des traits. Enfin, d est
B. vu nom
BAUER
275
obligé lie s'anôter et ilc se retirer, soiilcim pnr
un de ses camarades; car les forces 1 abandon-
nent. Il n'apprit la cause de son mallieur qu'après
(pi'il eut reprisses sens. En rapportaiitcctle scène,
dont je fus témoin, je ne puis penser sans peine à
la situation de l'artiste de talent qui en fut la vic-
time. Les ouvrages de sa composition qu'il a publies
sont: 1° Deux concertos pour le violoncelle;
Paris, Frey. — 2o Deux concertinos pour le même
instrument, œuvres 19" et 20^; Paris, Pleyel. —
3" Trio pour violon, alto et violoncelle, op. 3;
ibid. — 4" Deux œuvres de duos pour deux vio-
loncelles, op. 6 et 7 ; ibid. — 5° Pot-pourri
pour violoncelle, avec accompagnement de
quatuor; Paris, Frey. — 6° Trois fantaisies pour
violoncelle avec accompagnement de piano,
op. 12; Pari-;, Pleyel. — 7" Trois, idem, op. 20;
il». — 8'' Trois nocturnes pour violoncelle et
harpe; Paris, Pacini. — 9" Deuxœnvres de sonates
pour violoncelle avec accompagnement de basse;
Paris , Pleyel et Naderman. — 10° Des trios
pour piano, violoncelle et cor, et pour piano,
harpe et violoncelle. — ir Des thèmes variés
pour violoncelle et piano. — 12° Trois duos
d'une difficulté progressive pour violoncelle et
piano sur des thèmes de Rossini et d'Auber, op.
31. — 13" Beaucoup de morceaux arrangés d'a-
près Lafont et de Bériot, pour le violoncelle. —
14" Métliode de violoncelle pour l'usage du Conser-
vatoire, avec LevasseuretBaillot; Paris, Brandus.
— 150 Mélhodecomplète de violoncelle, op. 25.
160 instruclion pour les compositeurs, ou
Notions sur le' mécanisme et doigter du vio-
loncelle et la manière d'écrire pour cet ins-
tniment; Paris, Richaul. Baudioî est mort le
26 septembre 1849, à l'âge de soixante-quatorze
ans.
BAUDOIN DESAUTIEX ou DES AU-
TELS, poëte et musicien français, llorissail
vers 1250 (Voy. la Bibliothèque de La Croix
(lu Maine). On trouve une chanson notée de sa
composition dans un manuscrit de la Biblio-
thèque impériale (n° 65 du londs de Cangé).
BAUDOIN (Noël). Voyez RAULDUIN.
BÎAUDREXEL (Philippe-Jacques), doc-
teur en tliéologie, et curé de Kauffbourg, près
d'Ulm, naquit à Fies, dans la Souabe , vers
1635. Après qu'il eut achevé le cours de ses étu-
des, l'électeur, dont il était le sujet, l'envoya à
Rome [)oury apprendre la composition. De retour
d:ins £on pays, il fut pourvu de sa cure, et em-
ploya les loisirs de sa place à conqioser pour l'é-
glise. On a de lui : 1° Primitix musicales, co)t-
linentcs Te Deum, missas, rcqu'iem, motettas
sexdccini de communi quinquc et sexvoc- con-
cert, cumduo vioUn'is,ctc.;\Jh(\, lG(/i,in-V'. —
?" Psnhni rosperlini de dominica, de fi. Vir-
(jiiie, .i/ios/otis et J'estis lotius anni, inprimis
etsecnndis vespcris ; Cologne, 166S, in-4".
BAUDBON (Ant()Ine-L\uue.nt), premier
violon du Théâtre-Français, est né à Amiens, le
16 mai 1743. Après avoir fait ses études au col-
lège des Jésuites de cette ville, il ,vint à Pari-,
et prit des leçons deGaviniès pour le violon. Fn
1763 il entra à l'orchestre du Théâtre-Français,
et en devint le chef en 1766. En 1780 il composa,
à la sollicitation de Larive, la nouvelle nuisique
du PijcjmulUm de J.-J. Rousseau. Il a fait aussi
les airs du Mariage de Figaro, à l'exception du
vaudeville de la fin, qui est de Beaumarchais,
et cent vingt morceaux de différents caraclères,
pour des tragédies, entre autres la musique du
troisième acte d'/l//?o//e. Les ouvrages de Ban-
dron n'ont pas été publiés. Cet aitiste estimable
s'est retiré en 1822, et les comédiens français,
en considération de ses longs services, lui ont
accordé une pension égale à la totalité de ses ap-
pointements. Il a cessé de vivre en 1834, à l'âge
de quatre-vingt-onze ans.
BAUER (Curvsostome), habile constructeur
d'orgues, naquit dans le Wurtemberg , et vécut
au commencement du dix-liiiitiènie siècle. Cet
artiste est signalé par Adelung ( Mus'ica meclia-
n'ica organxdi, p. 270) comme auteur d'un
perfectionnement inipoi tant dans la construction
de l'orgue. Avunt lui , les soufflets qui fournis-
saient le vent à cet instrument étaient de petite
dimension, et Ton ne suppléait à leur insuffi-
saHce qu'en les multipliant. Mais outre l'incon-
vénient de la nécessité de plusieurs hommes
pour le service de tous ces soufflets, il était im-
possible d'obtenir delà petitesse et de la multipli-
cité de ceux-ci un souflle égal et une pression
constante, en sorte que lèvent n'arrivait souvent
aux tuyaux, particulièrement aux jeux de flûte,
(|ne par bouffées et par secousses. Bauer sub-
stitua à cet ancien système de soufflerie des soul-
llets |)lns grands. Le premier essai qu'il fit de
celle amélioration lut appliqué à la réparation
de l'orgue de la calhéîlrale d'Ulm, où seize souf-
tlets furent remplacés avec avantage par huit
autres plus grands et plus puissants.
BAUER (Joseph), maître de chapelle de
l'évêque de Wûr/bourg dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle, a publié k Vlanheim, de
1772 à 1776, cinq œuvres de quatuors pour
piano, flûte, violon et basse. Il mourut à Wûrz-
bourg, en 1797. Bauer était bon [)ianiste et com-
(lo.-ait bien pom- son instrument. Sa fille, Cathe-
rine Bauer , pianiste distinguée, s'est fait con-
naître par trois œuvres d'airs variés, pu!>liés à
o;ïenbaeli , chez André, et par deux recueils de
18.
27G
BAUER - BAULDllIN
danses alleniamles et de walses, qui ont paru à
MimiclijCliez Falter. Née à Wùrtzbourg en 1785,
elle a en pour maître de piano et de composition
le maître de chapelle Sterkel.
BAUER (***), conseiller de cour du roi de
Prusse, vers 1786, se fit remarquer à cette
époque par l'invention de deux pianos d'espèce
particulière. Le premier, appelé crescendo, était
vertical, déforme pyramidale, et avait huit pieds
et demi de liauteur, trois pieds de largeur, dix-
huit pouces d'épaisseur ; son clavier avait cinq oc-
taves d'étendue, et trois pédales savaient à mo-
difier le son par gradation, et aussi à transposer
de deux ou trois tons à volonté, en imprimant un
mouvement au clavier. Le piano de la seconde
espèce s'appelait roya/crescenrfo. Il avait la forme
d'un petit piano de quatre piedsde longueur. Des
tuyaux de jeu de flûte se trouvaient sous une
partie du clavier de cet instrument. Bauer s'est
fait aussi de la réputation par ses liorlo{;es à mu-
sique. Le roi de Prusse lui en acheta une pour le
château de Potsdam en 1769, et l'impératrice
de Russie en paya une 3,000 ronhles.
BAUER (Jean-Frédéric), virtuose sur le
hautbois , est né vers 1785 dans le grand-duché
de Saxe-Weimar. Jiickel , hautboïste de la cha-
pelle du roi de Saxe, lui donna les premières le-
çons de son instrument; mais il ne doit son talent
(ju'à ses propres éludes. Il fut d'abord attaché à
l'orchestre de la cour de Cassel , puis il entra
comme professeur au conservatoire de Prague,
où il se trouvait encore en 1841. Bauer a composé
plusieurs choses pour son instrument; mais il
n'a rien publié.
BAUER (Edouard), compositeur allemand
fixé à Turin vers 1830, a donné à Cagliari, en
ts36, l'opéra intitulé Due Vecchi eci un al-
bero, et en 1843 , Chi più guarda meno vede,
à Turin ; compositions de peu de valeur, oubliées
dès leur naissance.
BAUER ( Aloys ) , maître de chapelle à
Augsbourg, né en Bavière, et actuellement vi-
vant (1854), s'est fait connaître par de nom-
breux ouvrages de musique d'église, parmi les-
quels on remarque : 1° Messe de requiem à
trois voix, orgue et orchestre, op. 5 ; Augsbourg,
Bôlime. — 2° Idem à quatre voix et orgue; ibid.
— 3° Messe de Noël à trois voix , orchestre et
orgue, op. 26 ; ibid. — 4° Messe pastorale (en ut)
à trois ou quatre voix , petit orchestre et orgue,
op. 27; ibid. — 5" Plusieurs messes allemandesà
trois voix, petit orchestre et orgue; ibid. — 6o Messe
solennelle (en «<) à trois ou quatre voix, petit
orchestre et orgue, oi>. 'M; ibid. — 7" Messe so-
Jenneile (en ré) à trois voix, orchestre et orgue,
ibid. — 8" Vêpres chorales à deux chœurs avec
orgue, ibid. — 9" Six petites messes de campa-
gne pour trois voix , petit orchestre et orgue, op.
22 et 25; ibid. _ 10" Beaucoup d'offertoires,
litanies, Tanliun ergo, etc., à trois ou quatre
voix, petit orchestre et orgue; ibid. Les œuvres
de Bauer appartiennent au genre qu'on nomme
musique courante , à l'usage des petites villes et
des villages.
BAUERSACHS (Charles-Frédéric), vir-
tuose sur le cor de bassetle et sur le violoncelle,
naquit à Pegnilz, le 4 juin 1770. La guerre qui
éclata en 1790 lui fit perdre une place qu'il occu-
pait dans une petite cour des bords du Rhin, et
l'obligea d'entreprendre un voyage dans diverses
petites villes. En 1796 il partit pour Vienne,
d'où il alla ensuite en Hongrie et à Venise. De
retour dans sa patrie en 1802, il entra dans un
corps de musique militaire , en qualité de haut-
boïste. Retiré ensuite à Sommerda, près d'Erfurt,
il y mourut, le 14 décembre 1845. 11 a écrit beau-
coup de musique pour le cor de bassette ; elle est
restée en manuscrit.
BAUERSCHMIDT. Il y a eu deux frères
de xe nom , qu'on désignait seulement par les
dénominations d'aîné et de cadet. L'un d'eux
fut d'abord maître de chapelle du margrave de
Baden-Baden. On croit que c'est le même qui vint
h Paris vers 1784, et qui y publia six quatuors
pour deux violons, alto et basse, et, peu de temps
après, six trios pour harpe, piano et violon.
L'autre s'établit en Russie et se trouvait encore
àPélersboiirg en 1794. Il paraît que depuis lors
il est revenu en Allemagne , où l'on a imprimé
deux ouvrages de sa composition : 1° An-
dante favori varié pour piano; 1797. — 2° VI
Lieder mit Klavierbegleitung (Six chansons
avec accompagnement de clavecin ) ; Heilbronn.
On a aussi sous le môme nom Six grandes sym-
phonies; Paris, in-fol. sans date.
BAULDUIIV ou BALDUIN, ou enfin
BAUDOUIN (Noël), en latin Balduinus, mu-
sicien belge, né dans la seconde moitié du
quinzième siècle , fut maître de musique de l'é-
glise collégiale Notre-Dame à Anvers, depuis
1513 jusqu'en 1518. On ignore ce (|ui lui lit
quitter cette position , car il ne s'éloigna pas
d'Anvers, et il y mourut en 1529. On voit dans
les comptes de l'église d'Anvers et des confréries
que Noël Baulduin y est toujours nommé maître
Noël ou msester Noël, Nouel, Noé, etc.; repen-
dant M.deBurburea trouvé que dans l'Hunte
qui précéda sa nomination de maître deiuusiiiue,
on l'avait inscrit dans les comptes des chanteurs
sous le nom de Balduinus, qui ne lui est donné
qu'une seule fois , parce qu'il y avait un autre
chantre dans le même temps qui se nommait
BAULDUIN — BAUMEISTER
277
Bauvxns, en latin Balduinns, et (lu'on voulait
éviter la confusion tians les relevés des droits de
présence au chœur. Je viens de dire que Noël
Baulduin ne s'éloigna pas d'Anvers; cependant
il est possible qu'il ait fait un voyage en Italie , car
en 1519 Petrucci de Fossoml)rorie iniprimadeuv
de ses motets dans un de ses recueils. Un volume
des archives de la chapelle pontificale à Rome,
coté n" 22, et noté partie en 1565 et partie en
1568 , contient six messes par Noël Baudotiijn,
Robledo et Rosso. On voit que ces messes ont
été recueillies longtemps après la mort de Baul-
duin. Les deux motels de Balduin , insérés
par Octave Petrucci dans le quatrième livre des
Motettide la Coro?2a, sont: 0 pulcherrima inu-
licrum , à quatre voix , et Exallabo te Deus
meus, également à quatre voix. Ce dernier motet
a été reproduit dans un recueil intitulé : Psal-
morum seleclorum a prxstantissimis huius
noslri temporis in arte musica artificibus in
harmoniaa quatuor, quinque etsex vocum rc-
dactorum , tomi quatuor ; Aoribergx ex ofjl-
cina Joannis Montant et Ulrici Neiiberi, 1553-
1554, in-4'' obi. Le recueil de Salblinger intitulé :
Selectissimœ nec non famiiuirissimx cantio-
nes ulira centitm, publié à Augsbourg en 1540,
contient plusieurs pièces de ce nmsicien. Tylman
Susato a mis aussi un morceau de Noël Baulduin
dans son Sixième livre contenant XXXI chan-
sons nouvelles à cinq et six parties, etc.; Anvers,
1545, in-4o obi. Dans les Selectissimœ sr/mpho-
nix compositx ab excellentibus nmslcis unie
hac non editx. (Norimbergcie, inoHicina Joannis
Montani et Ulrici Neuberi , 154C, iu-4° ob. ), on
trouve, sous le nom de Natalis Baudouijn , le
motet, Quam pulchra es , à quatre voix , coté
n° 11. Natalis est ici la traduction latine de
Noël, linfin le recueil qui a pour titre : Musis
dicatum, Libro llamado Silva de Sirenas , re-
cueilli parEnriquez de Ualderavano, et imprimé
par François-Fernandez deCordoue, en 1547,
renferme des airs à plusieurs parties du même
comiiositeur.
BAUMAI\1\ ( Jean-Godefroy), pasteur de
l'i'glise de la nouvelle ville, à Schneeberg, vers
1760, a écrit un petit ouvrage intitulé : Sche-
diasma historico- theoloijicumde hymnis hijm-
nopœis veteris et recentiorïs ecclesix verx
atque christianx religioni promovendx ac
propagandx inservientibus : Brème, 1765,
in-S", de 54 pages.
BAUMANiV (A.), compositeur de chansons
allemandes, né à Vienne, a publié environ vingt-
cinq œuvres dédiants à voix seule avec accom-
pagnement de piano.
BAUMBACII (Fkédéric-Auguste), compo-
[■ sitcur, écrivain sur la musique, né en 17i)3,
I mort à Leipsick le 50 novembre 181.'}, fut nommé
j chef d'orchestre du théâtre de Hambourg, en
1778. Ne trouvant pas au milieu de l'exercice
de ses fonctions le temps nécessaire pour se
livrer à ses travaux il donna sa démission en
1789 et se retira à Leipsick, où sa vie tout en-
tière fut consacrée à l'art qu'il aimait avec pas-
sion. Le premier œuvre de sa composition qui
a été publié consiste en six sonates pour le piano
(Gotha, 1790). Parmi ses autres ouvrages on
remarque • i" Six duos pour deux violons.
Spire, 1791. — 2° Air à trois notes de J.-J. Rous-
seau, avec vingt-quatre variations pour clave-
cin,violon obligé et violoncelle, Berlin et Leip-
sick, 1792. —3° Choix d'airs et de chansons,
Leipsick, 1793. — 4° Russisches VolksUed mit
50 Vernnderungen filr Clavier (Air rus--c avec
cinquante variations) ; Gotha, 1793. — 5o Lgrische
Gedichte zum singen beym K'iavJer; Leipsick,
179.'î. — ù° Theresiens Klagen iiber den Tod
ihrer unglucklichen Mutter Marie-Antoinette,
eine Kantate am Forte-piano zu singen, mit
einer Kupfer Von Rosmœsler (Con^plainte de
Thérèse sur la mort de sa mère infortunée, Marie-
Antoinelte , cantate avec accompagnement de
piano), Leip.sick, 1794; — 7" Alphonso und
Zaide, clc. ( Alphonse et Zaïde, duo avec accompa-
gnementdepiano à quatre mains) ; Leipsick, 1794.
— S° Le Songe de La/ayette. PaT\s,lmlmi\t, i795.
— 9° Maria- Theresia bey ihrem Abschiede von
Frankreich (Marie-Thérèse quittant la France,
rondeau pour piano), Leipsick, 1796. — 10°
Duettinotturni, con ace. rZi pirtjjo; Leipsick
1798. — ir Gesànge am Klavicr, premier et
deuxièmerecueil, Gotha, 1798. — 12" Trois ron-
deaux pour le piano; 1798. — 13" Air italien :
Ombre amené, avec accompagnement de piano,
violon obligé et violoncelle. — 14" Variations sur
un allegretto pour deux violons; Leipsick, 1799.
— 15° Études pour la guitare, consistant en seize
préludes dans les tons majeurs et mineurs, vingt-
qnatre pièces progressives, siîi variations , deux
romances, deux airs, Leipsick. Baumbach a écrit
lesarticlesdemusiquedu Dictionnairedes Beaux-
Arts qui a paru à Leipsick en 1794 sous ce titre :
Kurz gefasstes Handworterbuch ilber die
schônen Kiinste. La musique de cet auteur .se
fait remarquer par un caractère de profondeur
et de grave pensée. Baumbach était également
habile sur le piano et sur la mandoline.
BAUMBEKG (....). On connaît sous ce
nom : l" Six trios pour deux llùles et basse,
op. 1, Amsterdam, 1783. — 2° Six quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 2. Berlin, 1784,
BAUMEISTEB (GeorgeOtumau) , asses-
278
BAUMFJSTKÎl — RAU^iSTARCK
siHif à Glogaii, est ;îii nombie des plus Laliiics
p'uiiiistes (ie la Silésie. Jl iia(|iiit à Guiiiiîz le 27
«■(•,tiil)!e 1800 et reçut les premières leçons de
musique de son père. Il étudia ensuite le piano
et la tlK'Oi'ie de la composition sons la direction
«le M. Schneider, organiste à Dresde. Ayant été
envoyé à l'université de Breslau, il s'y lia d'a-
mitié avec Sclinabel et participa à ses concerts. A
lîerlin, il fut membre de la société de cJiant di-
rifjée p;ir Zelîer jusqu'en 1821, on il reçut sa
noniinalion d'assesseur à Glogau. M. Hoffmann
(Die Tonkûnstler Schlesiens) fait l'éloge du ta-
lent de cet artiste, de son \)abileté dans limpro-
%isalion, et de son fioîit. lïaumeister a publié :
1" Grand rondeau pour le piano ; Breslau, Focrs-
1er. — 2° Deux valses et un cotillon pour le
l)iaiio, ibid.
BAUMG.ï:RT]\rER (Jean-Baptiste), habile
violoncelliste, né à Augsbourg, de Jean Baum-
f^œrlner, flûtiste de la chapelle du prince-évéque,
passa la plus grande partie de sa jeunesse à voya-
ger. Eu 1774 il élait à La Haye ; deux ans après
à Amsierdam. Il fut ensuite appelé à la chapelle
loyale de Stockholm ; mais le froid rigoureux <le
le pays l'obligea bientôt à le quitter. Après avoir
séjourné queUjuetemps à Hambourg et à Vienne,
il se fixa enlin à Eicbsladt, où il mourut de
phtliysie, le 18 mai 1782. Baumgœrlner a publié :
Instruction de musique théorique et pratique
sur V'usage chi violoncelle ; La Haye, 1774,
in-4°. On a aussi de sa composition : 1° Quatre
concertos pour le violoncelle avec orchestre;
— 2" Six solos avec trente-cinq cadences dans
fous les tons. Ces ouvrages sont restés en ma-
nuscrit.
BAUaiGJEflTNER (...), directeur de
musique d'une troupe d'acteurs ambulants, a
composé la timsique de Persée et AndromèdCy
opéra allemand q\ii a été représenté en 1780.
On ne sait rien de plus sur cet auteur ni sur ses
(luviages. On a sous ce nom un recueil de six
chansons allemandes , en deux cahiers, Mayence,
Schott.
BAUMGABTEiM (Gotthilf dk), conseiller
prwviucial du canlon de Gross-Strehlilz, en Si-
lésie, naquit à Berlin, le 12 janvier l74l. Il avait
élé d'abord capitaine au régiment de Tauen-
zien-înfanterie, en garnison à Breslau, d'où il
passa à la place qui a été mentionnée ci-dessus.
Baumgarten est connu par la composition de
trois opéras intitulés : {° Zémire et Azor, repré-
senté en 1775 2° Andromède, 1776. — 3" Le
tombeau du Muphti, 1779. Ce sont des compo-
sitions dans la manière de Dittersdorff. Baum-
garten avait fait ses études au Gymnase de Co-
logne, était ensuite entré comme sous-lieuteuanf
dans w\ régiment dy lanciers, avait été fait lieu-
tenant en 17(jS, et entin avait élé conseiller d'i>
tatà Breslau, en 1770.
BAUMGARTEIV (Georges), Cuntor et
maître d'école à Landsbcrg sur la Warfa, vers le
milieu du dix-septième siècle, est auteur d'un
traité de musique intitulé : Rudimenta musices :
Kurzejcdoch griindliche Anleitung zur Figu-
ral-Musik, fiirnehmlich der studirenden Ju-
gend zu Landsberg an der Warthe , zum Bf-
sten vorgeschrieben (Introduction courte mais
fondamentale à la musique figurée, etc.); Berlin,
1673, in-8o, 2^ édition. On ignore la date de la
première.
BAUMGARTEN (CnAni.Es-FnÉDÉRic), né
en Allemagne, vers le milieu (\^i dix-huitièu'.e
siècle, était bassoniste au IhéAtre de Covenl-
Garden, à Londres, vers 1784. En 178G, il com-
posa la mHsi(]ue d'un opéra anglais, intitulé :
Jiobin Hood, qui fut reçu du public avec de
grands applaudissements. On a publié en Alle-
magne, sous le nom de Banmgarten (J.-C.-F.),
un recueil de chants à voix seule pour des écoles
de campagne.
BAUMGARTxXER (Guillaume), directeur
de mu.siqueà Saint-Gall, en Suisse, actuellement
vivant (1856), s'est fait connaître par des com-
positions pour léchant, au nombre desquelles se
trouvent: 1° 6 Lieder à 4 voix, pour 2 sopranos et
2 altos; Saint-Gall, Haher. — 2° G idem, op. 2;
i!i)id. — 3° 2 chansons comiques avec piano, op.
8 ; Offenbach, André. — 4° 6 petites chansons à
voix seule et piano, op. lO; Leipsick, Senff.
BAUIVIGARTNER (Auguste), organiste à
Munich et membie de l'institut central de sténo-
graphie fondé dans cette ville par Gabeisberger,
est inventeur d'un nouveau système de sténogra-
phie musicale dont il a publié les premiers essais
dans l'écrit périodique \n[iU\\é Stenographischen
Zeitschrift , n" 4 (juin 1852). Son système
complet a paru ensuite sous ce litre : Kurzgefasste
Anleitung zur musikalischen Stenograpkieoder
Tonzeicfiene-Kunst (Brève introduction à laslé-
nographie musicale, ou Art de noter); Munich, G.
Franz, 1853, in- 12 de 42 pages avec 16 planches.
Le système de Baumgartner a sur ceux qui l'ont
pn'cédé l'avantage d'une plus grande ^simplicité
pour la représentation des groupes do sons en
séries et en progressions.
RAUMSTARCK (A. Fr.) Sous ce nom d'un
écrivain inconnu (pii, selon les probabilités, vit à
Leipsick, on a publié un petit écrit intitulé :
Justus Thibaut. Blàtter der Erinnerung fur
seine Vcrehrer und fiir die Freunde der rci-
nen Tonkunst (Juste Thibaut. Feuilles de sou-
venir (tour honorer sa mémoire, et pour les amis
BAUMSTARCK — BAYER
279
de la musi(nie pure ; Lcipsick ). Eiigelmann ,
1S4I, in -8°.
BAUMULLER (Joseph), né en 1780 à Man-
lieim , acquit beaucoup de talent sur le violon ,
par les soin» de François Scliemenatier, musicien
de la cour de Munich. En 1800 il obtint la
place de premier violon à l'orcliestre de cette
cour. On connaît de lui un œuvre de trois duos
pour deux violons; Munich, Falter.
BAUR (Charles-Alexis), professem- de
harpe et de piano, est né à Tours , en 1789. Son
père et sa mère, qui tous deux donnaient des le-
çons de ces deux instruments dans sa ville natale,
lui donnèrent les premières notions de musique
vocale et instrumentale. Venu ;à Paris à l'âge
de seize ans, M. Eaur devint élève de Nader-
mann. En 1820 il s'est rendu à Londres, oii il
s'est fixé comme professeur de harpe. Ses com-
positions consistent en : Trois sonates pour la
harpe, œuvre l"^*^. — Trois idem, œuvre 2'^. —
Recueil d'Airspoiirlemémeinstrument.— Duos
pour harpe et piano, œuvre 3*. — Quatuors
pour harpe, clavecin, violon et basse. — Dicos
pour harpe et flûte. 11 est aussi auteur de deux
livres de sonates pour le violoncelle.
BAURÏEGEL (Jean-Chrétien), organiste
à Grinuna, petite ville de la Saxe, a donné im
livre choral à quatre voix pour le livre de chant
de la Saxe, avec des conclusions pour l'orgue, sous
ce titre : Choralbuch fur sâmmtUche sàch-
sische Gesangbûcher , vierstimmig. mit Zwi-
sc//enspielen ,Gr\mma, 1835, in-4°.
BAUSCH (...), fabricant d'archets à Dessau,
est le Tourte de l'Allemagne, car ses archets y
sont recherchés par tous les artistes. lia reçu,
dit-on , des conseils de Spohr pour la bonne
construction de cet agent si important de l'art
du violoniste. En 1840 une médaille d'argent a
été décernée à M. Bausch à l'exposition de
Dresde.
BAUSTETTER (Jean -Conrad), musicien
allemand, fut organiste de l'église neuve à Ams-
terdam, dans la première moitié du dix-huitième
siècle. On connaît sous son nom : — l» Six trios
pour violon, hautbois et violoncelle, op. 1; Ams-
terdam, 1729. — 2° Six sonates pour deuxllûtes,
violoncelle et orgue, op. 2. — 3" Six suites pour
le clavecin , composées de sonates , siciliennes ,
caprices, gigues et menuets. — 4° Six trios
pour flùle. — 5° Otto concerti a sei e scite
stromenti, due fl., due viol., alto, violonc. e
eembalo.
BAVERINI (François) , contrapuntiste ita-
lienqui vivait versle milieu duquinzième siècle, est
le premier qui mit en musique une espèce de drame
qui avait pour Ulre : La conversione di San
Paolo. Il fut représenté à Rome pour la première
fois en 1440. Cet ouvrage est perdu.
BAWR (M""^ LA COMTESSE pe), est née à
Stuttgart, de parents français, en 1770. Son nom
de famille était Changran. Venue fort jeune en
France, elle y reçut une éducation brillante,
apprit la musique, devint bonne pianiste, et prit
des leçons de composition de Gréiry. Sous sa
direction , elle écrivit la musique d'un opéra qui
n'a point été représenté , et celle d'un mélodrame
qui fut joué à Paris avec quelque succès. Plu-
sieurs romans, de jolies comédies, et des résumés
historiques, ont fait connaîîre avantageusement
M™^ de Bawr dans la littérature. Ai; nombre de
ses productions est une Histoire de la Musique
(Paris, Audot, 1823), dont il a été fait deux
tirages, l'un in-l2, l'autre in-l8. Ce petit ou-
vrage fait partie d'une collection connue sous le
nom iV Encyclopédie des dames. M. Auguste Le-
wald a donné une traduction allemande de ce
livre sous le titre : Geschichte der Musik fur
Freunde und Vehrerer dieser Kunst ; Nurem-
berg, Haubenstriker, in-8°, 1825. Connue d'a-
bord sous le nom de M"^ de Saint-Simon , M'""
de Bawr a épousé en secondes noces un gentil-
homme russe, qui fut tué en 1809 par la roue
d'une lourde charrette.
BAYART (CoNSTANT-A.-M.), musicien à
Œdinberg près d'Osnabruck , a publié un recueil
de chansons avec accompagnement de piano ,
sous ce litre : Gesànge von Groninger mit
Musik fur Klavier ; Osnabruck, 1799, iii-fol.
BAYER ( André ) , organiste de l'église ca-
thédrale de Wiirzbourg, naquit à Gesenheim en
1710. Doué d'une fort belle voix dans son en-
fance, il fut admis à l'école de l'hôpital de Wiirz-
bourg, où il fit de grands progrès dans la mu-
sique. A la mort de l'organiste de la cathédrale,
il lui succéda. Bientôt il se fit remarquer par une
exécution brillante, une grande profondeur
d'Iiarmonie et un style élevé et solennel. A l'é-
poque du couronnement de l'empereur Fran-
çois F'', il fit à Francfort la connaissance de
Wagenseil , qui vint le voir à Wiirzbourg, et qui,
l'ayant entendu déployer toutes les ressources de
son talent sur l'orgue, fut obligé d'avouer qu'il
était un des plus grands organistes de l'Allemagne.
Cet habile homme mourut à Wiirzbourg en 1749,
n'étant âgé que de trente-neuf ans. Malheureuse-
ment ses compositions n'ont point été im|)riuiées
et se sont perdues.
BAYER (Jacques), excellent organiste à
Kuttenberg, en Bohême, remplissait déjà ses
fonctions en 1783 et vivait encore en 1807. Ce
musicien , qui a écrit beaucoup de pièces d'oi gue,
restées en inanusciit, avait réuni une bibliotliù-
280
BAYER
que de musique fort riclic, où l'on Iroiivail les
ouvrages les plus rares concernant la tlu'orie et
riiistoire de l'art.
BAYER ( ANTorNE) , conservateur des liypo-
tlièqnes de la seigneurie de Reiclienbacli , est né
en IJoliêine en 1785. Destiné à l'étude du tiroit,
il ne négligea pas celle de la musique, pour la-
quelle il avait d'heureuses dispositions. Ses
maîtres dans cet art furent Joseph Roesler,
l'abbé Vogler, et Charles-Marie de Weber, qui se
trouvait à Prague dans le même temps que lui.
Il possédait une rare habileté sur la flûte, qui
lui procura l'emploi de première tlûtedu théâtre.
Depuis 1802 jusqu'en 1805 il dirigea l'orchestre
lie l'opéra populaire, tant bohémien qu'allemand,
et écrivit plusieurs ouvrages qui plurent au pu-
blic. Ses études de droit achevées, Bayer entreprit
lies voyages comme artiste en 1805, afin d'é-
tiiapper au service militaire. Il parcourut une
grande partie de l'Allemagne, la France et l'Italie,
donnant des concerts, ets'arrôtant çà et là pour
se livrer à l'étude du piano. Après le congrès de
Vienne, il retourna à Prague, et entra chez le
comte Gallas, en qualité de secrétaire et de pro-
(tsseur de musique. Il reprit bientôt après ses
fonctions de première flûte du théâtre , et fut
nommé professeur de son instrument au conser-
vatoire. Dans le même temps il écrivit pour les
acteurs Schikaneder et Feistmantel quelques pe-
tits opéras comiques, parmi lesquels on remarque
les Amazones bohémiennes ( Bohamische Ama-
ronen), le Jongleur indien (Indianische Gauk-
Icr ), la Magie naturelle ( Naturalische Zau-
ùerei), etc. Quelques-unes de ces pièces se jouent
encore au théâtre de Prague. En 1824 Bayer
obtint la place qu'il a occupée depuis lors dans la
conservation des hypothèques, et réserva pour
ses amis seuls son double talent de flûtiste et
de pianiste. On a gravé de sa composition un
grand sombre de morceaux pour le violon, la
flûte, le piano et la guitare. Ces compositions
consistent principalement en variations, danses
caractéristiques , valses , etc. On a aussi de lui
une instruction pour apprendre à jouer de la
flûte, à l'usage du conservatoire de Prague, in-
titulée : Tonlelter/ûr die Fiole; Prague, Berra
(sans date).
BAYEIl (Guillaume), ténor distingué du
théâtre de Munich, y brilla depuis 1829 jusqu'en
18i0. Il joua et chanta avec succès sur les théâ-
tres de Berlin , de Vienne et Weimar â plusieurs
époques. Cet artiste s'est f;iit connaître aussi
comme compositeur parune prière de Marguerite,
d'après le Faust de Goethe , qui fut exécutée
dans un concert à Munich, en 1832, et par des
Romances publiées chez Schott , à Mayence.
- BAYR
BA.YLOJ\ ( Anicet ), connu en Espagne sous
la dénomination de El Bmjlon , fut un des meil-
leurs compositeurs du dix-septième siècle. Instruit
à l'école valencienne, il y puisa la manière de
traiter la musique d'église à trois chœurs , et ac-
quit dans cet art difficile une habileté extraordi-
naire. Plusieurs de ses grandes compositions se
trouvent dans les archives des églises de Valence
et à l'Escurial.
B AYLY ( Anselm ), sous-doyen de la chapelle
du roi d'Angleterre vers la fin du dix-huilième
siècle, lut gradué docteur eu uîiisique à l'univer-
sité de Cambridge en 1783. Il a fait iiupriiner \n{
livre intitulé : The Alliance of Music , J'oelnj
and Oratorij (L'Alliance delà Mu>i(ii!e, de la
Poésie et de l'Éloquence); Londres, I7h9, in-8",
390 pages. C'est un ouvrage de peu de valeur. On
a aussi de B:iyly un traité de l'expression dans le
chant et dans le jeu des instruments sous ce
titre : Praclical Trealise on sinyiny and
playing icilh Jiist expression and real élé-
gance; Londres, 1771, in-S".
BAYR (Georges), virtuose sur la flûte, né
en 1773 , de [larents [lauvres, a Boemisrhbiod ,
dans la basse Autriche, reçut les preinieis prin-
cipes de musique dansTécolede chant du couvent
de Heiligenkreutz (Sainte-Croix ) à quatre lie ics
de Vienne. Jeune encore, il obtint l'emploi de secré-
taire dans une seigneurie du pays ; mais il ne tarda
point à quitter cette place pour se livrer exclusive-
ment à l'étude de la flûte, pour laquelle il avait un
goûtinvincible. Ses progrès furentrapides. Eu 1803
il était employé comme flûtiste dans un théâtre
de Vienne; peu de temps après, il entreprit un
voyage en Suisse par l'ouest de l'Allemagne, puis
il se rendit à Saint-Pétersbourg par Varsovie et
Riga. Après un séjour de quelques années dans
la capitale de la Itussie, il se fixa à Kreuiinierk,
dans la Podolie, où des avantages lui étaient of-
ferts comme professeur de flûte. Le désir de re-
voir sa patrie le ramena à Vienne, en 1810. C'est
alors seulement qu'on commença à connnîlre le
talent de cet artiste, et qu'on admira l'artifice par
lequel il parvenait à produire des sons doubles
sur son instrument. Les compositions qu'il ()ublia
depuis cette époque ont mis le sceau à sa ré|)u-
tation. Telle était l'habileté de Bayr dans l'art de
jouer à deux parties sur une seule flûte, qu'il
soutenait un son dans le haut de l'instrument
pendant qu'il exécutait des passages rapides dans
le bas, soit par degrés conjoints, soit par sauts,
et ses sons étaient à volonté forts ou doux, coulés
ou détachés. Cette découverte parut si extraordi-
naire , que des commissaires furent nommés à
Vienne pour en vérifier la réalité. Leur rapport
ne laissa aucun doule à cet égard. M Domcur,
BAYR — BAZZINI
281
ancien jirofesseur de fiùle an constTvntoire de
BrnxeHes, a renouvelé cet effet en «847. Qnelques
personnes ont nttribnéà Hayr l'invention de la flûte
recourbée qui descend jusqu'au 50/ bas , et à la-
quelle on a donné le nom de Panmilon ou Pa-
naylon; cependant un facteur d'instrunients de
Vienne, nommé M. Trexlcr, est généralement
considéré comme l'inventeur de celui-ci , qu'il a
peut-être seulement perfectionné. Rayr est mort à
Vienne en 1833. Ses compositions gravées con-
sistent en plusieurs concertos i)our la flûte, des so-
loset rondeaux , deux caprices, quatre polonaises,
plusieurs airs variés, douze Lxndlcr, cent un exer-
cices sur la gamme, et une volumineuse méthode
pour la flûte. Tous ces ouvrages ont été publiés
à Vienne.
BAZIN (FRANÇOis-EMMANUEL-JosErn), com-
positeur, né à Marseille, le 4 septembre 1816,
fut admis comme élève au Conservatoire de P-a-
ris, le 18 oclobre 1834, et y eut pour maîtres
d'harmonie et d'accompagnement Dourlen et Le-
coupey. Benoît fut son professeur d'orgue ;
Haléry et Berlon lui enseignèrent la composition.
Le premier prix d'harmonie et d'accompagne-
ment pratique lui fut décerné au concours de
1830; dans l'année s\ii vante il obtint le second
prix d'orgue, et le premier de contrepoint et fu-
gue. Admis au grand concours de composition
ouvert par l'Académie des l>eaux-arts de l'Ins-
titut, il s'y distingua dans la composition d'une
cantate, et le second prix lui fut décerné en 1830.
Quelques jours après il obtint le premier prix
d'orgue au conservatoire. Enfin le grand concours
fie composition de l'Institut lui fut de nouveau
favorable, et le premier prix lui fut décerné en
1840. Sa cantate Luijse de Montfort fut exé-
cutée solennellement le 4 octobre de la même
année, à la séance publifjue de l'Académie des
beaux-arts. Peu de temps ajirès il partit pour
Rome, où l'auteur de celte Biographie le trouva
dans l'été de 1841. Pendant son séjour en Italie
il écrivit une messe solennelle qui fui exécutée
à l'église Saint-Louis des Français, dans les an-
nées 1842 et t8i3; l'oratorio iaPe/Uecoi/e, et le
psaume .SM/Jer/Z«/HiiiaZJflôj/^o«iS, qui furent exé-
cutés plusieurs fois en 1843 |>arla société philhar-
monique de Rome. De retour à Paris, après trois
années d'absence, M. Bazin fut nommé professeur
de solfège au Conservatoire, place qu'il échangea
plus tard pour celle de professeur d'harmonie.
Au mois de mai 1846 il fit représenter au théâtre
de rOpéra-Comique un petit opéra en un acte
intitulé : Le Trompette de M. le Prince, joli
ouvrage dans lequel il y a quelques morceaux
bien faiis. Cet opéra fut suivi d'un autre ouvrage
du même genre : Le malheur d'être jolie, en
un acte, reprcsonlé au (hé;Uro de rOjiéra-Comi-
queen 1847. La Nuit de In Saint-Sylvestre,
ojvéra en trois actes, représenté au mois de juil-
let 1849, est une œuvre plus imporlante dans la-
quelle le compositeur a fait preuve de talent
dramatique. Après un repos de trois années,
Bazin a donné au théâtre de l'Opéra-Comique, le
26 mars 1852, Madelon, opéra en deux actes,
où l'on remarque de jolies effets d'instrumen-
tation et de la distinclion dans les mélodies. En
1850, Maître Pathelin, nouvel ouvrage de ce
compositeur, a été joué avec succès à l'Opéra-Co-
mique. Sa dernière production pour le théâtre
jusqu'à ce jour (1859), est un petit opéra en
un acte intitulé Les Désespérés , qui a éié re-
présenté en 1859. On a aussi de M. Bazin un
Cours d'harmonie théorique et pratique a Vu-
sage des classes du Conservatoire. Il est membre
de l'Académie de Sainte-Cécile et de l'Académie
plulharmoni(]ue de Rome : il est aussi un des
membres de la commission de surveillance de
l'enseignement du chaut dans les écoles commu-
nales de Paris.
BAZZANI ( François-M.vrie), maître de cha-
pelle de la cathédrale de Plaisance, vers le milieu
du dix-septième siècle , jouissait de son temps de
la réputation d'un bon compositeur pour l'église
et pour le théâtre. Il a donné les opéras suivants :
1° Vinunno, représenté à Parme en 1673; il
Pédante di Tarsia, Bologne, 1680.
BAZZI A'VELLI (A.-R.-D.-Z.), compositeur
italien qui vivait vers le milieu du dix-septième
siècle, a fait imprimer plusieurs œuvres de messes
et de motets, parmi lesquels on remarque ceux-ci :
— 1° M m Junfstirnmiye Missen (Huit messes à
cinq voix), Cologne, 1668; — Missœoclo brèves,
faciles, suaves, etc., Cologne, 1669,in-fol. Cet
auteur n'a point mis son nom à ses ouvrages,
mais seulement ses lettres initiales : c'est le cata-
logue de Francfort (automne de 1668) qui nous
l'a faitconnaîlre.
BAZZINE (Antoine), violoniste distingué, né
àBrescia,en 1818, a commencé à faire connaître
sentaient, en 1840, par ses voyages et ses con-
certs. Après avoir joué à Milan et dans quelques
autres villes de sa patrie , il se rendit dans le
Nord, en passant par la Suisse et Francfort, où
il donna deux concerts. Puis il joua à Hambourg,
à Krel , à Erfurt , à Weimar, à Berlin , à Leipsick,
ensuite il retourna en Italie et sefit entendre à Na-
ples,à Crémone et dans sa ville natale. En 1849 il
arriva à Marseille et parcourut le midi delà France
avec de brillants succès; de là il se rendit en Bre-
tagne, puis il donna des concerts dans beaucoup
de villes cpii environnent Paris; mais il parut
éviter avec soin d'entrer dans cettecapilalc.oùse
282
BAZZIINI — BEALE
consacrent et quelquefois s'affaiMissent les réputa-
tions. C'est ainsi qu'il visita les villes principales
(le la Picardie, delà Champagne etdu département
(1(1 Nord pendant les années 1830 et 1831, tournant
aiilour de Paris, et s'en éloignant toujours. Enfin
il Cranchit les barrières de cotte grande cité , et
«lébuia en 1852 au Théâtre-Italien, entre deux
actes d'un opéra; il eut alors la preuve qu'il avait
eu tort de redouter un public qui a plus qu'aucun
autre le sentiment juste et fin des véritables
beautés de l'art. Il n'y trouva pas sans doute tet
enthousiasme un peu naif qu'il avait rencontre
ilans les i)rovinces; mais on rendit justice au brio
de son jeu , à la prestesse de son archet , et au
brillant de son trille : la critique ne lui reprocha
que de la maigreur dans le son, et certaines té-
mérités dans les traits difficiles qu'il ne réussis-
•sait p;is toujours. Après deux mois de séjour,
l'.endant lesquels il ne se (it entendre que trois (bis,
il s'éloigna de Paris et recommença ses tournées
dans les provinces. Arrivé en Belgique, il y a tenu
la môme conduite qu'en France ; car il y a joué
dans les petites villes, à Spa, à Yerviers, à Na-
mur, et ne s'est pas fait entendre à Bruxelles, la
ville des violonistes. Au moment où cette notice
est écrite (décembre 1853), M. Bazzini vient de
s'éloigner de cette ville , sans avoir tiré le violon
de son étui. Cet artiste a publié de sa composi-
tion : — l^Concertino pour violon et orchestre,
op. 14; Milan, Ricordi, et Leipsick, Breitkopf
et Haeitel. — 2" Grand allegro de concert, idem,
op. lô; Leilin, Meyer. — 3" Variations brii-
lanteset finale sur la Sonnambula, idem, op. 3;
Leipsick, Breitkopf et Haertel; 3Iilan, Ricortii.
— 4" Estnerukia, [antaisie sur un thème de
Mazzucato, idem, ibid. — 5° Souvenir de la
Sonnambula, grande fantaisie, idem, op. 19;
ibid. M. Bazzini a aussi publié un très-grand
nombre de morceaux de salon pour violon et
piano, des romances, etc , qui ont paru à Milan,
chez Ricordi, et en Allemagne. Il a aussi des
morceaux difficiles qu'il réserve pour ses concerts,
et qui sont encore en manuscrit.
BAZZINO (FiuNçois), grand théorbiste et
compositeur, né vers IGOO à Lovero, dans l'I-ltat
Vénitien. 11 fit ses études musicales au séminaire
de Berganie, sous la direction de Jean Cavaccio,
et fut ensuite nommé oi ganiste de l'église Sainte-
IMarie Majeure de la même ville. De là il passa
au service du duc de Modène, puis à Vienne, et
euiln , en 1630 , il revint à Bergaine, où il mourut
le 15 avril IGGO. Ses ouvrages consistent en so-
nates pour le tlieorbe, et en canzonelte à voix
.seule. Il a aussi composé la musique d'un ora-
torio intitulé ; La licprescniaz'wne di S. Or-
Sdla.
DAZZIKO (Natale), frère aîné du précédent,
et, connue lui, compositeur et organiste, mouiut
en 1639. Il a fait imprimer : — 1° Messe, mo-
lelli e dialoghi a cinque voci conccriati; Ve-
nise, 1627. — 2° Motettï a una , due. Ire e
quattro voci, lib. 1 e 2 — 3» Messe e salmi a
tre concertati. — 'k° Arie diverse.
BAZZONl (Joseph), ancien élève du Conser-
valoire de Milan, et en particulier de Ray pour
la composition, a écrit en 183C le petit opéra i
tre Marili, qui a été exécuté dans cette ville.
BE (Guillaume le), graveur de caractères,
fondeur et imprimeur à Paris, vers le milieu du
seizième siècle, a gravé vers 1540 et en 1555
deux sortes de caractères de musique et une
suite de caractères pour la tablature de luth.
Le premier de ces caractères, qui était en
grosse musique, était fait pour imprimer en une
seule fois les notes et la portée. Celui de 1555
était disposé de manière à imprimer la musique
en deux tiiages, l'un pour les notes , l'autre pour
la portée. Cette portée n'était pas d'une seule
pièce, mais se composait au moyen de filets et de
cadrais. On trouve des spécimen de ces deux
sortes de caractères dans les Observations de
Gando, père et fils, sur le Traité historiqtie et
critique de Fournier (p. 28). Le premier a été
employé par Adrien le Roy et Robert Ballard.
Les poinçons et les matrices de ces deux carac-
tères ont passé par la suite dans l'imprimerie des
Ballard où ils existaient encore en 1760.
Le Bé eut un fils, nommé Guillaume comme
lui, et qui, comme lui, fut fondeur et imprimeur.
Par un inventaire de sa fonderie qu'il a fait lui-
même et qui a été cité par Fournier dans son
Traité historique et critique sur l'origine et
les progrès des caractères de fonte pour Vim'
pression de la musiqiie, on voit que les poin-
çons et les matrices de la fonderie de Nicolas
Ducbemin [)our la musique, et gravés par ce
même Duchemin et par Nicolas de Villiers et
Philippe Danfiie , étaient passés dans la sienne.
Ces matrices et ces poinçons existaient dans l'ini-
primnrie de Fournier l'aîné, en 1765.
BEALE (WiLLiAJi), compositeur de madri-
gaux, de glees et d'autre musique vocale, est né
à Londres vers 1790. Sofi éducation s'est faite a
la maîtrise de Westminster, où il a été enfant de
chœur. En 1813, il a obtenu le prix de la coupe,
décerné parla Société des Madrigaux. lia publié,
en 1820, une collection de madrigaux et ôe glees
(cliansons) qui jouissent d'une grande rép'Jtation
en Angleterre.
BEALE (JEAiN),. pianiste anglais, né à Lon-
dres, vers 1796, est élève de Cramer. Fji 1820,
il fut nommé membre de la société philharmo'
BEALE — BEAU LIEU
283
niiiiio , où il avait souvent exécute des pièces sur
le [('iino C'est lui (jui a proposé le grand concert
<(ui a été donné à Londres pour l'anniversaire
de la naissance de Mozart; il y a joué un duo
pour deux pianos avec Cramer. M. Beale a été
nommé professeur de piano de l'école Royale de
Musique de Londres. Parmi ses composltion.s, on
remarque surtout deux rondeaux iwur piano, sur
un air anglais ( WiU. grcai lords and ladies), et
sur un air de Caraffa.
lîEANOlX (Lambert de), chantre de la clia-
pelle pontiliciile, à Rome, vers 14C0, est cité
comme un compositeur fort habile par l'abbé
lîaini. J'ignore s'il existe encore quelqu'une de
ses compositions.
BEATTIE (James), naiiuit le 5 novem-
bre 1733, à Laurencckirk, en Ecosse. Eils d'un
simple fermier, il ne dut (pi'à ses talents la con-
sidération dont il a joui en Angleterre et dans sa
patrie. Après avoir fait ses premières études dans
le lieu de sa naissance, il concourut pour une
bourse au collège Marschal à Aberdeen , et l'ob-
tint. Il y resta quatre ans et prit ses degrés à l'âge
de dix huit ans. Successivement il fut nommé
maître d'école à Fordoun, professeur à l'école de
grammaire latine d'Aberdeen, et professeur de
philosophie au collège Marschal. La douleur qu'il
ressentit de la perte de deux fds, dont l'ua mourut
en 1790, âgé de vingt-deux ans, et le second
m 179G , âgé de quinze ans , altéra sa santé et le
lit se retirer entièrementdu monde. Dans les trois
dernières années de sa vie, il ne sortit point de
sa chambre et presque pas de son lit. Il est mort
le 8 août 1803. Beattie est auteur de deux ou-
vrages qui concernent la musique; l'un est inti-
tulé : Essaij on poetrti and miisic, as theij
offect Ihe mind, dont la première édition parut
à Edimbourg en 1762, in-8". On en a une bonne
traduction française sous ce titre : Essai SU7- la
poésie et sur la musique, considérées dans les
affections de l'âme; Paris, an vi (1797), in-8".
Le second ouvrage de Beattie est son Essai sur
la nature et Vimmutabililé de la vérité {Es-
says on the nature and immutabiiify of
Iruth, etc., in-4"), auquel il dut principalement
sa réputation. La première dissertation ti aile <né-
cialemcnt de la musique. Une traduction alle-
mande deces deux essais aparuàLeipsick en 1799,
in-8°. Forkel en a donné une analyse, dans sa
Bibliothèque critique de musique, t. Il, p. 341-
355. Une édition de ces deux ouvrages, réunis à
quelques autres, a été publiée à Edimbourg,
eu 1770. .Absolument ignorant sur le mécanisme
de l'art, Beattie émet cependant quelques vues
assez fines en parlant delà musique; il a du
moins le mérite de ne pas répéter tous les lieux
communs qui ont l'té débités sm- ce sujet par les
philosophes de tons les âges, et d'avoir vu (|ue la
musique n'est pas essentiellement un art iuiitatil.
M. Forbe a publié à Édindiourg en 1806 : Ac-
count of the life and writings of D^ James
Beattie (Histoire de la vie et des écrits de Jac-
ques Beattie), 2 vol. in-4".
BEilUCHAMPS ( Pierre-François GO-
DARD DE), littérateur médiocre, né à Paris
vers 1689, est mort dans cette ville en 1761. On a
de lui deux ouvrages intitulés : i" Becherches sur
les théâtres de France, depuis llGl jusqu'à
présent ; Paris, 1733,3 vol. in-12. — 2° lUblio-
Ihèque des théâtres , contenant le catalogue
alphabétique des pièces dramatiques , opéras
parodiés et opéras comiques, le temps de leur
représentation , avec des anecdotes sur les piè-
ces, les auteurs, les musiciens et les acteurs ;
Paris , 1746.
BEAIIJOYEUX. Voyez Balt.azarini.
BEAULAIGNE ou BAULÈGINE (Barthé-
LEMi), musicien français, était enfant de chœur à
la cathédrale de Marseille en 1.559 , lorsqu'il dédia
à la reine Catherine de Médicis des Mottez mis
en musique à quatre parties , qui furent impri-
més à Lyon par Robert Granjon {voyez ce nom),
avec des caractères d'un genre nouveau gravés
par ce typographe, in- (2 obi. Beaulaigne a publié
un second œuvre dans la môme année , composé
de Chansons nouvelles mises en musique à
quatre parties et en quatre livres ; Lyon, chez
le même imprimeur, in-12 obi. On trouve quel-
ques motets de ce musicien dans le Thésaurus
musicus, publiée Nuremberg, en 1564.
BEAULÎEU (EusTACHE ou Huitaces de),
poète et musicien, né à Amiens, vivait en 1300.
On a plusieurs chansons notées de sa composi-
tion.
BEAULIEU , m.usicien de la chambre de
Henri 111, roi de France, vers 1580, a composé
une partie de la nmsiquc du ballet dontBaltaza-
rini avait fait le programme, pour les noces du
ducdeJoyeuse et qui a été publié sous le titre de
Ballet comique de la royne, fait aux nopces
de monsieur le Duc de Joyeuse et mademoy-
selle de Vaudemont sa sœur à Paris, par
Adrian le Roy. Robert Ballard , et Mamert
Pâtisson, imprimeurs du Roy. 1583, in-4°.
Cette musique est assez purement écrite. Beau-
lieu avait eu pour collaborateur Salmon, autre
musicien de la cour de Henri III, dans la com-
position de cet ouvrage. Il y a lieu de croire que
ce musicien est le même que Lambert de Beau-
lieu dont il est parlé dans une lettre de l'empereur
Rodolphe I! à son ambassadeur à Paris, Auger
Busheck... Nous avons appris, dit ce prince.
28-1
BEAELIEU
« que le roi de France, morde puis peu de temps,
« avait à son service un bassiste d'une voix ad-
<t niirable et qui s'accompagnait sur le lutli ,
« nommé Lambert de Beaulieu. Nous vous prions
« de faire des reeiierches pour tlécouvrir- cet
« homme et de l'engager pour notre cour à des
« conditions honnêtes et justes. » (V. Divi Eo-
dolphï II, imp. Epistolx ineditx, p. 210.) La
conjecture lormée d'après cette lettre est rendue
vraisemblable par ce que dit Balthazar de Beau-
joyeux dans sa description du Ballet comique de
la Royne (p. 16) : « Au deçà et delà de leurs
« queues (des chevaux marins) estoyenl deux
« autres chaires, en l'une desquelles s'asseoit le
« sieur de Beaulieu, représentant Glaucus, appelé
« par les poètes dieu de la mer : et en l'autre la
« damoyselle de Beaulieu son espouse , tenant un
« luth en sa main , et représentant aussi Téfhjs,
« la déesse de la mer , etc. » Or le chant de
Glaucus, qui est à la page 19, est écrit pour une
basse. D'après cela il est présumable que le vé-
ritable nom de Beaulieu était Lambert , et que,
suivant un ancien usage qui subsistait encore au
.seizième siècle, on le désignait par celui du lieu
de sa naissance.
BEAULIEU ( EusTORG ou Hector he), né
dans un village du Limousin, dont il i)rit le nom,
avait appris la musique dans son enfanci;; ayant
j)erdu ses parents fort jeuae, il trouva des res-
sources dans cet art. Il fut d'abord organiste de
la cathédrale de Lectoure, en Gascogne; puis il
s'attacha comme musicien à une trou[)e de comé-
diens ambulants. On sait qu'il était à Lyon en 1636;
peu de temps après, il quitta les comédiens et se
lit prêtrp catholique; mais, ayant embrassé les opi-
nions do Calvin, il se retira à Genève et devint
ministre réformé. Beaulieu a mis en musique un
recueil de chansons, qui a été imprimé sous le li-
tre de Chrétiennes réjouissances, \ 646, in-8°. On
ÏL^nore l'époque de sa mort, mais il paraîtparladate
d'un de ses ouvrages qu'il vivait encore en 1665.
BEAULIEU (Marie-Désiré MARTIN), com-
positeur, écrivain sur la musique, est né à Paris
le 11 avril 1791. Bien que le nom de sa famille
soit Martin, il est plus généralement connu sous
celui de Beaulieu. Son père, officier d'artillerie
était de Niort (Deux-Sèvres), où sa famille avait
figuré dans les fonctions municipales pendant plus
d'un siècle. Retiré depuis longtemps dans celte
ville, M. Martin-Beaulieu lui-môme y occupe une
po.sition analogue. A l'âge de sept ans et demi il
reçut les premières leçons de musique d'un mu-
sicien nommé Damé : quelques mois après il
commença l'étude du violon sous la direction
d'Alliaume, élève de Berthaume et bon artiste que
'"ai connu dans la position de premier alto au
Théâtre llalien. Plus tard, M. Beaulieu reçut pen-
dant plusieurs années des leçons de Rodolphe
Kreutzer. A l'âge de quatorze ans le désir decom-
poser s'étant einparé de lui , son père le conlin
aux soins de Benincori (Voyez ce nom), qui lui
enseigna pendant trois ans les éléments de, l'art
d'écrire. Ayant appris que son élève était destiné
à prendre part au concours de l'Institut pour le
grand prix de composition, Benincoii conseilla
de le rapprocher d'im compositeur dont la répu-
tation fût mieux établie en France que la sienne;
le père du jeune Beatdieu repoussa d'abord cette
proposition; mais Benincori insista, et l'ahbé
Roze fut le maître qu'on choisit. Le pauvre abbé,
excellent homme d'ailleurs, et qui n'était pas
dépourvu de mérite, ne convenait guère pour le
but qu'on se proposait: lui-même le sentit bien-
tôt et conseilla de demander àMéhul l'admission
du jeune artiste dans son cours de composition :
il y remplaça Blondeau qui venait de se rendre
à Rome comme pensionnaire du gouvernement.
M. Beaulieu suivit les leçons du maître célèbre
pendant trois années : Cest là, dit-il lui-même,
que f acquis, non-seulement la plus grande
partie de ce que je sais dans la science du con-
trepoint et de la fugue, mais encore ce que
j'ai pu apprendre et mettre en pratique rela-
tivement à la philosophie de Vart musical.
Au mois de septembre 1809 il obtint au concours
de l'Institut le l"^"" second grand prix de compo-
sition, et le premier grand prix lui fut décerné
dans l'année suivante. MéhuI, par affection pour
son élève, ne voulut pas le laisser partir immé-
diatement pour rilalie , afin de lui faire redou-
bler son cours de contrepoint pour compléter
son éducation d'artiste. Cette circonstance dé-
cida du reste de la vie de M. Beaulieu. A la fin
de l'année 1810, après l'exécution de sa cantate
couronnée, son père l'avait conduit à Niort,
dans sa famille. Quoique bien jeune encore, il y
forma des projets de mariage qui se sont réalisés
plusieurs années après et l'ont fixé dans cette
ville. M. Beaulieu n'alla donc point en Italie;
mais bien qu'il ne profitât pas des avantages de
la pension du gouvernement, il ne se conforma
pas moins aux prescriptions du règlement imposé
aux élèves pensionnaires : en I8t2, il envoya à
l'Académie des beaux-arts de l'Institut un Mi-
serere à quatre voix; en 1813, un Laudale à
deux chœurs, et une cantate de Sapho avec
chœur; enfin, en 1814, un Domine salvum à
cinq voix. De plus, après la mort de RléhuI,
M. Beaulieu composa une messe de Requiem en
son honneur, qui fut aussi envoyée à l'inslitut,
et sur laquelle un rappoi t a été fait à l'Académie
des beaux arts.
BEAU LIEU
28:
Fixé à Niort, il forma chez lui des si'ances ne
quatuors et parvint, en IS'>0, à offî'i'iiser une
société pliilliarnioiiique.nion de seinl)lal)le n'avait
jamais existé dans cette ville; car, il tant bien
le reconnaître , si Paris fut longtemps le centre
des arts, par la réunion des hommes distingués
(le toute l'tinrope, la France, à l'exception de
quelques provhicfis et d'un très-petit nombre de
grandes villes, a été longtemps le pays le plus
arriéré pour la musique. Les départements du
centre et de l'Ouest particulièrement étaient en
quelque sorte à l'état sauvage, sous le rapport
de cet art, il y a moins d'un demi-siècle. Ce fut
cet état de choses qui inspira à M. Beaiilieu le
dessein de former une grande association nmsi-
cale dans ces provinces : il lui fallut du courage
et de la persévérance pour triompher de tous
les obstacles que rencontra ce projet; mais,
enfin, en 1S35, l'Association musicale de l'Ouest
fut fondée. Composée des départements de^
Deux-Sèvres , de la Vienne, de la Charente-
Inférieure, de la Charente, de la Haute-
Vienne et de la Vendée, elle n'a cessé d'fxis-
teret de fonctionner chaque année, sauf en lS48 et
1849, et tour à tour Niort, Poitiers, la Rochelle,
Angoulême, Limoges et Rochefort ont été le siège
de grandes fêtes musicales dans lesquelles les
compositions classiques les plus importantes ont
été rendues avec des progrès remarquables. Cette
institution est la seule en France qui ait une
existence permanente : elle est aussi la seule qui
ne recule pas devant l'exécution complète des
plus grands ouvrages. C'est ainsi que le Paulus
et VElie de Mendelssohn ont été entendus en
entier à la Rochelle longtemps avant qu'on ne
songeAt à en laire des essa's partiels à Paris.
M. tSeaulieu est resté l'âme de l'association, après
en avoir été le créateur : sr)n nom y est intime-
ment attaché, et son souvenir sera impérissable
tlans l'avenir chez les artistes et les amateurs
de musique de cette vaste contrée.
Comme compositeur, comme écrivain sur l'art,
iSL Beaulieu n'est pas moins estimé que comme
organisateur et directeur de fêtes musicales. Sa
messe de Requiem, composée pour honorer la
mémoire de Méhul , a été exécutée en 1840 à
l'église de la Sorbonne , avec la coopération de
l'orchestre de la Société des concerts, du Conser-
vatoire et des artistes Ii's plus distingués ; elle a
laissé |)arini eux les meilleurs souvenirs. Dans
les années 1842, 1844 et 1856, M. Beaulieu a
donné dans la salle de Herz, et dans la salle
Bonne-Nouvelle , à Paris , des matinées et soirées
de musique dans lesquelles il a fait entendre ses
oratorios V Hymne du Malin et C Hymne delà
Auif, paroles de M. de Lamartine , ainsi (jne
divers fragments de ses autres ouvrages. Les
journaux, notamment la Gazette musicale, ont
accordé beaucoup d'éloges à ces compositions.
En 1S46, une messe solennelle! du même artiste
a été exécutée à l'église Saint-Eustache, cl en
1851 ime deuxième exécution de sa messe de Re-
quiem a été faite dans l'églisede Saint-Rocli , en
mémoire de R. Kreutzer, et au profit de l'As-
sociation des musiciens. Parmi les compositions
les plus importantes de M. Beaulieu , ou remar-
que : 1° Miserere à quatre voix, solos et chœur
(1812). — T Snpho, scène lyrique, solo et
chœur (1813). — 3° Laudate Dominum,h deux
chœurs (1813). — 4° Domine salvum a cinq voix,
solos et chœurs (1814). — 5° Jeanne d'Arc,
cantate, voix seule (1817). — G» Messe de Re-
quiem ii quatre voix, solos et chœurs (1819). —
7° Anacréon, opéra, paroles de Gentil Bernard.
— 8° Sixième Ode sacrée de J.-B. Rousseau ,
solos et chœur (1828). — 9° Quinzième Ode
sacrée de J.-B. Rousseau, voix seule. — ■
10° Fantaisie pour violon, solo et chœurs, sur des
airs des Pyrénées. — 11° Fantaisie pour violon
solo sur des airs espagnols. — 12° Plusieurs mor-
ceaux ( 8 numéros) de l'opéra Ninette à la cour,
de Favart (1829). — 13° La Prière des mate-
lots , morceaux d'ensemble, solos et chœurs
(1831). — 14° Psyché et V Amour, scènes, solos
et chœur, paroles de P. Corneille (1833). —
15° Fête bachique, scène, ténor solo et chœur
(1835). — 16° Hymne pour la première communion,
morceau d'ensemble, solos et chœur (1840). —
17" VOcéan, morceau d'ensemble, solos et
chœur (1841). 18° VHymne du matin, ora-
torio (1843). — 19° Messe solennelle à quatre
voix , solos et chœurs (1845). — 20° Llmmor-
talité del'âme, oratorio (1851). — 2-1° VHymne
de la nuit, oratorio (1851). — 22° Jeanne
d'Arc, grande scène lyrique en deux parties
(1853). — 23° Messe à trois voix avec accon)-
pagnement d'orgue (1853). — 24° Philadelphie,
opéra en 1 acte (1855). — 2.5° Un assez grand
nombre d'airs détachés, chœurs ave-c ou sans
accompagnement, morceaux à deux et un plus
grand nombre de voix; nocturnes, mélodies,
romances.
Écrits de M. Beaulieu : 1° Dn Rhythme, des
ef Jets qu'il produit et de leurs causes. Paris,
Dentu;Niort,Robin, 1852,gr.iu-8° de 105 pages.
— 2° Mémoire sur ce qui reste de la musique
de l'ancienne Grèce dans les premiers chants
de V Église. (Lu à l'Académie des beaux-arts,
dans sa séance du 31 mai 1852.) Niorl , impri-
merie de L. Favre, gr. in-8° avec 10 pages de
musique. — 3° Mémoire sur le caractère que
doit avoir la musique d'église, et sur les
286
BEAULIRU — BEAUPLAK
éléments de Vart musical qui constituent ce ca-
ractère. (Lu à l'Académie des beaux-arts dans
sa séance du 17 avril 1858). Paris, imprimerie
de N. Chaix, gr. in-8'\ M. lîeaulieu estcoircs-
pondant de l'Académie des beaux-arts de
l'Institut.
BEAUMAVIELLE (...), basse-taille qui eut
beaucoup de réputation à l'Opéra, lorsque Lulli
en avait l'entreprise : ce ne fut pas cependant ce
célèbre corapositeurquilefil venir de Languedoc,
comme l'assure le président de IVoinville dans son
Histoire de VOpéra (t. H, p. 54), et comme
je l'ai dit, d'après lui, dans la l"' édition delà
Biographie universelle des Musiciens (t. II,
arl. I)EaU!\iavielle). Perrin, qui obtint le premier
privilège de l'Opéra en 1G69, et s'associa avec
Cambert {voy. ce nom) pour la composition de
la musique, et avec le marquis de Sourdeac ponr
les macliines, fil venir Beaumavielle de Toulouse,
en 1670, avec d'autres musiciens, pour former la
troupe de son tbéàtre, dont l'ouverture eut lieu
au mois de mars 1671. par la pastorale intitulée
Pomonc. Les autres acteurs étaient Rossignol,
autre basse-taille, Cledière et Tliolet, haute-
contres ou ténors aigus, et Miracle, ténor grave.
Tous étaient des cliantres de [)aroisse ; mais Beau-
mavielle avait la tlgure agréable, la voix fort
belle, et mettait beaucoup d'intelligence et d'ex-
pression dramatique dans son jeu. Après que Lulli
eut enlevé à Perrin son privilège , Beaumavielle
entra dans la troupe du nouvel Opéra. Il ne sur-
vécut pas longtemps à ce musicien célèbre, car
il mourut à Paris, en 1688. Ce fut Tliévenard
(voij. ce nom) qui le remplaça à l'Opéra.
BEAUMESi\!L (Henuiette-Auélaïde YIL-
LARD DE), née le 31 août 1758, débuta à l'Opéra
dans Silvie, le 27 novembre 1760, et fut reçue
peu de temps après. Les opéras de Castor et
Pollux et à' Jphigénie en Aulide furent ceux où
elle brilla le plus. Elle se retira, avec une pension
de 1,500 francs, le l'^'" mai 1781. Peu de temps
après, elle devint la femme de Pbilippe, acteur
de la Comédie Italienne. Elle était bonne musi-
( ienne et avait appris l'Iiarmonie et l'accompa-
gnement sous la direction de Clément, On lui doit
lu nnisi(]uedes Saturnales, ou Tibulleet Délie,
des Fêtes grecques et romaines qu'on repré-
.=enta à l'Opéra en 1784. Elle avait écrit au.ssi
Anacrcon; mais cet ouvrage n'a jamais été repré-
senté. El!e est morte à Paris en 1813.
BEAUMONT (Messuie Gilles , comte de),
(bambrierde France, épousa en premières noces
Certrude, Mlle aînée de naoul de Soissons, et
d'Alix de Dreux. Il mourut en 1220. On trouve
une cbanson notée de sa composition dans un ma-
nuscrit de la Bibliothèque im[iérialeco(é u" 7222.
BEAU]M01\T (François de), écrivain fran-
çais (ixé en Italie , est auîeiir de [ilusieurs ou-
vrages au nombre desquels on remarque : Me-
moria sopra Zanto , Arislosseno e Sl^esicoro;
Palerme, 1835, in-S". Cet écrit n'est i)as sans
intérêt pour l'Iiistoire delà musique.
BEAUMONT (Saumer de). On connaît
sous ce nom un oiuiscule intitulé : Lettre sur la
musique ancienne et moderne; Paris, 1743,
in-12. Dans celte brochure il est particulièrement
traité de l'opéra, et la musique de Rameau y e>t
sacrifiée à celle de Lulli. L'auteur de cet écrit était
né dans la province de Normandie, et frère d'un
ecclésiastique du diocèse de Rouen , de qui l'on
a quelques ouvrages médiocres de littérature et
d'histoire.
BEAUPLAN (Amédée de), dont le nom vé-
ritable était Rousseau , était fils d'un maître
d'armes des enfants de France. Il naquit en 1790
dans une petite terre près de Cbevreuse, à quatre
lieues de Paris, laquelle appartenait à sa mère.
C'est de cette propriété, nonnni'e Beauplan ,
qu'Amédée Rous.seau a pris le nom sous lequel il
s'est fait une certaine réputation de musicien et
de littérateur. Ses premières années furent mar-
quées par de tristes événements; car son père
périt sur l'écliafaud révolutionnaire; ses tantes,
M""« Campan et M""» Auguier, toutes deux atta-
chées au service de la reine Marie-Antoinette,
furent persécutées sous le règne de la Terreur, et
RI"* Auguier, sur le point d'être arrêtée, se donna
la mort en sautant par une fenêtre (l). L'éduca-
tion musicale de Beauplan fut assez faible; mais
rin.stinct lui tenait lieu de savoir. U trouvait ,
presque sans les chercher, des mélodies gracieuses
qui ont fait la fortune de quelques-unes de ses
romances et qui ont rendu son nom populaire.
Homme du monde et doué d'un esprit agréable,
il était recherché, fêté dans les salons; partant,
il lui restait peu de temps pour travailler. De là
vient qu'avec des idées charmantes et faciles , il
a fait peu de chose. D'ailleurs peu constant
dans ses goûts il cares.sait tour à tour la mu-
sique , la peinture , les lettres , écrivait des co-
médies, des vaudevilles, des opéras comiques,
des romans et des fables. Mais de tout cela il
ne reste guère, et ses meilleurs titres au sou-
venir de la postérité seront toujours ses lo-
mances, Bonheur de se revoir, Vlngénue, le
Pardon, Taisez-vous, et le ravissant nocturne
Dormez, mes chères amours, que toute ta France
a chanté. Eu 1830, Amédée de Beauplan eut la
fantaisie de travestir en opéra comique, sous le
(1) On s;iit(|iif 1,T srrondo fille de rcUe diime, cousine
d'Aiiiecko de nc.iiiplaii , ile\int la femme du marcctinl
Nev, piiiice de la MosKiiwa.
BEA.TIPÎ..\IN — HECCATELLl
2,S7
l\lrc<\eV Amazone, un vaiulevillf joué qiieknies
années auparavant sons celui ila Prlif drognn
de Vincennes. Sa partition avait été arrangée par
un homme du iné(ier, mais elle nVn parut |)as
meilleure. L'ouvrage, représenté le 15 novembre,
n'eu! que deux représentations. Cet édiec décou-
ragea d'abord Beauplan ; mais en 1845, il tenta
un nouvel essai à l'Opéra-Comique dans un ou-
vrage en un acte intitulé : Le mari au bal, dont il
avait tâché cette fois de faire seul la musique :
cette nouvelle production ne vécut pas plus que
la première. Amédée de Beauplan est mort à Paris
le 24 décembre 1853, à l'âge de soixante-frois
ans.
BEAUPUI (....), fameuse haute-contre de
l'Opéra, sous l'administration de Lulli, était élève
de ce grand musicien , et débuta en 1672. On
ignore l'époque de sa mort.
BEAUVAULET - CHARPENTIER
(Jean-Jacques), né à Abbeville, en 1730, était
organiste à Lyon lorsque Jean-Jacques Rousseau,
passant par cette ville, l'entendit et le félicita sur
ses talents, qu'il jugea dignes de la capitale. M. de
Montazet, archevêque de Lyon et abl)édc Saint-
Victor de faris, lui fit donner l'orgue de cette
abbaye, dont il vint prendre possession en 1771.
Daquin étant mort l'année suivante, un concours
fut ouvert pour lui donner un successeur dans
l'emploi d'organiste de Saint-Paul : Charpentier,
qui s'y présenta, l'emporta sur tous ses rivaux
et fut nommé. Il fut aussi Tun des quatre orga-
nistes de Notre-Dame. Son sort était fixé de la
manière la plus brillante, lorsque la subversion
du culte catholique le priva de ses places d'orga-
niste de Saint-Paul et de Saint- Victor, en 1793 ;
le chagrin qu'il en conçut le conduisit au tombeau,
au mois de mai 1794. Après la mort d'Armand-
Louis Couperin, Charpentier fut considéré géné-
ralement comme le plus habile organiste français;
cependant on ne trouve point dans ses ouvrages
de quoi justifier cette réputation. Les plus connus
sont : — 1° Pièces d'orgue; Paris, in-fol. ; —
2° Sonates de clavecin , op. 2 et 8 ; — 3° Airs
variés pour piano, op. 5 et 12 ; — 4° Fugues
pour l'orgue, op. C ; — 5° Trois Magnificat pour
l'orgue, op. 7, in-fol. ohl.;— C» Deux con-
certos pour clavecin, op. 10. Son Journal d'orgue,
qui parut en 1790 (Paris, Le Duc), est composé
de douze numéros, dont voici l'indication : —
1° Messe en mi mineur; — 2° Six fugues; —
3° Deux Magnificat ; — 4° Messe en ré mineur ;
— 5° Quatre hymnes pour la Circoncision , l'E-
piphanie, la Purification et l'Annonciation; —
6" Messe royale de Dumont; — 7° Quatre hym-
nes; — 8° Plusieurs proses pour les principales
fêtes de l'année ; — 9° Deux Magnificat, avec un
carillon des morts au Gloria Pahi; — 10" Messe
e.'i sol mineur; — 11° Deux Magnificat où l'on
trouve des noëls variés; — 12° Trois hymnes,
celles de Saint-Jean-Ba[itiste, de l'Assomption
et de l'Avent, avec quatre grands chœurs pour
les rentrées de processions.
BEAUVARLET - CHARPENTIER
(Jacques-Marie), fils du procèdent, est né à Lyon
le 3 juillet 1766. Il eut pour maître de clavecin
et de composition son père, à qui il succéda
dans la place d'organiste de Saint-Paul, après le
rétablissement des églises. Il a fait un grand
nombre de pièces de clavecin et d'orgue, parmi
lesquelles on remarque :■ — 1° Victoire de l'armée
d'Italie, ou bataille de Montenotle; Paris, 1796;
— 2° Airs variés à quatre mains pour le clavecin,
1799 ; — 3" La bataille d'Austerlitz, 1805; —
4° La bataille d'Iéna, 1807; — 5° Méllioile d'or-
gue, stiivie de l'office complet des dimanches et
d'un Te Dcnm pour les solennités, etc., etc.
Charpentier a donné aussi au lliéàlre des
Jeunes Artistes, en 1602, Gerrnix, eu le Jeune
Aveugle, opéra en un acte. Dans les dernières
années de sa vie , il fut organiste de l'église
Saint-Germain-des-Prés. Cet arliste a cessé de
vivre au mois de novembre 1834.
BECCATELLI (Jean-François), Florentin,
fut maître de chapelle à Prato, petite ville de la
Toscane, et mourut en 1734. Il fit paraître dans
le 33" volume du journal rfe' Lelleratï d'italia,
une dissertation sur un problème singulier qui
consistait à trouver le moyen d'écrire un morceau
de musique pour des instruments accordés de di-
verses manières , en sorte que chaque partie pût
être jouée aune clef quelconque sans désignation.
Ce morceau a pour titre : Parère sopra il pro-
blema armonico : fare un cancer lo con piii
stromenti diversamente accordait, e spassare
la composizionc per qualsivoglia inlervallo.
On a aussi du même auteur : — 1° Lcttera cri-
tico-musica ad un suo amico sopra due dif-
ficoltà r.ella facoltà musica , da un modernn
autore prnticata. Dans le supplément du Journal
des Lettrés d'Italie, t. III, année 1726, p. 1-55,
une critique de cette lettre parut sous ce titre :
Parère del sig. N. N. sopra la lellera cri-
tico-musica del sig. Giovan Francisco Bec-
calelli, Fiorentino. Beccatelii y fit une réponse,
et l'intitula : Risposta al parère scrilto da i\.
N. sopra la lettera critico-musica. Celle ré-
ponse fut insérée dans le môme journal et dans le
même volume, p. 67-83. Une autre dissertation
a paru dans ce volume sur l'usage du bécarre
dans la musique moderne (SM/J/^^emen^i al Gior-
nale de:" Lelleratï d'italia, 1. 111, Venise, 1726,
in-8", p. ^i92). Le père Martini possédait aussi
288
BECCATELLl — lîECHKR
une Spie^nziorie sopra la letlcra crilko mu-
sica, en nianusciit. Parmi les ouvrages inédits
de Beccatelli , on trouve : — 1° Document}, e
reijole per imparure a sunnare il basso con-
tïnuo; — 1" Spoxizione délie musichedottrine
degli antichi grecï e latmi; — 3" Divisione
del monocordo sccondo Pit /agora, e Tolomeo,
nei gencri diaionico , cromatico ed enarmo-
nJcOjVoy. Martini, Star, di mus., t. I, p. 449.
BECELLl (Jules-César), littérateur et
poète , naquit à Vérone en 1683. Après avoir
lait ses études chez les jésuites de cette ville, il
entra dans leur société; mais en 1710 il mani-
festa le désir d'en sortir, et il en obtint l'autori-
sation. Plus tard il se maria et se livra à l'en-
seignement. Il était des Académies de Vérone,
de Bologne, de Modène, de Padoue , et il four-
nissait à toutes des mémoires et des dissertations.
11 mourut au mois de mars 1750. Parmi ses nom-
breux ouvrages on com[)te deux morceaux re-
latifs à l'Académie pliilliarmonique de Vérone;
le premier a pour titre : 1" Lezione nelV Aca-
demiafilarinonica; Vérone, 1728. 11 paraît que
ce sont des lectures faites dans cette académie
par l'auteur. Le second ouvrage est un dialogue
intitulé : De JEdibiis Academix phïlarmonicse
Vcronensis,ejusdemquenwseo; Vérone, 1745,
in-4^
BÊCHE. Trois frères de ce nom étaient atta-
chés à la musique du P.oi , vors 1750. L'aîné, qui
était doué d'une fort belle voix de haute-contre,
était chanteur à la chapelle royale; il s'est retiré
vers 1774 , après plus de vingt-cinq années de
service. Il était instiuit dans tout ce qui concer-
nait son art, et c'est en partie sur les notes qu'il
avait remises à Labonle, qu3 celui-ci a composé
son Essai sur la musique. Le plus jeune fut un
<les compilateurs du solfège d'Italie.
BECHER (Alfred-Jules), docteur endroit
et compositeur de musique, naquit à Manchester
en 1804, de parents allemands qui, jouissant
d'une certaine aisance, revinrent dans leur patrie
et s'y fixèrent. Héclier, dès son enfance , se livra
à l'étude de la musique; |)uis il suivit les cours
des universités de Heidelberg et de Gœttingue,
et alla achever ses éludes de droit à Berlin, où
il obtint le doctorat. Compromis par ses relations
avec des sociétés démagogiques, il subit une dé-
tention de quelques mois dans une forteresse;
mais aucune preuve de conspiration n'ayant pu
être fournie contre lui , il fut remis en liberlé, et
alla s'établir à Elberfeld comme avocat. Cepen-
dant, entraîné par sa passion pour la musique et
par les bizarreries de son caractère, il négligea
ses affaires. Bientôt abandonné de ses clients, il
lie trouva plus d'cxislence assurée dans celle ville.
e' il alla passer queliiiies mois à Cologne, où il
rédigea un journal couimeicial qui n'eut \)à& de
succès. Dégoûté de cette entrejjrise, il alla s'éta-
blir à Dusseldorf, s'y lia avec quelques artistes,
particulièrement avec le peiutreGrobbe, ety vécut
dans une sorte d'enthousiasme que troublaient
quelquefois les besoins de la vie réelle, mais dont
Pinduence se fit sentir dans quelques-uns de ses
ouvrages. Un moment vint pourtant où des em-
barras pécuniaires l'obligèrent à s'éloigner d'une
ville qui lui plaisait, pour aller chercher ailleurs
des moyens d'existence. Il se dirigea vers la Hol-
lande : mais son dénûment était tel, qu'il fut
très-heureux de vendre la propriété d'un de ses
ouvrages pour quelques écus, à un marchand de
miLsique de Wésel. Arrivé à La Haje, il y donna
des leçons de musique et fit un cours de théorie
de cet art : mais peu satisfait encore de cette
position, il se rendit à Londres en 1840, avec
quelques lettres de recommandation qui lui pro-
curèrent l'avantage d'être attaché comme pro-
fesseur à l'Institution royale de musique. Les
cinq années qu'il passa dans celle grande ville
furent les plus heureuses de sa vie. Parmi les re-
lations qu'il y avait formées se trouva celle d'un
riche négociant (jui le chargea d'aller à Vienne,
en 1845, pour y suivre les détails d'un procès
important pour lequel il lui fut avancé une somme
assez considérable. Bêcher partit donc de Londres
et arriva à Vienne, dont il ne devait plus sortir.
En passant à Leipsick, il y avait vu Mendelssohn
qui lui avait donné quelques lettres de recom-
mandation à l'aide desquelles il fut bien accueilli
dans i^lusieurs cercles d'artistes et de littérateurs.
Bientôt attaché à quelques journaux d'art , il se
fit remarquer par l'originalité de sa critique. Ce
fut aussi à cette époque que furent publiées ses
compositions les plus importantes. Il venait de
faire paraître la deuxième édition d'un écrit rempli
d'enthousiasme sur le talent de Jenny Lind et sur
sa vie, lorsque la révolution populaire de Vienne
éclata au mois de mars 1848. Entraîné par ces
circonstances, qui d'ailleurs se trouvaient en har-
monie avec ses sentiments et ses opinions, il de-
vint un des plus ardents chefs de la révolte, et
entra dans le comité central démocralique qui
dirigeait alors les événements. Avec lacoopéralion
des chefs de clubs, tels que Fauseneau, Jellineck,
Sfift et Kolisch, il fonda le journal Le Radical,
dont le premier numéro parut à Vienne le 16
juin 1848, et qui ne cessa qu'à la prise de Vienne
par les troujies impériales. Jusqu'au dernier mo-
ment, il combattit avec énergie dans les rangs
de la garde mobile, excitanî toute la population
de Vienne à une résistance désespérée. Arrêté
(luehiues joins «iirès la prise d'assaut de cette
BECHER
281)
ville, il fut traduit devant un conseil de guerre
qui le condamna à la peine de mort, le n no-
vembre. Celte sentence l'ut exécutée le lendemain,
et Bêcher fut fusillé avec Jellineck et quelques
auties cliefs, dans les fossés de la ville , hors de
la Poi te-Neuve de Vienne. Ainsi périt à l'âge de
quarante-quatre ans un homme qui aurait pu se
faire un nom iionorabledans son art, si ses pas-
sions ne l'eussent pas souvent jeté dans des voies
opposées au but qu'il voulait atteindre. Son ami,
M. Walter de Gœthe, nous a révélé le secret
molifdes violences où Bêcher s'est laissé entraîner,
par ces paroles tirées d'une touchante élégie :
« Infortuné ! ce qui t'enllammait le cœur, ce n'é-
« tait point l'amour de la liberté, comme tu le
« pensais dans ton aveuglement ; c'était l'effer-
« vescence de tes passions; tu te laissas entraîner
« par la plus misérable de toutes, par la vanité!
<i Tu voulais à tout prix sortir de l'obscurité;
« tii voulais briller; au lieu de souffrir, tu vou-
« lais dominer; ce qu'il te fallait , c'était de l'ad-
« miration, une foule attentive .... » Plus loin,
M. de Gœthe apprécie le talent de Bêcher en
termes correspondants à ceux-ci : « C'est dans
« les quatuors de Bêcher, et non dans le déver-
« gondage de son journal, que nous devons cher-
« cher (nous autres artistes du moins) la profes-
t. sion de foi de son âme. Or, dans ces quatuors,
« malheureusement inédits, Bêcher nous a laissé
« un solide et superbe édilice , dont ses compo-
« sillons de moindre étendue représentent en
« quelque sorte l'ornementation fantastique. Bé-
« cher, je le dis dans la plus intime conviction,
«< nous a révélé un riche trésor dans ses qua-
« tuors : la profondeur du sentiment, l'élan
« vigoureux de la pensée, la connaissance vrai-
« ment prodigieuse de tous les elfets dont les
« instruments à cordes sont susceptibles , voilà
Il des qualités qu'on ne peut lui contester, et qui
« font pardonner quelques longueurs et des pas-
« sages entachés de recherche et d'affectation.
« Un jour ses compositions seront aimées et ad-
<i mirées , à moins qu'elles n'aient le sort de
« beaucoup d'autres éminentes productions d'ar-
« tisles allemands, et qu'elles ne disparaissent
« à jamais dans les cavités poudreuses d'une ar-
« moire.
« Que de belles choses ne devons-nous pas à
« Bêcher ! et que de chefs-d'œuvre il nous eût
« donnés encore, si l'infatigable travailleur avait
« pu exécuter tous ses projets! L'été, pendant
« son séjour à la campagne, Bêcher produisait
« plus en un mois que beaucoup d'autres en un
« an. Ses admirables Lieder de Mignon et du
« Jouetir de harpe, qu'il se proposait de lier
c par des morceaux de musique instrumentale
BIOGR. UNIV. DES MUSICIEiNS.
« et des chœurs pour en former unecompositiou
« de quelque étendue, n'arriveront sans doute
n jamais à la publicité, quoique les esquisses de
« son travail soient à peu près terminées. Béchér
« couvait dans sa pensée la musi(jue d'un opéra
« ( In Mort de César) ; il avait aussi conçu le
« projet de faire un opéra avec le poëme diainati-
« i\\w, Elrinde, du jeune Max Wollgang de Gre-
« the; un troisième cahier de pièces lyriques était-
« prêt à être livré à l'impression; sa symphonie
« avançait, et des Lieder de toute dimension
« naissaient chaque jour sous sa plume. Bêcher
« secouait tout cela comme d'une corne d'ahon-
« dance devant ceux qui le recherchaient. Il se
« sentait heureux et se Tivrait à une joie tout
« enfantine, toutes les fois qu'une de ses compo-
« sillons éveillait les sympathies de ses au-
« diteurs ; et [Hiis, il était partout, aidant et con-
« seillant, lui qui trouvait si peu d'assistance, etc. »
L'Allemagne n'a point partagé l'admiration de
l'auteur de ces paroles pour les productions de
Bêcher. Ainsi que le dit lui-même M. de Gœlhe,
Berlin savait à peine son nom; Vienne le repous-
sait, et Leipsick, oii plusieurs de ses ouvrages
ont été publiés, a montié pour eux jusqu'à ce
jour une complète indifférence. 11 y a quelque
chose pourtant qui n'est pas commim dans ses
Lieder, et ses pièces ly ricpies pour le piano ont de
la fantaisie ; mais le désordre règne dans tout
cela; on y sent la recherche, le désir de l'ex-
traordinaire , et celte antipathie du simple qiu a
saisi beaucoup de musiciens de l'époque actuelle.
Les ouvrages publiés par Bêcher, avant les évé-
nements qui furent causes de sa lin tragique,
sont : 1° Huit poésies (Gedichte) pour voix seule
et piano , op. l ; Leipsick, Hofmeister. — 2° Huit
pièces lyriques pour le piano, op. 2; Cologne,
Eck. — 3" Six poésies à voix seule et piano, op.
3; Elberfeld, Arnold. — 4° Rondo pour le piano,
op. 5; Vienne, Meclietti. — 5° Trois sonates pour
piano seul, op. 7 ; 'Wesel, Printz. — 6° Six chants
à voix seule avec piano, op. 6; Cologne, Eck.
7° Thème original varié pour piano; Ams-
terdam, Steup. — 8° Monologue pour piano,
op. 9; Vienne, Millier. — 9° Six chants à voix
seule avec piano, op. 10, 4® recueil de chants;
Vienne, Haslinger. — 10° Sonate pour piano, op.
II; Vienne, Miiller. — 11" Neuf pièces lyriques
pour le piano, op. 18; p. Vienne, Mecbetti. —
12° La Housarde, a.\v hongrois varié pour le
piano; Amsterdam, Steup. — 13" Adagio ap-
passionato pour le piano, op. 20; Vienne, Miiller.
On a aussi de Bêcher un compte rendu de la fête
musicale donnée à Cologne, en 1836, sous ce
titre : Das Niederrheinisdie Musihfest naihe-
lisch und historisch betrachtet von^etc. Co-
19
290
BECHER — BECK
Jogne, ïïuscbler, 1836, in 8° de 'zà pages. Sa no-
tice sur laviedeJenn?/ Lindest iniitulée : Jennij
Lind, eirie Skizze ihres Lebens, avec le portrait
de la cantatrice; Vienne, Japper, 1847, in-8°.
BECHSTEIN (Louis), conseiller privé à
Gotlia, est né à Meiniingen,le 24 novembre 1801.
Après qu'il eut terminé ses études de collège, il
fut destiné à la profession de pharmacien et alla
. faire son apprentissage àArnstadt;maisnn recueil
de poésies qu'il publia dans cette ville, en 1828,
ayant fixé sur lui l'attention du duc de Saxe-
Meinungen , ce prince lui fournit les moyens
d'aller étudier l'histoire et la philosophie à l'uni-
Tersité de Leipsick. De retour à Meinungen dans
l'automne de 1831, il obtint la place de conserva-
teur de la bibliothèque du dnc et celle de bi-
bliothécaire adjoint de la bibliothèque publique.
Fn 1833, il reçut sa nomination de bibliothécaire
en chef. Depuis lors M. Bechsîein a publié
beaucoup de poésies de différents genres et un
livre intitulé : Fahrten eines Musikanten
(Voyages d'un musicien); Schleusingen , Glâ-
ser, 1837, 3 vol. in-8°, avec des planches de
musique. Le héros de ce livre est le professeur
Klsler, connu en Allemagne comme savant et
comme musicien distingué. Suivant certains
bruits qui se sont répandus, Elster serait lui-
même l'auteur de l'ouvcage : mais il n'aurait pas
vonlu le publier sous son nom, et il aurait obtenu
de M. Beclistein d'en prendre la responsabilité.
BECK (David), habile constructeur d'orgues,
vivait à Halberstadt en 1590. Son premier ou-
vrage fut l'orgue de l'église Saint-Martin de cette
ville ; mais ce qui assura surtout sa réputation
fut l'orgue de l'église du château de Groningue ,
qu'il entreprit en 1592, auquel il employa neuf
ouvriers, et qu'il acheva en 1596. Cet ouvrage,
restauré en 1705 par ChristG[ihe Conlius,
fut examiné solennellement et reçu par cin-
quante-trois des plus célèbres organistes et cons-
tructeurs d'orgues de l'Allemagne. 11 est composé
de cinquante-sept jeux, deux claviers, pédale,
et a coilté dix mille écus de Hollande; somme
énorme pour ce temps. Werckmeisler a décrit
la cérémonie de la réception de cet orgue dans
un écrit spécial intitulé : Organum Gruningense
redivivtim, etc.; Quedlinbourg, 1705, in-4°. (V.
Werormeister.)
BECK (Michel), professeur de théologie et
de langues orientales à Ulm, né dans cette ville,
le 24 janvier 1653, a publié une dissertation De
accent uum Hebrœormn usu musico; léna,
1678, in-4". Elle a été réimprimée dans le Thé-
saurus theolog. philolog., etc. ; Amsterdam,
1701 , sous ce titre : De accenluum usu et abusu
musico hermeneutko. Beck a composé celte
dissertation pour défendre l'antiquité des accents
musicaux des Juifs contre les attaques de Bohlius,
qui prétendait qu'ils étaient inconnus des anciens
Hébreux. Il avoue cependant que ces accents va-
rient de signification entre les Juifs allemands ,
italiens, espagnols et portugais. Au reste, ces
deux savants manquaient de documents authen-
tiques pour traiter cette question, qui pourrait
être examinée aujourd'hui avec quelque succès.
BECK (Reichardt-Charles), musicien alle-
mand, vivait à Strasbourg vers le milieu du dix-
septième siècle. Il a fait imprimer : Erster Theil
neuer AUemanden, BaUetten, Arien, Gigen ,
Couranten , Sarabanden, mit zwey Violincn
und eincm Bass (Première partie de nouvelles
allemandes, ballets , airs, gigues, courantes et
sarabandes pour deux violons et basse); Stras-
bourg, 1654.
BECK (Jean- Philippe ) , musicien allemand
du dix-septième siècle, vraisemblablement de la
famille du précédent, a fait imprimer . ,4^/6-
manden , Gigen , Couranten und Saraban'
den au/ der Viola da Gamba zu streicheu
von etlichen Accorden (Allemandes, gigues,
courantes et sarabandes pour la basse de viole).
Strasbourg, 1677.
BECK (GoDEFKOi- Joseph), né à Podiebrad,
en Bohème, le 15 novembre 1723, fut dans sa
jeunesse un excellent organiste à l'église Saint-
Kgide, de Prague, et plus tard devint un bon
chanteur en voix de basse. Après avoir fait ses
études dans sa ville natale et à Prague où il ter-
mina son cours de philosophie, il entra dans
l'ordre des dominicains, puis se rendit en Italie
en 1752, et séjourna quelques années à Bologne
et à Rome. De retour dans sa patrie, il y
fut nommé professeur de philosophie à l'univer-
sité de Prague, et enfin supérieur et provincial
de son ordre. Savant musicien, il écrivit beau-
coup de musique d'église et s'essaya dans le st} le
instrumental. Au nombre de ses ouvrages, on cite
une grande symphonie qu'il composa en 1786 et
qu'il dédia à l'archevêque de Prague. Celui-ci se
chargea de toute la dépense de l'exécution. Btck
mourut à Prague le 8 avril 1787.
BECK (Jean-Éberuaro). Voyez Beek.
BECK (Léonard). Vojez Becee.
BECK (Françols), fils d'un conseiller prive
du prince Palatin, naquit à Mannheim en 1730,
et fut adopté par le prince , qui le fit élever jus-
qu'à l'âge de quinze ans. Son père, bon musicien
et qui jouait bien du violon, lui donna des leçons
de cet instrument, et lui fit faire de rapides pro-
grès, grâce à l'heureuse organisation que le jeune
Beck avait reçue de la nature. Devenu le favori
du prince et l'objet de l'envie des courtisans, il
BECK — BECKER
29 1
eemblait destiné à la plus heureuse existence;
mais une affaire malheureuse, causée par un bon
mot imprudent du jeune homme, l'obligea à se
battre en duel. Son adversaire fut blessé mor-
tellement, et Beck dut chercher son salut dans
la fuite. Il se rendit à Paris, puis alla s'établir,
à Bordeaux, et y devint directeur du concert,
vers 1780. C'était un compositeur fort habile,
qui aurait pu se faire une brillante réputation,
s'il eût voulu se fixer à Paris ; mais il n'était
point aiguillonné par le besoin de renommée, et
son indifférence sur ce point allait même jusqu'à
l'excès. Il en résulta qu'il produisit peu , quoique
sa carrière ait été longue , et que sa fortune en
souffrit autant que sa réputation. Il est mort à
Bordeaux, le 31 décembre 1809, dans un âge
avancé. La quatrième classe de l'Institut l'avait
nommé son correspondant. En 1776, il publia
quatre œuvres de symphonies de sa composition,
chacun de six symphonies. En 1783 , il fit exé-
cuter au concert spirituel un Stabat qui fut très-
applaudi. Le 2 juillet 17S9, il fit représenter, sur
le théâtre de Monsieur, Prt?jcfore, mélodrame;
cet ouvrage eut peu de succès. La partition a été
gravée. On connaît aussi de lui un Gloria et un
Credo qui sont excellents. Il a laissé en manuscrit
des quatuors pour violon et des sonates de
piano.
BECK (Guillaume), né à Carlshaveu dans
le duché de Hesse-Cassel , en 1765, a publié en
1787, dans un almanacb de la Hesse, un essai
intitulé : Etwas liber die Musik (Bagatelle sur
la musique).
BECK ( Chrétien-Frédéric ) , compositeur et
pianiste à Kirckheim, vers la fin du dix-huitième
siècle, a publié les ouvrages suivants de sa com-
position : 1° Deux sonates pour le clavecin à
quatre mains; Spire, 1789. — 2° Fantaisies pour
le clavecin; Dresde, 1791. — 3" Concerto pour le
clavecin , en si bémol , avec accompagnement ;
Spire, 1792. — 4° Six menuets à quatre mains;
Heilbronn etOffenbach, 1794. — 5'Concerto avec
accompagnement de deux violons, alto, basse,
deux fltftes et deux cors; Mayence, Schott. —
6" Six pièces faciles à quatre mains; ibid. —
7° Dix variations faciles , ib. — 8° Douze varia-
tions sur l'air God save the King; ibid., et d'au-
tres morceaux. Gerber a attribué à Chrélien-Fré-
(léjic Beck le mélodrame de Pandore, qui est
lie François Beck.
BECK (JosEPHA), née Scheefer, cantatrice
allemande, élève de madame Wendling, débuta
en 1788 au théâtre de Manheim, comme première
chanteuse. Elle y re^ta jusqu'en 1797 , 6|)oque
où elle passa à Munich. On vante l'étendue de sa
voix et la hardiesse de son exécution. Les pre-
miers rôles des opéras de Moxart étaient ceux
où elle brillait particulièrement.
BECK (Frédéric-Adolphe), répétiteur du
corps royal des nobles cadets , à Berlin , a publié
un petit ouvrage intéressant sous ce titre : Dr.
Martin Luther's Gedanken iiber die Musik
(Idées de Martin Luther sur la musique) ; Berlin et
Posen, E. S. Mittler, 1825, in-8% de XXVllI et 1 15
pages. Ce livre est rempli d'une érudition solide.
BECKE (Léonard), musicien à l'église de
Notre-Dame à Nuremberg , naquit dans cette
ville en 1702, et mourut en 1769. 11 jouait su-
périeurement du hautbois d'amour, et a composé
des Par Me pour son instrument, luth et basse
de viole , qui sont restés en manuscjit.
BECKE (Jean-Baptiste), fils du précédent,
et non son frère, comme le disent les auteurs
du Dictionnaire des Musiciens , qm le nom-
ment Jean Beek, naquit à Nuremberg le 24
août 1743. Son père lui donna des leçons de
clavecin, de chaut, de basson, de flûte, et lui
fit faire ses études près de lui. Après avoir achevé
sa philosophie , le jeune Becke embrassa l'état
militaire, en 1762, et obtint une place d'adju-
dant près du feld-maréchal-lieutenant baron de
Rodh , pendant la guerre de Sept ans. Pendant
la paix, il fit, avec son général, un voyage à
Stuttgart, et pendant son séjour en cette ville,
il prit des leçons de tlûte du professeur Steinhard.
En 1764, il partit pour la Suisse et passa l'hiver à
Mersebourg. Ayant perdu son général en 1766, il
quitta le service et se rendit à Munich. Il obtint
de se faire entendre du prince électoral Maxi-
milien III, à qui son jeu plut beaucoup , et qui
le plaça dans sa chapelle. Dans le même temps
il se rendit près du célèbre Windiing, afin de
perfectionner, sous sa direction, son talent sur
la flûte. Becke passa huit mois à Manheim au-
près de cet artiste. De retour à Munich, il prit
des leçons de composition de Joseph Miclil , et
commença à publier ses ouvrages pour la flûte.
Vers 1780, Becke était compté parmi les plus
habiles flûtistes de l'Allemagne , et ses composi-
tions, particulièrement ses concertos, étaient
recherchés. Les Catalogues de Breilkopf (de
Leipsick) etdeWestphal (de Hambourg), publiés
à cette époque, indiquent les titres de ses ouvrages.
BECK EN ( Frédéric- Augoste). On a sous
ce nom un recueil de chansons intitulé : Samm-
lung schôner Lieder mit Melodien; Francfort,
1775.
BECKER ( DiETRiCH ou THiERRY),violoniste
et compositeur du sénat de Hambourg , vers le
milieu du dix-septième siècle, a fait imprimer :
1° Sonatenfûr 1 Violine, 1 Viol di gambe und
den General- Bass, ilber Chorallieder (Sona-
ta.
292
BECKER
les pour on violoH, Une basse de viole et la
basse continue, sue des cantiques); Hambourg,
1C68. — Die musikalischen l<ruhlings-Frûcltt.c,
bestehend in dreï, vier undj'unfstimmlger In-
strumental-Harmonie, nebst dem B. C. (Les
Jruits du printemps musical, consistant en
barmonie instrumentale à trois , quatre et cinq
parties, avec la basse continue); Hambourg;,
166S, in-foi,
BECHER (Jean), organiste de la cour à
Casse!, né le 1" septembre 1726a Helsa, près
de celte ville, est mort en 1803. Il avait étudié
la composition à Cassel sous la direction de Suss.
Ses ouvrages pour l'église sont nombreux, mais
il ne les a pas publiés. On connaît seulement
sous son nom un livre de cantiques intitulé :
Choralbuch zu dem bey den hessischen jrfor-
mirten Gemeinden eingefûhrten verbesserten
Gesangbuches (Livre de cborals pour le nou-
veau recueil de cantiques introduit dans les con-
grégations reformées de la Hesse); Cassel , 1771 ,
in-4°.
BECHER (Cu.VRLES-Louis), né dans un
village de la Saxe, en 1756, a été organiste à
Nordlieim, et s'est fait connaître par les ouvrages
suivants : 1° Arietten tind Lieder mit Klavier;
Gœttingue, 1784, in-4». — 2" Idem, 2* et 3"
Recueils. — 3° VI Lieder dcr Freundschaft
und Liebe gewidmet, viit Klavier, op. 16;
Ol'fenbacli, 1802. —4* Andante avec dix-huit
variations; Offenbacb , André. — 5° Six valses
pour lepiHno ; ibid. — 6° Douze préludes pour
l'orgue, avec ou sans pédale ; ibid. Eecker est
mort en 1812.
BECHER (Charles-Ferdinand), organiste
de l'église Saint-Nicolas et professeur du conser-
vatoire de Leipsick , est né dans cette ville le
17 juillet 1804. Scliiclit et Frédéric Scbneider
ont été ses maîtres de piano, d'harmonie et de
composition. A l'âge de quatorze ans, il débuta
comme pianiste dans un concert; puis il se livra
à l'élude de l'orgue et s'adonna spécialement à
cet instrument. Après avoir rempli les fonctions
d'organiste dans quelques petites églises de sa
ville natale, il obtint en 1825 la place d'orga-
niste de Saint-Pierre, vacante par la mort de
Droebs , et douze ans après il succéda à Henri
Millier, en la même qualité, dans l'église de
Saint-Nicolas. Enfin , sa position s'est complétée
par sa nomination de professeur d'harmonie et
d'orgue au Conservatoire de Leipsick. BecKer
s'est fait connaître comme artiste par la publi-
cation de quelques bagatelles pour le piano ; par
un recueil de 12 adagios pour orgue, op. 9; par
deux œuvres de trios pour le môme instrument,
op. 10 et 1 1 , et par un recueil de dix-huit
pièces de différents caractères, op. 12. On a
a\isside\ui -.Evangel. Choralbuch, 138 enthal-
tend vïerstimm. Chorale (Livre choral consis-
tant en cent trenle-liuit cborals à quatre voix,
pour le nouveau livre du chant de Leipsick);
Leipsick, Fr. Fleischer in-4°; — Lelivrecomplet
de mélodies pour le môme chant ( Vollstdndiges
Choralmelodienbueh), ibid. ; et un recueil de
cborals pour le nouveau livre de chant de Ham-
bourg, Craulz. M. Becker a aussi donné en 1832
une édition des Chorals à quatre voix de Jean-
Sébastien Bach, qui n'a pas obtenu l'approbation
des connaisseurs , et il a été , conjointement avec
Billroth , éditeur d'une collection de chorals des
seizième et dix-septième siècles; Leipsick, Tau-
chnitz. M. Cb. F. Becker est plus connu par
ses travaux de littérature musicale que par ses
compositions. Son premier ouvrage dans cette
branche de l'art a paru sous ce titre : Ralhge-
berjilr Organisten ( Conseils pour les orgam's-
tes); Leipsick, Schwickert; 1828,'in-8" de 142
pages. Dans la môme année, il commença à
écrire sur son art dans les journaux, et fit in-
sérer des morceaux sur divers sujets dans la Cœci-
/m, rédigée parGottfriedWeber (t. IX, p. 69-84),
dans la Gazette générale des églises (Allyem.
Kirchenzeitung) ]}\\h\iée a Darmstadt (1828,
p. 910, 982 , 1558), Dans YEutonia, publiée à
Breslau (t. ), p. 131 —135; t. II, p. 241— 246);
dans le Tageblatt de Leipsick (an. 1830,
p. 677— C81 et 753— 755); dans les Zei/p'eno5sen
de la même ville ( 1832 , p. 1 — 39 ) ; et dans
la Gazette générale de musique de Leipsick (ann.
37, 38, et 44). Lorsque la nouvelle Gazette mu-
sicale fut fondée, en 1834, par Robert Schumann,
M. Becker fut au nombre des collaborateurs de
cette feuille, lesquels, sans le savoir, se prêtaient
aux intérêts de novateurs dont l'impuissance
s'est manifestée dans la suite. Il a publié dans
cette feuille un certain nombre d'articles sur des
objets d'érudition musicale. Outre ces morceaux
détachés , il a donné les ouvrages dont les titres
suivent : 1° Systematisch-chrortologische Dar-
stellung der musikalischen Literatur von der
fruhesten bisaufdie neucsteZeit (Exposé systé-
rnatico-cbronologique de la littérature musicale
depuis l'antiquité jusqu'à l'époque actuelle);
Leipsick, Robert Friese , 1836, I vol. in-4". En
1839, il a fait paraître un supplément du même
ouvrage, sous le même titre et chez le môme édi-
teur, en un cibler de 12 feuilles in-4"'. Ce livre
est la reproduction delà Littérature générale
de la musique de Forkel , avec les quelques ad-
ditions de Lithtenthal, et celles que M. Becker
y a faites. Dans le supplément se trouvent, en
assez grand nombre, des rectifications et addi-
BECKER
293
lions bien faites, lesquelles sont distinguées par
un W., et que je crois avoir été fournies par
M. Antoine Sciimid, de Vienne, auteur de l'excel-
lent travail sur Ottaviano de Petrucci et sur ses
successeurs. — 1° Die Haiismusik in Deutsch-
land in dem iç,ten, ilten und ISten Jahr-,
Inmderte. Malerialien zii einer Gcschichte
desselbenes, etc. (La musique de chambre en Al-
lemagne dans les seizième, dix-septième etdix-
liuitième siècles. Matériaux pour son histoire,
etc.) ; Leipsick, Fest, 1840, in-4° de 123 pages.
— 3° Die Tomverkedes idten und iltenJahr-
hundert, oder systematisch chronologische
Zusammenstelhmg der in diesen zwei Jahr-
hunderten gedruckten Miisikalïen (Les œuvres
de musique des seizième et dix-septième siècles ,
ou tableau systématico-clironologique de la mu-
sique imprimée dans ces deux siècles) ; Leipsick,
Ernest Fleischer, 1847, in-4° de 22 feuilles, avec
le portrait de l'auteur. Ces deux derniers ou-
vrages ont été entrepris dans le but de faire pour
les œuvres pratiques de l'art ce que Forkel a
fait pour sa littérature ; mais il y a loin de l'une
à l'autre œuvre sous le rapport de l'exécution.
— 4° Alphnhetisch und chronologïsch geord-
netes Verz-eichniss einer Sammlung von mu-
sikalischen Schriften. Ein Beitrag zur Lite-
ratur-Geschichte der Musik (Catalogue alpha-
bétique et chronologique d'une collection d'écrits
sur la musique. Essai pour l'histoire de la litté-
rature de cet art); Leipsick, Breitkopf etHàr-
tel, 1847, gr. in-8». Ce catalogue est celui de la
collection d'ouvrages sur la musique possédée par
RL Becker lui-même. — 5° Die Tonkilnstler
des neunzehnten Jahrhunderts ; einKalenda-
risches Handbuch zur Kunztgeschichte ( Les
Musiciens du dix-neuvième siècle. Manuel dans
la forme d'un calendrier pour l'histoire de l'art) ;
Leipsick, Kôssling, 1849, in-8° de 177 pages.
M. Becker m'a fait l'honneur de me dédier ce pe-
tit ouvrage. Hélas! je ne me montre guère re-
connaissant! Mais quoi.^ la vérité ! Je ne la tra-
liirai pas en déclarant que M. Becker m'a paru
un excellent homme, et qu'il m'a fait un accueil
rempli de bienveillance, lorsque je l'ai visité à
Leipsick.
BECKER ( CoNSTAïfTiN-JuLEs), compositeur
et écrivain sur la musique, est m; le 3 février
1811 à Freiberg, où son père était professeur
du collège. Dans cette institution, comme dans
toutes celles du même genre, il y avait une
école de musique et de chant en chœur dirigée
par Anacker. Ce professeur, ayant reconnu dans
le jeune Becker d'heureuses dispositions pour la
musique, donna des soins à leur culture, et mit
son élève en état de prendre part à l'exécution
des grands ouvrages de Haendel , de Bach , de
Mozart et de Beelhoven. A l'époque de la mue,
Becker perdit sa belle voix de soprano : il inter-
rompit alors l'étude de la musique pour suivre
les cours du collège et terminer ses études classi-
ques; puis il entra au séminaire où ses connais-
sances musicales lui firent bientôt obtenir une
place de professeur. Eu 1835, il se rendit à
Leipsick dans le but de perfectionner son instruc-
tion et d'y suivre les cours de philosophie à l'u-
niversité. Charles-Ferdinand Becker devint son
maître de contrepoint , et lui fit faire la connais-
sance des artistes les plus distingués de Leipsick.
En 1837, il entra dans la rédaction de la nou-
velle Gazette musicale fondée par Schumann,
à laquelle il a fourni un grand nombre d'articles
juqii'en 1846. Trouvant néanmoins peu de res-
sources pour son existence dans cette ville, il
alla se fixer à Dresde, vers 1843, et y vécut
comme professeur de chant et de composition.
On ignore les motifs qui lui firent abandonner
cette ville trois ans après, et se retirer à Ho-
flœssnitz, ou Oberlœsenitz, où il vécut dans nn
isolement presque absolu , sans renoncer néan-
moins à cultiver la musique commecompositeuret
comme écrivain. Les ouvrages les plus importants
de cet artiste sont : 1" Une symphonie à grand
orchestre exécutée avec succès au concert de
Leipsick, le 20 avril 1843. — 2° Das Zigeuner-
lebcn ( La vie des Bohémiens ) , rapsodie en sept
chants pour un chœur d'hommes, exécutée à
Leipsick, en 1845. — 3° Le siège de Belgrade,
opéra représenté à Leipsick, le 21 mai 1848. —
4° Recueils de Lieder avec accompagnement de
piano, œuvres 2,5, 6,8, 14, 17; Leipsick et
Dresde. — 5" Trois duos pour des voix de fem-
mes, op. 36. — 6" Lieder à trois voix et piano,
op. 21 , 23 7° Pièces de chant détachées. —
8° Sérénade pour violon et violoncelle, op. 34.
Becker s'est distingué comme écrivain par les
ouvrages suivants : 9° Mànner-Gesangschuls
( Méthode de chant pour les hommes) ; Leipsick,
Klem, 1845. — 10° Harmonie-Lehre fur Di-
letlanten. Briefe an eine Dame (Science de
l'harmonie pour les amateurs. Lettres à une
dame ); Leipsick , Frièse, 1842, in-8». —11°
Kleine Harmonielehre odcr Anweisung zur
leichten Erlernung der Kiinst, etc. (Petite mé-
thode d'harmonie, ou instruction pour apprendre
l'art avec facihté, etc.); Leipsick ,Friedlein, 1844.
— 12° Die Neuromantiker (Les nouveaux roman-
tiques. Roman musical); Leipsick, Weber
1840, 2 vol. in-S". On a aussi de Becker une
traduction allemande du voyage musical de Ber-
lioz en Allemagne; Leipsick, 1843, et un roman
satirique intitulé Klubien und Compagnie,
294
BECKER — BÉCOURT
ibid., 1841. Cet artiste est mort à Oberlœsenitz, le
26 février 1859, à l'âge de quarante-huit ans.
BECKMAIVIV ( Jean-Fkédéric-Théophile ),
organiste de la grande église deCelle, né en 1737,
est mort dans cette ville le 25 avril 1792, dans la
cinquante-sixième année de son âge. Cet artiste
fut un des plus habiles pianistes du dix-huitième
siècle : il excellait surtout dans l'improvisation,
où il montrait une grande habileté à faire usage
du contrepoint double. Les compositions qu'il a
publiées sont : 1" Trois sonates pour le clavecin,
première partie; Hambourg, 1769. — 2° Trois
id. deuxième partie; ibid. , 1770. — 3° Trois
concertos pour le clavecin; Berlin, 1779. — 4°
Trois idem; ib\(i., 1780. — 5° Six sonates pour
le clavecin, œuvre 3*; ibid , 1790. — 6° Solo
pour le clavecin; Hambourg, 1797. En 1782,
il fit représenter à Hambourg l'opéra de Lu-
cas et Jeannette, qui (ut bien accueilli parle
public.
BECKWITH (Jean ) , docteur en musique,
et organiste de la cathédrale de Saint- Pierre à
Norwich, né à Oxford, est mort à Norwicli, le
15 mai 1823. Il avait été élève de Hayes, et de-
vint habile organiste et théoricien instruit. Il a
fait insérer dans le premier volume du Quar-
terltj musical Review (p. 380] quelques instruc-
tions fort simples sur l'accompagnement de la
basse chiffrée. Ses ouvrages publiés sont : 1° So-
nates pour le piano; Londres, Clementi. —
2° Six antiennes; ibid.; — 3° Des j/Zees et chan-
sons; Londres , Goulding. — 4° Concerto pour
/'org'Me , œuvre 4''; Londres , 1792. Le docteur
Beckwitli a été le maître de Vaughan , l'un des
plus habiles chanleurs de l'Angleterre pour la
musique d'église.
BECQUIÉ (J.-M.), né à Toulouse, en 1800,
entra comme élève au Conservatoire de musique
dans une classe de solfège à l'âge de dix ans,
puis fut admis comme élève de M. Tulou pour la
flûte, et enfin, après la retraite de celui-ci, ter-
mina ses études sous la direction de Guillou.
Une qualité de son charmante, une netteté pro-
digieuse dans l'exécution des traits, et une élé-
gance de style fort remarquable, présageaient à
ce jeune homme une brillante carrière d'artiste.
Kn 1822 il obtint au concours du Conservatoire
le premier prix de flûte. Après avoir été pendant
quelques années flûtiste dans un petit théâtre de
Paris, il devint, en 1821, première flûte de l'O-
péra-Comique. Ses succès dans les concerts l'a-
vaient déjà placé três-liaut dans l'opinion publi-
que, quand une maladie inflammatoire vint l'en-
lever à l'art et à ses amis, le 10 novembre 1825.
r. n'était âgé que de vingt-cinq ans. Non moins
distingué comme compositeur pour son instru-
ment que comme exécutant, il mettait dans ses
ouvrages du goût et de la grâce. On connaît de
lui : 1° Grande fantaisie et variations pour la
flûte, avec o-chestre, sur l'air II pleut, bergère;
Paris, A. Petit; 2° Ronde d'JFmma variée ; idem,
ibid.; — 3° Air nouveau varié pour piano et flûte ;
ibid. ; — 4° Air varié, idem, œuvre 2''ie; Paris,
Frère ; — h" Les regrets , grande fantaisie pour
llùteet piano, œuvre 12'. — 6° Fantaisie sur divers
motifs de Rossini pour flûte et piano, œuvre
13tne. — 7° Fantaisie sur l'air écossais delà Dame
Blanche, œuvre posthume; Paris, Ph. Petit.
Celte fantaisie fut composée pendant les répé-
titions de l'opéra de Boieldieu.
Le frère aîné de Becquié, connu sous le nom de
Becquié de Pvy reville (Jean-Marie), est né à
Toulouse en 1797. Admis au Conservatoire de
Paris, le 20 octobre 1820, il y devint élève de
Rodolphe Kreutzer, puis d'Auguste Kreutzer,
frère de cet artiste célèbre. Le second prix de
son instrument lui fut décerné en 1823, et le pre-
mier en 1826, en partage avec Cuvillon (Voy. ce
nom). Becquié, fut attaché successivement aux
orchestres de divers théâtres de Paris et a public
plusieurs ouvrages pour son instrument , entre
autres une fantaisie pour piano et violon, un air
varié avec accompagnement de violon, alto et
basse, œuvre 2'"*, et un autre air varié avec qua-
tuor.
BEC WARZOUSKY (Antoine-Fra>çois ),
organiste excellent, né en 1750 à Jungbunzlau,
en Bohême, fut d'abord attaché à l'église de Saint-
Jacques à Prague, vers 1777. De là il se rendit
à Brunswick, où il devint organiste de l'église
principale, en 1788. Dix ans après il se trouvait
à Bamberg, sans emploi, et enfin, en 1800, i! de-
meurait à Berlin, où il est mort, le 17 mai 1823.
Ses ouvrages les plus connus sont : 1° Concerto
en fa pour le clavecin, avec accompagnement,
œuvre 1"; Offenbacb, 1794; — 2° Concerto en
rondo pour le clavecin, op. 2; ibid., 1794 ; —
3° Trois sonates pour piano, op. 3, Berlin, 1797;
— 4° Concerto pour piano , en fa, op. 6 ; Bruns-
wick ; — 5° Nà/ie der Geliebten , mit Klavier-
Begleitung (Laprésencedu bien-aimé) ; — 6° Ge-
sànge am Klavier, premier recueil ; Offenbach ,
1799 ; — 7° 'Die Wûrde der Frauen (Le mérite
des femmes), avec accompagnement de clavecin ,
1800; — 8° Gesànge beym Klavier, deuxième
recueil, 1801.
BÉCOURT (...), musicien français, vivait à
Paris vers 1785. Violoniste au théâtre des Beau-
jolais, il composa quelques airs de danse pour
ce spectacle, tparmi lesquels il y en eut qui eu-
rent de la vogue. Au nombre de ces airs se trou-
vait une contredanse qui fut connue sous le nom
SECOURT — BEDFORD
291
de Carillon national. Elle devint populaire. La
reine de France, Marie-Antoinette, la jouait sou-
vent sur son piano. C'est sur cet air qu'un chan-
teur des rues, nommé Ladre arrangea, en 1789,
les paroles de la chanson révolutionnaire : Ah ! ça
ira, qui fut entonnée pendant la nuit du 5 au
6 octobre, par les insurgés, dans l'invasion du
château de Versailles, et qui fut chantée par le
peuple jusqu'à la fin du règne de la Terreur. C'est
ce même air dont on fit un pas accéléré pour
les corps de musique des armées de la répu-
blique française.
BEDARD (Jean-Baptiste), violoniste, né à
Hennés, en Bretagne, vers 1765, fut d'abord pre-
mier violon et maître de musique au théâtre de
cette ville. En 1796, il vint à Paris, où il se fixa.
Il est mort vers 1815. Les ouvrages qu'il a pu-
bliés sont : 1° Deux symphonies a grand orchestre.
— 2' Un duo pour harpe et cor. — 3° Plusieurs
suites d'harmonie pour des instruments à vent.
— 4° Des duos pour deux violons, œuvres 2% 'd" ,
4^, 28^, 53* et 58*.— 5° Suites de duos pour un
violon seul , ou manière agréable d'exercer la
double corde. — 6o Méthode de violon comte
et intelligible, Paris, Le Duc, 1800. — 7" Des
contredanses et des valses pour l'orchestre. —
8° Des airs variés et des pots-pourris pour le vio-
lon. Bédard a écrit aussi pour la fiùte et pour
divers autres instruments à vent.
BEDE, surnommé le Vénérable , naquit en
672, près de Weremouth , dans le diocèse de
Diirham, en Angleterre, et fut élevé au monas-
tère de Saint-Paul, à Jarrow, dans lequel il passa
toute sa vie. Il fut ordonné diacre à l'âge de
dix-neuf aas et prêtre à trente. On croit qu'il
mourut dans son couvent, en 735, à l'âge de
.soixante-trois ans. Dans l'édition de ses œuvres
publiée à Cologne, en 1612, 8 vol. in-fol., on
trouve deux traités de musique, dont l'un est in-
titulé iMusica quadrata seu mensiirata,l. I,
p. 251,1e «econd : Musica theoreiica, t. I,
p. 344. Burney, et Foikel d'après lui , ont fait
remarquer que le premier de ces écrits doit être
d'un auteur plus moderne que Bède (Voyez
Burney, 4 gênerai histonj ofimisic, et Forkel,
Allgem. Litter. der Musik, p. 117). On sait au-
jourd'hui que ce traité est l'ouvrage d'un musi-
cien du treizième siècle connu sous le sobri-
quet d''Aristote (Voyez Akistote dans cette Bio-
graphie, t. I, p. 125, 2" col.). Il ne faut
pas croire toutefois que la musique mesurée
n'existait pas au temps de Bède, car elle est an-
cienne comme le monde , et 2,000 ans avant
l'ère chrétienne la notation de la mesure exis-
tait dans l'Inde. Remarquons, en passant, que
dans son Histoire ecclésiastique, dont il y
a plusieurs éditions, Bède fait mention d'une
harmonie à deux parties, en consonnances,
dont il y avait des exemples eu Angleterre de
son temps. Les deux ouvrages sur la musique
attribués à Bède ont été réunis sous ce titre :
Venerabilis Bedxde Musica Ubridiio; Basi-
leae, Hervag, 1565, in-fol. Cette édition, excessi-
vement rare, a échappé aux recherches de tons
les bibliographes ; M. Brunet n'en a point eu con-
naissance, et Tanner n'en a point parié dans lu
catalogue étendu des œuvres de Bède qu'il a
donné dans sa Bibliothèque britannique. Il en
existait autrefois un exemplaire dans le cabinet
de lecture musicale établi par Auguste Le Duc,
où je l'ai vu ; je crois qu'il a passé depuis lors
dans la Bibliothèque de Choron. Le livre est
mentionné dans le catalogue (in-4°) de ce cabinet
de lecture. On trouve dans le huitième volume
des œuvres de Bède un opuscule intitulé : In-
terpretatio vocirni rarioruni in Psalmis, qui-
bus instrumenta musica vel alix species sin-
gulares denotantur.
BEDESGHI (Paul), surnommé Pao^jno,
castrat et chanteur du premier ordre , naquit à
Bologne en 1727. Son premier maître fut le com-
positeur J. Perti. En 1742 il entra au service du
roi de Prusse et reçut des leçons de François
Benda. Il resta constamment attaché à celte cour
jusqu'à sa mort, arrivée le 12 février 1784.
BEDFORT (Akthuk), chapelain de l'hôpi-
tal de Haberdasher à Hoxton, naquit à Tidden-
liam, dans le comté de Gioucester , en septem-
bre 16(58. Il rciçut de son père les premiers élé-
ments des sciences et fut envoyé en 1684 au
collège de Brazen-Nose, à Oxford, pour y con-
tinuer ses études ; il s'y distingua bientôt comme
orientaliste. En 1088 il reçut les ordres mineurs
des mains du docteur Brompton, évêque de
Gioucester, et, vers 1692 , ayant été ordonné
prêtre, il fut nommé vicaire de l'église du Tem-
ple à Bristol. En 1724, il fut appelé comme cha-
pelain à riiôpital de Haberdasher, à Hoxton, et
il occupa cette place jusqu'à sa mort, arrivée le
15 septembre 1745- On a de lui ; 1"* The Temple
of Musik, Londres, 1706, in-8°, réimprimé sous
le titre de Essay on singing Drtvid''s psalms,
Londres, 1708, in-8°. Une troisième édition aug-
mentée a paru sous le titre de The Temple of
Musik,or an essay and method of singing the
psalms of David in the temple, bejore the
Dahylonian captivity, etc. {Le temple de la mu-
sique, ou Essai sur la manière de chanter les
psaumes dans le temple, avant la captivité de
Babyloue), Londres, in-8°, 1712. —2" The great
abuse oj Musik (Le grand abus de la musique);
Londres, 1711, in-8° de 276 pages. Cet ouvrage
296
BRDFORD — BEER
est terminé par un Gloria à quatre parties, de
la composition de Bcdfort. — 3° Scrïpture]chro-
nology demonstrafed bij astronomical calcu-
lations, etc. (La chronologie de l'Écriture prou-
vée par des calculs astronomiques) ; Londres,
1730,in-fol. L'auteur y traite : 1° 0/ theviusic
of the Greeks and Hebrews (De la musique des
Grecs et des Hébreux ). — 2° Ofthe musïc and
services, as performed in the temple (De la
musique et du service qu'on exécutait dans le
temple). Voyez sur cet ouvrage The présent
State of the republick of letterS; Londres, 1730
Jn-8°, p. 335. — 3° The excellency of divine
Miisik (L'excellence de la musique divine), Lon-
dres, 1733, in-S". Ce dernier ouvrage est indi-
qué par le catalogue des livres imprimés du Mu-
sée britannique; Londres, 1813-1819,8 vol.
in-S". Je le soupçonne d'être plutôt un livre as-
cétique que musical.
BEDOS DE CELLES (Dom François),
liénédiclin de la congrégation de Saint-Maur,
membre de l'Académie des sciences de Bordeaux
et correspondant de l'Académie des sciences de
Paris, né à Caux, diocèse de Béziers, en 1706,
entra dans son ordre à Toulouse, dans l'année
1726. Il est mort le 25 novembre 1779. On lui
doit : VArt du facteur d'orgues, Paris, 1766-
1778, quatre parties en 3 vol. in-fol. Cet ouvrage
important fait partie de la Collection des arts
et métiers, publiée par l'Académie des sciences.
La quatrième partie contient un% Histoire abré-
gée de l'Orgue, qui a été traduite en allemand,
par Wolbeding, sous ce titre : Kurzgefasste
Geschichte der Orgel, Berlin, 1793, ia-4". On a
aussi de D. Bedos un Examen du nouvel orgue
construit à Saint-Martin de Tours, qui a
paru dans le Mercure de France (Janvier 176'.«,
p. 133), et dont une traduction allemande de
J.-Fr. Agricola a été inséré dans la Musica me-
chanica organxdi d'Adlung, p. 287. Barbier et
quelques autres bibliographes assurent que le vé-
ritable auteur de VArt du facteur d'orgues est
un bénédictin de Saint- Germain -des-Prez ,
nommé Jean-Franç. Monniot, qui était né à
Besançon, et qui mourut à Figery, près de Cor-
beil, le 29 avril 1797. Cette assertion n'est point
fondée, car je possède une lettre autographe de
D. Bedos de Celles à un M. Nantouville, datée
<lu 17 septembre 1763, où il dit : « Ce n'est
« pas sans beaucoup de fatigue que je peux rc-
« cueillir tous les matériaux qui me sont néces-
« saires pour faire le Traité de la facture des
« orgues ; je m'en occupe sans relâche. »
BEECKE (Ignace de), capitaine h l'ancien
régiment de dragons de Hohenzollern, gentil-
homme de la chambre et de la vénerie, ensuite
directeur de la musique du prince d'Œtting-Wal-
lerstein, fut un des plus habiles clavecinistes de
son temps. Il se lia d'amitié avec Gluck, Jo-
melli, qui fut son maître de composition, et W.-
A. Mozart, avec lequel il joua un concerto de
piano à quatre mains, au couronnement de l'Em-
pereur, à Francfort. Il est mort à Wallerstein
au commencement du mois de janvier 1803.
Parmi ses compositions, on remarque les opéras
dont les titres suivent : 1° Claudine de Villa
Bianca, joué à Vienne en 1784. — 2" Die
Weinlese (Les Vendanges). — 3° Klagen iibef
den Tod der grossen Sangerin Nanette, von
Gluck (Air funèbre sur la mort de la grande
cantatrice Nanette de Gluck ), imprimé à Augs-
bourg en 1777. — 4° Der brave Mann (L'Hon-
nête homme) de Biirger, gravé à Mayence en
1784. Sa musique instrumentale se compose de
Six Sonates pour clavecin; Paris, 1767 . — 2°
Quatre trios pour le clavecin; ibid., 1767. —
3° Six symphonies à huit parties. — 4° Six
symphonies à six. — 5° Trois quatuors pour
flûte, violon, alto et basse, livre 1^' ; Spire,
1791. — 6° Trois idem, livre 2^; ibid., 1791.
— 7° Ariette avec quinze variations; Heilbronn,
1797. — Air avec dix variations pour clavecin;
Augsbourg, 1798. Outre cela, il a composé en
1794 un oratorio intitulé : Die Auferstefmng
Jesu (La Bésurrection de Jésus) , et une grande
quantité de musique pour le chant, avec accom-
pagnement de piano.
BEELER (J.-N.-E.), organiste et compo-
siteur à Deventer, en Hollande, vers le milieu
du dix-huitième siècle, a publié en 1762, une
collection de chansons françaises avec la basse.
BÏ^ER (Joseph), dont le nom est écrit Bœr
par quelques auteurs allemands, naquit le 18
mai 1744 à Griinwald, en Bohême. Les premières
leçons de musique lui furent données par un
maître d'école de Mœldau , nommé Kleppel. A
l'âge de quatorze ans, il s'engagea dans les trou-
pes de l'empereur, mais bientôt il quitta ce ser-
vice pour entrer à celui de la France, et fit quel-
ques campagnes, comme trompette, pendant la
guerre de Sept ans. Le hasard l'ayant conduit à
Paris, il y entra dans la musique du duc d'Or-
léans. Ce fut à cette époque qu'il commença à
se livrer à l'étude de la clarinette; en peu de
temps il devint sur cet instrument le plus habile
artiste qu'il y eût en France. Son talent le fit
choisir pour chef de la musique des gardes du
corps, et pendant vingt ans il en remplit les
fonctions. En 1788, il quitta le service, et après
avoir visité la Hollande et l'Italie, il se rendit
en Russie où son talent extraordinaire excita
l'admiration. De retour à Prague en 1791, il y
BEER — BEETHOVEN
297
donna un concert le 28 mars de cette année, et y
obtint le plus brillant succès. Il partit enMiite
pour la Hongrie, revint à Prague en 1792, pour
le couronnement de l'empereur François II, et y
excita l'enthousiasme dans les concerts qu'il
donna à cette occasion. Appelé à Derlin peu de
temps après, en qualité de maître des concerts
du roi de Prusse, il y resta jusqu'en 1808. où il
voulut revoir la capitale de la Bohême. L'année
d'après il retourna à Berlin, où il est mort en
1811. Parvenu au plus haut degré du talent.
Béer n'a commencé à se faire connaître qu'à un
âge oîi les artistes jouissent habituellement de
toute leur renommée; mais la sienne ne tarda
point alors à se répandre dans toute l'Europe. Il
n'avait point eu de modèle, car avant lui l'art
de jouer de la clarinette était en quelque sorte
dans son enfance, et l'on peut dire que ce fut lui
qui créa cet instrument, dont il sut corriger les
imperfections à force d'habileté. Ce fut lui qui
y ajouta la cinquième clef; car la clarinette n'en
avait auparavant que quatre. Ayant reçu des le-
çons de cet instrument à Paris, il eut d'abord le
son qu'on peut appeler français, dont la qualité
est puissante et volumineuse, mais auquel on
peut reprocher de la dureté. Il communiqua ce
son à son élève Michel Yost, connu particulière-
ment sous le nom de Michel, et considéré comme
le chef de l'école française des clarineltistes. C'est
ce même son qui, propagé par Xavier Lefebvre,
élève de Michel, dans le Conservatoire de Paiis,
a prévalu parmi les artistes français. Béer, pas-
sant en Belgique pour se rendre en Hollande,
eut occasion d'entendre à Bruxelles Schwartz,
maître de musique du régiment de Kaunitz ; c'é-
tait la première fois que la douceur du son al-
lemand frappait son oreille; il en fut charme,
et sa résolution fut prise à l'instant de travailler
à la réforme de son talent sous ce rapport. En
moins de six mois d'études, il parvint à joindre à
son admirable netteté dans l'exécution des dif-
ficultés, et à son beau style dans le phrasé d'ex-
pression, la moelleuse qualité de son qui n'est
pas un de ses moindres titres de gloire, et qu'il
a transmise à son élève Baermann.Beer jouissait
du rare avantage de régler sa respiration avec
tant de facilité, qu'aucune marque extérieure de
fatigue ne paraissait sur sa figure pendant qu'il
exécutait, soit par l'enflure des joues, soit par la
rougeur du teint. Enfin, tant de qualités com-
posaient l'ensemble de son talent, qu'il est per-
mis d'affirmer qu'il fut en son genre un des ar-
tistes les plus remarquables qu'ait produits l'Al-
lemagne. On connaît jieu de morceaux de sa
comi)osition; Breitkopf et Haertel n'ont publié
de lui qu'un concerto pour la clarinette en si -.
on trouvait chez Naderman à Paris, six duos pour
deux clarinettes qui portent son nom. Un air
avec sept variations écrites par lui est aussi dans
les mains de quelques artistes en Allemagne.
BEER. T'oy. Berr.
BEER(Gi\coMo Meyep.). Voy. Meyer-Beer.
BEERALTHEÏl (Aloys ), virtuose sur la
clarinette et sur le cor debassette, naquit en 1800
au village de Merckingen , près de Neresheim,
dans le royaume de Wiirtemberg. Fils d'un mu-
sicien de village, il fut envoyé à l'âge de douze
ans chez Sauerbrey, musicien de ville à Neres-
heim. En 1815 il se rendit à Tubinge, chez le mu-
sicien de ville Hetsch, qui lui apprit à jouer de
plusieurs instruments, et lui donna une connais-
sance élémentaire de tous les autres. Il acquit
de l'habileté sur le violoncelle, le trombone, la
flûte et surtout sur la clarinette et le cor de bas-
sette. En 1819 il entra comme flûtiste dans la
chapelle du prince de Latour et Taxis. Deux
ans après il accepta une place de tromboniste
dans le 3""* régiment d'infanterie du royaume de
Wurtemberg, et fut admis comme violoncelliste
dans la chapelle royale. Ce fut alors qu'il com-
mença à se faire connaître par son talent sur la
clarinette et le cor de bassette (sorte d'alto de la
clarinette). En 1828 il abandonna tous les autres
instruments pour ne plus s'occuper que de ceux-
là, et la place de première clarinette lui fut don-
née dans la chapelle royale de Stuttgart. Il ne
quitta plus cetie ville et y mourut le 21 mars
1852. Beeralther avait composé pour son usage
des concertos et d'autres ouvrages qui sont restés
en manuscrit.
BEETHOVEIV (Locrs Van), illustre com-
positeur du dix-neuvième siècle, fut un de ces
hommes rares dont le nom est le signe caractéris-
tique de toute une époque d'art ou de science;
sorte de phénomène dont la nature est avare, et
qui n'apparaît que de loin en loin. De tels hommes
ne se font pas toujours connaître pourcequ'llssonl
dès leurs premiers pas, comme l'imaginent les
gens à préjugés; leur force d'invention ne se ma-
nifeste pas dès leurs premiers essais, et ce n'est
pas pour eux , comme on le croit communément,
une condition nécessaire de leur génie que de
se faire pressentir au berceau. Le génie est fan-
tasque parce qu'il est le génie ; son allure n'est
point uniforme; tantôt il se révèle d'une ma-
nière, tantôt d'une autre. Parfois il se montre
tout d'abord plein d'audace et de fougue ; ail-
leurs on le voit se développer lentement, ou
même languir longtem[)s comme engourdi par la
paresse. Chez Mozart, faible enfant bégayant à
jieine, il avait fait une irruption violente;
il paraît au contraire que chez Beethoven,
298
BEETHOVEN
nonobslant les traditions les plus répandues , le
{iéiiie ne sembla point affecter de spécialllc^ dans
ses premièresannées; carM.Baden, de Bonn, qui
fut le ecmpagnon d'enfance du grand artiste, etqui
fréquentait avec lui les écoles primaires, rapporte
que ce fut en usant de violence que le père de
Beethoven parvint à lui faire commencer l'étude
de la nuisique , et qih'il y avait peu de jours où il
ne le frappât pour l'obliger à se mettre au piano.
Ce fait, qui, par la source dont il vient , semble
mériter toute croyance , est en opposition for-
melle avec ce que rapportent les biographes, par-
ticulièrement M. de Seyfried, dans sa notice
placée en tête de l'édition des éludes de Beetho-
■ven sur l'harmonie et le contrepoint , et Schlos-
ser, dans sa biographie de ce grand musicien.
Cependant, M. Baden s'accorde avec ces écri-
vains sur la rapidité des jjrogrès de Beethoven -.
après que ses premiers dégoûts étirent été
vaincus, il se prit de passion pour l'art qu'on
l'avait obligé d'étudier, et s'avança à pas de
géant dans une carrière où la contrainte seule
avait pu le conduire. Que serait-il advenu si ,
laissé libre de ses déterminations, il eût eu le
loisir de se choisir lui-même une direction? Ques-
tion singulière où l'imagination peut aborder les
suppositions les plus étranges.
L'origine de Beetlioven a donné lieu à des
conjectures et à des bruits mal fondés. Les au-
teursdu Dictionnaire des Musiciens (Paris, 1810)
disent qu'on a cru qu'il était (ils naturel de Fré-
déric-Guillaume li, roi de Prusse; mais le fait
est que son père , Jean van Beethoven , était un
ténor de la chapelle de l'électeur de Cologne,
et son aïeul, Louis Van Beethoven, d'abord
chanteur, puis maître de la même ciiapelle.
D'autres ont afiirmé qu'il était Hollandais, parce
<iue la particule van est jointe à son nom (1).
( I ) Dans une brochure intitulée -. Lettre à Monsieur le
hoiirijmestre de Bonn (Amsterdam, 1837, in-8° de îo pâ-
lies), M. van Marsdijk, écrivain hollandais, a essayé de
démontrer que ce grsud hoiiiine était Ois de m\isicicns
ambulants qui fréquentaient les foires de la HiiUande, et
que sa mcTC , lielena, Keverich , \c mit au monde au
■mois d'août 1772, à la foire de Zutphen, ville de la Gueldre,
dans une chétive auberge qui avait pour enseigne ■■ De
fransche Tuin, c'ef<l-d-iiire, au Jardin français. L'inexac-
titude de ce fait est déinonirée par M. le Dr. !•'. G. Wegeler,
ami d'enfance des Beethoven , qui prouve , par un calen-
drier de la cour de l'éleeleur de Cologne, que son grand-
père /-OMIS Fan Beethoven, et son père Jean, étaient
attachés à la musiciue cie ce prince en 1760, et n'étaient
conséquemment pas dans la profession de musiciens am-
bulants de foires (V. liiograyhisclic JVotizen Uber Uiduig
van Beetlioven von Dr. F. G. IFeyeler. etc , pages t et a).
De nouvelles découvcrics faites par M. Léon de Burbure
à Anvers font enfin connaître l'origine de la famille Van
Beethoven; il a eu l'obligeance de me les communiquer,
en attendant que lui-n>éme publie un travail complet sur
)e même sujet. Bien que simplement résumés , ce^ rensei-
Ce qui est certain, c'est que l'illustre artiste naquit
à Bonn, sur le Rhin ; mais il y a eu longtemps de
l'incertitude sur l'année où il vit le jour. M. de Sey-
grements rendent ma note bien longue ; mais J'espère
qu'on les lira avec intérêt.
M, de Burbure a trouvé la souche de la famille f^an
Beethoven au commencement du dix-septième siècle dans
un village aux environs de Louvain. Un descendant de
cette famille s'était fixé à Anvers vers le milieu du même
siècle. Un de ses fils, Guillaume Fan Beethoven, épousa,
le 11 septembre 1680, Catherine Grandjean. De cette union
naquirent huit enfants au nombre desquels fut Henri
Adelard Fan BeefAoî-en, baptisé le 8 septembre 1683 dans
la paroisse >'otre-Dame (Nord), à Anvers, et qui eut pour
parrain Henri Van Beethoven, remplaçant Adelard de Re-
dineg, baron de Roegeney, absent, et pour marraine Jac-
queline Grandjean. Cet Adelard Van Beethoven épousa
Marie-Catherine de Herdt et en eut douze enfants, dont
la troisième fut Louis Beethoven , et le douzième Louis-
Joseph.
Louis Fan Beethoven fut baptisé à l'église Saint-Jacques,
a Anvers, le 83 décembre 1712. 11 quitta jeune sa famille, et
l'on ne trouve aucune trace de son séjour à Anvers.
Louis-Joseph Fan Beethoven, né le 9 décembre 1728, bap-
tisé à l'église St-Jacqiies, ti Anvers, et décédé le 11 no-
vembre 1808 à Oostcrvvyck, près de Bois-le-Duc, épousa
le 3 novembre 1773, Marie-Thérèse sehuerwerghem, née à
WuUe, et décédée le 26 juillet 1794. Ils eurent deux lilles,
Jnne-Thérèse Fan Beethoven , née à Anvers le 29 jan-
vier r774 ( qui suivit de près le mariage), et Marie-
Thérèse Fan Beethoven, qui épousa, le 6 septembre 1808,
Joseph-Michel Jacobs , père de M. Jacob Jacobs, peintre
distingué de paysage, en ce moment (1839) vivant à An-
vers. Or, interrogé par M. de Burbure sur ce qu'il avait
appris de sa mère, décédée à Anvers.le 23 janvier 1824, M. Ja-
cobs lui expliqua la cause du départ de plusieurs membres
de sa famille pour Maëstricht, Tongres, et Jerueren, près de
Bruxelles , où l'on retrouve en effet rie leurs descendants,
et lui dit que sa mère lui avait répété plusieurs fois qu'un
frère de son aïeul maternel , nommé Louis, avait quitté
furtivement Anvers, par suite de contestations avec sa
famille; qu'on avait eu plusieurs fois de ses nouvelles,
mais qu'il n'avait Jamais revu ses parents depuis sa fuite.
Ce Jjmis Fan Beethoven, nous le retrouvons dans la po-
sition de chanteur à la chapelle de l'électeur à Bonn, en
1760, où il devient maître de la chapelle en 176J. Il est ma-
rié, et a plusieurs enfants au nombre desquels est Jean Fan.
Beethoven, ténor de la chapelle électorale dès 1762. Celui-
ci épousa , en 1767, Marie-iMadeleine Keverich, dont-il eut
quatre enfants, au nombre desquels est le célèbre compo-
siteur. Le vieux Louis Van Beethoven mourut à Bonn le
24 décembre 1774 , après avoir été le parrain de son illustre
petit-fils , le 29 décembre 1770. Cette filiation est trop bien
établie pour être l'ohjet d'un doute.
Remarquons toutefois le singulier rapport entre cette
Marie-3iadeleine Keverich, mère àa grand artiste, etlJé-
léne Keverich laquelle accouche à la toire de Zutphen d'un
garçon auquel on donne le nom AeLouis Fan Beethoven.Ne
pourrait-on pas en conclure qu'un fràfe de Jean avait épouse
la sœur de Marie Madeleine, laquelle était fille de Henri Ke-
verich,cuisinier de l'électeurPL'existenced'HélèneKevericlj
ne peut être mise en doute, car, par une erreur singulière,
le curé de la paroisse Saint-Remi de Bonn, qui avait marié
Jean Van Bcrthoven le 12 novembre 1747 avec Marie-Madc-
IeineKeverich,veuveieï/m d'Ehrenbrei.'itcin.et fille de Henri
Keverich, ayant aus.si inscrit dans le registre des naissan-
ces de son église le b.iptême de Louis Van Beethoven , le
7 décembre 1770, nomme sa mère Hélène Keveî-ich, ayanl
confondu sans doute, dans un moment de distraction, deux
personnes qu'il connaissait. Si ma conjecture était adii.ise,
BEETHOVEN
299
fried dit que ce fut le 17 décembre 1770 ; Gerber,
Sclilosser, le Conversations- Lexikon et tous les
autres biographes disent que ce fut en 1772, sans
indiijuer le jour précis. Beethoven a toujours dit
qu'il était né le 16 décembre 1772, et attribuait
l'acte baptistaire portant la date du 17 décembre
1770 à un frère aîné , mort en bas âge, qui aurait
été appelé Louis, comme lui. Seytried , qui a eu
connaissance de ce fait, et qui le rapporte, n'en
persiste pas moins à fixer la date indiquée pré-
cédemment comme la véritable, mais il ne fait
pas connaître les motifs de sa conviction.
J'ai dit, dans la première édition de cette Bio-
graphie, que M. Simrock, éditeur de musique à
Bonn , a bien voulu, à ma prière, faire des re-
cherches dans les registres de cette ville, dont
les résultats étaient : 1° que l'illustre compo-
siteur Louis van Beethoven est né le 17 décem-
bre 1770 ; 2° que le frère aîné dont il parlait,
et qui s'appelait aussi Louis , était né le 2 avril
1769, et mourut le 8 du même mois; 3° qu'il
n'était né aucun enfant du nom de Beethoven en
1772; 4° que les autres enfants du père de Bee-
thoven ont été Nicolas-Jean , né le 2 octobre
1776, Anne-Catherine, née le 25 février 1779,
et François- Georges , né le 17 janvier 1781. Ce-
pendant , trois ans après la publication du vo-
lume de mon livre où se trouve la notice du
grand compositeur, M. le docteur Wegeler, son
ami d'enfance, a publié un ouvrage intéressant
qui renferme des renseignements biographiques'
sur sa jeunesse, accompagnés de beaucoup d'a-
necdotes et de détails sur sa personne et son ca-
ractère, écrits par Ferdinand Ries, son élève et son
ami (l) : Or M. Wegeler, d'accord avec M. Sini-
roclisur les trois premiers points, en diffère sur les
autres. D'abord , il démontre par l'acte de nais-
sance de Beethoven , que son père ne s'appelait
pas Théodore , comme M. Simrock le nonune ,
mais Jean ; en second lieu, il fait voir que le
frère puîné du compositeur était Gaspard-An-
toine-Charles, né le 8 avril 1774, et mort à
Vienne en 1SI5. Enfin, il s'accorde avec M. Sim-
rock sur les prénoms de l'autre frère, Nicolas-
Jean, et sur la date de sa naissance, le 2 oc-
tobre 1776. Celui-là fut pharmacien à Vienne.
Ce sont , dit M. Wegeler, les seuls enfants qu'ait
eu Jean van Beethoven. Il est hors de doute que
M. Simrock n'a pas imaginé les faits relatifs à
la coïncidence de deux Louis yan Beethoven , le premier
(qui fnt l'illustre compositeur) né à Bonn le 16 ou 17 dé-
cembre 1770, l'autre (resté dans l'obscurité) né à Zutphen,
dans la Gueldre au mois d'août 177-2 , serait expliquée.
(i) Biogr'aphische Notiien iiber Ludiviq van Beetho-
ven von Dr. G. Jf^egeler und Ferdinand Ries ; Coblentz,
iJaedeker, 1838, in-8° de 164 pages.
Anne-Catherine et à François-Georges, et
qu'il les a tirés des registres de naissance de la
ville de Bonn. Louis van Beethoven, grand-père
du compositeur , a-t-il eu deux fils dont un se
serait nommé Théodore et aurait été père de ces
deux derniers? C'est ce que je n'ai point essayé
de vérifier, parce que cela est sans intérêt pour
l'objet de cette notice.
Beethoven était âgé de cinq ans lorsque son
père lui enseigna les premiers principes de la mu-
sique; puis il eut pour maître Pfeiffer, haut-
boïste qui plus tard fut cb.ef de musique d'un
régiment bavarois, à Dusseldorf. Vander Eden,
organiste de la cour , fut son premier maître de
piano. Le revenu de Jean Beethoven était trop mi-
nime pour qu'il pût payer les leçons données à
son fils; mais artiste véritable par le désintéres-
sement, Vander Eden offrit gratuitement ses
conseils à celui dont il ne prévoyait pas la re-
nommée future. Il ne pouvait accorder que peu
de temps aux études de cet enfant; mais le tra-
vail excessif que celui-ci était obligé de faire
suppléait à l'insuffisance des leçons. Une année
s'était à peine écoulée dans ces études prélimi-
naires, lorsqu'un goût passionné pour la mu-
sique se développa tout à coup en Beethoven;
dès lors, au lieu d'exciter son ardeur, il devint
en quelque sorte nécessaire d'en arrêter l'élan.
Ses progrès tinrent du prodige.
En 1782, Vander Eden mourut; il fut rem-
placé, comme organiste de la cour, par Neefe,
homme de talent, que l'électeur Maximilien d'Au-
triche chargea du soin de continuer l'éducation
musicale de Beethoven ; car déjà cet enfant avait
fixé sur lui l'attention publique, quoiqu'il n'eûî
atteint que sa douzième année. Neefe ne tarda
point à discerner le génie de son élève; il com-
prit qu'il devait l'initier sans délai aux grandes
conceptions de Bach et de H.Tndel , au lieu d'é-
puiser sa patience sur des compositions d'un
ordre inférieur, ainsi que l'avait fait Vander
Eden, qui semblait ne s'être proposé que de d^'-
velopper le talent d'exécution de l'enfant. Les
sublimes ouvrages des deux grands hommes
échauffèrent l'imagination du jeune artiste, et lui
inspirèrent une admiration qui ne s'est jamais
affaiblie, et qui, vers la fin de sa vie, ressem-
blait encore à'unesortede culte. Son habileté
à exécuter ces difficiles compositions était déjà
si grande, à douze ans , qu'il jouait dans un mou-
vement très-rapide les fugues et les préludes du
recueil de Jean-Sébastien Bach, connu sous le
nom de Clavecin bien tempéré. Déjà un irrésis-
tible instinct l'entraînait vers la composition.
Des variations sur une marche, trois sonates
pour piano seul , et quelques chansons alleman-
soo
BEETHOVEN
des furent les fruits de ce besoin précoce de pro-
duire. Nulle connaissance des règlesde l'harmonie
n'avait été donnée jusque-là à Beethoven; les
incorrections, l'incohérence desidées, lesbrusques
modulations et le désordre régnaient donc dans
ces ouvrages, qui furent publiés à Spire et à
Maulieim par les soins de Neefe. Il n'est pas sans
intérêt de connaître les thèmes de ces sonates ,
dont il serait difficile de trouver aujourd'hui un
exemplaire. Les voici :
-tr—^ —
1. Allegro cantabile
^
t — «
p-^F-*
^
-6>-
^i
P F
m^
^
■o-
P F
sgi^g=
feÉ
■&-
etc.
2. Larghetto sostenuto.
tr
3. Allegro.
^ggj
tr
r
?
s^s
i^=i=j
^~3 é — ^-#-i-
¥=tf^
^
^
Plus tard , Beethoven , choqué de leurs défauts ,
les désavoua, et ne reconnut pour son premier
(puvre que ses trios de piano gr'avés à Vienne.
Plus habile à cette époque de sa vie dans l'art
d'improviser que dans celui d'écrire, il mettait
dans ses fantaisies libres une richesse d'imagi-
nation qui frappait d'étonnement tous ceux qui
l'entendaient. Gerber(iYeKC.s Lex. der Tonkunst-
ler) rapporte que, bien jeune encore, il excita
l'admiration du compositeur Junker, en impro-
visant devant lui j à Cologne , sur un thème
donné. Dans un voyage qu'il fit à Aschaffenbourg
avec la (X)ur de l'électeur, il étonna aussi Ster-
kel, très bon pianiste et compositeur {voy. ce
nom), qui ne dissimula pas son doute qu'il fût
l'auteur des variations jouées par lui sur le thème
de Righini, Vieni^amore. Piqué de ce doute,
Beethoven improvisa sur-le-champ d'autres va-
riations sur le môme thème. Un autre exemple
beaucoup plus remarquable de son talent en ce
genre estcelui-ci. Dans l'hiver de 1786 à 1787 il
fit une courte excursion à Vienne , pour y en-
BEETHOVEN
30 J
tendre Mozart , dont il aimait passionnément la
musique, et pour qui on lui avait donné des let-
tres de recommandation. Sur ce qu'on lui en di-
sait dans ces lettres , Mozart invita Beethoven à
s'asseoir au piano, et celui-ci se mit à improvi-
ser; mais le grand artiste l'écoufa avec indiffé-
rence , persuadé que ce qu'il entendait était ap-
pris de mémoire. Piqué de ce dédain , le jeune
liomme pria Mozart de lui donner un thème. —
« Soit , dit tout bas le maître ; mais je vais t'at-
traper. » Sur-le-champ il nota un sujet de fugue
chromatique, qui, pris par mouvement rétro-
grade, contenait un contre-sujet pour une double
fugue. Beethoven , bien que peu avancé dans la
science, devina par instinct le piège qu'on lui
tendait. 11 travailla ce thème avec tant de force,
d'originalité, de véritable génie, que son auditeur,
devenu plus attentif et confondu par ce qu'il enten-
dait, se leva , et retenant sa respiration, finit par
passer sans bruit, sur la pointe du pied, dans
la pièce voisine, où il dit à demi-voix à quel-
ques amis qui s'y trouvaient : « Faites attention
à ce jeune homme ! Vous en entendrez parler
quelque jour. »
Beethoven ne montrait pas moins de talent
naturel pour l'orgue que pour le piano. Des ren-
seignements inexacts ont fait dire qu'il avait été
désigné par l'électeur de Cologne pour succéder
à Neefe comme organiste de la cour; mais
M. Wegeler a prouvé par l'Almanach de cette
cour, que dès 1785 tous deux furent organistes
conjointement et alternèrent dans leurs fonctions.
Suivant le même écrivain Beethoven étonnait
alors les artistes par la science profonde dont il
faisait preuve dans ses improvisations; mais cette
science prétendue était simplement l'inspiration
du génie; car lorsque le compositeur devint élève
d'Albrechtsberger à Vienne, il dut commencer
ses éludes par les premières notions de l'harmonie.
L'éducation de Beethoven fut bornée à la fré-
quentation d'une école où il apprit à lire , à
écrire, les éléments de larithméliqucet quelque
peu de latin. Trop exclusivement occupé de mu-
sique pour qu'il lui fût possible d'acquérir une
instruction plus étendue, il ne fut initié à la lit-
térature de son pays qu'à l'âge d'environ vingt-
tinq ans , après qu'il se fut fixé à Vienne. Alors
seulement il s'éprit d'une véritable passion pour
la lecture des grands poètes allemands, ainsi
que des œuvres d'Homère, de Virgile et de
Tacite. Se amis les plus infimes ont toujours
assuré que cette occupation et-la composition de
ses ouvrages pouvaient seules le distraire de ses
maux et de ses chagrins.
Dans sa jeimesse il n'était pas heureux chez
ses parents. L'ivrognerie de son père, et les ex-
cès de brutalité qui en étaient la suite, lui fai-
saient chercher au dehors des consolations : il
les trouva dans une famille pour laquelle il
éprouva la plus vive amitié , et qui lui fut fidèle
jusqu'à la mort. Cette famille se composait de
M"" de Breuning, veuve d'un conseiller de cour,
de ses trois fils et d'une fille. Inculte et d'un abord
peu gracieux , il trouvait en général peu de
sympathie dans le monde ; mais M'"* de Breu-
ning sut découvrir sous sa rude enveloppe des
sentiments nobles, une âme pure, et des (acuités
intellectuelles peu communes. Elle le traita comme
un fils et lui montra, en raille circonstances, une
affection dévouée.
S'attachant à le polir autant que cela se pou-
vait , elle avait fini par exercer de l'ascendant
sur son caractère et sur sa conduite. Nul autre
n'eût osé lui demander ce qu'elle obtenait sans
peine : il suffisait qu'elle en exprimât le désir. Il
ne résistait que pour une seule chose qui fut
toujours pour lui l'objet d'une répugnance invin-
cible, à savoir, les leçons que sa famille exigeait
qu'il donnât, afin de venir en aide aux dépenses
de la maison. Enseigner était pour lui un supplice
véritable. M™^ de Breuning lui faisait souvent des
observations à ce sujet; mais toujours en vain.
Un jour elle le pressait vivement d'aller donner
une leçon de piano chez le ministre d'Autriche
dont l'hôtel était en face de sa maison : vaincu
par ses sollicitations, Beethoven se décide et sort ;
mais arrivé près de la porte de l'hôtel , son dé-
goût pour l'enseignement l'emporte; il retourne
chez M""^ de Breuning, et lui dit d'un air sup-
pliant : /e vous demande grâce, Madame; il
in'est impossible de donner aujourd'hui cette
leçon; demain feu donnerai deux!
Le 18 décembre 1792, le père de Beethoven
mourut : déjà il avait perdu sa mère en 1787. 11
était entré dans sa vingt-troisième année : son
génie l'avertissait que la petite ville de Bonn n'é-
tait pas le centre où son activité devait se déve-
lopper. Il lui fallait un plus grand théâtre : Beetho-
ven le sentait , et le droit qu'il venait d'acquérir
de suivre sa vocation le décida à demander à
son prince une pension qui lui fut accordée ,
pour aller à Vienne achever ses études musicales
sous la direction de Joseph Haydn. C'était en
1793 : Beethoven possédait un talent original
d'exécution , et son génie annonçait déjà sa puis-
sance; mais il n'avait que des notions confuses
de l'art d'écrire. « Lorsqu'il arriva à Vienne, dit
« Schindler {Biographie von Ludwig van Bee-
'ithorcn, p. 31), Beethoven ne savait rien du
« contrepoint et ne connaissait que peu de chose
n de l'harmonie. » Haydn, préoccupé alors de
h composition de quelques-unes de ses dernières
302
BEETHOVEN
grandes symphonies, ne donna pas aux études de
son élève toute l'attention que sa grande et belle
nature méritait; il lui laissait écrire à peu près
tout ce qu'il voulait et ne corrigeait les fautes
qui se trouvaient dans ses essais qu'avec beau-
coup de négligence. Or il arriva qu'un jour le
composileur Scbenck, savant musicien et auteur
de plusieurs opéras joués avec succès en Alle-
magne , rencontra Beethoven lorsqu'il revenait
de rhez Haydn avec son cahier d'études sous le
bras. Schenck parcourut ce cahier et indiqua au
jeune artiste plusieurs passages mal écrits; Bee-
thoven s'en étonna , parce que Haydn venait de
corriger ce travail. Sur cette observation, Schenck
examina le cahier avec plus d'attenlion et y décou-
vrit beaucoup de fautes grossières. Atterré par
ces observations failes avec sincérité, Beethoven
voûtait rompre immédiatement avec Haydn ; mais
bientôt le départ de celui-ci pour l'Angleterre lui
fournit l'occasion de changer de maître sans être
obligé d'avoir une explicrstion pénible. Depuis
lors il y eut plus que delà froideur entre Haydn et
son ancien élève : en parlant l'un de l'autre, ils
s'exprimaient presque toujours avec amertume.
Interrogé par Ries sur ses rapports avec le père
de la symphonie , Beethoven lui dit qu'il en avait
reçu quelques leçons , mais qu'il n'avait rien ap-
pris de lui (1). Après le départ de Haydn, il alla
demander des leçons à Albrechtsberger, considéré
alors comme le plus savant professeur de Vienne,
C'est quelque chose de curieux et de digne d'ob-
servation que le singulier spectacle de l'imagina-
tion la plus hardie et la plus fantasque, livrée au
rigorisme scolastique du musicien le plus positif
et le plus sec. A vingt-deux ans , avec une édu-
cation musicale mal faite et la fièvre d'invention
dans le cœur, on est peu propre à se livrer sans
réserve à d(!S études didactiques telles que celles
du coûlrepoint. Une méthode esthétique et ra-
tionnelle eût été la seule qu'on eût pu employer
avec succès; malheureusement, au savoir pra-
tique d'Albrechtsberger ne s'unissaient pas les
vues d'une théorie philosophique. Sa méthode
était toute traditionnelle et empirique. 11 s'ap-
puyait sur l'autorité de l'école, mais il était in-
capable de discuter la valeur de cette autorité.
Il appliqua donc à Beethoven ses procédés ordi-
naires d'études progressives ; procédés excellents,
quand ils sont employés à former des élèves d'un
âge fort tendre, mais qui ont besoin d'être modi-
fiés dans l'éducation d'un homme de vingt-trois
ans. Rien de plus intéressant que de voir dans les
études d'harmonie et de contrepoint de Beetho-
(1) Biographiiches JSotizen ûber L. van Beethoven,
p. M.
ven le combat de sa persévérance à apprendre
les règles , et de son imagination qui le porte à
les enfreindre. Son penchant le conduisait ce-
pendant aux formes scientifiques, et l'on voit en
mille endroits de ses ouvrages qu'il aimait à s'en
servir; mais elles lui résistaient, parce qu'il
^avait commencé tard à connaître leur mécanisme
et à le mettre en pratique.
En arrivant à Vienne , Beethoven trouva une
puissante protection dans le prince Lichnowsky,
amateur passionné de musique, dont Mozart
avait dirigé les études. C'était un de Ces nobles
seigneurs qu'on trouvait alors en Autriche et dont
la générosité ne connaissait pas de bornes pour
l'encouragement des hommes détalent. La prin-
cesse Lichnowsky, née comtesse de Thun, parta-
geait le goût du prince ponr la musique, et était
elle-même musicienne distinguée et très-habile
pianiste. Tous deux accueillirent Beethoven avec
une bonté parfaite , le logèrent dans leur hôtel ,
et le prince lui accorda une pension de 600
florins, somme considérable pour ce temps. La
bonté de la princesse pour son protégé était iné-
puisable. Elle excusait ses brusqueries, sa mauvaise
humeur et son aspect habituellement taciturne;
car Schindier, qui a vécu dans l'intimité de Bee-
thoven pendant une longue suite d'années, avoue
que personne n'était moins aimable que lui dans
sa jeunesse. Souvent la princesse Lichnowsky
était obligée de l'excuser près du prince, plus sé-
vère qu'elle.
Dans les premiers temps de son séjour à
Vienne, Beethoven fixa particulièrement les yeux
du public sur lui par son talent d'exécution et
d'improvisation ; il passait alors pour un pianiste
de la première force , et l'on disait même qu'il
n'avait point de rival. Mais dans les dernières
années du dix-huitième siècle, il s'en présenta un
qui était digne de lutter avec lui : ce rival était
Wœin , qui depuis lors est venu à Paris , où son
talent n'a été apprécié que par un petit nombre
de connaisseurs. Voici comment M. de Seyfried
s'exprime à l'égard de cette rivalité. « On vit se
n renouveler, en quelque sorte, l'ancienne qiie-
« relie française des gluckietes et des piccinisles,
« et les nombreux amateurs de la ville impériale
n se divisèrent en deux camps ennemis. A la tête
n des partisans de Beethoven figurait le digne et
« aimable prince de Lichnowsky ; l'un des plus
« ardents protecteurs de Wœlfl était le baron
« Raymond de Wezslar, dont la charmante villa
« (située à Grùnberg près du château impérial de
« Schœnbrunn ) offrait à tous les artistes natio-
« naux ou étrangers , pendant la belle saison,
« une retraite délicieuse , où ils trouvaient ac-
« cueil plein de franchise et jouissance d'une li-
BEETHOVEN
303
« heifé précieuse. C'est là que rintéiessante ri-
« valitc (les deux athlètes procura souvent de
K vives jouissances à une société nombreuse,
« mais choisie. Chacun d'eux y apportait ses
« compositions les plus nouvelles; chacun d'eux
« s'y abandonnait sans réserve aux inspirations
« de sa verve entraînante : quelquefois ils se
« mettaient en même temps à deux pianos, et
« improvisaient alternativement sur un thème
« réciproquement donné , ou bien ils exécutaient
« à quatre mains un caprice, qui, si l'on eût pu
« l'écrire à mesure qu'ils le composaient, aurait
« obtenu sans doute une longue existence.
« Sous le rapport de l'habileté mécanique, il
« eût été difficile, impossible peut-être, d'adjn-
« ger l'a palme à l'un des rivaux : cependant la
« nature avait traité bien favorablement Wœlfl,
« en lui donnant des mains d'une grandeur si
•( prodigieuse , qu'il atteignait des dixièmes aussi
•i facilement que d'autres peuvent embrasser des
« octaves, et qu'il pouvait exécuter des deux
« mains de longs passages à cet intervalle, avec
« la rapidité de l'éclair. Dans la fantaisie, Bee-
« thoven annonçait dès lors son penchant au
« sombre et au mystérieux. Quelquefois il se
« plongeait dans une large et puissante harmonie,
« et alors il semblait avoir dit adieu à la terre;
« son esprit avait brisé tous ses liens , secoué
« toute espèce de joug; il s'élevait triomphant
« dans les régions de l'air. Tout à coup son jeu
« bruissait, semblable à une cataracte écu mante :
<t et l'artiste forçait son instrument à rendre des
« sons étranges; puis il redevenait calme, n'ex-
« halant plus que des soupirs, n'exprimant plus
« que la tristesse ; enfin , son âme reprenait l'es-
« sor , échappant à toutes les passions humai-
« nés, pour aller chercher là-haut de pures con-
'( solations et s'enivrer de pieuses mélodies. »
Dans l'année 1800, une antre occasion de ri-
valité fut présentée à Beethoven par Steibelt qui
se trouvait à Vienne, après avoir parcouru l'Alle-
magne. On rapporte à ce sujet l'anecdote suivante.
» Dans une soirée musicale donnée par le comte de
Pries , Beethoven joua son grand trio en si bé-
mol (œuvre 11*) pour piano, clarinette et violon-
celle, encore inédit, et qu'il a dédié à la comtesse
de Tliun ; puis Steibelt, invité à se faire entendre,
exécuta un de ses quintettes pour piano, deux
violons, alto et basse, et dans une improvisation
fit entendre son trémolo , qui était dans sa nou-
veauté et qui produisit beaucoup d'effet. Pressé
de jouer après lui, Beethoven s'y refusa. Huit
jours après il y eut une autre réunion chez le
comte de Fries. Après y avoir exécuté avec beau-
coup de succès un second quintette, Steibelt y
lit entendre une fantaisie brillante sur le thème
des variations du trio que Beethoven avait joué
dans la séance précédente. Blassés de ce procédé,
les amis du compositeur le pressèrent pour qu'il
en tirât une satisfaction digne de lui. Le mécon-
tentement qu'avait éprouvé l'homme de génie le
fit céder sans peine à ce qu'on lui demandait. ICn
se dirigeant vers le piano, il enleva du pupitre
du violoncelliste la partie de basse du quintette
du Steibelt qui venait d'être exécuté et la plaça
devant lui ; puis il en joua quelques notes avec
un seul doigt, et sur ce thème informe il déploya
par degrés toutes les ressources de sa puissante
imagination. Les sublimes inspirations auxquelles
il s'éleva furent telles , que Steibelt, anéanti sous
ces traits de génie, s'esquiva sans attendre la fin.
Après cette épreuve, il évita toujours la présence
de Beethoven, et lorsqu'il fut invité à se faire
entendre dans les salons , il n'accepta que sous
la cpndilion que ce maître n'y serait pas.
Au surplus, si les amateurs de la haute société
montraient peu de discernement en plaçant en
quelque sorte sur la même ligne Beethoven et
Steibelt, il n'en était pas de même du public et
surtout des musiciens; car à cette même époque
les deux artistes donnèrent chacun un concert
dont le correspondant de la Gazette générale de
musique de Leipsick rend compte dans le n° du
là octobre 1800. On y voit que Steibelt ne satisfit
que médiocrement les connaisseurs, tandis que le
concert de Beethoven saisit tout l'auditoire d'une
profonde admiration. Certes ce sentiment était
bien justifié, non-seulement par le talent d'exé-
cution, mais par l'importance des ouvrages inédits
qu'il y fit entendre. Ce fut dans ce concert qu'on
entendit pour la première fois son second con-
certo de piano (en si bémol), son grand septuor
(œuvre 20) , et sa première symphonie (en ut ) ;
enfin , il y improvisa une grande fantaisie toute
d'invention.
Quelle que fût la puissance d'imagination de
Beethoven à cette époque, son originalité ne s'é-^
tait point encore entièrement caractérisée,
parce que, placé comme il l'était sous l'empire
d'une admiration sans bornps pour les ouvrages
de Mozart , il subissait à son insu l'influence de
ce penchant , et contenait l'élan de son individua-
lité dans les limites posées par le goût exquis de
son modèle. Cet entraînement à l'imitation qui se
manifeste dans le génie le plus audacieux est moins
rare qu'on ne pense, à l'aurore du talent. C'est
sans doute à la conviction de cet entraînement
où il s'était trouvé dans les ouvrages qui vien-
nent d'être cités et dans ses premiers quatuors ,.
qu'il faut attribuer le dégoût que montrait Beetho-
ven, vers la fin de sa vie, pour ces productions.
Un artiste, qui le visita en 182:; , nous apprend
304
BEETHOVEN
que ce dégoût allait souvent jusqu'à lui donner
de l'humeur quand on lui parlait avec éloge de
ces ouvrages. Il n'aimait que ceux oii il avait ,
dans ses dernières années , donné une libre car-
rière à toutes les fantaisies de son imagination
{The Harmonicon , volume 11, partie, I, page
10).
La guerre qui troublait l'Allemagne et la mort
de l'électeur de Cologne, en 1801, privèrent
Beethoven de la pension qui lui fournissait de-
puis longtemps des moyens d'existence. Ces évé-
nements ajoutèrent à sa tristesse habituelle , et
son dégoût pour la société s'en augmenta. Ses
dispositions à la solitude avaient commencé à
se montrer dès 1798, époque où il sentit les pre-
mières atteintes de la surdité qui résista à tous
les genres de traitement, qui alla «'augmentant
sans cesse, et qui finit par le priver absolument
du plaisir d'entendre de la musique. Ses deux
frères l'avaient suivi à Vienne, et s'étaient char-
gés de tous les détails de la vie commune, lui
donnant toute liberté de ne s'occuper que de
son art. Dans un testament qu'il fit en 1802, en
faveur de ses frères, on voit que le désespoir
s'était emparé de lui depuis le funeste accident
qui le privait de l'ouïe ; qu'il fuyait le monde ,
parce qu'il n'osait avouer sa surdité; et que plu-
sieurs fois il avait été près d'attenter à ses jours,
pour mettre fin à ses souffrances morales. Son
infirmité lui paraissait un déshonneur pour un
musicien; il avoue que le plus vif chagrin pour
lui était d'être forcé d'en révéler le secret. L'art
seul m'a retenu, dit-il dans cet écrit que M. de
Seyfried nous a fait connaître; il me semblait
impossible de quitter le monde avant d'avoir
produit tout ce que je sentais devoir pro-
duire. C'est ainsi que je continuai cette vie
misérable, oh! bien misérable, avec une or-
ganisation si nerveuse, qu'un rien peut me
faire passer de l'état le plus heureux à la si-
tuation la plus pénible. Par une lettre de Bee-
thoven à son ami Wegeler (1), sous la date du 29
juin 1800, on voit que la surdité était déclarée, que
le mal était déjà grave, et que Wegeler en avait
eu connaissance antérieurement. Cependant ses
amis ne s'en apercevaient pas encore, parce que
sa distraction habituelle leur semblait l'exphca-
tion naturelle de son défaut d'audition. Ries, ar-
rivé à Vienne en 1800, et placé aussitôt dans l'in-
limité de Beethoven , ne découvrit sa surdité
que deux ans après. Dans une promenade qu'il
faisait à la campagne avec son maître, il en eut
les premiers indices. Ils traversaient un bois
(1) Voyez BiographUche Notizen iiber Ludwlg van
Beethoven von Dr. F. G. tregeler mid Ferdinand Ries,
pages 20 et suiv.
lorsque les sons de la flûte d'un berger frappa
l'oreille de Ries. Charmé de cette musique cham-
pêtre, il voulut la faire remarquer à Beethoven ;
mais en vain le maître prêta l'oreille; il n'enten-
dit rien. A l'instant même, il devint triste et rê-
veur. Ries, qui s'en aperçut, s'efforça de le dis-
traire; mais il n'y put parvenir. Beethoven acheva
sa promenade plongé dans une profonde mélan-
colie.
La réputation de Beethoven s'étendait de jour
en jour; ses beaux ouvrages de musique instru-
mentale étaient déjà entre les mains de tous les
artistes et des amateurs distingués. L'auteur de
ces ouvrages s'était lié avec Salieri, et avait puisé
dans ses entretiens des instructions sur la musi-
que dramatique. Déjà il avait composé pour le
théâtre impérial de l'Opéra, en 1799, la musique
du ballet de Vigano, les Créations de Promé-
thée, dont il n'a publié que l'ouverture avant sa
mort. Tous ses amis le pressaient pour qu'il
écrivît un opéra : il céda enfin à leurs instances.
Sonleithner, conseiller de régence, se chargea
d'arranger pour le théâtre de Vienne Léonore,
d'après la pièce française mise autrefois en mu-
sique par Gaveaûx. Beethoven prit alors un lo-
gement dans le théâtre même et se mit au travail
avec cette ardeur qu'il portait dans tout ce qui
tenait à l'art objet de sou amour. Cette époque
de sa vie est celle où l'individualité de son
talent commença à se développer avec force. L'o-
péra de Léonore, plus connu maintenant sous
le nom de Fidelio, et qui jouit aujourd'hui d'une
grande renommée , ne réussit pas dans la nou-
veauté. L'ouvrage fut représenté au théâtre sur
la Vienne ( an der Wien ) dans l'automne de
1805. L'exécution, plus que médiocre, ne put faire
comprendre les choses profondément senties qui
abondent dans cette originale production, laquelle
d'ailleurs, sous le rapport de la marche scénique,
n'était pas à l'abri de tout reproche. Plus tard,
Beethoven écrivit pour le théâtre de Prague une
nouvelle ouverture (en mi majeur), moins dit
ficile que la première, puis deux autres qui n'on
été publiées qu'après sa mort. La première re-
présentation de Léonore avait été donnée, comme
on vient de le voir, à la fin de 1805. Le rappro-
chement progressif du théâtre de la guerre, et
enfin l'occupation de Vienne par les Français,
n'avaient pas peu contribué au mauvais sort
de cet ouvrage. Dans le cours de l'année sui-
vante, les directeurs du théâtre de Karnthner-
thor choisirent Fidelio pour une représentation
à leur bénéfice. L'ouvrage prit alors la forme
qu'il a maintenant. Originairement en trois actes,
il fut réduit en deux, et fut précédé de l'ouver-
ture en-JHJ majeur qui a pris la place de celle de
BEETHOVEN
SOS
I/onore. Celte ouverture n'élait pa.? aclicv(«e le
jour (le la première représentation de cette re-
prise; il y fallut suppléer parcelle des Ruines
(T Athènes. Dans ce remaniement de son opéra,
Beotlioven composa la petite marche si origi-
nale <lii premier acte, les couplets du geôlier et
le premier finale; mais il fit dis|)aiaître un trio
plein de mélodie (ea mi bémol majeur), et un
délicieux duo pour voi\ de soprano avec violon
et violoncelle concertant (en ut majeur) qui ne
sont pas dans la partition qu'on a publiée. Fi-
deliOy les ouvertures et entr'actes des Ruines
d'Athènes, de PrométMe, de Coriolan etû'Eg-
mont, sont tout ce que Beethoven a écrit pour
le théâtre. Il avait composé la musique des Ruines
d'Athènes pour l'ouverture du théâtre de Pestli,
sur un canevas deKotzbue. Cette singulière com-
position, dont le chœur de derviches et la mar-
che avec chœur en mi bémol sont les meilleurs
morceaux, n'était qu'un prologue d'ouverture;
elle fut oubliée après la circonstance qui en avait
été l'occasion. Beethoven n'en publia rien de son
vivant. Cependant, le 3 octobre 1822, fête de
l'empereur François II, ayant été fixé pour l'ou-
verture du nouveau théâtre de Josephstadt, à
Vienne, on prit la résolution d'y faire entendre
la musique des Ruines d'Athènes sur des paroles
nouvelles écrites pour cette solennité, et Bee-
thoven s'engagea à l'arranger et à y ajouter de
nouveaux morceaux. Il entreprit cet ouvrage au
mois de juillet ; mais la chaleur excessive qu'il
fit cet été-là ne lui permit pas de se livrer au tra-
vail. Il était alors à Baden, près de Vienne, et
passait presque toutes les journées à l'ombre des
forêts qui environnent ce lieu. Le maître de
ballet était incessamment sur la route de Baden,
pour obtenir les airs de danse que Beethoven
devait écrire, afin de commencer les répétitions ;
mais le compositeur ne se dessaisissait qu'avec
peine de ces morceaux auxquels il aurait voulu
donner autant de soins qu'à ses autres compo-
sitions. Il écrivit aussi une ouverture nouvelle
(en ut, avec une grande fugue), qui a été publiée
à Mayence, comme œuvre 124 ; mais elle ne fut
terminée que la veille de l'ouverture du théâtre,
et les parties d'orchestre, remplies de fautes,
furent livrées aux exécutants qui durent jouer
toute cette musique sans avoir fait de répétition.
Beethoven était au piano pour diriger. Complè-
tement sourd à cette époque, il ralentissait tous
les mouvements et ajoutait aux embarras de l'or-
chestre. Ce fut une déroute, et l'ouvrage produi-
sit le plus mauvais effet. La surdité de Beetho-
ven était si complète, qu'il ne s'aperçut pas
même du désordre de l'exécution.
En 1823, la direction du théâtre impérial de
BmCR. UNIV. DES MUSICIENS.
Vienne le fit solliciter par ses meilleurs amis
pour qu'il écrivît uu nouvel opéra, et dans le
même temps le comte de Bruhl, intendant du
théâtre royal de Berlin, lui fit la même demande.
Des poèmes lui arrivèrent de toutes parts ; mais
aucun ne lui plaisait; enfin Grilparzer lui com-
muniqua sa Mclusine, qui parut le séduire. Tou-
tefois il demanda des changements sur lesqueJs
le poète lui fit des concessions. Le souvenir des
chagrins que lui avait causés Fidelio n'était point
effacé de la mémoire de Beethoven; pour en
éviter de semblables, il voulut s'assurer au moins
que le poème plairait à la cour de Prusse, et il
l'envoya en secret au comte de Bruhl , dont la
réponse contenait beaucoup d'éloges de la poésie,
mais avec la remarque que l'action dramatique
avait de l'analogie avec un ballet de Mélusine
joué peu de temps auparavant à Berlin. Cette
observation dégoûta Beethoven de l'ouvrage, et
il défendit à ses amis de lui parler désormais de
la composition d'un opéra.
De 1805 à 1808, l'activité du génie de Beetlio-
ven avait pris un grand essor, car c'est à cette
époque de sa vie qu'il écrivit Léonore, l'oratorio
du Christ au mont des Oliviers, les sympho-
nies héroïque, pastorale , et en ut mineur; les
concertos de piano en sol, en mi bémol et en
ut mineur, et quelques-unes de ses plus belles
sonates de piano, entre autres les trois sonates
dédiées à l'empereur Alexandre. Les symphonies
et les concertos furent exécutés dans des concerts
donnés à Vienne au bénéfice de leur auteur. Lui-
môme joua les concertos ; il fut accompagné par
un excellent orchestre dirigé par M. de Seyfried.
Ces concerts étaient la source principale de son
revenu; car, malgré son activité de production,
il tirait alors peu de chose de la vente de ses
ouvrages ; en cela , il partageait le sort de la
plupart des grands compositeurs qui ont vécu
en Allemagne. Son existence était précaire. Dé-
laissé par la cour impériale, qui montrait pour
les compositeurs allemands la même indiffé-
rence que Frédéric II avait tait voir autrefois
pour les littérateurs prussiens, il n'en recevait
aucune sorte de pension ou de traitement. Cet
abandon le détermina à accepter , en 1 809 , la
place de maître de chapelle du roi de Westpha-
lie, Jérôme Napoléon, qui lui était offerte. Ce
fut alors que l'archiduc Rodolphe ( plus tard car-
dinal aicbevêque d'Olmutz) , le prince de Lob-
kowitz et le comte de Kinsky, résolurent de con-
server à l'Autriche l'homme illustre qui en était
la gloire, et firent dresser un acte par lequel ils
assuraient au célèbre artiste une rente annuelle
dont M. de Seyfried porte le chiffre à quatre
mille florins, pour qu'il en jouît toute sa vie,
30
30&
BEETHOVEPÏ
jusqu'à ce qu'il eût obtenu un emploi d'une
somme égaie (il ne l'eut jamais) ; sous la condition
de consommer ce revenu dans les limites du ter-
ritoire autrichien, et de ne point entreprendre de
voyage sans le consentement de ses mécènes.
Éiïiu par ce témoignage de l'admiration qu'il
inspirait, vaincu, enchaîné par un sentiment de
reconnaissance, Beethoven renonça à ses pro-
jets, et se fixa pour toujours à Vienne, ou plutôt
au joli village de liaden, à cinq lieues de cette
capitale; car il y passait la plus grande partie
de l'année. Là, il se promenait quelquefois des
journées entières, seul, et dans les lieux les plus
agrestes et les plus solitaires. Il composait en
marcliaut, et n'écrivait jamais une note avant
que le morc«au dont il avait le plan dans la
tête fût entièrement achevé. Isolé du nvonde
extérieur par son infirmité, la musique n'existait
plus pour lui qu'au dedans de lui-même. Sa vie
d'artiste tout entière était renfermée dans ses
méditations, et c'était troubler le seul bonheur
dont il pût encore jouir que de les interrompre.
De là vient que les visites l'importunaient, à
moins que ce ne fussent celles d'un très-petit
nombre d'amis intimes. A la vue d'un étranger,
sa figure prenait un caractère sombre, inquiet,
souffrant même. Si quelque circonstance dissi-
pait cette impression, alors il devenait affectueux,
simple et cordial, gai même ; surtout si l'on n'a-
vait pas l'air d'être trop occupé de sa surdité, et
si l'on se tenait avec lui dans une certaine ré-
serve ; car une question indiscrète, un conseil
donné pour saguérisou, suftisaientpoiir l'éloigner
à jamais de l'imprudent qui s'y était hasardé.
Il avait deux goûts dominants, ou plutôt deux
passions : celle des déménagements et celle de
la promenade. A peine avait il découvert un lo-
gement qui lui convenait, à peine s'y était-il ins-
tallé, qu'il y trouvait quelque chose qui lui déplai-
sait ; il n'avait point de repos qu'il ne l'eût quitté.
Peu de mois après, l'opération d'un nouveau dé-
ménagementrecommençait.Tous les jours, après
son dîner, qui était fixé à une heure, il partait
pour sa promenade. Quelle que fût la saison,
quelque temps qu'il fît, le froid, le chaud, la
pluie, la grêle, rien ne pouvait l'arrêter; et il tai-
sait à grands pas deux fois le tour de la ville ,.
s'il était à Vienne, ou de longues excursions dans
la campagne, s'il était à Baden. C'était alors que
sa verve était dans toute son ardeur ; le mouvement
de ses jambes était utile à l'activité de son génie.
Ses fréquentes promenades l'avaient fait connaître
de tous les habitants de Vienne : tout le monde
disait en le voyant : Voilà Beethoven! un sen-
timent d'admiration pour son sublime talent
avait pénétré jusque dans les classes les moins
élevées; tous les passants se rangeaient avec
respect pour ne pas troubler ses méditations
dans ses courses silencieuses, et l'on vit un jour
une troupe de charbonniers s'arrêter sous le
poids de leurs lourds fardeaux jusqu'à ce qu'il
fût passé.
Beethoven ne se maria point; M. de Seyfried
dit même qu'on ne lui connut aucun attache-
ment sérieux. Cependant, le docteur W^egeler ,
son ami d'enfance et de jeunesse, dit (p. 42) qu'il
n'était jamais sans amour dans le cœur, et qu'il
en était épris jusqu'à l'exaltation {Beethoven war
nie ohne eine Liebe und meistens von thrim-
hohen Grade ergrijfen). Schindier avoue (p. 33)
que cette assertion est exacte, et fournit à ce
sujet des renseignements qui ne sont pas sans
intérêt. Les objets de ses affections étaient tou-
jours d'un rang élevé, circonstance qui s'explique
par son noble caractère et par ses relations fré-
quentes avec les hautes classes de la société. Du
reste son amour était tout platonique : le cœur
et l'imagination en faisaient tous les frais, et les
sens n'y avaient que peu de part. Pendant plu-
sieurs années il fut épris de M"* Julie de Guic-
ciardi, qui, plus tard, épousa le comte de Gal-
lenberg, et à qui il a dédié sa sonate en ^lt dièse
mineur. Quelques lettres écrites dans l'été de
1806, d'une localité de bains en Hongrie où il
était allé pour essayer la guérison de sa surdité,
et qui ont été publiées par Schindier (p. 63 et
suiv ), nous apprennent que son amour était
partagé. Schindier cite aussi (p. 67) une tendre
liaison de l'illustre compositeur avec la (;omtesse
Marie d'Erdœdy, à qui il a dédié ses deux beaux
trios de l'œuvre 70. L'auteur de cette Biogra-
phie se souvient que Woefll lui a parlé d'une
dame chez qui Beethoven allait souvent dans sa
jeunesse, et qu'il aimait beaucoup, sans le lui
avoir jamais dit. Il paraissait ému de jalousie,
quand des propos galants étaient adressés à l'ob-
jet de son amour; le piano devenait alors le con-
fident de ses pensées et recevait l'impression des
orages de son cœur ; mais un regard de la dame
et quelques mots bienveillants ramenaient le
calme dans son âme , et faisaient succéder les
douces mélodies aux âpres accents de sa verve
passionnée. Ries, élève de Beethoven pour le
piano, et qui vécut pendant plusieurs années
dans son intimité, à\i {Notices, etc., p. 117) que
les passions amoureuses de son illustre maître
n'étaient jamais de longue durée, et que l'épreuve
la plus persévérante de constance qu'il pût citer
avait iXwrésept mois. Cependant sonamour pour
m"® Julie de Guicciardi l'occupa pendant plu-
sieurs années.
Beethoven n'était pas moins sensible à l'amitié
BEETHOVEN
307
qu'à l'amour; mais, très-susceptible, il se bles-
sait facilement et se brouillait avec ses amis les
plus intimes. Ses frères, qui troublèrent souvent
sa tranquillité et furent cause de ses plus vifs
chagrins, jetaient à plaisir dans son esprit des
doutes sur les hommes pour qui il avait une sin-
cère affection, afin de le dominer sans tt'moins,
Beethoven prétait trop légèrement l'oreille à ces
propos, et, au lieu de s'en expliquer avec fran-
chise, il boudait et repoussait par sa froideur
ceux dont il croyait avoir à se plaindre. Mais
si l'on parvenait à l'éclairer sur son erreur, il
se hâtait d'avouer ses torts, en demandait par-
don, et les réparait avec empressement. Bien
que très attaché aux amis de sa jeunesse, des
années s'écoulaient quelquefois sans qu'il y pen-
sât. On voit par une de ses lettres à M. Wege-
ler, compagnon de son enfance, et son ami in-
time, qu'il ne lui avait pas écrit une fois dans
l'espace de sept années. Très-lié avec Schenck,
qui l'avait éclairé sur les défauts de son éduca-
tion harmonique, il paraissait cependant l'avoir
compli^tement oublié, lorsqu'un jour, se prome-
nant en société de Schindier sur le boulevard de
"Vienne, il le rencontra, après l'avoir perdu de vue
jiendant près de vingt ans. Ivre de joie de revoir
€e vieil ami qu'il croyait descendu dans la tombe,
Beethoven l'entraîna dans un cabaret voisin
(au Cor du chasseur), se fit apporter du vin,
et là, avec un épanchement semblable à celui de
la jeunesse, cet homme, si taciturne et si distrait
d'ordinaire, se livra à des élans de gaité, et
régala le vieux Schenck d'une multitude d'his-
toriettes et d'anecdotes. Après une heure passée
dans cette effusion, ils se séparèrent, et ce fut
pour toujours; car ceci se passait en 1824; et
moins de trois ans après le grand homme n'exis-
tait plus.
On vient de voir que ses frères troublèrent
souvent son repos et lui causèrent des chagrins
de plus d'une espèce. Après la mort de l'aîné,
Gaspard-Antoine-Charles, en 1815, l'illustre
artiste fut chargé de la tutelle de son ne-
veu, fils de ce frère. Il l'adopta, soigna son édu-
cation et le fit son héritier. Ce jeune homme,
qui ne manquait ni d'instruction ni de mérite,
lui donna aussi des chagrins qu'il supporta avec
une patience qu'on n'aurait pas attendu d'un
caractère tel que le sien. Pour que rien ne man-
quât aux tourments que lui causait sa famille,
il eut, à l'occasion de sa tutelle, un procès avec sa
belle-sœur qui dura plusieurs années et lui coûta
beaucoup d'argent.
Si Beethoven eut des amis dévoués, H eut
aussi des ennemis et ces envieux que tont
liomme de génie rencontre en son chemin. M
n'était pas homme d'ailleurs à éviter ce qui pou-
vait les blesser; car il avait des mots cruels
pour la médiocrité prétentieuse. Dans un voyage
qu'il fit à Berlin, vers 1797, il rencontrait sou-
vent dans le monde le compositeur Himœei,
auteur d'un opéra intitulé Fanchon, qui avait
alors du succès. Un jour Himmel pria Beethoven
d'improviser, ce que le grand artiste s'empressa
de faire. Invité à son tour à se mettre au piano,
Himmel n'hésita pas et ne parut pas intimidé par
ce qu'il venait d'entendre. Jl y avait déjà long'
temps qu'il s'escrimait sur le clavier, lorsque
Beethoven l'interrompit par ces mots : . Eh
bien! commencerez-vous enfin P L'épigramme
était dure : furieux, Himmel se leva et dit des
injures à Beethoven, qui ne resta pas en défaut'
Depuis lors , le compositeur prussien fut un
des ennemis acharnés du grand homme. Bee-
thoven assurait cependant plus tard à Ries qu'il
avait cru que Himmel préludait; mais cela est
douteux.
Ennemi de tonte contrainte, Beethoven, quoi-
qu'il eût vécu dans le monde élégant depuis son
arrivée à Vienne, ne put jamais s'habituer aux
exigences de l'étiquette. Chez l'archiduc Rodol-
phe, à qui il avait eu l'honneur de donner des
leçons de piano et de composition, cette éti-
quette était sévère, suivant l'usage de la cour
impériale; elle faisait le supplice du grand ar-
tiste. Ses bévues ordinaires lui attiraient à chaque
instant quelque observation des personnes at-
tachées au prince; mais ce fut toujours en vain
qu'on essaya de lui enseigner les règles de la po-
litesse. Fatigué enfin de ces avis sans cesse re-
nouvelés, Beethoven s'avança un jour vers l'ar-
chiduc, devant une brillante assemblée, et lui
dit : « l'rince, je vous estime et vous vénère
« autant que personne au monde ; mais je ne
« puis m'habituer aux détails de cette gênante et
« minutieuse étiquette qu'on s'obstine à m'ensei-
«gner. Je prie votre Altesse de m'en dispenser. »
Admirateur du talent de son ancien professeur,
et plein de bonté, l'archiduc fit aussitôt donner
l'ordre à toute sa maison de laisser à Beethoven
la liberté de ses allures.
Celui-ci ne se contenait pas toujours dans les
bornes où il était resté dans la circonstance qui
vient d'êtr« rapportée ; car, lorsqu'il était blessé
dans son amour-propre, son irascibilité pouvait
le porter jusqu'à se servir d'expressions les
plus grossières. Sa colère, lui faisant oublier
toutes les convenances, lui attirait quelquefois
des désagréments et des humiliations. En voici
un exemple : Dans une soirée musicale, chez le
comte de Brown, où se trouvait réunie l'élite de
la haute société viennoise, Beethoven devait
20.
308
BEETOOVEN
jouer une nouvelle composition à quatre mains
avec son élève Ries. Ils avaient déjà commencé
l'exécution de ce morceau, lorsque le jeune
comte de P...., placé à l'entrée du salon, troubla
le silence en parlant à une dame. Après quel-
ques efforts inutiles du maître de la maison pour
faire cesser cette conversation , Beethoven, ar-
rêtant les mains de Ries sur le clavier, se leva
brusquement, et dit assez haut pour être en-
tendu de tout le monde : « Je ne jouerai pas de-
« vant de semblables pourceaux {Fiir solche
n Schweinespiel' ichnickt). » On peut imagi-
ner la rumeur causée par une telle incartade !
Tout autre que Beethoven eût été mis dehors
par les valets ; mais l'admiration pour son génie
fit taire l'indignation et l'indulgence fut seule
écoutée. Quand le calme fut rétabli, on pria Bee-
thoven de reprendre sa place au piano ; il s'y
refusa obstinément. Ries fut alors invité à
jouer une sonate; mais Beethoven lui dé-
fendit de toucher une seule note, et tous deux se
retirèrent.
Les explosions de la colère de Beethoven étaient
fréquentes dans les répétitions et même dans les
concerts où il faisait essayer ses ouvrages nou-
veaux. Il était chef d'orchestre assez médiocre,
et n'indiquait pas toujours bien la mesure, parce
que, préoccupé de méditations sur l'effet qu'il
Hvait voulu produire, il suspendait quelquefois
l'action de son bras sans le remarquer. Dans un
concert où il faisait exécuter pour la première
fois sa fantaisie pour piano avec orchestre et
chœur, la clarinette fit une faute : elle fut d'au-
tant plus sensible, que peu d'instruments se fai-
saient entendre. Beethoven se leva aussitôt en
fureur, et se. tournant vers l'orchestre, adressa
aux musiciens des injures qui furent entendues
de tout l'auditoire. Recommençons , s'écria-t-il
d'une voix tonnante : interdit, fasciné par le
regard et par la voix du maître , l'orchestre
obéit. Cette fois, l'exécution fut irréprochable ,
et le succès tut complet. Le concert terminé,
les artistes de l'orchestre s'assemblèrent en tu-
multe et décidèrent qu'ils refuseraient désormais
leur concours à Beethoven pour ses concerts.
Toutefois leur ressentiment ne fut pas de
longue durée; car Beethoven ayant terminé
une nouvelle composition peu de temps après,
le désir de l'entendre et le sentiment de l'art
l'emportèrent sur la rancune des musiciens, qui
s'empressèrent de l'exécuter sous la direction du
maître.
Beethoven avait le cœur bon, généreuxet porté
h l'obligeance. Simple, naïf, il était complètement
étranger à toute manœuvre, soit pour faire valoir
ses ouvrages, soit pour nuire aux autres artistes;
car il avait autant de justice que de noblesse
dans l'âme, et l'on peut affirmer que la pen-
sée d'une action mauvaise envers quelqu'un
n'est jamais entrée dans son esprit. Il avait
d'ailleurs un défaut qui n'est pas celui des mé-
chants; car il était distrait. On cite des traits
fort plaisants de ses distractions : en voici un
qui m'a été rapporté à Vienne par des témoins
oculaires.
11 entre un jour chez un restaurateur pour y
dîner, s'assied près d'une table , prend la carte
des mets du jour, et la paicourt pour y choisir
quelque chose. Pendant ce temps, une idée mu-
sicale le saisit ; il prend son crayon, retourne la
carte sur laquelle il trace des portées de musique,
puis écrit la pensée qui le préoccupe et reste
plongé dans une profonde méditation. Enlin il
sort de sa rêverie, prend la carte et la met dans
sa poche ; puis il demande au garçon ce qu'il
doit. • — Monsieur, vous ne devez rien, car vous
n'avez pas dîné. . — Vous croyez que je n'ai pas
àiué? — Non, assurément. — Eh bien, donnez-
moi quelque chose. — Que désirez-vous .' — Ce
que vous voudrez.
La constitution physique de Beethoven était
robuste. Sa taille était moyenne, et la charpente
osseuse de ses membres offrait l'image de la
force. Jamais il n'avait été malade, et jamais il
n'aurait eu besoin de médecin, si l'infirmité qui
altaqua chez lui l'organe de l'ouïe ne l'avait obligé
de se confier à leurs soins. Cependant, vers les
dernières années de sa vie, sa vigoureuse orga-
nisation s'alléra visiblement, et bientôt, il ne fut
plus possible de ne pas apercevoir des symptô-
mes d'hydropisie qui, se produisant à des époques
plus rapprochées, finirent par ne laisser au-
cun espoir de conserver la vie au grand artiste.
Vers la fin de 1826, le mal devint plus grave. Les
désordres du neveu deBeethoven lui avaient fait
intimer par la police de Vienne la défense d'ha-
biter dans cette ville. Résolu de faire entrer ce
jeune homme dans un régiment, l'illustre com-
positeur quitta la campagne, le 2 décembre, pour
suivre les détails de cette afiaire ; mais, arrêté
dans sa route par le mauvais temps, il fut obligii
de passer la nuit dans une misérable auberge où
il fut saisi d'un rhume violent. L'inflammation
des poumons devint très-ardente, et lorsque le
malade arriva à Vienne, sa situation était telle
que tous ses amis prévirent le malheur dont ils
étaient menacés. A peine la toux eut-elle cessé,
qu'il fallut avoir recours à de douloureuses opé-
rations pour l'hydropisie : elles affaiblirent ra-
pidement les forces de Beethoven, et le 26 mars
1827, ce grand homme expira, à six heures du
matin. Malgré ses vives souffrances, il montra
BEETHOVEN
309
beaucoup de sérénité d"âme pendant les derniers
iiiois de sa vie. Lorsqu'il y avait quelque relâche
à ses maux, il relisait Homère, particulièrement
l'Odyssée, son livre favori, ou quelques romans
deWalter Scott, qu'il aimait avec passion. Lors-
que ses forces affaiblies ne lui permirent plus de
se livrer à ces distractions, il retrouvait encore
de temps en temps assez dVnergie pour montrer
«a résignation à la (in dont il était menacé. Deux
jours avant sa mort, il disait en souriant à ses
amis le conseiller Brcuning et W. Schindler :
Plaudite, amici, comœdia finila est. Ce grand
homme avait goûté les jouissances que donne
l'art à ceux qui l'aiment d'une affeclion pure ;
mais en dehors de cet art, il ne fut pas heureux.
Le malheur d'une infirmité dont plus qu'un
autre il aurait dû être à l'abri, le frappa avant
qu'il eût atteint l'âge de trente ans ; et le mal
s'aggravant d'année en année, parvint à un tel
degré d'intensité, que, vers la fin de sa vie, la
puissance sonore d'un grand orchestre ne par-
venait pas jusqu'à lui. Jamais surdité ne fut plus
complète. Sa famille fut aussi pour lui une cause
de profonds chagrins et lui coûta beaucoup d'ar-
gent, ainsi qu'il le déclare dans une de ses let-
tres. Enfin, ses moyens d'existence furent tou-
jours précaires ; car, ainsi que Haydn et Mozart,
ce sublime artiste ne reçut jamais la moindre
marque d'intérêt de la famille impériale ni du
gouvernement autrichien ; il n'obtint aucun em-
ploi, et ses cinquante premiers œuvres ne lui
furent payés qu'à vil prix par les éditeurs.
Presque toujours il vécut dans la gêne. Dans les
dix dernières années de sa vie, il en souffrit da-
vantage. Il craignait de voir augmenter ses em-
barras d'argent dans sa vieillesse, alors qu'il ne
pourrait plus ajouter à son revenu par le travail
de sa plume. On a vu précédemment que l'ar-
chiduc Rodolphe, le prince de Lobkowitz et le
comte de Kinsky lui avaient assuré une pension
que M. de Seyfried porte à la somme de quatre
mille florins; mais Streicher, célèbre facteur de
pianos de Vienne, écrivant (le 28 mars 1827) à
M. Stumpff, de Londres, pour lui annoncer la
mort de Beethoven,. réduit le produitdes pensions
réunies à la modique somme de sept cent vingt
florins ! M. de Seyfried et Streicher étaient tous
deux amis intimes de l'illustre compositeur; il
y a donc lieu de s'étonner qu'il y ait une si
grande différence entre leurs évaluations de son
revenu; mais Beethoven lui-même nous apprend
que c'est M. de Seyfried qui est dans le vrai,
car il écrivait à Ries, le 22 novembre 1815 :
« J'ai perdu 600 florins sur ma pension annuelle...
t Je paie 1,000 florins pour mon loyer; imagi-
« nez d'après cela la misère qui résulte de la dé-
« prédation du papier-monnaie (t). Mon pauvre
« frère Charles vient de mourir; sa femme était
« méchante ; il était attaqué de la poitrine, et
« je puis dire que pour le soulager, j'ai dépensé
rt environ 10,000 florins, etc. » Dans une autre
lettre du 8 mars 1816, il dit encore: « Ma pen-
« sion est de 3,400 florins en papier, etc. » Pré-
cédemment Beethoven avait perdu 600 florins de
cette pension : elle était donc originairement de
4,000 florins. Cette somme, à l'époque où elle
avait été assurée par contrat à Beethoven, repré-
sentait celle de 10,157 francs ; mais la déprécialio»
du papier-monnaie créé plus tard en Autriche
fut telle, qu'à l'époque où Beethoven écrivait celte
dernière lettre, ses 3,600 florins en papier ne re-
présentaient plus en valeur réelle que 3,040 francs.
On ne doit donc pas être étonné de trouver dans
d'autres lettres de ce pauvre artiste des passages
tels que ceux-ci. « Cette sonate (dit-il à Ries,
« en lui envoyant l'œuvre 106 pour le vendre à
« Londres), cette sonate a été écrite dans des
« circonstances bien pénibles ; car il est triste
« d'être obligé d'écrire pour avoir du pain. C'est
« là où j'en suis maintenant. » Et dans une autre
lettre écrite quelques années après: « Si je n'étais
n pas si pauvre et obligé de vivre de ma plume,
« je n'exigerais rien de la société philharmoni-
« que; mais dans la position où je me trouve, il
« faut que j'attende le prix de ma symphonie. »
Jamaisl'intérêt qu'inspirait un si grand homme
ne se manifesta avec tant de force que pendant
sa dernière maladie. L'inquiétude était sur tous
les visages; la foule obstruait les abords de
son logement pour apprendre de ses nouvelles ;
les plus grands personnages se faisaient ins-
crire à sa porte. Le bruit du danger qui le me-
naçait s'était répandu avec rapidité; il parvint
bientôt à Weimar où se trouvait Hummel, qui
partit à l'instant pour Vienne, dans le dessein
de se réconcilier avec Beethoven, qui s'était
brouillé avec lui quelques années auparavant. Ea
entrant dans la chambre, Hummel fondit en lar-
mes; Beethoven lui tendit la main, et ces deux
hommes célèbres ne se séparèrent que comme
deux vrais amis. Après le moment fatal, une
consternation générale se répandait dans la ville.
Plus de trente mille personnes suivirent le convoi
funèbre; parmi les huit maîtres de chapelle qui
portaient le drap mortuaire, on remarquait Ey-
bler, Wcigl, Hummel, Gyrowetz et Seyfried.
Trente-six artistes, au nombre desquels étaient
les poètes Grillparzer et Castelli, portaient des
flambeaux. Le requiem de Mozart fut exécuté
(1) Leflorin d'Autriche en argent valait 2 francs 74 cen-
times; mais le florin en papier tomba à 90 cenUmes, 9
une certaine époque.
310
BEETHOVEN
pour les obsèques dans l'église des Augnstins,
ainsi qu'un hymne de M. de Seyfrii'd. Les restes
du grand homme furent déposés au cimetière de
Wahring, près de Vienne, et peu de temps après
un monument fut élevé sur sa tombe.
On ne connaît que deux élèves formés par
Beethoven : le premier fut l'archiduc Rodolphe,
qui possédait un talent remarquable comme pia-
niste et qui s'est exercé avec quelque succès
comme compositeur; le second est Ferdinand
Ries. Beethoven était peu propre à diriger une
éducation musicale; trop préoccupé, trop impa-
tient, il ne pouvait suivre les progrès d'un élève
dans un ordre méthodique.
Bien qu'il fût âgé de vingt-quatre ans lorsqu'il
publia les trios de piano, violon et violoncelle,
qu'il a considérés comme son premier œuvre,
Beethoven a laissé un nombre considérable d'ou-
vrages de tout genre. Son activité productrice
pourrait être considérée comme un prodige, si
l'on ne savait qu'isolé de la société par l'accident
cruel qui commença à le priver de l'ouie vers
1798, il a dû concentrer toute son existence dans
ia composition. Le catalogue de ces productions
renferme trente-cinq sonates pour piano seul,
treize œuvres de pièces de différents caractères
pour cet instrument, telles que des andante ,
fantaisies, préludes, romios et danses; vingt
thèmes variés pour piano seul ; vingt-deux autres
thèmes variés pour le piano, avec accompagne-
ment de violon, de violoncelle ou de flûte; une
sonate, deux thèmes variés et des marches pour
piano à quatre mains; dix sonates pour piano
avec accompagnement de violon, six duos
pour piano et violoncelle ; six trios pour piano,
violon et violoncelle; un trio pour piano, clari-
nette et violoncelle; un quatuor pour piano,
violon, viole et violoncelle; un quintetto pour
l)iano, hautbois, clarinette, basson et cor ; sept
concertos pour le piano, le premier en ut, le
second en si bémol, le troisième en ut mineur,
le quatrième en ut, avec violon, violoncelle con-
certant et orchestre; le cinquième en so^ (por-
tant le n» 4 des concertos pour piano seul), le
sixième en ré (qui n'est que le concerto de vio-
lon arrangé), et le dernier en mi bémol (portant
le n» 5 des concertos originaux pour piano seul),
une fantaisie pour piano, avec chœur et orches-
tre ; cinq trios pour violon, viole et violoncelle;
une sérénade pour violon, flûte et alto ; dix -sept
quatuors pour deux violons, alto et violoncelle ;
trois quintettis pour deux violons , deux altos
et violoncelle; im septuor pour violon, alto,
violoncelle, clarinette, basson, cor et contrebasse,
un sextuor pour deux violons, alto, deux cors
et violoncelle; deux romances pour violon et
orchestre, la première en sol, la deuxième en
fa; un concerto pour violon et orchestre;
soixante-quatorze pièces pour le chant avec ac-
compagnement de piano, parmi lesquelles on re-
marque la cantate d'^d^/aide, V Invitation à la
walse, des romances, des chansons, des airs à
boire, des canons, et le Cri de guerre de V Au-
triche, chant national composé en 1797; douze
morceaux de chant pour une ou plusieurs voix
avec orchestre, dont une scène et air : Ah ! per-
fido ; le chant intitulé Germania, trois suites
d'airs écossais, les morceaux de chant des Rui-
nes d'Athènes ; le trio Tremate, empi, tremate,
et un chant élégiaque; deux messes à quatre
voix, chœur et orchestre, la première en ^lt (œu-
vre 86), la seconde en ré (œuvre 123); l'oratorio
le Christ au mont des OZîyiers; une cantate
dramatique (/'/jîi^an^ glorieux); Fidelio, opéra;
Egmont, mélodrame ; neuf symphonies pour or-
chestre, lapremière &nut (œuvre21), la deuxième
en ré (œuvre 36), la troisième en mi bémol {hé-
roïque, œuvre 55), la quatrième en si bémol
(œuvre 60), la cinquième en ut mineur (œuvre
67), la sixième en fa {pastorale, œuvre 68), la
septième en la (œuvre 92), la huitième en Ja
(œuvre 93), la neuvième en ré mineur, avec
chœur (œuvre 125); la Victoire de Welling-
ton à la bataille de Victoria, symphonie mili-
taire à deux orchestres ; onze ouvertures à grand
orchestre, savoir : de Prométhée (œuvre 43),
de Coriolan {œuvre 62), d' Egmont (œuvre 84),
de Léonore (œuvre 87), de Fidelio, des Ruines
d'Athènes (œuvre 113), Nahmensfeyer (De la
fête patronale, œuvre 115), du Roi Étienne{œu-
vre 117), Weihe des Hauses (De la dédicace du
temple, œuvre 124), caractéristique (œuvre 138);
œuvres détachées pour orchestre, qui consistent
en deux menuets, des danses allemandes, deux
valses et le ballet de Prométhée; un trio pour
deux hautbois et cor anglais (œuvre 60), un sex-
tuor pour deux clarinettes, deux cors et deux
bassons ; et une troisième ouverture pour l'opéra
de Fidelio, qui est celle de Léonore refaite, la-
quelle n'a été publiée qu'après sa mort; une
pièce en harmonie complète, un morceau pour
quatre trombones, et une marche pour mu-
sique militaire. Quelques ouvrages avaient été
commencés |)ar l'illustre compositeur et n'ont
pu être achevés avant sa mort. Parmi ces frag-
ments, on remarquait le plan d'une dixième
symphonie (un allegretto en mi bémol, publié à
Vienne, chez Artaria, a été peut-être extrait de
cet ouvrage), un octuor pour deux clarinettes,
deux hautbois, deux cors et deux bassons ; une
harmonica huit parties en si bémol, dont la par-
tition a été publiée chez Diabelli, à Vienne. Les
BEETHOVEN
311
deux premiers morceaux d'un quintelto pour
deux violons, deux altos et violoncelle, acquis
par le môme éditeur; un rondeau pour piano et
orciiestre, Vienne, Diabelli ; trois quatuors pour
piano, et quelques autres morceaux moins im-
portants. On a trouvé aussi parmi les manuscrits
de Beethoven un grand nombre de morceaux
inédits, la plupart écrits dans sa jeunesse et
qu'il avait condamnés à l'oubli. Les manuscrits
autographes de ces compositions ont été acquis
à des prix très-élevés après sa mort. Enfin une
immense quantité d'études de Beethoven sur le
contrepoint et l'harmonie a été remise par leur
acquéreur, M. Haslinger, à M. de Sejfried, avec
toutes les notes que Beethoven avait écrites sur
ces études ; l'éditeur en a fait un choix qu'il a
publié sous ce titre : Ludwig van Beethoven's
Sludien im Generalbasse, Contrapuncte und
in der Compositmis Lehre; Vienne, T. Has-
linger, (831, l vol. in-8°. L'éditeur y a joint un
supplément qui contient une notice biographique,
quelques anecdotes, quelques lettres de Beetho-
ven à ses amis, l'inventaire de ses manuscrits et
de ses livres, quelques poésies allemandes dont
Beethoven est l'objet, le catalogue systématique
de ses œuvres et quelques autres pièces. L'auteur
de ce Dictionnaire Biographique des Musiciens a
donné une traduction française des Études de
Beethoven, avec sa biographie, des notes criti-
ques et une préface, sous te titre : Études de
Beethoven, Traité d' harmonie et de compo-
sition, Paris, Maurice Schlesinger, 1833, 2 vol.
grand in-8°.
Les œuvres de Beethoven peuvent être classés
en plusieurs catégories dont chacune indique
«ne transformation progressive de son génie.
D'abord enthousiaste admirateur de Mozart, il ne
put échapper à l'effet de cette admiration ; effet
qui se manifeste toujours chez les hommes les
plus originaux et les mieux disposés pour l'in-
vention ; je veux parler de cette imitation plus
ou moins sensible des formes du modèle de per-
fection adopté par le jeune artiste. L'originalité
des idées, quand elle est accompagnée de juge-
ment et de rectitude, éprouve le besoin de se
produire sous des formes intelligibles. Or l'art de
créer des formes nouvelles et d'une facile per-
ception ne peut être que le fruit de l'expérience,
tandis que l'aperçu de l'idée n'est qu'une produc-
tion de l'instinct. Aucun ouvrage durable ne ré-
sultera de ces aperçus instinctifs, si la foi me ne
vient à leur secours, et, conséquemment , si l'ex-
périence ne les met en valeur. Si l'expérience
propre n'est pas encore acquise, il faut avoir re-
cours à celle d'un maître ; c'est ce qu'avait fait
Mozart en prenant Ch.-Ph.-Em. Bach pour son
modèle dans ses premières compositions pour le
piano, et Hasse dans sa musique dramatique;
c'est ce que fit à son tour Beellioven , en mar-
chant sur les traces de Mozart. Ainsi, malgré l'o-
riginalité incontestable des idées, les trios de
piano, violon et basse (œuvre 1 ), les sonates de
piano seul (œuvre 2,7 et 10), les sonates da
piano et violon (œuvre 12), les trios de violon,
viole et basse (œuvres 3 , 8 et 9 ), et les quatuors
de violon (œuvre 18), rappellent dans les dispo-
sitions et dans les formes le type du style mozar-
tiste, bien que diverses nuances d'individualité
plus prononcée se fassent remarquer en avançant
jusqu'à l'œuvre 18. Dans la symphonie en ut
(ceuvre 21), cette nuance devient plus vive, k
scherzo de cette symphonie est déjà de la fan-
taisie pure de Beethoven. Plus énergiquement
sentie encore , la richesse d'imagination du com-
positeur se montre avec éclat dans le quintetto
en ut pour violons, altos et basse (œuvre 29),
et dans les belles sonates de piano avec violon.
Beethoven a élargi dans des proportions immenses
la sonate de piano. Il y a porté le génie de la
symphonie, et a fait de l'instrument un orchestre.
Parmi les sonates pour le piano seul ou avec
accompagnement de violon les plus remarquables
de ses trois époques, on peut citer, comme des
œuvres de la plus grande valeur : la sonate en ré
majeur, œuvre 10; les soadXGS pathétique {en ut
mineur), œuvre 13 ; en ut dièse mineur, œuvre
27 ; en ré mineur, œuvre 31 ; en la majeur, avec
violon, œuvre47 (dédiée à Kreutzer); en ut ma-
jeur (piano .seul), œuvre 53; en /a mineur, œuvre
57; les Adieux, en mi bémol majeur, œuvre
81; enfin, en si bémol majeur, œuvre 106.
La symphonie en ré (œuvre 36) est une compo-
sition moins remarquable par l'originalité des
idées que par le mérite de la facture, qui est très-
grand. C'est dans celle symphonie qu'on aperçoit
pour la première fois cet admirable instinct des
dispositions instrumentales qui donna ensuite
aux symphonies de Beethoven un coloris si varié,
si vigoureux et si brillant. Mais c'est surtout
dans la troisième symphonie (/jéroïg'Me, œuvre 55)
que le génie de l'artiste se manifeste par le ca-
ractère absolu de la création. Là , toute rémini.s-
cence de formes antérieuresdisparaît; le composi-
teur estlui; son individualité se pose avec majesté;
son œuvre devient le type d'une époque de l'his-
toire de l'art. Le temps où Beethoven conçut le
plan de cet ouvrage remontée 1804. Il était cer--
tainemenl bon Allemand et attaché de cœur an
gouvernement de l'Autriche ; mais comme poêle,
comme homme d'imagination , il n'avait pu s'em-
pêcher d'admirer le génie de Napoléon ; il se l'était
représenté comme un héros républicain, et la
313
BEETHOVEN
puissance réunie en lui au désintéressement , à
l'amour pur de la patrie et de la liberté, en fai-
saient à ses yeux l'homme modèle des temps
modernes. C'est dans ces dispositions qu'on as-
sure qu'il commença à écrire sa symplionie hé-
roïque; il était décidé à lui donner le nom de
Bonaparte, quelque danger ([u'il y eût à le faire
dans un pays où ce nom devait rappeler des temps
d'humiliation. Il voulait la dédier au premier
consul de la république française : déjà sa déiiicace
était écrite. On dit encore que le second morceau
decetouvrageétaitacbevé.etqu'iin'élaitautreque
le colossal début du dernier mouvement de la
symphonie en ut mineur, quand un de ses amis
entrant un jour dans le cabinet de Beethoven, et
tenant un journal à la main , lui annonça que le
premier consul venait de se faire nommer empe-
reur. Stupéfait, Beethoven garda le silence, puis
il s'écria : « Allons, c'est un ambitieux comme
tous les autres. » Il prit sa partition, en déchira
la première page et la jeta à terre. Sa pensée
changea alors de direction : à l'héroïque mouve-
ment, il substitua la marche funèbre qui forme
aujourd'hui le second morceau de sa symphonie,
et au lieu de la simple inscription de son ouvrage,
^o«a;)arie, il mit celle-ci : Sivfonia eroïca per
festeggiare il sovvenire dhin grand uomo. Son
héros lui semblait déjà descendu dans la tombe;
au lieu d'un hymne de gloire, il avait besoin d'un
chant de deuil. Le grand morceau en ut fit peu
de temps après naître dans la tète de Beethoven
le projet de sa symphonie en ut mineur.
La seconde époque de Beethoven , qui se
marqua si bien par la symphonie héroïque , ren-
ferme une période d'environ dix ans , pendant
laquelle il écrivit, outre cet ouvrage, les sym-
phonies en si bémol, en tit mineur, et pastorale,
les beaux quatuors de l'œuvre 59, l'opéra de Fi-
delio, l'ouverture de Coriolan, les belles sonates
de piano en/o mineur, en fa dièse et en mi mi-
neur, les concertos de piano en ut, en 50/ et en
mi bémol, le concerto de violon , le sextuor pour
deux violons, alto, deux cors et violoncelle, et
la première messe. Tout cela est, en général,
fondé sur une fantaisie libre et pleine de har-
diesse , mais renfermée dans les bornes fixées par
le goût, par un vrai sentiment d'analogie dans
l'harmonie , et par le besoin de netteté dans la
pensée. A la même époque appartient aussi l'ora-
torio du Christ au mont des Oliviers; mais une
sorte de gêne qui se fit souvent sentir dans les
compositions vocales de Beethoven, quand il
voulait employer les formes scientifiques, a jeté
sur cet ouvrage je ne sais quelle teinte de froi-
deur qui nuit à son mérite, malgré les belles idées
qui p'y trouvent répandues. M. Oiilibichclf, dans
son livre intitulé Beethoven, ses critiques et ses
glossateurs , dont il sera parlé plus loin, recon-
naît (p. 10.i) que je suis le premier qui ait si-
gnalé les transformations du style de Beethoven
et divisé la totalité de son œuvre en trois classes
de productions (dans la première édition de la
Biographie universelle des mtisiciens). H ajoute
(p. 106) : « Ses trois manières , comparées entre
« elles, laissent bien apercevoir un genre de snc-
rt cession qui constate leur réalité , au point de
« vue de M. Fétis ; mais un examen attentif nous
« prouve également que ces trois systèmes de
n composition, qui au fond se réduisent à deux
« (M. Oulibicheff confond dans la môme impro-
« bation le second et le troisième), ne s'excluaient
« nullement dans l'esprit de Beethoven, puisqu'il
« les a employés et mêlés à toutes les époques de
« sa carrière d'artiste ; mais dans une proportion
« de plus en plus inégale. » A cette observation
critique, il y a une réponse dont la vérité est
saisissante : c'est que le génie d'un artiste , ses
penchants et ses habitudes ne se transforment pas
à tel jour donné, de tellesorte que dans le présent
il ne reste rien' du passé. C'est par degrés (pie le
changement s'opère dans la direction des idées et
dans le style. Au surplus, j'ai établi suffisam-
ment, je crois, dans les paragraphes suivant-;
les caiîses qui ont produit la dernière manière
de l'illustre artiste.
Il paraît que l'habitation de Beethoven à la
campagne fut plus constante après 1811 qu'au-
paravant , et qu'à cette époque il se livra dans s(",
promenade» solitaires, ou dans le silence de son
cabinet, à des études historiques et philosophiques
qu'il n'avait qu'ébauchées jusque-là. Ses lectures
devinrent fréquentes , et chaque jour il conçut
davantage la nécessité de se renfermer, comme
artiste, dans une disposition d'idéalité indépen-
dante de toute communication extérieure. Insen-
siblement, et sans qu'il s'en aperçût, ses études
donnèrent à ses idées une légère teinte de mys-
ticisme qui se répandit jusque sur ses ouvrages,
comme on peut le voir par ses derniers quatuors.
Sans qu'il y prît garde aussi, son originalité perdit
quelque chose de .sa spontanéité en devenant sys-
tématique; les bornes dans lesquelles il l'avait
retenue jusqu'alors furent renversées. Les redites
des mêmes pensées furent poussées jusqu'à l'ex-
cès; le développement du sujet qu'il avait choisi
alla quelquefois jusqu'à la divagation ; la pensée
mélodique devint moins nette, à mesure qu'elle
était plus rêveuse ; l'harmonie fut empreinte de
plus de dureté et sembla, de jour en jour, té-
moigner de l'affaiblissement de la mémoire des
sons; enfin, Beethoven affecta de trouver des
formes nouvelles, moins par l'effet d'une sou-
BEETHOVEN
313
(laine inspiralion, que pour satisfaire aux con-
ditions d'un plan médité. Les ouvrages faits
dans cette direction des idées de l'artiste com-
posent la troisième période de sa vie, et sa
dernière manière. Cette manière se fait déjà
remariuer dans la symphonie en la, dans le
trio (le piano en si bémol (œuvre 97), et dans les
cinq dernières sonates de piano, beaux ouvrages
ou la somme des qualités l'emporte sur les dé-
fauts; elle arrive à son dernier terme dans la
grande messe en ré, dans les dernières ouver-
tures, dans la symphonie av^c chœur, et surtout
dans les quatuors de violon (œuvres 127, 130,
131, 132 et 135).
Ainsi qu'on vient de le voir, les productions de
Beethoven se partagent en trois classes qui mar-
quent autant de directions particulières de son
esprit. Beethoven n'estimait pas les ouvrages de
la première; il n'aimait pas qu'on en parlât avec
éloge, et croyait de bonne foi que ceux qui les
vantaient étaient des ennemis qui n'agissaient
ainsi que dans le dessein de déprécier les autres.
Une telle disposition d'esprit n'est pas sans
exemple parmi les grands artistes , quand ils s'é-
loignent de la jeunesse. Nonobstant son oi)inion
à cet égard , il n'en est pas moins viai que beau-
coup d'ouvrages appartenant à la première pé-
riodede la vie artistique de Beethoven renlèrment
d'admirables beautés. Les compositions de la
seconde période sont celles où le grand musicien
a montré la plus grande force d'invention réunie
à la connaissance la plus étendue des belles formes
de l'art. Cette période s'étend depuis l'œuvre 55
jusqu'à l'œuvre 92. Au commencement de la
troisième période, sa pensée éprouva une der-
nière transformation, qui alla se développant de
plus en plus jusqu'à son dernier ouvrage. Plus il
avançait dans cette nouvelle carrière, pins il
cherchait à faire entrer dans son art des choses
qui sont hors de son domaine, et plus le souve-
nir de l'objet intime de cet art s'affaiblissait en
lui. L'analyse que j'ai faite avec soin des œu-
vres 127 à 135, m'a démontré que dans ces
dernières productions , les nécessités de l'harmo-
nie s'effaçaient dans sa pensée devant des con-
sidérations d'une autre nature. On le lui a re-
proché quelquefois vers la fin de sa vie dans des
critiques qui parvenaient jusqu'à lui ; on dit qu'a-
lors il s'écriait en se frottant les mains : « Oui,
«oui, ils s'étonnent et n'y comprennent rien,
« parce qu'ils n'ont pas trouvé cela dans un livre
« de basse générale! » Dans un autre temps, il
défendait avec énergie les doctrines de ces livres
d'école ; car ses études sont remplies d'expressions
de confiance dans les règles qu'on y trouve. Ces
deux opinions si différentes représentent deux
systèmes contraires, et renferment toute l'histoire
de la transformation du génie de Beethoven.
M. Oulibicbeff, dont le goût se révoltait contre
les productions de cette dernière période de l;i
vie du grand artiste, et qui fait, dans son livre,
une analyse juste , mais dure, de certains pas-
sages, n'hésite pas à donner une autre cause aux
égarements de son génie : suivant lui, ils provien-
nent uniquement de l'affaiblissement de ses fa-
cultés , occasionné par des chagrins domesti-
ques et des préocupations d'affaires qui avaien
porté chez lui jusqu'à l'excès l'agitation nerveuse.
Une craint pas de déclarer Beethoven tombé sou.».
l'empire d'une hallucination. Dans le récit fait
par Rellstabt de Berlin, d'une visite qu'il fit à
cet homme extraordinaire dans ses dernières
années, il exprime aussi l'opinion que sa puis-
sante organisation avait reçu de graves atteintes
et n'était plus que la dégénération de son état
primitif.
Ce qui distingue les compositions de ce grand
homme, c'est la spontanéité des épisodes par
lesquels il suspend dans ses beaux ouvrages l'in-
térêt qu'il a fait naître, pour lui en substituer un
autre aussi vif qu'inattendu. Cet art lui est par-
ticulier, et c'est à lui qu'il est redevable de ses
plus beaux succès. Étrangers en apparence à la
pensée première , ces épisodes occupent d'abord
l'attention parleur originalité ; puis, quand l'effet
de la surprise commence à s'affaiblir, le compo-
siteur sait les rattacher à l'unité de son plan, et
fait voir que, dans l'ensemble de sa composition,
la variété est dépendante de l'unité. Beethoven
joignait à cette rare qualité le sentiment intime
de l'effet d'une instrumentation qui ne ressemble
à celle d'aucun autre auteur. Personne n'a pos-
sédé aussi bien que lui l'art de remplir l'or-
chestre et d'opposer des sonorités à d'autres
sonoiités. De là vient que l'effet de ses grands
ouvrages surpasse en puissance tout ce qu'on
avait fait avant lui.
Quelle que soit la divergence d'opinions sur
les ouvrages des diverses périodes de la vie de
Beethoven , il est un point sur lequel tout le
monde sera éternellement d'accord : c'est que
l'auteur de ces ouvrages mérite d'être compté au
nombre des plus grands artistes et de ceux qui
par leur talent ont le plus contribué au dévelop-
pement de leur art. Il eut un de ces rares gé-
nies qui dominent toute une époque et lui im-
priment (me direction caractéristique dans l'art
qu'ils cultivent. La grandeur, la force poétique sont
ses attributs. Il n'eut pas comme Mozart l'abon-
dance d'idées qui déborde de toutes parts; sa
pensée s'élaborait lentement, laborieusement, »»t
ses thèmes, même ceux qui se présentent saus
314
BEETHOVEN
l'aspect le plus simple et le plus naturel, étaient
souvent remaniés par lui avant qu'il s'arrêtât à
leur fornae définitive ; mais lorsqu'il était fixé ,
tout l'ensemble de la composition était saisi par
sa puissante intelligence. Un des exemples les
plus remarquables de ses longues méditations
dans le travail d'enfantement d'un thème auquel
il se proposait de donner de grands développe-
ments est celui de la mélodie principale du grand
finale de la neuvième symphonie (avec chœur).
Il fit , défit et refit plusieurs fois les phrases de
ce chant et bien des journées s'écoulèrent avant
qu'il l'eût arrêté définitivement. Enfin , il s'écria
avec enthousiasme : Je Vax! je Vaïl Cependant
celte mélodie qui lui causait ces transports de
joie est assez vulgaire; mais il la considérait
moins au point de vue musical qu'à celui du sen-
timent qu'il voulait exprimer. Il y avait dans sa
préocupation à ce sujet plus de rêverie allemande
que de conception esthétique.
Les numéros des œuvres de Beethoven ne re-
présentent pas toujours l'ordre dans lequel ils
ont été composés : il est plusieurs de ses ou-
vrages qu'il a gardés longtemps en portefeuille,
tandis que d'autres écrits à des époques posté-
rieures étaient publiés. Souvent aussi il a négligé
d'indiquer sur ses manuscrits les numéros d'or-
dre sous lesquels il voulaitqu'ils fussent publiés:
dans ce cas, les éditeurs se chargeaient de ce
soin et tombaient dans des erreurs considérables;
car il arriva plusieurs fois qu'on plaça le même
chiffre sur deux œuvres diflérents, ou qu'on
laissa des lacunes dans leur série. D'ailleurs,
Beethoven écrivit plusieurs de ses ouvrages
pour des amateurs qui désiraient en avoir le
manuscrit de sa main, et les copies qu'il en fai-
sait faire ne portaient pas d'indication pour les
«lasser : après plusieurs années lui-même ne se
souvenait plus de l'ordre dans lequel il les avait
produits. On a rectifié par la suite une partie des
«rreursqui avaient été commises originairement,
et le catalogue des compositions de ce grand ar-
tiste a été arrêté définitivement dans l'ordre
suivant :
OEUVRES NUMÉBOTÉS :
Op. 1. Trois trios pour piano, violon et violoncelle
(en mi bémol, en sol, en ut mineur), dé-
diés à la princesse Lichnowski.
— 2. Trois sonates pour piano (en fa mineur, en
la, en ul), dédiées à Haydn.
— 3. Grand trio (en mi bémol) pour violon, alto
et violoncelle.
— k. Quintette (en mi bémol) pour deux violons,
deux altos et violoncelle.
=- 3. Deux grandes sonates (en /<2 et soZ mineur)
pour piano et violoncelle , dédiées au roi
de Prusse, Frédéric-Guillaume IL
- W
— 12,
t3.
Op. 6. Sonate facile (en re majeur) pour piano à
quatre mains.
— 7. Grande sonate (en mi bémol) pour piano,
dédiée à Babette de Keglevics.
— 8. Sérénade (en ré majeur) pour violon, alto et
violoncelle.
— 9. Trois trios (en sol, ré et ut mineur) pour vio-
lon, alto et violoncelle, dédiés au comte de
Browne.
— tO. Trois sonates (en nt mineur, fa et ré) pour
piano, dédiées à la comtesse de Browne.
Grand trio pour piano, clarinette et violon-
celle (en si bémol), dédié à la comtesse de
Thun.
Trois sonates pour piano (en ré, la et mi
bémol) dédiées à Salieri.
Sonate (pathétique) pour piano (en ut mi-
neur"!, dédiée au prince Lichnowski.
14. Deux sonates pour piano (en mi majeur, en
sol), dédiées à la baronne de Braun.
13. le' Concerto pour piano (en vt) avec or-
chestre, dédié à la princesse Odescalchi,
née comtesse Keglevics (Babette).
16. Grand quintette (en mi bémol) pour piano,
hautbois, clarinette, cor et basson.
17. Sonate (en fa) pour piano et cor.
1«. Six quatuors (en /ff, sol, ré, vt mineur, la
et si bémol) pour deux violons, alto et vio-
loncelle, dédiés au prince de Lobkowitz.
19. 2ini= concerto (en si bémol) pour piano et
orchestre, dédié à M. de Nikelsberg.
20. Septuor (en »«« bémol) pour violon, alto,
cor , clarinette , basson , violoncelle et
contrebasse.
1" grande symphonie (en «<) pour l'orches-
tre.
Grande sonate pour piano (en si bémol),
dédiée au comte de Browne.
Sonate (en la mineur) pour piano et vio-
lon, dédiée au comte de Pries.
— 24. Sonate (en fa) pour piano et violon.
— 23. Sérénade (en ré] pour flûte, violon et alto.
— 26. Grande sonate pour piano (en la bémol),
dédiée au prince Lichnowski.
— 27. Deux sonates [quasi fantasia) pour piano
(en mi bémol et u( dièse mineur) dédiées
à la princesse Lichtenstein.
— 28. Grande sonate (Pastorale) pour piano (en
ré), dédiée à M. de Sonneufels.
— 29. Quintette (en ut) pour deux violons, deux
altos et violoncelle, dédié au comte de
Pries.
Sous le même numéro, Artaria de Vienne a
publié un trio pour violon, allô et violoncelle,
mais ce n'est qu'un arrangement du quintette. ,
Op. 30. Trois sonates (eu la, vt mineur et sol) pour
piano et violon, dédiées à l'empereur
Alexandre.
— 31. Trois sonates pour piano (en sol, ré mineur
et mi bémol), dédiée à la comtesse de
Browne.
— 21
— 22
23
BEETHOVEN
315
Op. 32. Six cantiques de Gellert pour voix seule et
piano).
— 33. Bagatelles (7 pièces pour piano).
— 34. Six variations sur un tliùiiie original pour
piano [en fa), dédiées à la princesse Odes-
chalchi.
— 33. Quinze variations avec une fugue (en mi
bémol) pour piano, dédiées au comte
Lichnowski.
— 36. 2me symphonie (en ré) pour l'orchestre.
— 37. 3nie concerto (en ut mineur) pour piano et
orchestre, dédié au prince Louis-Ferdinand
de Prusse.
— 38. Grand trio (en mi bémol) pour piano, cla-
rinette et violoncelle, arrangé par Beelho-
ven d'après son septuor œuvre 20.
— 39. Deux préludes passant dans les 12 tons ma-
jeurs et mineurs, pour piano ou orgue.
— 40. Romance (en sul) pour violon et orchestre.
— 41. Sérénade (en rc) pour piano et flûte, arrangée
par Beethoven d'après la Sérénade œu-
vre 23.
— 42. Nocturne (en ré] pour piano et alto, arrangé
par Beethoven d'après sa Sérénade œuvre 8.
— 43. Les Créations de Prométhée, ballet.
— 44. Quatorze variations (en mi bémol), pour
piano, violon et violoncelle.
— 43. Trois grandes marches pour piano à quatre
• mains ;en lit, mi bémol et ré).
— 46. Adélaïde (poërae de Matthison) à voix seule
et piano.
— 47. Sonate (en la) pour piano et violon {sa illa
in uiio slilo molto concertante , quasi
corne d'un concerto), dédiée à Kreutzer.
— 48. Scène et air, ahl perjido, pour soprano et
orchestre.
— 49. Ueux sonates faciles pour piano (en «o^ mi-
neur et rc).
— 30. Romance (en fa) pour violon et orchestre .
— 31. Deux rondos pour piano (en ut et en sol).
— 32. Huit cliants ou Lieder à voix seule avec ac-
compagnement de piano.
— 53. Grande sonate pour piano (en «0. dédiée au
comte de WaUlstein.
— 54. Sonate pour le piano (en fa).
— 33. Troisième s>Tnphonie (en mi bémol) pour or-
chestre {Sinfonia eroica comp ista pcr fes-
leggiare il sovvenirc d'un grand'uomo),
dédiée au prince de Lobkowitz.
— 5G. Concerto (en vt) pour piano, violon et vio-
loncelle, avec orchestre.
— 5". Grande sonate pour piano {appassionata,
en fa mineur), dédiée au comte de Bruns-
wick.
— 38. Quatrième concerto (en sol) pour piano et
orchestre, dédié à l'archiduc Rodolphe. <
— 39. Trois grands quatuors (en /a, mi mineur et
vt) jjour deux violons, alto et violoncelle,
dédiés au comte Rasoumowsky.
— 60. Quatrième symphonie pour l'orchestre (en
si bémol). /
— 61 Concerto (en re) pour violon et orchestre,
dédié à son ami de Breuning.
Op. 62. Ouverture de la tragédie de Coriolan (en ut
mineur), à grand orchestre.
- 63. Grande sonate (en mi bémol), pour piano,
violon et violoncelle, arrangée par Beetho-
ven d'après le quintette œuvre 4.
— 64. Grande sonate (en mi bémol), pour piano et
violoncelle, arrangée par Beethoven d'après
le trio œuvre 3.
— 63. Scène et air (.:/A.' perfide), pour soprano
et orchestre, arrangée pour piano.
— 66. Douze variations (en /a), pour piano et vio-
loncelle.
— 67. Cinquième symphonie (en ut mineur) pour
l'orchestre.
— 68. Sixième symphonie (Pasforoie, en /a) pour
l'orchestre.
— 69. Grande sonate (en la) pour piano et violon-
celle.
— 70. Deux trios (en ré et en mi bémol) pour
piano, violon et violoncelle.
— 71. Sextuor (en j?!i bémol) pour deux clarinettes,
deux cors et deux bassons.
— 72. Léonore {Fidelio), opéra en deux actes.
— - 73. Cinquième concerto (en nu bémol) pour pia-
no et violon, dédié à l'archiduc Rodol-
phe.
— 74. Quatuor (en mi bémol) pour deux violons,
alto et basse, dédié au prince de Lobkowitz
(n» 10).
— 73. Six chants de Grethe à voix seule avec ac-
compagnement de piano , dédiés à la prin-
cesse de Kinski.
— 76. Variations (en ré majeur) pour piano.
— 77. Fantaisie (en so/ mineur) pour piano, dédiée
au comte de Brunswick.
— 78. Sonate (en /a dièse majeur) pour piano, dé-
diée à la comtesse de Brunswick.
— 79. Petite sonate (en sol] pour piano.
— 80. Fantaisie (en vl mineur) pour piano, chœur
et orchestre, dédiée au roi de Bavière
Maximilien- Joseph.
— 81. Sonate caractéristique (en mi bémol), les
Adieux, l'absence et le retour, pour piano
dédiée à l'archiduc Rodolphe.
— 81 bis. Sextuor (en mi bémol) pour deux violons,
alto, violoncelle et deux cors obligés.
— 82. Quatre ariettes et un duo (en italien et en
allemand), avec accompagnement de piano,
— 83. Trois chants de Grelho à voix seule, avec ac-
compagnement de piano, dédiés à la prin-
cesse de Kinski.
— 84. Ouverture et entr'actes pour l'Egmont de
Gœthe, a grand orchestre.
— 83. Le Christ au mont des Oliviers, oratorio
pour voix seule, chœur et orchestre.
— 86. Messe à quatre voix et orchestre, dédiée au
prince de Kinski.
— 87. Trio (en ut) pour deux hautbois et cor an-
glais, publié aussi comme œuvre 33.
— 88. Das Gluck der Freundschaft (Le bonheur
de l'amitié), chant.
— 89. Polonaise (en ut) pourpiano, dédiée à l'im-
pératrice de Russie Élisabeth-Alexiowna.
316
BEETHOVEN
op. 90, Sonate (en mi bémol) pour piano, dédiée au
comte Lichnowsky.
— 91. La Fictoire de fFelUngton, ou la bataille
de Fictoria pour orcheslre, décliéeau prince
régent d'Angleterre (George III.)
— 92. Septième symphonie (en la) pour l'orchestre.
— 93. Huitième symphonie (en fa] pour l'orchestre.
— 94. Jn die Hoffiuing (A l'Espérance), tirée de
VUrania de Tiedgc, pour voix seule avec
piano, dédiée à la princesse de Kinski.
— 93. Quatuor (en /a mineur) pour deux violons,
alto et violoncelle (n° I f).
— 96. Sonate (en sol) pour piano et violon, dédiée
à l'archiduc Uodolphe.
— 97. Grand trio (en si bémol) pour piano, violon
et violoncelle, dédié au même prince.
— 98. An die fcrnc Geliehte (A l'Amie absente),
pour voix seule et piano.
— 9a. Der Mann vom îForl [L'Homme, àe^idxolQ) y
poème de Rleinschmidt, pour voix seule
avec piano.
— 100. Merkenstein (château près de Baden), bal-
lade à voix seule ou deux voix avec accom-
pagnement de piano.
— 101. Sonate (en la majeur) pour piano.
— 102. Deux sonates (en nt, en ré) pour piano et
violoncelle , dédiées à la comtesse Marie
d'Erdœdy.
— 103. Grand octuor (en mi bémol) pour deux cla-
rinettes, deux hautbois, deux cors et deux
bassons, arrangé par Beethoven d'après le
quintette œuvre 4.
— 104. Quintette ( en tit mineur) pour deux vio-
lons, deux altos et violoncelle, arrangé
par Beethoven, d'après le troisième trio
de l'œuvre l^'.
— 103. Six thèmes variés pour le piano, avec vio-
lon ou flûte à volonté, en deux suites.
— 106. Grande sonate (en si bémol) pour piano, dé-
diée à l'archiduc Rodolphe.
— 107. Dix thèmes variés pour piano avec violon
ou flûte à volonté, en cinq suites.
— 108. Vingt-cinq chansons écossaises (avec texte
allemand et anglais), à voix seule avec ac-
compagnement de piano, violon et violon-
celle obligés. (Ces airs ont été arrangés
pour la collection de Thompson.)
— 109. Sonate (en mi majeur) pour piano.
— 110. Sonate (en la bémol), idem. ,
— 11). Sonate (en ul mineur), idem, dédiée à l'ar-
chiduc Rodolphe.
— 112. Meeresiille vnd glûcldiche Fa/ir<( Calme
de la mer et heuieuse navigation), poëme
de Gœthe, à quatre voix et orchestre.
— 113 et 114. Z-es /??<;«<;'« d'^^/(c/(es, divertissement
final avec chœur, chant et orchestre pour
l'ouverture du théâtre de Pesth en 1812.
L'ouverture a été publiée comme œuvre
113, et la marche avec chœur comme œu-
vre H 4.
— 113. Grande ouverture (enwfl, pour orchestre,
dédiée au prince Radziwill.
— 416. Trio {Trcmale, cmpi, trcmate) pour so-
prano, ténor et basse avec accompagne-
ment d'orchestre.
Op. H7. Ouverture du prologue le Roi Etienne (en
mi bémol) , composée pour l'ouverture du
théâtre de Pcsth, à grand orchestre.
— 118. Chant élégiaque à quatre voix avec accom-
pagnement de deux violons, alto et vio-
loncelle ou piano.
— 119. Douze bagatelles nouvelles pour piano.
— 120. 33 variations sur une valse de Diabelli (en
nt) pour piano.
— 121. Adagio,^ variations et rondo (en «oi) pour
piano. '
— 121 bis. Opferlied (cantique) de Matthison à voix
seule, avec chœur et orchestre.
— 122. Bundeslied (chant de fédération) de Gœthe,
pour deux voix solos, chœur à trois voix,
avec accompagnement de deux clarinettes,
deux cors et deux bassons.
— 123. 2me messe solennelle (en ire), pour quatre
voix solos, chœur et orchestre.
— 124. Ouverture de fête (en ut) pour l'orchestre,
dédiée au prince Nicolas de Galitzin.
— 123. Neuvième symphonie, avec chœur (enre mi-
neur) , sur l'ode de Schiller, An die Freunde,
dédiée au roi de Prusse Frédéric-Guil-
laume III.
— 126. Six bagatelles pour piano.
— 127. Quatuor (en mi bémol) pour deux violons,
alto et violoncelle, dédié au prince Nicolas
Galitzin (n» 12).
— 128. Der Kiiss (Le Baiser), ariette à voix seule
avec piano.
— 129. Rondo a capricio (en sol ) pour piano,
œuvre posthume.
— 130. Quatuor (en si bémol) , pour deux violons,
alto et violoncelle, dédiée au prince Nico-
las Galitzin (n" 13).
— 13t. Quatuor (en vt dièse mineur), idem, dédié
au baron de Stutterheim (n° 14).
— 132. Quatuor (en lamineur), idem, dédié au prince
Nicolas Galitzin (n» 13).
— 133. Grande fugue (tantôt libre, tantôt recher-
chée,en si bémol), pour deux violons, alto
et violoncelle, dédiée à l'archiduc Rodol-
phe (n° IC).
— 134. La même fugue arrangée pour piano à quatre
mains, par Beethoven.
— 133. Quatuor (en fa) pour deux violons, alto et
violoncelle (œuvre posthume) (n" 17).
— 136. I)er glorreiche Augenblick (Le moment
glorieux) , cantate sur un poëme d'Al.
Weissenbach, pour quatre voix et orches-
tre, exécutée au congrès de Vienne, en 1814.
La même composition a été arrangée sur
un autre texte de F. Rochlitz sous ce titre :
Preis derTonkunst (Éloge de la Musique),
à quatre voix et orchestre.
— 137. Fugue (enr-f) pour deux violons, deux altos
et violoncelle, composée le 28 novembre
1817.
— 138. Ouverture de Léonore (en itt), à grand or-
chestre (cette ouverture est la plus belle
BEETHOVEN
3f7
et la premiîre qui fut composée en 1803
pour l'opt'ra qui porte maintenant le titre
de Fidel io.
La plupart de ces ouvrages ont élé arrangés
de vingt manières différentes pour les admira-
teurs de Beetlioven, et les éditions qui en ont
élé faites se sont multipliées en Allemagne, en
France et môme en Angleterre.
Ouvrages non classés.
1° Pour l'orchestre.
— K
— K
2.
— 12
— \h.
- 1
- 16
2me ouverture (en «/) de Léonorc refaite
sur les thèmes de la première, et très-in-
férieure.
Allegretto (en mi bémol), ouvrage pos-
thume.
Marche triomphale pour la tragédie intitu-
lée Tarppja (en ut).
2" Pour les instruments à cordes.
3. Andante favori [fin fa), pour deux violons,
alto et basse.
"io Pour les instruments à vent.
U. Rondino {en mi bémol) pour deux clarinet-
tes, deux hautbois, deux bassons et deux
cors, œuvre posthume.
5. Trois duos (en ut, en fa, en si bémol) pour
clarinette et basson.
W Pour piano avec accompagnement.
6. Rondo (en si bémol) avec orchestre, œuvre
posthume.
Trois quatuors originaux (en mi bémol, en ré,
en ut) pour piano, violon, alto et violon-
celle, œuvre posthume.
8. Petit trio (en si bémol) pour piano, violon
et violoncelle. Composé en <8I2.
9. Trio {en mi bémol), idem, œuvre posthume.
5o Pour piano et violon, ou violoncelle,
10. Uondo (en sol) pour piano et violon.
11. Douze variations (en/a), idem (sur le thème
de Figaro: Se vuol ballare).
Douze variations (en sol), idem (sur un thème
de l'oratorio de Judas Machubée).
Sept variations (en mi bémol), idem (sur un
thème de la Flûte enchantée).
6* Pour piano à quatre mains.
Six variations (en ré] sur un thème allemand,
écrites au mois de juin 1800 sur \'.4lbum
des comtesses Joséphine Deyen et Thérèse
Brunswick.
Variations sur un thème du comte Walds-
tein (en ut).
7" Pour piano seul.
Trois sonates (en mi bémol, en fa mineur,
et en ré), composées k l'âge de dix ans.
17. Sonate facile (en «(0, dédiée à Eléonore de
Breuning.
18. Deux petites sonates faciles (en soi, en /a).
19. Ronde (en la).
20. Prélude (en fa mineur).
21. Dern ère pensée musicale (en si bémol).
22. Neuf variations (en ut mineur) , sur une mar-
che de Drcssicr, cnn![iosées à l'âge de dix ans.
23.
24.
23.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
32.
33.
— 34.
— 36.
— 57.
— 58.
— 39.
— 40.
— 41.
— 42.
— 43.
— 44.
— 43
— 46.
CU.ANTS
— 47.
— 48.
— 49.
— 50.
— 51,
— 32,
Neuf variations (en la) , sur le thème de la
Mulinara: QuanCé piu bello.
Six variations (en sot), sur le thètne de la
Molinara : î^el cor piu non mi sento.
Douze variations (en ut) sur le Menuet à
la Figano.
Douze variations (en la) sur le thème d'une
danse russe, dansée par Madame Cassenlini
dans le ballet : la fille de la Foret.
Huit variations (en ni) sur le thème de Ri-
chard Caur de Lion. Une fièvre brûlante.
Dix variations (en si bémol) sur un thème
ûeFalstaff, opéra de Salieri.
Sept variations (en/a) sur le thème : Kind,
willst du ruhig schlafen (Enfant, veux-
tu dormir tranquillement).
Huit variations (en fa).
Treize variations (en la) sur le thème de
l'opéra le Chaperon rouge : Eshallein mahl
ein aller Mann (Il y avait une fois un vieil-
lard).
Six variations très-faciles (enso^-
Six variations faciles (en /a) sur un air suisse
pour piano ou harpe.
\ingt-quatre variations (en ré) sur le thème
Fieni, Amore, dédiées à la comtesse de
Halzfeld.
Sept variations (en ni) sur God save the
King.
Cinq variations (en ré) sur Rule Brilannia.
Trente-deux variations (en ut mineur) sur
un thème original.
Huit variations (en si bémol), sur l'air :
Ich hab' ein kleines Hûttchen mehr (Je
n'ai qu'une petite chaumière).
danses et mabcues.
Six danses dans la manière des Landler
(valses lentes).
Sept idem.
Douze danses allemandes qui ont été exécu-
tées dans la petite salle de la Redoute im-
périale, à Vienne.
Six contredanses.
Menuet (en ??ii bémol).
Six menuets.
Douze menuets qui ont été exécutés dans la
petite salle de la Hedoute impériale, àVienne.
Marche militaire pour- instruments à vent
(œuvre posthume).
ET LIEDER AVEC ET SANS ACCOMPAGNEMENT.
Canon pour soprano, alto, ténor et basse.
Chant des moines pour le Guillaume Tell
de Schiller, à deux- ténors et deux basses.
Chant final du vaudeville patriotique Die
Ehrenpforten (Les arcsde triomphe), pour
voix seule avec chœur et piano.
Der Abschied (Le Départ), chant à voix seule
avec piano.
Andenhen (Souvenir), de Matlhisson, idem.
Empfindungen bei Lydien's Untreue (Sen-
sations produites par l'infidélité de Lydie),
iiicm.
318
BEETHOVEN
— 53. Gedevhe mein (Ma pensée), idem {œuvre
posthume).
— S4. Six poèmes allemands, etc., idem.
— 55. Trois chants à voix seule avec piano.
— 56 Ich liebe Dich (Je l'aime), idem.
— 57. £iedaMsrfer/*'e>-«c (Chant dans le lointain),
idem.
— 58. Deux Lieder à voix seule avec piano.
— 59. Der freie Mann (L'Homme libre), pour
voix solo, chœur et piano.
— 60. O dass ich Vir vom stillen Auge pour voix
seule et piano (écrit sur l'album de Mlle
Regina Lang, cantatrice de la cour de Ba-
vière) .
•— 61. Cantiqueà voix seule avec accompagnement
de piano.
— 62. Die Sfhnsucht narh dem Rheiii [les Sou-
venirs du Rhin), idem.
— 63. Seufzer eines Ungeliebten (Soupir d'un
amant malheureux) , de Biirger, et die
Klaje (La Plainte, de Gœthe, idem
(œuvre posthume).
— 64. Tri/iAZJed (Chanson à boire), idem.
^ 65. Der Trachlelschlag (Le Cri de la caille),
idem.
Plusieurs biographies de Beethoven ont paru,
non-seulement dans les recueils biographiques
généraux , mais en notices spéciales. Les notices
publléesjusqu'à cejour ont pour titres -. 1° Ludwig
Van Beethoven, Biographie desselben, ver-
bundenmit Vrtheilen ûber seine Werke {Loah
Van Beethoven, sa biographie, avec des appré-
ciations de ses œuvres, par Jean Aloys Schlosser) ;
Prague, 1828, in-8° de 93 pages, ornée de son
portrait. Ouvrage fort médiocre dont le fond est
emprunté aux gazettes musicales. — 2° Biogra-
phische Nolizen ûber Ludwig Van Beethoven
(Notices biographiques sur Louis Van Beethoven,
par le docteur F. G. Wegeler et Ferdinand Ries).
Coblence, Bàdeker, 1838, 1vol. petit in-8° de
164 pages, avec le portrait de Beethoven en
silhouette, à l'âge de seize ans, et des fac-similé
de son écriture à diverses époques. Ce petit vo-
lume, rempli d'intérêt, n'est pas un livre à pro-
prement parler; ce sont des souvenirs rapportés,
sans prétention littéraire, par le docteur Wege-
ler, médecin distingué et ami d'enfance de Bee-
thoven , et par le compositeur Ries, qui fut élève
de l'illustre maltreàVienne et vécut dans son inti-
mité pendant plusieurs années. Les faits sont pré-
sentés dansdes paragraphes qui ne se lient point
entre eux par un ordre logique, et sont entremêlés
de lettres de Beethoven ; mais M. Wegeler, qui a
puiséà des sources authentiques, éclaircit beaucoup
de points concernant la famille du compositeur,
sa jeunesse , ses études et ses relations , sur les-
quelles on n'avait auparavant que des notions
douteuses ou erronées. Les souvenirs de Ries
sont aussi jetés sans ordre et pêle-mêle dans sa
narration; mais ils sont remplis d'intérêt pour
l'élade du caractère et de la vie intime de son
illustre maître. Un extrait du livre de Wegeler
et de Ries a été publié en langue française par
M. G.-E. Anders , sous le titre de Détails bio-
graphiques sur Beethoven; Paris, 1839, in-8°
de 48 pages. — 3° Biographie von Ludwig van
Beethoven. Verfosst von Anton. Schindler;
Munster, 1840, 1 vol. in-S" de 296 pages, avec
le portrait de Beethoven et deux fac-similé.
Ami de Beethoven pendant plus de vingt ans,
Schindler a pu recueillir sur la vie et les travaux
de ce grand homme des renseignements que d'au-
tres n'ont point connus; sous ce rapport, son
livre est digne d'intérêt, quoique le narrateur,
assez médiocre écrivain, se livre à des divaga-
tions fatigantes. Il est en quelque sorte l'histo-
rien du ménage de l'artiste et n'épargne pas les
détails sur les choses les plus vulgaires; mais,
quels qu'en soient les défauts, cette Biographie de
Beethoven est, avec le petit volume de Wegeler et
Ries, la source où il faut puiser pour écrire un bon
ouvrage sur le même sujet. Le célèbre pianiste
et compositeur Moscheles a traduit en anglais le
livre de Schindler, avec des additions et des ana-
lyses des œuvres de Beethoven; Londres, 1841 ,
2 vol. gr. in-12. Schindler a publié, comme sup-
plément à son ouvrage, un volume intitulé Lud-
ivig Van Beethoven in Paris (Louis Van Bee-
thoven à Paris); Miinster, 1842,in-8°. Sous ce
tilre assez bizarre,Schindler entend l'opinion qu'on
a du génie et du talent de Beethoven dans la ca-
pitale de la France et les traditions d'exécution
qu'on y a de ses œuvres. Les aperçus erronés et
les appréciations fausses abondent dans cevolume.
4° Une Esquisse biographique de Beethoven ,
composée par Ignace de Seyfried, a été placée
comme supplément dans le volume intitulé :
Ludwig Van Beethoven's Studien im General-
basse, Contrapuncte und in der Compositions-
Ze/îre; Vienne, 1832, in-8'', ainsi que dans la
deuxième édition du même livre dont le texte a
été revu par Henri Hugh Pierson (Edgar Manns-
feldt); Hambourg, 1853, in-8°. On la trouve aussi
dans la traduction française du même ouvrage
par F.-J. Fétis intitulée : Études de Beetho-
ven. Traité d''harmonie et de composition;
Paris, M. Schlesinger, 1833, 2 vol. in-S". Bien
qu'incomplète, cette notice a de l'intérêt et
doit être consultée , comme complément des ou-
vrages précédents.
On a aussi quelques petits écrits et brochures
sur des circonstances particulières relatives à
Beethoven , parmi lesquels on remarqile. —
5° Ludwig Van Beethoven''s Tod (Mort de Louis
BEETHOVEN
Van Beethoven), par Frédéric-Auguste Kaunc ;
Vienne, 1827 , in-8°. — 6" Erlnnerung an Lud-
wig Van Beethoven tmd Feier der Enthûllung
seines Monumentes zu Bonn am 10, H,7ind
12 Auguste {?,kb,Enthaltend L. V. Beethoven s
Biographie, tic. ( Souvenir ù Beethoven et fête
de l'inauguration de son monument à Bonn les
10, 11 et 12 août 1845, contenant la Biographie
de Beeliioven , etc. ) ; Bonn, (845, in-8° de 30
pages avecle portrait de Beethoven, et des planciies
représentant la maison où il naquit, son monu-
ment funéraire à Vienne, et sa statue à Bonn.
L'auteur de cet écrit est M. Breidenstein, pro-
fesseur de musique à l'université de Bonn. —
7° Ludwig Van Beethoven; Festgabe bei der
Inauguration seines Denkmales. (Louis van
Beethoven : fôles données pour l'inauguration de
son monument, par Wilhelm Millier) ; Bonn,
1845, in-8». Le grand artiste est aussi le sujet
des ouvrages suivants : — 8° Beethoven : Fine
phantastische Charakteristik (Beethoven : Ca-
ractéristique de fantaisie, par Ernest Ortiepp);
Leipsick, J.-H. Hartknoch; 183tî, petit in-8° de
96 pages. L'auteur de cet écrit s'est proposé de
faire une sorte de roman dans la manière de
Hoffmann ; mais il est resté loin de son modèle.
— 9" Beethoven et ses trois styles. Analyses
des sonates de piano, suivies de l'essai d'un
catalogue critique, chronologique et anecdoti-
que de l'œuvre de Beethoven, par W. deLenz;
Saint-Pétersbourg, Bernard, 1852, deux volumes
in-8°, tissu d'extravagances et de niaiseries, écrit
d'un style ridicule. Enfin , M. F.-L. Berlhé a
publié un volume qui a pour titre : Beethoven ,
drame lyrique, précédé de quelques mots sur
Vexpression en musique et sur la véritable
poésie dans le drame lyrique; Paris, Denain,
1836, in-8'' de 230 pages. Les quelques mots
sur l'expression en musique forment 136 pages;
la véritable poésie dramatique de M. Berthé est
un peu vulgaire.
Deux monographies importantes de Beethoven
ont été publiées postérieurement à tous ces
écrits : La première est l'ouvrage de feu
M. Alexandre Oulibicheff {Voyez ce nom), ama-
teur distingué et auteur d'une Biographie de
Mozart, en 3 volumes in-8°, où l'on trouve d'ex-
cellentes choses. Cet ouvrage a pour titre Bee-
thoven, ses critiques et ses glossateurs (Leip-
sick et Paris, 1857, 1 vol. gr. in-8°). L'autre
monographie, ouvrage de M. le professeur Marx
de Berlin, a pour titre : Ludwig Van Beethoven.
Leben und Schaffen (Louis Van Beethoven,
Vie et travaux), Berlin, OttoJanke, 1859, 2. vol.
in-8°. L'amateur russe et le professeur allemand
sont à des points de vue absolument différents;
-- BEFFARA 319
car. pour le premier, la plus belle période de
gloire de Beethoven est la première, et les deux
autres ne sont qu'une décadence progressive ;
pour M. Marx, au contraire, il y a progrès dans
toute la carrière de Beethoven. A la vérité, il ne
s'abandonne pas aux élans excentriques de ces
admirateurs fanatiques appelés glossateurs par
M. Oulibicheff; son analyse est calme et presque
didactique; mais il n'en repousse pas moins avec
énergie mon jugement sur les dernières œuvres
de son héros , et surtout celui de M. Oulibicheff,
qn'il appelle, je ne sais pourquoi, mon copiste
( Herr Fetis und sein Nachsprecher Oulibi-
cheff, 1'"' partie, page 310 ). Laissons le temps
faire son œuvre sur toutes ces opinions.
BEFANI (Le P. Isidore), grand cordelier,
né à Rome vers 1740 , fut agrégé à la chapelle
pontificale en 1788, et nommé ensuite maître de
chapelle à l'église des Douze-Apôtres. Il a com-
posé pour l'église; ses ouvrages sont restés en
manuscrrt. M. l'abbé Santini possède de cet au-
teur des messes à huit voix, un Dixit à huit,
un Benedictus à huit , un Salvum me fac à
huit, des messes à quatre, Beatus vir à six,
beaucoup d'études sur les tons du plain-chant, et
quelques canons.
BEFFARA (Louis-François), né à Nonan-
court (Eure), le 23 août 1751, a rempli les fonc-
tions de commissaire de police à Paris, depuis
1792 jusqu'en 1816, et s'est retiré des affaires h
cette dernière époque. Outre divers travaux in-
téressants sur Molière et Regnard, dont une partie
a été imprimée, Beffara a fait, pendant cinquanle
ans, d'immenses recherches sur les théâtres lyri-
ques de la France et de l'étranger, particulière-
ment sur les auteurs et sur les compositeurs des
opéras, ballets et divertissements qui y ont été
représentés, sur les acteurs, danseurs et musi-
ciens de l'orchestre. Elles sont consignées dans
les ouvrages dont les titres suivent, lesquels
sont en manuscrit et ne peuvent être considérés,
en l'état où ils sont , que comme d'excellents
recueils de matériaux. \° Dictionnaire de l'A-
cadémie royale de musique, contenant l'his-
toire de son établissement, le détail de ses di-
rections et administrations, des pièces représen-
tées sur son théâtre jusqu'à présent, les diction-
naires des auteurs des paroles et de la musique,
avec la liste de leurs pièces, 7 vol. in-4'', avec 7
autres volumes, aussi in-4°, d'ordonnances et de
règlements sur ce spectacle ; 2° Dictionnaire al-
phabétique des acteurs, actrices, danseurs et
danseuses de V Académie royale de musique,.
3 vol. in-fol. — 3° Tableau chronologique dea-
représentations journalières des tragédies ly-
riques, opéras, ballets, depttis V établissement
320
BEFFARA — BÈGUE
de V Académie, en 1671, jusqu'à présent; 4°
Dictionnaire alphabétique des tragédies ly-
riques, opéras, ballets , pantomimes, non re-
présentes à l'Académie royale de musique;
sui\1 du Dictionnaire des auteurs des paroles
f.t des compositeurs de musique, avec la liste
de leurs pièces, 5 vol. iii-fol.; 5° Dramaturgie
lyrique étrangère, ou Dictionnaire des opé-
ras, cantates, oratorios, etc., représentés et
imprimés dans les pays étrangers, depuis la
fin du quinzième siècle, avec des notices sur
les auteurs des paroles et les compositeurs de
la musique, il volumes in-4°. Les soins que
Beflara a portés dans l'examen des registres de
baptême, de mariage et de décès, ainsi que dans
les titres des archives du département de la
Seine, donnent à son travail un caractère d'au-
thenticité irrécusable. Beffara a rassemblé une
collection nombreuse et complète,non-seulement
de tous les poèmes d'opéras qui ont été repré-
sentés, mais des diverses éditions qui en ont été
données ; le catalogue de cette collection forme
un vol. in-4°. Beffara est mort à Paris le 2 fé-
vrier 1838, à l'âge de près de quatre-vingt-sept
ans. Par son testament il a laissé ses collections
de manuscrits à la bibliothèque de la ville de Paris.
BEFFROY DE REIGIVY (Lodis-Abel),
plus connu sous le nom de Cousin-Jacques, né
à Laon le 6 novembre 1757, est mort à Paris,
le 18 décembre 1811. Dominé par son penchant
à la bizarrerie, ce littérateur n'a dû le succès
éphémère de la plupart de ses pièces de théâtre,
qu'à la singularité des titres et des sujets. 1! en
faisait les paroles et la musique ; mais il n'avait
guère plus de talent dans un genre que dans
l'autre; aussi tout cela est-il déjà tombé dans
l'oubli. Les pièces dans lesquelles il a mis de la
musique de sa composition sont celles dont les
titres suivent : 1° Les ailes de l'Amour, diver-
tissement en un acte, 1786. — 2° L'Histoire uni-
verselle, opéra comique, 1789. — 3" Nicodème
dans la Lune, en trois actes, avec des ariettes,
1790. Cette pièce eut 191 représentations en 13
mois. — 4° Le Club des bonnes gens, opéra
comique, 1791, au théâtre de Monsieur, et dans
la même année, au tlwâtre Feydeau, Nicodème
aux en/ers. — 6° Les deux Nicodèmes, opéra
comique, 1791, qui excita de grandes rumeurs
parmi les démocrates, et qui ne put aller au delà
de la septième représentation. — 6° Toute la
Grèce, opéra comique, 1794. — 7* La petite
Nanette, opéra comique en deux aoles, repré-
senté au théâtre Feydeau, le 19 frimaire an v
(179G). — 8° Turlulutu, empereur de l'Ile-
verte, folie, bêtise, farce, comme on voudra,
en trois actes, avec une ouverture, des entr'ac-
tes, des chœurs, des marches, des ballets , des
cérémonies, du tapage, le diable, etc., 1797. —
9" Jean-Baptiste, opéra comique en un acte,
1798. — 10° Madelon, comédie mêlée d'ariettes,
1800. Beffroy de Reigny a publié aussi un recueil
de chansons intitulé : Soirées chantantes, ou
le Chansonnier bourgeois, Paris, 1805, 3 vo-
lumes in- 8", et les Romances de Berquin mi-
ses en musique, Paris, 1798, deux volumes,
in-S".
BEGER (Laurent), fils d'un tanneur de Hei-
delberg, naquit le 19avril 1653. Il étudia d'abord
la théologie, mais il l'abandonna pour se livrer
à l'étude du droit. Il fut successivement biblio-
thécaire de Charles-Louis , électeur Palatin , et
conseiller de Frédéric -Guillaume, électeur de
Brandebourg. Béger mourut à Berlin, le 21 avril
1705, âgé de cinquante-deux ans. Dans son Thé-
saurus Brandenburglcus selectus , Cologne,
1696, in-fol., continué en 1699, et augmenté
d'un troisième volume en 1701, il traite des ins-
truments de musique des Grecs.
BEGER (M. -Auguste), recteur de l'école
communale de Neustadt, en Bavière, s'est fait
connaître par un écrit intitulé : Die Wûrde der
Musik im griechlschen Alterthume zur Beach-
tung fur die Gegenwart (L'importance de la
musique dans l'antiquité grecque, etc.). Dresde,
Arnold, 1839, in-8" de 119 pages in-8"). Dans
ce petit ouvrage, l'auteur traite en particulier des
diverses espèces d'instruments à cordes chez les
Grecs et de leur usage dans l'accompagnement
de la poésie chantée.
BÉGREZ (Pierre Ignace), né à Namur, en
Belgique le 23 décembre 1787, entra, à l'âge de
six ans, à l'église cathédrale de Saint-Aubin
comme enfant de chœur. Quelques années après
il vint à Paris, et fut reçu au Conservatoire de
musique dans une classe de violon, le 17 floréal
an XII ; il fut aussi attaché comme violoniste à
l'orchestre du Théâtre italien; mais sa voix étant
devenue un ténor assez beau , il abandonna le
violon, et entra au pensionnat du Conservatoire,
où il devint élève de Garât, au mois d'octobre
1806. En 1814 il obtint le premier prix de chant
dans cet établissement, et en 1815 il débuta à
l'Opéra dans Armlde, Anacréon, et les Baya-
dères. Vers la lin de la même année, M. Waters,
alors propriétaire du Théâtre du Roi, à Londres,
l'engagea, et Bégrez débuta à ce théâtre comme
premier ténor; il y est resté attaché jusqu'en
1821, où il a quitté la carrière dramatique pour
l'enseignement. Il a publié plusieurs pièces dé-
tachées pour le chant et s'est fixé à Londres.
BEGUE (Nicolas-Antoine LE), organiste de
léiilise de Saint-Méry, naquit à Laon en 1630.
RÊGUE (T.K1 — BELCKE
"51
îl fui nomnii" orj;.inislc <1n roi par quartier, ù la
mort (le l'abbé de la l'arre, en 1078, et mourut
à Paris, le 6 juillet 1702. On dit qu'il se faisait
aider par un de ses élèves, pour embrasser à la
fois une grande partie du clavier, ce qui donnait
à son exécution un effet extraordinaire : c'est
un conte puéril. Le Bègue a publié : \° Pièces
d'orgue, i", 2" et .T livres; Paris, 1670, in-4'>
oblong. — 2" Pièces pour le clavecin; Paris,
1677, iu-4'' oblong. La Bibliotbèquc impériale de
Paris pos-ède des Magnificat, des pièces d^orgiif
de sa composition, en manuscrit, et des airs à
deux^et trois parties avec la basse continue;
Paris, 1678, in 4".
BEIIAGIIEL (Gottueb), professeur au
Lycée de Heidelberg, actuellement vivant (1857),
€st auteur d'une petite dissertation intitulée :
Die erhal/enen Reste altgriechischer Musik
( Les restes conservés de l'ancienne musique
grecque); Heidelberg, 1844, in-8° de 12 pages,
avec deux planclies de mcsiqus. L'objet de cet
opuscule est de traduire et d'barmoniserun clinnt
de l'hymne 12" d'H-omère^ déjà publié par Mar-
cello dans sa colleclion de psaumes.
BEILM (Georges), né en 1621 à Leitmcritz,
en Bohême, entra chez les jésuites en 1636, à
l'âge de quinze ans. 11 y enseigna successivement
les humanités, la philosophie, les mathématiques
et la théologie. Il mourut à Znaym, le 7 novem-
bre 10G6. On a de lui : Propositiones mathe-
matico-musurgica.' ; Prague, 1050, in-4°. C'est
un recueil de curiosités sur l'acoustique.
BEUR (Samuel-Bodolphï), compositeur qui
vivait au tomraentement du dix-huitième siècle,
est connu par un recueil intitulé : Mnsicaiia,
contenant des menuets, des passe-pieds, etc., pour
deux violons et basse ; Leipsick, 1703.
BEHREIXDT (Jacques- Joseph), professeur
au séminaire des Instituteurs à Graudenz, ville
des États prussiens en Pologne, a publié un re-
cueil de chants poiu' une, deux, trois et quatre
voix, avec les textes en allemand, en polonais
et en latin, à l'usage des écoles, sous ce litre :
Snmmlung ein,zwetj,drey-und vierstimmiger
Blrckenund Schullieder,Motetten, Intonation
in Chorale, Liturgieen, Chore, Messen, Ves-
per und andcrer Geistlieder atif aile Festtage
im Jahre, etc.; Glogau , 1831, 2 vol. gr. in-4"
ob. Ce recueil est noté en chiffres.
BEHRENS (Jean-Jacques), organiste de
l'église des Orphelins, à Hambourg , et directeur
d'une école de chant attachée à cette institu-
tion, vers 1840. Il s'est fait connaître par
quelques compositions dont les titres suivent :
r Mélodie chorale, Wie herrlich strahlt der
Morgenstern , avec cinq harmonies différentes
BIOCR. JINIV. DES MUSICIE.NS. — T. I.
pour l'orgue oh pour quatre voix; Hambourg,
Cranz. — 2" Double cho'ur sur un choral avec
luie fugue; ibid. — 3° Plusieurs recueils de
chants à plusieurs voix, avec ou sans accompa-
gnement de piano; ibid. — 4° Trois chansons al-
lemandes avec accompagnement de piano, œu-
vre 7; ibid. On a aussi de cet artiste des exercices
do chant intitulés : Vorûbungen zum Gesang-
unterrichte fur Schulen ; Hambourg, Cranz.
BEHRENS (CnRisT0PnE-HENR[-TnÉ0D0RE),
compositeur et professeur de musique à Bruns-
wick, est né à Erckerode, près de cette ville,
le 27 mars IS08. On a de lui les ouvrages dont
voici les litres : 1° 6 Lieder et chants pour voix
de basse avec piano ; Brunswick , Rademach. —
2" Deux rondeaux pour piano sur des thèmes de
Guillatime Tell; Brunswick, Meyer. — 3" Trois
chansons allemandes avec piano; Hambourg.
— 4" 6 Lieder pour bariton avec piano , op. 7;
Brunswick, Meyer. — 5° Six idem, op. 8; ibid.
— 6" Chants et Lietier pour basse ou bariton,
op. 10; Leipsiek, Whistliiig. Behrens a écrit une
ouverture et des entr'actes pour le drame d'fni-
mermann, intitulé : Trauerspiel in Tyrol ( tra-
gédie dans le Tyrol ) ; plusieurs ouvertures de
concert exécutées à Brunswick, des ouvertures
pour les tragédies Wallenstein et Loiiis XI ;
une symphonie à grand orchestre, en fa mineur ;
une cantate, Da.ç Loos des Kriegers (Le sort du
guorrier), et plusieurs autres compositions.
BEISSEL ou BEYSSEL ( Jonocus), con-
seiller des archiducs d'Autriche , orateur, poêle,
jurisconsulte et piiilosophe, vécut à Aix-la-Cha-
pelle depuis 1474 jusqu'en 1494. Parmi ses ou-
vrages, on en trouve un intitulé : Dialogus ad
Hennolaum Barbarxim de optimo génère mu-
sicorum. Cet ouvrage est resté en manuscrit.
BEKUIIR (Gottiob-Frédéric-Guillaume),
prédicateur à Vogelsdorf, en Saxe, vers la fin
du dix-huitième siècle, a publié un livre intitulé :
Ueber die Kirchen-Melodien (Sur les mélodies
de l'Église); Halle, 1796, in-S", 154 pages. Cet
ouvrage est excellent, et l'un des plus instruc-
tifs qu'on possède sur cette matière.
BELCKE (Frédéric-Auguste), célèbre trom-
boniste et compositeur, est né à Lucka ,
dans le duché de Saxe-Altenbourg, le 27 m^'i
1795. Fils d'un musicien de ville, et destiné à
remplir les mômes fondions , il dut apprendre,
suivant l'usage, à jouer de tous les instruments
mais le cor fut celui qu'il sembla d'abord pré-
férer. Déjà , à l'âge de onze ans , il se distinguait
par son habileté à jouer de cet instrument, quand
il fut obligé d'apprendre à jouer du tromhont-
basse, parce qu'il n'y avait point de tromboniste,
dans sa ville natale. A défaut de musique pour
21
322
BELCKE — BELDEMANDIS
)o trombone , son père lui fit jouer des éhules et
(ies solos de basson; il en résulta pour lui qu'il
apprit à jouer de son instrument avec plus de
délicatesse qu'on ne l'avait fait jusqu'à lui. A
ràjic de seize ans, il remplaça Saclise comme
musicien de ville à Âllenbourjî. Au retour de cet
artiste, Beleke se rendit à Leijjsick pour y ache-
ver SCS études. Ce fut dans cette ville qu'il se fit
entendre pour la première fois, en 1 81", dans
un «oncert public. Il y exécuta un pot-pourri
pour le trombone , composé par C. H. Meyer , et
fit naître le plus vif étonnenient par sou talent
extraordinaire. Feu de temps après , il entreprit
son premier voyage avec son frère, flûtiste dis-
tingué. Ils se firent entendre avec succès à Mer-
sebourg, Halle, Dessau et Berlin. Arrivé dans
cette dernière ville , il y fut nommé musicien de
la cliambre du roi. Ce fut là <pie Cb.-M. de We-
ber l'entendit; ce compositeur, émervefllé de son
talent, l'engagea à se rendre à Dresde ; il y arriva
au mois de mars 1S17. Weber lui oITrit une
place d.ms la chapelle du roi; mais Beleke ne crut
pasdevoiraccepter.il continua ses voya^^es, et
reparut en 1S21 à Berlin, oii il se fit entendre sur
le cor à pistons de Stoelzel. l^n 1824 il donna
des concerts à Leipsitk ; en 1828, à Dresde; en
1830, à Breslau, Vienne et Presbourg. En 1832,
il entreprit un nouveau voyage avec son frère
et visita le cours de Brunswick , Hanovre et Co-
penhague. De retour à Berlin par Hambourg, il
paraîts'être fixé enfin dans la capitalede la Prusse.
H s'y est fait particulièrement admirer en exécu-
tant dans l'église Sainte-Marie {Marïenkirche) ,
avec le directeur de musique Baeh, des morceaux
concertants pour trombone et orgue. Le premier
essai de ce genre de inusique a été fait en 1827
jxir ces deux artiste';. Ou connaît de Beleke des
pièces faciles pour le piano , des variations et des
walses (Leipsick, Hambourg et Berlin); une
grande quantité de danses pour le môme instru-
ment; un recueil des chants pour quatre voix
d'hommes ; un canon pour les mêmes voix ; six
duos pour deux trombones, œuvre 50; duo con-
certant pour deux trombones-basses, op. 55;
douzeétudes pour trombone-basse avec lagamme,
op. 43; concertino pour trombone, op. 40;
étude pour trombone, œuvre 18 ; fantaisie pour
trombone et orgue , exécutée à Potsdam , le
5 juin 1834, à la lôte musicale; concerto mili-
taire pour trombone et orchestre ; pol-pouiri
sur des airs de Don Juan et de Jessonda;
adagio et rondeau pour deux trombones, exé-
cuté en 1832 avec M. Schweizer. Beleke a beau-
coup écrit pour le piano, particulièrement des
pièces facilss à quatre et à deux mains, telles
«4»e marclics à quatre mains, op. 19 et 29; exer-
cices faciles, idem , op. 22 et 26 ; pièces faciles
idem, en plusieurs cahiers, rondos à deux
mains, op. 8, 25 et 45; plusieurs cahiers d'exer-
cices; de petites sonates et des variations idem.
1ÎELCISE(Chrétien-Gottuebou Théophile),
frère du précédent, né le 7 janvier 1796, est
considéré comme un des bons flûtistes de l'Alle-
magne. Après avoir fait ses premières études de
musique sous la direction de son père, il se rendit
à Berlin, où il prit des leçons de M. Schœck ,
première flûte du théâtre royal et de la chambre
du roi. Dans un voyage qu'il fit avec son père,
il fut atteint d'une assez longue maladie qui l'o-
bligeade suspendre ses travaux. En 1819, il obtint
une place de seconde fiûle à l'orchestre de Leip-
sick, et il profita de son séjour en celte viUe
pour apprendre les règles de l'harmonie sous la
direction de 'Veinling, directeur de l'école de
Saint-Thomas. Quelques voyages qu'il fit ensuite
avec son frère l'ont fait connaître avantageuse-
ment. Ui>e maladie, plus longue et plus doulou-
reuse que la première, l'obligea, en 18.32, à se
retirer à Lucka; mais sa santé étant rétablie, il
a accepté , en 18.34 , la place de Hùte solo.dans la
musique du duc Frédéric d'Alteubourg. On a
gravé de sa composition : un concertino puurflùte
et orchestre ou piano; des variations sur un
thème de Cb.-M. de Weber, Berlin, Schlesinger ;
une fantaisie pour fiùte et orchestre; deux œu-
vres de caprices; trois duos pour deux flûtes;
un divertissement pour flûte et orchestre, ainsi
que plusieurs autres ouvrages, des recueils de
chants et des petites pièces pour le piano.
BELDEMANDIS (PRODosciMODE),né àPa-
doue, était en 1422 professeur de philosophie
dans cette ville On a de lui des commentaires sur
la doctrine de Jean de Mûris. Ils se composent
des ouvrages suivants, qui porlenttous la date de
l'année où ils furent terminés : I. Compendium
tractatus practicœcantusmensurabilis, 1408,
II. Opusculum contra thcoricam partem,sire
spéculât ivam Lucidarii Marchelli Patavini ,
1410. IH. Cantus mensurahilis ad modum
Italicorum, 1412. IV. Tractatus musicxplanx
in gratiammagistriAntonii de Pontcvico Bns-
ciani, 1412; Y. De Cuntrapunto, 1412. Cf's
divers ouvrages se trouvent il Padoue , en
manuscrit; le père Martini en possédait des
copies qui sont aujourd'hui à la bibliothèque du
Lycée communal de musique, à Bologne, Il
existe, dans la Bibliothèque du Vatican, sous le
n° 5321, deux ouvrages manuscrits de Belde-
mandis; le premier est le traité du contre-point ;
l'autre a pour titre : Canon in que doceiur musi-
cam sppculativam, etc. Celui-ci est le numéro'pré-
c(kleinme!it cité S'.ms un autre titre. Il est regret-
RELDEMANDIS — BELIN
323
taWe que l'abbé Gorbert n'ail pas cru devoir
faire entreries ouvrages de Bcldeniandis dans sa
collection d'auteurs sur la musique, pour le seul
motif que l'auteur n'était pas ecclésiastique. La
connaissance de ces ouvrages serait d'un linut
intérêt, non à cause des discussions de l'nuleur
sur la partie spéculative de la musique traitée par
Marclietto de Padoue, mais parce que cet auteur
«tait contemporain de Dufay, de Binchois, et
qu'il appartient à une des époques les plus im-
portantes de riiistoire de l'art. Ses ouvrages sont
intermédiaires entre ceux de Marclietto de Padoue
et de Jean Tincloris. Il serait curieux de savoir
quellesdiftéiencesil pouvaity avoir, en 1412, entre
la musique mesurée, suivant la doctrine des Ita-
liens, et le système de ce genre de musique per-
fectionné par Dufay.
BELEM (Antoine de), chanoine régulier, né
à Evord, en Portugal, vers 1620, fut maître de
chapelle et ensuite prieur de son ordre à Espin-
hero, vers 1667. Il est mort en 1700, dans le
inunaslère de Belem. Ses compositions se trou-
yaient en manuscrit dans la Bibliothèque du roi
de Portugal, en 1755; elles consistent en répons,
psaumes, lamentations et Miserere à quatre,
cinq et six chœurs, de quatre voix chacun.
BELFOUR (Je.\n), littérateur écossais, vi-
vait à Londres dans les premières années du dix-
neuvième siècle. On lui doit une- tiaduction an-
glaise du poëme de Yriarte sur la musique : elle
a été publiée avec luxe typographique, sous ce
litre: Music, a dtdaclïc Poem,from Ihe spa-
nish of Yriarte. Londres, 1811, gr. in-8°.
BELGIOJOSO ( Le con;te Antoine), ama-
teur de musique , chanteur distingué , et membre
de l'Union philharmonique de Bergame, né à Mi-
lan vers 1810, a vécu longtemps à Paris et y a
pris des leçons des meilleurs chanteurs du Théâtre-
Italien. Vers 1840 il est retourné dans sa patrie,
et y a publié un opuscule intitulé ; SuW arte ciel
canto, brevi osservazioni. Milan, 1841, in-l2
de deux feuilles. En 1845 , le comte Belgiojoso a
tait représenter au théâtre Re de Milan un opéra
de sa composition qui avait pour titre : La Figlia
di Domenico. Le sujet de cet ouvrage était tiré
<l'un vaudeville fiançais. On connaît de cet ama-
teur : Set Notturni a voci sole senza accom-
pagnamenio; Milan , Ricordi. Les quatre pre-
mières pièces de ce recueil sont pour ténor et deux
basses ; la cinquième, pour deux ténors et deux
basses, et la dernière pour soprano, contralto,
ténor et basse. — 2° Vidi or ora di sole un
raggio, canzonetle pour ténor; ibid. — 3° No,
mia bella, non voler,, canzonetle avec piano;
ibid. Cet amateur distingué est mort à Milan en
1858.
Deux autres amateurs de la même famille se sont
(ait connaître aussi par de légères compositions
pour le chant. Le premier, prince Emile Bel-
giojoso, a publié : 1° L'Esule, ariette avec ac-
compagnement de piano; Milan, Ricordi. —
2° Splende vira e rassegianle ; idem, ibid. —
'A° La Continanza; idem, ibid. L'autre, comte
Pompée Belgiojoso, est auteur de YAbbandono,
romance avec piano; Milan, Ricordi, et de Ne
vCoubliez pas, romance; ibid. On connaît aussi
de lui quelques bagatelles pour le piano.
BELHAVER (Vincent). Voyez Bellliaver.
BELIKOFF (M.), inspecteur de la chapelle
impériale de Russie, actuellement vivant ( 1857 ) ,
a traduit en langue russe le livre de l'auteur de
cette biographie intitulé : Curiosités historiques
delà musique, etc. {Istoriczeska despotamiat-
nosti Muzeiki, etc. ) Saint-Pétersbourg, 1833 ,
1 vol. in-8°, et La Musiquemise à la portée de
tout le monde ( Muzeika poniatnaia diia
Wsieche, etc.), ibid. ,1835, 1 vol. in-8". Cette tra-
duction est faite d'après la première édition fran-
çaise publiée à Paris en 1830. Au moment oii
cette notice est écrite, M. Belikoff est occupé de
la traduction du Résumé philosophique de l'his-
toire de la musique, qui sert d'introduction à la
première édition de la Biographie universelle
des Musiciens.
BELIN (Jehan), chantre à dédiant, c'est-à-
dire musicien coiitra[)untiste de la chapelle du
roi de France iMiilippe le Bel , était au service de
ce prince en l'année 1313, comme le prouve un
compte des dépenses de la maison royale, daté
de cette année (Mss. de la Biblioth. du Roi, coté
F 540 du supplément).
BELIi\ (Guillaume) , était ténor de la cha-
pelle du roi de France François l", suivant un
état, dressé en 1547 , du drap noir livré |>our les
robes de deuil aux obsèques de ce prince (Mss.
de la Bibliothèque du Roi, F 542). Ce Guillaume
Belin est vraisemblablement celui que Laborde
appelle Bellin (Guillaume), qui fut chanoine de
la Sainte-Chapelle à Paris, et qui a mis en mu-
sique, à quatre parties Les cantiques de la
Bible, mis en vers Jrançois, par Lancelot de
Carie, évéque de Riez ; Paris, Adrien Le Roy,
1 560, in-8'', obi. Dans les quatorzième et quinzième
livres de Chansons nouvelles à quatre parties,
publiés à Paris par Pierre Att«ingnant (sic) et Hu-
bert Jullet, en 1543 et 1544, on trouve des pièces
de Guillaume Belin.
BELIN ( Julien) , né au Mans vers 1530, fut
un des plus habiles joueurs de luth de son temps,
li a publié : Le premier livre de motets, chan-
sons et fantaisies réduites en tabulature de
leut (luth); Paris, Nicolas Du Chemin, 1556,
21.
324
BELIN — BELLEIOÎ V^N
in-4*' obi. Ce musicien TÎvait encore an IMans en
15S4.
BELIO (Jean), néàTréviseen ison, a com-
posé la musique d'un opéra sérieux intitulé :
Bianca e Fernando, dont l'Aca^lémie Filodrama-
tica de sa ville natale a donné une représentation
le 31 mars 1827. L'auteur du librelto, les clian-
teurs , les musiciens de l'orchestre, le décora-
teur et le machiniste étaient aussi des habitants
de Trévise. Par excès de patriotisme, les spec-
tateurs applaudirent avec enlhiMisiasme et l'ou-
vrage et son exécution. Moins lieureux à Venise,
M. Belio y fit représenter, en 1829, au théâtre
San-Benedetto, un opéra intitulé : Il Borbierc
di Glieldria, qui fut outraj^eusement sifflé. De-
puis cette époque, il paraît avoir renoncé à la
carrière du Ihéàfre.
BELL (Charles), médecin anglais dont la
biographie n'a pas été publiée jusqu'à ce jour
(1857), est auteur d'un mémoire qui a paru dans
les Transactions philosophiques de Londres
(année 1832), sur les organes de la voix humaine
( On theorgans of the human voice).
DELLASIO (Paul), compositeur, né à Vé-
rone, dans le seizième siècle, a fait imprimer
des madrigaux sous ce titre : Il primo libro
délia Fiamelln a Ire e quotlro voci, Venise,
1679, in-8°. On trouve aussi des madrigaux de
cet auteur dans une collection qui a pour titre :
Dolci af/elll , madriijnlï a cinque voci di di-
versi cccellenli vutsicidi floinn; Home et Ve-
nise, 1568, in-4°. Le titre de cet ouvrage fait
voir que Bcllasio a ^]ù être employé à Rome dans
quelque église , soit comme civanleur, soit comme
maître de chapelle. On a aussi de Bellasio Vil-
lane.lle alla romana, libro r a trevoci; Ve-
nezia, 159i.
BELLAZZI (François), compositeur véni-
tien , élève de Jean Gabiieli, a vécu dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle. Dans ses com-
positions pour l'église il s'éloigne des anciennes
formeset imite le style de Montcverde avec foutes
ses hardiesses et ses incorrections. Ses ouvrages
connus sont : i" Sahni di vespri a otlo voci;
Venise, Bart. Magni, 1618, in-4". — 2» Sacro-
rum concentuinn 2, 3, 4 et 6 vocum. titan.
B. V. 5 voc. una cum 1 inissa 4 roc. j ibid. 1020,
in-4°. — 3° Motteti, letanie délia B. V. Ma-
gnificat e falsi bordoni a S voci, coW aggiunto
al primo coro diconccrtl ecclesiastici a 2, 3,
4 foci, cd una missa a quattro, op. IV; ibid.
1622. — 4° Salmi intierl a 5 voci da cappella,
op. V; Milano, app. Filippo Lomazzo, 1623,
in-4". — 5° Sabni conccriali aWiiso moderno
che si cantano aile compiete a 4 voci con le An-
li/one dclla 11. V e gli snlmi di /este a 8 voci.
op. VII; Venise, Bart. Magni, 1026, in 4". —
6' Missa, Magnificat et moteltï concertati e
correnli, falsi bordoni, con Gloria Patri e
canzone francese a 8 roci , con partltura, op.
VIII; ibid , 1628, in-4°.
BELLEBE (Jean), libraire h Anvers , dans
la seconde moitié du seizième siècle, se livrait
spécialement à la p\d)lication et à la vente des
ouvrages de musique qui, à cette époque, étaient
du ressort de la librairie. Son nom flamand était
Beellaerts, dont on fit licllerns, en le latinisant,
et de Bellerus on a fait Bellcre sur tons les
titres d'œuvres de musique en langue française,
particulièrement sur !es recueils dt? chansons à
piusieius parties qui avaient alors une grande
vogue. Eu 1579, Bellère s'associa avec Pierre
Phalèse, fils de l'imprimeur libraire de mnsiquii
de Louvaiu, célèbre par ses nombreuses et im-
portantes publications d'ouvrages composés par
des musiciens belges. L'association de Bellère et
de Pbalèse à Anvers ne finit que par la mort du
premier, dans les dernières années (!u seizième
siècle. Dans les derniers temps la plupart des
grands musiciens de la Belgique avaient cessé de
vivre, et les œuvres nationales ('taient devennes
rares : de là vient que Bellère et Phalèse fds pu-
blièrent beaucoup de nouvelles éditions de recueils
de compositions des maîtres italiens.
BELLÈRE (Balthasar), fils du précédent
s'établit à Douai peu de temps après la mort dd
son p^re et y transport.! sa librairie, dont il pu-
blia le Catalogue devenu d'une rareté excessive, et
que M.ConssemaUeratrouvé dans la bihliothèqiui
de Douhi. Ce Catalogue a potu* titre : Thésau-
rus bibliolhecarius sire cormicopise librarhr
bellrrinn.v, ciim diiohits supplenientis ; Duaci ,
1603 160.'). On y trouve l'indication d'un grand
nombre d'œuvres de musiciens du seizième siècK'
provenant du fonds ou de l'as-sorliment de Bel-
lère père. Le fils a publié aussi à Douai bon
nombre d'ouvrages de nHisi(ine dans les vin^t-
cinq premières années du dix-septième siècle.
BELLEBi\L\XN ( Constantin ) , poète lau-
réat et recteur à .Minden , né à tùfùrt, en 1096 ,
y étudia la jurisprudence et s'y exerça en môme
temps à la composition, au luth, à la viole du
gamba, au violon et à la flûte. On a de lui un
ouvrage intitulé Programma in quo Parnassus
Mitsarum voce, fidibiis , tibiisque resonans ;
sive miisices , divinx artis, landes , diversic
spccies, singularrs effectus, atqne primarii
auctores succincte, prxstantissimiqne melo-
pœtascum lande cnarrantur, etc-, Erfurt, 1743 ,
in-4°, (Le six fouilles. Mifzler adonné une analyse
très-flétaillée de cet ouvrage dans sa BibliolbèquÈ
musicale, f. !H, p. 5.59-572. Bdlcrmaun acom-
BELLERMAINN — BELL'IIAVER
325
jiosc im opéra italien d'Iasifile ; \in grand nombre
décantâtes; vinj;t-quatre suites pour le luth ;
trois concertos pour lallùti;; Uo'is idem pour
le Iiaulbois d'amour; dix idem pour clavecin
avec accompagnement de violon; six ouvertuies;
six sonates pour flùle, viole f/af/«);ii(a et clave-
cin; enfin, huit oratorios dont voici les litres :
r Die himmlischcn Ueerschaarcn (Les armées
ci'lestes), en 1720. — 2" Dcr reiche Mann und
der arme Lazarus (Lazare et le Riche) , en un
acte, 1731.— 3° Das«i//('«H Lamï sich end'igende
]\'ohlleben des reiclien Mannes, en deux actes,
1735. — 4°Die Allmachtin der Ohnmacht ,i)der
die freudenreiche Geburt Jesu (La Toute-puis-
sance dans la faiblesse, ou lanaissance joyeuse de
Jésus-Christ), en quatre actes, 1734- — 5° Der
verlorne Solui (le Fils perdu), en deux actes,
1735. — 6° Der in der Aiiferstehunj triumphi-
rende Jésus ( Jésus triomphant dans sa résurrec-
tion), en quatre parties, 1734 et 1735. — 7" Die
siegende Scfileuder des heldenmiithigen Da-
vids ( La Fronde victorieuse du vaillant David ),
en quatre actes. — 8° Die Sendung des heil.
Geistes mit Choràlen und guten Erwegungen
( La Mission du Saint-Esprit), en quatre parties,
1735.
BELLERMAIVIV (Jean-Joacuim) , né à
Erfiirt le 23 septembre 1735 , fit ses études dans
sa ville natale et à Gôttingue. Vers 17S2, il fit
un voyage en Russie. De retour dans sa patrie,
Tannée suivante , il fut nommé professeur de
théologie et de philosophie, directeur du Gym-
nase, membre de l'Académie des sciences, etc. Il
cultivait la musique et était bon pianiste. Parmi
ses ouvrages , on trouve celui-ci : Berner kungen
ûbsr Rtisslandin Rûcksicht au/ Wissenchaf-
ien, Kunst, Ueligionundanderemerkwiirdige
Fe77iâi<Hi5.se ( Observations sur la Russie sous
le rapport des sciences, arts, religion, etc.),
première partie; Erfiirt, 1788. On y trouve des
détails sur la musique des Russes, les instruments,
leurs chants nationaux et leurs danses.
BELLERMANN (Jean-Frédéric), fils du
précédent, est né à Erfùrt, le 8 mars 1795. Il
venait d'achever ses humanités au gymnase de
Berlin, quand les événements de 1813 appelèrent
sous les drapeaux toute la jeunesse masculine de
la Prusse, et, comme la plupart de ses condisciples
il fit les campagnes de 1814 et de 1815. De re-
tour à Berlin , il suivit les cours de l'université
de cette ville , puis ceux de léna. Après avoir
pris dans cette dernière ville ses degrés de doc-
teur en philo.sophie, il obtint une place de pro-
fesseur au collège de Grauen Klosler, dcBeiliu,
en 1819. 11 en est directeur depuis 1847. Les ou-
vrages Ils plus importants de ce savant ont pour
objet raufiienne nlu^i(|ue des Grecs. Le premier
a pour titre : Die llijmncn des Dionijsius und
Mesoinedes. Texl und Meiodieen nach Hand"
schriflen und den altcn Aiisgaben hearbeitet
(Les hymnes de Denys et de Mésomèdes. Texte
et mélodies revus et corrigés d'après les manus-
crits et les anciennes édition^,) Berlin, Albert
Fôrsiner, 1840, in-4''de83 pages, avec les mélodies
notées et 4 planches Aq fac-similé des manus-
crits. Toute la partie critique de cette disserta-
tion est remplie d'une érudition solide; mais l'in-
terprétation des mélodies, l'application de leurs
rhythmes au mètre de la poésie , et l'idée singu-
lière de leur appliquer l'harmonie de la musique
moderne, sont les résultats de vues systématiques
de l'auteur qui ne répondent pas à la nature des
choses. La seconde publication faite par A!. Bel-
lermann est intitulée : Anonymi Scriptio demu-
sica. Bacchii senioris introductio arlis inu-
sicse. E codlcibus parisiensibus, neapolitanis,
romano primum edidit et annolationibns il-
luslravit, etc. Berolini, 1841, l vol. in-4".
M. Bellermannn'a point accompagné d'une version
latine les textes dont on lui doit la première pu-
blication ; mais son travail n'en est pas moins di-
gne d'un grand intérêt , |)ar la publication de ces
mêmes textes , et par les savantes annotations de
l'éditeur, quelque opinion qu'on puisse se for-
mer d'ailleurs de ses vues systématiques (Voy.
Baccuius, et Vincent). Enfin M. Bellermann a
fait l'exposé complet de ses id('es sur la notation
et sur la tonalité de Tancienne mu>iquedes Grecs
dans l'ouvrage qui a pour titre : Die Tonleiter
und Musiknoten der Griechen (Les gammes et
les notes musicalesdes Grecs); Berlin, AlberlForst-
ner, 1847, 1 vol. gr. in-4° de 83 pages, avec
6 planches de fac-similé et d'exemples.
RELL'H AVER ( Vincem ) , compositeur et
organiste, naqnit à Venise, vers 1530. Il succéda
à son maître, André Gabrieli, comme organiste du
second orgue de Saint-Marc, le 30 décembre 1586,
après un concours en présence des procurateiws
de l'église, et eut poursuccesseur Joseph Guami,
ou Guammi, le30 octobre 1588, ce qui semble
indiquer qu'il a cessé de vivre à cette époque.
Les appointements de Bell'Haver comme organiste
étaient de cent ducats. On connaît de lui :
r Madrigali a cinque eseivoci, lib. 1 ; Venise,
1567, in-8". — 2°MadrigaH a cinque voci. Libro
primo, Venise, 1575, 10-4". — 3" Madrigali a
cinque voci, libro seconda. In VenetiOyappresso
l'Herede di Girolamo Scotto, 1575, in-4". Le
Catalogue de la bibliothèque du roi de Portugal
indique aussi les ouvrages suivants de la com|>o-
sitioil de Bell'Haver : 1" Madrigali a quattro
e cinque voci. — 2° Madrigali a set le voci.
326
BELLUAVER — BELLINI
Dans une collection qui a pour titre : Corona
didodlcisonettidiGio.BattistaZiiccarini alla
gran-duchessa di Toscana, posta in miisica
da dodici eecellentissimi autori, a cinque voci,
"Venise, Ange Gardane, 1586, se trouve le sonnet
S' alza neW Océan la vaga aurora qui a été
mis en musique par Bell' Haver. Un madrigal à
six voix du même se trouve aussi dans la col-
lection publiée par le musicien anglais Philipps,
sous le titre : Melodia olympica de diversi
eecellentissimi musici a i, 5, 6, et 8 voci; An-
vers, Pierre Piialèseet JeanBellère, 1591, in-4o
obi. (p. 24).
BELLEVILLE (M"«). F. Oury(M'"^).
BELLI (Jérôme), compositeur italien du
seizième siècle, né à Argenta , dans la province
de Ferrare, fut altacbé à la chapelle du duc de
Mantoue. On a imprimé de sa composition :
1' Il primo libro de motetti a sei voci; in Ve-
nezia app. Giac. Vincenti, 1586,in-4o. — 2° /
furti amorosi a sei voci , con nova yionta
ristampati e corre^^i ,-ibid., 1587, in 4". Ce re-
cueil contient 30 madrigaux à six voix. On con-
naît aussi de ce musicien des madrigaux à cinq
voix qui ont été insérés dans la collection inti-
tulée : De' floridi virtuosi d'Italïa , il terzo
libro de' madrigali a cinque voci nuovamente
composti edatiin /«ce; Venise, 1586, in-4°.
BELLI (Jules), chanoine mineur à Longiano,
fut maître de chapelle, d'abord à Osimo , petite
ville près d'Ancône , puis à la cathédrale d'Imola
dans l'État de l'Église, au commencement du dix-
septième siècle. Il paraît, par le titre d'un de ses
ouvrages, qu'il fut ensuite maître de chapelle à
Venise. On a de lui les ouvrages suivants : 1° Can-
zonette a quatlro voci libro jîrimo ; Milano
app. Tini, 1586, in~4°. — 2° Missx quinque vo-
cum; "Venise, 1507. — 3° Missarum quatuor
vocum liber primus ; Venise , Ange Gardano ,
1599, in-4°. — 4" Psalmi ad vesperas totius
anni solemnit. octo voctim, duosqiie cantica
B. V.; Venise, Bart. Magni, IGOO, in-4°. Une
deuxième édition a été publiée en 1605. — 5° Sa-
erarum cantionum, 4, 5, 6, 8 et 10 vocibus
cum litaniis B. V. liber primus; Venise, Ri-
chard Amadino, 1600, in-4°. — 6° Salmi de
vesperia otlo voci; Venise, Ange Gardane, 160i,
in-40. — 7» Compieta, motetti, tétanie a otlo
voci, falsi bordoni a due chori spezzati ; Ve-
nise, Ange Gardano, 1C05. — 8° Compieta , falsi
bordoni, antifone, e lelanie délia Beata Ver-
gine, anovenvociin dnecori ;\en\se, \\e\. Ra-
veri, 1607, in-4". — 9° Compieta, falsi bordoni;
motetti e litanie délia Madona, a sei voci, ibid.,
1607, in-4°. — lO" Missx sacrœ 4, 5, 6 e< 8 t'o-
cibu! concinantur ;\i:n\se , Richard Amadino,
1608, in-40. — 11° Concerti ecclesiasfici a
2 et 3 voci con basso ad organo ; Venise, Bart.
Magni, 1613. Ces motets ont été réimprimés à
Francfort-sur le-Mein, avec d'autres de Finetti et
de Pierre Lappi , sous ce litre : Sacrarum con-
centuum fasciculus,sive trium Italix lucidis-
simorum syderum musicorum , utpote Ja-
cobi Finetti, Pétri Lappi, et Julii Belli S. S.
Meditationes musicx,organistisaliisquedivini
istius studii cultoribus , summa cum jucun-
ditate maxopere profuturx 1, 2, 3, 4,5 et
6 vocum. Nunc primum in Germania divul-
gatx. Una cum symphoniis et basso ad orga-
nM?«; Francfort, Nie. Stein, 1621, in-4°. —
12° Salmi a ottovoci, con basso continuo;
Venise, 1615. Bodenchatz a inséré quatre mo-
tets de Belli, à six et huit voix, dans ses Flori-
legii nnisici portensis.
BELLI (Dominique), musicien au service du
prime de Parme, vécut au commencement du
dix-septième siècle. On connaît de sa composition:
Il primo libro delV Arie a una e due voci per
sonare con il chitarono. Novamente com-
poste e date in luce. Venetia, oppressa lUc-
ciardo Amadino, 1616, in-(ol. de 36 pa-
ges.
BELLI (Jean), sopraniste qui eut beaucoup
de réputation vers le milieu dudix-huilièine siècle.
Il était à Dresde en 1750, époque où Hasse di-
rigeait l'Opéra. On dit qu'il airachait des larmes
à tous les spectateurs dans l'air de l'Olympiade :
Consola il genitore. Ce chanteur est mort à Naples
vers 1760.
BELLI (Lazare-Venanzio) , chanoine de
l'église cathédrale et maître de chant du sémi-
naire de l'évêché de Tusculano, a fait imprimer
un ouvrage qui a pour titre : Bisser tazione sopr a
Il pregi del canto gregoriano , et la nécessita
che hanno gli ecclesiastici di saperlo. Con le
regole principali e più importnnti per bcne
apprenderlo , loderolmente pralicarlo, ed in
esso ancora comporre; Frascati , 1788, 10-4° de
xwiii et 230 pag.
BELLir<iiII (Vincent), antiquaire et conserva-
teur du musée de Ferrare, naquit à Gainbolago,
le 22 juin 1708, et mourut à Ferrare au mois de
février 1783. Uu écritde ce savant intitulé : DeW
antica lira Ferrarese di Marchesia , delta vol-
garmento Marchesana (Ferrare, 1754, 111-4")
a été cité comme étant relatif à la musi(]ne i)ar
Gerber, dans son nouveau Lexique des musiciens,
par Lichtenthal, par M. Ch. Ferd. Becker, et
par moi-même, d'après eux, dans la première édi-
tion decette Biographie; mais nous avons tous erré;
car l'objet dont il s'agit dans le livre de Beliini
est une ancienne pièce de monnaie appelée lira
BELLINI
327
(livre), et non une iyreqnclconcjtic, instniineiit
(le niii'iiqiie.
BCLLIiXI (ViNciiNT), compositeur dramati-
que, né le 3 novembre 1802 à Catane, ville de
la Sicile (1), était fils et petit-fils de musiciens
médiocres. En 1SI9 il fut admis eomine élève au
conservatoire de musique de Naples. Après avoir
appris à jouer de quelques instruments , et avoir
étudié les principes du chant, il eut pour maitre
de contrepoint Tritto, puis, après la mort de
celui-ci, Zingarelli. Ce que lui apprirent ces
maîtres se réduit à peu de chose ; car depuis
longtemps les études musicales sont fort mau-
vaises en Italie, et s\irtout àNapies. D'ailleurs Zin-
garelli, qui possédait d'assez bonnes traditions de
fancienne école , prenait peu d'intérêt aux élèves
du conservatoire confié à ses soins, et ne leur
donnait que de rares leçons. Bellini doit donc être
considéré piutôtcomme unmusicien d'instinct, qui
s'est formé lui-même, que comme l'élève d'une
grande école. Ses meilleures études ont consisté
dans la lecture de quelques partitions de bons
niaîlres. Après avoir publié à Naples de peti-
tes compositions pour divers instnnnents, tels
que la flûte, la clarinette et le piano, Bellini y
lit connaître une cantate intitulée Ismène, quinze
ouvertures et symphonies , trois vêpres complètes,
deux Bixit Doviinus, trois messes et d'autres
morceaux de musique religieuse. Son premier
opéra , Adelson e Salvina, fut représenté, en
1 824, sur le petit théâtre du collège royal de mu-
sique; deux ans après il donna au théâtre Saint-
Charles Bianca e Fernando , dont la première
représentation eut lieu le 30 juin 1826. Ces pre-
mières productions firent remarquer le talent du
jeime compositeur et firent naître des espérances
pour son avenir. Le succès de Bianca e Fer-
nando\\x'\ procura un engagement pour le théâtre
de la Scala, à Milan, en 1827, avantage qu'ob-
tient rarement un musicien à son début, car les
maîtres les plus célèbres ont souvent écrit leurs
premiers ouvrages pour des petites villes, et ce
n'est qu'après avoir acquis quelque renommée
qu'ils étaient appelés à composer pour les théâtres
àe primo cartello.
La fortune semblait tendre la main à Bellini
en lui offrant aussi pour l'éxecution de ses ou-
vrages les meilleurs chanteurs de l'Italie ; ainsi,
pour le Pirata, (jui fut représenté à Milan en
1827, et qui fixa sur son auteur l'aîtention du
monde musical, il eut le bonheur de trouver en
Rubini le talent le plus analogue au caractère
mélodique du rôle principal de son ouvrage.
D'autres circonstances le secondaient encore dans
(r, Plusieurs biographes ont fait naître Bellini en i8o8;
C'est une erreur.
son (li but. La vogue sans cx<*nipl« qu'avaient
<ii)tenue pendant près de (juluze ans les produv;-
tions du génie de Uossini; l'usage immodéré qu'on
en avait fait, reproduisant de cent manières dif-
férentes les mélodies de ses ouvrages, enfin l'in-
constance du goiU des Italiens, qui, après avoir
élevé des statues au génie d'un artiste , brise le
lendemain les idoles qu'il encensait la veille, tout
cela, dis-je, secondait Bellini. Homme d'esprit,
il sut profiter des circonstances favoraWes qui
s'olfraient à lui. 11 comprit que l'imitation du
style de Rossini, dans laquelle s'étaient jetés Pac-
cini, Mercadante, Carafa et Donizetti dans ses
premiers ouvrages , n'était plus de saison , puis-
que le public commençait à éprouver la satiété
de ce style, malgré les beautés de premier ordre
que le maître y avait prodiguées. Soit instinct ou
réHexion , il sentit qu'après tant de choses bril-
lantes, une manière simple, expressive, et ana-
logue au caractère dramatique de la musique fran-
çaise serait ce qu'on pourrait offrir de plus nou-
veau à l'oreille d'un auditoire italien , et ce fut
sous l'influence de ces idées qu'il écrivit son Pi-
rata. Le succès, incertain à la pr€mière repré-
sentation , fut éclatant le lendemain, et la pièce
fit fureur, suivant le langage usité. En 1828, la
Slraniera fut accueillie avec enthousiasme au
grand théâtre deMilan. M""" Meric-Lalande, lune
des meilleures cantatrices de l'Italie, et Tamburini,
chantèrent dans cet ouvrage et contribuèrent à
son succès. Dès ce moment Bellini fixa l'atten-
tion générale de l'Italie. Api>eléà Parme, en 1829,
pour y écriie l'opéra d'inauguration d'un nouveau
théâtre, il y donna VàZaira qui ne réussit pas;
mais / Capuleti cd i Montecchi, représenté à
Venise, le 12 mars 1830, et la Sonnanbula,
écrite à Milan pourM"'^ Pasta , dans l'année sui-
vante , ajoutèrent à sa réputation.
On reprochait cependant à Bellini de resserrer
les formes de la plufiart des morceaux de sesou-
vrages dans de petites proportions et d'écrire son
instrumentation avec négligence. Il parut être
sensible à cette critique , et dans son opéra de
Norma, il agrandit sa manière et donna plus de nerf
à son style. Cet ouvrage, écrit pour Milan, n'eut
d'abord qu'un succès incertain; mais il se releva
ensuite jusqii'à exciter l'enthousiasme. L'admi-
rable talent dramatique de M™e Malibran n'a pas
peu contribué à la vogue dont il a joui en Italie.
Après les premières représentations de la A'ormfl,
Behini sentit le besoin de revoir sa famille, et
i cette belle Sicile où il avait reçu le jour. Il partit
pour Catane, et s'arrêta quelques jours à Rome
et à Naples. Ce voyage fut pour lui l'occasion d'un
repos de plus d'une année. De retour dans la
hnule Italie pendant l'été de 1S32 , il y reprit soi
S28
BELLINI — BELLIZANI
travaux. Dans Béatrice di Tenda , qui suivit la
JSorma , le compositeur fut moins lifiureux ; mais
déjà il avait résolu de porter son talent dans
d'autres climats, et de fonder en France, sur des
bases solides, et sa fortune et sa renommée. Ar-
rivé à Paris en 1833, il étudia d'abord le goût
des habitants de cette grande ville; puis il alla à
Londres pour y diriger la mise en scène d'un de
ses ouvrages. De retour à Paris en 1834, il y écri-
vit / Puritani pour le Tliéâtre-Italien de cette
ville. La fortune dont Bellini a été caressé jus-
qu'à son dernier jour, lui sourit encore en celte
occasion, en lui fournissant la réunion la plus sa-
tisfaisante de chanteurs qu'il fût possible de ren-
contrer. Rubini, Tamburini,LablacheetM"^Grisi
étaient, en effet, chacun en leur genre, des talents
de premier ordre. Toutefois, si les chanteurs se-
condèrent bien l'auteur des Puritani, celui-ci
eut aussi le mérite de placer ces chanteurs, dans
son ouvrage, de manière à les présenter sous l'as-
pect le plus avantageux.
Bellini avait compris, depuis qu'il était à Paris,
oue le public français ne se passionne pas pour
deux ou trois morceaux , et que pour réussir avec
lui, il faut lui offrir des ouvrages faits avec plus
de soin que la plupart de ceux qu'on représente
en Italie. De là vient que les Puritains offrent
une composition plus complète que ses autres
opéras. On y trouve plus de variété , une instru-
mentation plus élégante , des formes plus déve-
loppées. Il s'y est glissé encore bien des négli-
gences dans la manière d'écrire, des modulations
qui s'attachent mal, et de la monotonie dans les
formes; mais le progrès, sous le rapport de l'art,
y est incontestable.
Si l'on ex,amine avec attention la transformation
opérée dans la musique dramatique de l'Italie par
le style de Bellini , transformation continuée par
Donizelti avec moins d'originalité, mais avec un
talent de factuie très-supérieur, on ne peut mé-
connaître les tendances qui, se prononçant de
plus en plus, ont anéanti le bel art du chant
italien , lui ont substitué les émissions de voix
forcées, etont conduit fatalementau déplorablesys-
tèmede Verdi et de ses imitateurs. C'estaussi dans
les opéras de Bellini que l'art d'écrire est tombé
dans la décadence qui déshonore aujourd'hui
toutes les partitions de fabrique italienne. L'au-
teur de la Sonnanbula et de Norma rachetait
ces défauts par de charmantes cantilènes et par
un sentiment d'expression très-distingué. Peut-
être eût-il continue à perfectionner son talent et
eût-il acquis plus de force dramatique, si sa
carrière eût été plus longue ; mais au moment oii
•'i semblait entrer dans cette voie d'amélioration, et
pendant qu'il s'occupait de la composition d'un
grand ouvrage, dans une maison de campagne prè»
de Paris, une maladie intestinale le saisit et l'em-
porta en quelques jours. Il expira le 24 septembre
1835 , avantd'avoir accompli sa trente-quatrième
année. Cette mort inopinée excita des regrets
universels; car Bellini , agréable de sa personne,
poli, bienveillant, étranger à tout sentiment
d'orgueil et de jalousie , ne comptait que des
amis , et son caractère était autant estimé que
son talent était aimé. Un grand nombre de notices
biographiques et d'éloges de cet artiste distingué
ont été publiés inmiédiatement après sa mort.
J'ai recueilli les titres suivants de quelques-uns
de ces opuscules : 1° Gherardi (y'mcenl}, Biogra-
fia di Vincenzo Bellini ; Rome, 1835, in-8°. —
2° Venlimilia (Dominique), Biograjia di Vin-
cenzo Bellini; Messine, 1835, in-32. — 3° Farina
(Joseph La), Elogio del cavalière Vincenzo Bel-
/i/î«; Messine, 1835, in-lC— 4" Onoriallamemo-
ria di Vincenzo Bellini; ibid., 1835, in-12. —
5° Stagno (Lettorio), Elogio in morte di Vincenzo
nellini, ibid., 1835, in-S".— C" Gemelli (Charles),
Elogio in morte di Vinc. Bellini ;\h\iî., 183G,
in-12. — 7° Capelli (Einiiio), In morte di Vinc.
Bellini ;Palerme, 183C, in-12 (c'est un poème).
I5rigandi ( Pierre-Gaétan ) , Elogio Jimebre iri
morte del cavalière Vinc. Bellini ; Mesime,
183C, in-4°.
BELLIA^I (Fekmo) , professeur de musique
et compositeur, né à Milan, actuellement vivant
(1858), a publié : 1" Capriccio per flauto,
violino e piano-Jorte sopra alcuni molivi delta
Giovanna d'Arco di Verdi; Milan, Ricordi. —
2° Divertimento per corno inglese, clarino,
violoticello e piano-forte sopra motivi délia
Giovanna d' Arco di Vrrdi; ibid. — 3° Quelques
morceaux tirés des opéras modernes et arran-
gés pour des instruments à vent. L'ouvrage le
plus important de cet artiste est un traité des
instruments et de rinstruiiicutation intitulé :
Teorichemusicali su glistromenti esulT ins-
trumentazione ad uso de' giovanni maestri
compositori, ibid. in-4°. On a aussi de Bellini
une méthode de trombone, ibid.
BELLÏNI (Pio), compositeur de musique de
ballets, attaché au théâtre de la .Scala, à Milan,
a écrit la musique des ballets : Il Diavoloaquat'
tro, Isnelda di Normandia, Manon Lescaut, et
quelques autres ouvrages postérieurs. Ces ballels,
réduits pour le piano, sont gravés chez Ricordi,
à Milan.
BELLL\ZAA'I (Paul-Benoit), néà Ferrare
vers la tin du dix-septième siècle, était maître
de chapelle au collège de Sainte-Marie-Majeure
à Udine, dans le Frioul, en 1717. 11 fut ensuite
maître de chapelle à Pesaro, ou il se trouvait
BELLmZAlNI — BELLOC
encoreen 1735. En 1727, l'académie des Pliil-
harmoniques de Bologne l'admit au nomhre de
ses membres. On a imprimé de sa composition :
1° Missa quatuor vocum, op. 1; Bologne, Sii-
vani, 1717, in-4°. — 2° Messe hrevi a qualtio
voci piani; ibid. — i" Salmi brevi a otlo voci
piani conviolinia benepUicilo , ibid. — 4" Ma-
drigali a 2, 3, 4 e 5 voci, ibid. — 5° Ductii
da caméra co'l basso conlïnuo, op. 5; Pesaro,
1726, gr. in-(ol. — G° Madrïgali a 2, 3, 4 et b
voci; Pesaro, Gavelti, 1738, in-fol. — 1° Duetti
da caméra, libro seconda; ibid., 1733, gr. in-
fol.
BELLIS (Je\n-B\ptiste), maître de cha-
pelle à Gaéte, dans la première moitié du dix-
septième siècle, est connu par les ouvrages sui-
vants : 1° Il primo libro dimadrigali a qual-
tro voci. In Aapoli, appresso Gio-Battista
Gargano e Matteo Nini, 1619, in-4". L'épiire
dédicatoire est datée de Gaëte , le 7 septembre
1719. — 2° Il terzo libro de' madrigali a 5
voci; Napoli, Oltavio Belliuo, 1623, in-4° obi.
BELLISSEA'S(LAURENT),uéa Aix,en 1694,
devint maître de chapelle de l'église de Saint-
Victor de Marseille, et mourut dans cette ville,
en 1762, à l'âge de soixante huit ans. La Biblio-
thèqueimpériale possède de lui les manuscrits au-
tographes de motets à grand ciiœur : 1° Aisi Do-
minus. — 2° Beatus vir. — 3° Laudate pueri.
Le Nisi Dominas a été exécuté au Concert Spi-
riluel, en 1750, et y a été applaudi.
BELLMAN (A.), savant suédois , né dans
la seconde moitié du dix-septième siècle, a été
le collaborateur de Georges Wallerius (Voy. ce
nom) pour la disseï talion intitulée : De anti-
quaetmedii xci Musica; Upsal, 1706 (voy. à
ce sujet le Dictionnaire suédois de musique,
Svensht musikaitsiit Lexikon, p. 220, de Char-
les Envallson).
BELLMAI\iV (CuARLEs-GoDEFROi), virtuose
sur le basson, et facteur d'instruments à Dresde,
naquit à Schellenberg, petite ville de la Saxe, le
1 1 août 1760. Élève de son père, ancien ouvrier
de Silbermann, il apprit dans sa jeunesse les
principes de la construction des pianos, puis il
entra dans les ateliers de Treubloth , (acteur
d'orgues de la cour de Dresde. Déjà il avait
reçu quelques leçons de l'organiste Dorn, à
Schellenberg, pour apprendre à jouer du piano;
plus tard il prit du goût pour le basson et il de-
vint élève de Schmidt, de Dresde, pour cet ins-
trument. En 1783, Bellmann établit dans cette
ville une fabrique de pianos qui acquit de la
célébrité vers la fin du dix-huitième siècle. Ses
instruments étaient renommés pour la solidité de
îcur construction ; ses pianos à queue furent par-
ticulièrement considérés comme égaux en qualité
à ceux de Schiedermaier, de Nuremberg, alors
\m des plus célèbres facteurs de l'Allemagna.
Il ajouta à quelques-uns de ces instruments un
clavier de pédale de deux octaves, dont lanoln
la plus basse descendait à Vut de seize pieds
qu'on trouve aujourd'hui dans les pianos de six
octaves et demie. Les grands progiès de la fac-
ture des pianos depuis 1823 ont lait oublier les
instruments de Bellmann, qui est mort à Dresde,
vers 1816.
BELLMAJXN (C.-G.), directeur de musi-
que, cantor et organiste du cloître de Saint-Jean
à Schle.swig, actuellement vivant (1857), s'est
fail connaître comme compositeur par les ou-
vrages suivants publiés depuis" 1S31 : 1° Cantate
pour la fête de Noël, exécutée dans un concert à
Schleswig en 1833, puis par l'Académie de mu-
sique de Stockholm. — Trois recueils de chants
à quatre voix d'hommes pour l'usage des chœurs
du Schleswig-Holstein, publiés en partition a
Schleswig, chez Bruhn.
BELLOC (Thérèse GIORGI), cantatrice
distinguée, née à Jîilan, de parents français, dt>-
buta au printemps de l'année 1804 au théàlre de
la Scala de cette ville. Sa voix était un mezza
soprano de peu d'étendue, mais d'une qualité de
son très-pure; son accent étaiten généial expres-
sif et touchant. L'un de ses rôles de débuts fut
(a Nina, de Faisielio ; elle y fut applaudie avec
enthousiasme, et son succès lui procura un en-
gagement pour la saison suivante au même théâ-
tre. Engagée ensuite à Paris, elle y brilla dans le
même opéra de Paisiello où elle avait commencé
à se faire connaître; puis dans la Cosa rara,
dans la Griselda, et dans quehpies ouvrages qui
avaient alors de la vogue. De Paris, elle alla à Ve-
nise, à Gênes, et enfin, à Milan, où elle chanta ,
au carnaval de 1807, avec la Sessi, David père
etBinaglii,dansr/lf/e/rtsiaed Aleranio,i]eMà)r.
Elle fut aussi engagée pour les autres saisons de
cette année au théâtre de la Scala. Bossiui
écrivit pour elle, pour Raffanelli et pour Phi-
lippe Galli, à Venise, en 1812, Vingunnojor-
tunalo, et, eu 1817, à Milan, la Gazza ladra.
j^jme {jeiiQç affectionnait autant sa ville natale
que ies habitants de celle-ci l'aiuiaienL En 1821
elle y chanta toute l'année, puis elle reparut au
printemps de l'année suivante, se fit entendre
pendant toutes les saisons de 1823 et au prin-
temps de 1824. Depuis 1828 elle a quitté le
théâtre après y avoir parcouru une longue car-
rière qui ne fut marquée que par des succès.
BELLOLI (Louis), né à Castel-Franco dans
le Bolonais, le 2 février 1770,se distingua comme
\irtuose sur le cor, et fut nommé professeur de
r,30
BELLOLI — BÉMETZPdEDER.
cefixistrumentan conservatoire royaUle Milan, en
1812. En 1790, il fut admis comme piemiorcor au
concert royal de la cour de Parme ; à la inort <!ii
duc Ferdinand, il quitta cet emploi pour prendre
celui qui est désigné ci-dessus. Gervasoni dit
qu'il avait un son très-pur et une exécution bril-
lante. Il a composé une grande quantité de mu-
sique instrumentale : ses concertos de cor jouis-
sent d'une belle réputation en Italie. Dans l'été
de 1803 il a composé la musique des deux bal-
lets : il trionfo di Vitellio Massimo, et la
Disfruzioiie cli Pompejano, pour le théâtre de
la Scala à Milan; en 1804, la Morte di Tipoo-
Saib,et Eleazar despoto délia Scrvia ; en 1806,
Sofunisba et Andromacca ; en 1815, Le Avven-
ture di Aroldo il prode. Belloli a laissé en ma-
nuscrit une méthode de cor pour l'usage du con-
servatoire de Milan. Il est mort dans cette ville
le 17 novembre 1817.
BELLOLI (Augustin), né à Bologne, comme
le précédent, et peut-être son parent, a, comme
lui, choisi le cor pour son instrument. Il a écrit
plusieurs morceaux de musique de quelques bal-
letsdont les titres suivent : l°En 18IG,à la Scala
de Milan, Emma ed Igildo; nn printemps de
1821, la Piesa di Babïlonia et la Morte di
Eltore; au printemps de 1822, Britannlco ;a\i
mois de juin 1823, Adélaïde di GuescHno. On
a publié de sa composition : 1° Dodicl studi
pi-ogressivi per corno di caccia ; Milan, Ris-
cordi. — 2° Venti-quatlro studi per corno di
■caccia; dodici ne toni maggiori e Dodici ne
toni minori, colle respettive loro cadenze, da
espoiiirsi cou un solo ritorto ;\h\(i.
BELLONS (Joseph), clerc régulier, né à Lodi,
dans la seconde moitié du seizième siècle, s'est
fait connaître comme compositeur de musique d'é-
glise. Parmi sesouvrageson remarque : 1" Missa-
rum quinque vocibus liber primus,op. I. adj.
nr.a missapro defunclis; Mediolani, apud hère-
des Simonls Tint et Lomacii, IGOZ. — 2o Vesper-
tlni omnium solemnitatum psalmi cum Magni-
ficat quinquevocum, op. 4;ibid. ; 1605, in-4°. —
3" Missa et motetfi a set voci, opéra qiiinta,
in Venezia, 1606, in-4°. On voit par le titre de
cet ouvrage que Belloni était de l'Académie des
Novell i.
BELLOJVI (Pierre), né à Milan, fut profes-
seur de chant au conservatoire de Saint-Onu[ihre
à Naples, puis vint à Paris vers 1800. Il écrivit
dans celte ville la imisique des ballets la Reine
de Cartilage, joué au théâtre de la Porte Saint-
Martin, en 1801, et les Pisistratides, en 1804.
Ou ignore si c'est à l'auteur de ces ouvrages qu'on
doit une Méthode de chant qui a été publiée à
Paris, chez Pacini, en 1822.
BELOSELSKY (Le phince Alexandre), né
à Pélersbourg, en 1757, est mort dans la niéme
ville, le 20 décembre 1809. Il fut, dans sa jeunesse,
ambassadeur de la cour de Russie à Turin, en-
suite à Dresde. Prolecteur éclairé des arts et des
lettres, il fut toute sa vie l'ami des Français,
dont il cultivait la littérature avec succès. Il a élé
en correspondance avec J.-J. Rousseau, Mar-
montel et quelques autres littérateurs célèbres.
Voltaire lui a adressé des vers flatteurs sur ses
poésies. Amateur passionné de musique, il a pu-
blié sur cet art un petit ouvrage intitulé : De la
musique en Italie; La Haye, 1778, in-8°. On
en a attribué la rédaction à Marmontel , peut-être
à cause des injures qu'on y trouve contre Gluck.
Il y est dit que ce grand homme est un barbare
qu'il eûtjallu renvoyer dans les forêts de la
Germanie; que ceux qui l'applaudissent sont
des barbares; qu'il a reculé Vart d'un siècle;
qu'il n'a ni chant ni mélodie; qu'il met toute
son expression dans le bruit, et ses moyens
dans les cris, etc., Suard a fait une fort bonne
critique de cette brochure dans ime Lettre ano-
mjme sur l'ouvrage de M. le prince de Belo-
selsky, intitulé : De la musique en Italie
(Voyez Journ. Encyclop. oct. 1778, p. 305-318).
Forkel a rendu compte de ce petit ouvrage dans
saBibliotlièque critique de musique, t. Ilf, p. 312.
BELTRAME (Louis), compositeur de mu-
sique d'église, est né en Italie, dans l'année 1758,
et mourut à Vérone, le 28 novembre 1834. Il a
laissé en manuscrit : cinq messes solennelles avec
orchestre ; une messe de requiem à quatre voix
et orchestre; des motets, des vêpres; des psau-
mes et des antiennes- Toute cette musique est
dans les archives de la cathédrale de Vérone.
BELTZ (Urbain-Nathamel), docteur en mé-
decine à Neustadt Eherswalde, dans la moyenne
Marche, envoya à TAcadémie des sciences de
Berlin, en 1763, une Dissertationsur le son et sur
l'ouïe, qu'il a fait imprimer en allemand, sous
ce titre : Abhandlung vom Schalle, wie er ent-
stehet, fortgehet, ins Ohr loirket, und wie der
Empfang der Schalles kraft der innerliclien
Struktur des Ohrs , etc.; BerVw, 1764, in-4", ('e
139 pages. Ce mémoire obtint le prix proposé par
l'Académie de Berlin. Il a été inséré dans le re-
cueil de cette académie. On en trouve des exem-
plaires qui portent le titre français : Dissertation
sur le son et sur ï'ottïe; Berlin, Hândel et Spe-
ner, 1764, in-4° ; mais l'ouvrage est écrit en alle-
mand : c'est identiquement le même volume que
le précédent. Bellz est mort au mois de décem-
bre 1776.
BÉMETZBIEDER (....), né dans un vil-
lage de l'Alsace, en 1743, embrassa d'abord l'é-
BËMETZrxlEDEPt
331
(at ecdtSiastique et prit l'habit de l'ordre de
Sainl-Beiiolt. Mais bientôt le désir d'être indc-
peiuiaiit, lin goût passionné pour les sciences,
et particulièrement pour la musique, le firent
rentrer dans le monde. Il se rendit à Paris, ne
sachant trop ce qu'il allait y faire, mais confiant
dans l'avenir comme on l'est dans la jeunesse.
Il paraît, par le témoignage de Diderot, que l'ins-
truction de Bémetzrieder était élendue, car ce
philosophe original dit en parlant de lui (1) :
« Ce jeune homme me fut adressé, comme beau-
coup d'autres ; je lui demandai ce qu'il savait
faire. — Je sais, me répondit-il, les mathéma-
tiques. — Avec les mathématiques vous vous fa-
tiguerez beaucoup , et vous gagnerez peu de
ciiose. — Je sais l'histoire et la géographie. —
Si les parents se proposaient de donner une édu-
cation solide à leurs enfants, vous pourriez tirer
parti de ces connaissances utiles; mais il n'y a
pas de l'eau à boire. — J'ai fait mon droit et j'ai
étudié les lois. — Avec le mérite de Grotius, on
pourrait ici mourir de faim au coin d'une borne.
— Je sais encore une chose que personne n'i-
gnore dans mon pays, la musique; je touche
passablement du clavecin, et je crois entendre
l'harmonie mieux que la plupart de ceux qui
l'enseignent. — Eh ! que ne le disiez-vous donc?
Chez un peuple frivole comme celui-ci, les bon-
nes études ne mènent à rien ; avec les arls d'a-
grément, on arrive à tout. Monsieur, vous vien-
drez tous les soirs à six heures et demie; vous
montrerez à ma fille un peu de géographie et
d'histoire : le reste du temps sera employé au
clavecin et à l'harmonie. Vous trouverez votre
couvert mis tous les jours et à tous les repas, et
comme il ne suffit pas d'être nourri, qu'il faut
encore être logé et vêtu, je vous donnerai cinq
cents livres par an ; c'est fout ce que je puis faire.
— Voilà mon premier entretien avec M. Bémetz-
rieder. M La liaison de celui-ci avec Dijierot
lui procura un moment de vogue; ce philo-
sophe assure qu'il comptait parmi ses élèves
des hommes et des femmes du premier rang, des
musiciens jiar état, des hommes de lettres, des
philosophes, des jeunes personnes, etc., etc. Il y
a quelque apparence que cette prospérité ne fut
pas de longue durée ; car Bémetzrieder s'éloigna
de Paris en 1782, pour s'en aller à Londres, où
la fortune ne le traita pas mieux. Il y vivait en-
core en 1816 ; on ne sait ce qu'il est devenu de-
puis lors ni quand il a cessé de vivre.
Je ne sais si Bémetzrieder était savant en droit,
en histoire et en mathématiques; mais assuré-
ment il était très-ignorant en musique, car il
(1) Correspond, littt'r. , philos, et crit. de Grimm et de
Diderot, t. va, p. 29) et suiv., édition de l'aiis. 18i9.
n'existe rien de plus plat ni de plus mal écrit que
les exemples de musique des ouvrages qu'il a
publiés sur la théorie de l'harmonie. Les éloges
donnés par Diderot à son système d'harmonie
prouvent, comme l'analyse qu'il en a faite, le
danger de parler de ce qu'on n'entend pas , lors
même qu'on est doué d'un esprit supérieur.
Bémetzrieder avait écrit ses principes en dialo-
gues pour les leçons qu'il donnait à la fille du
philosophe ; Diderot entreprit d'en faire un livre,
et se chargea de la rédaction de celui qui parut
sous le titre de: Leçons de clavecin et principes
d'harmonie. Il ne fit, dit-il, autre chose que de
corriger le mauvais français tndesque de l'au-
teur de ces dialogues; mais, quoi qu'il dise, il y
mitcertainementIecachetoriginalqui,seul, a pro-
curé quelque succès aux Leçons de clavecin, et
qu'on retrouve dans toutes ses productions. Ce
qui le prouve, c'est que tous les autres livres
publiés ensuite par Bémetzrieder ne renferment
que du galimatias inintelligible. Au reste, il est
bon de dire que ces livres n'eurent une sorte
de succès que parmi les gens du monde, parce
qu'il était alois de mode d'avoir l'air de s'occu-
per de théorie de musique, sans y rien entendre :
quant aux musiciens, ils n'eurent jamais la
moindre estime pour le fatras de l'ex-bénédic-
tin.
Bémetzrieder a présenté sous toutes les formes
ses obscures idées sur la théorie de l'harmonie
et sur la tonalité. La liste de ses écrits est éten-
due; la voici à peu près complète : 1° Leçons
de clavecin et principes cV harmonie ; Paris,
Bluet, 1771, in-io. Ce livre, dont les exemples
de musique sont imprimés avec les caractères de
Fournier, a été traduit en espagnol par Bails
( Voy. ce nom). — 1° Lettre en réponse à quel-
ques objections sur les Leçons de clavecin;
Paris, 1771, in-S". Je crois que cet écrit, cité par
Forkci et par Lichtenthal n'est autre que celui-ci,
dont on a mal copié le titre : Lettres de M. Bé-
metzrieder à MM***, musiciens de profession,
ou Réponse à quelques objections qiCon a fai-
tes à sa méthode pralique, sa théorie et son
ouvrage sur l'harmonie; Paris, 1771, in-8^. —
3" Lettre à M. le baron de S***, concernant
les dièses et les bémols; Paris, 1773, in-s". —
4° Traité de musique concernant les tons, les
harmonies, les accords et le discoîas musical;
Paris, 1776,10-8°. Une deuxième édition de ce
livre a été publiée en 17S0, sous ce titre : Dis-
cours théorique sur l'origine des sons de l'oc-
tave, sur la naissance des deux modes, sur
les dièses, sur les bémols, et stir la formation
des harmonies, in-S". Une traduction anglaise
de cet ouvrage de Bémetzrieder, par GilTard
332
BÉMETZRIEDER — BENDA
Bernard, a paru à Londres, en 1779, in-4°. —
h." Réflexions sur les leçons de musique; Paris
1778, in-80. — 60 Nouvel essai sur Vharmo-
nie, suite du traité de musique; Paris, 1779,
in-8°. Cet ouvraj^e reparut avec un nouveau
frontispice en 1781, comme une nouvelle édition.
— 1" Le Tolérantisme musical ; Paris, 1779,
in-S". Cette brochure de 32 pages a pour but de
jaire cesser les disputes des Gluckistes et des
Piccinistes, et de prouver qu'il y a de bonne
musique <le plus d'un genre. — S'' Exemples
des principaux éléments de la composition
musicale, addition au nouvel Essai sur Vhar-
vionie; Paris, 1780, in-8". — 8° (bis) Méthode
et réflexions sur les leoons de musique. Nou-
velle édition; Paris, OntVoy, 1781, 1 vol. in-S".
— 9" New tessons for harpsichord, frencli and
engiish; Londres, 1778, in-8". C'est une traduc-
tion anj;laise accompagnée du texte français des
leçons de clavecin rédigé par Diderot; Bé-
nietzvieder la publia dans l'année môme de son
arrivée en Angleterre. Il la reproduisit, en anglais
seulement, sous le titre de Music made easy for
everij capacity (La musique rendue facile à
toutes les intelligences); Londres, 1782, in-4°.
• — 10" Précis des talents du musicien; Lon-
dres 1783, in-8°. Dans la même année une tra-
duction anglaise de cet ouvrage parut à Londres
sous le titre de New way of tcaching music. —
— ir New guide to singing (Nouveau maî-
tre à chiinler); Londres, 1787.^ 11° (bis) Ge-
neral instruction in Music, containing pre-
cepts and exemples in every branch of the
science; ivith a geometrical explanaiion of
the musical scale ; Londres, i790, 1 vol. in-4''
obi. — \2"Art oftuningi kit d'accorder les ins-
truments à clavier); Londres, 17... — 13" A
complète treatise of music ; Londres, 1800,
in-4°. Dans cette multitude d'écrits destinés à
mettre en vogue des idées fausses sur la tonalité
et sur riiarii'onie, Bémeizrieder montre une igno-
rance complète de ce qu'on avait écrit avant lui
sur ces matières ; cependant, à l'entendre, on
croirait qu'il avait étudié tous les systèmes, qu'il
en avait constaté les défauts, et qu'il n'y avait
que lui qui eût connu la vérité, car il dit modes-
tement, dans ses Réflexions sur les leçons de
anuslque, page 20 : « Si on veut comparer mon
traité avec les livres français, allemands, ita-
liens, latins et grecs qui l'ont précédé sur la mu-
si(pie, ou verra que j'ai fertilisé un terrain inculte
«t négligé. »
I5émetzrieder, qui paraît avoir été tourmenté
par la manie d'écrire, a publié plusieurs bro-
dnires sur des sujets de philosophie et de mo-
rale, parmi lesquels on remarque : 1° Plan d'un
club pour les philosophes de Londres, et,
avec très-peu de modifications, pour toutes
les grandes villes du monde : essai philoso-
phique sur une nouvelle manière de tuer le
temps; Londres, 1784,in-4°. ■ — 2° New philo-
sophical thoughts ou man, Divinity , our ino-
ral ideas, reUgious war, révolutions, and the
golden âge ( Nouvelles |)ensées sur l'homme, la
divinité, nos idées morales, les guerres de reli-
gion et l'âge d'or) ; Londres, 1795 , in-4°. —
3° A new code for gentlemen; Londres, 1803,
in-8°.
BE1\C1IVI (Pierre-Paul), compositeur dis-
tingué pour l'église, dans le style accompagné,
fut nommé maître de la chapelle Sixline, à
Rome, le 1" mars 1743, et occupa celte .place
jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 6 juillet 1755.
Ses compositions se trouvent en manuscrit dans
quelques églises de Rome, et particulièrement
dans les archives de la chapelle Sixtiue. M. Pabbé
Santini, de Rome, possède de cet auteur:
1° Deux Te Dcum à quatre voix. — 2° L'hymne
de la Nativité. — 3» Des psaumes et des motets
avec ou sans instruments. — 4° Les psaimies
Beuti onincs et Lauda Hierusalem, à cinq. —
5" Huit psaumes à huit, et un Dixit à seize,
avec instruinents.
11 y a eu un autre compositeur du nom de
Bencini (Antoine), dont on connaît, en manus-
crit, des messes et <lt,'S psaumes à quatre voix.
La bibliothèque royale de Berlin possède de ce-
lui-ci une messe à cinq voix avec instruments,
et une autre à quatre voix, également avec or-
cliestre.
BENDA (François), maître des concerts du
roi de Prusse et fondateur d'une école de violon,
eji Allemagne, naquit à Althenatka, en Bohème,
le 25 novembre 1709. A l'âge de sept ans il
commença l'étude de la musique; en 1718 il en-
tra comme sqiranisle à l'église de Saint-Nico-
las, de Prague. Le roi de Saxe ayant donné l'or-
dre de chercher dans la Bohême un sopranisie
pour le service de sa chapelle, le choix tomba
sur Benda, qui se rendit à Dresde et qui fut bien
accueilli par le maître de la chapelle. Après avoir
passé dix-huit mois dans celte situation, il lui
prit fantaisie de retourner à Prague; mais sa
belle voix et son aptitude comme musicien le
rendaient si utile au service de la chapelle, qu'il
ne put obtenir de congé, et qu'il ne put recou-
vrer sa liberté que par la fuite. 11 se cacha dans
un bateau qui le conduisit à Pirna ; mais il ne
put aller plus loin, car on l'avait suivi dans cette
ville; il y fut arrêté, et on le ramena à Dresde.
Le voyage qu'il venait de faire, le froid qu'il avait
enduré, cl peut-être aussi la ciaiutc dont il fut
BENDA
?,?.^
•nisi, lui fironf ponlre toiîl h cniip sa bollfi voix
de sopiMiio, et ilès lors on ne mit plus d'obstacle
h son départ. De retour à Prague, il recouvra sa
voix, qui se changea en contralto, et cet avan-
tage le lit admettre au séminaire des J(!suites en
1723. Ses premières compositions datent de cette
époque; son premier essai fut un Sa/vc région.
Peu de temps après l'avoir écrit, il retourna
chez ses parents ; mais il n'y resta pas longtemps :
la nécessité de pourvoir à son existence le fit
s'engager dans une troupe de musiciens ambu-
lants. Parmi ceux-ci se trouvait un juif aveugle,
nommé Lœbel , violoniste fort liabde qui devint
le maître et le modèle de lîenda. Fatigué bientôt
de sa vie vagabonde, celui-ci retourna à Prague
et y prit quelques leçons du violoniste Koniesck.
Lni-mémese mit à travailler avec ardeur à per-
fectionner son talent. Tour à tour il passa eji-
suite au service du comte d'Uhlefeld , du feld-
maréchal Monlecuculi, et du baron Andier. Ce-
lui-ci l'emmena à Ilermanstadt en Transylvanie,
où il resta pendant on an. Le désir de voir la
capitale de l'Autriche lui fit quitter cette posi-
tion : en arrivant à Vienne, il entra chez le mar-
quis de Lunéville, ambassadeur de France. Là,
il eut le!)onnenr d'entendre le célèbre violoncel-
liste Franciscello, et d'en recevoir des conseils qui
eurent la plus heureuse influence sur son talent.
Une association s'étant formée entre Benda et
trois autres artistes nommés Czarth, Hœkh et
Weidner, ils se mirent en voyage et se rendi-
rent en Pologne. Arrivés à Varsovie , ils se
mirent au service du staroste Szaniowsky, qui
choisit Benda pour son maître de chapelle.
Après avoir passé deux ans et demi à la cour
de ce seigneur, il la quitta pour entrer dans
la chapelle du roi de Pologne , Auguste. La
mort de ce prince le laissa bientôt sans place,
el l'obligea d'aller à Dresde pour y trouver de
l'emploi. Là, il rencontra le célèbre flûliste et
compositeur Quanz, qui l'engagea, en 1732, pour
le service du prince royal de Prusse, Frédéric H.
A son arrivée à Ruppin, il y trouva le maître de
concerts Jean-Théophile Graun , frère du célè-
bre compositeur de ce nom. Graun était alors le
meilleur violoniste de l'Allemagne ; Benda avowa
qu'il n'avait jamais entendu d'artiste qui lui eût
fait autant de plaisir, surtout dans l'adagio, et
qu'il avait tiré un grand enseignement de ce
qu'il lui avait entendu jouer. Sa nouvelle position
lui procura aussi l'avantage «le prendre des le-
çons de Quanz pour l'harmonie et le contre-
point.
Le traitement que Benda recevait du prinee
royal de Prusse fut beaucoup augmenté quand
Frédéiic monta sur le trône. Ses deux frères
Jean et Joseph Benda inrnit aussi admis dani
la chapelle. Dans cette siîualiou lieureJisc efi
tranquille, l'artiste ne songea plus qu'à perfec
tionner son talent et à consacrer sa vie entière .v
son art. Tant de soins, de travaux et de persé-
vérance furent couronnés par les plus hrillanis
succès, et Benda parvint à im degré de perfec-
tion inconnu jusque-là aux violonistes de l'Alle-
magne. Depuis quarante ans, il était membre de
la musique du roi de Prusse, lorsqu'cn 1772,
il succéda à Graun l'ainé comme maiti'e dos
concerts; mais quelques années après, sa santé
se dérangea, il fut oblige de cesser son service,
et il mourut d'épuisement à Pofsdam, le 7 mars
178G, à l'âge de soixante-seize ans. Burney dit,
dans son Voyage musical, que la manière de ce
virtuose n'était celle d'aucun autre violoniste. 11
n'avait copié ni Tarlini, ni Somis , ni Varacini,
mais il avait pris de chacun ce qui avait le plus
d'analogie avec sa manière de sentir, et de tout
cela il s'était fait im style particulier, il excellait
surtout à rendre les trails à l'aigu avec un son
pur et moelleux, quoiqu'il les jouât dans un mou-
vement très-rapide. Ses élèves furent nombreux:
ils répandirent en Allemagne ses traditions qui
ont étéconnuesjusqu'au commencement ilu dix-
neuvième siècle sous le nom d'eco/e de Benda.
Les plus distingués d'entre eux ont été son frère
Joseph, ses deux fils, Kœrbifz, Bofiin\is, Pischer,
Veichtner, Ramnitz, Rust et Matthes. Denda
avait aussi formé, pour le chant, ses deux filles,
femmes des maîtres de chapelle Reich.'irdt et
Wolff, et le sopraniste Paolino. Il a composé
près de cent .solos pour le violon, un grand nom-
bre de concertos et plusieurs symphonies; tous
ces ouvrages sont restés en manuscrit; on n'en
a publié que Onze solos pour le violon, un Solo
pour la flûte, des études ou caprices pour le
violon, œuvre posthume, livre I et II, et des
Exercices progressifs, liv. III. Le portrait de
Benda a été gravé parPolte, en 1796, et ensuite
par Laurent.
BENDA (Jean), frère cadet de François,
musicien de la chambre du roi de Prusse, né à
Althenatka, vers 1714, fit ses études musicales
à Dresde, et vécut dans cette ville jusqu'en 1733.
Conduit à Berlin par son frère, François Benda,
il y obtint une place à la chapelle royale; mais
il y mourut au commencement de 17b2, à l'âge
de trente-huit ans. Il a laissé en manuscrit ti"ois
concertos de violon, de sa composition.
BENDA ( Joseph ), néà Althenatka, en 1724,
selon l'Almanach musical de Reichardt, et eu
172.'), selon d'autres, succéda à son frère, Fran-
çois Benda, dans l'emploi de maître des concerts
du roi de Prusse. 11 avait élé d'abord admi?..
334
BENDA
comme violoniste, parmi les musiciens de la
chambre de ce monarque, en 1742. Au com-
inencement du règne de Frédéric-Guillaume II,
sa pension fut réglée à huit cents éciis de Prusse;
mais le successeur de ce prince l'a réduite à
deux cents. Joseph Bencla est mort à Berlin en
1804, dans la quatre-vingtième année de son
âge. Quoiqu'il ait beaucoup écrit, aucune de ses
compositions n'a été gravée.
BEi\DA (Georges), compositeur, n'était
pas frère des trois artistes précédents, comme
le dit Gerl)er dans son ancien lexique, mais
leur cousin. Ilnaquit à Jungbunslau,en 1729,. Son
père, simple tisserand dans ce village, fut son
premier maître de musique et lui enseigna à
jouer du hautbois. Il se livra aussi à l'étude du
violon et du clavecin, et devint d'une habileté re-
marquable sur ces instruments. En 1740, lorsque
François Benda appela près de lui sa tiamille à
Berlin, Georges perfectionna ses talents sur les
l)eaux modèles que lui offraient les artistes de la
capitale de la Prusse. Admis dans la chapelle
du roi, comme second violon, il eut de fréquen-
tes occasions d'entendre les compositions de
Graun et de Hasse, et de former son goût sur leur
modèle. Ce fut à peu près la seule éducation
musicale qu'il reçut comme compositeur, car il
ne voulut jamais se donner la peine d'étudier le
contrepoint, ni même l'harmonie. La place de
maître de chapelle du duc de Saxe-Gotha étant
devenue vacante, en 1748, par la mort de Stœl-
zel, Benda l'obtint et quitta le service du roi de
Prusse. Le duc, Frédéric III, était un amateur
passionné de musique d'église; il demanda beau-
coup de Messes, de Passions et d'Hymnes à son
nouveau maître de chapelle; le talent déployé
par Benda dans ces ouvrages révéla à l'Allema-
gne l'existence d'un artiste de mérite. Le prince
fut si satisfait de ces productions, qu'il con-
sentit, en 1764, au voyage que Benda voulait
faire en Italie, et qu'il en paya les frais. Déjà le
compositeur était connu par ses belles sonates
et ses concertos. 11 joua l'un de ceux-ci à la
cour de Munich, lorsqu'il partit pour l'Italie,
et l'électeur lui donna une belle montre d'or en
témoignage de sa satisfaction. Arnvé à Venise,
Benda courut au théâtre, pressé par le besoin
d'entendre de la musique italienne. On jouait un
opéra bouffe de Galuppi. Accoutumé comme
il l'était à la musique forte d'harmonie et riche
de modulations, le compositeur allemand ne com-
prit pas le mérite des mélodies simples, naturel-
les et spirituelles de Galuppi, et son dégoût pour
cette musique devint si fort, qu'il ne voulut pas
rester dans la sallejiisqu'à la fin de la représen-
lation, et qu'il s'enfuit malgré les observations
du directeur de musique Rust, qui l'avait accom-
pagné dans son voyage. Rust, mieux disposé
que Benda à goûter le charme de la musique
italienne, non-seulementécouta la piècejusqu'au
bout , mais y retourna tous les soirs. Étonné de
sa persévérance, Benda voulut encore tenter une
épreuve, et prit enfin le parti d'aller entendre en-
core cette musique qui lui avait tant déplu d'a-
bord. Cette fois il y découvrit un charme qui le
captiva jusqu'à le faire assister à toutes les repré-
sentations. Devenu enfin passionné pour les for-
mes italiennes, il s'en servit pour modifier sa
manière, qui, depuis lors, prit le caractère italo-
germanique que Benda a conservé dans toutes
ses productions. Arrivé à Rome, Benda y écrivit
un morceau d'église pour l'anniversaire de la
naissance du duc de Saxe-Gotha; ce morceau,
considéré comme un de ses meilleurs ouvrages,
n'a point été publié.
De retour à Gotha, en 1766, Benda y écrivit
ses opéras de Ciro riconosciuto et de II bnon
Marito. Ces ouvrages furent suivis de la Foire
de village, petit opéra comique; de Walder,
opéra sérieux; à' Ariane à Naxos, duodrame;
de Médée ; du Bûcheron; de Pygmalion, mo-
nodrame de Rousseau; de Roméo et Juliette;
delà Loi tartare ; de Lucas et Barbe, opéra co-
mique, et de l'Enfant trouvé. Après le brillant
succès de toutes ces compositions, Benda jouis-
sait de la plus belle réputation et du sort le
plus doux à la cour de Gotha ; cependant il quitta
tout à coup cette position , renonça aux douze
cents thalers de traitement qu'il recevait chaque
année, et, sans même demander de pension
pour ses longs services, il s'enfuit, en 1778, à
Hambourg, où Sehroeder lui confia la direc-
tion de l'orchestre de son théâtre. Bientôt fati-
gué de la dépendance où le mettait son service,
il se rendit à Vienne, s'y fit entendre avec succès
dans un concert, n'y vécut point heureux, et prit
enfin le parti de retourner à Gotha, où il pria le
prince de lui pardonner sa faute. Il en reçut
deux cents tbalers de pension annuelle; le suc-
cesseur de ce prince, le duc Auguste de Saxe-
Gotha, y ajouta deux cents autres thalers. Alors
Benda se retira à Georgenthal, agréable village à
trois lieues de Gotha, et y employa les loisirs de
sa selitude à rassembler tous les morceaux qu'il
avait écrits pour le piano, dans le dessein d'en
donner une édition complète.
En 1781, des propositions lui furent faites
pour se rendre à Paris, oii l'on venait de tra-
duire son opéra A' Ariane à ISaxos ; il ne se dé-
cida qu'avec peine à ce voyage, parce qu'il avait
atteint sa soixantième année ; mais les instances
devinrent si pressantes, qu'il accéda enfin aux
BENDA
33.V
offres qui lui ('(aient faites. Il dirigea hii-m/^me
la mise en scène de son ouvrage; mais il se re-
pentit ensuite de sa condescendance, la pièc«
n'ayant point eu de succès. De retour à Gcor-
genthal, il semblait s'y plaire; mais tout à coup,
par un de ces caprices dont sa vie offrit de nom-
breux exemples, il alla demeurer à Ordruff, se
fatigua bientôt de son séjour dans celte ville et
se retira, en 1788, à Ronnebourg où il exprima,
quatre ans après, l'ennui qui le dévorait dans une
sorte d'élégie en musique connue sous le nom
des Plaintes de Benda{Benda's Klagcn). l'a-
ligué du monde et de lui-même, il alla, peu de
temps après, cherclier une solitude à Koestrilz,
où il mourut le 6 novembre 1795, à l'âge d'envi-
ron soixante-treize ans. Dans ses dernières années
son art avait pour lui si peu de cliarme, (pie,
lorsqu'on le pressait d'entendre quelque ai liste
distingué, il répondait : une simple fleur me
procure plus de jouissances que toule la mu-
sique.
Benda aimait beaucoup les plaisirs de la table,
.semblable en cela à Jomelli, H;eudel et Gluck.
Lorsqu'il composait, il écrivait fort vite ; mais
il passait la plus grande partie du temps dans
une vague rêverie qui l'empêcha de produire
autant qu'il aurait pu le faire dans une carrière
aussi longue que la sienne. On voit dans ses let-
tres, publiées par Scblicbtegroll, qu'il médita
beaucoup, vers la fin de sa vie, sur l'immortalité'
de l'àme, à laquelle il ne croyait pas. Il y a lieu
de penser que son cœur était sec autant que sa
tête était fantasque. On rapporte sur lui l'anec-
dote suivante. Sa femme venait d'expirer dans
ses bras ; à peine eut-elle rendu le dernier sou-
pir, que Benda se précipita sur son piano et
cbercha à exprimer sa douleur par des modula-
tions mélancoliques ; mais bientôt, préoccupé de
ses successions d'accords, il oublia l'objet de son
improvisation, et lorsqu'un domestique vint lui
demander s'il fallait envoyer des lettres de faire
part, il entra dans la chambre de sa femme pour
la consulter sur ce sujet, et ce ne fut qu'en ajier-
cevanl le corps inanimé qu'il se souvint du uial-
lieur qui venait de le frapper.
Benda avait reçu de la nature des idées mé-
lodiques remplies de grâce et d'expression ; bien
qu'il n'eût point fait d'études, son harmonie est,
en général, pure et correcte; tout ce qu'il a écrit
est d'un caractère gracieux, et ses ouvrages ont
toujours été entendus avec plaisir ; néanmoins le
cachet de l'invention y manque, et c'est à cela
qu'il faut attribuer le profond oubli où ces pro-
ductions sont déjà tombées. Parmi ces composi-
tions, celles qui y ont été considérées comme les
mcilleuies sont: {<^ Voiiverlure d''Ariane. —
2» Un cliaur Cic Médée. — 3» Li\s Plaintes d'A-
mynte sur la faite de Lalage, cantate compo-
sée en 1744, dans la jeunesse de l'auteur. —
40 Plusieurs morceaux de musique d'église. ■ —
50 Ode sur la mort de la duchesse de Saxe-Go-
tha, épouse de Frédéric III, morceau qui fut en-
suite exécuté pour la mort de Lessing. — 00 plu-
sieurs scènes et un chœur de Roméo et Juliette.
On a publié, de la composition de Benda : loSei
sonate per il cembalo; Berlin, 1757. —
2" Plaintes d'Amynte sur la fuite de La-
lage; ibid., 1744. ^ 3° La Foire de village,
opéra comique réduit pour le piano ; Leipsick,
1776. — 40 Walder, opéra .sérieux ; Gotha,
1777. — 50 Ariane à I\'axos , duodramej Leip-
sick, 1778. Une édition plus complète de la par-
tition de cet ouvrage; ibid., ll'Sl. — 6° Médée ;
Leipsick, 1778. — 70 Le Bileheron, opéra co-
mique; ibid., 1778. — 8° Pygmalion, mono-
drame; Leipsick, 1780. — 9" Roméo elJuliette,
partition réduite pour le piano; Leipsick , 1778.
— 10" Deux concertos pour le clavecin, avec
accompagnement de deux violons, alto et basse ;
Leipsick, 1779. — 11° Colleclion de différents
morceaux pour le piano, I'", 2® et 3™^ suite ;
Gotha et Leipsick, 1780 et 1781. — 12° Collec-
tion d'airs italiens, partitions réduites pour le
piano; Leipsick, 1782. • — IS" Airs et duos de
la Loi tartare, mélodrame, pour piano et vio-
lon; Leipsick, 1789. — ik^ Céphaleet l'Aurore,
cantate de Weiss,avec accompagnement de deux
llùtes, deux violons, alto, violoncelle et piano;
Leipsick. — 15» Les Plaintes de Benda, canlatc,
avec accompagnement de deux flûtes, deux vio-
lons et basse. Parmi les com(iositions inédites
de Benda on remarque plusieurs années com-
plètes de musique d'église, des pièces de circons-
tance, des symphonies, des sonates, des concer-
tos de piano, et le mélodrame Almanzor. La
Bibliothèque royale de lierlin po.ssède en manus-
crit environ cinquante cantates d'église et autres
de Benda, à quatre voix et instruments ou à voix
seules, des odes également à quatre voix et or-
chestre, elles partitions autographes de plusieurs
messes, rhœurs, trios, etc.
BEIVUxV (I^RÉDÉiuc- Guillaume-Henri), fils
aîné de l-'rançois, naquit à Potsilam, le 15 juil-
let 1745. Digne élève de son père pour le violon,,
il fut admis au nombre des musiciens de la cham-
bre du roi de Prusse; mais il se distingua sur-
tout comme claveciniste et comme compositeur.
Kn 1789, il écrivit son opéra allemand ô^Orphéer
pour l'impératrice de Russie, qui lui envoya hr
grande médaille d'or qu'elle avait fait frapper
pour l'inauguration de la statue de Pierre ("''. Il
reçut aussi de Paul P"" une lettre llatleuse, datée-
336
BENDA — BENDELER
du 26 novembre 1796, avec une boîte d'or émail-
lée, comme récompense de quelques-uns de ses
ouvrages qu'il avait envoyés à ce monarque. Son
oratorio Die Jûnger ( Les Disciples), qui fut exé-
cuté à Berlin, en 1792, fut très-applaudi. Outre
son Orphée, qui fut publié en parlilion pour le
piano, on a encore de sa composition : l" Six
trios pour deux violons et bas^e, op. !. — 2° Deux
concertos pour violon et orchestre, op. 2. —
3° Trois trios pour clavecin, violon et basse,
op. 3. — 4° Trois concertos pour la llùte, op. 4.
— 5» Trio-^ pour clavecin, op. 5. — 6" Sonate à
quatre mains,op. 6; 7" Sept sonates séparées pour
clavecin ou harpe, avec llrtle ou violon et basse,
publiées à Berlin, de 1788 à 1793. — S" Un solo
pour flûte et basse, 1792. — 9» Les Grâces, can-
tate, avec accompagnement de piano ; Leipsick,
1792 ; 10° Six concertos de violon àcinq parties,
en Mss. — 11» Six solos de flûte en Mss. —
12" Die Jûnger am Grabe {Les disciples au
tombeau), oratorio.
BEIXDA (CH.iRLES-HERMANN-ULRIC), filS ca-
det de François, naquit à Pofsdam, le 2 mai
1748. Élève de son père pour le violon, il fut
celui qui approcha le plus de sa belle manière
dans l'exécution de l'adagio. Comme presque
fous les membres de sa famille, il fut musicien
de la chambre du roi de Prusse. Il a écrit quel-
ques solos pour son instrument.
BENDA (Frédéiîic-Lolis), fils de Georges
Benda, naquit à Gotha, en 1746. Devenu habile
sur le violon, il fut nommé chef d'orchestre du
petit théâtre de Seyler, en 1778. Quatre ans après
on l'appela à Hanau pour y prendre la direction
du théâtre. Il s'y maria avec mademoiselle Bietz,
cantatrice célèbre, connue depuis sous le nom
de madame Benda, fit avec elle un voyage à
Berlin et à Vienne, et entra, en 1783, au service
du duc de Mecklenbourg, avec un traitement de
mille écus de Pru.sse. De là, il pas.sa à Kœnigs-
berg, en 1789, comme directeur des concerts;
mais il ne jouit pas longtemps de cet emploi, car
il mourut le 27 mars 1792, à l'âge de quarante-
six ans. Ses compositions les plus connues sont :
10 Le liarhier de Séville, opéra représenté à
Hambourg, en 1782. — 2» Trois concertos de
violon; Leipsick, 1779. — 3° Trauerkantate
auf den Tod des Herzogs von Mecklenhurg
(Cantate funèbre sur la mort du duc de Meck-
lembourg), 1785. — ko Bas Vaier unser, Kan-
tateile Pater noster), 17S3. — .5° Der Tod,
Kantate ( la Mort, cantate) , 1788. — G" Die
Religion, Kantate, 1790. — 7o Le Ballet des
Fous, en 17R7. — %" Die Verlobung (Les
fiançailles), opérette, en 1790, à Kœnigsberg.
— 90 Z,07/jse, opérette, en 1791, gravé en par-
tition de piano; Kopïiigsberg, 1791. — 10° Ma-
riechen ['ia petite Marie), opérette, en 1792,
à Kœnigsberg. C'est son dernier ouvrage.
BEIVDA (Ernest-Frédéric), fils de Joseph
Benda, naquit à Berlin, en 1747, et entra dans
la musique du roi de Prusse, après avoir achevé
ses études musicales. En 1770, il dirigeait, con-
jointement avec Bachmann, le concert des ama-
teurs de Berlin, qu'il avait fondé. Tout annonçait
en lui un artiste du premier ordre, lorsqu'il fut
enlevé à ses amis par une fièvre ardente, le 31
mars 1778, dans la trente et unième année de
son âge. La société de concert honora sa mé-
moire par une musique funèbre solennelle. Jl a
fait imprimer en 1769, à Leipsick, un menuet
avec variations pour le piano.
BE]\DA (Madame). Voyez Heyne.
BEIXDA (Félix), né à Skalska en Bohême,
vers le commencement du dix-huitième siècle,
est compté parmi les plus grands organistes de
l'Allemagne. Il toucha d'abord l'orgue des Ser-
vîtes à l'église de Saint-Michel à Prague, passa
ensuite chez les frères de la Miséricorde, dans
la même ville, et y mourut en 1768. Il a laissé
en manuscrit beaucoup d'oratorios, de messes,
de litanies, mais il ne paraît pas qu'on en ait
rien imprimé. Segers tivouait que c'était à Benda
qu'il devait ses connaissances musicales et son
talent comme organiste. Ses principaux orato-
rios sont : 1° L'Innocence accusée, on le San-
veîir du monde, composé en 1700; — 2o La
douloureuse Mère de Dieu, en 1771 ; — 3° Le
Crucifiement, 1762.
BENDELER (Jean-Philippe), chantre
au collège de Quedlimbourg, naquit à Rietlmord-
hausen, village près d'Erfûrt, vers 1660, et mou-
rut d'une apoplexie foudroyante dans l'église de
Quedlimbourg, vers 1712. On a de lui les ouvra-
ges suivants : Melopœia praclica, an sich hal-
ten aile musikalischc Erfindungen zwar auf
gewisse Maass , etc. (Mélopée pratique ou Mé-
thode sûre pour s'instruire dans les connais.san-
ces musicales); Nuremberg, 1686, in-fol. J'ignore
si cet ouvrage est le même que celui qui est cité
par Walther, et, d'après lui, par Gerberet For-
kel sous ce titre: Mrarium melopœticum ; Nu-
remberg, 1688, infol.de huit fouilles. C'est peut-
être une nouvelle édition du livre précédent ;
peut-être aussi ne s'agit-il que d'exemplaires
différents de la même édition dont on a changé
le titre; — 2'^ Organopœia, oder Unferweisung ,
luie eine Orgel nnch iJiren Hauptstilckén, als
Mensurïren, Abtheilung der Laden, Zufall
des Windes, Stimmung oder Temperatur, etc.;
Francfort et Leipsick, sans date, mais réimprimé
à Mersebourg, en 1690, in-4o de six feuilles. Ui.c
BENDELER — BENDER
337
nouvelle édition a paru à Francfort, sous ce ti-
tre : Orgelbaukunst (L'art du facteur d'orgues),
1739, in-4° ; — 3° Directormm musiciim, oder
</ruhdiiche Erorterung derjcnigen Streilfra-
gen , welche zwischen dechul-Rectoribus und
Cantoribus iïbcr dem Dlrectorio musico mo-
tivirt worden; Quediinbonrg, 1706, 28 pages
in-4'' ; — 4" Collegium miisicum de composi-
^/oHe, Mss. Ce livre est cité par Maltheson dans
son Arc de triomphe musical ( Ehrenpforte
mus.). Les ouvrages de Bendeler prouvent que
leur auteur avait plus de savoir que de critique
et de piiilosopliie dans la tête.
BEi\DELER (Salomon), (ils du précé-
dent, et basse-contre de la chapelle et de la
chambre du duc de Brunswick, naquit à Qued-
linbourg, en 1683. Son père, ayant reconnu ses
heureuses dispositions pour la musique et la
beauté de sa voix, lui donna les premières le-
çons, et eut lieu d'être satisfait des progrès de
son fils. Parvenu à l'âge de puberté, celui-ci ac-
quit un timbre de voix si fort et si pénétrant ,
qu'aucun autre chanteur ne put lui être com-
paré. Quelle que fût l'étendue d'une église, cette
voix prodigieuse se faisait entendre également
partout, et semblait ébranler la voûte. Bendeler
<it un voyage en Angleterre, où on lui offrit de
grands avantages; mais il préféra une place h
l'Opéra de Hambourg. Il y obtint le plus grand
succès, ainsi qu'à Leipsick et à Brunswick. Dans
un voyage qu'il lit a Dantzick , il toucha l'orgue
de l'église principale. Après avoir préludé, il dé-
ploya tout à coup la force de sa voix étonnante.
Un brait soudain ([ui s'éleva dans l'église inter-
rompit l'office et le chanteur : la femme d'un
des (irincipaux sénateurs, épouvantée par cette
voix terrible, venait d'accoucher heureusement
d'un fils. Son mari, tourmenté de la goutte, fut
si transporté de joie à cette nouvelle, qu'il se
trouva guéri sur-le-champ. Instruit du nom de
celui à qui il devait ce double bonheur, il invita
Bendeler, avec une société nombreuse, au repas
du baptême, et mit sur son assiette une somme
de trois cents ducats, en lui exprimant sa re-
connaissance pour le service qu'il venait de lui
rendre, comme accoucheur et comme médecin.
Cette aventure fit connaître Bendeler, et lui ouvrit
l'entrée de toutes les sociétés. Ce singulier chan-
teur est mort en 1724.
BEIMDER (Jacqces), né à Bechtheim, près de
AVonns, en 1798, commença l'étude de la mu-
sique à l'âge de cinq ans, sous la direction de
Mœser, organiste de cet endroit. Après avoir
appris pendant quatre ans à jouer du piano,
Bender reçut des leçons de violon de son père,
PUIS il alla à Worms, oii Alfuldisch, maître
BIOCK. UNlV. DES MUSICIENS. — T. 1.
de musique de la ville, lui enseigna à jouer de
plusieurs instruments et lui donna quelques le-
çons d'harmonie. Les progrès de Bender sur la
clarinette furent rapides, et bientôt il fut consi-
déré comme un clarinettiste distingué. De re-
tour à Bechtheim, Bender reprit ses études
d'harmonie, et commença à écriie quelques mor-
ceaux pour les instruments à vent. A l'âge de
vingt et un ans, il entra comme chef de musique
dans le 3l™<: régiment d'infanterie du royaume
des Pays-Bas. Après dix années de service, il se
retira dans la petite ville de Saint-Nicolas, en
Belgique, en qualité de directeur de musique, et
y organisa une société philharmonique. Appelé à
Anvers, en 1833, par la Société royale d'har-
monie , il fut chargé des fonrfinns de chef
d'orchestre de cette société, et se fi\a dans celte
ville. Bender a arrangé plusieurs ouvertures eu
harmonie militaire, et a composé <les fantaisi«'s,
des pots-pourris pour des orchestres d'instru-
ments à vent, ainsi que des concertos pour
divers instruments. Quelques-tms de ces mor-
ceaux ont été publiés par MM. Scholt fils , de
Mayence; les autres sont restés en manuscrit.
Bender est mort à Anvers le 9 août 1844, à l'âge
de quarante-six ans.
BENDER ( Valentin), frère cadet du pré-
cédent, est né a Bechtheim, en 1800. A l'âge de
six ans, il entra dans l'école de l'organiste Mœ-
ser pour y apprendre les premiers principes de
la musique; puis il reçut de son père quelques
leçons de violon ; mais il abandonna bientôt cet
instrument pour l'étude de la flûte, où il fit de
rapides progrès. Lorsque son frère revint de
Worms, Valentin étudia la clarinette sous sa di-
rection. La nature l'avait particulièrement des-
tiné à cet instiument, sur lequel il acquit en peu
de temps un degré d'habileté remarquable. Après
avoir voyagé avec Jacques Bender, pour donner
des concerts, il entra, en 1819, connue clari-
nette solo dans le 31* régiment d'inlanterie des
Pays-Bas, dont son frère était chef de musique.
Il n'occupa cette place que pendant dix-huit
mois; après ce temps il passa au service de
France comme chef de musique du 51'"^ régi-
ment de ligne, et fit eu cette qualité la campagne
d'iîspagne de 1823; puis il quitta son régiment
qui devait passer aux colonies, pour entrer dans
le 59"; mais il occupa peu de temps cette place,
ayant été appelé à Paris où on lui proposa la di-
rection d'un corps de musique qu'on devait or-
ganiser en Egypte pour le service du vice-roi. Il
n'accepta point les propositions qui lui lurent
faites à ce sujet, et il se rendit à Anvers, en 1826,
comme directeur de la société d'harmonie. A
l'époque de la révoluliou de 1830, il prit un en-
22
338
BENDER — BENÉDICT
gagement comme chef de musique dans le 1^"" ré-
giment d'infanterie belge; deux années après, il
fut chargé d'organiser le beau corps de musi-
que du régiment des guides, dont il est aujour-
d'hui le chef avec le litre de directeur de la mu-
sique militaire de la maison du roi. M. Bender
possède un fort beau talent sur la clarinette et
mérite d'être compté parmi les virtuoses sur cet
instrument. Il a composé plusieurs morceaux de
musique militaire, et l'on a gravé de lui trois
airs variés pour la clarinette, avec accompagne-
ment d'instruments à vent; Paris, A. Petit.
BE1\DII\ELLI (Auguste), chanoine régu-
lier de Latran, naquit à Lucques, vers 1550. Bo-
noncini le cite (Mus. prat., p. il, c. 12.) comme
un habile contrapuntiste, et donne un canon à
<iuatre voix de sa composition au titre de son
Musicien pratique. On a deBendinelli : 1° Can-
tiones sacrse gwingMe t^oc; Venise, 1585; —
2° Sacrarum cantionum 5 vocum lib. II; Ve-
nelm, Amadinum, 1588, in-4''; — 3° Sacra om-
nium solemnitatum Vesperlina psalmodia,
quatuor vocibus concinenda, duoque Virginis
canlica,septemetoctovocibusdecantanda ;\é-
rone, 1594,in-4°; — i°Cantiones sacra: quinque
vonnn; Francfort-sur-le-Mein, 1604, in-4"; ce
sont les deux livres de motels précédents réunis
dans un seul recueil; — b° Cantiones sacrx qua-
tuor vocum; ibid., 1604, in-4".
BEI\DL (Charles), compositeur de musique
de danse, à Vienne (1840 à 1850), y a publié en-
viron soixante-dix œuvres de valses et de qua-
drilles, pour l'orchestre et pour le piano, chez
Hasiinger.
BEIVDUSI (François), né à Sienne, dans la
première moitié du seizième siècle, a publié :
Opéra nova di balli a quatlro , da sonare e
cantate; Milan, 1609. La première édition de cet
ti'uvre a paru à Venise, chez Antoine Gardane,
t-n 1553, in-4'' obi.
BENECKEIV (FRÉDÉRic-BuRCHARDT),né vers
1760, fut d'abord candidat de théologie à Wen-
ningsen et obtint, vers 1790, la place de prédi-
cateur à Ronneberg, près de Hanovre, où il est
mort en 1818. 11 s'est fait connaître par un recueil
d'airs et de six menuets pour le piano, Hanovre,
1787. Il a publié aussi : Airs et morceaux de
différents caractères; Hanovre, 1799. Enfin,
on a de lui des chants avec accompagnement de
piano , qui ont été publiés dans la même ville à
différentes époques.
BENEDETTI (Pierre), musicien florentin,
vécut au commencement du dix-septième siècle.
Il était membre de l'Académie des Elevait de
Florence, soi» le nom de Vlnvaghiio. Un livre de
ses compositions pour le chant, dans les nou-*
velles formes à la mode au commencement du
dix-septième siècle, avec la basse continue, a été
imprimé sous ce titre : Le Musiche di Piero (sic)
Benedetti, etc.;Fiorenza, ICll, in-fol. Le second
livre a paru deux ans après; il est intitulé : Mu-
siche di Pietro Benedetti.... Libro seconda. In
Venetia, 1613, in-fol. A la (in du premier livre
on trouve le dialogue de Ninfa e Pastori , pin-
Marco de Gagliano, et une autre pièce de Jac()ues
Péri.
BENEDETTI (Pierre), chanoine de la Col-
légiale de Spolète et maître de chapelle de l'église
d'Apiro, dans les États romains. Né à Assise, dans
les États de l'Église, vers lC85,ilvécutdans la pre-
mière moitié du dix -huitième siècle. On l'appelle
sur les titres de ses compositions, Benedetti
d''Assisi, pour le distinguer de l'ancien Benedetti
de Florence. Il s'est fait connaître comme com-
positeur par les ouvrages intitulés : 1° Offertori
per tntle le dominiche a due voci cnf basso
;)er ror|7a«o ; Bologne, Silvani, 1715, in-4"; —
i" Messe concerfate a 4 voci con violini ed or-
gano; Venise, 1715, in-4o; — 3" Antifonedelln
beata Vergine,con violini e senza, «4 voci;
Venise, 1726, in-4".
BENEDICT (Jules), compositeur et pianiste
distingué, est né à Stuttgart, le 24 décembre 1804,
d'une famille israélile. Pendant qu'il suivait les
cours du gymnase de sa ville natale, on lui
donna pouf maître de piano Louis Abeille, bon
pianiste et maître des concerts du roi de Wiir-
temberg. Ses progrès furent si rapides, qu'à l'âge
de douze ans il était déjà considéré comme un
virtuose sur son instrument. 11 possédait aussi
quelques connaissances d'harmonie. Son père,
banquier fort riche, ne mit point d'obstade au
développement de son talent pour la musique; il
exigea seulement qu'il achevât ses études dans les
langues anciennes au gymnase de Stuttgart. Klies
furent terminées en 1819, et dans cette iiiêmo
année le jeune Bénédict fut envoyé à Weimar I
où il reçut des leçons de Hummcl. En 1820, il
alla à Dresde où il devint l'eLève de Ch.-M. de
Weber pour la composition. Weber, qui tra-
vaillait alors à son o[)éra à' E aryantlie , était
arrivé à l'époque la plus brillante de sa carrière.
Une étroite amitié unit bientôt le maître et l'é-
lève ; elle s'accrut encore dans les voyages
qu'ils firent ensemble à Berlin, à Vienne et en
plusieurs autres lieux, pour assister aux pre-
mières représentations de ces ouvrages. A
Vienne, Bénédict lit la connaissance de l'entre-
preneur de théâtre Barbaja. Sur la recomman-
dation de Weber, il fut nommé, en 1823, direc-
teur de musique de l'Opéra allemand de cette ville ;
mais lieux ans après il quitta celte place pour
BENEDIGT — BENEDICTUS
333
faire avec Caibaja un graml voyage en Allema-
gne et en Italie. Arrivé à Naples, l'entrepreneur
lui confia la ilirection de la musique d'iin des
tliëAtres qu'il administrait. Bénédict continua
ri'occu|K;r <e poste après la retraite de Barbaja.
Depuis lors cet artiste a fait, en 1830, un
voyage à Paris, où i! semblait vouloir se fixer;
mais, changeant ensuite de projets, il se rendit à
Londres , y lit la connaissance de M™" Malibran
ainsi que de De Bériot, et retourna à Naples avec
eux. 11 y resta encore pendant quelques années;
puis il alla se fixer h Londres en 1838. Devenu le
professeur de piano à la mode, il y eut un grand
nombre d'élèves et donna chaque année des con-
certs dans lesquels il réunissait les artistes les
plus renommés, et qui eurent longtemps la vogue.
En 1839, il avait accepté la place de chef d'or-
chestre du théâtre de Drury-Lane; mais il ne con-
serva pas longtemps cet emploi qui t'empêchait
de se livrer à ses autres occupations. En 1850 il
a fait un grand voyage en Amérique avec la cé-
lèbre cantatrice Jenny Lind, et y a donné avec
elle une multitude de concerta dont les bénéfices
se sont élevés, pour sa part, à 10,000 livres ster-
ling (2.î0,000 francs). De retour à Londres au
mois d'août 1851 , il partit immédiatement a|)rès
pour i'jtalie avec sa famille. Ce voyage fut pour
Bénédict l'occasion de grands chagrins ; car son
fils aîné fut tué sur le bateau à vapeur de la
Saône, par la chute d'une cheminée de la machine,
et sa femme mourut à Naples peu de mois après.
En 1§59, Bénédict est revenu à Londres, où il a
repris le cours de ses occupations comme com-
positeur et comme professeur de piano.
M. Bénédict s'est fait connaître avantageuse-
ment comme compositeur de musique instru-
mentale et s'est exercé avec quelque succès dans
l'opéra. Pianiste distingué, il unit l'élégance et la
clarté à la chaleur d'inspiration, lorsqu'il exécute
ia m\isique des grands maîtres ou la sienne. Ses
oeuvres pour le piano consistent en deux con-
certos, œuvres 13 et 29; un concertino en In
bémol pour le même instrument, œuvre 18;
Leipsick, Hofmeister; un rondeau brillant avec
orchestre, œuvre 5; Vienne, Diabelli; une sonate
pour piano et violon, œuvre l*"""; une sonate pour
piano siul, œuvre 2, et une autre, œuvre 3;
un rondeau, œuvre 4; Introduction et varia-
tions sur la Straniej-a; o\). 16; Paris, Bran-
dus; les Charmes de Pordci, rondo brillant,
op. 19; ibid; Notre-Dame de Paris, rêverie mu-
sicale, op. 20; ibid; Fantaisie sur les Soirées mu-
sicales de Rossini, op. 25; ibid; Souvenirs de
Naples , fantaisie sur des airs napolitains, op. Il;
Vienne, Hasslinger; Fantaisie sur les molifs
iVAniia liolcna, op. 14; Souvenir d'Ecosse,
fantaisie, op. 34; Paris, Brandus ; Caprices, op. S.'î;
Ibid ; beaucoup d'autres morceaux du méuif
genre; avec de Bériot, duo brillant pour piano
et violon sur des motifs de la Somnambtile ; Pa-
ris, Brandus; I<"antaisi« pour piano et violon sur
la Normn ; ibid ; le Fruit de V Étude, six duos fa-
ciles; idem, ibid.; etc. Comme compositeur dra-
matique, il a donné à Naples, en 1829, Ernesto
e Giacinta, opéra bouffe; les Portugais à Goa,
opéra sérieux, en 1830; ce dernier ouvrage a été
joué à Stuttgart, en 1831 ; Un annoed un giorno,
en 1837 ; The Gypsy's Warning (la Prédiction de
la Bohémienne), opéra romantique représenté à
Londres en 1838, puis à Berlin et dans d'autres
villes de l'Allemagne; la Fiancée de Venise,
représenté à Londres, en 1844; the Crusaders
(les Croisés), opéra sérieux, à Londres, en 1846,
et à Munich en 1853; ouverture festivale, 1857.
BEA'EDICTUS, ou BENOIT, surnommé
d'Appenzcll, parce qu'il était né dans la [)etiti!
ville de ce nom, en Sui.ssc, fut un musicien dis-
tingué du seizième siècle. On l'a souvent confomlu
avec Benedictus ou Benoît Ducis, musicien
belge qui brilla dans le môme siècle, mais qui est
un peu [)lus ancien (Voyez Dccis). Des documents
puisés dans les archives du royaume de Belgique
et dans celles de l'église Notre-Dame d'Anvers,
foiunissent des renseignements suffisants pour
établir et constater la différence de ces deux ar-
tistes. Tout ce que Gesner (Biblioth. univ.),
G. Walther (Musikal. Lexikon), Gerbcr [Neues
Lex. der Tonkûnstler) , Kieseweler (GescA. der
Europ. Abendl. od. unserer heutig. Musik,
p. IC), Schilling (C/rtJy. Lexikon der Tonkunst,
1. 1, p. 554), et d'autres ont écrit sur ce sujet, doit
être considéré comme non avenu. Le document
des archives du royaume est une série de comptes
de la chapelle de Marie, reine de Hongrie, sœur
de Charles-Quint, qui fut gouvernante des Pays-
Bas après Marguerite d'Autriche, depuis 1530
ju.squ'en 1555. On trouve dansées comptes Jean
Gossins , maître des enfants de chœur de la cha-
pelle royale, à Bruxelles, lequel eut pour succes-
seur Benedictus Appenzelders, depuis 1539
jusqu'en 1555. Dans le même temps, on voit que
les organistes de !a chapelle étaient Jacques Buc-
quet, Sigismond Vyer et Roger Pathie. Clacs
Vander Ryt était racoutreur d'orgues, et Vin-
cent Rigler était noteur et joueur de viole. Le
nom de Benoît d'Appenzell figure dans les comptes
jusqu'en 1555, époque du départ de Marie pour
l'Espagne. La chapelle fut alors supprimée et
bientôt après éclatèrent les troubles des Pays-Bas.
On ignore ce que devint Benoît d'Appenzell apiès
1555. Le seul ouvrage où l'on trouve des compo-
sitions de cet artiste, avec son nom et l'indica-
22
340
BENEDICTUS — BENELLI
tion du lieu de sa naissance est intitulé : Liber
primus ecclesiasticarum cantionum quatuor
vocum, vulgo moteta vacant, tamex Veteri,
quam A'ovo Testamento, ab optimis quibiisque
hujus xtatis musicis compositarum; Antwer-
piœ, Tilinan Susato, 1553, in-4''.Une deuxième
édition de ce recueil a été publiée chez Scotto, à
Venise, en 1555. D'autres recueils contienneut des
jiièces avec le nom de Boiedictiis , mais sans
autre désignation ; en sorte qu'il est incertain si
ces morceaux appartiennent au musicien d'Ap-
penzell ou à Benoît Ducis. Ces recueils sont in-
titulés : 1" Selectlssimae nec non famïliaris-
simec cantiones ultra centum. Vario idiomate
vocum, tam multipltcium quam etiam pau-
carum. Fugx ut vocantur, a sex uxque ad
duas voces, etc.; Augustx Vindelicorum, Mel-
cliior Kriesstein , 1540, petit in-8° obi. —
2° Cantiones septem, sex etqiiinque vocum;\\m],
1545,in-4°obl. — S» Concentus octo, sex, quin-
queet quatuor vocum; Augustx Vindelicorum ,
Philtppus Uhlardus, 1545, petit in-4o obi. —
4° Secundus tomus novi operis musici , sex ,
quinque et quatuor vocum; Aoribergx , arte
Hieronymi Grup/ici , 1538, petit in-4° obi. —
b'Tertius libci motectorum cum quatuor voci-
bus, et liber quai tus cum quatuor vocibus. Im-
pressum Lugduni per Jacobum Modernum de
Pinguento, 1539. — C" Tertius liber motteto-
rum ad quinque et sex voces ; Mo., 1339 — 7°
Quintus liber mottetorum quinque et sex vo-
cum ;\h\A., 1542.— 8°Xe Vl^ Livre des clumsons
à quatre parties, auquel sont contenues XXXI V
chansons nouvelles. Anvers, Tyinian Susato,
1544.-90 le v livre, contenant XXXllchan-
sons àcinq etsix parties ; ihh\.,ibii. — 10° /e F/"
livre, contenant XXX fl chansons nouvelles à
cinq et six parties ; ibid., 1545. — 11» le Vlh
livre, contenant XXIV chansons à cinq et
sixparties; ibid., 1545. — 12° Selectissimarum
sacrarum cantionum quas vulgo Moteta
vocant; trium vocum, etc. Lib. primus, secun-
dus et tertius ; Lovanii, ex typogr. Pétri Pha-
lesii, 1569, petit in-4o obi. Il est vraisemblable que
les pièces contenues dans ce dernier recueil ap-
partiennent à Benoit d'Appenzell.
BENEDICTUS. Voyez DUCIS (Benoit).
BENEDICTUS A S. JOSEPHO, com-
positeur de musique d'église, connu en France
sous le nom du Grand Carme, naquit à INimè-
gue, en 1642. Son nom de famille était IJuns.
Après avoir fait ses vci'ux dans l'ordre des carmes
déchaussés, il devint organiste du couvent de
Boxmeer, village du Brabant septentrional, près
de Bois-le-Duc ', et plus tard il fut sous-prieur
• l.cl'. de VilUers a écrit Boxmerci àans saBibliotlièquc
du même monastère oîi il mourut, en 1716, à l'âge
de soixante-quatorze ans. La musique de ce moine
a eu de la réputation dans sa nouveauté et la
méritait, à cause de la clarté et de la simplicité
du style. Son premier œuvre contient des messes,
litanies et motets à quatre, cinq et six voix, avec
accompagnement de violons et orgue ; il a pai u
à Anvers, en 1666, in-4°; l'œuvre sixième est
intitulé : Encomia sacra musica decantanda
xina, duabus, tribus vocibus , et uno-quinque
instrum.; Utrecht, 1684, in-4° ; l'œuvre 8", com-
posé de sonates pour deux violons, basse de
viole et basse continue, a pour titre : Orpheus
jElianus; Amsterdam,Roger, in-folio, sans date.
Benoît de St-Joseph composa le chant de l'office
divin pour diverses provinces de l'ordre des car-
mes déchaussés, et fit imprimer un Procession aie
novum, à Anvers, en 1711.
BENEDICTUS (Jean-Baptiste), ou plutôt
Benedetto , mathématicien du seizième siècle ,
né à Venise, mourut à Turin, en 1590, dans la
soixantième année de son âge. De Thon en [)arle
avec éloge {Hist. tom. V, lib. 99, p. 102). lia
écrit des Speciilationes mathematicx et phy-
sicx, où il traite de la musique théorique. On
trouve aussi dans la Bibliothèque de Turin un
traité Mss. De Optica, Musica et Machinis ,
dont il est l'auteur.
BENELLl (Alemanno), anagramme du nom
d'Anniàale Melone. Voy. Bottrigari et Melone
{Annibnk').
BENELLl (Antonio-Peregrino), né le 5
septembre 1771 à Forli, dans la Romagne, re<?ul
dans sa jeunesse une éducation musicale qui dé-
veloppa rapidement ses heureuses dispositions
pour le chant; puis il passa dans l'école des PP.
Maitiui et Mattei où il acquit une instruction so-
lide dans le contre-point*. En 1790, il débuta au
théâtre Saint-Cbarles de Naples, comme pre-
mier ténor; sa voix était de qualité médiocre,
mais son habileté dans l'art du chant était con-
sidérable ; elle lui procura ce qu'on peut appeler
un succès d'estime. Les troubles dont le royaume
de Naples fut le thrâtre, dans les dernières an-
nées du dix-huitième siècle, n'étaient favorables
ni aux arts ni aux artistes ; tous s'éloignaient, et
Carrael. t. I, col. 264 ; mais c'est évidemment une erreur,
car il n'existe aucun lieu rie ce nom. Benoit de Saint-Jo-
seph a signé l'épitre délicatoire de son œuvre 8^ : ISene-
dictns à S -Josepho Carm. OEstri Boxmerani svbprior et
orr/anista.
2 On peut révoquer en doute les leçons que Benelli a,
dit-on, reçues du P. Martini. Celui-ci est mort en 1784,
époque ou Benelli n'était ;lgé que de douze ans et quel-
ques mois. Or l'affaiblissenicnt de la santé du P. îlartinl
ne lui permettait plus de donner des soins à des élèves
plus de deux ans avant sa mort.
BENELLI — BENECSH
341
lîondli suivit leur cxoiiiplc. Un engagement lui
eiail oITei t pour le tiiéàtie italien de Londres, il
rucce[>ta, 6111798, débuta dans la même année, et
tut aceueilli avec faveur, lui Isoi, des conditions
plus avantageuses lui furent offerles pour Dresde;
il se rendit dans celte ville, et y resta attaché
au Ihéàfrc jusqu'en 1822. Il était alors âgé de
cinquante et un ans, et chantait devant le public
depuis trente-deux années. La perte totale de sa
voix l'obligea à demander sa retraite, et unepen»
sion lui fut accordée par le roi.
Pendant le temps où Benelli avait été au théâ-
tre, il s'était fait connaître comme composi-
teur habile, particulièrement dans le style d'é-
glise; mais les ouvrages qui lui firent le plus
d'honneur furent son excellente méthode de chant
et les solfèges dont il donna plusieurs éditions
pendant son séjour à Dresde. Depuis longtemps
aussi, il était un des collaborateurs de la Gazette
musicale de Leipsick, et il y avait fait insérer
plusieurs articles qu'on avait lus avec plaisir.
Après sa retraite, il obtint de Spontini d'être
attaché à l'Opéra de Berlin, en qualité de pro-
fesseur de chant; il en remplit les fonctions jus-
qu'en 1829. Il aurait pu conserver plus longleinps
les avantages qui y étaient attachés, si son carac-
tère tracassier et jaloux ne l'avait porté à attaquer
avec violence Spontini, dont il avait reçu des
bienfaits, dans des Lettres critiques sur divers
sujets de musique, qu'il fit insérer, en 1828, dans
la Gazette musicale de LeipsicN. C'était comme
compositeur que l'auteur de /a Vestale était de-
venu l'objet de sa satire, et l'opéra A'Olympie était
celui qu'il avait choisi comme but de sa diatribe.
Malheureusement pour lui, il avait écrit autrefois
une analyse louangeuse du même ouvrage;
S[)ontini ne négligea pas cet incident; et, pour
montrer la mauvaise foi de son antagoniste, il fit
réimprimer les deux opinions si dilférentes , en
regard l'une de l'antre. Le coup était accablant:
tîenelli fut contraint de garder le silence, et bientôt
il reçut sa démission. Le séjour de Berlin ne lui
était pins permis désormais; il s'éloigna de cette
ville avec sa famille, alla d'abord à Dresde, où
sa pension lui avait été conservée, puis se retira
à JJoernichen , dans les montagnes du Harfz , en
Saxe, y vécut dans un état voisin de la gêne, et
mourut de chagrin et de regret, le 6 août 1830.
Comme chanleur, comme professeur, comme
critique et comme compositeur, Benelli possédait
un mérite incontestable; l'Allemagne conserve un
souvenir d'estime pour ses talents. On a de lui
les ouvrages dont les titres suivent : I" Sonate
pour piano à quatre mains; Dresde, Hilscber; —
2° Rondeau pour piano seul, ib.; '— 3° Pater nos-
<er à cinq voix, sans accompagnement ; Leipsick ,
BreitkopfetHacrtel; — 4" Salve Eeginah quatre
voix et orchestre, Ibid.; — h°Stabat Mater qua-
tuor VQcibus canlandbus et instrumentis ;
Leipsick, Probst; — G» Aria pour voix de soprano
avec llùte ou violon et piano ; Dresde, Hilscher;
— 7° Cavatine avec piano et flûte ou violon ad li-
bitutn,o\>. 33; Berlin, Schlesing'r; — 8° Duet-
tino : Mio generoso Augusto, avec piano, op. 30;
Vienne, Leidesdorf; — 9° Il Giorno Natalizio,
cantate à cinq voix avec piano; Berlin, Trautwein;
— 10" Quatrenocturnes à quatre voix (en italien
et en allemand); Leipsick, Breilkopf etHacrtel; —
11° Plusieurs airs, rondeaux, scènes et cavatines
pour le chant, publiés à Vienne, Berlin et Leip-
sick ; — 12" Une méthode de chant en allemand
sous ce titre : Gesanglehre , oder grûndlicher
Unterricht zur Erlernung des Gesanges,
Dresde, 1819, deuxième édition; la première
édilion de cet ouvrage avait été publiée dans la
même ville en italien : elle était intitulée Regole
per il canto figurato, o siano precetti ragio-
natiper apprendere i principii di musica, etc.
Ricordi, de Milan, a réimprimé le texte italien
avec les exercices de chant. En 1824, Benelli a
publié dans la Gazette musicale de Leipsick des
remarques intéressantes sur la voix (Bemer/mn-
gen ûber die Stimme, n''M2, 13, 14), qui
concernent le chant naturel et musical, la langue,
la déclamation et Vengastrisme ou art du ventri-
loque.
BENESCH (Joseph), violoniste et composi-
teur, est né en 1795 à Battelau, en Moravie, où
son père était directeur du chœur de l'église et
professeur de musique. A l'âge de cinq ans, il
reçut les premières leçons de violon ; son zèle et
ses heureuses dispositions lui firent faire de si ra-
pides progrès, qu'à peine âgé de huitans, il excitait
déjà l'admiration de ceux qui l'entendaient. Quand
il eut atteint sa douzième année, il fut envoyé à
l'abliaye de Prémontiés d'Iglau, pour y faire des
études scientifiques et littéraires. Ses parents le
destinaient à l'enseignement; ils l'envoyèrent, en
1812, comme sous-maître dans l'école publique
de Potiesch près de Czasiau, où son oncle était
instituteur. Le désir qu'il avait de se distinguer
dans la musique lui rendait cette situation insup-
portable : il la quitta et s'en alla à Vienne pour
y prendre des leçons de violon. Il y eut pour
maître Schlesinger, honorablement connu par
son talent à bien exécuter le quatuor. Après un
an de séjour à Vienne, Benesch entra dans l'or-
chestre du baron Zinnzeg, dont la troupe d'artistes
jouait alternativement des opéras à Bude et à
Presbourg. Dans cette dernière ville, il eut occa-
sion de connaître le capitaine de cavalerie de
Praun , qui lui proposa de se charger de l'éduca-
34 2
BENESCH — BENEVOLI
tion artistique île son fils, le jeune Sigismond,
dont le talent précoce a excité l'étonnement de
toute l'Europe, et dont la tin a été si prématurée.
Vers la fin de 1819, le maître et l'élève com-
mencèrent à voyager et à se faire entendre dans
des concerts, d'abord en Hongrie, puis en Alle-
magne et en Italie. Après avoir été quelque temps
à Trieste, ils visitèrent Venise, Padoue, Vicence,
Vérone, Mantoue, Crémone, Brescia, Milan,
Pavie, Plaisance, Modène et Bologne. Benescli
mit à profit ce voyage, qui dura plus d'un an,
pour perfectionner son talent et acquérir des
connaissances plus étendues dans la musique en
général. A Bologne, quelques difficultés survin-
rent entre lui et la famille de Praun : il s'en sépara
et retourna à Trieste, où ses amis lui conseiliè-
rentde se fixer; mais lecongièsdesmonarquesdu
Nord à Layhacli, qui s'ouvrit alors, le détermina
à se rendre dans cette ville. La connaissance
(|u'il y fit de quelques personnages puissants ledé-
termina à se rendre à Saint-Pétersbourg, en 1822 ,
en passant par Vienne. Son talent avait alors ac-
quis tout son développement, et Benescli était
considéré comme un des premiers violonistes de
l'Allemagne. Dans son voyage, il connut à Peslli
la fille de l'avocat Proch , en devint amoureux ,
et renonça à son projet d'émigration iiour l'é-
pouser. Ce fut alors que des propositions lui fu-
rent faites pour la place de violon solo el de
directeur d'orcliestre de la société pliilliarmo-
iiique de Leipsick; l'engagement devait être fait
pour six années : il y sou.scrivit. Vers la tin de
1828, il retourna à Vienne, dans l'espoir d'y
trouver un emploi pour le reste de ses jours; mais
ce ne fut qu'en 1832 qu'il obtint une place dans
la chapelle impériale, après avoir donné des
preuves de son talent dans plusieurs concerts.
Benescli est aussi recomtnandablc comme pro-
fesseur et comme directeur d'orcheslre. quecomme
exécutant. Il s'est fait connaître par plusieurs
compositions pour le violon, parmi lesquelles on
remarque : 1° Deux polonaises pour violon prin-
cipal avec accompagnement de deux violons,
aitu et basse, œuvres 6 et 7; Vienne, Has-
lingcretLeidesdorf; — 2° Grandes variations sur
un thème original, avec quatuor, œuvre 11;
Vienne, Trentsensky; — 3° Variations sur un
chœur favori du Crociato , avec quatuor, op. 12;
Vieime,Arlaria; — 4" Variations concertantes pour
piano et violon ; Vienne, Leidesdorf; — 5° Quatre
chansons alleiinmiles; Mayence, Zimmerniann.
HEI\EVEI\TO Dl SAN RAFFAELLE
(Le cojitk), directeur royal des études à Turin
et violoniste excellent, s'est fait connaître comme
compositeur par six duos de violon, gravés à
Londres en l77(i,|Miis ensuite à Paris, el (;onune
écrivain par deux Lettres sur la musique insé-
rées dans la RaccoUa derjli opusculi di Milano,
tom. XXVIII et XXIX
BENEVOLI (Horace), fils naturel du duc
Albert de Lorraine, célèbre compositeur et
contrapuntiste du dix-septième siècle, né à Piome,
en 1602, eut pour maître de composition Vin-
«eiit Ugolini. Quelques auteurs ont dit qu'il
devint ensuite élève de Bernard Nanini ; mais
c'est une erreur (1). Après avoir terminé ses
études musicales, Benevoli obtint la i)lace de
maître de chapelle à Saint Louis-des-Français ;
mais il ne la garda pas longtemps, parce (ju'il fut
appelé au service de l'archiduc d'Autriche. De
retour à Rome, il reprit ses fonctions de maître de
chapelle à Saint-Louis. Le 23 février 1646, il
jiassa en qualité de maître de chapelle à Sainte-
iMarie-Majeure; mais il n'y resta pas; car le 7 no-
vembre de la même année il succéda à Virgile
Mazzocchi comme maître de la chapelle du Va-
tican. Il en remplit les fonctions jusqu'à sa niorl,
qui eut lieu le 17 juin 1672. Son corps fut ex-
posé publiquement, et on l'inhuma à l'église del.
Sarito-fipirilo in Sassia. Pendant son séjour ;i
Vienne, dans les années 1643, 1644 et 1645,
Benevoli publia plusieurs recueils de motets el
d'offertoires; mais ses meilleurs ouvrages sont
ceux qu'il écrivit après son retour à Rome. Ce
qui caractérise le talent de cet habile maître,
c'est l'iart d'écrire pour un grand nombre de voix
CD Par une de ces singularités qui montrent que \cs
écrivains les plus exacts ne sont pas exempts d'erreur, le
P. Martini a dit le premier que Benevoli avait passé (te
l'école d'Ugolini dans celle de Bernard Nanini (Escni[il.
o ^agyio fondam. part.di contrap,t. U, p. 122), et a cité
l'autorité d'Antirao Liberati, dans sa lettre à Octave i'or-
sapegi; Il a été copié en cela par Burney (Â gênerai Hts-
tory 0/ niiisic), 1. 111. p. 525) et par l'abbé Eeitini (/-'is-
zion. deqliscrUl. délia mu sica) : cepend^int Liberati, qui
donne les plus grands éloges à Benevoli, dit expressément
{luttera ad Ottav.Persapegi, p. 53, 59), qnc ce composi-
teur fut élève d'Ugolini, et que cclul-cl eut pour maître
Bernard Nanini. Voici le passage ; « L'altro insigne scolaro
« e favorito di Bernardino Nanini fu Vincen/.o Ugolini,
« uoiiio di gran maestria nell' insegoare altrui tanto il
« canto, quanto la modulazione armonica, corne lo hanno
u fatto vedere molti suoi scolari, ed in specie Lorerizo
« Ratti suonipote, ed Orazio Benevoli, il qualc, avanzando
« il proprio maestro , e tutti gli aitri viventi nel modo
« di armonizzare quattro e sel cori reali, e con lo sbatli-
« mento di quelli, e con l'ordine, e con le imitazione de'
« pensieri pellegrini, c con le legature e scioglimento di
V esse miraviglioso, e con l'accordo del circolo impen-
« sato, e con le giuste e perfette relazioni, e con le loggia -
« drie délie consonanze e dissonanze bcn coUocate, e con
■< l'uguaglian/a délia tessitura, e col portamento sempre
« piii fluido, ampolloso a guisa diDume, checrcicit e!/Hrfo,-
0 ed in somma colla sua virtù (ma non la sua poverta
« sollta nei gran virtuosi) far tacere i nemici, ed eccilare
« tutti gli altri professorl ad Iniitare un uomo nel roassic-
« cio del sapere e dell' arte, e nel maneggiare l'ariiionia
■ ecclesiastica grandiosaraente a più cori senza pari. >i
BENEVOLI — BENINCASA
34Î
avec une i'l('gance doiil ce genre de composition
ne paraît pas susceptible. Presque toutes ses
messes sont écrites à quatre, cinq, six, tiuit et
inéiue douze chœurs, qui sont disposés avec une
adresse remarquable. Ses fugues ne consistent
guère qu'en attaques, et ses réponses sont tou-
jours réelles ; mais le premier de ces défauts est
la conséquence du genre qui! avait adopté; le
second fut celui de tous les maîtres de son temps,
et tient au système de tonalité alors en usage.
15enevoli est le modèle qu'on doit proposer h
ceux qui veulent essayer leurs forces dans des
compositions à grand nombre de voix. Ses ou-
Miiges se conservent en partie dans les archives
«le la basilique du Vatican, et en partie dans la
IJibliotlièque de la maison Corsini alla Lungara.
L'abbé Baini y a vu beaucoup de messes à douze,
seize, et vingt-quatre voix, des psaumes à huit,
seize, et vingt-quatre voix, et des motets et offer-
toires à quatre, six, huit, dix, douze, seize, vingt-
quatre et trente voix. Burney cile une messe de
Benevoli à six chœurs ou vingt-quatre voix réelles
(jui surpasse, dit-il, tout cc"que l'on connaît dans le
1 nème gen re, et une autre messe pour douze soprani
obligés. L'abbé Santini, à Rome, possède beau-
coup de motets, d'antic'nnes et de psaumes en ma-
nuscrit composés par Benevoli, particulièrement :
Les messes à liuil voix, intiiulées: 1° Sine titulo;
— 1° Paradisi porta; — 3° Decantabat Popu-
lus ; — 40 les messes à douze voix qui ont pour
titres : Solam cxpecto, et Angélus Domini; —
50 Les messes à seize voix intitulées : La Be-
vola ; Tira corda; In angustia pesUtentiœ;
— 6" Des Magnificat à 2, 3, 4 et 6 chœurs ; —
7° Le motet Régna terrx a douze soprani, et
beaucoup d'autres pièces. Dans la colleclion de
l'auteur de cette Biographie se trouvent les mes-
ses entières à seize voix en quatre chœurs : Si
Deiis pro nobis, et l7i diluvio multarum
aquarum, ainsi qu'une messe s/we nomme,
également à seize voix en quatre cb(curs, instru-
mentée par un compositeur allemand , à deux
orchestres composés de violons, vides, flûtes,
hautbois, deux trompettes et timbales ; enfin une
autre messe sine nomine à huit voix, avec deux
violons, deux violes, deux cornets, quatre trom-
(lettes (soprano, contralto, conira-tcnoretténor),
trois trombones, timbales et orgue, composée
par Benevoli, à Prague. Le P. Martini a publié le
Christe de la messe In diluvio dans le deuxième
volume de son Traité du contre-point fugué,
page 122. L'auteur de ce dictionnairea publié le
Kyrie de la messe Si Deus pro nobisk la fin de
la première partie de son Traité du contre-point
etdelafugne, Paris, 1824, deux parties in-fol.,
ainsi que dans la deuxième édition de ce livre ,
Paris, 184G, I vol. in-fol. Knfin , le P. Pao-
lucci a inséré des fragmenis d'ouvrages de Be-
nevoli dans le troisième volume de son Arte
pratica di contrapunto. Benevoli est le
premier musicien qui ait fait le tour de force
presque incroyable d'écrire une messe 'à qua-
rante-huit voix réelles en douze chœurs :
cette messe a été chantée à Rome, dans l'église
Sancta-Maria-sopra-Minerva , par cent cin-
quante professeurs, le 4 août 1650; la dépense
de cette exécution fut faite par Dominique Fon-
tliia, notaire di caméra. Cet exemple n'a été
imité depuis lors que par deux contrapuntistes;
le premier fut Jean-Baptiste Gianselti, et le se-
cond, Grégoire Ballabene (Voyez ces noms).
BEIV'GRAF (Jean), maître de piano, qui
vivait, en 1791, à Pesth, en Hongrie,a publié les
ouvrages suivants de sa composition : 1" Huit
divertissements pour le clavecin; Vienne, 178e;
— 2" Ballet hongrois ;ibid.; — 3o Douze danses
hongroises pour le clavecin, ibid., 1791; —
4° Variazioni didiversi soggetti per il violino
con violoncelle ; — 5» Kirchen Musik im Kla-
vierauszuge ; — 6» Sinngedicht au/ Joseph
vnd Friedrich, pour piano; — 7° DieSeeligheit
dcr Liebenden, pour piano; — 8° Deux aiin-
tuors pour clavecin, deux violons et violon-
celle. Le maître de chapelle Reichardt possédait
une messe en partition, datée de 1777, sous le
nom de Joseph Bengraf.
BENIEZHI (Le Chevalieii), né en Hon-
grie , vers le commencement du dix-neuvième
siècle, cultivait la musique comme amateur,
lorsqu'il imagina deux instruments qu'il considé-
rait comme nouveaux, et qui n'étaient que des
modifications déjà connues de la guitare et du
violoncelle. Il appelait le premier de ces instru-
ments Harfenguitan ( harpe-guitare ) : ce n'é-
tait que la reproduction de la Harpolyre, inven-
tée par Salomon (Voy. ce nom) en 1828. L'autre
instrument était un violoncelle à six cordes,
assez semblable à l'ancienne basse de viole, mais
que M. Beniezhi destinait à être joué comme ins-
trument chantant avec l'archet, ou à être pincé
en arpèges comme la harpe et la guitare. Il don-
nait à cet instrument le nom de Aeolipolyka.
M. Benie/hi visita Paris, Vienne et Munich en
1842 et 1843, avec ses instruments, dans l'espoir
de fixer sur eux l'attention des artistes et des
amateurs, et persuadé qu'on s'empresserait de les
adopter et d'en introduire l'usage dans la mu-
sique; mais ainsi qu'il arrive de la plupart des
inventions de ce genre, après avoir excité la cu-
riosité pendant quelques jours, ils furent négli-
gés et oubliés.
BKi\'K\CASA (Jacques), chanteur de la
344
BENINCASA — BENINCORI
<;liapelle de Saint-Jear. de Lalran, à Rome, fut
iioinriié directeur de cette chapelle, en lfv07, et
mourut en 1613. On a de lui des motets à cinq,
SIX, huit et douze voix, qui ont été publiés à Rome
en 1607.
BENIIVCASA (JoAcniM), [basse cliantante
de l'Opéra de Dresde, naquit à Pérouse eu
1783. Après avoir reçu une bonne éducation mu-
sicale dans sa patrie, il se lit entendre avec suc-
cès .sur quelques théâtres de l'Italie. Il se rendit
en Allemagne, et sa belle voix de basse le lit en-
gager à rOpéra de Dresde. 11 ne quitta plus cette
ville et resta toujours attaché à l'Opéra italien
jusqu'à sa dissolution. Il est mort dans cette ville
au mois de janvier IsSâ.
BE.X'liVCORI (ange-Marie), compositeur,
né à Brescia, le 28 mars 177!), n'était âgé que
de trois ans lorsqu'il suivit à l'arme son père
qui venait d'être nommé secrétaire du duc sou-
verain de cet État. Là, il l'ut placé à l'âge de cinq
ans sous la direction de Ghiretli pour la com-
position et de Rolla pour le violon. Ses progrès
lurent si rapides, qu'il fut en état de jouer de-
vant le duc de Panne un concerto de violon,
avant d'avoir atteint sa huitième année. Satisfait
du talent de cet enfant, le duc lui envoya le len-
demain une montre à répétition. A la mort de
son père, Benincori fut placé dans un collège
par les ordres du prince ; ses études de mu
sique furent interrompues pour celle des lan-
gues ; mais déjà l'artavait pour lui tant de charme,
qu'il dérobait en secret quelques heures à son
sommeil pour se livrer au travail sur le violon.
Instruit de cet acte de dévouement et de persé-
vérance, le duc de Parme ordonna que Benin-
cori fût rendu aux soins de Rolla; puis il le fit
voyager dans le midi de l'Italie et lui fit donner
des leçons de composition par quelques bons
maîtres au nombre desquels on compte Cimarosa.
Le premier ouvrage de quelque importance qu'il
fit entendre était une messe qu'il composa à
l'âge de quatorze ans. A dix-sept son éducation
musicale était terminée. Il partit alors pour l'Es-
pagne avec son frère aîné, comblé des bontés du
prince. Ce fut en 1797 qu'il quitta l'Italie. Mal-
heureusement tes deux frères se virent peu de
temps après obligés d'avoir recours à leurs talents
pour vivre, à cause de la faillite du négociant qui
avait en dépôt leur petite fortune. Ils donnè-
rent des concerts; mais, atteint par la liè-
vre jaune , Benincori l'aîné succomba, et son
frère, resté sans appui, retourna en Italie, où il
fit représenter un opéra de i\i(t('ti qui fut bien
accueilli, et qui n'eut pas moins de succès lors-
que l'auteur le fit représenter à A'iennc. Arrivé
dans cette ville, Benincori fut introduit auprès
de Haydn, et entendit exécuter les quatuors de
ce grand compositeur, lise passionna si bien
pour ce genre de musique, qu'il n'en écrivit plus
d'autre, et qu'en peu d'années il en produisit
quatre œuvres, dont le premier fut dédié à
Haydn.
Vers le commencement de 1803, il se rendit à
Paris, où ses quatuors avaient été publiés. 11
espérait que ces ouvrages le feraient connaître
avantageusement et lui feraient obtenir un poème
d'opéra. Il en eut un, en effet, dont il écrivit la
musique, et qui fut reçu en 18o4 par le comité
(ie l'Académie impériale de musique, sous le titre
de Galatée ou le Nouveau Pijgmalion , mais
qu'il ne put ensuite faire représenter. Le temps
s'écoulait sans qu'aucune de ses espérances se
réalisât; il n'eut d'autre ressource que de don-
ner des leçons de chant, de violon, de piano,
d'harmonie et de coinposilion. Malgré la multi-
jilicité des choses qu'il pouvait enseigner, il eut
beaucoup de peine à trouver des élèves en nom-
bre suffisant pour vivre. En 1807, il tenta un
nouvel essai pour se fonder une fortune et une
renommée par le théâtre, et il écrivit un opéra
sérieux intitulé Hésione. Cet ouvrage eut le
même sort que le premier -. on le reçut, mais on
ne le joua pas. Fatigué par les obstacles qu'on
opposait à sesefloits, Benincori sembla renoncer
aux espérances qu'il avait placées dans sa renom-
mée future; il se résigna à la nécessité de n'être
qu'un donneur de leçons. Ce ne fut que long-
temps après qu'il parvint enfin à faire jouer quel-
ques bluettes à rOpéra-Comii]ue; mais alors in
ferveur de la jeunesse était passée, le dégoût et
l'ennui étaient venus , et l'art avait perdu pour
lui ce charme qui donne la vie aux œuvres de
l'artiste. Les opérettes que Benincori fit représen-
ter en 1815, sous le WirctàQ^ Parents d'un Jour,
en 1818, sous celm de La promesse de mariage
ou le Retour au hameau, et le 16 janvier 1SI9,
sous celui des Époux indiscrets , ne réussirent
point, et, par le chagrin qu'il en prit, lui mirent
dans le sein le germe de la maladie dont il mou-
rut peu d'années après. Une circonstance inat-
tendue sembla pourtant le ranimer. Nicole
Isoiiard, mort en 1818, avait laissé inachevée
ro[)éra de la Lampe merveilleuse , grand ou-
vrage par lequel il espérait mettre le sceau à
sa réputation. Les deux premiers actes de cet
opéra étaient tout ce qu'il avait laissé ; Benincori
fut chargé dé faire les trois autres. Il travailla
avec ardeur, mit l'opéra en état d'être représenté,
et en surveilla les premières répétitions; mais la
maladie de poitrine dont il était atteint avait
fait de rapides pro«;rès , ses forces étaient épui-
sées , la latalité qui le poursuivait dans sa car-
BENNET
345
riérc (lininnliqtie ne lui permit pas de jouir de
son liioniplic : six semaines avant la reprosenta-
lion (ie l'ouvrage dans lequel il avait mis toutes
ses espérances (le 30 décembre 1821 ), il expira
à Belleville, près de Paris. La Lampe merveil-
leuse, représentée le 6 février 1822, obtint un
brillant succès.
Homme d'esprit et de goilt, Benincori avait
de la fraîcheur dans les idé«s; mais il ne paraît
pas avoir été doué du génie dramatique. Bien
inférieur à lui-même dans les opéras qu'il a fait
jouer en France, il n'a fait voir la portée de son
talent que dans ses quatuors. Ceux-ci méritaient
d'être plus connus qu'ils ne sont; car, si l'on n'y
trouve pas l'art inlini de Haydn, la passion de
Mozart, ni surtout la vigoureuse pensée de Bee-
thoven, il est pourtant cerlain que ce sont de
charmantes compositions, brillantes d'élégance,
de grâce, de pureté, et dont le style ne ressemble
à celui d'aucun de ces grands artistes. Les deux
premiers œuvres de ces quatuors furent compo-
sés et publiés en Allemagne , puis réimprimés à
Paris. Peu de temps après son arrivée dans cette
ville, Benincori y lit paraître les œuvres 3"^, 4"
et 5^. Son œuvre fi^e^ composé de trois trios pour
piano, est inférieur à ces ouvrages; les œuvres
1" et 8^, qui renferment chacun trois quatuors,
ont été publiés en 1809 et 1811. Benincori avait
écrit autrefois, en Italie, des messes, des litanies,
et plusieurs opéras qui sont restés en manuscrit.
On a gravé quelques airs des opéras qu'il a fait
jouer au théâtre Feydeau ; mais les partitions
n'ont pas été publiées. La part de travail de Be-
nincori dans Aladin ou la Lampe merveilleuse,
qui eut un sort plus heureux, consiste dans les
trois derniers actes, dans la marche qui termine
le premier, dans les deuxième et quatrième scè-
nes, et dans une partie du dernier chœur du se-
cond.
BENISE (...), musicien de la Comédie ita-
lienne, ne s'est fait connaître que par la musique
des divertissements d'une comédie intitulée :
Caroline magicienne, qui fut jouée, la première
fois, le 12 juillet 1744.
BENIVATI (François), docteur en méde-
cine, né à Mantoue, dans le mois d'octobre 1798,
fit ses études à Pavie et à Padoue, et s'y distin-
gua par la rapidité de ses progrès. Après avoir
obtenu le diplôme de docteur dans la dernière
de ces villes, il partit pour la capitale de l'Autri-
che, muni de lettres de recommandation que lui
donnèrent de puissants protecteurs. Plus tard,
il visita Londres et Edimbourg, dans le dessein
d'augmenter ses connaissances; puis il se fixa à
Paris, vers 1327. Amateur de chant distingué, et
possesseur d'une très-belle voix de bariton, il
crut pouvoir concilier son penchant pour la mu-
sique avec la gravité de sa profession, en se li-
vrant à l'examen physiologique des fonctions de
l'appareil vocal dans le chant. Ses recherches le
conduisirent à la conviction que les muscles du
larynx n'agissent pas seuls dans la formation
des sons de la voix, et que le pharynx, le voile
(lu palais, enfin, toutes les parties supérieures du
gosier et de la bouche concourent à la produc-
tion des sons qu'on appelle Tulgairement lejaus-
sct, et qu'il désigna sous le nom de voix sur-
laryngienne. Il détermina en même temps la
nature des phénomènes qui se manifestent dans
l'appareil vocal des divers genres de voix pour la
formation des sons des différents registres, et
lut à l'Académie des sciences de l'Institut des
mémoires sur ces sujets, auxquels l'illustre Oli-
vier accorda des éloges dans le rapport qu'il fit,
en 1830, à cette société savante. Une nouvelle ré-
daction des idées de Bennati fut publiée deux
ans après, dans un livre qui.a pour titre : Recher-
ches sur le mécanisme de la voix humaine
pendant le chant ; Paris, 1832, in-8°. Bientôt
après la publication de ce livre, Bennati en fit
paraître tin autre intitulé : Recherches sur les
maladies qui affectent les organes de la voix
humaine; Paris, 1833, in-S". Cet ouvrage a été
traduit en allemand, sous ce litre Die physiologis-
chen und pathologischen Verhdltnisse der
menschlichen Stimme : Ilmenau, Voigt, 1833,
in-S" de 1 02 pages, avec .3 planches. On y trouve un
grand nombre d'observations intéressantes, par-
ticulièrement sur l'aphonie et l'enrouement, avec
des méthodes de traitement dont les heureux
effets ont été constatés en plusieurs circonstances.
L'Académie des sciences décerna à Bennati, pour
ce travail, un des prix fondés par Monlyon. Les
deux ouvrages qui viennent d'être cités ont été
réunis en un seul volume sous le titre d'Études
physiologiques et pathologiques sur les orga-
nes de là voix humaine; Paris, 1833, in-8°,
avec des planches. On a aussi de Bennati. Mémoire
sur un cas pnrliculier d'anomalie de la voix
humaine pendant le chant; Paris, 1834, in-S»
Il s'occupait d'un nouveau travail concernant
l'hygiène de la voix et de recherches sur l'ap-
plication de la musique à la médecine curative,
lorsqu'un accident funeste termina la carrière de
ce savant, à l'âge de trente-six ans. Atteint par
un cheval lancé avec une grande vitesse, il fut
renversé ; sa tête porta avec-force sur le pavé, et
le lendemain, lomars 1834, il expira.
BEiVNET (Jean), compositeur anglais, vé-
cut à la fin du seizième siècle et au commence-
ment du dix-seplième. Quoique doué d'un mérite
fort rare, il ne paraît pas avoir été attaché au
3^6
BENNE T — BENNETT
service J'Élisabelh, ni à aucune université. Ses
madrigaux sont bien écrits jlMiannonie en est cor-
recte et les imitations élégantes et bien serrées.
Il a fait imprimer : Madrigals to four voyces
(Madrigaux à quatre voix), Londres, 1599. Ce
recueil contient dix-sept pièces : Hawkins en a
inséré une dans le troisième volume de son His-
toire de la musiqzte. On trouve aussi un de ses
madrigaux dans la collection intitulée : Le triom-
phe d'' Ariane, et quelques airs de sa composi-
tion dans l'ouvrage de Ravenscroft qui a pour
titre : A brief discourse o/true {butneglected)
use of characterising the degrees by theïr
perfection, imperfection, and diminution in
measurable musicke, against the common
■practice and costom of thèse times (Petit dis-
cours sur l'usage, maintenant négligé, de déter-
miner les temps de la musique mesuiée, par leur
perfection, imperfection, diminution, etc. ), Lon-
«ires, 1614.
BENi\ET (Thomas), organiste de la catlic-
drale et de la chapelle épiscopale de Saint-Jean,
;i Cliichester, dans la seconde moitié du dix-luii-
lièrne siècle, a reçu son éducation musicale parmi
les enfants de chœur de Salisbury, sous Joseph
Corfe. Ses principaux ouvrages sont : 1° Une in-
troduction à l'art du chant {An introduction
to the art of singing); Londres, sans date;
Sacred mélodies, recueil d'hymnes et d'antiennes
iait avec choix et discernement ; — 3" Cathc-
dral sélections, consistant en antiennes, com-
mandements de Dieu, chants et prières. Ces
diverses publications ont obtenu du succès.
BEi\iV'ET (Wiu.iAJi), professeur de musi-
que et organiste à l'église Saint-André de Piy-
mouth, C'st né, en 1767, à Coombinteigrehead
près de Tcigenmouth. Les premiers principes de
Ja musique lui furent enseignés à Exeter par Bond
et Jackson, tous deux bons musiciens. 11 fut en-
suite envoyé à Londres , pour y terminer ses
éludes sous la direction de Chrétien Bach.
Après la mort de ce compositeur, il passa sous
celle de Schroeter, le premier qui répandit l'u-
sage du piano en Angleterre, et qui le substitua
au clavecin. Les éludes de Bennet étant termi-
nées, il reçut une invitation de s'établir à Ply-
mouth, et peu de temps après son arrivée dans
cette ville (en 1793), il fut nommé organiste de
l'église de Saint-André. Il est considéré aujour-
«l'hui comme l'un des plus habiles improvisateurs
de l'Angleterre sur l'orgue. Ses compositions con-
sistent en Trois sonates pour le piano; Un
concerto pour le même instrument avec or-
(hestre; Deux divertissements, idem ; Deux
lecueiis d'airs et de glees; Trois duos poui
deux pianos; Vue marche et une antienne
pour le couronnement du roi Georges IV ;
Un hymne portugais avec variations; Un air
des Amours des anges avec variations; Deux
autres airs variés. Bennet a dû publiei- aussi deux
ouvrages volumineux et importants : l'un est la
Collection delà musique d'église d'Angleterre
en partition, à l'usage des cathédrales; Vau-
tre, une Nouvelle collection de psaumes à
quatre parties, avec accompagnement d'orgue.
Outre cela, il a composé beaucoup d'ouvertures,
de fugues et de caprices pour l'orgue, qui n'ont
pas été imprimés.
BENIVET (Saunders), organiste à Woods-
tock , dans le comté d'Oxford , est mort d'une
maladie de langueur, en 1809, fort jeune encore.
11 a fait imprimer quelques pièces pour le piano,
et plusieurs recueils d'airs et de glees.
BEANETT (William STERKDALE),
pianiste et compositeur à Londres, est né le 13
avril 1816 à Sheffield, dans le Yorkshire, où son
père était organiste. Après avoir fait ses pre-
mières études musicales dans sa ville natale, il
alla suivre les cours de l'université de Cambridge.
Plus tard il se rendit à Londres et y entra dans
l'Académie royale de nmsique, oii Cipriani de
Potter et le docteur Crotch devinrent ses maîtres
de piano et de com|)osition. Sorti de cette école,
après quelques années d'études , il reçut des
leçons de Moschèles et commença la publication
de ses premières œuvres. La connaissance qu'il
fit de Mendelsohn à Londres le décida à le suivre
en Allemagne, pour continuer sous sa direction
ses études de composition. Jusqu'à la mort de
cet artiste célèbre il lui fut attaché de la plus
étroite amitié. On reconnaît dans le style des
œuvres de INL Bennelt un penchant décidé pour
celui de son maître et ami. Pendant son séjour à
Leipsick, daiis les années 1837 et 18:î8, ilexc'cuta
un concerto de piano de sa comiiosition dans
un des concerts de la Gevandhaus , et y fit
entendre diverses ouvertures d'ouvrages drama-
tiques qu'il avait écrits à Londres dans les années
précédentes. Après plusieurs années de séjour
en Allemagne, il retourna à Londres, où il se
livra avec succès à l'enseignement et donna des
concerts chaque année. M. Slerndale Bennett est
un des artistes les plus distingués de l'Angleterre
comme virtuose sur le piano et comme composi-
teur. En 1837 il a écrit la ruusique d'un ballet
intitulé les Nayades, qui fut représenté ; dans
l'année suivante, il donna au tht'âtre anglais la
Nymphe de la forêt, opéra dans lequel il y
avait de bons morceaux, et qui bientôt après fut
suivi de Parisina. Il a publié, tant en Allema-
gne qu'en Angleterre, beaucoup d'ouvragis d.'
liiusiqirc instrumenlale parmi lesquels on rcmar-
BENNETT — BEiNOIT
347
que : 1° TioisièniG concerto pour piano (eu xit
mineur;, op. 9 ; Lcipsick, Kislner. ~ 2" Qua-
trième idem ( en /a mineur), op. 19, ibid. —
;3o Fantaisie pour piano et orciiestre (en hu ma-
jeur), op. 22. ibid. — 4" Sextuor pour piano, deux
Tiolons, alto, violoncelle et contre4)asse, op. 8;
_,onures , Cramer, Beale, etc. — 5° Trio pour ;
piano , violon et violoncelle, op. 36 , 'bid. — 1
Sonate pour piano et violoncelle (en la mi-
neur), ibid. -^ 1° Divers morceaux do son pre-
mier et de son deuxième concerto, arrangés pour
piano à quatre mains. — 8" Sonate pour piano
seul (en/rt mineur). — 9° Beaucoup de capri-
ces, rondos, suites de pièces, thèmes variés,
préludes, etc.; ibid. — 10° Quelques morceaux
de musique religieuse à plusieurs voix. —
11° Beaucoup de mélodies et de chansons an-
glaises avec accompagnement de piano. On con-
naît aussi de M. Bennett une méthode de piano
intitulée : ClassicaL pracHce for piano forte
student , Londres, 1841, et une dissertation sur
l'harmonie ( On harmony) imprimée dans les
Introductory lectures delivered at the Qucen
Collège, 1849.
BENOIST (N.), musicien français, vécut
dans la première moitié du seizième siècle. On
trouve des pièces de sa composition dans les
Selectisshnx et familiarissimge Cantiones ul-
tra ceutitmde Salblingei'( Augsbourg, Melchior
Kriesstein, 1540), et dans le Liber quartus
( Molectorum ) cum quatuor vocibus, imprimé
à Lyon, par Jacques Moderne, en 1539.
BEi\OIST (François), compositeur, né à
Kantes le 10 septembre 1795, a reçu dans sa
ville natale les premières leçons de musique et
de piano. En 1811 il se rendit à Paris, et fut admis
au Conservatoire de musique comme élève de Ca-
tel pour l'harmonie, et de Adam pour le piano.
Ses progrès furent si rapides, qu'il obtint au con-
cours de la même année le premier prix d'har-
monie. Le premier prix de piano lui fut décerné
en 1814. L'année suivante il fut couronné aux
concours de l'Institut de France pour sa com-
position de la cantate à'Eyione, qui fut exécutée
en séance publique le 5 octobre 1815. Ce triom-
phe lui assurait le titre et les avantages de pen-
sionnaire du gouvernement français. Jl partit
bientût après et passa trois années à Rome et à
Kaples aux frais de l'État. De retour dans sa patrie
au commencement de l'année 1819, il obtint
presque à son arrivée la place de premier orga-
niste de la chapelle du roi, qui avait été mise au
concours après la mort de Séjan ; et peu de temps
après, il fut nommé professeur d'orgue au Con-
servatoire de Paris, où il est encore en cette qua-
lité (1859). En 1821, M. Benoist a lait représenter
au théâtre Feydeau un opéra intitulé : Félix et Léo-
îiorc, qui a eu quelques représentations, et dont
la partition a été gravée. Après avoir déserté la
scène lyrique pendant vingt-sept ans, il y est
revenu en 1848, avec la partition d'un opéra en
deux actes de Germain Delavigne intitulé : VAp-
paritton, qui malheureusement réalisa son titre
au théâtre de l'Opéra national. Préc('demmenl il
avait écrit une narlie de la musique du Diable
amoureux, ballet joué à l'Opéra. En 1848 il com-
posa la musique deNisida, ballet en deux actes,
représenté au même théâtre le 21 août ; et en-
fin, le 15 janvier 1851, il a donné sur la même
scène la musique du ballet en trois actes de
Théophile Gautier intitulé : Pâquerette.
Comme organiste et comme professeur, M. Be-
noist s'est fait une réputation honorable. Il
était depuis plusieurs années second chefdu chant
à l'Opéra de Paris, quand il succéda à Halévy
dans la position de premier chef, en 1840. 11 est
considéré ajuste titre comme un artiste d'un mé-
rite très-eslimable. Il possède bien l'art d'accom-
pagner le plain-chant et d'improviser des fugues
sur un sujet donné. Souvent il a mérité les applau-
dissements des musiciens de la chapelle du roi pour
son talent en ce genre. Ses compositions pour
l'orgue ont été réunies dans un recueil qui a pour
titre : Bibliothèque de Vorganiste , ou suites de
pièces pour l'orgue, en douze cahiers; Paris,
Mme veuve Canaux. Ou connaît aussi de M. Be-
noist une Messe de Requiem pour trois voix
d'hommes et une d'enfant, avec accompagne-
ment d'orgue ad libitum; ibid.
BEIXOIT (André) , maître de musique de la
cathédrale de Chartres, en 1743, a composé des
motets qui ontété exécutés dans la chapelledu roi.
BEiV'OIT ( Pierre), vicaire à l'église Sainte-
Marie, de Dijon, est auteur d'un livre intitulé :
Manuel du chant, ou le plain-chant enseigné
par principes et mis en rapport avec la mu-
sique; Dijon, de l'imprimerie de Douiller, 1830,
)n-12. Une deuxième édition de cet ouvrage a
paru à Dijon, cliez Lagier, en 1840, in-12, sous
ce titre : Manuel du chant sacré, ou le plein-
chant (sic) enseigné par principes.
BEKOIT (PiERRE-LÉONARD-LÉopoLn), conf-
positeur, né à Harelbeker ( Flandre occidentale),
le 17 août 1834, montra dès son enfance les
plus heureuses dispositions pour la musique, et
sans guide , sans instruction élémentaire, se
livra à des travaux, de composition. En 1851,
son père le conduisit à Bruxelles et le pré-
senta à l'auteur de cette biographie, ()ui l'ad-
mit au conservatoire de cette ville, lui (il suivre
des cours de piano, d'harmonie, et se chargea
de lui enseigner la composition. Deux ans après-
Ii48
BENOIT — BERARD
Benoit obtint au concours le deuxième prix d'iiar-
monie.etle 1'"" prix lui fut décerné en 1854.
Dans la même année, le premier prix de contre-
point et de fugue fut également conquis par lui
an concours. En 1855, il se présenta un grand
concours de composition institué par le gouver-
nement et obtint une mention honorable. Dans
Tannée suivante il écrivit la musique de plusieurs
mélodrames flamands pour le théâtre du Parc, au
nombre desquels on remarqua celui qui avait pour
titre De belgische Natie (La Nation belge), qui
fut représenté le 27 juillet 1856, à l'occasion du
vingt-cinquième anniversaire du couronnement
du roi Léopold 1^''. Au mois de décembre de la
même année M. Benoit fut nommé chef d'or-
chestre du théâtre du Parc : il y fit jouer avec
fuccès un joli opéra flamand intitulé : Het
dorp irCt gebergte (le Village dans les mon-
tagnes). Pour la seconde fois, il se présenta au
grand concours de composition, en 1857, et le
premier prix lui fut décerné pour la cantate
dont le sujet était : Le Meurtre d^Abel. Cet ou •
vrage fut exécuté solennellement au mois de
septembre de la même année par le conservatoire ;
il produisit une vive impression. Devenu pen-
sionnaire du gouvernement, comme lauréat du
grand concours, M. Benoit se rendit en Alle-
magne pour y étudier la situation de l'art. Après
quelques mois de séjour à Leipsick, il alla pas-
ser l'été de 1858 à Dresde, fit une excursion à
Prague à l'occasion de la fête jubilaire du con-
servatoire de cette ville, puis visita Berlin et
Munich. Dans la première de ces villes, un Ave
Maria à 8 voix en deux chœurs, de sa compo-
sition, fut exécuté par le chœur de la cathédrale
( Do7n Chor), sous la direction de M. Neithardf.
Ce morceau a été publié à Berlin, chez MM. Ed.
Bote et G. Bock. Au moment où cette notice est
écrite (1859) M. Benoit continue ses voyages d'ar-
tiste. Ha publié : 1° Six mélodies à voix seule
avec piano, Bruxelles et Mayence, chez les frères
Schott ; 2" Douze pensées naïves ou Mélodies
sentimentales pour voix seule et piano , ibid.
3° Douze motets , ibid. On connaît aussi de lui
des pièces de piano d'un genre neuf. Ce jeune
'artiste est doué d'un vif sentiment poétique et
dramatique.
BÉNOIVI (Jules), compositeur à Vienne,
né en 1835, a fait ses études musicales sous la
direction de Simon Sechter. A l'âge de onze ans
il fit exécuter une messe de sa composition, et
peu de temps après il donna à l'un des théâtres de
Vienne un opéra intitulé Die Winderblume
( les Anémones ), dont on a extrait des airs avec
«tccompagnement de piano, qui ont été publiés
chez Mechetti.
BE1\SEK (...), pianiste et composileur, vi-
vait à Londres de 1780 à 1790. On a de lui les
ouvrages suivants : 1° Sonates pour piano et vio-
lon, œuvre i" ; Londres, Clementi;— 2° Six so-
nates, idem, œuvre 2^; — - 3" Sonates à quatre
mains pour le piano, œuvre y-, — 4° Leçons et
un duo pour le piano.
BEI\TE (Mathès), luthier de l'École de
Brescia, vécut dans le seizième siècle et fut con-
temporain de Jean-Paul Magini.. Il travaillait
vers 1570. Je ne connais de lui qu'un luth très-
richement orné qui se trouve parmi les antiquités
du Musée de Paris.
BENVEJ\UTi (Nicolas), maître de cha-
pelle de la cathédrale de Pise, est né dans cette
ville Je 10 mai 1783. Il se livra à l'étude de l'or-
gue sous la direction de son père, maître de
chapelle de la même cathédrale ; la lecture des
auteurs classiques devint son unique occupation,
et le succès couronna sa persévérance. On a de
lui : lo Six riiesses à quatre et six voix avec or-
chestre; — 2» Des vêpres complètes; — 3" 11.
ralto di Proserpina, cantate à trois voix avec
des chœurs, exécutée sur le théâtre de Pise, en
1806; — 4" A7-iana e Teseo, à Pise en 1810;
— 5" il Werler, farce, sur le même théâtre, en
18t 1. Dans le genre instrumental, il a écrit douze
symphonies à grand orchestre, des sonates pour
piano, des variations, des sonates pour l'or-
gue, etc.
BÉRARD( Jean-Baptfste), né à Lune! en
1710, débuta comme ténor à l'Opéra, au com-
mencement de l'année 1733, ne réussit pas et fut
renvoyé à la clôture de Pâques de la même an-
née. Au mois de septembre suivant il entra à la
Comédie italienne, y,fut plus heureux, et y resta
jusqu'en 1730 où il fut rappelé à l'Opéra. Rameau
(>crivit pour lui un rôle dans les Indes galantes;
mais il y fut sifflé, et le compositeur se vit obligé
de donner le rôle à un autre. Cependant Bérard,
qui était bon musicien, étonna le public par la
manière dont il chanta, en 1737, à une repré-
sentation qu'on appelait la Capitation : il y fut
applaudi, et depuis cette époque jusqu'en 1745,
où il quitta la .scène pour se livrer à l'enseigne-
ment du chant, il fut bien accueilli dans les rôles
qu'on lui confia. H jouait bien de la guitare, du
violoncelle et de la harpe. On a de lui un livre
intitulé : L'art d7i chant, dédié à madame de
Pojnpadour ; Paris, 1755, in-S". Cet ouvrage
n'est pas sans mérite. Bérard mourut à Paris, le
l"'"^ décembre 1772. Par le crédit de madame de
Pompadour, Bérard fut décoré de l'ordre du
Christ. Il eut un fils qui fut pendant plusieurs
années premier violoncelle de la Comédie ita-
lienne.
BERARDl
BERAT
319
BERARDl (Angelo), naquit au bourg de
Sainte-Agathe, dans le Bolonais, vers le milieu
du dix-septième siècle. On voit par le titre de
ses Raglonamcnli musicaîi, qu'il était, en
1C8I, professeur de composition et maître de
chapelle de la cathédrale de Spolète. Précé-
demment, il avait rempli les mêmes fonctions
à la cathédrale de Vilerbe. En 1687, époque où
il publia ses Documenti annonici, il était clia-
. noine de la collégiale de Viterbe, et vers 1C93
il fut nommé maître de chapelle de la Basilique
de Saillie-Marie in Trayistevere. Il dit dans la
préface de ses Documenti armonici qu'étant
déjà chanoine et maître de chapelle, il étudia le
contre-point sous Marco Scaochi, ancien maître
dechapeile du roi de Pologne. Les ouvrages tliéo-
ri(pies de cet auteur sont : I. Ragionamend
vmsicali, Bologne, lG81,in-12; II. Documenti
armonici, Bologne, 1687, in-4° ; livre important
par son objet et parla manière dont il est Irnité.
Cet ouvrage est divisé en trois livres : le |)romier
traite de diverses espèces de contre-points et de
la fugue; le second, des canons et des contre-
points doubles à l'octave, à la dixième et à la
douzième; le troisième, des dissonances par re-
tardement (legature) et de leur résolution. 11
est à regretter qu'au savoir réel que montre Be-
rardi dans l'exposé de la doctrine scoiastique de
son temps, il ne se joigne pas plus de méliiode
et de philosophie. III. Mixceltanea musicale,
divisa in tre parti, Bologne, 1689, in-4o. Dans
la seconde partie de ce livre, ontiouve les règles
du contre-point simple à deux voix et dans la
troisième, celles du contre-point à trois et de la
fugue selon les tons du plain-chant. IV. Arcani
musicaîi, Bologne, 1690, in-4'', dialogue de
trente-deux pages sur quelques compositions ar-
tificieuses, telles que les Canons en écrevissc,
les Duos à retourner le livre, etc. \. Il Per-
che musicale ovvero staff et ta armonica,
Bologne, 1693, in 4°. C'est une suite de lettres
en réponse à diverses questions qui avaient été
faites à l'auteur sur plusieurs points de la musi-
que. Les ouvrages de Berardi forment une époque
remarquable dans l'histoire de l'harmonie. De-
puis les innovations introduites dans l'harmonie
et dans la tonalité par Monteverde, les principes
sévères de l'École romaine avaient souffert des
altérations qui, devenant chaque jour plus sensi-
bles, imprimaient à toutes les parties de l'art,
et particulièrement à la tonalité, une direction
nouvelle. Cependant les deux Nanini, Benevoli
et leurs élèves, quoiqu'ils eussent adopté des
formes plus modernes, conservaient encore dans
leurs compositions quelque chose de la puielé
de style dont Palestrina et ses contemporains
avaient donné l'exemple; mais à l'époque où
Berardi publia ses Documenti armonici, il sem-
ble qu'on avait méconnu le but des études mu-
sicales ; ce n'était plus à la recherche de mouve-
ments élégants et purs dans l'accord des voix
qu'on s'appliquait, mais à celle de subtilités pué-
riles, tels que les contre-points alla zoppa, per»
fidiati , d'un sol passo, etc., dont les ouvrages
de cet auteur sont remplis. Quoi de plus ridicule,
de plus opposé au véritable but de l'art que ces
formes de convention où les compositeurs s'im-
posaient la loi de n'employer tantôt que des notes
blanches, tantôt que des notes noires seulement,
ou de répéter d'un bout à l'autre d'un morceau
de musique le même trait à une partie, pendant
que les autres suivaient les règles de l'harmonie
ordinaire ; ou bien encore de s'interdire l'emploi
de certaines notes de la gamme ou de certains
intervalles? Ce sont cependant ces mêmes for-
mes de composition dont Berardi explique les
règles très-sérieusement. Il faut l'avouer, toute-
fois, ces défauts qui appartiennent au teuips où
il vécut, sont rachetés par les lumières qu'on
peut puiser dans ses ouvrages sur deux objets
importants de l'art d'écrire ; objets qui ont exercé
l'induence la plus heureuse sur les progrès de
la musique moderne. Le ptemier est le contre-
point double, dont l'invention, bien qu'anté-
rieure à ce siècle, puisqu'elle est clairement in-
diquée par Zarlino et développée par Cérone,
n'avait cependant pas acquis tous les perfection-
nements qu'on remarque dans les ouvrages de
Berardi : l'autre est l'art de moduler la fugue
par la mutation de la réponse au sujet, invention
qui a substitué les fugues tonales et libres à la
fugue réelle. Je le répète, Berardi n'est pas l'in-
venteur de ces choses, mais il est le premier qui
en ait exposé méthodiquement les principes et
le mécanisme. Sous ces rapports, il doit être
considéré coumie un des écrivains dont les ou-
vrages ont le plus d'importance pour l'histoire de
l'art. Comme compositeur, on connaît de lui :
AJissa pro defunctis quinque vqcum ; Romx,
apud Ign. deLazaris, 1663. — Libri tredi mo-
tetli a due, tre, quattro voci ; Bologne, Monti,
166o. — Psalmi vespertiiiii voc. cumuna.Missa,
op. 8; Homse, apud Aug. Mutis, 1675. Due li-
bri di offertorii concertatia due e tre voci;
Bologne, Monti, 1680. Salmi concert ati a tre
voci, lib. 1 et 2, op. 4 et 5 ; Bologne, 166S,
in-4°. Psalmi vesperlini (cum Missa quatuor
voc), op. 9; Bologne, 16S2, in-4°. Musiche
diversi per caméra « 2, 3 e 4 voci, op. 13 ; Bo-
logne, Maria Monti, 1698, in-4°.
BÉRAT ( Fkédéric), compositeur de roman,
ces et de chansonnettes, né a Rouen, en 1800, a
BÉRAT - BERCELLI
oltlenu des succès prodigieux par quelques-unes
<le ses productions, particulièrement par sa ro-
mance : Ma Normandie, dont on a vendu plus
de trente mille exemplaires! Ce succès populaire
est dû vraisemblablement au caractère assez
vulgaire des mélodies de cet auteur; car les cho-
ses de ce genre, lorsqu'elles ont un rhytlime bien
cadencé, ont toujours en France plus de chances
de réussite que les chants marqué.-; au coin de
la distinction. Les romances les plus connues
de Bérat, après Ma Normandie, sont le Départ,
La Montagnarde au retour, A la Frontière,
Cest demain qu'il arrive. Parmi ses chanson-
nettes, dont la gaîté a fait le succès, on cite la
Lisette de Déranger, Bibi, mon c/iéri, et Mon
petit Cochon de Barbarie. En 1846, il a publié
un album de romances et de chansonnettes dont
plusieurs sont écrites en patois normand. Fran-
çois Pétoiirniau a pardu et retrouvai son
coutiau est une de ces chansons devenues popu-
laires et chantées dans toute la Normandie. Peu
fortuné, Bérat n'avait d'autres moyens d'existence
qu'un petit emploi dans une entreprise de gaz,
à Paris. Homme simple et bon, il avait peu d'am-
bition : le terme de ses désirs était la possession
de 1,200 francs de rente et une chaumière dans sa
belle Normandie. Une étroite amitié l'unissait à
Déranger, le poète. Depuis longtemps Bérat était
atteint d'une affection de la moelle épinière, dont
lui-même paraissait ignorer la gravité. Le mal (it
tout à coup de rapides progrès : Bérat fut pris de
vertiges, et le 2 décembre 1855, il s'éteignit sans
souffrance.
BÉRAUDIÈRE ( Marc i)e), musicien fran-
çais qui vivait au commencement du dix-septième
siècle, a fait imprimer le Combat de seul à seul
en champ clos, à quatre parties; Paris, Ballard,
Jf.OS, in-4".
BERBIGUIER (Benoit-Tranquille), flû-
tiste et compositeur pour son instrument, naquit
le 21déce«ibre 1782, à Caderousse, déparlement
de Vauclnse, ci-devant le comtat Venaissin. Doué
de dispositions heureuses pour la musique, il
apprit, sans le secours d'aucun maître, la flûte,
le violon et la basse. Sa famille le destinait au
barreau ; mais, dominé par son goût pour l'art
musical, il quitta brusquement son pays natal au
mois d'octobre 1805, vint à Paris, entra au Con-
servatoire dans la classe de flûte de Wunderlicli,
et suivit en même temps un cours d'harmonie
sous la direction de Berlon. Depuis plusieurs
années il faisait sa profession de la musique, lors-
(ju'en 1813, il fut contraint de quitter Paris par
suite du décret qui ordonnait une levée de trois
cent mille bommes. En 1815, il entra dans les
gardes du corps, suivit la cour à Gand et rentra
avec elle à Paris. Au mois de novembre de la
même année, il oblint une lieulenance dans la
légion de l'Ain, qui s'organisait à. Bourg; mais fa-
tigué de l'état militaire , et désirant se livrer de
nouveau à la carrière musicale, il donna sa dé-
mission, en 1819, et revint à Paris, où il épousa,
en 1323, Mlle Plou, l'une des harpistes les plus
habiles de cette époque. C'est surtout comme
compositeur pour la flûte que Berbiguier s'est
fait un nom recommandable. Ses ouvrages pour
cet instrument ont été longtemps classiques, et
se sont succédé avec une fécondité rare. Ce n'est
pas seulement en France qu'ils ont obtenu ce
succès flatteur; car les catalogues d'Allemagne,
où ils figurent tous, prouvent qu'ils y jouissent
d'une estime méritée. Les événements de 1830
l'affligèrent, à cause de l'attachement qu'il avait
pour la famille royale de la branche aînée des
Bourbons, et le décidèrent à se retirer près de
son ami Hus-Desforges (Voy. ce nom), à Pont-
Levoy, près de Blois. Il y jouit d'une existence
heureuse pendant quelques années; mais le cha-
grin que lui causa la mort de Desforges le frappa
d'un coup mortel. Après avoir accompagné les
restes de son ami au lieu de l'inhumation, il dit à
quelques amis qui l'avaient suivi pour cette triste
cérémonie : Ikins huit jours vo%is viendrez ici
pour moi. Sa prédiction se réalisa, car Desforges
était décédé le 20 janvier 1838, et le 29 du même
mois, Berbiguier avait cessé de vivre! Le cata-
logue des œuvres de cet artiste renferme :
r Quinze livres de duos pour deux flûtes ; —
2° Deux livres de duos pour flûte et violon; —
3° Six grands solos ou études pour la flûte ; —
4° Dix concertos pour le même instrument ; —
;>o Sept livres de sonates , avec accompagnement
de basse ou alto; — 6° Une méthode pour la flûte ;
— 7° Huit tlièmes variés avec accompagnement
de piano ou orchestre ; — 8o Six airs de divers
auteurs variés pour la flûte avec piano ou or-
chestre; — 6° Six livres de trios pour trois flû-
tes; — 10° Un livre pour deux flûtes et alto;
— 11° Un idem pour flûte, violon et alto ; —
12° Plusieurs suites de duos faciles pour deux
flûtes; — 13° Un grand duo concertant pour flûte
et piano; — 14o Enfin, plusieurs fantaisies, ro-
mances et airs variés avec piano, et des suites
d'airs d'opéras arrangés en duo pour deux flûtes.
BERCELLI ou BERSELLI (Mathieu),
sopraniste qui, vers 1720, se trouvait à la cour
de Dresde. Sa voix avait une étendue prodi-
gieuse, car elle commençait à Vut au-dessous de
la portée et allait jusqu'à sa dix-huitième fa.
Toutefois il chantait médiocrement, ce qui n'em-
pêcha pas qu'il eût 2,000 guinées d'appoiine-
ments, à Londres, en 1738.
i
BERCHEM
351
BKRCIIEM (Jacques, Giuchetto ouJachet)
ou ile Berc/iem, un des plus habiles compositeurs
(lu seizième siècle, naquit eu Flandre au com-
mencement (le ce même siècle, et hrilladc I53&.à
1565. On ignore si le nom de Berchem fut le sien
propre, ou s'il le prit du lieu de sa naissance, le
village de IJercliem, près d'Anvers. Les documents
des arcliives diverses de cette ville n'ont fourni
aucun renseignement sur ce point à M. Léon
de Biirbure {voij. ce nom). Les biographes qui ont
cru que Berchem n'était pas le nom propre de
ce musicien, l'ont confondu avec Jac(iues, o\xJa-
chet de Buiis qui vécut dans le même temps ;
mais on peut voir à l'article Biais que cette opi-
nion n'est pas fondée. D'autres ont cru queJachet
de Berchem était le même artiste que Jachet de
Wert; mais les italiens nomment celui-ci Gin-
chetto di Ueggio, .soit qu'il ait vu le jour dans
cette ville, de parents flamands, soit qu'il y ait
demeuré plus ou moins longtemps, tandis que
Jachet deBerghem, ou .fierc/ie»i est désigné par
eux sous le nom de Giuchetto ou .Jachet di
lUantova, parce qu'il lut au service du duc de
Mantoue, vers 1535 à 15fi5. Ces musiciens vécu-
rent longtemps en Italie à la même époque ; leurs
ouvrages y lurent souvent réimprimés, et dans
les recueils où l'on a introduit quelqu'une de
leurs compositions, il arrive fréquemment que le
prénom seul est indiqué : de là vient qu'il est
dillicile de déterminer lequel des trois artistes en
est l'auteur. Federmann dit (dans la Description
des Pays-Bas) que Berchem vivait encore en
1580 : il devait être alors fort âgé. Les ouvrages
les plus connus de cet artiste sont : 1° Jachcti
musicl celeberrimi atqiie delectabilis, chori
illiistrissimi, ac révérend, cardinalïs Mantux
magisfri, Motecta quinque vocum. Novissintc,
omni studio, ac cura in lucem édita; Vene-
tiis apud Hieronymum Scotum, 1539, in-4''
ohl., avec une dédicace de l'imprimeur au cardi-
nal de Mantoue. Ce recueil contient vingt-six
motels. C'est ce même ouvrage, augmenté de
deux motets, qui a été reproduit sous le litre ita-
lien suivant -. Il primo libre di Motetli di Ja-
chet a cinqice voci con la giunta di pin Mot-
tetti composti de novo per il detto autore non
piu veduti con ogni diligentia correlli; in
Venetia, nella stampa d'Antonio Gardane,
1540, petit in-4° obi. Il y a vingt-huit motets
dans ce livre; au haut de la page du onzième on
lit : Giac. di B. (Jacques de Berchem). — 2" Ja-
chet musicisuavissimi celeberrimique niusices
reverendissimi cardinalïs Mantue (sic) magislri
Motecta quatuor vocum nunc primum dili-
gentissime recognita ac stio candori restituta.
/J6er jonwws ; Venetiis apud Antonium Garda-
nuui, 1545, iii-4" ohl. sans dédu'.ice ni piéface.
Des exemplaires de la même édition ont paru
dans la même année avec le titre italien suivant -.
Il primo Ubro de motetti a quatlro voci ;
In Venetia, app. di Ant. Gardane, 1545, pe-
tit in-4° obi. On trouve aussi à la bibliothèque
royale de Munich : Jachet Mastro (sic) di mu-
sica'de ta Capella del Duomo de Illus """ Si-
gnor duca di Mantoa (sic) Moltetti a quattro
voci, novamente pnsti in lace; libro primo.
Sans date et sans nom de lieu, in-4'' obi. — 3°
Liber primus, vocum quinque. Vigenti Mo-
tetos hhbet. Exciisum Ferrarix, espensis et
Labore Joh. de Bulgat, Henr. de Campis, et
Anth. Hacher, sociorum, 1539, petit in-4° ohl.
Le principal auteur de ces vingt motets est dé-
signé Jacquet de Berchem; les autres sont Hes-
din, Nie. Gombert, Archadeit, Ivo (de Venlo),
Jacques Despons, Adrien Willarf, Maistre Jan,et
Claudin (Claude de Sermisy). — 4° Il primo libro
de madrigali a quattro voci. In Venetia
oppressa d'' Antonio Gardane, 155G, in-4° obi.—
5" Capriccio di Jachetto Berchem con la mu--
sica da lui composta sopra le stanze dcl
Furioso, a quattro voci. In Venetia appressn
d'Antonio Gardane, 1501, in-4o, libri primo,
seconda et terza. Cet ouvrage est dédié au duc
deFerrare. — 6° Le manuscritdu seizième siècle de
la bibliothèque royale de Munich, coté II, con-
tient trois messes à cinq voix, de Berchem, sous
le nom de Jaches de Mantua. — 7° Oraliones
complures ad of/ic. Hebdom. Sanctai perti-
nentes quatuor et quinque vocum. Venetiis
apud Ant. Gardanum, 1567, in-fol. — 8o Messe
dei Fiore a cinque voci, libro primo. In Vene-
tia, app. di Ant. Gardane, 1561. (C'est une réim-
(iression.) — 9" Messe di Jachello a cinque voci.
Libro 2' ibid., 1555. — 10° La messe à quaire
voix i]e Jachet Bergem (sic) sur la chanson Mors
et /ortuna se trouve dans le recueil qui a [lour
titre : Missarum quinque liber primus, cum
quatuor vocibus ex diversis auctoribus excel-
lentissimis. Venetiis apud Hieronymum Sco-
tum, l.=>44, in-4" obi. On trouve des motets et
des madrigaux de Berchem, avec l'indication de
son nom dans les reçue is suivants -. 1° Motetli
del frutto , lib. \ eti a sei voci ; 'Venise, Ant.
Gardane, 1539. — 2° Motetti del Labirinlo
a cinque voci; 'Venise, 1554, in-'i° obi. — 3" Di
diversi authori il primo libro de' madrigali a
quattrovocia note nègre; ibid., 15G3,in-4oobl.
— 4° Il primo libro délie Muse a cinque voci.
Madrigali di diversi authori; Rome, Antoine
Barré, 1555, in-4°. Pour les œuvres où l'on ne
trouve que le prénom de Jacquet ou Jachet,
voyez la notice sur Buus [Jacques de). — o" Mo-
352
BERCHEIM — BÉRÉSOVSRY
fêta délia Simia a cinque voci. Ferrarias, expen-
sis et labore Johannis de Bulgat , 1540, in-4".
Dans ce recueil le nom est écrit Jachet de Ber-
chein; peut-être est-il permis d'en conclure que
le nom de famille était Jachet, ou plutôt Jacquet,
que ce nom n'était pas le diminutif de Jacques,
et que Berchem indiquait le lieu de naissance,
comme le dit au reste Guicliardin {Giachetto di
Berchem vicino diAnversa). — 6° Tertius liber
Motectorum cum quatuor vocibus. Impressum
Lugduni per Jacobum Modernum dePinguento,
1539, in-4o. — 7" Sectmdus liber Motectorum
cuin quinque vocibus; ibid.,1 532, in-4"'. — 8° Ter-
tius liber Motectorum adquinqueet sexvocis;
ibid., 1538,in-4°.— 9° Quartiis liber Motectorum
ad quinque et sea^vocis; ibid., 1539, in-4". —
iO° Quintus liber, etc., ibid. ; 1543, in-4°. — 1 1°
Selectissimarum cantionum {quas vulgo Mo-
ieta vocant ) Flores , trium vocum, ex opti-
mis ac prestantissimis guibusque divinse Mu-
sices authoribus excerptartim. Lovanii ex
typograph. Pétri Phalesii, 1569, in-4" obi.
BERCK (Henri), compositeur, né à Brème
vers 1805, a vécu quelque temps à Paris. Il pré-
tendait ôtie élève de Rossini, quoique ce maître
n'en ait jamais eu aucun. En 1829 il fit repré-
senter dans sa ville natale un opéra intitulé Ré-
mus et Romulus , et dans l'année suivante il y
donna Baudouin, comte de Spolète.
BÉRCKZAIMER(WoLFGANG), compositeur
allemand, vivait vers le milieu du seizième siècle,
et -a publié : Sacrorum hymnorum modula-
liones quinque et sex vocibus; Municb, 1564.
BERCY. Voyez Bresy.
BÉREiV'GER (Laurent-Pierre), littéra-
teur, né à Riez (Basses -Alpes) le 28 novembre
1749, entra dans la congrégation de l'Oratoire,
après avoir terminé ses études, et fut professeur
au collège d'Orléans. Après la révolution il i)aspa
à Lyon, en qualité de professeur de l'école cen-
trale, puis fut insperteur de l'Académie univeisi-
taire de cette ville. Il mourut en 1822, à l'âge de
.soixante-treize ans. Auteur de la Morale en ac-
tion, livre qui eut de la célébrité en France et fut
souvent réimprimé, Bérenger fut membie de
l'Académie des sciences, lettres et beaux-arts de
Lyon. Dans une séance de cette société savante,
il lut un mémoire sur la nécessité d'établir à Lyon
une école spéciale de musique vocale et instru-
mentale, dans laquelle on enseignerait aussi la
composition. Ce Mémoire se trouve parmi les
manuscrits académiques de la Bibliothèque de
Lyon, sons le numéro 1393 du Catalogiu\
BEREi\S (Cuarles), directeur de musique
à Hambourg dans la (iremière moitié du dix-neu-
vièine siècle, a publié des trios et des duos pour
la flûte, des airs variés pour le violon, des so-
nates pour le piano, des pots-pourris pour divers
instruments, et des contredanses pour l'orchestre
et pour le piano. Toutes ces productions ont été
imprimées à Hambourg.
BERENS (Henri), fils du précédent, pianiste,
violoncelliste et compositeur, à Hambourg, s'est
fait connaître par les compositions suivantes :
1 ° Der musikalisch Europa ( l'Europe musicale),
contenant douze fantaisies pour piano, op. 2 ;
Hambourg, Scliubarth et compagnie.— 2° deux
rondos idem, op. 4; Hambourg, Bœhme.
30 1er Jj.Jq brillant pour piano, violon et violon-
celle, op. 6 ; Hambourg, Schubartb et compagnie.
— 4° Romances sans paroles, n" 1 et 2 ; ibid. —
5° Des polkas et des contredanses.
BERENS (Hermann), compositeur et direc-"
leur de musique à Stockholm, ap[>ai tient à l'é-
poque actuelle (milieu du dix-neuvième siècle);
tout autre renseignement manque sur sa per-
sonne; son nom ne se trouve même dans aucun
catalogue de musique, ni dans aucun journal re-
latif à cet art publié jusqu'à ce jour (1854). Je
ne connais cet artiste que par une Fantaisie pour
orgue (en tit mineur), œuvre vingt-cinquième,
publiée à Erfiirt, chezKorner; ouvragedans lequel
l'auteur, rompant avec les traditions de toutes les
écoles d'organistes anciens et modernes, et avec le
caractère grave de la musique d'orgue, applique
à cet instrument le style dramatique de son temps.
A ce point de vue son ouvrage ne manque pas
de mérite : l'harmonie a de la distinction, et l'au-
teur fait voir, par les combinaisons des jeux en
raison du caractère des phrases, qu'il connaît bien
les effets de l'instriiment; mais il faut espérer
que celte nouvelle tentative de corruption de la
musique d'église et de son caractère religieux
n'aura pas de succès.
BEREI\T (Simon), jésuite, né en Prusse, en
l:"i85, entra dans son ordre, en 1600, y enseigna la
philosophie et la théologie, et devint ensuite con-
fesseur du prince Alexandre de Pologne. Il est
mort àBrunsberg, recteur du collège des jésuites,
le 16 mai 1649. On a de sa composition : 1° Li-
taniœ de nomine Jesu, 1638, et Litanix de
B. Virg. Maria, 1639.
BÉRÉSOVSIÎY (M AXiME-SozNOViTcn), com-
positeur (le mutique religieuse, naquit à (iloucli-
knti, petite ville de ITJkraine, en 1745, suivant la
Nouvelle Biographie généi-ale de MM. Didot.
Cependant s'il est vrai qu'il entra dans la chapelle
del'impératriceÉlisabeth.à Saint-Pétersbourg, tt
que la beauté de sa voix y excita l'admiration
générale, il n'a pu y être admis que dans smi
enfance et comme sopraniste; car, lorsque Elisa-
beth mourut, en 1761, BrrésovsKy n'aurait eu (pie
BÉRESOVSIvY - BERG
353
seize nns. Cette considération et d'autres encore
autorisent à croire qu'il vit le jour plus tôt qu'on
ne le |>ense. Quoiqu'il en soit, il fit ses premières
études musicales à l'Académie ecclésiastique de
Kieff, puis il se rendit à Saint-Pétersbourg, et
fut admis comme clianteur à la chapelle impé-
riale. Ses heureuses dispositions, non-seulement
pour le chant, mais pour la composition, déter-
minèrent Catlierine II à l'envoyer en Italie, afin
qu'il y perfectionnât ses connaissances dans l'art.
Arrivé à Bologne, il obtint du P. Martini, l'un
des plus savants maîtres de son temps {voij. Mar-
tini, Jean -Baptiste), l'autorisation d'y suivre ses
leçons pour le contre[ioiut. Il passa neuf années
dans celte ville, où il obtint le titre d'académi-
cien philharmonique. De retour en Russie, avec
un savoir solide dans l'art d'écrire en musique et
dans celui du chant, il n'y vit point se réaliser
ses espérances d'avenir, fut peu remarqué à la
cour impériale, et n'obtint aucun emploi de quel-
que importance. Le chagrin qu'il en eut le con-
duisit au tombeau en 1778. Béiésovsky a fait
quelques efforts pour l'amélioration du chant de
l'Église gréco-russe; mais il rencontra beaucoup
d'opposition dans ses réformes, parce qu'il y vou-
lut porter ses habitudes de la musique italienne de
son temps -.or les traditions de cette musique
étaient antipathiques au caractère libre et non
mesuré du chant de l'Église russe, bien que ce
caractère ait plus d'analogie avec la musique
moderne et populaire que le plain-chant des
églises catholiques. J'ai sous les yeux des mor-
ceaux de musique religieuse composés par Béré-
sovsky : leur harmonie est très-élégamment dis-
posée, dans la manière des maîtres italiens,
particulièrement de Durante ; mais on n'y trouve
pas l'indication du génie de la spécialité du
genre qu'on remarque dans les compositions de
Bortniansky, son contemporain et son successeur
immédiat dans la réforme de la musique de l'É-
glise russe.
BERETTARI (Ange), religieux de la con-
grégation de Saint-Jérôme, ou Hiéronymites, au
couvent àe Fiesole, vécut vers le milieu du
dix-seplième siècle. On a imprimé de sa compo-
sition plusieurs œuvres de musique d'église, au
nombre desquels on remarque : Compléta a 8
voci a capella e lilaniea2, voci , constro-
meiili e ripieni, op. 3; Venise,Fr. Magni, 1656,
in-4°.
BERG (Adam), célèbre imprimeur de musi-
que à Munich, dans le seizième siècle, commença
à publier des œuvres musicales vers 1540, et fit
paraître un grand nombre d'ouvrages importants
pendant près de soixante ans, c'est-à-direjusqu'en
1599. Son activité industrielle tint du prodige.
ElOf.K. UNIV. DF.S MCSiCIF.NS. — T. i.
Dans le nombre immense d'ouvrages sorlis de ses
presses, on remarque surtout la belle collection,
en format grand in-folio, qui a pour titre général
Patrocinium musices (Protection de la musi-
qui ), parce que les dépenses de ces somptueuses
éditions étaient faites par les ducs de Bavière.
La collection qui porte ce titre se divise en deux
séries qui forment ensemble dix volumes impri-
més en grands caractères, pour l'usage des clururs
d'église, et dans lesquels les parties des diffé-
rentes voix sont mises en regard. Chaque série
est composée de cinq volumes : la première ne
renferme que des œuvres de Roland de Lassus.
Les titres de ces volumes sont : 1° Patrocinium
musices. Orlandi de Lasso illustriss. Ducis
Bavaria; chori magistri cantionum, quas mo-
tetas vacant, opus novum. Prima pars. Illus-
triss. Principis D. Alberti comitis Palatini
Rheni, utriusque Bavarix Ducis liberalilate
in lucem editum. Monachii excudebat Ada-
musBerg.M. D.LXXIII.— 2° Patrocinium mu-
sices. Orlandi de Lasso, etc. Missae aliquot
quinque vocum. Secunda pars (le reste com-
me ci-dessus); ibid. 1574. Ce recueil renferme
cinq messes.— 3° Patrocinium musices. Orlandi
de Lasso, etc. Officia aliquot de prascipuis
festisannis quinque vocum. Nunc primum in
lucem édita;. Tertia pars (le reste comme ci-
dessus); ibid. 1574. — i" Patrociniîim musices.
Orlandi de Lasso, etc. Passio quinque vocum,
idem lectionesJob, et lectionesmatutinx de Na-
tivilate Christi , quatuor vocum , quartapars;
ibid., 1575. — Patrocinium musices. Orlandi
de Lasso f etc. Magti ificat aliquot quatuor, quin-
que, sex et octo vocum, quinta pars, etc. ; ibid.
1576. Après la mort du duc Albert, la publication
fut interrompue et ne fut reprise qu'en 1 589,
sous le règne du duc Guillaume II. Ce sont les
volumes publiés depuis cette époque qui forment
la deuxième série ; mais on trouve des exem-
plaires de la première dont le frontispice a été
changé et qui ont pour nom de protecteur celui
de Guillaume, bien qu'il ne régnât pas aux
époques indiquées pour la publication. La se-
conde série se compose des volumes dont les
titres sont : — lo Patrocinium iiiusices. Missx
aliquot qxiinqtie vocum Orlandi de Lasso
sereniss. ducis Bavaria; chori magistri. .Mo-
nachii, excud. Adamus Boez, 1589. Ces messes
sont différentes de celles du volume de la pre-
mière série et sont au nombrede six. — 2" Patro-
cinium musices. Missarum solemniorum tum
Sanctorum quam festorum officia labentis
anni , in catholics Ecclesix usum harmonice
contrapunctum ac suavissime concinnata,
sicqueantea in lucem édita. Sereniss. Régine:
23
T 4
BERG
Magdeleme chori Halx ad Armim mag'istro
Francisco Sale authore primus toimts, MA.,
1 589. — 3o Patrocinium musices. Missx cum
brèves tum quatuor vocum laudalissimx
concinnatae. Authore Blasio Amon Tyrolensis
soli oriundo; Ma., 159t. — 4° Patrocinium
musices. Intonationes vespertinarum preciim
una cumsingulorum tonorumpsalmodiis ( qux
vulgo/alsi bordoni dtcuntur) quatuor vocum.
Prœterea hynini quinque vocum per totmn
annum. Authore Caesare de Zachariis Cre-
monensi, primus iomtts; ibiii., 1594. Le
second volume, qui devait contenir le reste des
hymnes jusqu'à l'Avent et les hymmes des saints
pour toute l'année à 5 voix, avec quelques Ma-
gnificat, n'a point paru , que je sache 5° Patroci-
nium [musices. In Natalem Domini Jesii-
Christi Salvatoris nostri motetum 5 vocum,
et missa, ad ejus imitationem composita. Au-
thore Francisco Sale, musico Cxsareo; ibid.,
1598.
BERG ( Je\n de), imprimeur de musique,
né à Gand au commencement du seizième siècle ,
se fixa à Nuremberg et établit une imprimerie
en société avec Ulrich Neuber. Ses éditions
d'oeuvres musicales portent le nom de Montanus ,
parce que son nom flamand, deBerg, signifie de
la Montagne. Il était mort vraisemblablement
avant 1566, car, dans cette année, Neuber s'asso-
cia avec Gerlach {voij. ce nom ).
BERG (....). Ce musicien n'est connu que
parle catalogue de Preston (Londres, 1797),
qui indique ses ouvrages. Il paraît avoir été
Allemand de naissance , et organiste dans une
ries églises de Londres. Il a publié: — 1° Deux
livres de duos de flûte. — 2" Dix fantaisies pour
l'orgue, op. 2. — 3o Sonates pour le piano, op. 3.
— 40/deHi, op.4. — oo/rfem, op.5* —ùo Idem,
op. 6. — 7° Duos pour deux cors, liv. 1 et 2; le pre-
mier livre a été publié en 1770. — &o Buit livres
de chansons anglaises. — 9° Caprices pour
l'orgiie, œuvre 8*.
BËRG ( Conrad-Matuias ), professeur de
piano, compositeur et écrivain sur la musique,
naquit à Colmar ( Haut-Rhin ) , le 27 avril 1785.
Après avoir appris la musique et le violon dans
sa ville natale, il passa les années 1804 et 1805
à Mannheim , où il reçut des leçons de Fraenzl
pour cet instrument. Cependant, quoique son
père l'eût destiné à être violoniste , Berg avait
toujours préféré le piano. Résolu enfin à s'y
adonner exclusivement , il se rendit à Paris et
rntra au Conservatoire où il passa les années
1S06 et 1807. En 1808, il se fixa à Strasbourg, et
s"y livra exclusivement à l'enseignement du piano.
Il y passa le reste de ses jours, aimé et estimé,
autant à cause de ses talents comme artiste et
comme professeur, que pour son caractère ho-
norable et bienveillant. Dans les années 1810,1818,
1835 et 1851 , il visita Paris et y fit de courts
séjours. En 1817 il lit un voyage à Vienne et y
fit la connaissance de Beethoven, de Hummel,
de Czerny et de plusieurs autres artistes célèbres.
En 1825, il alla à Darmstadt et s'y lia d'amitié
avec Godefroid Weber et Rinck, qui restèrent
en relation avec lui jusqu'à leur mort. Conrad
Berg a cessé de vivre à Strasbourg , dans la nuit
du 13 au 14 décembre 1852, un peu après mi-
nuit, à l'âge de soixante-sept ans et sept mois,
après une longue maladie. C'est donc à tort que
Gassner dit, dans son Lexique universel de musi-
que, que Berg mourut en 1846.
Berg s'est fait connaître par des compositions
pour le piano , parmi lesquelles on remarque :
— 1° Premier concerto pour piano et orches-
tre; Paris, Schônenberger. — 2° Deuxième idem,
œuvre 21""* ; Offenbach, André. — 3° 3""^ concerto
pour piano et orchestre, op. 32; Strasbourg,
Pitois et Frost. — 4° Grandes variations sur la
marche d'/lZi/je, avec orchestre; Augsbourg,
Gombait. — 5° Rondeau favori pour piano et
orchestre, œuvre 24; Offenbach, André. —
6° Sonates pour violon et piano, œuvres 9, 23 et 25;
Paris , Pacini , Janet , Richault. — =• 7" Duo avec
variations pour deux pianos, œuvre 12 ; Vienne,
Hasshnger ; — 8° Trois grands trios pour piano,
violon et violoncelle, œuvre 1 1 ; ib . , — 9° 2 trios ,
idem, op. 15; Paris, Janet. — 10° Deux trios
idem, op. 16 ; Offenbach, André. — 1 i" Trois trios
op. idem^ op. 20; Bonn, Simrock. — l2o Trois
quatuors pour deux violons, viole et basse,
op. 26; Paris, Pacini. — 13" Quatuor pour
piano, violon, alto et violoncelle, op. 33 ; Vienne,
Haslinger. — 14" Sonates pour piano seul, op. 5
et 30; Paris, Pacini, et Mayence, Schotl ; — 15° Des
fantaisies et des rondeaux pour le même instru-
ment. — 16° Des variations pour piano et violon ,
ou pour piano seul , et quelques autres coui posi-
tions moins importantes. — 17° Exercices journa-
liers de mécanisme pour lepiano,op 34 ; Paris, Ri-
chault. — 1 8° Divertissement à 4 mains pou !■ piano,
op. 27; ibid. — 19° Die Nixe des IHianmelses
(La féedu Mummelsée(l)); ballade poursoprano;
Augsbourg, Gombert. Berg a publié dans l'écrit
périodique intitulé Co?d//a (t. v, p. 89 et suiv.),
nu projet de méthode ralionnelle de musique
a|)pliquée au piano, sous ce titre : Ideen zu einer
ralionellen Lehre der Melhode der Miisik
(IJ I.ac de la Forèt-Noire.sifiiésur le haut d'une monta-
pne, dans le grand-duché de Bade. Ses eaux sont bituini-
ucusrs et paraissent conipléteincnt nuires.
BERG — BERGER
S3i>
mit Anwendung auf Clavierspiel. Après quel-
ques considérations préliminaires sur la position
respective de l'élève et du maître, il y traite des
causes qui retardent, en général, les progrès de la
mesure, de l'écartement des intervalles sur le
davier, du doigté, etc. Dans la seconde sec-
tion de son travail, il examine la marche de
l'enseignement en général , les procédés appli-
cables à l'instruction particulière de chaque
élève , la disposition des objets dans la leçon ,
les exercices de l'élève, etc. Ce petit ouvrage
de Berg a été imprimé à part, et publié chez
Schott, à Mayence, in-8° , en 1827, avec une
préface de Godefroi Weber. Berg a développé
ses idées sur ce sujet dans une Méthode pro-
gressive pour le piano, avec un Manuel à
Vusage des maîtres , dont le manuscrit a été
livré à l'éditeur Richault, à Paris, mais qui n'a
point paru jusqu'au moment où cette notice est
écrite. On a aussi du même artiste un écrit inti-
tulé : Aperçu historique sur l'état de la mu-
sique à Strasbourg pendant les 50 dernières
années ; Strasbourg, 1840, iu-8o de 86 pages.
CERGAMASCO ( archangelo ), contra-
puntiste italien du 16^ siècle, fut vraisembla-
blement ainsi nommé du lieu de sa naissance,
Bergame. On ne connaît de ce maître que des
madrigaux qui ont été insérés dans la collection
intitulée : Dolci af/etti, madrigali a cinque
voci di diversieccellenti musicidi Roma ; Rome
et Venise, 1 568. Ce titre fait voir que Bergamasco
devait être employé comme chanteur ou comme
compositeur dans quelque église de Rome.
BERGER (André), musicien aulique du
prince de Wurtemberg, naquit à Dolsen en Mis-
nie vers 1580. On a de lui : Harmonias sacrx
4, 5, 6,7 et 8 vocibus concinendx, etc. ; Augs-
bourg, 1606, m-i^. — 2° Teutscht weltliche
Traiter und Klage Lieder mitk Stimmen (Chants
mondains et lamentables à quatre voix); Augs-
bourg, 1G09. — 3" Threnodise amatoriae, das
ist newe Teutsche weltche tratverund klag
Lieder nach art dcr weltUchen Villanellen
mit 4 Stimmen ; Augshourg, 1609, in-4". Trois
motets de cet auteur, à six et à huit voix , ont
été insérés dans les Florilegii musici portensis
de Bodenschats.
BERGER (Jean-Guillaume de) , professeur
d'éloquence à Wittenberg, et conseiller aulique
de l'électeur de Saxe Auguste II , roi de Pologne,
naquit à Géra, et mourut le 28 avril 1751. On
a de lui -. 1° Dïssertationes academicœ varii ar-
gumenti, etc.;. Guelferbyti, 1720, in-4''. C'est
un recueil de trente-deux discours , parmi les-
quels le 22® contient l'éloge d'un musicien
nommé Jean Ulicli, cantor à Wittenberg; —
29 Eloquentiapublica ; Leipsick, 1750, m-4*,
recueil de discours, dont quelques-uns contien-
nent des détails relatifs à l'histoire du chant de
l'Église, et à la réforme que Luther y apporta.
Le 17" est intitulé : De Martini Lutheri merito
evangelicam instaurationem haud postremo
qua disciplina sacri cantus emendatur ; le 1 8" :
De Martini Lutheri cura micsica hymnodia
sacra le 19®: De Martini Lutheri hyînnis ad
propagationem religionis emendatx utilibus;
le 20e : De Martini Lutheri hymnis sacris ab
iniqua censura vindicaiis. 3° De Ludis olym-
piis programma, in Stromat. acad., p. 867.
I^s auteurs du Dictionnaire des Musiciens( Paris,
1810) ont été induits en erreur par E. L. Ger-
ber, en plaçant l'époque de la mort de Berger
eu 1706.
BERGER ( Jean-Antoine ), organiste de la
catliédraledeGrenoble, néen 1719, mort en 1777,
trouva, par ses méditations, le secret de pro-
duire sur l'épinette et le clavecin les effets du
crescendo, au moyen d'une mécanique que l'on
mettait en jeu par la pression du genou. En 1762
il vint à Paris pour soumettre sa découvei te à
l'Académie des siences, qui l'approuva et lui en
donna des certificats; il la fit annoncer par sous-
cription dans les journaux , mais comme on se
bornait à l'admirer, il ne jugea pas à propos de
la publier. H paraît môme en avoir détruit jus-
qu'aux moindres traces, car son fils ne trouva
rien après sa mort qui eût rapporta cette inven-
tion. L'épinette verticale du père Mersenne lui
avait suggéré l'idée d'ajouter un clavier à la harpe
ordinaire ; mais Frick , ouvrier allemand qui
travaillait pour lui , lui enleva sa mécanique et
ses plans. M.Dietz a reproduit de nos jours cette
invention dans le Clavi- harpe; mais elle n'a
point eu de succès.
BERGER (Joseph). Voyez Mun-tz-Bercer.
BERGER (LoDis), pianiste et compositeur,
est né à Berlin, le 18 avril 1777. Son père, ar-
chitecte employé par Je gouvernement prussien,
ayant perdu son emploi, dut quitter Berlin, et
se rendre dans la petite ville de Templin , ou Ber-
ger passa son enfance. Plus tard il fut envoyé
à Francfoit-sur-l'Oder. Après avoir fait dans celle
ville des études musicales, il alla à Berlin, où
il apprit la théorie de la composition sous la di-
rection de Gerrlich , dont les lumières devinrent
bientôt hisuflîsantes, ses progrès ayant été rapi-
des. En 1801 , il se rendit à Dresde, il où espé-
rait terminer ses études sous Naumami ; mais
il n'arriva près de cet artiste qu'au moment où
il rendait le dernier soupir. 11 exprima le chagrin
que lui faisait éprouver cet événement inaltenihi
dans une cantate (unM)re dont le inérile fut vi-
356
BtRGER — BERGERRE
Tcment senti par les artistes. 11 avait alors le
dessein d'obtenir une place de maître de chapelle ;
mais son espoir ayant été déçu , il se retira à
Berlin, où il vécut en donnant des leçons de
piano, démenti Tentendit en 1 804, époque de
son voyage à Berlin, et , frappé de la beauté de
ses compositions et du talent qu'il possédait comme
pianiste , il l'engagea à l'accompagner en Russie
avec Klengel , qui était aussi devenu l'élève du
grand artiste. Berger accepta cette proposition
avec reconnaissance, et partit pour Saint-Pé-
tersbourg. Partout il se fit entendre sous le pa-
tronage de son illustre maître, et partout il excita
l'admiration des connaisseurs. ASaint-Pétersbourg
il se lia avec Field et Steibelt. Le jeu sage et pur
du premier exerça sur son talent une influence
heureuse, sous le rapport du mécanisme. Son
séjour en Russie fut de six années. Dans cet in-
tervalle , il se maria à une jeune fille qui était
sa fiancée depuis l'enfance ; mais il eut le maU)eur
de perdre et sa femme et l'enfant qu'elle lui avait
donné , et sa disposition à la mélancolie et à
l'humeur noire s'en augmenta. En 1812, il quitta
Saint-Pétersbourg, où l'on dit que ses jours
étaient menacés par des ennemis particuliers,
et il se rendit à Stockholm, où il se lia d'amitié
avec M"* de Staël. Il s'y fit entendre avec suc-
cès ; mais l'humeur chagrine qui le tourmentait
ne lui permit pas de s'y fixer : il ne tarda point
à s'embarquer pour Londres où il retrouva son
ancien maître , démenti. Les concerts qu'il y
donna le firent connaître avantageusement, et
ses amis lui procurèrent des élèves dans les meil-
leures maisons. Berger demeura dans cette si-
tuation jusqu'en 1815 , époque où il retourna à
Berlin , après une absence de douze années. De-
puis ce temps il s'était fixé dans cette ville, et
s'y livrait sans relâche à l'enseignement. Une pa-
ralysie nerveuse du bras droit ne lui permit plus
de se faire entendre en public. 11 mourut à Ber-
lin, le 16 février 1839.
Les connaisseurs considèrent depuis long-
temps Berger comme un artiste d'un talent très-
élevé, soit comme virtuose, soit comme com-
positeur. Son talent d'exécution était moins re-
marquable sous le rapport du brillant que sous
celui de la pureté et de l'expression. Sa manière
était large , grandiose et pleine d'inspiration. Ses
élèves les plus remarquables sont Félix Mcndel-
sohn etWilhelm Taubert. On remarque dans
ses compositions le caractère de grandeur et de
large harmonie qui se produisait dans ses impro-
visations, lorsqu'il possédait toute la puissance
de son exécution. Ses principaux ouvrages sont ;
1» Une sonate pathétique en ut mineur pour
piano, œuvre 1"; Leipsick, Péters ; — 2° D'au-
tre-s sonates, œuvres 9, 10 et l8;Berlin. — 3oUne
sonate pour piano à quatre mains, œuvre 15; Ber-
lin, Lane. — 4o Préludes et fugues, op. 5°; Berlin,
Schlesinger. — 5o Préludes à ia ^Mrg-Me, op. 8;ib.
— 6° Douze études, op. 11; Hambourg, Chris-
tiani. — 7° Rondeau pastoral, ibid. — 8o Toccate
en forme de rondeau; Leipsick, Breithopf et
Haertel. — 9° Des airs russes et norvégiens variés.
IQo Divers recueils de chants à plusieurs voix ;
Berlin, Hambourg etOffenbach ; — 11» Huit re-
cueils de chants à voix seule, avec accompagne-
ment de piano , publiés à Offenbach. chez André.
— 120 Trois marches militaires, op. 16 , en har-
monie, publiées en partition à Berlin, chez Lane.
— 13" Trois marches d'infanterie, pour musique
militaire; ibid. Berger avait écrit l'opéra sérieux
Oreste pour le théâtre de Berlin, mais il ne fut
pas représenté. M. Louis Rellstab a publié une
notice biographique de cet artiste recommandable,
ornée de son portrait , sous ce titre : Ludwig
Berger, ein Denkmal; Berlin, 1846, in-S" de
165 pages.
BERGER (Charles-Gottlieb), violoniste de
concert qui a eu de la réputation en Allemagne
dans la seconde moitié du 18""* siècle, naquit à
Olinarsdorf , près de Pirna, en 1736 , et mourut
à| Leipsick , le 21 janvier (812. Son talent con-
sistait dans la grâce et l'expression : il était re-
nommé surtout à cause de l'imagination qu'il
déployait dans le prélude et l'improvisation. On
ne cite de sa composition que six caprices pour
violon seul, indiqués dans les anciens catalogues
de Breitkopf.
BERGEREL (L ). On a publié sous ce
nom une brochure qui a pour titre : Exposé des
principes historiques de la musique, ouvrage
adopté par la Société royale pour L'instruction
élémentaire de Paris. Paris, 1844, in-S°.
BERGERRE (Alexandre-Basile), né le
26 septembre 1803, à Seignelay (Yonne), s'est
livré à l'étude de la musique dès ses premières
années , d'abord sous la direction de son frère
aîné, puis à Auxerre, chez un bon professeur
nommé Féraglio. Plus tard il devint élève de
Clavel, professeur adjoint de violon au Conser-
vatoire de Paris, et reçut des leçons d'haï monie
de Barbereau. Droling fut son maître de piano. A
l'âge de vingt ans, M. Bergerre accepta la place de
professeur de musique au pensionnat d'Aubigny
(Cher) : il y resta pendant huit ans. En 1828,
un ancien hautboïste de Paris, nommé Guy, de-
venu receveur de finances à Gien, le fit nommer
professeur au collège de cette petite ville du dé-
partement du Loiret. On n'y comptait pas alors
quatre amateurs de musique: en peu d'années,
Bergerre, homme intelligent et actif, passionné
BERGERRK — BERGONZI
357
pour son art, en communiqua le goût de proche
en proche, et moins de vingt ans plus tard, des
Rociétés de musique s'y étaient formées sous sa
direction, des écoles élémentaires de cet art
avaient été fondées, et plus de deux cents per-
sonnes cultivaient avec succès le chant, le piano
et la musique d'ensemble. On a de cet artiste es-
timable des romances avec piano publiées à Paris
cliez Janetet chez Marescot; des airs variés pour
violon avec quatuor ou piano, ibid.; d'autres airs
variés pour violon seul , des recueils de danses
pour deux violons, etc. ; mais c'est surtout comme
auteur didactique qu'il s'est rendu recomman-
dable. Il a publié : !« Exposé raisonné de prin-
cipes de musique; Paris, Frey, 1835, in-S", et
Jauet, 1837, un vol. in-S". Le même ou-
vrage, entièrement refondu et fort augmenté, a
été réimprimé chez Périsse frères, à Paris, 1844,
1 vol. in-8°. — 1° Nouvelle classification des
demi-tons, on véritables qualifications de ces
intervalles ; Paris, 1833, in-8° de quarante-six
pages. — 3° Méthode de violon adoptée par le
Conservatoire de Paris ; Paris , Janet, 1837,
1 vol. in-4". — 4" Rudiment du violon, ou Varl
d'apprendre à lire pour cet instrument ; Pa-
ris, Richault, 1846, 1 vol. gr. in-4o de cent
soixante-quatre pages. M. Bergcrre avait, en 1846,
environ cent œuvres en manuscrit de fanfares et
pas-redoublés [)our musique militaire, ouvertu-
res pour orchestre, quatuors pour instruments
à cordes, pièces d'orgue, chœurs avec orchestre,
trois airs variés pour violon avec orchestre, fan-
taisies, etc. *
BERGGREErSI (P. C), compositeur et lit-
térateur danois, a fait représenter à Copenhague,
en 1832, un opéra comique en trois actes inti-
tulé le Portrait elle Buste (en danois), dont il
avait écrit la musique. Cet ouvrage ne réussit
pas. Au commencement de 1836, M. Berggreenfit
paraître un journal concernant la musique , en
langue danoise; mais le nombre des abonnés ne
fut pas suffisant pour couvrir les dépenses de
cette publication, qui n'eut qu'une année d'exis-
tence.
BERGIER (Nicolas), naquit à Reims, le
1*' mars 1667, selon la Biographie universelle,
et en 1557 suivant Bayle, Moréri et Nicéron. Il
(it ses études à l'université de cette ville, et fut
ensuite précei)teur desenfants du comte deSaint-
Souplet, grand-bailli de Vermandois. Ayant été
reçu avocat, il fut nommé professeur de droit,
puis syndic de sa ville natale; cette dernière
charge l'ayant obligé à faire quelques voyages à
Paris, pour les intérêts de ses concitoyens, il s'y
lia d'amitié avec Dupuy, Pereisc, le père Mer-
Eenne et le président de Bellièvre. Il mourut
à Grignon, maison de campagne de cet illustre
magistrat, le 18 août 1623. Le nom de Bergier
est connu principalement par son Histoire des
grands chemins de l'empire romain. Le père
Mersenne cite de lui (Commentar. in Gènes, c.4,
V. 21 ), une dissertation intitulée de Modis mu-
sicis, de vocis humanx atque soni prxstan-
lia, qui n'a point été imprimée. On trouve parmi
les manuscrits de la Bibliothèque impériale de Pa-
ris, sous le n° 7489, petit in-fol. (ancien fonds),
un ouvrage de ce savant, sous ce titre : La musique
spéculative. Cet ouvrage traite particulièrement
du rhythme, dans ses rapports avec la poésie :
il n'est pas sans intérêt.
BERGMANIV (Henri-Chrétien), amateur
guitariste, vivait au commencement du dix-neu-
vième siècle, dans un village de la Saxe. Il est
auteur d'une petite méthode de guitare intitulée:
Kurze Anweisung zum Guitarenspiele ; Halle,
Hœndel, 1802, in-4° obi. de soixante pages.
BERGOBZOOMER (Catherine), née
Leidner, à Vienne, en 1753, était, en 1770, au
service de l'impératrice Marie-Thérèse, sous le
nom de Schindler, et chantait comme prima
donna dans l'opéra séria et buffa. Elle avait
pris le nom de Schindler de son beau-frère, di-
recteur de l'École de peinture, qui l'avait élevée
et placée au théâtre de la cour. En 1777, elle .se
maria, et prit le nom sous lequel elle figure ici.
Engagée au théâtre italien de Brunswick, elle y
chanta depuis 1780 jusqu'en 1783, époque où
elle passa au tl»éâtre National de Prague, que le
comte de Nostiz venait d'établir. Elle y est morte
au mois de juin 1788, âgée seulement de trente-
cinq ans. Cette cantatrice a joui d'une grande ré-
putation.
BERGOINZI (Charles), né à Crémone, fut
le plus distingué des élèves d'Antoine Stradivari,
dont il imita exactement les formes et les pro-
portions. Il travailla depuis I7l6 jusqu'en 1755.
Ses violons et ses violes sont estimés; mais
Bergonzi se distingua surtout dans la construc-
tion des violoncelles, il en existait un daté de
1746 dans la collection Salabue, à Milan, au
commencement de ce siècle. Cet instrument était
considéré comme un des meilleurs de son es-
pèce.
Charles Bergonzi eut un fils nommé Michel-
Angelo, lequel fut père d'un autre Charles et de
Nicolas, de qui il existait une viole datée de 1781
dans la collection Salabue. Ces trois luthiers ne
s'élevèrent point au-dessus du médiocre. Leurs
instruments ne sont recherchés que par les cu-
rieux qui veulent former une collection complète
des échantillons de la lutherie crémonaise.
BERGONZI (Benoit), de la même famille.
358
BERGONZI — BERGT
«lue le prf'céJent, naquit à Crémone en 1790, fut !
lin corniste distingué et se fit connaître comme
compositeur par un opéra inlilulé Malek Adel,
qui fut représenté à Crémone eu 1S35. Il a pu-
blié pour son instrument : 1° Thème varié d'/i'-
duardo e Cristïna, avec accompagnement de
piano ; Milan, Ricordi. — 2° Thème varié de
Cenerentola; idem, ibid. — 3° Thème varié
(0 cara memoria) ; idem, ibid. — 4" Thème va-
l'téde la Donna del Lago ; idem, ibid. — 5° Thème
varié à''Élisabeth; idem, ibid. — Thème varié
<ie Vltaliana in Algeri ; idem , ibid. — 7° Thème
varié et polonaise; idem, ibid. L'Institut des
sciences et arts de Milan a décerné à Bergonzi
ime médaille d'argent, le 7 octobre 1824, pour
un cor à clefs de son invention, qu'il avait sou-
mis à l'examen de celte société savante. Il mou-
rut à Crémone, au mois d'octobre 1840, à l'âge
de cinquante ans.
BEUGROT (Olaus), savant snédws, né à
Helsinge, vers la fin du dix-septième siècle, fut
aussi boa luthiste et professeur de musique à
Upsal, vers i717. Il a fait imprimer une disser-
tation intitulée : Exercitium academicum ins-
trumenta musica leviter delineans, quod con-
xentiente ampliss. Facult. Philos, in Reg.
Acad. Upsaliensi , sub prasidio ampliss. et
celeberr. viri Mag. Johannis Vallerii, Math.
Prof. Beg. et Ordin. pro honoribus philoso-
phicis pubiico bonoi-um examini modeste srib-
mittitS. R. M. alumnus Olavus O. Bergrot,
Helsingus, in Aud. Gust. Maj. ad d. 1 die
anni 1717; Upsal, 1717, trenle-quaire pages
in-12. J'ignore quelle est la nature de c°t ou-
vrage. I
BERGSOIV (Michel), compositeur et pia-
niste, est né à Varsovie, au mois de mai 1820,
de parents qui étaient dans le commerce. Il a fait
ses études musicales à Dessau, dans le duché
d'Anhalt, sous la direction de Frédéric Schneider.
En 1842, il se rendit en Italie, où il publia ses
premiers ouvrages pour son instrument et se fit
connaître comme virtuose. Vers la fin de 1846 il
écrivit pour le théâtre de la Pergola, à Florence,
un grand opéra intitulé Luisa di Montfort, qui
fut représenté dans cette ville, puis à Livourne,
en 1&47. Ce même ouvrage, traduit en allemand
par Baermann, a été représenté à Hambourg, en
1849.De retour en Allemagne, M. Bergson a vécu
(luelque temps à Berlin, puis à Leipsick. Depuis
plusieurs années il s'est fixé à Paris. On connaît
de lui environ cinquante œuvres de pinno et de
chant, parmi lesquels on compte un grand trio
pour piano, violon et violoncelle, un grand duo
dramatique pour piano et violoncelle, dédié au
prince royal de Suède, trois duos pour piano et
violon , pour piano et clarinette (avec Iwan
Millier), des fantaisies, des mazourkes, des pièces
de salon, des Lieder allemands, des ballades, et
des solfèges à trois et à quatre voix.
lîERGT ( Cheétien • Dieudonné - Auguste ),
organiste de l'église Saint- Pierre, à Baulzen, né
à Oeberan, près de Freyberg , le 17 juin 1771, lit
desi rapides progrès dans ses études, et particuliè-
rementdans les langues anciennes, que son père
coi>çi»t le projet de le faire entier dans l'état eS"-
clésiastique , et qu'il le mit fort jeune encore
dans l'école de la Croix { Kreutz-Schule), h
Dresde. Après y avoir achevé ses humanités, il
alla à Leipsick, en 17i>0, pour y étudier la théolo-
gie, suivant le désir de ses parents. Jusque-là,
la musique n'avait été pour lui qu'un délassement;
il jouait du piano et un peu de violon, mais seu-
lement comme peut le faire un amateur qui ne
donne que peu de temps à l'étude de l'art. Ce-
pendant ses connaissances dans la théologie com-
mençaient à être assez étendues |)our qu'il eût
le temps d'assister à desconceits pablics qui dé-
veloppèrent son goût pour la musique. Son pen-
chant pour cet art deA'int si vif, qu'il résolut
(l'abandonner la théologie pour s'y livrer sans
réserve. L'orgue était l'instrument qu'il prêterait;
il en étudia le mécanisme avec persévérance et se
procnra des livres de théorie pour apprendie les
règles de l'harmonie et de la composition. Mal-
heureusement il avait perdu beaucoup de temps;
l'âge de la facilité était passé, et ce ne fut pas
sans peine qu'il parvint à produire ses premiers
ouvrages. Ce fut en 1801, c'est-à-<iire à l'âge de
vingt-neuf ans, qu'il fit paraître quelques chan-
sons allemandes, trois sonates pour le piano, et
un petit intermède intitulé List gegen List (Ru&e
contre ruse), qui fut publié en partition de piano
chezBreilkopf et Haertel. Comme organisie, il s'é-
tait fait remarquer en jouantavecuu talent distin-
gué sur plusieurs orgues de Leipsick ; sa réputation
ne tarda pas à s'étendre, et l'orgue de l'église
principale de Bautzen lui fut confié en 1802. Peu
de temps après, il ohliut les places de professeur
du séminaire et de directeur de la socielé de
chant. Depuis lors il a eu de grands succès dans
l'enseignement, ayant formé beaucoup d'élèves
distingués. Les ouvrages que l'on connaît de lui
sont : Pour l'église : 1» L'oratorio de la Passion,
en trois parties (texte d'Anger); cet ouvrage a
été publié sous le titre de Chhslus durch Lei-
den verherrlicht, en partition, chez Hofineister,
à Leipsick. Il est écrit pour quatre voix princi-
pales, chœur et orchestre. C'est l'œuvre 10"" de
l'auteur. — T Hymne : So weit der Son»e
s^ra/^/e/î.à quatre voix et orchestre, op. 17, ibid.
— 3° Hymne de Pâques : <?hristt(s isl erslan-
BERGT — BERIOT
359
den, à quatre voix et orchestre, œuvre 18, ibid.; i
— 4° Te Deum, à quatre voix et orclicslre, en
latin et en allemand, op. 19, ibid.; — S" Collec-
lioii de chants rehgieux pour soprano, alto, té-
nor et basse, sans accompagnement, première
suite; ibid. — 6° L'ancienne mélodie du canti-
qne : Herr Gott dich loben tvir, avec un autre
texte, arrangée pour quatre voix, quatre trom-
l)ones, trompettes, timbales et orgue; partition,
ib. La plupart de ces compositions ont été exécu-
tées dans les églises d'Allemagne, et y ont pro-
duit beaucoup d'effet. Pour le théâtre -. —
7" Laura et Fernando, opéra en trois actes. —
8" Dïe Wunderkur ( La Cure merveilleuse), en
trois actes. — 9" List gegen Zis^(Ruse contre
ruse), intermède en un acte. — 10° Erwin et
Elmire (de Goethe), opérette en un acte. —
11° Bas Stœndchen (la Sérénade ) , intermède.
— 12° La Fête anniversaire de la naissance
dîi poëte, vaudeville avec des airs nouveaux.
— 13" Mltgefûhl (la Sympathie), vaudeville
avec des airs nouveaux. — Pour l'orchestre :
14° Symphonie, œuvre 12; Leipsick Hofmeis-
ter. — IS" Symphonie concertante pour clari-
nette et basson, œuvre G™*; — Pour la chambre :
10" Trois sonates pour piano, violon et vio-
loncelle, œuvre fe; Leipsick, Br. et Haertel. — j
17° Six danses allemandes pour le piano, op. 1 1 ; j
Leipsick, tlofineister; — 18° Variations sur God
save the King, pour le piano ; Leipsick, Peters.
— 19° Deux recueils de chansons allemandes
pour plusieurs voix, avec accompagnement de
piano, œuvres 7 et 15, ibid.; — 20° Air pour
voix de soprano, avec chœur et accompagnement
de piano; Leipsick, Hofmeister. — 21° Cantate
de noces pour quatre voix , avec accompagne-
ment de piano, op. 20. — 22o Huit suites de
trios pour soprano, ténor et basse, avec accom-
pagnement de piano; Leipsick, Peters. — 23° Le
Congé, chanson à voix seule, avec accompagne-
ment de piano. Ce morceau , qui a obtenu un
succès populaire, a été publié dans toutes les gran-
des villes de l'Allemagne. Les derniers ouvrages de
Bergt sont un i>etit écrit qui a pour titre: Etwas
zum Choral und dessen Zubehôr (Quelques
mois sur le chant choral et sur ce qui s'y ratta-
che), pour l'usage des séminaires; Leipsick,
Kummer, in-8°, 1832, et un autre écrit intitulé :
Briefwechsel eines alten und jungen Schul-
meisters iiber allerhand Musikalisches (Cor-
respondance de deux maîtres, d'écoles, l'un vieux,
et l'autre jeune, concernant toutes les choses
musicales); Zittau et Leipsick, 1838, in-fol. obi.
L'^ouvrage a été publié après la mort de Bergt par
C. G. Héring(voy. ce nom), qui y a ajouté la bio-
graphie de l'auteur et le catalogue de ses œuvres.
Ces lettres ont pour objet principal l'art de l'ins-
trumentation, parliculièrement pour les petits
orchestres. Bergt mourut à Bautzen le 10 février
1837, à l'âge de soixante-cinq ans. C. Geissler
a publié la collection de ses pièces d'orgue, à
Leipsick, chez Peters.
BERI'i\GER (Materne), cantor k Weis-
sembourg en Nortgaw, au commencement du
dix-septième siècle, a publié un Traité élémen-
taire de l'art du chant, sous ce titre : Musica,
das ist die Singhinst der lieben Jugend,
zum Besten in Frag und Antwort verfasst;
Nuremberg, 1605, in-8°. Une deuxième édition
améliorée de cet ouvrage a paru dans la même
ville, en 1610, deux parties in-4o.
BÉRIOT (Charles-Augoste de), violoniste
célèbre, issu d'une famille ancienne et consi-
dérée, est né à Louvain le 20 février 1802.
Orphelin dès l'âge de neuf ans, il trouva dans
M. Tiby, professeur de musique en cette ville,
un tuteur, un second père et un maître qui s'oc-
cupa avec zèle de développer ses heureuses dis-
positions pour la musique. Déjà il était parvenu
à un certain degré d'habileté sur le violon et
ses progrès avaient été si rapides, qu'il put se
faire entei'.dre dans le concerto de Viotti en la
mineur ( lettre H ), avant d'avoir atteint sa neu-
vième année, et qu'il y excita l'admiration de ses
compatriotes. La nature a donné à De Bériot le
sentiment d'une exquise justesse d'intonation qui
s'est unie, dans son jeu, à un goût naturel plein
d'élégance Douéd'ailleurs d'un esprit méditatif,
et n'ayant aucun modèle qu'il pilt imiter dans
ce qui l'entourait, il cherchait en lui-même le
principe du beau, dont il ne pouvait avoir de no-
tions que par l'action spontanée de son individua-
lité. C'est peut-être ici le lieu d'examiner ce qui
a pu donner lieu au bruit qui s'était répandu,
qu'il avait été l'élève de Jacotot. Ce fait, accré-
dité par l'auteur àç^ l' Enseignement universel^
et par les déclarations de De Bériot lui-mêmej,
exige quelques explications. L'attention générale
des habitants de la Belgique était fixée, depuis
plusieurs années, sur les résultats qui paraissaient
avoir été obtenus par la méthode de Jacotot ; les
progrès en toute chose tenaient, disait-on, du pro-
dige. De Bériot voulut savoir quels avantages il
pourrait retirer pour lui-même des procédés de
cette méthoile; il eut des entretiens avec son
inventeur, et n'en apprit guère que deux choses,
à savoir, que la persévérance triomphe de tous
les obstacles , et qu'en général on ne veut pas
sincèrement tout ce qu'on peut. Le jeune ar-
tiste comprit ce qu'il y avait de vrai dans ces
propositions, et son intelligence sut les mettre à
profit. Voilà comment De Bériot fut l'élève de
3G0
BERTOT
Jiicolol; il ne pouvait pas l'être autrement, car
il n'est pas certain que celui-ci fût capable de
juger si le violoniste jouait juste ou faux. Quoi
(|u'il en soit, une heureuse organisation morale
et physique, une éducation bien commencée, et
le travail le mieux réglé, ne tardèrent point à con-
duire De Bériot jusqu'à la possession d'un talent
très-remarquable, auquel il ne manquait plus
que le contact de beaux talents d'autres genres,
pour acquérir du fini, se coordonner dans toutes
ses parties, et prendre un caractère original.
De Bériot avait dix-neuf ans lorsqu'il quilta
sa ville natale pour se rendre à Paris; il y ar-
riva vers le commencement de l'année 1821 , et
sou premier soin fut de jouer devant Viotti,
alors directeur de l'Opéra. Après l'avoir écouté
avec attention, ce célèbre artiste lui dit : « Vous
« avez un beau style; attachez- vous à le per-
" fectionner ; entendez tous les hommes de talent ;
« profitez de tout, et n'imilez rien. « Cet avis
semblait impliquer celui de ne point avoir de
maître; cependant De Bériot crut devoir prendre
<les leçons de Baillot et il entra au Conserva-
toire dans ce dessein; mais il ne tarda pas à s'aper-
cevoir que déjà son talent avait un caractère
propre qu'il serait difficile de modifier sans que
son originalité en souffrit. Il ne resta donc que
peu de mois dans les classes du Conservatoire ,
rentra sous sa direction personnelle, et bientôt
il se fit entendre avec un succès brillant dans
quelques concerts. Ses premiers airs variés, com-
positions pleines de grâce et de nouveauté,
parurent et augmentèrent sa réputation naissante.
Sa manière de les exécuter y ajoutait un charme
inexprimable. Tous ceux qu'il a publiés ont été
longtemps le répertoire habituel d'un grand
nombre de violonistes.
Après avoir brillé à Paris , De Bériot partit
pour l'Angleterre oii il ne fut pas moins bien ac-
cueilli, surtout dans les voyages subséquents
qu'il y fit. A Londres et dans quelques autres villes
de la Giande-Bretagne, il donna des concerts où
son beau talent se fit applaudir avec transport.
Engagé à diverses reprises, pour le concert
phflharmonique, il le fut aussi pour quelques-
unes des fêtes musicales qui se donnent an-
nuellement dans les principales villes de l'An-
gleterre. De retour dans sa patrie, riche d'une
renommé* déjà brillante, il y fut présesté au
roi Guillaume l^"^, qui, bien qu'il aimât peu
la musique, comprit la nécessité d'assurer l'in-
dépendance d'un jeune artiste qui promettait
d'honorer son pays, et lui accorda une pension
de 2,000 florins, avec le titre de premier violon
solo de sa nuisique particulière. La révolution
de 1830 priva De Bériot de ces avantages.
Depuis que le (aient de cet artiste a com-
mencé à se taire connaître , il s'est développé par
degrés; parvenu à sa maturité, ee talent offrait
la réunion des qualités les plus piécieuses, a
savoir, le plus beau son, une justesse invariable
dans laquelle il n'a eu de rival queLafont, un
goût d'une rare élégance, un style personnel ,
enfin, le charme, dans lequel il n'a été surpassé,
peut-être même égalé, par aucun autre. La criti-
que, qui ne perd jamais ses droits, a reproché
autrefois à De Bériot de joindre un peu de froi-
deur à sa pureté; cette critique lui a été utile, car
la chaleur et la vigueur d'archet ne devinrent pas
moins remarquables dans son jeu que la justesse
et le goût. On se plaignait aussi que, bornant
l'essor de son talent à composer et à jouer des
airs variés, il se renfermât dans un cadre trop
petit : il s'est encore justifié de ce reproche en
composant des concertos qu'il a fait entendre
dans plusieurs concerts , et dans lesquels il a
déployé des proportions plus grandes de concep-
tion et d'exécution. Ayant été nommé professeur de
violon au Conservatoire de Bruxelles, en 1843, il
a écrit ses derniers concertos pour ses élèves,
et a jeté dans tous des idées charmantes et des
traits aussi remarquables parleur élégance que par
leur brillant. On a dit que cette musique, si favo-
rable au talent de ceux qui l'exécutent, est beau-
coup moinsdiflicile qu'elle ne le paraît : je ne saissi
cette observation doit être considérée comme un&
critique, et si ce n'est pas plutôt un éloge. Devenu
l'ami de la célèbre M""^ Malibran , De Bériot a
voyagé avec elle en Italie, en Angleterre et dans
la Belgique. En 1835, il devint son époux. Les
fréquentes occasions qu'il eut d'entendre cette
femme inspirée paraissent avoir exercé la plus
heureuse influence sur son talent. A Naples, où
il s'est fait entendre dans un concert donné au
théâtre Saint-Charles, il a obtenu un succès d'en-
thousiasme fort rare chez les Italiens, car cette
nation, passionnée pour le chant, n'accordait
alors que peu d'attention aux instrimients.
Fixé à Bruxelles après la mort de M™® Mali-
bran-De Bériot , il ne se fit point entendre pen-
dant plusieurs années; mais, en 1840, il fit un
voyage en Allemagne et s'arrêta quelque temps
à Vienne où il donna des concerts. Des altéra-
tions de sa santé, qui se sont reproduites à di-
verses époques, finirent par lui faire prendre la
résolution de ne plus jouer en public, quoique
son talent eût conservé toutes ses qualités. Il ne
se faisait plus entendre qu'à ses élèves et à quel-
ques amis privilégiés qui admiraient toujours
l'ampleur et le charme de son jeu. Malheureu-
sement des atteintes plus graves survenues à sa.
constitution, dans un âge qui n'est pas celui des
BERIOT — BERLIN
3GI
infirmiti's, l'ont obligé adonner sa démission
(lèses fonctions de professeur, en 1852. Une pa-
ralysie du nerf optique l'a privé de la vue tout à
coup, et l'espoir qu'il avait d'abord de sa gué-
rison ne s'est pas réalisé. Les ouvrages principaux
de DeBériot sont : I. Concertos, i"^ concerlo
(en ré) avec orcbestre, op. 26; Paris, Hran-
diis.— 2°"= idem(en5i), op.32; ibid.— 3""^idein
(en mi), op. 44 ; ibid. — 4"'^ idem (en ré mineur),
op. 46; ibid. — S^e idem (en ré) , op. 55 ; ibid.
— 6>'>eidem(en la), op. 70; ibid. — T^e idem (en
sol), op. 75; ibid. II. Airs variés : 1"" air varié
(en ré mineur), avec quatuor ou piano, op. 1 ;
ibid. — 2'"<= idem (en ré majeur) , avec quatuor
ou piano, op. 2 ; ibid. — 3'"^ idem (en mi), avec
orcbestre ou piano, op. 3, ibid. — 4'nc idem (air
inonta<;nurd , en si bémol) , avec orchestre ou
piano, op. 5. — 5™* idem (eami), avec orchestre
ou piano, op. 7 ; ibid. — 6^* idem (en la), op.
12; ibid. — 7™* idem (en mi); op. 15; ibid.
— 8"" idem (en ré), op. 42; ibid. — 9""^ idem
( en ré) op. 52 ; it)id. — 10""= idem ( Souvenir
d'amitié, en ré), op. 69; ibid. — ll^e idem
(eu^a) op. 76; ibid. III. Études: 1° Dix étu-
des ou caprices, pour violon seul, op. 9; ibid.
— 2" Six études brillantes, avec ace. de piano,
op. 27, ibid. — 3° Trois études caractéristiques
idem, op 37; ibid. — 4° Trois grandes études
pour deux violons, op. 43; ibid. — 5° Premier
Guide des violonistes, vingt études élémen-
taires en 2 suites, op. 75; ibid. — 6" Le Trémolo,
caprice, avec orchestre ou piano, op. 30 ; ibid. —
IV. Sonates et Duos : 1" Trois duos concertants
ponr 2 violons, op. 67 ; ibid. — 2° Première sonate
concertante pour piano et violon, op. 67 ; ibid.
— 3° Fantaisie sur le Siège de Corinthe pour
piano et violon, avec Labarre, op. 6; ibid. —
4" idem sur des motifs de Moïse, avec Labarre,
op. 8 ; ibid. — 5° Souvenir de la Muette de Por-
tici, idem, avec Labarre, op. 10; ibid. —
6° l-'antaisie sur les motifs du Comte Ory, idem,
avec Osborne, op. 13; ibid. Op. 11, ibid.
— 7° Variations brillantes (en ré), idem, avec Os-
borne, op. 13 ; ibid. — 8" Grandes variations sur
un thème original (en la mineur), avec Osborne,
op. 14; ibid. — 9° Fantaisie sur des motifs de
Guillaume Tell,àyec Osborne, op. 16 ; ibid.
— 10° Variations sur la tyrolienne de la Fiancée,
avec H. Herz, op. 17 ; ibid.— Il» Avec Bénédict,
duo brillant sur la Sonnambula , op. 18; ibid.
— 12° Duo brillant (en mi bémol), op. 19; ibid. —
13°Fantaisie sur la Norma, op. 28 ; ibid. — l4°Le
Fruit de l'élude, sixàuos faciles, op. 35; ibid. —
15° AePro^?-ès,sixduos,op.41 ;ibid.— 16° Avec
Thalberg , grand duo sur Semiramide , op. 47 ;
ibid. — 17° Grand duo sur les Huguenots, op. 82 ;
ibid. — 18° avec Osborne, Fantaisie brillante sur
le Préaux Clercs, op. 20; ibid.— 19° Duo bril-
lant sur I Puritani, op. 22 ; ibid. — 20° Noc-
turnes sur les Soirées de Rossini , op. 33 ; ibid.
— 21° Duo sur les motifs de l'Ambassadrice, op.
24 ; ibid. — 22° Duo sur un thème original (en si
bémol), op. 25 ; ibid. — 23° Duo sur le Domino
noir, op. 3 1 ; ibid . — 24° Souveniis d'Auber, grand
duo, op. 39 ; ibid. — 25° Deuxième fantaisie sur
Guillaume Tell, op. 53 ; ibid. — 26° grand duo sur
le Barbier de Séville, op. 56 ; ibid.— 27° Valses,
op. 59; ibid. — 28°Grandduo sur la Gazza la-
dra, op. 60 ; ibid.— 29° Duo brillant sur la Favo-
rite, o\}.f,^;'\}a\A.—Z(i*ï)uo brillant sur le Pirate,
op. 72 ; ibid. — 31° Duo sur Giralda, op. 74 ; ibid.
— 32° Duo brillant sur V Enfant prodigue, op. 77 ;
ibid. — 33° Grand duo brillant sur la Heine de
Chypre, op. 79; ibid. —34° Grand duo sur des
airs hongrois et styriens, op. 81 ; ibid. — 35° avec
Wolff, duo brillantsur Zanetta,op. 33 ;ibid. —
36° Grand duo sur lesDiamants de la couronne,
op. 38; ibid. — 37° Six morceaux de salon sur des
thèmes originaux, op. 45; ibid. — 38° Souvenirs
de Boulogne, deux duos, op. 48 ; ibid. — 39° Les
Intimes, deux duos, op. 49; ibid. — 40° Za
Soirée, deux duos, op. 50 ; ibid. — 41° Duo con-
certant sur la Part du Diable, op. 51; ibid.
— 42" Duo brillant sur le Sirène, op. 54 ; ibid.
— 43° Grand duo sur la Muette de Portici , op.
61 ; ibid. — 44° Duo brillant sur le Val d'An-
dorre,op. 62; ibid. ^45° Grand duo brillant sur
la Donna delLago, op. 63; ibid. — 46° Duo bril-
lant snv Haijdée,op. 64; ibid. — 47° Duo brillant
sur le Prophète, op. 65; ibid. — 48° Grand duo sur
la Cenerentola,op. 66; ibid. —49° Grand duosur
Robert le Diable, ibid. — IV. Trios: 1° Trios pour
piano, violon et violoncelle sur Robin des Bois,
op. 4 ; ibid. — 2° Premier trio pour piano, violon
et violoncelle, op. 68; ibid.— 4° 2™* trio idem, op.
71 ; ibid. Le dernier ouvrage de De Bériot, et le
plus important parmi les productions de son
âge mûr, est sa Méthode de violon en trois
parties ; Paris, chez l'auteur, sans date (1858),
un volume grand in-4°. La première partie ren-
ferme les éléments et traite des positions; la
deuxième contient la théorie de l'archet et ses
diverses applications : on y trouve aussi une
instruction sur les sons harmoniques. La der-
nière traite du style. Toutes les parties de cet
ouvrage renferment une ample collection d'études
pour la mise en pratique de tous les préceptes.
BERLÏiV (Jean-Damel), organiste distingué
de la cathédrale de Drontheim, en Norwége,
naquit àMemel,en Prusse, en 1710. Après avoir
acquis , sous la direction de son père, une
grande habileté dans son art , il alla s'établir à
3C2
BERLIN — BERLIOZ
Copenliague, en 1730, cl y demeura jusqu'en
1737, où il lut appelé à Dionllicirn comme or-
ganiste, charge quïl occupa jusqu'à sa mort,
arrivée en 1775. On a de lui des éléments de
musique en danois; sous ce titre : Musikaliske
elementer, eller anleïding til For stand paa
de Fœrsle finge i Musikoi ; Dronliieim, 1742,
in -4°. Une traduction allemande, intitulée :
Anfcingsgrund der Musik zum Gebrauch der
Anfànger, a paru en 1744. Berlin a aussi pu-
blié une instruction sur la tonomotrie, sous ce
titre : Anieïtung zur Tonometrie, oder wie
man diirch Hillje der logarithmischen Pro-
gressioHsrechnung die sogenannte gleich-
schwebende musikalisclie Temperatur leicht
nnd bald ausrechnen kann ; nebst einem Un-
terrich/e von dein 1752 erfundenen îind ein-
gerichleten Monochordtiin ; Coiienhague et
Leipsick, 1707 , in-S", de 48 pages. Ses compo-
sitions consistent en un œuvre de sonates pour
le clavecin, Augsbourg, 1751, et une sonate pour
le même instrument, restée inédite.
BERLIN, ou BERLYN (Antoine), com-
positeur à Amsierdam, et chef d'orchestre du
théâtre de cette ville, né en Hollande d'une fa-
mille israélite, vers 1815, a fait preuve d'ime
grande fécondité dans ses travaux; (;ar ayant à
peine atteint l'âge de quarante ans au moment
où cette notice est écrite (1854), il a déjà pro-
duit plus de deux cents œuvres , parmi les-
quels on remarque des opéras, des oratorios,
des symphonies, cantates, ouvertures, psaumes,
quatuors pour deux violons, alto et basse, mu-
sique instrumentale de tout genre, mélodies à
4 voix et à voix seule avec piano, etc. Ses
opéras représentés au théâlre national d'Ams-
terdam sont : 1° Der Schatzgràber ( l'Ingé-
nieur), joué à Amsterdam en 1841; 2° la Dé-
route de Cidloden, en 3 actes, en 1846 ; 3° Die
Pergknappen (les Mineurs), en 3 actes; 4o Rii-
val, oa l'Esprit du feu, opéra féerique, repré-
senté en 18'<4. Son oratoire Moïse stir le Nébo
a élé exécutée à Magdebourg en 1844. Dans la
môme année Berlin vint à Bruxelles, et présenta
au Conservatoire de musique une ouverturetriom-
phalequi fut exécutée par l'orchestre de cette ins-
titution dans un de ses concerts. En 1846, il
se rendit à Paris et y fit entendre aussi diverses
compositions. Postérieurement (1848) on a exé-
cuté de sa composition à Amsterdam sa grande
symplîonie-cantate intitulée : Die Matrosen am
Vfer (les Matelots au rivage), imitation du genre
imaginé par Félicien David. L'ouverture triom-
phale de Berlin a été gravée à grand orchestre,
comme œuvFC 66. On connaît aussi de lui un
grand quatuor pour deux violons, alto et basse, op.
39; Amsterdam, Steup. Cet artiste est chevalier
de l'ordre de la Couronne de chêne, membre de
la société de Sainte-Cécile de Rome, et a reçu
de l'Empereur d'Autriche, du roi de Suède, et
(le plusieurs autres princes, de grandes mé-
dailles d'or pour des dédicaces qu'il leur a faites
de ses ouvrages.
BERLIOZ (Hector), compositeur, est né à la
Côte-Saint-André (Isère), le 11 décembre 1803.
Fils d'un médecin de quelque réputation, Ber-
lioz (lit envoyé à Paris, après avoir achevé ses
études de collège, pour y suivre les cours de
l'école de médecine. Il savait alors peu de chose
de la musique, mais il avait un goût passionné
pour cet art. Plusieurs fois il avait supplié ses
parents de permettre qu'il se livrât exclusive-
ment à sa culture : mais ce fut toujours eu
vain. Au sein de la ville qu'on appelle encore
la capitale des arts, et qui est digne de ce
titre à certains égards, il était difficile que la
passion de Berlioz ne s'accrût pas au lieu de
s'éteindre. Elle exerça bientôt sur lui tant d'em-
pire , qu'il abandonna les bancs de la Faculté
pour ceux du Conservatoire. Irrité de voir son
autorité méconnue, son père le priva desmojens
d'existence qu'il lui avait fournis jusqu'alors, et
Berlioz n'eut d'autre ressource que de se faire
admettre comme choriste au théâtre du Gymnase
dramatique. Sa vocation était décidée, et la
fermeté de son caractère lui faisait dédaigner les
misères de la vie. H suivait le cours de compo-
sition de Reicha ; mais les formes conditionnelles
de l'art que ce maître lui faisait étudier ne lui
inspiraient que du dégoût, parce qu'il n'en com-
prenait pas le but. Bientôt fatigué du joug qu'elles
imposaient, il sortit de l'école où il avait à peine
entrevu quelque chose des procédés de l'art
d'écrire; libre enfin de toute gène, il résolut de
n'avoir plus d'autre maître que sa propre expé-
rience.
L'époque où Berlioz fit les premiers pas dans
sa carrière était celle des ardentes luttes de l'é-
cole romantique contre les œuvres d'un autre
temps devenues célèbres et désignées par le nom
de classiques. Ce mouvement, commencé par
la littérature, s'était étendu jusqu'aux arts du
dessin. Berlioz s'y jeta avec enthousiasme et
voulut y faire entrer la musique, se considérant
comme l'artiste prédestiné qui devait y accom-
plir une révolution. Plein de résolution, mais
n'ayant encore que de vagues aperçus sur ce
qu'il se proposait de faire, il s'essaya d'abord
dans une messe avec orchestre qui fut exécutée
dans l'église de Saint-Rnch, puis dans celle de
Saint-Eustache. Elle parut inintelligible aux
musiciens qui l'exécutèrent comme à ceux (jui
BERI.107
363
l'cntcndirPiit. Convaincu tonlefois de la rivalité
de sa mission musicale, Ceilioz ne se laissa
Iioint éhranlcr par les plaisanteries que lit naître
sa production, et sa persévérante vocation se
remit à l'œuvre avec ardeur. Dès ce moment,
nne idée, ou plutôt une opinion, présida à ses
travaux : il se persuada que la musique doit
avoir un sujet, un programme, et que le triomphe
de l'art est d'exprimer ce programme par des
effets pittoresques, soit avec le secours des voix
et de la parole, soit par les instruments seuls.
Tout l'œuvre de Berlioz est le produit de sa vo-
lonté pour la réalisation de cette idée. Dans la
direction qu'un artiste imprime à ses travaux, il
y a toujours une impulsion secrète qui résulte de
son organisation : or chez celui dont il s'agit le
véhicule était l'instinct des combinaisons de so-
norités diverses , instinct qui se manifesta par
des éclairs dès ses premiers essais, et qui (init
par devenir le caractère distinctif de son talent.
Sons l'empire de l'idée d'un programme comme
règle et de la faculté de production d'effets
sonores comme moyen , furent imaginées : une
ouverture de Waverley , une autre intitulée
les Francs-Juges, et une symphonie fantasti-
que divisée en cinq parties, qui a pour sujet un
Episode de la vie d'un artiste. Les deux ouver-
tures furent exécutées d'abord dans des concerts
d'amateurs qui se donnaient à l'ancienne salle
du Wanx-Hall; puisdansun concert donné par
Berlioz, le 26 mai 1828, à la salle du Conservatoire.
Il y fit entendre aussi le Ci'edo de sa première
messe, et une marche des Mages allant à la
crèche. Le 1*' novembre 1829 les mêmes com-
positions furent entendues de nouveau dans un
concert où l'auteur fit exécuter un nouvel ou-
vrage qui avait pour titre : Concerts des Syl-
phes. Le sujet du morceau était celui-ci : « Mé-
« phistophélès, pour exciter dans l'âme de Faust
« l'amourdu plaisir, assemble les esprits del'air,
« et leur ordonne de chanter. Après avoir préludé
« sur leurs instruments magiques, ils décrivent
« un pays enchanté, dont les heureux habitants
« s'enivrent de voluptés sans cesse renaissantes ;
n peu à peu le charme opère, la voix des syl-
« phes s'éteint, et Faust endormi demeure plongé
« dans des rêves délicieux. » C'est donc encore
un programme qui est la base de cette com-
position, et ce sont encore des effets de sonorité
que le compositeur recherche. 11 en était de
même dans V Épisode de la vie d'un artiste,
symphonie fantastique en cinq parties, qui fut
exécutée quelques mois après. Chacune des par-
lies de l'ouvrage a un objet différent. Pour le
premier morceau, ce sont des rêveries et des
passions ; pour le second, une Scène aux champs;
pour le quatrième, 7in Homme qni rêve qu'on
le mène au supplice, et enlin, pour le dernier, le
Songe d'une nuit de sabbat.
Depuis 1826, Berlioz était rentré au nombre
des élèves du Conservatoire, qu'on appelait alois
V École royale de musique, et suivait les leçons
de Lesueurpour le style libre, parce qu'il avait
besoin d'un protecteur dans la section de musi-
que de l'Académie des beaux-arts pour les
grands concours de composition. Ce protecteur
lui (tait d'autant plus nécessaire, que Cliénibini
était mal disposé pour lui et montrait une véritable
antipathie poui' sa musique. Plusieurs fois Berlioz
avait subi l'examen préparatoire de ces con-
cours sans y être admis : enlin, sa persévérance
triompha des obstacles, et dans le concours de
1830, le premier prix lui fut décerné pour la
composition d'une cantate dont Sardannpale
était le sujet. Devenu pensionnaire <le l'Etat ,
comme lauréat du concours, il se rendit en Italie
pour obéir aux règlements, bien que sa direc-
tion dans l'art et ses opinions esthétiques lui
eussent fait prendre la musique italienne en dé-
goût. H abrégea son séjour à Rome et à Naples
autant qu'il le put , et dix-huit mois après son
départ il revint à Paris , rapportant une ouver-
ture du Roi Lear , et une sorte de symphonie
qu'on pouvait considérer comme une suite de
V Épisode delà vie d'un artiste, et qui avait
pour titre le Retour à la vie. Cette composition
était un mélange de musique instrumentale, de
discours, de chants et de chœurs. Elle fut exé-
cutée dans un concert donné par le compositeur
peu de temps après son retour.
Berlioz avait bien jugé sa position : il se
croyait réformateur de l'art, et se disait avec
raison que toute réforme rencontre le présent,
voire le passé, pour adversaires. Il prévoyait
donc de rudes combats ; mais , pour com-
battre, il faut des armes : Berlioz les chercha
dans la presse. Homme d'esprit et de résolution,
il sut s'y faire en peu de temps une belle et re-
doutable position. Dès 1828 il avait débuté dans
un journal de ce temps, appelé le Correspondant
et y avait fait insérer des articles sur les sym-
phonies de Beethoven, que les artistes et les
amateurs de Paris venaient d'entendre pour la
première fois , grâce à l'organisation de la So-
ciété des concerts : ces articles furent remar-
qués. Tour à tour Berlioz écrivit dans la Revue
européenne et dans le Courrier de V£urope,
jusqu'à ce que la Gazette musicale de Paris,
fondée en 1834, lui eût ouvert ses colonnes et se
fût dévouée à ses succès. Bientôt, à cette puis-
sance, il ajouta celle du Journaldes Débats, dont
les propriétaires dv^vinrent ses protecteurs eu
364
BERLIOZ
toute circonstance. De là des liaisons avec la
plupart des rédacteurs de journaux, à quelque
parti qu'ils appartinssent, et le concert d'éloges
qui retentit à chaque production nouvelle de sa
plume. La symphonie à''Harold en Italie, en-
tendue pour la première fois en 1834; la Messe
des morts, écrite pour les obsèques du général
Damrémont, et qui fut exécutée dans l'église de
l'Hôtel des Invalides, le 5 décembre 1837; la
symphonie dramatique de Roméo et Juliette,
avec chœur et solos de chant, que l'auteur fit
entendre, sous sa direction, dans la salle du
Conservatoire, le 9.4 novembre 1839; la sympho-
nie funèbre et triomphale pour harmonie mili-
taire exécutée pour l'inauguration de la colonne
de Juillet à la place de la Bastille; et, enfin, l'ou-
verture du Carnaval romain, furent tour à tour
exaltées par les journaux de toutes les opinions.
Une seule épreuve fut un échec pour Berlioz.
Ce fut celle où, abordant la scène, il écrivit pour
l'Opéra Benvenuto Cellini , drame en deux
actes, représenté le 3 septembre 1838. Là se
trouvait le public ordinaire des théâtres ; public
qui ne veut pas être obligé de faire des efforts
d'intelligence ou le sacrifice de ses penchants ,
alors qu'il cherche le plaisir et le délassement;
public qui, selon Richard Wagner lui-même, est
le seul vrai, parce qu'il a des goûts et non des
opinions. Devant ce public Benvenuto Cellini
essuya une chute complète. En vain les amis de
Berlioz s'épuisèrent-ils en efforts pour démontrer
l'excellence de l'ouvrage : une salle déserte fut
une réponse sans réplique. Quinze ans plus tard
le même effet s'est reproduit à Londres pour le
même opéra, mais l'ouvrage a été plus heureux à
Weimar.
Après avoir donné beaucoup de concerts à
Paris, lesquels étaient spécialement destinés à
l'audition de ses œuvres, Berlioz conçut le des-
sein de parcourir l'Europe, afin de faire sortir
sa musique du cercle très-limité de ses admira-
teurs et de lui procurer, s'il était possible, les
avantages de la popularité. Sa première excur-
sion fut à Bruxelles : il y donna deux con-
certs; puis il parcourut l'Allemagne du Nord
en 184.^, et donna des concerts à Berlin, à Ham-
bourg, àLei(isick, à Weimar et à Stuttgart. Deux
ans après il visita Vienne, la Hongrie, Prague et
la Silésie. En 1847 il se rendit en Russie, et fit
exécuter ses principaux ouvrages à Riga, à Saint-
Pétersbourg et à Moscou. Partout il excita un
vif intérêt : s'il rencontra des adversaires ar-
dents, il eut anssi des admirateurs passionnés,
et la popularité qu'il cherchait ne lui fit pas
défaut. De retour à Paris, il fut bientôt après
appelé à Londres pour diriger l'orchestre de
Dury-Lane pendant la saison de 1848, et dans la
môme année il fit un second voyage en Bohême.
En ISjl il fut membre du jury de l'Exposition
universelle de Londres pour les instruments de
musique, et la nouvelle société philharmonique
de cette ville l'engagea, pour diriger ses. concerts,
où il fil exécuter quelques-unes de ses sym-
[)lionies et de ses ouvertures. L'orchestre des
concerts de Leipsick a fait entendre aussi à di-
verses époques plusieurs œuvres de sa compo-
sition, et sa symphonie dramatique de Roméo
et Juliette a été jouée à Vienne avec un grand
succès, sous la direction de M. Eckert, en 185(5.
Vers la fin de 1846, Berlioz avait fait entendre
à Paris une nouvelle production, sorte d'ora-
torio fantastique intitulé la Damnation de Faust.
t' 'était une conception bizarre qui s'éloignait
complètement de la tradition de Goethe; car
le grand poète, non-seulement ne damne pas le
personnage principal de sa grande œuvre , mais
il lui fait une apothéose dans la seconde partie.
L'ouvrage de Berlioz trouva moins de sympathie
que les précédents parmi les partisans des tendances
romantiques. L'auteur paraît ne pas avoir été satis-
fait de son effet, car, si je suis bien informé, il ne
l'a pas reproduit dans ses concerts depuis cette
époque. Une transformation s'est même opérée
depuis lors dans ses idées ; car il est entré évi-
demment dans des voies plus simples lorsqu'il a
conçu le plan de l'Enfance du Christ, oratorio
intitulé Mystère, dont il a composé le poëme et
la musique, et qui fut exécuté avec succès à
Paris, et à Bruxelles en 1854. Il y a des choses
touchantes et naïves dans cette œuvre, particu-
lièrement dans laseconde partie. Deux ans après,
Berfioz a fait entendre, dans une des églises de
Paris, un grand Te Detim à deux chœurs. N'ayant
point assisté à cette exécution, et n'ayant pas vu
la partition, je ne puis en parler.
La révolution de 1848 et ses conséquences de
toute nature, ayant absorbé l'attention des po-
pulations par des idées nouvelles et par la lutte
des intérêts, a porté un coup funeste aux tra-
vaux de l'intelligence, à la philosophie, aux let-
tres, aux arts, et a jeté les esprits dans l'indif-
férence à l'égard de la querelle, auparavant si
animée, du romantisme et du dassisme, Berlioz,
plus qu'un autre, peut-être, en ressent aujourd'hui
les effets. Soit découragement, soit que sa santé,
moins robuste qu'autrefois, aitdiminue son énergie
organique, il semble s'être condamné au silence
et avoir abandonné l'arène du combat. Serait-ce
que, persévérant dans la réforme de ses premières
tendances, signalée par la composition de VEn-
fance du Christ, il voudrait entrer dans une
phase nouvelle de son talent, et s'y préparer par,
BERLIOZ — BERLOT
365
la méditation? l'avenir nous l'apprendra. Berlioz
est trop jeune encore pour avoir dit son dernier
mot.
Comme critique et comme écrivain, Berlioz
s'est fait une réputation justement méritée. Il a
de la hardiesse dans les idées et de l'originalité
dans la forme. Pendant un certain nombre
d'années, il a fait preuve d'une grande facilité en
ce genre par la multiplicité de ses travaux et
par l'activité de sa collaboration à la G«-e<<emM-
sicale de Paris et au Journal des Débats. Au
nombre considérable d'articles qu'il y a fait in-
sérer, il faut ajouter; 1° Voyage musical en Al-
lemagne et en Italie, auquel il a réuni ses
Études sur Beethoven, Gluck et Weber, des
Mélanges et Nouvelles; Paris, Labiile , 1844,
2 vol. in-8°. — 2° Les Soirées de Vorchestre;
Paris, Michel Lévy frères, 1853, 1 vol. ia-12;
fantaisie humoristique très-piquante. — 3" Traité
d'instrumentation et d'orchestration modcr-
nes,^avec des exemples en partition, tirés des
œuvres de presque tous les grands maîtres
et de quelques ouvrages de fauteur ; Paris,
Schonenberg , 1 vol. grand in-4° : bon guide
pour la connaissance et l'emploi des ressources
de l'orchestre.
Les compositions de Berlioz qui ont été pu-
bliées sont : 1° Ouverture de Waverlcy, partition
et parties séparées, et arrangée pour le piano;
Paris, Richaull. — 2° Irlande, recueil de
neuf mélodies à une et deux voix, et chœur,
avec accompagnement de piano, op. 2 ; ibid. —
3° Ouverture des Francs-Juges, partition et
parties séparées , arrangée pour piano à quatre
mains, op. 3 ; ibid. — 4° Ouverture du Roi
Lear, tragédie de Sliakspeare, partition et par-
ties séparées , et pour le piano à quatre mains ,
op. 4 ; ibid. — 5° Messe des morts ( Requiem ),
partition et parties du chœur, op. 5 ; Paris,
Brandus. — fi" Le Cinq mai, ciiant sur la mort de
l'empereur Napoléon, pour voix de basse avec
chœur, partition et parties séparées , op. 6;
Paris, Ricliauit. — 7o Les Nuits d'été, six
mélodies à voix seule avec piano, op. 7; ibid.
— 8" Rêverie et caprice, romance pour violon
et orchestre, partition et parties, op. 7; ibid.
— 9° Ouverture ih\ Carnaval romain (2'' ou-
verture de Benvenulo Cellini) , partition et
parties; arrangement pour le piano à qua-
tre mains, op. 9 ; Paris, Brandus. — 10" Sara
la baigneuse, ballade pour trois chœurs et
orchestre, partition et parties de chœur, op.
11 ; Paris, Richault. — 11" Za Captive, rêverie
pour contralto ou mezzo soprano et orchestre, ou
piano; op. 12, ibid. — 12o Fleurs des Landes,
cinq mélodies pour une et deux voix et chœur
avec piano, op. 13 ; ibid. — 13" Épisode de
la vie d'un artiste, symphonie fantastique en
cinq parties, partition et parties séparées, parti-
tion de piano par Liszt, op. 14 ; Paris, Brandus,
— 14° Le Retour à la vie, mélologue (Mélange
de musique et de discours), avecsolos de chant,
cJiœur et orchestre, suite de la symphonie
fantastique, op. 14 bis; Paris, Riciiault. —
15" Symphonie funèbre et triomphale en trois
parties, pour grande harmonie, avec un second
orchestre d'instruments à cordes et un chœur
(ad libitum), partition et parties séparées, op. 16 ;
Paris, Brandus. — lù'^IIarol^en Italie, sympho-
nie en quatre parties, partition et parties séparées,
op. 16;Paris, Brandus. — 17° Roméo et Juliette,
grande symphonie dramatique avec chœurs, solos
de chant et prologue choral, partition et parties
séparées, op. 17; ibid. — 18" Tristia, trois
chœurs avec orchestre, partition et parties sé-
parées, op. 18; Paris, Richault. — 19° Feuillets
d'album, six mélodies pour une et deux voix et
chœur avec accomp. de piano, op. 19.-20° Vox
populi , deux grands chœurs avec orchestre ,
partition et accomp. de piano, op. 20 ; Paris, Ri-
hault. — 21° Ouverture du Corsaire, partilion
et parties séparées ; arrangement de piano à 4
mains, op. 21 ; ibid. — 22" Te Deum à deux
chœurs, orchestre et orgue obligé, op. 22.
—23° Benvenuto Cellini, opéra en deux actes :
neuf morceaux de chant détachés avec ac-
comp. de piano, ont été publiés chez Brandus.
— 24° La Damnation de Faust, légende en
quatre actes. La marche hongroise de cet
ouvrage a été publiée seule, à Paris , chez
Brandus. —25» La Fuite en Egypte, oratorio
en trois parties intitulé Mystère, partition et
parties séparées; Paris , Richault. — 28" L'In-
vitation à la valse de Weber, instrumen-
tée pour orchestre par Berlioz; Paris, Bran-
dus. — 27° La Marseillaise de Rouget de
risie, idem ; ibid. — 28° Marche marocaine de
Léopold de Mayer, idem; Paris, Escudier. Ber-
lioz est membre de l'Institut (classe des beaux-
arts), bibliothéciure du Conservatoire impérial
de musique, officier de la Légion d'honneur, et
décoré de plusieurs ordres étrangers.
BERLOT ( M"^ Elisa ) , protesseur de piano
à Paris, est née dans cette ville en 1802. Fille
d'un peintre qui était attaché comme violoniste à
rOpéra-Comique, elle fut destinée à la musique
dès son enfance, et placéeau Conservatoire counne
élève. Elle y reçut des leçons de piano de Pra-
dher, et y obtint au concours un premier prix
pour cet instrument. Elle a publié environ quinze
œuvres qui consistent principalement en airs
variés et fantaisies sur des thèmes anglais , aile-
BERLOT — BERNABEI
niands, sur b tyrolienne de M"" Gail, la ronde
d'Emma, de M. Auber, les airs de la Dame
blanche, etc. Tous ces morceaux ont été gravés
à Paris.
BERLS (Jean-Rodolphe) , organiste et com-
positeur, naquit à Alach, près d'Erfiirt , le» mai
1758. A l'âge de huit ans il prit des leçons de
piano et de violon de Kreuzmûller, et Wethmar
lui donna des leçons de chant. En 1771 , il entra
ail gymnase d'Erfurt, et se lia d'amitié avec quel-
ques élèves de Kittel qui lui enseignèrent à jouer
de l'orgue. Reicliardt, recteur du gymnase et or-
ganiste de l'église du Commerce, lui donna en-
suite des leçons d'harmonie et de composition.
Nommé, en 1780, organiste à Noeda, dans la
Thuringe , il y a passé le reste de ses jours. Il
a composé des morceaux de musique d'église
pour toutes les tètes de l'année , des oratorios,
des cantiques, des symphonies, des sonates à
quatre mains pour le piano, et quatre-vingt-seize
variations sur un air allemand. Tousces ouvrages
sont restes en manuscrit. Il a publié à Leipsick,
en 1797, Trente mélodies nationales pour le
piano. Un second recueil devait suivre le pre-
mier, mais il n'a pas paru.
BERMAIVI (...), amateur de musique et
littérateur à Milan, a publié un petit écrit in-
titulé: Schizzi sullavita esulle opère del maes-
tro Giuseppe Verdi (Esquisses sur la vie et
les œuvres du maître Joseph Verdi ). Milan ,
Ricordi, in- 8°.
BERME JO ( Pedro ) , maître de chapelle de
la cathédralede Salamanque vers la fin du XVI*
siècle, a laissé en manuscrit de très-bonnes com-
positions qui se trouvent dans les archives de
plusieurs églises d'Espagne.
BERHIUUO (Jean), moine franciscain à
Eioja en Andalousie, né à Assigi en Bœlique,
vers 1510, a écrit un traité de musique, dont
le premier livre a paru sous ce titre : Comiença
cl lïbro primero de la deflaracion de instru-
menlos , dirigidoal clementissimo y muij pu-
droso Don Joan tercero deste nombre Rey de
Portugal. A la lin de ce premier livre , on
trouve cette souscription : Fu inipressa la pré-
sente obra en la villa de Ossiina por el ho-
norado Varon Juan de Léon, impressor delà
Universidad del illustrissimo Seùor don Juan
Tellez Giron, condc de Urena, etc : Acabo se
a diez y siete dias del mes de settembre ano
del Seùor de mil y quincientos y quaranta
y nueva (le 17 septembre 1549 ) , y/ue la pri-
mera impression esta, in-4". Ce volume (très-
rare) est composé de 145 feuillets chiffrés an
recto. A la (indu I44e feuilleton trouveces mots :
Fin del libro primero. Il est évident que d'au-
tres livres devaient suivre le premier; car l'au-
teur ne traite dans celui-ci que des princi()es de
la musique, du chant , et non 9es instruments,
comme le titre «le l'ouvrage l'annonce. Or on
lit au feuillet xiii (verso) : « Il y a trois sortes
n d'instruments dans la musique; les uns sont
« appelés naturels : ce sont les hommes, dont le
« chant est dit harmonie mîisicale. D'autres
« sont artificiels et se jouent par le toucher, tcU
« que la viole, la harpe et leurs analogues : la
« musique de ceux-ci est appelée artificielle ou
« rhythmique. La troisième espèce d'instru-
« ments est pneumatique, comme la flûte, la
« douçaine et les orgues (l). >> On voit que
la suite de l'ouvrage devait traiter des instru-
ments à cordes et à vent. M. Mariano Soriano
Fuértes nous apprend, en effet ( Historia de la
musica espagîiola, \.om. II, pag. 120, n. 2), que
la Bibliothèque nationale de Madrid possède l'ori-
ginal des quatre livres de l'ouvrage de Bermudo,
dans la section des manuscrits. Si l'édition de 1599
•
indiquée par le catalogue delà Bibliothèque musi-
cale du roi de Portugal dressé par Craesbeck n'est
pas une faute d'impression, elle doit être la
troisième, car Nicolas Antonio en cite une autre
( Bibliot. hisp. ) sous ce titre : Libro de la
declaracion de instrumentas ; Grenade, 1555,
in-4''. Waltlier ( Musical. Lexikon ) s'est trompé
d'un siècle, en portant l'édition de 1549 à 1649.
BERNABEI ( Joseph-Hekcule ), savant
compositeur de l'École romaine , naquit vers
1620 à Caprarola, bourg des États de l'Église.
Il eut pour maître dans l'art d'écrire Horace
Benevoli. Ses études étant terminées, il rem-
plit d'abord les fonctions de maître de chapelle
à Saint Jean de Latran, depuis le mois de dé-
cembre 1662 jusqu'à la fin du mois de mars
1667. De là il passa au .service de l'église Saint-
Louis des Français. A la mort d'Horace Bene-
voli, son maître, le chapitre du Vatican le
nomma son successeur, comme maître de la cha-
pelle Giulia, le 20 juin 1672; mais il n'occupa
cette place que peu de temps , car Jean Ga-
pard de Kerl ayant quitté le service de la cour
de Munich en 1673, le prince électoral de Ba-
vière appela Barnabei pour lui succéder (2).
(l)Tres instrumentos ay para Miisica; unos se liaman
naturales, y estos son los hombres : cl canto de los qiiales
es dicha hariiionia ir.iisical. Otros son artificialcs de to-
que, y son vihuela.li.irpa y suos semeyantes; la musica de
los qualfs es dicha nrliCcial.o rhytlimica. I.os lerceros
Instnimentos son de ayra.como es le Hauta, diiçayna y
organos.
(21 Biirney, qui a été copié par les auteurs du Diction-
naire des mmiciens ( Paris, 1810). et par l'ablié Berlini
[Dizzion. dcgli scrittori di wiisiva) , est tombé dans
une singiilicro inadvertance sur la date delà nomination
BERNABEI — BERNACCHI
367
Arrivé ilans celte cour, il y écrivit l'opéra intitulé,
■ a Conquista del vello d'oro in Colco, qui
fut représenté eu 1674, et la môme année la
Fabrica di corone. En lôSO, il donna aussi :
Jl Litigio del cielo e dellu terra, conciliato
dalla félicita di Baviera. Il mourut à Munich
en 1690, à l'âge d'environ 70 ans. Ses meilleurs
élèves sont Augustin Steffani et Joseph-Antoine
Bernabei, son fils. On conserve, dans les archives
de la basilique du Vatican , des messes, des
psaumes et des offertoires à quatre, huit, douze
et seize voix composés par ce maîlre -. ces com-
positions sont inédites. On trouve dans la col-
lection de l'abbé Santini, à Rome, des Magnificat,
Improperi à 2 chœurs, un Ave Regina, canon
à 7 voix et un Te Deum à 8 voix, d'Hercule Ber-
nabei. Peu d'ouvrages de sa composition ont
été publiés. Je ne connais que ceux dont les ti-
tres suivent : — !<> Concerto madrigalesco a
tre vocï, Rome, 1669 ; — 2» Madrigali a cinquc
e sei voci, Venise, 1609; — 3" Opus motctto-
rum, Munich, 1690. Cet ouvrage n'a été publié
qu'après la mort de l'auteur. Un autre recueil
de motets de Bernabei , à trois et à quatre voix ,
avec ou sans instruments, a paru aussi à Ams-
terdam, en 1720, in-fol. La musique d'église de
ce compositeur appartient à l'école du style con-
certé , qui, parmi les maîtres romains, succéda
au style pur et sévère de Palestrina. La facilité
de Bernabei à traiter dans ce style les composi-
tions à grand nombre de parties, égale presque
celle de Benevoli. Je possède un Dixit de ce
grand maître pour huit voix réelles avec instru-
ments, composé à Munich en 1678; ce morceau
peut être considéré comme un chef-d'œuvre en
son genre. .
BERNABEI ( Joseph-Antoine ) , fils du
précédent, naquit à Rome, en 1659, et fut élève
de son père avec lequel il alla à Munich. Il com-
posa pour cette cour les opéras suivants : Al-
vida in Abo, en 1678; Enea in Itatia, 1679;
Ermione, 1 1 juillet 1680; Nlobe reginadi Tebe,
1688; la Gloria festeggiante , 17 janvier 1688.
Après la mort de son père (en 1690), il fut
nommé directeur de la chapelle du prince électo-
ral et ensuite conseiller de ce prince. On a impri-
mé les ouvrages suivants de sa composition :
ioOrphcus ecclesiasticus, consistanten plusieurs
messes; Augshourg, 1698; — Missx VII cuni
quatuor vocibus rip.; Vienne, 1710, in-fol. Le
père jMarlini a inséré dans son Essai fondamen-
talpralique de contre-point fugué (t. Il, p. 127),
de Bernabei A In place de m.iitrc de cliapcUc à Municti;
ii la place en 1630 : cependant il avoue qu'il succéda i\
Benevoli dans la iilace de niailre de chapelle du Vatican ;
or celui-ci ne mourut qu'en i672.
un Agmis Dei à quatre voix de cet auteur, et,
p. 221, un^re Regina cœlorum, à sept, remar-
quable par un triple canon fort bien fait; mais
ce morceau appartient à Hercule lîernabei. Je
possède un volume in-fol. manu.scrit qui con-
tient vingt-quatre hymnes à 4 voix et basse
continue pour l'orgue, composées par Joseph
Antoine. Cet artiste mourut à Munich , le 9
mars 17.32, à l'âge de 73 ans.
BERNABEI ( Vincent ), second fils d'Er-
cule, naquit à Rome, en 166G, et (ut élève de
son père. On connaît plusieurs opéras de sa
composition , parmi lesquels on remarque celui
d'^'rac/io, représenté à ÎMuiiich, en 1690. Il
a fait représenter aussi à Vienne gli Accidenti
d'amore, vers 1689.
BERNACCHI (Antoine), célèbre sopra-
niste,né à Bologne, vers 1700, s'est fait une
grande réputation comme chanteur et comme
professeur. Elève de Pistocchi, il passa plusieurs
années chez cet habile maître , qui l'assujettit à
de longs exercices pour assurer la pose de la
voix, l'émission du son et le phrasé. Ses progrès
justifièrent les soins du professeur, et son ap-
parition sur le théâtre produisit un effet si
extraordinaire, qu'il fui appelé le roi des chan-
teurs. Son premier début eut lieu en 1722; peu
de temps après il entra au service de l'électeur
de Bavière et ensuite à celui de l'empereur. En
1730, il fut engagé par Handel pour le théâtre
qu'il dirigeait à Londres. Ce fut vers cette
époque que ce grand chanteur changea sa ma-
nière, et qu'il fit entendre pour la première fois
les traits de chant auxquels les Français donnent
le nom de roulades. Ce nouveau style eut un
succès prodigieux et entraîna tous les chanteurs
dans une route nouvelle , malgré les cris des
partisans de l'ancienne méthode, qui accusaient
Beinacchi de perdre l'art du chant. Marliuelli,
dans son Dictionnaire d'anecdotes, dit de lui
qu'il avait sacrifié l'expression au désir de
montrer son habileté dans l'exécution des pas-
sages les plus difliciies. Aigarotti semble con-
firmer ce jugeuienf, dans son Essai sur l'opéra,
en disant qu'il était lauteurdesabusqui se glis-
sèrent alors dans le chant. J. -J.Rousseau assure
même (Dictionnaire de Musique) que Pistocchi,
ayant entendu son ancien élève, s'écria :^/s,
malheureux que je suis! je Vai appris à.
chanter, et tu veux jouer. Quoi qu'il en soit,
le désir de propager sa nouvelle manière enga-
gea Beruacclii à retourner en Italie, vers 1736,
pour y fonder une école de chant d'où sont
sortis Raff, Amadori, Maaciai, Guarducci et une
foule d'autres virtuoses. Il n'est pas inutile de
faire ohstr\ei (itio, nonobstant l'opinion des
3CS
BERISACCHI — BERNARD
écrivains qui ont attribué à Bernacclii l'inven-
tion des gorgheggi ou roulades, il ne fit que
remettre en usage des traits qui avaient été
employés dès le seizième siècle , avant que la mu-
sique de théâtre eût pris un caractère purement
expressif, et qu'il leur donna seulement une
t'orme plus développée et plus analogue au
caractère de la musique instrumentale. Bernac-
chi fut aussi habile compositeur : ses maîtres
de contre-point avaient été Joseph-Antoine Ber-
naie et Jean-Antoine Riccieiri. La Bibliothèque
du Conservatoire de Paris possède des airs et
des duos avec basse continue de sa composition.
Admis dans l'Académie des philharmoniques
de Bologne en 1722, il en fut prince dans les
années 1748 et 1749. On ignore la date de sa
mort.
BERNAL (Don José) , chantre de la cha-
pelle de Charles-Quint, en Espagne, vécut dans
la première moitié du seizième siècle. Il a laissé
en manuscrit quelques compositions pour l'église,
qui se trouvent à la bibliothèque de l'Escurial.
BERNARD (Saint), naquit en 10yi,au village
de Fontaine eu Bourgogne. Après avoir fait de bril-
lantes études dans l'Université de Paris, il pro-
nonça ses vœux dans le cloître de Cîteau\, et
peu de temps après il fut nommé abbé de Clair-
vaux. En 1140, il assista au concile de Sens, et
plein d'un zèle ardent il y provoqua la con-
damnation d'Abélard. Chargé par Eugène 111 de
prêcher une croisade , il s'en acquitta avec dé-
vouement et sut déterminer Louis VII à partir
pour la Palestine, malgré les avis de Snger, abbé
de Saint-Denis. Bernard mourut le 20 avril
1153, après avoir fondé, tant en France qu'en
Allemagne et en Italie, cent soixante maisons de
l'ordre qu'il avait institué. Un volume pubhé
à Leipsick, en 1517, par le P. Michel, prieur du
couvent des Bernardins de Celle, dans le Hano-
vre, renferme divers opuscules concernant le plain-
cliant, attribués à saint Bernard, ainsi que quel-
ques autres qui sont relatifs à la liturgie de l'ordre
fondé par cet homme illustre. Ce volume a pour
titre : Contentoruvi in hoc volumine index. —
Isagoge in musicam melliflui doctoris sancti
Bernhardi. — Opus rnusicum divi ac diilcis-
simi Bernhardi. — Appendix de injlectioni-
bus oclo tonorum. — Modulus psallendi
metri primi. — Institutio divi ac doctïssimi
Bernhardi, qiiomodo psallendum. — Formu-
las pronunciandi lectiones et collectas in di-
vïnisofficiis.k la dernière page, on lil : Lipsiœex
«fficina Melchioris (sic) Lottheri. Anno Do-
inlnico millesimo quingentesimo decimo septi-
1)10; in-4"' de 55 feuillets. Un exemplaire de ce vo-
lune rarissime se trouve dans la bibliothèque des
amis de la musique de l'empire autrichien, à
Vienne. Kiesewetter, qui en donne la descrip-
tion (1), dit qu'il a été inconnu à tous les bi-
bliographes; mais il est mal informé , car il est
indiqué dans le i\eues Repertorimn von selte-
nen Buchern; Nuremberg, 1797, suppl., p. 22.
Les pièces attribuées par l'éditeur du recueil
à saint Bernard sont : 1° une lettre dans laquelle
ce saint personnage rend compte de la mission
qui lui a été donnée par les abbés de l'ordre de
Cîteauxdecorriger l'Antiphonaire pourl'usage des
bernardins,! du soin qu'il a pris de s'adjoindre
quelques hommes instruits dans cette matière,
et des travaux de ceux-ci pour s'acquitter de
leur tâche; — 2° un petit traité du plain -chant,
improprement appelé Préface de l'Antiphonaire
cistercien; — 3° et enfin, le Tonaire ou Tonale,
autre traité, en forme de dialogue, sur la consti-
tution des huit tons. Mabillon a inséré les deu\
premières pièces dans le deuxième volume de
son édition des Œuvres de saint Bernard, pu-
bliée en 1719; mais il a eu des doutes sur l'au-
thenticité du Tonale et s'est abstenu de le pu-
blier. On peut voir ses observations à ce sujet dans
le volunie cité précédemment (p. 691). On peut
consulter aussi r//is<Oifre littéraire de saint Ber-
nard, par D. Clémencet (Paris, 1773 , in-4°),
qui forme le treizième volume de l'Histoire lit-
téraire de la France par les bénédictins. Le
P. Hommeyn'a pas eu les scrupules de Mabillon,
car il a admis le Tonale comme un ouvrage de
saint Bernard dans ses Suppléments des Pères (2).
Mais le P. Maurice, religieux de l'ordre de Cî-
teaux dans un couvent de la Bohême, qui avait
examiné le recueil du P. Michel de Celle, n'hésite
pasà rejeter le Zonoie, comme indignede cegrand
homme, à cause de son style barbare. « Il faut
« qu'on sache, dit-il, que saint Bernard n'a pas écrit
« Vlntonaire ou Traité de la musique chorale,
« mais que celui-ci a été publié sous ses aus|)i-
« ces; car je pense, ajoute-t-il, que le saint doc-
(c leur avait trop d'élégance en latinité pour
« s'être servi , sans nécessité, d'expressions bar-
« bares, et qu'enfin il n'a pu écrire ni une
« préface aussi longue, ni même les dialogues
« entre le maître et l'élève, etc. (3). « Le prince-
abbé Gerbert , qui ne se prononce pas sui- la
question si le To/m/e est l'œuvre de saint Bernard
ou s'il a été écrit sous sa direction, l'a inséré dans
sa Collection des écrivains- ecclésiastiques sur
la musique (tome II, p. 215-277). Le P. Lanibil-
(i) Dans le supplément de sa dissertation sur la vie et
les travaux de Guido d'Arezzo, p. 48.
(t) Supplemeidum Patrum, Paris, 1684, 1 vol. in-n".
(3) Conclave thesauri magnx artis musicx , l'ragse,
1719, in- fol. , p. 63.
BEKINARDl
309
loie{Voij. ce nom) adonné la traduction française
(le la Letirede saint Bernard, de la [)lus grande
partie du traité du chant intitulé : Préface de
VAntiphonaire cistercien, et enfin de tout le
Tonale, dans le livre auquel il a donné le titre
à' Esthétique, théorie et pratique du chant
grégorien (p. 219-265).
BERNARD , surnommé de VENTADOUR,
troubadour du douzième siècle, élait (ils d'un
serviteur de la noble famille de Ventadour, d'où
lui est venue la qualification jointe à son nom.
Admis dans la société des grands , à cause de
ses talents pour la poésie et pour la musique ;
aimé des plus nobles dames pour sa beauté et
la distinction de sa personne, il consacra ses
chants à l'amour, et osa adresser ses homma-
ges à la belle Agnès de Monlluçon, vicomtesse
de Ventadour, qui les accueillit avec faveur. Les
chansons amoureuses de Bernard présentent
l'histoire des progrès de sa passion , qui eut le
sort ordinaire des aventures de ce genre , fort
communes alors entre les troubadours et les
nobles châtelaines. Le vicomte de Ventadour
eut des soupçons, qui ne tardèrent pas à se
ciianger en certitude. 11 enferma sa femme et
chassa son vassal de ses domaines. Les chansons
composées par Bernard après cette époque nous
apprennent que son désespoir fit place à d'au-
tres amours. Éléonore de Guyenne, devenue en
1152 duchesse de Normandie, après avoir été
reine de France et répudiée par Louis VII, re-
çut Bernard à sa cour, et eut avec lui" un com-
merce de galanterie qui ajouta à sa célébrité.
Lorsqu'elle accompagna son époux en Angle-
terre, en 1154, Bernard n'obtint pas la permis-
sion de la suivre. Il se retira alors près de
Raymond V, comte de Toulouse , et, gu^ri de sa
passion pour les aventures galantes , il passa
près de ce prince de longues années, uniquement
occupé des plaisirs de la table, de chant et de
poésie. Après la mort de Raymond, er^ 1194,
Bernard, devenu vieux, se retira à l'abbaye de
Dolon, dans le Limousin, et y mourut vraisem-
blablement avant la fin du douzième siècle.
On a environ cinquante chansons de ce trouba-
dour en manuscrit ; seize ont leurs mélodies
notées.
BERNARD (Émery), né à Orléans, dans le
seizième siècle, a écrit : Brieve et facile méthode
pour apprendre à chanter en musique ; Paris,
Jehan Petit, 1541, in-3o. 11 y a eu deux autres
éditions de ce livre ; l'une publiée à Orléans , en
1561, in-4", et l'autre à Genève, en 1570,
in-8°.
BERÎVARDI (Etienne), maîlre de chapelle
de la cathédrale de Vérone, et maître de la mii-
BlOCn. UMV. DES MrSICIFAS. — T. 1.
sique des académiciens philharmoniques de la
même ville, naquit vers la (in du seizième siècle.
11 semblerait, d'après le titre d'un livre de ses
motets, imprimé à Salzbourg en 1634, qu'il
était alors chanoine et maître de chapelle de
cette dernière ville, car on y lit, après son nom :
Canonicus zu St. Màrise ad Nives und Me-
tropoHtanx ecclesix zu Salzburg. Cependant
Mazzuchelli (Gli Scrittori d'Italia) et Quadrio
{S(or. e rag. d'ogni poesia, c. 170 et 17 8
agg. e carrez, t. VII) n'en disent rien. On a
de Bernardi un petit traité élémentaire de com-
position intitulé : Porta musicale per la quale
il principiante, con facilebrevità, all'acquista
délie perfette regole del contrapunto vien
introdotto. Vérone, 1615, in-4° de 20 pages. La
seconde édition a paru à Venise , chez Alexandre
Vincent!, en 1639, in-4o. Cet ouvrage a le
mérite de la clarté et de la concision. Bernardi
promettait, dans sa préface, de donner une se-
conde partie, qui aurait contenu les règles des
divers contrepoints doubles , celles des modes ,
des temps et des prolations , etc.; mais il ne
paraît pas qu'il ait tenu sa promesse. Les com-
positions de ce maître sont : 1° Madrigali a
quat/7-o, leil- — 2° Madrigali a 5ei, lib. 1.
— 3" Idem, a tre, lib. 1 op. 3. — 4° Salmi a
quattro, op. 4; Venise, Alexandre Vincenti ,
1621. Une deuxième édition a été publiée par le
même, à Venise, en 1628, in-4''. — 5° // seconda
libro de Madrigali a cin^/î^e ; Venise , 1616,
in-4"'. — 6° Misse a quattro e cinque voci ,
op. 6. — 7° Salmi acinque voci, op. 7 ; Venise,
Alexandre Vincenti, 1626, in-4*. — S» Concerti
accademici, lib. 1, op. 8. — 9° Madrigali a
cinque voci, lib. 2, op. 9. — 10° Il ierzo libro
di Madrigali a cinque voci , concertati con
un basso continua per sonare, op- 10 ; Venise,
1619, in-i°. — 1 r Madrigali a sei , lib. 2 , op.
i\..— {2° Madî'igalia due e ^re, lib. 2, op. 12;
Venise, Al. Vincenti, 1627, in-4''.— 13° Madri-
gali a sei, lib. 3. op. 13. — 14» Salmi a otto
voci. op. 14. — 15° Misse a otto voci, lib. 1.
— itj" Idem, lib. 2; — l7o Salmi a quat-
tro voci, lib. 2; Venise, Alexandre Vincenti,
1632, in-4". — 18'' Motetti , Salzbourg, 1634,
in-8°. — i9° Salmi concertati a cinque voci rac-
coltati da Aless. Vincenti; Venise, Vincenti,
1(537, in-4''. — 20' Steph. Bernardi et aliorum
missai quinque voc. cum b. e.; Anvers, 1619.
Le style de ce compositeur est lourd et manque
d'élégance.
BERNARDI (François), surnommé Sene-
sino, sopraniste excellent, naquit à Sienne veis
1680, et fit ses études musicales à Bologne,
sous la direction de Bernacchi. Le nom de Se-
24
370
BERNARDI — BERNASCONI
ncxivo, sous lequel il est connu généralement,
lui fut donné à cause du lieu de sa naissance.
Doué d'une voix pénétrante, égale et flexible,
d'une intonation pure et d'un trille parfait, il
commença à fonder sa réputation vers 1715 ;
quatre ans après, il était au service de la cour
de Dresde. Hœudel vint l'y cherclier l'année
suivante, et l'engagea pour son théâtre avec
des appointements de quinze cents livres ster-
ling, qui furent portés ensuite jusqu'à trois
mille guinées. Il y débuta en 1721, dans l'o-
péra de Mucius Scsevola, avec un succès qui
ne se démentit point pendant les neuf années
qu'il y resta ; mais s'étant brouillé avec Hasndel
en 1730, celui-ci l'éloigna de l'Opéra, à son
propre désavantage, et malgré les instances des
grands, qui voulaient conserver ce grand chan-
teur. Un autre théâtre d'opéra fut établi par les
ennemis de Haendel , et l'artiste y fut engagé. Se-
nesino demeurait à Florence en 1739, et y chanta,
quoique déjà vieux, un duo avec l'impératrice
Marie-Thérèse, alors archiduchesse d'Autriche.
On ignore l'époque de sa mort. La manière de
Senesino était basée sur la simplicité et l'expres-
sion.
BERNARDI (Bartholomé), maître de
chapelle du roi de Danemark et académicien
philharmonique de Copenhague , ttorissait vers
1720. Il était né en Italie, et s'y trouvait encore
en 1696, comme on le voit par le titre d'un
de ses ouvrages. On connaît de lui : 1" Dodici
Sonate a violino solo e conUnuo. — 2" Sonate
a tre, due violini e vïoloncello con il bassn per
Vorgano, op, 2; Bologne, 1696, in-fol. On trouve
dans la bibliothèque royale, à Copenhague, des
caprices et des concertos de sa composilion.
BERNARDI (François), flûtiste, né en 17G7,
dans la basse Autriche, fut attaché comme pre-
mière flûle au théâtre impérial de Vienne pen-
dant plusieurs années. Il a publié environ vingt
œuvres pour son instrument, parmi lesquels on
remarque : 1' Concerto pour llûte et orchestre,
op. 1 ; — 2° Quatuor en ré; — 3° Sept œuvres
de variations sur différents thèmes.
BERNARDINI (Marcello), compositeur
dramatique qui a obtenu des succès en Italie,
principalement dans le genre bouffe, naquit àCa-
poue, vers 1762, et fut connu généralement
sous le nom de Marcello di Capua. Ses opé-
ras, au nombre de dix-neuf, sont les suivants :
1" L'Isola incantata; 1784, à Pérouse. —
2' La Finta Sposa olandese; 1784, à Rimini.
— 3° / tre Or/ei, intermezzo ; 1784, à Rome.
— 4° Le Donne bisbetiche, ossia V An tiquai io
fanatico. — 5° // Conte di lielVumore ; 1786.
— 60. // Barone a Jorza; 1783 à Rome. —
7° Le Quattro Slagioni; 17S8, à Albano. —
8° Il Fonte d'acqua gialla, ossia il Trionfo
délia Pazzia; à Rome, 1787. — 9° Il Bruto
fortunato; 1788, à Civitg-Vecchia. — lOo Gli
Amanii conjusi, 1788. — 11° La Donna di
spirito; 1788, à Rome. — 12° La Finta Ga-
lafea; 1789, à Naples. — 13° La Fiera di
ForUpopoli; en 1789, à Rome. — 14° Vul-
tinia che si perde è la Speranza ; 1790, à
Naples. — ib" Il Pizzarro in Peru; 1791, à
Naples. — 16° L'Amo7-e permagia; 1791. —
17° La Donna bizzarra; 1793, à Vienne. —
18° L'Allegriain campagnia; 1794, à Venise.
— 19° La Statua per puntiglio. Les ouvrages
de Bernardini ont eu du succès dans leur nou-
veauté, particulièrement dans le style bouffe, où
il réussissait mieux que dans le sérieux; cepen-
dant on ne peut le considérer comme un artiste
de génie, car il n'a rien inventé, soit dans les
formes de la mélodie, soit dans le rhythme, soit
dans l'harmonie.
BERNARDINO (Mistro ou Maestro), or-
ganiste vénitien du quinzième siècle, fut nommé
organiste du premier orgue de Saint-Marc, à
Venise, le 3 avril 1419, et en remplit les fonc-
tions jusqu'à la fin de mars 1445, époque vrai-
semblable de sa mort. On ne connaît jusqu'à ce
jour aucune composition de ce maître.
BERNARDY DE VALERNES ( Le vi-
comte Edouard- Joseph ) , membre de plusieurs
sociétés savantes, né à Bonnieu , près d'Apt, le
15 octobre 1763, s'est livré avec ardeur à la
musique, dès sa jeunesse. Il jouait du violon
et a composé des duos, des trios concertants
pour cet instrument, des ouvertures, des sym-
phonies et un opéra en un acte ( Antoine et Ca-
mille), le tout an nombre de vingl-huit œuvres,
dont le premier a été gravé à Marseille , et la
plupart des autres à Paris. Tout cela est au-des-
sous de la critique, sous le double rapport de
l'invenlion et de la facture.
BERNASCONl (André), fils d'un officien
français, naquit à Marseille (1) en 1712, dans
un voyage que ses parents firent en cette ville.
A cette époque les officiers retirés du service mili-
taire ne pouvaient exercer le commerce en France,
sans perdre leurs droits à la pension ; le père
de Bernasconi désirant suivre celte carrière,
alla se fixer à Parme. Bernasconi montra dès
son enfance du talent naturel pour la musique;
(i) Et non à Vérone comme le disent quelques biogra-
phes. On a dit aussi que Bernasconi était né à Parme ,
parce que les livrets de ses opéras portent tous après son
nom CCS mots ; di l'arma. Ayant été élevé dans cette
ville et y ayant passé toute sa jeunesse, il était considéré
comme parmesan dans toute l'Ualie, i
BERNASCOrsl — BERNER
çn la lui fit apprendre , et ses progrès furent
rapides. Il dut bientôt cliercher des moyens
d'existence dans un talent qui ne lui avait
été donné que comme un délassement. Son père,
ayant essuyé des revers dans son commerce,
en mourut de chagrin, et il fut obligé de don-
ner des leçons de musique pour vivre. 11 se li-
vra avec ardeur à l'élude de la composition et
donna, en 1741, son premier opéra, à Venise,
sous le titre d^Alessandro Severo. 11 alla ensuite
à Rome et dans plusieurs autres villes d'Italie,
pour y écrire des opéras, et partout il vit s'ac-
croitre sa réputation. Lorsqu'il revint à Parme,
en 1747, il y épousa la fille d'un capitaine au-
trichien , veuve d'un valet de chambre du prince
de VVjirtemberg. Elle avait une fille de son pre-
mier mariage nommée Antonia; Bernasconi lui
donna des leçons de chant , et lui fit acquérir un
beau talent en quelques années. Il avait fait pré-
cédemment un voyage à Vienne, où il avait écrit,
en 1743, l'opéra intitulé ia Ninfa Apollo ; l'an-
née suivante Temistocle , et ensuite Antigone,
qui eurent beaucoup de succès. En 1754, il se
rendit à Munich , et y donna Bajazct et l'Ozio
fugato dalla Gloria. L'année suivante, l'élec-
teur Maximilien III le nomma maître de chapelle.
Sa femme étant morte en 1756 , il se remaria
l'année suivante avec Catherine de Loew, qui
vivait encore à Munich en 1811. Il en eut une
fille nomme Josepha, à laquelle il n'enseigna
pas la musique, dans la crainte qu'elle ne se
livrât à la carrière du théâtre comme sa sœur.
Bernasconi mourut à Munich , le 24 janvier
1784, à l'âge de 72 ans. Les opéras qu'il a
composés pour la cour de Bavière sont: Bajazet,
le 12 octobre 1754; Adriano, 1755; Alessandro,
1755; Didone abbandonata ,\lhG ; Agelniondo,
1760; Artaserse, 1763; VOlïmpiade, 17C4;
Demofonte, 1765; Endimione , 1766; la Cle-
menza di Tito, 1768; Demetrio, 1772. Il y
écrivit aussi , en 1754, la Betulia Uberata ,
oratorio qui eut beaucoup de succès. On a de
lui beaucoup de messes, de vêpres et de lita-
nies en manuscrit. Ce compositeur est recom-
mandable par la pureté de son style et la sa-
gesse de ses dispositions; mais il est froid et
manque d'invention.
BERNASCONI (Antonia), belle-fille du
précédent, débuta à Vienne, en 1764, par le
rôle (ÏAlceste, que Gluck avait composé pour
elle. Depuis lors, elle s'est fait entendre sur
plusieurs grands théâtres d'Italie et à l'Opéra de
Londres; partout elle a recueilli des applaudis-
sements.
BERIXELIN (Le Jeune ), écrivain du dixième
siècle dont l'abbé Gerbert a inséré un opus-
cule dans sa collection des auteurs ecclési.istiquos
sur la musique {^criptores ecclesiastici de
Musica, t. I, p. 312 — 330), d'après un ma-
nuscrit du fonds de la reine de Suède qui est
à la bibliothèque du Vatican, sous le n» 1661.
Ce manuscrit renferme des morceaux di;
divers auteurs, dont plusieurs anonymes, sur
les proportions de VAbnque (en architecture) ,
de la musique, de l'arithmétique et de la géo-
métrie. Bernelin le Jeune était de Paris, car on
liten tête du traité de Y Abaque : Prasfaiio Abaci
quem junior Bernelimis edidit Parisiis. Son
ouvrage est dédié à un de ses parents , Ame-
lius Bernelimis, qu'il appelle vénérable prêtre et
moine (venerabilis sacerdos et monachus),
dans sa préface. Bernelin écrivit avant la fin du
dixième siècle, car il est cité par Gerbert (qni
fut pape sous le nom de Sylvestre II, et mourut
le 11 mai 1003) , dans son opuscule de V Abaque,
folio 34 du même manuscrit. L'Opuscule de Ber-
nelin qui concerne la musique a pour titre :
Cita et vera divisio vionocordi in diatonico
génère. Les proportions des intervalles qu'il ex pose
sont celles des pythagoriciens puisées dans le
traité de musique de Boèce et dans les idées de
ces philosophes sur l'harmonie universelle,
d'après Censorin et Macrobe. Cette doctrine des
musiciens grecs antérieurs à Ptolémée , qu'on
retrouve chez tous les auteurs de traités de mu-
sique écrits avant le onzième siècle, disparaît
dans les écrits de Guido d'Arezzo et dans ceux
de ses successeurs.
BERNER (André), violoniste et composi-
teur attaché à la chapelle électorale de Bonn ,
naquit en Bohême , en 1766. Neefe disait de
lui qu'il possédait un talent remarquable, qu'i'
avait un bon maniement d'archet et qu'il exécutait
avec aisance les plus grandes difficultés. Cet
artiste est mort à Bonn, le 5 août 1791. Il a écrit
des symphonies pour l'orchestre, des concertos
de violon , et d'autres ouvrages qui sont restés en
manuscrit. Le catalogue de Westphal ( de Ham-
bourg), daté de 1774, indique une sytnphonie
concertante pour deux cors , en mi majeur, de
la composition de Berner.
BERNER (ÉusA.),filledeFclix Berner, direc-
teur du théâtre de Bruck sur la Murr, dans la Styrie,
naquit le 7 mars 1766 à Mondeau, en Suisse, et
fut destinée à la scène allemande dès l'à^e de
cinq ans. Elle eut pour maître de chant Gespaen.
Lorsqu'elle joua à Wûrzbourg avec ses parents ,
sa voix extraordinaire plut tant au prince, qu'il
résolut de l'envoyer en Italie pour lui faire étu-
dier avec soin l'art du chant , dans le dessein de
la placer ensuite auprès de lui comme première
chanteuse ; mais la mort du prince dérangea
24.
372
BERNER
tous ces projets. Elisa Berner se rendit avec ses
parents à Ratisbonne, où elle épousa , en 1792 , le
chanteur Jean Népomucène Peierl, avec qui
elle se rendit à la cour de Munich, en 1787. Sa
voix pure et pénétrante , sa bonne vocalisation
et son chant plein d'expression, lui procurèrent
l'avantage d'être nommée première cantatrice de
cette cour en 1796. Ayant perd" son mari, elle se
remaria, au mois de novembre 1801, avec Fran-
çois Lang, professeur de musique à Munich.
Elle chantait encore en 1811 au théâtre de cette
ville.
BERNER (Frédéric-Guillaume), né à Bres-
lau, le 16 mars 1780, était fils de Jean-Georges
Berner, premier organiste de l'église Sainte-Élisa-
betli, homme d'un caractère violent et sévère,
qui ne rendit point heureuse l'enfance de son
fils. Dès l'âge de cinq ans, celui-ci commença l'é-
tude de la musique dans la maison paternelle.
Ses progrès furent rapides ; car, avant d'avoir at-
teint sa septième année, il était en état de chan-
ter à l'église le premier dessus dans les compo-
sitions deHasse, de Graun et de Hiller. A neuf
ans il exécuta dans un concert public un con-
certo de piano qui fut applaudi ; à treize ans, on
le nomma organiste adjoint de son père. On ne
le destinait pas à n'être que musicien , et ses
parents songeaient à en faire un prédicateur;
mais il ne montra jamais de goût décidé que
pour son art. Cependant sa facilité d'apprendre
lui fit acquérir sans peine quelques connaissances
dans les lettres et dans les sciences. Vers l'année
1794, il fut placé sous la direction de Gehirne,
maître de musique du chœur de Saint-Mathieu,
considéré à cette époque comme le musicien
le plus instruit qui fût à Breslau, dans la
science du contrepoint et de l'harmonie. Ce
digne artiste voua à son élève un sentiment
d'affection paternelle qui ne se démentit jamais.
Vers la fin de sa vie. Berner se rappelait encore
avec attendrissement les heureuses années qu'il
avait passées près de son maître. Pendant le
temps où il était occupé de ces études théoriques,
Reichardt, bon instrumentiste de Breslau , lui
enseignait à jouer du violoncelle, du cor, du
basson et de la clarinette. Comme pianiste il
acquit une sorte de célébrité, et fut considéré
par Charles-Marie de Weher comme un des
plus habiles artistes en ce genre qu'il y eût dans
la Silésie. A seize ans il obtint une place de
clarinettiste au théâtre , et la conserva pendant
huit années. Il employait la plus grande partie
de l'argent qu'il gagnait dans l'exercice de sa
profession à l'acquisition de livres, pour aug-
menter ses connaissances musicales. Le style de
l'orgue qu'il avait appris de son père était petit.
mesquin et fleuri; mais, après avoir entendu lo
célèbre organiste Nicolay, de Gœrlilz, et l'abbé
Vogler (en ISOl), il changea sa manière et
entra avec enthousiasme dans l'école de Bach et
de Kirnberger. Vers le même temps Wœlfl, ayant
visité Breslau, et s'y étant fait entendre dans
plusieurs concerts, devint le modèle que Berner
se proposa d'imiter sur le piano.
En 1804, Charles-Mai ie de Weber fut nommé
directeur de musique du théâtre de Breslau;
vers le même temps les frères Pixis arrivèrent
dans cette ville, y donnèrent des concerts et y
séjournèrent. L'intimilé de ces artistes avec .
Berner excita dans l'âme de celui-ci un en-
thousiasme nouveau et hâta le développement
de ses facultés musicales. Chaque jour marquait
ses progrès dans quelque partie de son art.
Dans les années suivantes il contribua à l'éta-
blissement de plusieurs sociétés dont l'objet
était de rendre la musique florissante dans la
Silésie; et ses efforts pour atteindre à ce but ne
furent pas infructueux.
Vers 1811, le célèbre professeur Zeller, de
Berlin, fut chargé d'aller à Breslau pour dresser
un catalogue de tous les ouvrages de musique
qui avaient été trouvés dans les bibliothèques
des couvents supprimés, et faire un rapport sur
l'état de la musique en Silésie. Les deux ar-
tistes qu'il distingua d'abord furent Berner et
Schnabel. Sur son rapport, ils furent appelés à
Berlin pour y prendre connaisssance de la mé-
thode d'enseignement des masses vocales, mise
en pratique par Zelter, afin qu'ils pussent fonder
à Breslau une école du même genre que la
sienne. Cette circonstance fut favorable à la ré-
putation de Berner, en lui fournissant l'occasion
de se faire entendre comme organiste devani
une assemblée d'artistes et d'amateurs distin-
gués, dans l'église de la garnison. La Gazette
Musicale, de 1812 (n" 23) a rendu témoignage
du talent qu'il déploya dans cette circonstance.
Berner, qui^ avait retrouvé à Berlin son ancien
ami Weher, fut présenté par lui à Meyerheer et
à la famille Mendelshon, qui l'accueilhrent avec
une vive et sincère bienveillance.
De retour à Breslau, il y reprit possession de
sa place d'organiste de Sainte-Elisabeth , et se
mit avec Schnabel au travail pour l'exécution
des plans relatifs aux grandes institutions de
musique. Le séminaire des instituteurs protes-
tants fut établi, et Berner en fut nommé le di-
recteur de musique. Celle place l'obligeait à en-
seigner le chant choral, l'orgue et l'harmonie à
cent élèves environ. De plus, comme directeur
de musifiue, il devait aussi enseigner le chaut
d'ensemble à un grand nombre d'élèves; ces
BERNER
373
travaux étaient aii-ilcssiis de ses forces plijsi-
qnes, et souvent ils lui causaient de graves in-
dispositions. Dans ses moments de loisir, il
S'occupait à rédiger le catalogue de la musique
<ies couvents. Ce travail, oii il alla an delà de
mille articles, a môrité les éloges des connais-
seurs. Le reste de sa vie se passa dans ces
travaux et dans ceux de la composition. Il y
avait peu de mois où il ne produisît quelque
ouvrage pour l'orgue, le piano ou le chant.
Dans les dernières années de sa vie, sa santé se
dérangea de manière à donner de sérieuses in-
quiétudes à ses amis, et le principe d'une mala-
<lie de poitrine se manifesta. Elle le conduisît au
tombeau le 9 mai 1827, à l'âge de 47 ans. Ainsi
«luMl arrive souvent dans les maladies de cette
espèce, une mélancolie habituelle l'éloigna de la
société où il avait toujours été bien accueilli, et
même de ses amis les plus intimes. Il ne voyait
qu'intrigues et conspirations contre sa réputation,
contre ses ouvrages, et se persuadait qu'il n'était
entouré que d'ennemis dévoués à sa perte. Au
commencement de l'année même de sa mort,
il ouvrit son cœur sur tous ses chagrins au
poète Schneiderreit, et celui-ci fut si touché de
la triste situation de son esprit, qu'il en fit le
sujet d'une élégie publiée dans le n" 17 du recueil
intitulé Der Hausfreund (L'Ami de la maison)
sous le titre de Vie et art de Berner. Des ob-
sèques magnifiques furent faites à cet artiste.
Schnabel, l'organiste Kœhler, tous les musiciens
et les élèves du séminaire et de l'université se
réunirent pour lui rendre les derniers honneurs,
et pour exécuter des morceaux de musique à
son convoi funèbre. Les corps de musique de
cinq régiments faisaient aussi, partie du cor-
tège.
Berner est une des gloires de la musique mo-
tlerne en Silésie; non qu'on puisse le considérer
comme un de ces hommes de génie qui im-
priment un mouvement de transformation ou de
progrès à leur art ; mais il avait des connais-
sances étendues , son instinct du beau était pur,
et, s'il ne se rencontrait pas de qualités trans-
rendantes dans ses productions , on ne peut
nier qu'elles ne fussent marquées du cachet
du goût et du savoir. A l'orgue , il impro-
visait toujours , ne se préparait même pas et
aimait qu'on lui donnât des thèmes, pour mon-
trer son habileté à les développer. Parmi ses
élèves les plus distingués on compte Kœhler, son
successeur comme organiste, ZoUner, et surtout
Adolphe Hesse, considéré-aujourd'hui comme un
des premiers organistes derAllomagne.Ses com-
positions sont nombreuses. En voici l'aperçu.
Ses premières productions, qui consistent en
cantiques lulins, suites de danses, marches et
divertissements, écrits depuis 1792 jusqu'en 179G,
ne peuvent être considérés que comme de fai-
bles essais de sa jeunesse. En 1799, il écrivitune
pièce d'harmonie en mi mineur et une élégie de
Jules de Tarent. En 180!, ses compositions com-
n)encèrent à prendre des formes dignes d'être
considérées comme des productions d'art. Beau-
coup de ses ouvrages sont restés en manuscrit :
ceux qui ont été publiés sont : l» Divertisse-
ment pour violon et orcliestre, œuvre 13 ; Breslau,
Fœrster. — 2° Concerto pour la llùte, op. 17;
ihid. — 3" Deux rondos pour piano et or-
chestre, œuvres 21 et 23; ibid. — 4° Des va-
riations pour piano seul, sur différents thèmes,
œuvres 9, 12, 14, 16, 18, 20,22, et 24; ibid.
— 5° Trois cahiers de polonaises et de valses len-
tes et vives ; ibid. ; — 6° Des préludes facdes pour
l'orgue; ibid. — 7° Cantate sur des paroles al-
lemandes de S. G. Biirde, à quatre voix et or-
chestre; ibid.; — 8° Petite cantate religieuse
pour quatre voix d'homme et orchestre; ibid.;
— 9° Le cent cinquantième psaume, pour quatre
voix, avec ou sans orchestre; Breslau, Leuckart.
C'est le meilleur ouvrage de Berner. — 10°
Hymne des Allemands, avec orchestre ; Breslau,
Fœrster. — 11» Offrande sur V autel de la
patrie, de Kapf, pour deux soprani, ténor et
basse avec accompagnement de piano; ibid.
— 12° Six chants et trois canons faciles pour
trois voix d'homme, avec accompagnement de
piano, op. 19; ibid. — 13" Trois chants pour
deux soprani, ténor et basse, avec piano obligé,
op. 26 ; ibid. — 14° Quatre chants à quatre
voix d'homme pour l'Almanach des Muses de
la Silésie ; 1827. — 15° Six recueils de chansons
allemandes à voix seule, avec accompagnement
de piano. — 16° Hymne allemand {Der Herr
ist Gotl), pour quatre voix d'homme, avec ac-
compagnement d'instruments à vent, œuvre
posthume; Breslau, Cranz. Parmi les œuvres
inédites de Berner, on remarque un intermède
comique intitulé Le Maître de chapelle; des
variations pour flûte avec orchestre, des varia-
tions et des divertissements pour clarinette et
orchestre; plusieurs ouvertures pour l'orchestre,
dont une pour l'inauguration de la Société Mu-
sicale de l'Université ; le vingt-deuxième psaume
pour deux ténors et deux basses ; des chants à
huit voix réelles; des Variations pour l'orgue;
une théorie de la combinaison des jeux de cet
instrument; un Te Deum avec orchestre; un
Offertoire ; nn Alléluia; des chants maçoni-
ques en chœur ; trois chœurs pour une tragédie
d'Iffland; une ouverture à grand orchestre pour
le drame de Benno; et beaucoup de pièces dota-
374
BERISER — BERNHARD
chée8;Un Domine ad adjuvandum me festina,
pour chœur et orchestre, composé en 1805; Offer-
toire de la Fête de Sainte Edwige, en 1828 ; Al-
léluia, en 1805 ; des chœurs pour les Francs-
Maçons; deux chœurs funèbres avec accompa-
{çnement d'instruments à vent, etc. Berner s'est
aussi fait connaître comme écrivain didactique
par les ouvrages dont voici les titres : 1° Grund-
regeln des Gesanges , nach Hïller entwarfen
(Principes du chant, traités d'après Hiller) ;
Breslau, 1815. — 2° Théorie der Choralzwis-
chenspiele (Théorie des conclusions d'orgue
pour les chorals, en 4 suites; ibid. 1819. —
3" Die Lehre der musikalUchen Interpunktion
(La Science de la ponctuation musicale); ibid,
1821. Une notice biographique de Bernera été
publiée soHs ce titre : Fricd. Wilh. Berner,
Ober-organist zu Breslau, nach scinem Leben
und yVtrkenin der Musik dargestelll ; Bres-
lau, 1829, in-S».
BERNEVILLE (Gillebert de) , trouvère
du treizième siècle, naquit à Courtrai, selon l'opi-
nion commune; cependant il est plus vraisem-
blable qu'il vit le jour au petit village de Ber-
neville, près d'Arras. Il florissait avant l'an
1260 , car il fut attaché au service de Henri III,
duc de Brabant, qui mourut dans cette année. Ce
prince lui a adressé une chanson qui commence
par ces mots : Biau Gillebert s'il vos agrée,
etc. Gillebert nous apprend dans une de ses
chansons qu'il aima Béatrix d'Audenarde, quoi-
qu'il avoue qu'il fût marié. Le manuscrit de la
Bibliothèque impériale coté 7222 contient quinze
chansons notées de la composition de ce trou-
vère ; deux manuscrits de la même bibliothèque
(65 et 66, fonds de Cangé) nous en ont conservé
six autres.
BER]\I1ARD surnommé l'Allemand; ou
le Teutonique, par beaucoup d'auteurs anciens,
est considéré en général comme ayant inventé
les pédales de l'orgue à Venise, vers 1470. Les
mêmes auteurs qui parlent de Bernhard, disent
aussi qu'il fut organiste de Saint-Marc de cette
ville. Or, les listes des organistes des deux or-
gues de cette église, qui existent dans ses re-
gistres, et qui ont été publiées en dernier lieu
par M. de Winlerfeld, dans son livre sur l'épo-
que artistique de Jean Gabrieli, et surtout dans la
Storia delta Musica sacra nella già cappella
ducale di San Marco in Venezia dal 1318 al
1797 , par M. François Caffi , nous indiquent
deux artistes du nom de Bernard qui ont été at-
tachés à l'église de Saint-Marc, en qualité d'or-
ganistes. Le premier , appelé Mistro Bernar~
dino, fut nommé à cette place le 3 avril 1419 : il eut
poursucecs3ci;r Bcrnurdo di Sle/anino .Murer
le 15 avril 1445. Ce nom de Murer est proba-
blement altéré ; mais il est vraisemblable qu'il
cache le véritable nom de l'artiste dont il s'agit
dans cet article, et que celui de Bernhard,
n'était qu'un prénom. Quoi qu'il en soit, il pa-
raît, par les éloges que ses contemporains ont
donnés à celui qui portait ce nom, que son mé-
rite fut distingué, et qu'il doit être compté parmi
les meilleurs organistes de son temps. A l'égard
de l'invention des pédales de l'orgue, qu'on lui
attribue, aucune réclamation ne s'est élevée
jusqu'à ce jour sur sa réalité. Mon intention
n'est pas de la mettre en doute : cependant je
crois devoir fixer l'attention des historiens fu-
turs de la musique, et particulièrement de l'orgue ,
sur un fait qui pourrait faire présumer que la
première idée de ces pédales remonte à une
époque beaucoup plus reculée que celle où Bern-
hard vécut. Il existe une chronique flamande,
écrite de 1318 à 1350 par Nicolas De Clerck, dans
laquelle on trouve un passage en vers sur un
iacXeur de vielles et rîibebbes (violes de ce temps),
nommé Louis Van Valbeke qui, h cause de sa pro-
fession , est désigné dans les vers sous le nom de
Vedelaere (t). Ce Louis Van ValbeUe, né au
bourg de Valbeke en Brabant, vécut sous le duc
Jean II, de 1294 à 1312. Des Roches me parait
avoir été le premier qui a eu connaissance du
passage en vers qui y est relatif; il en a fait le
sujet d'une dissertation qui est insérée parmi
les mémoires de l'Académie de Bruxelles (t. 5,,
p. 525). Voici ces vers :
In deser tyt sterf menschelye
Die goede Vedelaere Lodevrye
Die de besle was die voor dien
In de vt'ereit ye was ghesien
Van makene ende metter hand
Van Vaelbeke in Brabant
Alsoe was by ghenant
H y was d'eerste die want
Vun stampien die manjeren
Die men noch hœrt antieren.
Dans le moi stampien qui se trouve à l'avanl-
dernier vers de ce passage, et qui indique une
invention particulière à Louis de Vaelbeke,
Des Roches a cru voir la [ireuve que la pre-
mière idée de l'invention de l'imprimerie lui
appartenait, rapportant ce mot à l'italien stam-
pare (imprimer); en sorte que l'invention de
cet art, qui a changé la condition des hommes,
remonterait à une époque antérieure à l'année
(KM. (le Reiffenberg se trompe lorsqu'il dit (dans le
Recueil Encyclopédique belge, t. s, p. si), que Louis
Van Valbeke était joueur ou fabricant de rebecs. Le
rchcc était un instrument rustique et grossier, fort liif-
fcri'Ht de la viole, qu'on appelait vedel en flamand.
BERNHARD
375
1312, el aurait eu son berceau dans le Brabanf.
Des rtoclies a traduit ainsi le passage de la
chroniciue llamande : « en ces temps nîoiirut,
« de la mort commune à tous les hommes,
« Louis, cet excellent faiseur d'instruments, le
« meilleur artiste qu'on eût vu jusque-là dans
« l'univers en fait d'ouvrages mécaniques. Il
n était de Vaelbeke en Brabant, et il en porta
« le nom. Il inventa la manière d'imprimer
« (stampien) qui est présentement en usage. »
Plusieurs auteurs ont attaqué cette interpréta-
tion de Des Roches; mais Breitkopf, qui s'est
rangé parmi ses adversaires, a donné une expli-
cation fort ridicule de ce passage (dans son
Essai sîir l'origine de Vimprimerie), lorsqu'il
a cru y voir que Van Vaelbeke avait inventé
l'art.de frapper la mesure avec le pied. Qui ne
sait que l'usage de marquer ainsi la mesure
existait dans l'antiquité, et qu'il y avait même
diez les Grecs et les Romains des chaussures
de bois et de métal dont se servaient les chefs
des chœurs pour rendre le mouvement plus
sensible.
Qu'on réfléchisse à la profession de l'inven-
teur, dont il est parlé dans la chronique de
picolas de Clerck, et à l'analogie da mot stam-
pien avec le verbe stampen (presser avec le
pied ), et l'on verra que l'explication la plus pro-
bable est que Louis Van Vaelbeke avait inventé
l'art de jouer d'un instrument avec les pieds.
Or, il n'est pas d'instrument de son temps au-
quel cet art ait pu s'appliquer , si ce n'est à
l'orgue. Peut-être est-il donc permis de penser
que le facteur d'instruments brabançon avait
trouvé, dès la fin du treizième siècle ou au
commencement du quatorzième, le principe du
mécanisme des pédales, qui a complété le sys-
tème de l'orgue, et en a fait un instrument de si
grande ressource. Ceci d'ailleurs n'ôterait rien
à la gloire de Bernhard, car l'organiste de Saint-
Marc pouvait n'avoir point eu connaissance de
l'invenlion du luthier flamand. Bernhard Mu-
rer a eu pour successeur Baptistç Bartolomio,
le 22 septembre 1459.
BERNHARD (Christophe), maître de
chapelle à Dresde, naquit à Dantzick, en 1612.
Son père, qui était marin, perdit toute sa for-
tune dans un naufrage, et ne lui laissa d'autre
ressource que d'aller chercher de l'instruction
dans l'école gratuite de chant de sa ville natale.
Un jour il chantait, suivant un ancien usage du
nord, avec un de ses camarades à la porte du
docteur Straucb, qui lui demanda quelle était
sa famille, et quels étaient ses projets pour
l'avenir. Sur sa réponse qu'il était pauvre et
qu'il avait un vif désir de faire des études, le
docteur lui promit son assistance, l'envoya au
collège, et lui fit donner des leçons de musique
et de chant par le maître de chapelle Balthasar
Erben. Les progrès de Bernhard furent rapides,
et en peu de temps il fut en état d'être admis à
la chapelle avec des appointements. Son pro-
tecteur le confia ensuite aux soins de Paul
Syfert, organiste de Dantzick, qui lui enseigna
les principes de l'harmonie. Dans le même temps
il continuait ses études dans la théologie et le
droit; mais toutes ses pensées étaient tournées
vers la musique, et son désir le plus vif était
de pouvoir aller achever ses études dans cet
art à Dresde. Le docteur Strauch souscrivit enfin
à ses vœux, et lui donna des lettres de recom-
mandation. Erben l'adressa aussi au maître de
chapelle Schûtz, qui le fit entrer à la chapelle
du roi comme contralto. Sciiiilz lui enseigna les
règles du contrepoint, et lui apprit à écrire dans
le style de Palestrina. Sa voix d'alto ayant été
transformée en ténor, l'électeur l'envoya en Italie
pour s'y perfectionner dans l'art du chant, et
pour y recruter des chanteurs. A Rome, Bern-
hard se lia d'amitié avec Carissimi et tous les
grands artistes de cette époque. II écrivit dans
cette ville deux messes à dix voix et autant
d'instruments, dont la pureté de style excita,
dit-on, l'étonnement des Italiens. Obligé de re-
tourner à Dresde, il emmena avec lui deux des
meilleurs sopranistes de l'Italie et quelques autres
bons chanteurs. L'électeur fut si satisfait de ce
premier voyage , qu'il en fit faire un autre im-
médiatement par Bernhard , pour chercher à
compléter le chœur italien, et pour avoir un
maître de chapelle. Ces mêmes artistes qui
avaient recherché sa laveur en Italie pour qu'il
les fit entrer dans la chapelle électorale , cons-
pirèrent contre son repos, dès qu'ils y furent, et
lui causèrent tant de chagrins, qu'il fut obligé
de s'éloigner de Dresde, et d'accepter une place
de chantre à Hambourg. Cependant l'électeur ne
le vit s'éloigner qu'à regret, et ne lui accorda sa
démission, que sur la promesse qu'il reviendrait
près de lui à sa demande. Après avoir dirigé
la musique pendant dix ans à Hambourg, Bern-
hard fut rappelé par l'électeur Jean Georges III,
à la cour de Dresde, pour y enseigner la mu-
sique aux deux princes Jean Georges IV et
Frédéric-Auguste. L'artiste avait peu de pen-
chant à accepter les offres qui lui étaient faites,
mais l'électeur y joignit la place de maître de
chapelle, et cette faveur le décida à retourner
daus la capitale de la Saxe. Les avantages qu'on
lui avait assurés étalent un traitement de
1100 thalers (4,125 fr.); ses deux (ils lurent
placés à l'université aux frais de l'électeur. Ses
376
BERrsHARD — BERNIER
grands travaux l'avaient fait connaître de toute
l'Allemagne, et lui avaient fait une brillante ré-
putation; il vécut encore dix-huit ans à Dresde.
Le 14 novembre 1692, il mourut dans cette ville,
à l'âge de quatre-vingts ans. Outre les deux messes
qui ont été mentionnées précédemment , et qui
sont restées en manuscrit, on a de Bernlmrd : —
1° Geistlicher Harmcnien ersie Theil, beste-
hendin 20 dexUschen Konzertenfur 2, 3, 4 and 5
Stimmen (Première partie de l'Harmonie sacrée
consistant en vingt cantates allemandes pour
deux, trois, quatre et cinq voix) ; Dresde, 1665,
in-4o. — 2° Prudentia Prudcntiana; Ham-
bourg, 1669, in-fol. C'est une bymne en langue
latine, traitée dans les trois contrepoints dou-
bles à l'octave, à la dixième et à la douzième, avec
de grands développements. Comme écrivain
sur la didactique de l'art, Bernhard mérite aussi
d'être mentionné. Le maître de chapelle Stœizel,
de Gotha, a possédé un traité de composition,
divisé en soixanle-trois chapitres, dont il était
auteur, et qui était intitulé : Tractatus compo-
si/ionis auijmentatus. Forkel en possédait une
copie, et avait en outre un autre ouvrage de
Bernhard, divisé en vingt-neuf chapitres, et qui
avait pour titre : Ausfûhriicher Bericht von
dem Gebrauch der Consonanzen, nebts einem
Anhang von dem doppelien und vierfachen
Contrapunct (Explication détaillée de l'usage
des consonnances et des dissonances, avec un
supplément concernant le contrepoint double
et quadruple).
BERNHARD ( Guillacme-Christophi: ),
excellent organiste et claveciniste, né à SaaKéld
vers 1760, se trouvait à Gœttingue en 1T83, et
y publia l'année suivante trois sonates et un
prélude pour le clavecin. H partit ensuite pour
Moscou, où il est mort en 1787, à l'âge de
vingt-sept ans. Il se faisait surtout remarquer
par la perfection de son jeu dans l'exécution des
ouvrages de Jean-Sébastien Bach.
BERNHARD (B. ), ancien élève de l'école
des chartes de Paris, est né à Strasbourg, vers
1812. 11 est auteur de curieuses recherches sur
les corporations d'instrumentistes du moyen âge.
11 a publié des extraits de son intéressant Mémoire
sur la confrérie des ménétriers de Paris dans la
Bibliothèque de l'école des chartes ( t. HI ,
IV, V. ). On a aussi du même littérateur une
Notice sur la confrérie des joueurs dHnstru-
vients d" Alsace relevant de la juridiction des
anciens seigneurs de Ribaupierre, et plus tard
de celle des Palatins des Birkenfeld , au-
jourd'hui maison royale de Saxe , insérée dans
le tome troisième de la Revue historique de la
noblesse { là^ livraison, Paris, 1844, pages
lf;9-190) , publiée sous la direction de M. Amîré
Borel d'Hauterive. Le sujet de cette notice
avait déjà été traité par Jean-f réderic Scheid
( V. ce nom ), dans une thèse intitulée : Bïsseï'-
tatio inauguralis de Jure in musicos singu-
lari, Germ. Dienste und Obrigkeit der Spiel-
h'uth, EappoUsteinensi comitatui annexa ^
etc; mais le travail de M. Bernhard, puisé dans
une multitude de titres originaux des archives
de Strasbourg et de Colmar, ainsi que des ar-
chives générales de France et des manuscrits
de la Bibliothèque impériale de Paris , a, par la
solide érudition et l'esprit de critique de l'auteur,
bien plus d'intérêt que la faible dissertation de
Scheid.
BERNHOLD (Jean-Balthasar), profes-
seur de théologie au commencement du dix-hui-
tième siècle, a écrit un petit traité de la musique
d'église , que Mitzier a inséré dans sa Biblio-
tlièque de musique, t. 3, p. 233-371.
BERNÏA (Vincent) , luthiste et composi-
teur, né à Bologne, vivait vers 1600. Besard
nous a conservé dans son A'ovus Partus ( Part.
III. p. 32 et 47 ), une Toccata cromatica, un Ri-
cercaresopra ut, ré, mi, fa, sol, la, et une pièce
intitulée Le Coq et la Poule (Gallus et Gallina ),
de la composition de Bernia.
BERNIER ( Nicolas) , né à Mantes, le 28
Juin 1664 , mourut à Paris, le 5 septembre 1734,
11 fut d'abord maître de musique de Saint-Ger-
main l'Auxerrois, puis maître de musique du roi
dans la Sainte-Chapelle du palais. Étant allé à
Rome, pour y étudier son art avec plus de fruit
qu'il ne pouvait le faire en France, il désira se
lier avec Caldara, qui jouissait alors d'une
grande réputation. On raconte à ce sujet une
anecdote qui semble n'être que la copie d'une
autre , commune à deux peintres de l'antiquité ,
et à Michel-Ange. On dit que ne Irouvant d'aiilre
moyen de s'introduire chez Caldara, il se pré-
senta à lui comme domestique, et fut admis en
cette qualité. Un jour, ayant trouvé sur le bureau
de son maître un morceau que ce compositeur
n'avait point terminé, Bernier prit la plume et
l'acheva. Cette aventure, dit-on, les lia de l'ami-
tié la plus intime. Bernier passait pour le plus
habile compositeur de son temps. Cependant son
style est froid et lourd , et sa manière est incorrecte
comme celle de tous les compositeurs français
de cette époque. On a de cet auteur : — 1° Mo-
tets à une, deux et trois voix, avec sym-
phonie et sans symphonie, au nombre de
vingt-six; V œuvre, gravée par H. de Baiis-
sen; Paris, chez l'auteur, 1703. gr, in-fol. —
2o. Motets à une, deux et trois voix avec sym-
phonie et sans symphonie; 2™" œwtTe ; Paris ,
BERNIER — BERNON
377
clipz Tanleiir, 1713, gr. in-fol. I^''et2" livre. —
3° Motets , livre postitume, mis au jour par La-
croix; Paris, 1736 in-fol. — 3°Canlates françai-
xex, livres l à 7, in-folio. — 4° Deux Motets et
un Salve regina, manuscrits, à la Bibliolhèqut;
du Roi. Bernier avait compris la supériorité
(les musiciens italiens, et il avait pour habitude
de dire à tous les jeunes compositeurs : Allez
en Italie; ce n'est que là que vous pourrez
apprendre votre métier.
BERIVOIV , moine bénédictin, vécut à la fin
du dixième siècle et dans la première moitié du
onzième. Il mourut le 7 janvier 1045. Suivant
le P. Bernard Pez ( Thesaur. Anecdotorum
«of., t. I, part. III, ) Guill. Cave (Hist. rer.
iUter. ad an. 1014 ) , et Casimir Oudin {Com-
ment, de Scriptor. Ecclesiasticis , t. II, col.
598-COO), Bernon était allemand de naissance,
et fut d'abord moine de Saint-Gall, en Suisse,
oii il s'occupa de musique et d'Histoire ecclé-
siastique. En 1014 il fut élu abbé de Reichenau
( en latin Angix ) , à l'extrémité de la Souabe,
sur le Lac de Zell , près de celui de Constance.
C'est de là que Bernon est appelé augiensis
par les écrivains du moyen âge. D'après l'i/is^oire
littéraire de la France, par les bénédictins
( t. VII, p. 576), Bernon n'était pas Allemand,
mais Français, et il ne fut pas moine de Saint-
Gall, mais de l'abbaye de Fleuri sur la Loire ,
où il se trouvait encore en 999 , ayant été un
des religieux de ce monastère députés à l'assem-
blée d'Orléans dans cette même année, pour
fixer la durée de l'Avent qui précède la fête de
Noël. De Fleuri, Bernon passa à l'abbaye de Prum,
au diocèse de Trêves , et l'empereur S- Henri,
ou Henri le Pieux, le fit nommer en 1008 abbé
de Reichenau, et non en 1014, comme le veut
Guillaume Cave. En 1013 il accompagna ce prince
en Italie, et se trouva à Rome à son couron-
nement comme empereur, au mois de février
de l'année suivante. Cette dernière circonstance
paraît avoir été la cause de l'erreur de Cave.
Outre divers ouvrages concernant la liturgie et
l'histoire, on a de Bernon plusieurs écrits sur la
musique, ou plutôt sur le chant ecclésiastique.
Le premier a pour titre Tonarius , c'est-à-dire
règle des tons. Il est précédé d'une préface i
{Prologus ad ^onarmm) très-développée, qui [
contient l'exposé de la forme des tons, de leur !
nombre, de leurs caractères distinctifs , et des
intervalles qui y sont contenus. On y voit qu'au
lieu de huit tons, Bernon en compte neuf, parce
que le neuvième ( la, si,ut , ré , mi , fa, sol,
la ) n'est pas de la même espèce d'octave que ]
le deuxième Um, bien que la gamme soit sem-
.blabie dans tous les deux, parce que la finale et la
dominante sont différentes. Ce sont les chants
de ce neuvième ton qui , transposés une quinte
plus bas , à cause de leur trop grande élévation
pour les voix de basse , ont fait confondre ce ton
avec le premier, et ont introduit dans celui-ci
le bémol à la sixième note, par altération. Le
type du premier ton se voit dans l'hymne Ave,
maris Stella ;Umi les chants qui ne sont pas
conformes à ce type sont du neuvième ton trans-
posé. Les récapitulations ou neumes des tons
dont Bernon donne l'explication dans son Tona-
rius sont empruntées au chant de l'Église grec-
que. Ces neumes avaient des avantages que n'ont
pas celles du chant romain, à savoir, que non-
seulement leurs formes de chant, mais leurs
noms faisaient connaître immédiatement la nature
autlientique ou plagale du ton par leurs ter-
minaisons barbares, en œane pour les authen-
tiques, et œanis ou aeagis pour les plagaux ; et de
plus elles indiquaient l'ordre numérique du ton,
ou authentique ou plagal, par la forme du mot
entier; avantage que n'a pas dans le chant ro-
main la contraction du seculornm amen dans
VEuoux. Le second ouvrage de Bernon est un
traité des différences des psaumes et des modu-
lations de leur chant ( De varia Psalmorum
atque cantuum modulatione ). Il renferme des
recherches philologiques très-curieuses, et l'au-
teur y fait preuved'nne érudition solide etde plus
de critique que l'on n'en trouve chez les écri-
vains de son temps. Le petit trailé De Consona
tonorum diversitate est le troisième ouvrage
connu de Bernon. L'auteur a pour objet de don-
ner quelques instruclions sur l'usage des chants
d'espèces différentes dans l'office divin, tels que
les répons, antiennes, invitatoires , graduels,
offertoires, etc. L'abbé Gerbert a inséré les trois
opuscules de Bernon dont on voit ci-dessus le
contenu dans sa collection intitulée Sc7-i/)?ore5ec-
clesiastici de Musicasacra potissimum, tome
V, p. 61-124, d'après un manuscrit du 12^ siècle
qui existait à l'abbaye de Saint-Biaise, et qu'il
a collationné avec d'autres de Leipsick , des ab-
bayes deSaint-Emeran, d'Aimont etd'Ottobeuern.
Malheureusement il en a supprimé tous les
exemples en notation neumatique qui se trouvent
dans un beau manuscrit de la Bibliothèque F«Z-
licellana, à Rome. Précédemment, le béné-
dictin Bernard Pez avait publié la préface du
Ton ariws dans son Thésaurus Anecdotorum,
t. IV, p 69-72 , et il avait donné l'introduction
dupetittraitéZ)e Consona tonorum diversitate ,
t. V, p. 199-201 du même ouvrage. Trithèrae
a signalé l'existence d'un autre ouvrage de Ber-
non (Chron. Hirs., t. I, p. 160) , lequel avait
pour titre : De instrumentis musicalibus, et
378
BERNON — BERINSDORF
(jiii commençait par ces mots : Musicam non
esse cantum. Vossius ( De Scient. Mathem.,C.
60 , n° 7 ) dit que ce livre est dMié à Aribon , ar-
chevêque de Mayence. Il paraît, d'après ce ren-
seignement , que le savant hollandais l'avait vu ;
mais il n'indique pas le lieu où se trouvait le
manuscrit, et l'on n'en connaît pas de copie au-
jourd'hui. Dans un manuscrit de la bibliothèque
Pauline de Leipsick , côté n" 31 ( V. Catalogue
des manusc. de la Bïblioth. Pauline, p. 308,
Leipsick , 1686, in-12) lequel contenait divers
ouvrages de Bernon, on trouvait un petit traité
De Mensura Monochordis , qui lui est attribué.
L'auteur de l'article qui concerne Dernou, dans
la Nouvelle Biographie générale publiée par
M.M. Didot frères, dit, au sujet de ce traité : «dans
« la mesure du monochorde il (Bernon) parait
.. s'être écarté de la règle de Boèce , d'accord en
« cela avec Gui d'Arezzo, son contemporain, qui
« supposait un seul ton dans le tétracorde! »
On ne sait ce que cela signifie; car il est impos-
sible de concevoir un tétracorde dans lequel il
n'y aurait qu'un seul ton. L'auteur de l'article
a-til voulu dire «n seul demi-ion? En quoi
Gui d'Arezzo et Bernon se seraient-ils écartés
de Boèce sur ce point? Boèce, comme tous les
musiciens de tous les temps et de tous les lieux,
n'a jamais songé à mettre plus d'un demi-ton dans
un tétracorde quelconque, puisque cela ne se
peut. L'auteur de l'article a fait un non sens.
BER^^OUlLLI (Jean), professeur de ma-
thématiques et de physique à Bâle, et l'un des
plus grands géomètres de son temps, naquit à
Bàle , le 27 juillet 1667 , et mourut dans la même
ville le 2 janvier 1747. 11 fut de toutes les sociétés
.savantes de l'Europe. On trouve dans la 3' par-
tie deis Mi-moires de l'Académie des Sciences de
Pétersbourg (1732) une dissertation dont il est
auteur, et qui est intitulée : Erfindnngen von
dem Schuinge der ausgestreekten Chorden,
wenn dieselben mit Gewichten von vérschiC'
dener Schwere, cher in gleicher Entfernung
beschweret sind ( Découverte des vibrations
des cordes flexibles, etc.)
BERNOUILLI ( Daniel ), célèbre géomètre,
né a Groningue, le 19 février 1700. Ses études
se tournèrent d'abord vers la médecine, dans
laquelle il prit le grade de docteur; mais son
génie l'entraînait vers les mathématiques , dont
son père, Jean Bernouilli, lui avait donné des
leçons. Il fut appelé à Pétersbourg pour y en-
seigner cette science; mais en 1733 il revint
dans sa patrie, où il obtint d'abord une chaire
d'anatomie et de botanique, puis une de physique,
à laquelle on réAinit une chaire de philosophie spé-
culative. 11 fut membre des Académies de Berlin,
de Saint-Pétersbourg, de la Société Pvoyale de
Londres, et associé étranger de l'Académie Royale
des Sciences de Paris. 11 est mort à Bâle, le
17 mars 1782. On lui doit plusieurs dissertations
relatives à Vacoustique , savoir : 1° Reeher-
c/ies physiques, mécaniques et analytiques sur
le son et les tons des tuyaux d'orgue diffé-
remment construits (Mém. de l'Acad. Roy. des
Sciences, 1762, p. 431-485).— 2° Recherches sur
la coexistence de plusieurs espèces de vibra-
tions dans le même corps sonore ( Voy. Mém.
de l'Acad. de Berlin, 1753 et 1765, et Nov. com^
ment. Acad. Petrop., iom. XV et XIX). Il a pro-
posé une explication ingénieuse de la production
dessonsharmoniques;mais Lagrange a démontré
qu'elle n'est pas fondée.
BERIMOUILLÏ (Jacques), neveu du pré-
cédent, géomètre et membie de l'Académie des
Sciences de Saint-Pétersbourg, naquit à Bâle, le 17
octobre 1759, et se noya en se baignant dans la
Neva, le 3 juillet 1789. Il a fait insérer dans les Mé-
moires de l'Académie deSaint-Pétersbourg (1787)
un Essai théorique sur les vibrations des pla-
ques élastiques rectangulaires et libres. Ce
sujet a fixé plus tard l'attention de Chladni, qui
y a fait de,- belles découvertes, et a été posté-
rieurement l'objet des travaux de plusieurs sa-
vants géomètres. Voy. Germain (M"*^).
BERI\SDOÎ\F (Edouard), né à Dessau, le
20 mars 1825, a étudié la composition avec
Frédéric Schneider, puis avec Marx , à Berlin.
Il s'est fixé à Leipsick comme professeur de mu-
sique, compositeur et écrivain sur son art. Ses
compositions consistent en pièces pour le piano
et en Lieder. 11 s'est chargé de la rédaction de
YUniversal Lexicon der Tonkunst, entreprise
par le docteur Jules Schladebach, avec la coo-
pération supposée, mais non réelle, de Liszt,
Marschner, Reissiger et Spohr, puis abandonnée
par le fondateur après la publication de la troi-
sième livraison, formant les 240 premières pages
du premier volume. Après une longue interrup-
tion, l'éditeur, M. Robert Schaefer, de Dresde,
annonça, par une note publiée le 24 juin 1856,
le changement de rédaction de l'ouvrage , con-
fiée désormais à M. Bernsdorf. Depuis lors les
livraisons se sont sucxédé avec régularité.
Le nouveau rédacteur de ce Dictionnaire univer-
sel de musique a fait preuve de zèle et d'intel-
ligence dans son travail. Moins étendu que le
Lexique de Schilling, plus développé que celui
que Gassner a publié sous le môme titre, en 1S49
(F. Gassner), le livre de M. Bernsdorf peut avoir
de l'utilité pour un grand nombre de lecteurs.
En 1858, une nouvelle interruption dans la pu-
blication du Lexiqne de M. Bernsdorf fit croire
BERNSDORF
BERR
q'ie l'onvra^e ne serait point arlicvé ; mais la
vingtième livraison vient de i)aiaître (janvier
1859 ) à Olfenbach, chez M. J. André : il y a donc
lieu de croire que !e livre sera terminé.
BEROALDO(PinLiP!'E), d'une famille noble
de Bologne, naquit en cette ville, le 7 décembre
I4â3. A l'âge de dix-neuf ans il établit une école
de belles- lettres à Bologne, puis à Parme et à
milan. II fut rappelé dans sa patrie pour y oc-
cuper une chaire de belles-lettres à l'université;
il conserva cette place toute sa vie, et mourut
le 15 juillet 1505. On a de lui un discours in-
titulé. : De laude musices ; Bâle, 1509.
BERR ( Michel), savant Israélite, membre de
la société des antiquaires de France et de beau-
coup d'autres sociétés savantes, est né à Nancy
en 1780. Il exerça à Paris la profession d'avocat,
(\\i'\\ abandonna pour se livrer à la carrière des
lettres. Parmi ses nombreux écrits, on remarque
une Dissertation sur la musique et sur Vélcgie
des Hébreux, insérée dans le Magasin encyclopé-
dique, tome XVI.
BERR (Frédéric), virtuose sur la clarinette
et sur le basson, naquit à Mannheim, dans le
grand-duché de Bade, le 17 avril 1794. Après
avoir servi en France, son père, Jacob Berr,
excellent musicien , alla s'établir à Frankentlial
sur le Rhin, à deux lieues de Worms, et y ensei-
gna la musique. Il donna à son fils, alors âgé de
six ans, des leçons de violon; plus tard il le
contraignit à jouer de la flûte, que le jeune mu-
sicien n'aimait pas , mais qui lui facilita dans la
suite l'étude du basson , son instrument de pré-
dilection. 11 étudiait celui-ci avec tant d'ardeur
et de persévérance, que souvent la fatigue lui
causait des défaillances. La sévérité de son père
obligea le jeune Berr, âgé de seize ans, à le
quitter, pour prendre du service dans le 39"^
régiment d'infanterie française, qui était à Landau.
Six mois après, il remplaça le maître de musi-
que, qui s'était retiré et qui le désigna comme son
successeur. Se trouvant dans la nécessité de
faire une étude particulière de la clarinette, parce
que c'est sur cet instrument que se règlent les
corps de musique militaire, Berr y appliqua ce
qu'il savait sur le violon, jouant sur celui-ci
avec expression les passages qu'il ne rendait
<iue d'une manière imparfaite sur la clarinette,
et se proposanttoujours pour modèles la justesse,
l'égalité de son et les nuances qu'il obtenait avec
l'archet. C'est par cette comparaison continuelle
du violon et de la clarinette que Berr est par-
venu , avec le temps , à la délicatesse et au fini
qu'on admirait dans son jeu. Son régiment ayant
été envoyé en Espagne , dans le cours de l'année
1810, il fit toutes les campagnes de la guerre
de la Péninsule , et ne rentra en France qu'en
1814. Il alla alors en garnison à Amiens, puis,
après la bataille de Waterloo , il fut envoyé ù
Douai, en 1816. L'auteur de cette Biographie
était alors orgafiiste dans cette ville. Berr, qui
jusque-là avait écrit d'instinct la musique qu'il
arrangeait ou qu'il composait, prit de lui quel-
ques leçons d'harmonie. A cette époque, le bas-
son était l'instrument qu'il jouait de préférence ,
et tel était son talent sur cet instrument, qu'à
l'exception de Mann, autrefois premier basson
des orchestres d'Amsterdam , celui qui écrit
cette notice n'avait jamais entendu d'artiste qu'on
put mettre en parallèle avec lui. Au commence-
ment de l'année 1817, le régiment dont Berr diri-
geait la musique s'éloigna de Douai; il profila
de cette circonstance pour aller à Paris , oîi il
obtint, en 1819, un engagement comme chef de
musique du 2° régiment suisse de la garde. Met-
tant à profit son séjour dans la capitale de la
France , il reçut des leçons de composition de
Reicha. C'est vers ce temps que Berr commença
à négliger le basson pour la clarinette. Une qua-
lité de son douce et moelleuse, une oreille déli-
cate et une intelligence parfaite qui lui faisaient
corriger les défauts de cet instrument , un goût
exquis et un talent naturel d'expression, tels
étaient les avantages de l'organisation de Berr,
pour devenir un clarinettiste de premier ordre :
le travail fit le reste.
En 1823 , une partie de la garde royale ayant
reçu l'ordre de se rendre en Espagne , l'artiste
ne voulut plus retourner dans ce pays, et donna
sa démission. A cette époque la santé de Gam-
baro, première clarinette du théâtre italien de
Paris, commençait à se déranger; le mal devint
chaque jour plus grave ; enfin l'artiste fut obligé
de cesser son service, et Berr lui succéda comme
première clarinette solo. C'est depuis ce temps
que sa réputation a toujours été grandissant , bien
qu'il ne se soit fait entendre que fort rarement
dans les concerts. Il ne lui a fallu, pour être con-
sidéré comme le premier clarinettiste de France,
que la perfection qu'il a mise dans les ritournelles
et dans les traits de clarinette répandys dans les
opéras du répertoire du théâtre italien.
Non moins recommandable comme compo-
siteur de musique pour les instruments à vent ,
Berr s'est fait en ce genre une brillante répu-
tation. On sait qu'en générai cette espèce de mu-
sique est également faible de conception et de
facture ; le goût a presque toujours manqué à
ceux qui l'ont traitée. Mieux inspiré , Berr a
composé des solos de clarinette et de basson
dignes d'entrer en parallèle avec ceux des meil-
leur.5 artistes pour les instruments à cordes ; ses.
380
BERR — BERTALI
morceaux de nnisiqne militaire peuvent soutenir
la comparaison de ce qu'on avait fait alors de
meilleur en Allemagne. Parmi ses nombreuses
produclions, on compte 500 morceaux de mu-
sique militaire , 40 suites d'harmonie , tir<ies de
divers opéras , deux concertinos pour le basson ,
quatre airs variés pour cet instrument, sept airs
variés pour la clarinette avec accompagnement
d'orcbesfre, d'harmonie, de quatuor ou de
piano, un divertissement, deux concertos, dix-
sept fantaisies pour piano et clarinette, des duos
pour deux clarinettes, une petite méthode pour
cet instrument. La plupart de ces ouvrages ont été
publiés à Paris, à Mayence, à Leipsick, etc. De-
puis longtemps il s'occupait de la rédaction d'une
méthode complète pour l'étude de la clarinette ;
il publia cet ouvrage sous ce titre : Traité com-
plet de la clarinette à 14 clefs. Manuel indis-
pensable auxpersonnes qui professent cet ins-
trument et à celles qui Vétudient. Paris,
Duverger, 1836, in-4'' de 104 pages. Ce livre a
été traduit en allemand par Lobe.
Depuis longtemps on regrettait qu'un artiste
si distingué ne fût point appelé à perfectionner
en France l'école delà clarinette, en général
défectueuse en ce pays ; à l'époque de la mort de
Lefebvre le jeune ( 1831 ), les vœux des amis de
l'art ont enfin été entendus, et Berr a été nommé
professeur de clarinette au Conservatoire de Paris.
Jl y a fait adopter l'usage allemand de l'ancheen
dessous, (jui offre les moyens de bien nuancer.
En 1832, il a été choisi comme première cla-
rinette et solo de la musique du roi ; et wi 1835,
il a été fait chevalier de la Légion d'iionneur. En
18.36, il fut chargé par le gouvernement fran-
çais de l'organisation 'd'un grjmtnase de musique
militaire, destinéà former des musiciens pourles
régiments, lien fut directeur jusqu'à sa mort, arri-
vée le 24 septembre 1838. Ses vues pour la bonne
éducation des artistes dans cette école avaient
été contrariées par l'inlluence des bureaux du
ministère de la guerre : Berr crut devoir fixer
l'attention publique sur cet objet, et ilahorda cou-
rageusement les obstacles dans une brochure in-
titulée : De la nécessité de reconstituer sur de
nouvelles bases le gymnase de musique, mili-
taire, pour améliorer les musiques de régi-
ments ; Paris, 1838, in-8° de 32 pages. Il n'eut
- jias la consolation de voir réaliser ses vues utiles,
car il mourut peu de mois après la publication
de cet écrit.
Deux frères de Berr se sont fait remarquer
comme des artistes distingués. Le premier, Henri
Berr, né en 1798, a été un tromboniste de la
première force; il était chef de nmsique du 36"
régiment; le plus jeune, rhiiiipc, né en 1804,
élève deFrédéric pourla clarinette, et très-bon mu-
sicien, était chef de musique du 14'^ régiment
léger.
BERR(J. EuNÈs). On a publié sous ce nom une
Mélhodenouvelle de clarinette à 6e< à 13 clefs,
d'après celle de Vanderhagen, augmentée de
toutes les nouvelles tablatures , des principes
raisonnes de Vinstrument , de trois nouvea-ux
duos et de 25 études mélodiques. Édition en-
tièrement refondue et arrangée d'après les
principes des écoles française et allemande.
Paris, Aulagnier, 1835, in-4o gravé. Une autre
édition a paru sous ce titre : Nouvelle méthode
de clarinette à 6 e< à 13 clefs, par J.-Eunès
Berr, augmentée de 45 pièces faciles, études
et duos progressifs. Paris , Meissonnier et Heu-
gel, 1839, in-4". Ces titres sont des supercheries
de commerce, et J.-Eunès Berr est un pseudo-
nyme choisi pour faire croire au public que l'au-
teur de l'ouvrage était Frédéric Berr ( Voxj.
l'article précédent. ) Le livre dont il s'agit n'est
que l'ancienne méthode de Vanderhagen {Voy. ce
nom), avec des additions de peu de valeur, prises
parfont et rajustées par un musicien obscur.
BERRETTA (François), né à Rome dans la
première moitié du dix-septième siècle, fut cha-
noine de l'église S. Spiriito in Sassia. Au mois de
septembre 1G78, il succéda à Antoine Masini dans
la place de maître de chapelle de la basilique du
Vatican, et en remplit les fonctions jusqu'à sa
mort, qui eut lieu le 6 juillet 1694. Les compo-
sitions inédites de Berretta se conservent dans
les archives de cette basilique; elles consistent en
Messes, Psaumes et Motets à seize et vingt-qua-
tre voix réelles , divisées en quatre et six chœurs.
On trouve en manuscrit dans la collection de
l'abbé Santini, à Rome, un In exitu Israël à 5
voix avec chœur de ripieno, un Te Deum à
8 et les psaumes Nisi Dominus , Domine
probasti. In exitu Israël, Jubilate deo, et
Mémento domine, également à 8 voix, de la
composition de Berretta. Caifabri a inséré des
psaumes de ce compositeur dans la collection
qu'il a publiée en 1683.
BERRETTARI (AtnÉUEN), surnommé
Ficsoli, parce qu'il était né dans la petite ville de
Fiesole, près de Florence, fut un compositeur du
dix-septième siècle, moine de l'ordre des Hiéronj
uiites. Onaimprimé de sa composition : 1» Misse
e Salmi ; Venise, 1G56. — 2° Compléta a 8 voci,
e Letanie a 8 voci correnti, con stromenti e
ripieni. o\}. 3; Venezia , op. Franc. Magni,
1656, in-4°. — 3° Mottetti a voce sola; in Ve-
nrzia, ap. Vincenti, 1646, in-4°.
BEPiTALÏ (Antoine) , maître de chapelle
de l'empereur d'Autriche, né à Vérone en 1605,
BERTAT.I — BERÏEAU
asi
occupa ce poste pendant quarante ans. On a la ilate
précise de sa naissance par cette inscription
placée au l)as de son portrait : JEtatis sux 59
ann. et 7 mens, in octobr 1654. On croit qu'il
vivait encore en 1680. Il a fait représenter à
Vienne plusieurs opéras, parmi lesquels on re-
marque : 1" Il re Gilidoro, favola dramma-
tica; 1059. — i" Gli amori d'Apollo con Cli-
zia; 1600. Ses autres compositions sont : 1°
Thésaurus musicus trium instrumentorum;
Dillingue, 1071, in-folio. — 2o Sonates à deux
violons et basse ;— 3° Missa, Kyrie a due so-
prani, alto, tenore e basso , due violini, due
viole ed onjano; — 4° Suonata anove, due
violini, viola di gamba, due cornetti,Jagotto,
c tre tromb. — 5° Magnificat a quattro voci.
On trouve à la bibliothèque royale de Berlin
l'hymne de ce maître Jesu redemptor, à 6 voix
et instruments, en manuscrit.
BERTALOTTl (Ange-Michel), néàBologne
vrfs 1605, apprit l'art du chant sous les meilleurs
maîtres de cette ville, puis à Rome. Il séjourna
dans la capitale du monde chrétien pendant les
années 1087 à 1689, puis retourna à Bologne,
où il forma de bons élèves pour le chant, et fut
maître dans plusieurs églises, particulièrement
pour l'enseignement du plaint-chant. L'Académie
des philharmoniques l'admit au nombre de ses
membres en 1703. Bertalotti est auteur de deux
traités dont un concerne le plain-chant et l'autre
le chant moderne ou figuré ; ces ouvrages ont
pour titres : 1° Régale utilissime per appendere
il canlo fenno ; Bologne i706, in-4°. Il y a plu-
sieurs éditions de ce livre faites à Bologne : la
quatrième a été imprimée par Lelio délia Volpe,
en 1744, in-4"de 44 pages. Il a été publié une
nouvelle édition de cet ouvrage à Bologne, en
1720, in-4'', sous ce titre : Jîegole per il canlo
fermo con un dialogo che serve tanto per esa-
minare, che per esser esaminalo, con una spie-
gazione de' tuoni, etc. — 2° Regole utïlissime
per il canto figurato ; Bologne, 171G, in-4°. On
a aussi de Bertalotti des solfèges à deux voix
intitulés : Sotfeygi a canto e alto; Bologne,
1"44, in-4" obi. lis ont été réimprimés dans la
même ville, avec l'addition de plusieurs solfèges
à trois voix, sous ce titre : Solfeggi a canto et
alto dati già aile stampe per commodo délie
scuole pie di Bologna. Nuova edizione con
aggiunta degli elementi del sotfeggio e di
terzetti; in Bologna nella stamperia di Lelio
délia Volpe, 1764 in-4v obi.
BERTAN5 (Lélio), né à Brescia, dans la
première moitié du seizième siècle, fut maître de
chapelle de la cathédrale de cette ville ; mais ayant
éprouvé quelques dégoûts dans sa patrie, il se
rendit à la cour du duc Alphonse de Ferrare.
Ce |)rince l'accueillit et fut si satisfait de ses ta-
lents, qu'il lui lit présent d'un collier de cinq
cents écus. L'empereur Rodolphe l'appela en-
suite aut)rès de lui ;mais Bertani préféra entrer
au service de l'évèque de Padoue. Il termina ses
jours à Brescia, en 1600, dans un âge avancé.
Bertani a beaucoup écrit, mais on n'a imprimé
de sa composition que des Mudrigali a chique
voci, libro primo , Brescia appresso Pietro
Maria Marchctli, 1584, in-4° ; des sonnets à
cinq voix, Venise 1586 et 1609, et des madrigaux
à six voix, livre premier, Venise, presso Bar-
tolomeo Magni, in-4°. Un de ces madrigaux a^
été inséré par Hubert Waelrant dans le recueil
qu'il a publié sous le titre de Sijmphonia ange-
lica; Louvain, Pierre Phalèse, 1554 in-4o obi.
Les collections intitulées : Il Lauro verde (Ve-
nise, Gardaue, et Anvers, Pierre Phalèse, 1591)
et II Trionfo di Dori (Venise, Gardane, 1596, et
Anvers, Pierre Phalèse, 160i), renferment quel-
ques autres madrigaux de Bertani. On trouve
aussi un sonnet à cinq voix de sa composition
dans la collection qui a pour titre : Corona di
dodici sonetti di Gio. Battlsta Zuccarini alla
gran duchessa di Toscana, posta in musica
da dodici eccellentissimi aulori a cinque
voci; Venise, Gardane, 1536.
BERTEA^Cet non BERTAUT, BER-
THAUT,ou BERTAULT ( ....), fondateur de
l'école de violoncelle de France, naquit à Valen-
ciennes, dans les premières années du dix-huitième
siècle(l), voyagea en Allemagne dans sa jeunesse,
et reçut des leçons de basse de viole d'un Bohé-
mien nommé Kozecz. Il devint d'une grande ha-
bileté sur cet instrument ; mais il y renonça dans
la suite pour le violoncelle, qui l'avait séduit par
la puissance de ses sons et par son large caractère
dans le chant. La vue d'un solo de Franciscello
décida de sa nouvelle vocation. Son taleijt effaça
bientôt celui de tous ses rivaux, et lorsqu'il ar-
il) M. Hédouin {voy. ce nom), dontrobligeance est bien
connue des artistes, a bien voulu, à ma prière, faire des
recfierches dans les registres de l'état civil à Valencieiines,
pour découvrir les prénoms de Berteau , ainsi que la date
de sa naissance. Après avoir feuilleté une multitude rie
registres et de liasses de papiers , on a trouvé un Cor-
neille Berteau, musicien, né à Valenciennes en 1736, Ois
de Martin Bei'teau, musicien aussi. Ce Corneille Berteau,
né en 1736, ne peut être le célèbre violoncelliste, puisque
celui-ci débuta au concert spirituel en 1739, suivant le
P. Caffiaux, qui fut son contemporain et le connut. Il y
a quelque vraisemblance que Martin Beiteau, père de Cor-
neille, fut un frère du virtuose. Les recherches de M. Hé-
douin ont eu du moins pour résultat de rectifier l'ortho-
graphe du nom de celui-ci; car on ne trouve ni Uertàut
ni Berthaut, ni enfin Bertault, dans les registres de l'état
civil à Valenciennes.
382
BERTEAU — BERTEZEN
riva à Paris, on le considéra comme un pro-
dige. Ce fut en 1739 qu'il parut pour la pre-
mière fois au concert spirituel, et qu'il y excita
l'admiration dans un concerto de sa composi-
tion. Il ne se passait pas d'année où on ne le
pressât de se faire entendre dans cette institu-
tion. Calfiaux, qui était son contemporain, dit
dans son histoire de la Musique (Mss. de la Bi-
bliothèque royale de Paris) : « Avec un talent
o extraordinaire, il n'a pas celui de faire sa for-
« tune; c'est assez le propre des hommes à ta-
» lent. Une anecdote qu'il a souvent racontée
« lui-même, va faire connaître son'génie. Tandis
« qu'il jouissait à Paris de la gloire de n'avoir
« aucun égal, un ambassadeur, ami de la musi-
« que, l'engagea à venir faire les délices d'une
<i nombreuse compagnie qu'il avait assemblée.
« Le musicien complaisant obéit. Il se présente,
<' il joue, il enchante. L'ambassadeur satisfait
" lui fait donner huit louis, et donne ordre de le
« conduire à son logis dans son propre carrosse.
<i Berlcau, sensible à cette politesse, mais ne
« croyant pas ses talents assez bien récompensés
" par un présent si modique, remet les huit
'< louis au cocher en arrivant chez lui, pour la
n peine que celui-ci avait eue de le reconduire.
« L'ambassadeur le fit venir un autre fois, et
« sachant la générosité qu'il avait faite à; son
"■ cocher, il lui fit compter seize louis , et or-
« donna qu'on le reconduisit encore dans sa
« voiture. Le cocher, qui s'attendait à de nou-
« veiles largesses, avançait déjà la main; mais
« Berteau lui dit : Mon ami, je t'ai payé pour
« deux fois. « L'opinion est unanime sur cet
artiste, et l'on ne peut douter qu'il n'ait possédé
un talent de premier ordre pour son temps;
malheureusement, son mérite était terni par un
penchant immodéré pour le vin, défaut assez
commun aux peintres, aux poètes et surtout aux
musiciens de cette époque.
Berteau est considéré à juste titre comme le
fondateur de l'éeole du violoncelle en France;
car il a eu pour élèves Cupis, les deux Janson,
et Duport l'aîné, qui ont propagé sa belle ma-
nière de chanter et la belle qualité de son qu'il
tirait de l'instrument. On lit dans le Diction-
naire des Musiciens de Choron et Fayolle, que
Duport le jeune fut aussi son élève ; c'est une
erreur; car Louis Duport était né à la fin de
l'année 1749, et Berteau mourut en 1756. Duport
eut son frère pour maître.
On trouve, dans les anciens catalogues des
éditeurs de musique de Paris, l'indication de
quatre concertos de violoncelle composés par
Berteau et qui furent exécutés par lui au con-
cert spirituel. Vers 1320 un concerto pour cet
instrument a été publié à Paris, chez Henz Jouve;
j'ignore si c'est une nouvelle édition d'un de ses
anciens concertos. Berteau avait aussi composé
trois livres de sonates pour violoncelle et basse
qui ont été gravés à Paris.
BERTELMAN (J.-G.), professeur à l'école
royale de musique d'Amsterdam, membre de la
Société hollandaise pour les progrès de la mu-
sique, et de l'Académie de Sainte-Cécile de
Rome, est né en 1785. En 1S45 il a dirigé la
grande fête de chant à Clèves. La société de
Hollande pour les progrès de la musique a cou-
ronné, en 1835, une messe solennelle de la
composition de cet artiste et l'a publiée en
partition, sous ce titre : Missa auctoreJ. G.
Bertdman édita a Societate hollendica mu-
sicae promovendx ; Hagse comitis, apud Fr.
Benster, in-fol. Bertelman a fait exécuter à
Amsterdam, en 1836, une grande cantate avec
orchestre. On connaît de lui plusieurs recueils
de chants à plusieurs voix, entre lesquels on
remarque douze chants à quatre voix d'hommes.
BERTELSMANN (Charles-Auguste), pro-
fesseur de musique à Amsterdam , est né le 3
aoilt 1811 à Giitersioh, ville de la Westplialie.
Après avoir reçu la première instruction dans
l'école élémentaire de ce lieu, il fut envoyé par
sa mère au séminaire de Sœst ou Sost, dans la
même province. 11 y continua ses études et y ap-
prit la musique. A l'âge de dix-huit ans, il se
rendit à Darmstadt, auprès de Rink, qui lui donna
des leçons d'orgue et de composition. A cette
époque, ses premiers essais dans la musique
furent publiés dans le journal d'orgue qui
paraissait à Mannheim. La loi sur le recru-
tement militaire en Prusse l'obligea de servir
pendant un an dans un régiment ; mais il reçut
ensuite un congé illimité, et à l'âge de vingt et un
ans, il obtint une place de professeur de musi-
que au séminaire de Sœst. 11 en remplit les
fonctions pendant plusieurs années; puis, à
l'automne de l'année 1838, il accepta la position
de professeur de musique au séminaire d'Ams-
terdam, lia publié de sa composition : Quelques
pièces d'orgue dans le recueil de Mannheim. —
douze chants à 4 voix (soprano, contralto, ténor
et basse) , op. 3 ; Essen , Baedeker. — Six Lieder
à voix seule, avec piano; Mannheim, Heckel. ■ —
Chants en chœur pour des voix d'hommes;
Mayence , Schott. — Hymne pour des voix
d'hommes; Cologne, Edi.—Wein-Constihition,
solo pour voix de basse, avec un chœur d'hom-
mes; Mayenee, Schott. — Quatre Lieder pour voix
decontralto (ou baryton) , avec piano ; Cologne,
Eck.
BERTEZEN (Salvador), professeur de
BERTEZEN — BERTIN
S83
chant, né en Italie de parents belges, a publié à
Rome, en 1780, un livre intitulé : Principi délia
tnusica, in-12. Dans la môme année il se rendit
à Londres, où il publia une nouvelle édition de
son livre en 1781, un volume in-s" de cent
quatre-vingt-trois pages avec dix-huit planches.
Bertezen avait destiné son livre aux jeunes gens
qui commencent l'élude de la musique; mais la
méthode élémentaire y manque. C'est plutôt un
recueil assez estimable de bonnes observations
critiques et historiques, sur les points les plus
importants de la théorie musicale, qu'un traité
de musique. On y trouve du savoir et de l'éru-
dition. Bertezen paraît avoir aperçu les di'fauts
de son ouvrage, considéré comme livre élémen-
taire, car il en (it im abrégé réduit aux princi-
pes les plus utiles, qu'il publia en italien et en an-
glais, sous ce titre : Extract of tlie work enti-
iled Principles of lUnsic by Salvador Ber-
tezen; Londres', 1782, in-S" de quarante-six
pages à deux colonnes avec quatre planches.
BERTII AUME (Isidore), violoniste distin-
gué, né à Paris, en 1752, eut un talent pré-
coce sur le violon, et joua avec succès au
concert spirituel à l'âge de neuf ans, en 1761. Il
dirigeait l'orchestre de ce même concert vers
1783. En 1788 il entra au théâtre de l'Opéra-Comi-
que en qualité de premier violon. Cet artiste avait
fait une étude sérieuse et suivie des œuvres classi-
ques des anciens violonistes italiens et français.
Sa manière n'était pas grande ; mais son jeu était
pur, et il se faisait particulièrement remarquer
par une rare justesse d'intonation. Il a formé
quelques bons élèves, parmi lesquels on remar-
quait Grasset, ancien chef d'orchestre de l'O-
péra-italien. Il a publié à Paris : 1° Sonates de
ciolon, dans le style de Lolli; — 2° Six solos
pour le violon, op. 2". — 3° Six dîios de vio-
lon, mêlés de petits airs, œuvre 3*. — 4" So-
nates de violon, op. 4*. — 5° Concerto de
violon, op. 5*. — 6° Symphonie concertante
pour deux violons, op. 6*. — 7° Sonates de
piano , avec accompagnement de violon , op.
7'. — 8° Six petites sonates pour le clavecin,
op. 8*. En 1791, Berlhaume sortit de France
avec beaucoup d'émigrés, et se rendit d'abord
à Eutin, dans le grand-duché d'Oldenbourg, où
il devint maître des concerts; quelques années
après il se fixa à Saint-Pétersbourg, où il fut
premier violon de la muisique particulière de
l'empereur. Il mourut en cette ville le 20 mars
1802.
BERTHÉ (François-Louis), littérateur et
amateur de musique, à Paris, né dans les der-
nières années du dix-huitième siècle, a publié en
1834 douze libretti pour les opéras français, avec
une préface sur ce genre de spectacle, et a fait
suivre cette publication de Beethoven, drame
lyrique, précédé de quelques mots sur l'ex-
pression en musique; et sur la véritable
poésie dans le drame lyrique; Paris, IJcnain,
1836, I vol. in-8° de 230 pages. La dissertation
sur l'expression musicale et sur la poésie lyrique
n'est pas en quelques mots, comme le dit l'au-
teur, car elle forme 146 pages : on y trouve de
bonnes vues et un bon sentiment de musique.
BERTHET (Pierre), musicien français du
dix-septièmesiècle et professeur de chant à Paris,
a publié : Leçons de musique, ou Exposition
des choses les phis nécessaires pour apprendre
à chanter sa partie à livre ouvert iParis, Bal-
lard, 1695, in-S» oblong. Cette édition est la
deuxième. J'ignore quelle est la date de la pre-
mière. Cet ouvrage n'a que quelques lignes de
texte; le reste, renfermé dans 47 pages, con-
siste en exemples notés.
BERTHOLDO. Voyez BERTOLDO {Sper-
in-Dio).
BERTHOLUSIUS (Vincent), organiste
au service des rois de Pologne et de Suède, au
commencement du dix-septième siècle, a fait im-
primer de sa composition : Cantiones sucrx
6,7, 8 et 10 voc. lib. l"; Venise, 1601, in 4°.
BERTI (Charles), maître de chapelle de l'é-
glise c?e^/a ISunziata, à Florence, vers la fin
du 16® siècle, a fait imprimer de sa composi-
tion : Magnificat octavi toni quinque voc,
Florence, 1593.
BERTI (...), hautboïste du théâtre de la
Scala, à Milan, né dans cette ville, et actuelle-
ment vivant (1854), a publié 18 caprices pour le
hautbois; Milan, Ricordi.
BERTIN (T. de la Doué), né à Paris vers
1680, fut maître de clavecin de la maison d'Or-
léans, et organiste de l'église des Théatins.
Vers 1714 , il entra à l'orchestre de l'Opéra
comme violoniste et pour y jouer du clavecin.
En 1734, il prit sa retraite et fut pensionné. Il
a donné au fhéâtie de l'Opéra : 1" Airs ajoutés
à l'opéra d'Alys, de Lulli. — 2° Cassandre,
en société avec Bouvart, en 1706. — 3° Dio-
mède, en 1710. — 4° Ajax, en I71G. — 5° Le
jugement de Paris , en 1718. — 6° Les plaisirs
de la campagne. On a aussi deux livres de
cantatilles de sa composition ; Paris, Ballard ,
sans date. Berlin est mort à Paris en 1745.
BERTIN (Exupèue-Joseph), célèbre anato-
raisle, naquit à Tremblay, près de Rennes, le 21
septembre 1712, et mourut à Gahard , près de la
même ville, le 25 février 178t. Il était membre
de l'Académie des Sciences de Paris. Berlin fut
un ardent antagoniste du svstcmo de Ferrein sur
384
BERTIN
la voix humaine. Au nombre du ses ouvrages
on remarque : 1° Lettre au docteur ... sur le
nouveau système de la voix, de Ferrein. La
Haye (Paris), 1745, in-8°. — 2° Lettre sur le
nouveau système de la voix et sur les artè-
res lymphatiques; Paris, 1748, iii-12. Ces
nouvelles lettres contiennent une réponse à
Montagnat {Voy. ce nom), qui avait pris la
défense de Feirein. {Voy. Fekrein.)
BERTIN (Jean-Honohé), acteur de l'Opéra,
connu sous le nom de Berlin Dilloy , fut d'a-
bord enfant de chœur, et débuta dans les rôles
de basse-taille, le 25 novembre 1792, dans
Castor et Pollux. On l'admit comme firemier
double peu de temps après, et il continua son ser-
vice en cette qualité jusqu'au 1^'' janvier 1SI7,
époque de sa retraite. Il a composé des messes,
des motets, et a arrangé en deux actes la mu-
sique A'Arvire et Évelina , pour la reprise de
cet ouvrage, en 1830. Berlin est mort à Ver-
sailles, en 1843.
liERTlN (M"* Louise-Angélique), née le
15 février 180b, aux Pioches, près de Bièvre, à
quatre lieues de Paris, puisa de bonne heure le
goût des arts dans sa famille, où les peintres,
les musiciens et les gens de lettres les plus
célèbres venaient avec plaisir, parce qu'ils y
étaient accueillis avec cordialité. La peinture
fixa d'abord son attention; mais, ne considérant
l'art que dans ses résultats, elle ne voulut com-
mencer à l'apprendre qu'en faisant un tableau,
et pour la première leçon, on fut obligé de lui
donner une toile et des pinceaux. Cette mé-
thode lui réussit. Mais bientôt son penchant
pour la peinture fut effacé par un goût passionné
pour la musique. Elle jouait du piano et possé-
dait une voix de contralto pleine d'énergie. L'au-
teur de cette Biographie fut appelé pour lui
donner des leçons de chant. Les progrès de
l'élève furent rai)ides et développèrent de plus
en plus son goût pour la musique dramatique.
Elle brûlait du désir d'écrire un opéra; mais
il n'entrait pas dans sa tournure d'esprit de.
commencer pour cela par apprendre l'harmonie
ni le contrepoint; il fallut lui enseigner à
écrire des airs, des morceaux d'ensemble et
des ouvertures comme on lui avait montré à
faire des tableaux ; méthode originale que le
professeur lui-même n'était pas fâché d'essayer.
m"" Berlin éciivait ses idées, qui, insensible-
ment, prenaient la forme du morceau qu'elle
voulait faire ; l'harmonie se régularisait de la
même manière, et l'instrumentation, d'abord
essayée d'instinct et remplie de formes insolites,
finissait par rendie la pensée du jeune compo-
siteur. En [Jiocédant ainsi, il se trouva qu'un
jour un opéra en trois actes, dont le sujet
était Gui Mannering, était achevé. Quelques
amis se réunirent autour du piano et essayèrent
cette production née d'une manière si singulière;
ils y trouvèrent ce qui y était en effet, de l'o
riginalité qui dégénérait quelquefois en bizarrerie,
mais surtout un sentiment énergique des situa-
tions dramatjques, qu'il était surprenant de
trouver dans une feuune. A mesure qu'on sa-
vait mieux cette musique, dont l'exécution était
difficile, on y découvrait des effets qu'on n'avait
pas aperçus d'abord. On voulut l'entendre avec
tous les accessoires qui pouvaient en donner
une idée complète : un petit théâtre fut élevé
dans une serre, à la campagne, un orchestre
lut rassemblé , et ce qu'on entendit fut de na-
ture à étonner , malgré les irrégularités de
formes et d'harmonie qui auraient pu offrir une
large part à la critique. Ce succès, car c'en était
un, décida de la vocation de M"° Berlin. Elle
écrivit avec plus de promptitude et de liberté un
opôra-comique de M. Scribe, qui avait pour titre
Le. Loup garou, et qui fut représenté au théâtre
Feydeau, le 10 mars 1827. Cet ouvrage, dont la
partition a été gravée à Paris, chez Schlesinger, fut
joué plusieurs fois de suite et fut ensuite monté
dans plusieurs villes des départements. Quoiqu'il
y eût plus d'habitude de faire dans Le Loup
garou que dans Gui Mannering , il y avait
moins d'effet dans la musique, parce que le
genre de la pièce n'avait aucune analogie avec
la manière de sentir du compositeur. M"* Ber-
lin se retrouva bien plus dans le cercle de ses
idées, quand elle entreprit d'écrire pour le théâ-
tre Italien un opéra de Faust, où toute l'é-
nergie de son âme put s'exhaler à l'aise. Cet
ouvrage fut représenté au théâtre Favart le
8 mars 1831. Bien que son exécution ait été
médiocre , on a pu juger qu'il renfermait des
choses profondément senties et souvent expri-
mées d'une manière originale. La partition de
Faust, réduite pour le piano, a été gravée, à
Paris, chez Schlesinger. M"*^ Berlin n'a pas re-
culé devant une entreprise plus grande et plus
difficile encore, car elle a écrit un opéra en cinq
actes sous le titre de Notre-Dame de Paris;
Victor Hugo a extrait lui-même le livret de cet
œuvre de son roman connu sous le môme titre.
L'ouvrage a été représenté à l'Opéra le 18 no-
vembre 1836: il n'a pas réussi.
RERTSN (Jean-Baptiste), ancien veneur du
roi Charles X et professeur de trompe dédiasse
à Paris, est auteur d'une Aoitvelle méthode de
trompe, ou Manuel raisonné, à l'usage des
veneurs et amateurs de chasse, etc. Paris,
chez l'auteur, 1840, in-4o. obi. de 24 pages, avei-
BERTIN — BKRTINI
38à
40 pa^es gravées d'airs et de signaux de chasse
pour une et deux trompes.
BEBTINI (Salvator), né à l'alerme , en
1721, eut pour premier maître de musique
P. Pozzuoio, père du célèbre professeur de mé-
decine dece nom. Après avoir fait ses étudesjus-
qu'à la logique, il fut envoyé au Conservatoire
de la Pietà, à Naples, où il apprit l'accompagne-
ment et le contrepoint sous la direction <le Léo.
Il resta huit années dans cette école. En (746,
Léo mourut; Bertini était alors âgé de vingt-
cinq ans, et venait d'achever ses études musi-
cales. La place de maître de chapelle de la
cour de Saint-Pétersbourg lui fut offerte; mais
la crainte de porter atteinte à son salut, en al-
lant dans un pays hérétique, lui fit refuser les
avantages qu'il aurait pu en tirer. La place fut
donnée à Manfredini. De retour à Palerme, Ber-
tini écrivit pour le théâtre de cette ville quelques
opéras qui furent bien accueillis par le public.
Ses succès lui valurent la place de maître de la
chapelle royale, en remplacement de David
Perez, qui, dans ce temps fut appeléà Lisbonne.
Après avoir fait un voyage à Rome et à Naples
pour y présider à la représentation de quelques-
uns de ses ouvrages, il revint à Palerme, et ne
s'occupa plus qu'à écrire «les messes, des psau-
mes, des oratoiios et d'autres compositions
pour l'église, parmi lesquels on distingue parti-
culièrement sa messe de Requiem composée
pour les obsèques du roi Charles III, en 1790,
im Miserere à deux chœurs, pour le service de
la chapelle royale pendant la semaine sainte, et
un autre Miserere à quatre voix pour les ven-
dredis du carême. Bertini est mort à l'âge de
soixante-treize ans, le 16 décembre 1794. On a
gravé à Londres Sonate ppr il cembalo e
violino, op. l'', sous le nom de ce compositeur.
BERTINI (L'abbé Josep»), fils du précé-
dent, naquit à Palerme.-vers 1756. Devenu maî-
tre de la chapelle royale de Sicile, il s'adonna à
la composition dans le style d'église, et écrivit un
grand nombre de messes et de vêpres. Il s'est fait
connaître aussi par la publication d'un livre in-
titulé : Dizionario Storico criiico degli scrit-
tori di niusica, Palerme, 1814, pelitin-4°, 4vo-
lumes. La plus grande partie de cet ouvrage est
puisée dans le Dictionnaire des Musiciens de
Choron et Fayolle; cependant on y trouve quel-
ques articles originaux sur les musiciens italiens,
qui ne sont pas dépourvus d'intérêt. Bertini vi-
vait encore à Palerme au mois d'août 1847, lors-
que M. Danjou visita la Sicile : il était alors
âgé de quatre-vingt-onze ans.
BERTIIVl (...), né à Tours vers 1750, reçut
son éducation musicale à la cathédrale de celte
BIOGR. OKIV. DES MUSICIENS. — T. I.
ville, et obtint, peu de temps après sa «ortie de la
maîtrise, la place de inaîlre de nuisiquc de la col-
légiale du Mans. Pendant le temps où il occupa
cette place, il écrivit plusieurs messes et beau-
coup de motets, qui sont restés en manuscrit.
En 1780, il se rendit à Lyon, essaya de se fixer
dans quelques villes du Midi, puis se rendit à
Paris pendant la révolution, et y donna des leçons
de piano et de musique vocale. Vers 1811, il
voyagea dans la Belgique, en Hollande et dans
l'Allemagne du Rhin pour y faire entendre son
jeune fils, Henri Bertini, déjà remarquable par
son talent d'exécution, quoique bien jeuneencore.
Bertini a cessé de vivre peu de temps après.
BERTIM (Benoît-Auguste), fils aîné du
précédent, pianiste habile, naquit à Lyon, le 5 juin
1780. Les premières leçons de musique lui furent
données parson père. En 1793,ilquilta Paris pour
aller à Londres, où il reçut des leçons de piano
et de composition de démenti, pendant six ans.
De retour à Paris, en 1806, il s'est fait entendre
dans les concerts du théâtre Louvois, en 1807,
et a publié jusqu'en 1818 plusieurs œuvres de
sonates pour piano, des^ fantaisies, des ron-
deaux, etc. En 1817 il lit graver lanuisique d'un
opéra intitulé Ze Prince d'occasion, qui avait été
refusé par les comédiens du théâtre Feydeau. Cet
ouvrage fut confié à Garcia pour qu'il en fit la
musique, et celle circonstance, affligeante pour
l'amour-propre de Bertini, le détermina à s'é-
loigner de Paris, et à se rendre en Italie. Pendant
plusieurs années il a vécu à Naples, où il donnait
des leçons de piano ; puisil est retourné à Londres,
et s'y livra à l'enseignement. On a publié à
Londres, vers 1830, sous le nom à^ Auguste Ber-
tini, un ouvrage qui a pour titre : Phonological
System for acquiring extraordinary facility
on ail musical instruments as tvell as in
singing (Système phonologique pour acquérir la
plus grande facilité sur tous les instruments, aussi
bien que dans le chant (l) : J'ignore s'il y a
identité entre cet auteur et Benoît Auguste Ber-
tini. Peut-être cet ouvrage n'est-il que le déve-
loppement d'un autre qui a été publié à Paris,
en 1812, sous ce titre : Stigmatographie, ou fart
d'écrire avec des points; suivie de la mélogra-
phie, nouvelle manière de noter la musique,
par A. Bertini,\n-it° de 11 pages. Celte mélogra-
phie est une application de la sténographie à la
musique-
BERTINI (Henri), frère du précédent, né
le 28 octobre i 798, à Londres, où son père s'était
établi depuis quelque temps, quitta celte ville à
(1) Voypï le Catalogxie of the universal circulating tMl-
sical library, de Grane et C«. Londres, 1353, p. 964.
25
386
BERTINI — BERTÏNOTTI
l'ûge de six mojs, et vint à Paris. C'est dans cette
ville qu'il reçut les premières leçons de musique.
Il eut ensuite pour maitre de piano son frère,
qui lui communiqua les excellents principes du
doigté de démenti. Doué des plus heureuses
dispositions naturelles, il (it de rapides progrès,
et acquit un talent distingué à un âgeoii la plupart
des artistes sont encore aux éléments de leur édu-
cation. A douze ans, il fit un voyage dans les
Pays-Bas, en Hollande et en Allemagne, pour y
donner des concerts. L'auteur de cette Biogra-
phie le rencontra à Bruxelles, en 1811. Déjà le
brillant de son exécution excitait l'admiration
des connaisseurs. Pendant ce voyage d'art, il
continuait de travailler avec soin sous la direc-
tion de son père. De retour à Paris, il y suivit un
cours de composition, puis il se rendit en Angle-
terre et en Ecosse, où il séjourna quelque temps.
En 1821, M. Bertini s'est fixé à Paris et nes'en
est éloigné momentanément que pour donner des
concerts dans les départements. Également re-
marquable comme compositeur et comme vir-
tuose, il s'est placé au rang des premiers ar-
tistes en son genre. Son talent d'exécution appar-
tient plutôt à l'école mixte dont Hummel est le
type, qu'à l'école actuelle. Il joue avec sagesse et
phrase avec largeur, sans renoncer toutefois au
brillant qui est dans la nature de l'instrument.
Comme compositeur il mérite une mention par-
ticulière, pour avoir su résister à l'entraînement de
la mode, et s'être fait un style grave qui s'allie
fo'rt bien avec des formes mélodiques et harmo-
niques d'un goût (in et délicat. Il a fallu beau-
coup de temps à M. Dfertini pour être connu et
apprécié à sa juste valeur ; son courage à persé-
vérer dans la route de la belle et bonne musique
a reçu sa récompense par l'estime que les con-
naisseurs et le public même accordent à ses
ouvrages. Ses productions, sont au nombre d'en-
viron deux cent* œuvres. On y remarque :
10 Trios pour piano, violon et violoncelle; —
2" Cinq sérénades en quatuor. — 3° Cinq sextuors
pour piano, 2 violons, alto, violoncelle et con-
tre-basse. — 4° Un nonetto pour piano et instru-
ments à vent. — 50 Environ douze suites d'étu-
des pour tous les degrés de force et formant un
nombre très-considérable de morceaux. — 6» Des
préludes. — 7° Des nocturnes. — 8° Un grand
nombre de rondeaux, fantaisies, caprices et diver-
tissements pour piano seul. — 9° des variations
sur des thèmes originaux ou sur des airs connus.
— lOo Une méthode de piano, etc. Tous ces ou-
vrages ont été imprimés et réimprimés à Paris,
dans la plupart des grandes villes d'Allemagne,
en Italie, en Espagne, en Angleterre et en Amé-
rique. En 1833, Bertini s'est associé à M. Ledhuy
pour la publication d'un ouvrage périodique in-
titulé Encyclopédie pittoresque de la musique,
dont les feuilles réunies ont formé un volume
in-4''. La partie littéraire et historique de celte
compilation était fort mal faite ; mais Bertini
n'y a pris part que par quelques jolis morceaux
de piano qu'il y a fait insérer. Cette entreprise
n'a pas été continuée. M. Bertini est maintenant
retiré à la campagne près de Grenoble (1859).
BERTINOTTI (Thérèse), cantatrice dis-
tingué*, est née à Savigliano, dans le Piémont,
en 1780. Elle n'avait que deux ans lorsque ses
parents, appelés à Naples par des affaires de fa-
mille, allèrent s'y établir. Dès l'âge de quatre
ans elle commença l'étude de la musique sous la
direction de Za Barbiera, artiste original et
type qui s'efface aujourd'hui du musicien napo-
litain. A douze ans , Thérèse Berlinotti dé-
buta dans une troupe d'enfants, au petit théâtre
San-Carlino, et y obtint un succès de vogue. Con-
tinuant ensuite ses études de chant, elle déve-
loppa les qualitésde son organe vocal, auxquelles
s'unissaient les avantages d'une rare beauté. Be-
cherchée par tous les entrepreneurs d'Opéras, elle
chanta à Florence, Venise, Milan et Turin, aux
applaudissements frénétiques des dilettantes. Ce
fut dans cette dernière ville qu'elle épousa son
compatriote Félix Badicati, violoniste et compo-
siteur distingué de musique instrumentale : ce-
pendant elle conserva toujours son nom de Ber-
tinotti au théâtre. Appelée à Vienne en 1805,
elle y eut de brillants succès pendant un séjour
de six mois ; mais l'invasion de l'Autriche par
l'armée française, et le départ précipité de pres-
que toute la noblesse, la décidèrent à retourner en
Italie. En 1807, elle fit une excursion à Munich,
y chanta à la cour, puis visita Vienne pour la
deuxième fois, et y retrouva le même accueil
qu'à sa première apparition. Ce fut alors qu'elle
reçut un engagement de Louis Bonaparte, roi
de Hollande; elle l'accepta, et se rendit à La
Haye. Plus tard des propositions lui furent
faites pour le théâtre italien de Paris; mais elle
les refusa, préférant aller à Londres, où elle de-
meura jusqu'en 1812, sauf quelques excursions
qu'elle fit en Irlande et en Ecosse, pour y don-
ner des concerts. A cette époque elle chantait au
théâtre de fJay-Market avec M"'* Catalani,dans
Cosifan tutte, et dans la Flûte enchantée , de
Mozart. De retour en Italie, elle s'arrêta à Gênes,
où elle trouva Federici (Frédéric), qui lui en-
seigna les règles et l'harmonie, et qui écrivit
pour elle les rôles de Zaira et de Virginia. Sa
grande réputation la fit engager pour le théâtre
de Lisbonne à la fin de l'année 1812. Elle y
trouva la même faveur publique 'juc dans
BERTINOTTI — BERTON
387
toutes les autres grandes villes où elle s'était fait
entendre. Des affaires de famille l'ayant appelée
à Bologne en 1814, elle s'y rendit; mais à peine
y était-elle arrivée, qu'un nouvel engagement lui
fut offert pour le théâtre italien de Paris : cette
fois elle l'accepta; mais au moment oii elle se
disposait à partir de Turin pour Paris, on apprit
le retour de l'Empereur de l'ile d'Elbe et le dé-
part de la famille royale de la France. Cet évé-
nement lit prendre à M™* Bertinotti la résolution
de retourner à Bologne, où elle avait placé ses
économies. Son mari y obtint la direction de
l'orchestre du théâtre, la place de premier vio-
lon à l'église Saint- Petronio et celle de profes-
seur au Lycée communal de musique; Un évé-
nement funeste la priva de son époux, en 1823:
ses chevaux ayant pris le mors aux dents,
ils s'emportèrent et jetèrent la voiture dans
un précipice. Radicati fut tué sur le coup et
l'ébranlement nerveux que sa femme ressen-
tit de cette catastrophe mit ses jours en danger.
Après sa guérison, elle prit la résolution de se
retirer du théâtre; mais elle continua de résider
à Bologne, et forma quelques bons élèves pour
le théâtre, au nombre desquels on compte Rita
Galuissi et Louis Zamboni. M"" Bertinotli vivait
encore à Bologne en 1849. Les journaux qui ont
annoncé sa mort en 1806 étaient mal informés.
Cette erreur a été reproduite dans les lexiques
de Schilling et de Gassner.
BERTOLA (Jean -Antoine), compositeur
italien qui vivait au commencement du dix-sep-
tième siècle. Il a publié : Salmi intieri a cin-
ywe wod; Venise, 1639, et Sonata per il fa-
gotto e bassocontinuo;\b\à.
BERTOLAZZI ( Marguerite ) , cantatrice
italienne, faisait partie de la troupe decornédiens
italiens que le cardinal Mazarin fit venir à Paris
en 1645, et qui joua jusqu'en 1652 à l'hôtel du
Petit-Bourbon. Ce fut dans le chant du pro-
logue d'une pièce intitulée La Folle supposée,
de Strozzi, que Marguerite Bertolazzi se lit sur-
tout remarquer. On manque de renseignements
sur l'époque où elle quitta le théâtre et sur celle
de sa mort.
BEBTOLDO ou BERTOLDÏ (SrE-
RANnio), organiste de la cathédrale de Padoue,
naquit à Modène en 1530. Il eut un talent distin-
gué comme organiste et comme compositeur; les
preuves de son mérite se trouvent dans les ou-
vrages suivants de sa composition : Il primo
libro di Madrigali a 5 voci, con un Eco a 6
vocied un dialogo a otto; Venise. Ant. Gar-
dane, 1561, in-4°, obi. — 1° Il seconda libro
de' Madrigali a 5 voci; ibid., 1562, in-4» obi.
— 3° Toccaie, ricercari e cnnzoni fraiiccse in
tavolatura per VOrgano ; ihid. 1561, in-fol. Il ne
faut pas confondre Bertoldi (Sperandio) avec
le P. Bertholdo Spiridione, carme du couvent
de Saint-Théodore, à Bamberg, et organiste cé-
lèbre, qui vécut dans la seconde moitié du dix-
septième siècle ( Voy. Spiridione). Bertoldi n'é-
tait pas ecclésiastique : il se maria à Padoue ,
n'eut point d'enfants de sa femme Cassandra
Castagnola, et mourut le 13 août 1570, à l'âge de
quarante ans. Sa veuve fit placer sur son tom-
beau l'épilaplie suivante, qui a fourni les éléments
de cette notice, et qui est rappo rtée par Salomoni
{Inscript. Palav., p. 209) : Spera-in-deo Ber-
toldo Mutinensis Miisico Excellent, ac Orga-
nistse Cathedr. Palavinx Prob. Cassandr ■
Castagnola (sic) conjux opt. id monmncnti ol-
incredibilem erga eum amorem facienduni
curavit. Vixitann. XL. Quievit Idibus Aug.
MDLXX.
BERTOLOTTI ( Louise ), née à Bologne
en 1740, y apprit le clavecin et l'art du chant.
Après avoir chanté sur plusieurs théâtres d'Italie,
elle passa, en 1760, au service du duc Clément
de Bavière. Quelques années après, elle ht un
voyage et visita les princijiales cours de l'Alle-
magne. Elle chanta avec un succès extraordinaire
à Berlin, à La Haye , etc. Après la mort du duc
Clément, arrivée en 1770, elle fut mise à la pen-
sion. Cette cantatrice est morte à Munich, en
1798.
BERTOLUSI (Vincent), compositeur, né à
Mantoue, vers la fin du seizième siècle, a publié :
Sacrarum cantionum 6, 7, 8 et 10 vocibvs,
lib. I. Bodenchatz a placé deux de ces motets
dans sa collection intitulée : Florilegii musici
Portensis.
BERTOIV (Pierre-Montan), né à Paris en
1727, est mort dans la même ville en 1780. A
l'âge de six ans, il lisait la musique à première
vue ; à douze, il avait déjà composé des motets
qu'on exécutait à la cathédrale de Senlis. Quel-
ques années après il entra à l'église Notre-Dame
de Paris, pour y chanter la basse-taille. Eu (744,
il débuta à l'Opéra, où il resta deux ans. N'ayant
pu vaincre sa timidité, il partit pour Marseille,
et y joua les rôles de secondes basses pendant
deux autres années ; mais ayant ensuite renoncé
au théâtre , il alla à Bordeaux en qualité de chef
d'orchestre. A cette époque, il commença à écrire
desairs de ballets qui eurent beaucoup de succès,
ce qui le détermina à se fixer à Bordeaux, où il
remplit les fonctions d'organiste de deux églises et
de directeur du concert, sans renoncer à sa place
de chef d'orchestre du théâtre. La place de
chef d'orchestre de l'Opéra de Paris étant de-
venue vacante par la mort de Boyer (en 1755),
2.5,
388
BERTON
lierton se présenta au concours, et l'emporta sur
ses rivaux. Rebel et Francœur ayant demandé
leur retraite en 1767, Trial et Berton obtinrent
l'entreprise de l'Opéra; mais deux ans après ils
demandèrent la résiliation du bail qu'ils avaient
fait à leurs risques et périls, ce qui leur fut ac-
cordé. Ils restèrent cependant directeurs du
spectacle avec Dauvergne et Joliveau jusqu'en
1774. Alors Berton |fut nommé administrateur
général, en survivance et conjointement avec
Rebel. En 1776 les commissaires des Menus-
Plaisirs s'étant cliargés de l'Opéra pour le
compte du roi, Berton obtint encore le titre de
directeur-général de ce spectacle. Ce fut alors
qu'il parvint à faire rendre un arrêt du conseil
qui fixait sa pension pour l'avenir, à tout évé-
nement. Cette circonstance fut beureuse pour
lui ; car Devismes ayant obtenu l'entreprise de
l'Opéra pour son compte, en 1778, Berton prit
sa retraite avec la jouissance d'une pension de
8,000 fr. Déjà, en 1767, il en avait eu une de
1,000 francs, comme ancien maître de musique,
et une antre, en 1772, comme compositeur. A
la retraite de Devismes, il redevint encore
directeur de l'Opéra, en 1780; colle rentrée
lui fut fatale. A la reprise de Castor et Pollux,
qui eut lieu le 7 mai de cette année, il voulut di-
riger lui-même l'exécution musicale; mais la
fatigue qu'il en ressentit lui causa une imaladie
inflammatoire dont il mourut sept jours après.
En 1768, il avait obtenu la survivance de De
Bury comme chef d'orchestre de la chapelle du
roi ; il devint titulaire de cette place en 1775.
Précédemment il avait été admis comme violon-
celle de la chambre, en dédommagement de ce
qu'il avait battu la mesure à tous les grands
spéciales de Versailles, sans recevoir de gratifi-
cation. Berton possédait à un haut degré l'art
de diriger un orchestre, et ce n'était pas un petit
mérite à l'époque où la plupart des symphonis-
tes étaient dépourvus de talent. Il fut le premier
qui, sous ce rapport, donna l'impulsion vers un
meilleur système d'exécution, et son talent fut
d'un grand secours au génie de Glucl», pour intro-
duire dans l'orchestre de l'Opéra des réformes
devenues indispensables. Ce fut sous son admi-
nistration que cet artiste et Piccinni furent ap-
pelés à Paris, et que s'accomplit la grande ré-
volution de la musique dramatique en France.
Conune compositeur, Berton a doimé : 1°
Deucalion et Pyrrha, opéra en cinq actes, en
société avec Giraud (1755). — 2° Quelques
morceaux dans Les Fêtes vénitiennes, en 1759.
— 30 Chœurs et airs de danse ajoutés à l'opéra
de Camille, musique deCampra, en 1761. —
4° Érosinc, parol(BS de Montcrif , en 17G8, —
5" Chœurs et airs de danse pour Viphigénie
en Tauride, de Desmarets, en 1766. — 6° Sylvie,
en société avec Trial, au mois de novembre
1766. ^7° Théonis, en société avec Trial et
Granier, au mois d'octobre 1767. — Amadis des
Gaules, de Lulli, refait en collaboration avec La
Borde, 1772 — 9" Adèle de Ponthieti , a\œ
le même, 1773. — \Qo Belléroplion , de LuWi,
arrangé pour la cour, en société avec Granier,
1773. — 1 1° Issé, du même , arrangé pour la
cour, dans la même année. — 12o Les diver-
tissements de Cythère assiégée, de Gluck, en
1775. Enfin, Berton a ajouté plusieurs morceaux
aux opéras de Castor et de Dardanus, de Wa-
meau, entre autres, la Chacone, qui a eu quel-
que célébrité sous le nom de Chacone de Ber-
ton. Ce musicien a partagé avec quelques autres
artistes le soupçon de n'être pas l'auteur des
ouvrages donnés sous son nom , malgré le té-
moignage de Francœur, qui l'avait suivi dans
tous ses travaux. La veuve de Berton obtint
une pension de 3,000 francs, et son fils en eut
une autre de 1,500 francs, par brevet du bureau
de la ville, en date du 22 juillet 1780.
BERTON (Henri-Montan), fils du précé-
dent, né à Paris le 17 septembre 1767, est mort
dans cette ville le 22 avril IS44. Dès l'âge de six
ans il apprit la musique ; à quinze, il entra comme
violon à l'orchestre de l'Opéra. La première an-
née (1782) il ne fut que surnuméraire; mais un
an après on l'admit comme titulaire. Son pre-
mier maître de composition fut Rey, chef d'or-
chestre de l'Opéra, qui ne parut pas apercevoir les
heureuses dispositions de son élève. Sacchini
fut le deuxième; non qu'il ait enseigné à Berton
le mécanisme du contrepoint ou de l'harmonie;
mais il lui donna des conseils sur la disposition
des idt'es mélodiques, sur la modulation et la
conduite des morceaux de musique dramatique.
Ce genre d'éducation dans l'art d'écrire, peut-
être un peu superficiel, était le seul que le jeune
compositeur pût recevoir ; car je ne crois pas
qu'il y eût alors en France un seul homme, à
l'exception de Gossec,qni eût des connaissances
réelles dans la théorie du style scolastique , et
même il n'est pas certain que Gossec eût des
idées nettes à cet égard. Quoiqu'il en soit, en-
traîné comme il l'était par un pencliant irrésisti-
ble vers la musique du théâtre, Berton ne pou-
vait avoir de meilleur guide que Sacchini. Une
partition, alors nouvelle, fixa son attention
et devint son modèle dans l'art d'écrire : c'était
la Frascatana de Paisiello ; il y puisa le pen-
chant à la simplicité qui est considéré comme
un des caractères distinctifs de son talent.
Animé du désir de se faire connaître, il parvint
BERTON
389
à se procurer un livret d'opéra dont le titre
était La Dame invmble, et li en composa la
musique. Mais à peine cet ouvrage fut-il achevé,
qu'il éprouva l'inquiétude la plus vive sur le
jugement qu'on en porterait. Une dame, qui con-
naissait Saccliini, se chargea de lui mettre sous
les yeux la partition du jeune musicien. L'artiste
célèbre y ayant trouvé le germe du talent, de-
manda à voir l'auteur, le rassura contre ses
craintes, et l'engagea à venir travailler chez lui
tous les jours. En 1786, Berton, âgé de diîi-neuf
ans, (it entendre ses premiers ouvrages au con-
cert spirituel ; ils consistaient en oratorios ou
cantates. L'année suivante il donna son premier
opéra à la Comédie italienne, sous le titre des
Promesses de mariage : cette légère produc-
tion fut favorablement accueillie. Plusieurs ou-
vrages succédèrent rapidement à ce premier essai,
et confirmèrent les espérances qu'avait fait naître
le talent de leur auteur ; mais le premier opéra
où sa manière individuelle commença à se des-
siner fut celui dont Fiévée lui fournit le livret,
et qui avait pour titre Les Rigtteiirs du cloUre.
On y remarqua particulièrr^ment un chœur de
nonnes, de l'effet le plus comique et le mieux
senti. A l'époque où i^arut cet ouvrage, l'effer-
vescente révolutionnaire imprimait aux arts une
direction analogue aux idées énergiques du
temps. Méhul, Chérubini venaient de faire en-
tendre un genre de musique empreint de cette
énergie, à laquelle la grâce était peut-être un peu
trop sacrifiée. 11 était difficile que Bertou ne
cherchât pas à satisfaire les besoins du moment
dans ses compositions'; mais en suivant la route
nouvelle, il ne se fit pas le copiste de ceux qui
l'avaient tracée, et le développement de son in-
dividualité resta le constant objet de ses tra-
vaux. Ponce de Léon, dont il avait fait le
livret et la musique, Mont.ano et Stéphanie, et
Le Délire furent les œuvres principales de cette
période de sa vie.
Le Conservatoire de musique de Paris ayant
été organisé en 1795, Berton y fut appelé comme
professeur d'harmonie, Nomméen 1807 directeur
de la musique de l'Opéra italien, qu'on appelait
alors V Opéra buffa, il en remplit les fonctions
jusqu'en 1809. Ce fut pendant sa direction
qu'en entendit à Paris, pour la première fois, les
ISozze di Figaro, que Mozart avait écrites vingt
ans auparavant. Ce chef-d'œuvre commença la
réforme du goût de la musique en France, et fit
comprendre à une population ignorante de l'art
le charme que les richesses d'harmonie et d'ins-
trumentation peuvent ajouter à de belles mélo-
dies. A sa sortie du Théâtre italien, Berton ob-
l.iot sa nomination de chef du chant de l'Opéia;
il garda cette place pendant que Picard dirigea
l'Opéra, c'est-à-dire jusqu'à la fin de 1815. Au
mois de juin de cette année, le nombre des
membres delà section de musique de l'Institut
ayant été porté à six, au lieu de trois, Berton
fut désigné, avec Catel et Chérubini, pour com-
pléter ce nombre. Peu de temps après, le roi le
fit chevalier de la Légion d'honneur. La désor-
ganisation du Conservatoire avait été la .suite
des revers de la France, en 1815; l'année sui-
vante, l'intendance des Menus-Plaisirs du roi
le rétablit sur de nouvelles bases, et Berton y
fut appelé comme prolésseur de composition et
comme membre du jury d'examen. En 18;}4 il
fut fait officier de la Légion d'honneur. 11 était
aussi décoré de plusieurs ordres étrangers.
L'instinct de la scène se fait remarquer dans
toutes les bonnes productions de Berton; cet
instinct est un des traits dislinctifs de son lak-nt,
complété par une certaine originalité de mélo-
die, d'harmonie, de modulation et d'instrumen-
tation. La musique de cet artiste a un caractère
d'individualité si prononcé, qu'elle ne laisse
jamais de doute sur le nom de son auteur. Ce
n'est pas cependant qu'elle n'offre qu'un type
unique; Montana et Stéphanie, Le Délire, et
Aline, présentent des variétés de systèmes très-
sensibles. Dans ces ouvrages, Berton a su co-
lorer sa pensée de la manière la plus convenable
aux situations. On voit un exemple fort remar-
quable de son heureuse facilité à cet égard
dans l'opposition du style oriental dont le premier
et le dernier acte à' Aline sont empreints, et de
la fraîcheur provençale du second acte du
même ouvrage. Malheureusement l'artiste à qui
l'on doit ces estimables productions n'a pas
toujours mis le même soin aux œuvres qui suc-
cédèrent aux opéras qui viennent d'être nommés;
la négligence se fait apercevoir dans un grand
nombre de ses ouvrages. D'ailleurs , lorsque
vint le temps où l'imagination avait perdu son
activité, Berton ne sut pas s'arrêter; il continua
d'écrire, accordant trop de confiance aux pro-
cédés de l'art et à l'expérience. C'est ainsi que
ses derniers ouvrages n'offrent guère que des
réminiscences affaiblies de ses anciennes pro-
ductions. Montano et Stéphanie est signalé de-
puis long-temps comme le chef-d'œuvre de cet
artiste ; je croîs qu'il n'y a pas moins de mérite
dans Le Délire et dans Aline, ouvrages écrits
dans des genres différents.
La liste de toutes les productions de Berton
est fort étendue; celle qu'on va lire renferme tout
ce qui est de quelque importance : {oAbsalon,
oratorio, au concert spirituel, en 178G. —
2" Jephté, idem. — 3» David dans le temple,
390
BERTON
idem. — 4" Les Bergers de Bethléem, id. —
5° La Gloire de Syon, id. — 6° Marie de Sey-
viours, cantate. — 1° Orphée dans les bois, id.
Tous ces ouvrages ont été exécutés au concert
spirituel jusqu'en 1790.— S» Le Premier Navi-
gateîir,en 1786, opéra en un acte, inédit. —
9" Les Promesses de mariage, opéra comique ;
en 1787. Je possède la partition originale de cet
ouvrage. — IQo La Dame invisible, ou l'Amant à
Vépreuve, en 1787. — 11" Cora, opéra en trois
actes, répété généralement à l'Académie, royale de
musique en juillet 1789, et dont la représenta-
tion fut empêchée par les troubles révolution-
naires. 120 les Brouilleries, opéra comique, à
la Comédie-Italienne, en 1789; — 13o Les deux
Sentinelles, en un acte, au même théâlre, en
1790. — 140 zes Rigueurs du cloître, en deux
actes, 1790. — 15" Le nouveau d'Assas, en
unacte, 1791. — l&o Les deux Sous-lieutenants,
en un acte, 1791. — 17" Eugène, en trois ac-
tes, au tliéàlre Feydean, en 1792. — 18° Viala,
en un acte, 1792. — 19° Tyrtée, en deux
actes, paroles de Legouvé ; ouvrage qui fut
répété gi'néralement à l'Opéra, mais qui n'a
point été joué. — 20o Ponce de Léon, en trois
actes, paroles et musique de Ikrton, au tin âtre
Favart, en 1794. — 21o Le Souper de famille,
en deux actes, en 1796. — 22° Le Dénouement
inattendu, en un acte, 1798. — 23° Montana et
Stéphanie, en trois actes, 1799. — 24° L'A-
mour bizarre, en un acte, 1799. — 2.ïo Le Dé-
lire,en un acte, 1799. — 26" La Nouvelle au
camp (à l'Opéra) en un acte, 1799. — 27" Le
grand Deuil, en un acte, 1801, — 28° Le Con-
cert inter rompu, e^n unacte, 1802. — 29o Aline,
reine de Golconde, en trois actes, 1803. — 30°
La Romance, en un acte, 1804. — 31" Délia et
Verdikan, en unacte, 1805.— 32o Le Vaisseau
amiral, 1803. — 33° Les Maris-garçons, en un
acie, 1806. — 34o Le clievalier de Sénanges,
m trois actes, 1807." — 35o Ninon chez madame
de Sévigné, en un acte, 1807. — ^do Françoise
de Foix, en trois actes, 1809. —37" Le Charme
de la voix, en un acte, 1811. — 38" VEn-
lèvement des Sabines, ballet en trois acies,
1811. —390 La Victime des arts (en colla-
boration avec Nicolo Isouard et Solié), en deux
actes, \9,\\. —^Qo V Enfant prodigue, ballet
en trois actes, 1812. — 4lo Valentinf ou
le Paysan romanesque, en deux actes, 1814.
— 420 L'Oriflamme (ù l'Opéra), en deux actes
(en collaboration avec Méliul, Paër et Kreutzer),
1814; — 430 L'heureux Retour, ballet en un
«cte(avecPersuiset Kreutzer), 1815. — 4401^5
Dieux rivaux {a l'Opéra), en un acte (avecSpon-
tiiii, l'ersiiisetKieulzer). — 4â"/Vof/o/•,oM^ei?a-
^ei^er du Don, en unacte, 1816. — 46" Roger
de Sicile, en trois actes (5 l'Opéra), 1817. ~
470 Corisandre, en trois actes, au tliéàtre Fey-
dean, en 1820. — 48" Virginie, en trois actes
(à l'Opéra), en 1823. — 49oies Mousquetaires,
en un acte, à Feydeau, en 1824. — 50" La Mère
et la Fille, en trois actes, paroles de Dupaty,
non représenté. — 51° Les Petits Apparte-
ments, en un acte, 1827. — 52" Aime, reine
de Golconde, ballet en trois actes (avec Dugazon),
1825. — 530 Blanche de Provence (à l'Opéra),
au mois de mai 1821 (avec Boieldieu, Cberu-
bini et Paër). — 54° Pharamond, juin 1825
( avec Boïeldieu et Kreutzer). On connaît aussi
de Berton : — 55o Airs et récitatifs dans le La-
ôoM?-eMrc^JHo/s(à l'Opéra), en 1813.— 56" Ira-
sibule, cantate exécutée au tbéâtre Olympique,
en 1804. — 57" Thésée, grande cantate exé-
cutée à Bruxelles, en présence de Napoléon.
— 58" Le Chant du retour, après la campagne de
1805. — 590 Plusieurs recueils de canons à
trois et, à quatre voix. — 60" Une grande quan-
tité de romances 61oUn système général d'har-
monie, comjwsé d'un Arbre généalogique des
accords, d'un Traité d'harmonie basé sur
l'Arbre généalogique, et d'im Dictionnaire des
accords, Paris, 1815, 4 vol. in-4o. Dans ce sys-
tème, Berton écarte la loi de l'analogie des ac-
cords par la similitude de leurs fonctions, et, n'ad-
mettant que la considération du renversement,
fait autant d'accords fondamentaux qu'il y a d'ac-
cords directs; théorie dont le moindre défaut est
de multiplier sans nécessité les termes techniques
d'une nomenclatuie embarrassante. Qu'on ima-
gine cequec'est qu'un dictionnaire d'accords ren-
fermé dans plusieurs centaines de pages in-4".
Berton s'est fait connaître aussi comme écrivain
par la rédaction des articles de musique du jour-
nal littéraire intitulé L'Abeille, etde plusieursau-
tresjournaiix. 11 a publié aussi quelques brochures
parmi lesquelles on a remarqué : De la musique
mécanique et de la musique philosophique. Pa-
ris; 1 822, 24 pages in 8"; écrit dirigé contre la vo-
gue des opéras de Rossini ; et Épitre à un cé-
lèbre compositeur français (^Boïeldieu), précé-
dée de quelques observations sur la musique
tnécanique et sur la miisiqiie philosophique,
Paris, Alexis Eymery, 1829, 4 8 pages in-S". Les
articles de musique de l'Encyclopédie publiée
par Courlin ont été rédigés par Berton, à qui l'on
doit aussi beaucoup de rapports sur divers
objets relatifs à cet art, lus à l'Académie des
Beaux-Arts de l'Institut ; enfin, il a été chargé
de revoir les définitions des termes de musique
de la dernière édition du Dictionnaire do l'Aca-
démie Française. Raoul-Rochelte, secrétaire per-
BEllTON
.391
pétiiel de rAcadémie des Beaux-Aris de l'Institut
de France, a publié : Notice historique sur la
lue cl les ouvrages de M. Berton. Paris, 1844
in-4o. Henri Blanchard a donné aussi, dans ses
liiographies de compositeurs, Henri- Montan
Berton. Paris, 1839, in-8<J.
BERTOIV (François), fils naturel du pré-
cédent et de M"° Maillard, actrice de l'Opéra,
est né à Paris, le 3 mai 1784. Admis au Conserva-
toire comme'élève, en 1796, il en soilit après
huit années d'études, et se livra à l'enseignement
du chant. Les premières compositions qui le
firent connaître étaient des romances et des
morceaux détachés pour le chant et le piano.
En 1810, il donna au théâtre Feydeau : io Mon-
sieur Desbosquets, opéra comique en un acte,
qui eut peu de succès. — 2o Jeune et Vieille,
avec Pradher, fut représenté en 1811. Dans la
même année, Berton donna à l'Opéra Nineite à
la Cour, en deux actes, dont il avait refait la
musique. En 1820, il (it représenter au théâtre
Feydeau Les Caquets, petite pièce en un acte qui
méritait d'avoir plus de succc^'s qu'elle n'en a ob-
tenu. Nommé professeur de vocalisation au Con-
servatoire, en 1821, Berton remplissait ses fonc-
tions avec zèle et intelligence, lorsqu'il fut privé
de son emploi avec plusieurs autres professeurs, à
la fin de 1827. Dans la même année, il fit re-
présenter au théâtre de l'Opéra comique un petit
opéra intitulé Une Heure d'absence : cet ou-
vrage n'a pas réussi. Atteint du choléra en juil-
let 1832, il mourut le 15 du môme mois. Peu de
temps après sa mort, on a représenté à l'Opéra-
Comiqueun ouvra^je en un acte qu'il avait en por-
tefeuille, sous le titre du Château d'Iturbide.W
existe une Notice sur la vie et les ouvrages de
François Berton, par M. Désiré Raoul-Bochetle;
Paris 1832, in-8o.
Adolphe Berton, fils de cet artiste, né à Paris,
en. 1817, fit ses études musicales au Conservatoire,
puis débuta au théâtre de l'Opéra-Comique sans
s'y faire remarquer. N'ayant pas été plus heu-
reux à celui de la Renaissance, il se décida à
chanter sur les théâtres de province. En 1843
il était à Nice avec sa femme, attachée comme lui
au théâtre de cette ville. Dans la même année
ils furent engagés tous deux pour le théâtre d'Al-
ger. Berton y fut bien acueilli et ne s'en éloigna
plus jusqu'à sa mort, qui arriva le 28 février 1857.
]l était parvenu à l'âge de quarante ans. En lui
s'est éteinte la quatrième génération d'une fa-
mille qui s'était illustrée dans la musique.
BERTONI (Ferdinand-Joseph), composi-
teur et maîlre de la chapelle ducale de Saint-
Marc, à Venise, naquit dans la petite île de Salo,
le 15 août 1725, suivant le registre de l'église
paroissiale de ce lieu , eité par M. Caffi (1). il
reçut une bonne éducation littéraire dans sa ville
natale. Son premier maître de musique fut un
certain Tonieoni. Son heureuse organisation pour
cet art détermina ses parents à l'envoyer à Bo-
logne, afin qu'il pût fréquenter les leçons du
.savant P. Martini, qui, reconnaissant en lui des
facultés peu ordinaires, l'admit au nombre de ses
élèves. A l'âge de vingt ans, il se rendit à Venise,
et s'y fit bientôt connaître comme un artiste
de la plus haute distinction. Lié d'amitié avec
Saratelli et Galuppi, il était aussi bien accueilli
dans les plus nobles familles, où il donnait des
leçons de clavecin et de chant. Ses premiers ou-
vrages fixèrent immédiatement sur lui l'atten-
tion publique, et firent pressentir ses succès
futurs. Sous le titre de Cajetto, il écrivit, en
1747, pour une association d'enfants, un drame
musical dont la partition a été conservée et
dans lequel on trouve déjà des beautés remar-
quables. Le 27 août 1752, Bertoui obtint au
concours la place d'organiste du premier orgue
de l'église de Saint-Marc, et cinq ans après il
fut appelé aux fonctions de maître de ch(eur
du conservatoire des Mendicanti, dans lequel
il n'y avait que des jeunes filles, tant pour le
chant que pour les instruments. Celte époque
de sa vie est celle où il produisit ses plus belles
compositions de musique d'église et plusieurs
oratorios considérés comme des œuvres de
grand mérite. Il Figliuol prodigo fut écrit par
lui en 1747 pour l'église de Filippini appelée
S. Maria délia Fava, et cet ouvrage y produi-
sit un si bel effet, qu'il y fut répétédans plusieurs
années consécutives. En 1753, il donna aussi au
conservatoire des Mendicanti l'oratorio latin
intitulé Perigrinatio ad sanctum Domini se-
pulchrum, lequel était écrit pour des voix de
femmes seules. Au nombre de ses productions
les plus importantes pour l'église, on remarque;
son Miserere (en ut mineur), et sa me.sse de
Requiem, qui fut exécutée en 1792 <lans l'éiilisc
des frères servîtes. Son oratorio David pcni-
tens est resté célèbre dans la mémoire des V<>-
nitiens par l'anecdote suivante. 11 avait été
composé pour les élèves du conservatoire des
Mendicati. Le 28 mars 1775, le chœur des
cent jeunes filles de cette institution, au nombre
desquelles se faisaient remarquer Thérèse Al-
merigo , Antoinette Lucovic , Laurette Rise-
gari , Françoise Tomii , et Bianca Sachetti ,
artistes de grand talent, exécutaient cet ouvrage
sous la direction du compositeur, lorsque l'em-
pereur Joseph II, accompagné de son frère l.éo-
(1) Storia délia musica sacra nella gid Cappella
ducale di San Marco in Fcnciia, 1. 1, p. 420,
392
BERTONI
polil , alors j;rand-duc de Toscane , et des ar-
chiducs ses lils , arrivèrent à Timproviste dans
l'établissement. Les règlements interdisaient l'in-
troduction des étrangers dans l'enceinte voilée
du lieu où les orphelines exécutaient la musique ;
l'entrée fut donc refusée aux nobles person-
nages qui accompagnaient l'empereur; mais
une exception fut faite pour lui. Joseph II salua
le maître, et, entrant dans l'enceinte, s'approcha
k; son pupitre et suivit l'exécution sur la parti-
tion. Arrivé au chœur final, il se sentit en-
traîné et s'unit à l'ensemble en chantant une
partie. Sa voix fut la seule masculine qui re-
tentit jamais dans ce lieu. Après avoir félicité
Bertoni, l'empereur s'entretint avec les jeunes
fdies, émues de tant d'honneur, et mit le comble
à leur enchantement par le <ion de cent sequins
qu'il leur lit en se retirant. Au nombre des plus
beaux ouvrages de musique d'église de lîertoni,
tn compte les psaumes Beatus vit; Lxtalus
mm, et les Improperia qu'il écrivit pour la
chapelle ducale de Saint-Marc.
Dès 1746, Bertoni avait abordé la scène et
avait écrit pour plusieurs théâtres : ses travaux
en ce genre lui avaient procuré une honorable
réputation, lorsque son Orfeo , représenté à
Venise en 1776, fit naître le plus vif enthou-
siasme et consolida la renommée du maître. On
fit pour cet opéra des dépenses considérables de
mise en. scène dont il n'y avait point eu d'exem-
ple jusqu'alors. Le poëme était celui de Calza-
bigi , sur lequel Gluck avait écrit sa sublime
partition quelques années auparavant. Gaeano
Guadagni, qui avait chanté dans cet ouvrage le
rôle d'Orphée, à Vienne, fut aussi chargé de re-
présenter le même personnage dans l'ouvrage de
Bertoni. Toutefois, si la nouveauté du spectacle
lit obtenir à cette production un succès extra-
ordinaire, M. Caffi avoue, dans la notice de Ber-
toni , que ce compositeur avait tiré les idées
principales qui brillaient dans son œuvre de la
partition de Gluck. VÉzio, qui succéda à l'Or-
/eo , et qui fut aussi chanté par Guadagni, fut
composé à l'occasion de l'arrivée du duc de
Wurtemberg à Venise. VAnnida, considérée à
juste titre comme le plus bel ouvrage dramati-
que de Bertoni, fut jouée au théâtre San-Bene-
detto, dans la même ville. Il était dans la
destinée de ce maître d'obtenir ses plus beaux
succès avec les sujets traitésauparavant par Gluck
et en s'inspirant de ses idées. Après V Orfeo et
VArmida, les partitions les plus estimées de
Bertoni sont le Qitinto Fubio, joué à Padoue,
en 1778, et le Taucredi. Venise et Turin fu-
rent les villes où ses productions dramatiques
eurent la vogue la plus décidée. Sept fois il lut
appelé dans celle dernière pour écrire l'opéra
de la saison.
Ayant obtenu un congé de deux ans, au mois
de septembre 1778, pour se rendre à Londres
ou il était appelé, Bertoni partit pour l'Angle-
terre, où de nouveaux succès l'attendaient. Son
Orfco y produisit une si vive impression, que la
partition fut gravée à Londres avec un grand
luxe, honneur dont aucun compositeur étranger
n'avait joui après Haendel. Ce fut de Londres
que Bertoni écrivit une lettre, datée du 9 sep-
tembre 1779, qui fut insérée dans la Suite des
entretiens sur rétQt actuel de l'Opéra de
Paris, et dans laquelle il déclare que la sublime
inspiration de Vtphigénie en lauride, de
Gluek, Le calme rentre dans mon cœur, lui
appartient, et qu'il l'a écrite à Turin pour la Gi-
relli, dans son Tancredi. Je n'ai pu vérifier le
fait, n'ayant pas vu la partition de cet opéra ;
mais je vois dans rr«rfïce de' teat}'i,(ie 1780, que
le Tancredi fut joué à Turin le 26 décembre
1778 ; et à celte époque Gluck avait terminé à
Vienne son Ipliigénie en Tauride, qui fut joue
à Paris le 18 mai 1779. D'ailleurs le génie de
Gluck tout entier se trouve dans celte admira-
ble scène qui n'a rien du style italien. Au sur-
plus, Gluck dédaigna de répondre à cette ré-
clamation, et l'on n'en parla plus.
De retour à Venise à la fin de 1780, Bertoni
écrivit son Armidef dont la représentation eut
lieu dans les premiers mois de l'année suivante;
et immédiatement après il obtint un nouveau
congé de deux ans pour retourner à Londres.
Le 21 janvier 1784, il succéda à Galuppi dans la
place de premier maître delà chapelle ducale de
Saint-Marc. Après l'extinction delà république de
Venise, ilconserva son titre, sa place et ses émo-
luments; mais il cessa de diriger le chœur dii
conservatoire des Mendicanti, parce que les
quatre institutions de ce genre qui existaient à
Venise furent supprimées. Vers 1795 il avait
cessé d'écrire. La perte de sa femme dans la même
année, celle de quelques amis dans les suivantes,
la destruction des conservatoires, tout contribua
à jeter de la tristesse sur la fin de sa carrière.
Enfin, après soixante ans d'exercice de son art dans
sa ville chérie, il se résolut à accepter l'inviti-
tion, que lui avait faite un de ses neveux, de se
retirer chez lui a Desenzano, petite ville située à
peu de distance de Brescia, sur le lac de Garde.
Il s'y relira en 1810, et y mourut le l''' décem-
bre 1813, presque nonagénaire.
Les principaux ouvrages de Beitoni consis-
tent en une grande quantité de musique d'église,
dont les œuvres les plus importantes ont été citées
précédemment, beaucoup de cantates, les ora-
BERTONI — BERTUCH
893
torios Joas, Susannn, Il FiyUuol prodigo, Pe-
regrinatio ad sanclum Dominici sepulclirum,
David penifens, et les opéras dont voici les
titres : l"Oriazioe Ctiriazio, en 1746.— 2° La
Vcdova accorla, 1746. — 3» Cajetto, drame
joué et chanté par des enfants dans le palais
Labia, à Venise, 1747. — 4» Ipe.rmeslra ,
1748. — h° LePescatrici, 1762. — 1° Glnevra,
1753. — 70 La Moda, 1754. — 8" Le Vicende
amorose, 17C0. — 9° La bella Girometta,
1761. — 10° Ainore in musica, 1763. —
ir Achille in Sciro, 1764. — 12" VInganna-
tore ingannato, 17(î4. — 13» VOlimpiade,
1765. — 14° L'Isola di Calipso, cantate drama-
tique exécutée à Venise, devant l'empereur
Josepti II, pendant son premier séjour dans
cette ville, au palais Rezzonico, par cent jeunes
lilles tirées des quatre conservatoires. —
150 Alessandro nelle Indie, 1770.— 16" VA-
ncllo incantato, \lli. — 17° Andromacca,
1772.— 18" Aristo e Ternira, 1774.— 19°
Or/eo, 1776. — 20° Ezio, 1777. — 21° Tele-
macco. Mil, — 22° Quinto Fabïo, 1118. —
23" Tancredi, 1778. — 24" Ar(aserse,-d Lon-
dres, 1780. — 25° Armida, à Venise, 1781. —
26° Eitmene, 1784. — 27° Un autre Artaserse,
1786. — 28" La mtteti, 1789. — 29° Ifigenia
in Aulide, à Trieste, 1790. La plupart de
ces ouvrages ont été représentés à Venise ou
à Turin, — 30" Cajo Mario ; — 31° Narbale. Je
n'ai pas les dates de ces deux ouvrages, qui
sont comptés parmi les meilleures partitions de
Bertoni. Ce maître s'est aussi exercé dans la
musique instrumentale, et l'on a gravé de sa
composition: 1° Sei sonate per ilcembalocon
violino, op. 1 ; Berlin, 1789. — 2° Sei quartelti
a due violini, viola evioloncello; Venise,
1793. — 30 Sei sonate a cembalo solo, Parigi,
1780. On a aussi de lui deux scènes détachées,
la première commençant par ces mots : Super-
bo, di me stesso, pour ténor, avec deux vio-
lons, alto, basse, 2 hautbois et 2 cors; l'autre,
rondo avec récitatif, sous le titre : La vergi-
nella.
Compositeur élégant, homme de goût, et au-
teur de mélodies gracieuses, expressives et tou-
jours bien adaptées aux paroles, tant dans la
musique d'église que dans les opéras, Beitoni
fut un de ces compositeurs dont les œuvres sont
irréprochables et jouissent d'une estime générale;
mais l'originalité des idées lui manquait. De là
vient qu'après avoir eu de brillants succès , il est
aujourd'hui complètement oublié, et que ses pro-
ductions ne jouissent pas de l'avantage réservé aux
œuvres de génie, qui ne sont plus exécutées, de
conserver toujours leur valeur monumentale et
de devenir des modèles pour les artistes d'un
autre temps.
BEllTllAND (Prudence), moinedePabbaye
deCbaroux, dans le Poitou, vivait vers la fin du
neuvième siècle. Il a laissé un poème latin sur la
musique, qu'on trouve à la Bibliothèque impériale
sous le n° 3976, et dont l'abbé Lebeuf a parlé
le premier {Recueil de divers écrits pour
servir d'éclaircissement à Vhisloirede France,
tom. 2, p. 99). Ce poëmôest un éloge de l'art;
l'auteur regrette seulement qu'il soit trop diffi-
cile à apprendre, et dit que : si les sons ne
sont appris de mémoire, ils périssent, parce
qu'on ne peut les écrire. Ce passage a pour
objet la notation neinnalique , qui était alors
d'un usage à peu près général, mais dont les
obscurités avaient souvent besoin d'être expli-
quées , soit par l'ancienne notation latine des
quinzes lettres, soit par des signes particuliers,
tels qiie la notation de HucbakI , bien que ces
lettres et ces signes ne représentassent pas les
inflexions rapides de la voix exprimées par les
neumes, ainsi qu'on peut le voir dans le manus-
crit de Montpellier découvert par M. Danjou.
(Foy. ce nom).
BERTRAND (Antoine de), musicien très-
renommé de son temps, naquit à Fontanges, en
Auvergne, dans la première moitié du seizième
siècle. On a de lui Les Sonnets ou Amours de
Ronsard, à quatre voix, Paris, 157G et 1578,
1" et 2™" livres.
BERTRAI\D (Aline), virluose sur la harpe,
naqliit à Paris en 1798. Admise au Conservatoire
de cette ville à l'âge de onze ans, elle y apprit
les éléments de la musique, puis elle se livra à
l'étude de la harpe sous la direction de Nader-
man. En 1815, elle reçut des leçons de Bochsa
pour cet instrument et, vers 1820, elle com-
mença à se faire entendre dans les concerts. La
hardiesse, l'énergie de son jeu, remarquables
dans une femme, étonnèrent les connaisseurs.
Peu de temps après, elle entreprit de longs
voyages en Hollande, en Allemagne, en Italie,
et partout elle obtint des succès. Elle s'arrêta
pendant quelques années à Milan. En 1833 elle
visita la Belgique; puis elle retourna à Paris,
où elle arriva dans les premiers jours de 1835.
On a gravé de sa composition : 1° Variations
pour la harpe sur le thème Nel cor piu non mi
sento, op. 1; Milan, Ricordi. — 2° Fantaisie
S2ir la polonaise du comte Oginski, op. 2 ; ibid.
— 3" Fantaisie sur la romance de Joseph,
op. 3 ; ibid. Aline Bertrand est morte le 13 mars
1835, d'une fièvre nerveuse;
BERTUCIl (Jean-Geokges) , docteur en
droit àKiel, naquit le 19 juin 1668, à Ilelmers-
304
BERTUCH — BERWALD
hausen, en Franconie, et fut d'abord con-
seiller à Ziltau. Lors de son installation à l'u-
niversité de Kiel, en 1693, il soutint une tlièse
sur l'Opéra, qui fut ensuite imprimée sous ce
tilre : Disputatio inaug. de eo quod justum
est circa ludos scenicos, operasque nioder-
nas, dictas milgo Opéra-, Kiel, 1693, in 4o.
Walllier assurequ'on a donné une].seconde édition
de cette dissertation à Nuremberg, 1696, in-4°;
l'existencede cette édition est au moins douteuse.
Vers la fin de 1603, Bertuch prit du service
comme auditeur et quartier-maître dans l'armée
danoise, et après quarante-cinq ans de service
sous trois rois de Danemark, il obtint le grade de
général-major de cavalerie. Il vivait encore en
1739, et écrivait, le 19 juin de cette année, une
lettre à Mattheson, que celui-ci a citée dans son
Ehrcnpforle (p. 29). Bertucb jouait du violon
et composait.
BEUTUCH (Chaules-Volkmar), organiste
del'églisedeSaint-PierreàBerlin.néà Erfurt,vers
1730, est compté parmi les plus habiles de l'Alle-
magne. Élèved'Adlung, il reçutde ce maître latra-
tlilion de la manière de Jean-Sébastien Bach, dont
il jouait admirahlementjes compositions sur l'or-
gue. Vers 1 777 , il visita pour la dernière fois sa ville
natale, et retourna ensuite à Berlin, où il mourut
en 1790. Le docteur Burney, qui entendit Ber-
tuch, en 1776, dit qu'il était le plus habile or-
ganiste de Berlin , et qu'il improvisait fort bien.
li EUT UZZI (...), élève du conservatoire de
Milan, et violoniste dans celte ville, vers 1840,
s'est fait connaître par quelques compositions pour
son instrument, parmi lesquelles on remarque :
1» Dix caprices pour violon seul ; Milan, Ri-
cordi. — 2° Trois duos pour 2 violons, op. 7 ;
ibid. — 3° Thèmes avec des variations pour
deux violons et violoncelle; ibid. Le môme ar-
tiste a fait représenter à Pavie, en 1841, dans la
saison du carnaval, un opéra intitulé : Il Finto
Sordo ; l'ouvrage n'a pas réussi.
BERWALD (Jean - Frédéric), né à
Stockholm, en 1788, est fils d'un musicien delà
chambre du roi de Suède. A peine âgé de trois
ans, il mont.'-a les plus heureuses dispositions
|)our la musique. Son père lui fit présent d'un
petit violon et commença à lui donner des leçons
de cet instrument. Après treize mois d'une ap-
plication soulenne, cet enfant extraordinaire fut
en état de paraître en public et d'exécuter un
adagio avec un sentiment naïf et simple qui ex-
cita l'iidmiration. Peu de temps après, le jeune vir-
tuose fitim vovage en Suède etenNorwége; par-
tout il recueillit des applaudissemens. A son re-
tour à Stockholm, il commença à s'essayer dans
ia composition, et se livra à l'étude du piano.
L'année suivante il entreprit un nouveau voyage
en Danemarck, et se fit entendre à Copenha-
gue devant le roi. Une maladie dangereuse fit
craindre quelque temps pour ses jours, et sem-
bla devoir mettre un terme à ses succès; mais
à peine rétabli, il essaya ses forces dans la com-
position d'une symphonie où les trompettes et
les timbales jouaient un rôle considérable. L'abhé
Vogler, qui s'intéressait au jeune compositeur,
lui fit apercevoir les fautes principales de son
ouvrage , et les corrections qui furent le résultat
de ses conseils rendirent la symphonie assez
bonne pour qu'elle pût être exécutée publique-
ment, en 1797. L'auteur de cette production
précoce était âgéde neuf ans. L'Académie Royale
de musique de Stockholm, pour encourager Ber-
wald, lui fit don d'une médaille d'or. Le 14 oc-
tobre de la même année, le jeune musicien donna
un concert, et fit voir dans l'exécution de deux
concertos une habileté qui tenait du prodige. On
admira la pureté de son maniement d'archet et
son expression dans l'adagio ; sa symphonie
fut exécutée de nouveau dans ce corn ert, à la
suite duquel il fit un grand voyage avec son
père. Au mois de mars 1798, ils se trouvaient à
Saint-Pétersbourg; Moscou, Riga, et quelques
autres villes considérables de la Russie et de ht
Pologne furent visitées par eux. Berwald se fit
entendre ensuite àKœnigsberg, Dantzick, Berlin,
Dresde, Tœplitz, et se rendit à Leipsick vers la
fin de l'année 1798; là, il mit la dernière main
à une deuxième symphonie qu'il voulait dédier h
la reine de Suède. En 1799, il prit la route de
Stockholm par Hambourg. De retour dans sa
patrie, il reçut encore des leçons de l'abbé Vo-
gler pendant quelques années. En 1806, on lui
donna le titre de musicien de la chambre du roi.
Les grands événements de la guerre qui agitè-
rent l'Europe vers cette époque ne lui permirent
pas de réaliser le projet qu'il avait de visiter
les pays méridionaux ; ce ne fut qu'en 1817 qu'il
put faire ce voyage. Après avoir (larcouru l'Al-
lemagne, il se rendit en Italie, puis revint en
Suède par la France, la Hollande et le Dane-
marck. Depuis 1819, il ne s'est plus éloigné de
Stockholm. Les journeaux de l'Allemagne, par-
ticulièrement la Gazette musica leûcLeiiisMi, oni
accordé des éloges à Berwald comme violoniste et
comme compositeur. Toutefois, il ne paraît pas
qu'il ait réalisé les hautes espérances que ses
débuts précoces avaient données. Les prodiges
de l'enfance se résolvent rarement en grands
hommes. Berwald a reçu sa nomination de maî-
tre de chapelle de la cour de Stockholm en 1 834 ;
il en remplissait encore les fonctions en 1848, et
célébra alors la vingt-cinquième annéedesou en-
BERWALD
BESLER
395
trée dans la cliapelFe royale. Il a trois filles, tou-
tcô trois cantatrices, qui se sont fait entemlre à
Stockholm, à Berlin, à Dresde et à Hambourg.
Son frère, A. Berwald, violoniste comme lui, est
maître de concert de la cour de Suède. On a pu-
blié de la composition decetartiste : l» Quatuor
pour deux violons, alto et basse, n» 1 ; CoiMjnlia-
gue, Lose. — 2° Trois polonaises pour piano et
violon, op. 1 ; Berlin, 1798. — 3o Symphonie
pour l'orchestre; Berlin, Hummel, 1799. — 4»
Trois quatuors pour deux violons, alto et basse ;
Berlin, J800. — 6° Grande sonate pour piano et
violon, op. 6; Leipsick, Breitkopf et Haertel. —
6° Introduction et rondo pour piano ; Copenha-
gue, Lose. — 1° Quatre chansons françaises avec
accompagnement de piano; ibid.
BESANZONl (Ferdinand), compositeur dra-
matique italien, né à Plaisance, a fait représen-
senter en 1843, dans cette ville, Ruy Bios, opéra
en trois actes dans lequel M"^Lagrange {voy. ce
nom) a fait son début au théâtre. 11 ne paraît
pas que cet ouvrage ait été suivi psr d'autres
compositions. M. Besanzoni était chef d'orches-
tre de l'Opéra italien de Berlin en 1845.
BESARD, en latin BESARDUS (Jean-
Baptiste), né à Besançon, dans la seconde moi-
tié du seizième siècle, étudia dans sa jeunesse
la médecine et la jurisprudence, mais sans né-
gliger la musique, dans laquelle il se distingua
par son talent sur le lulh. Épris de la passion
des voyages, M abandonna l'étude du droit, et se
rendit en Allemagne. Arrivé à Cologne dans les
premières années du dix-septième siècle, il s'y ar-
rêta, et y exerça la médecine ; mais il paraît qu'il
allaselixer ensuitelàAugsbourg,où il publia plu-
sieurs ouvrages. Ses amis lui avaient reproché son
inconstance et Ja dissipation qui lui faisait per-
dre un temos précieux : il leur répondit, dans la
préface de son livre intitulé : Antrumphïlosophi'
cinn, in quo pleraque physica qusc ad vidga-
riores humani corporis a/fectus attinent, etc.
(Augsbourg, 1617, in-4''), qu'il avait déjà prouvé,
par la publication d'un Thésaurus Harmoni-
eus, qu'il ne se livrait pas à l'oisiveté, comme on
l'en accusait Après l'année 1617 on perd la trace
de Besard, et l'on ignore le lieu et l'année où il
cessa de vivre. On a de lui :• 1° Thésaurus
Ilarmoniciis; Cologne, 1603, in-fol. de359 pages.
Cet ouvrage est un recueil des meilleures compo-
sitions du temps de Besard, arrangées par lui
pour le luth. On trouve à la fin un petit traité
de la manière de jouer de cet instrument.
Quelques bibliographes ont cité une édition du
Thésaurus Harmonicus publiée à Cologne,
en 1615 : je la crois supposée. — 2° Isagoge in
iirlem (esitidinnrium, das isl : Unierricht
ueber das Kiinsllirhe Saitenspiel der Laulen ;
Augsboing, David Franck, 1017 , in-fol. Cet ou-
vrage est une deuxième édition augmentée du
Traité du Lulh de Besard, avec son portrait — 3°
IS'ovus par (us, sive Concertationes musicx, Au-
guslx Vindelicorum, per Davidem Francum,
1617, in-fol ; collection de vingt-quatre morceaux,
dont douze pour un luth seul et douze pour deux
instruments de cette espèce.
BESLER (Samuel), fils du recteur de l'école
évangéliqae de Brieg, enSilé.sie, naquit dans celte
ville le 15 décembre 1574. Après avoir terminé
ses études, il fut nommé cantor du séminaire,
en 1599; puis, en 1605, recteur du collège du
Saint Esprit, à Breslau. Il mourut d'une mala-
die épidémique, le 19 juillet 1025. Ses composi-
tions pour l'église se conservent encore dans
la bibliothèque Saint-Bernardin, à Breslau. Kn
voici les titres : — 1° Conccntus ecclcsiastico-
domeslicus (Cliansons religieuses pour l'église et
la maison), en formede chorals à quatre voix, f
et 2'"e parties; 165S, in-4° de vingt-huit feuilles.
— T Cilharx Davidicx psalmorum selectio-
rum prodromus, pro Auguslo auspicatoque
Augustissimi Bojemorum régis Frederici I,
Wratislaviam Silesiœ melropolin ingressu
adorn. et humil. dedicatus a S- B., 1620, in-
fol. — 3° Ant. Scandanelli Seren. Eleclons
Saxon. Augusti quondam capellx-magislri
musici pries (an tis si mi Passio (La Passion de
Nolre-Seigneursuivant l'évangile île saint Jean),
Breslau, Baumann, 1621. — 4° Hymnorum et
Thrcnodiarum Sanetûe Crucis in devotam
Passionis J.-C. Dei et Hominis commemora-
(ionemfasciculus, ad hebdnm. magn. sua eut-
quemelodia afficta ; 1611 et 1513, in-fol. (leseul
ouvrage que cite Gerber). — 5° S. B. Gaudii
Paschalis J.-C. redivivi in gloriosiss. resur-
rect. ejus Ixtam celebradonem rclado hist.
aquat. Evang.consignala et met. harm. ador-
na(a; Breslau, 1612. — 6° ThrenodiarumSanctie
Crucis in salut if eram passionem Dont, nostri
J.-Ch. recordationem continuado bea(., 1612.
— 7" Hymnorum e( Thren. S. Crucis in sacra-
tissimam Passionis ac mor(. D. N. J.-C.recor-
dadonem melodia afficta; Breslau, Baumann,
1614, in-8°. — 8° Delidarum mensalitim ap-
paratus harmonicus ferculis selecdoribus be-
nedicdonem et grat. act. refertus (Vingt-un
bénédicités et grâces de table), à quatre voix; ibid,
1615. — 9° Petites chansons pour la fête de Noël,
à quatre voix, ibid. 1615.
Thunrodus composa en l'honneur de ce labo-
rieux auteur le distique suivant :
■ Quos vêtus incinuit, «iiios noslra Ecclcsia cantus
« Rimor, et harmoniis auïco et orno mois. »
396
BESLER — BESSEMS
Le frère cadet de S. Besler, Simon Beslcr, fut
cantor à Strelilen; c'était un musicien estimable.
En 1620, il fut cantor à Liegnitz, où il mourut
en 1638.
BESi\ECKlER (Jean-Adam), docteur en
droit et professeur à Prague, an commencement
du dix-septième siècle, passait pour l'un des plus
grands organistes de son temps. Il touchait l'or-
gue de l'église de la Sainte-Croix à Prague, on
l'on trouve encore aujourd'hui beaucoup de ses
compositions pour l'église, en manuscrit. Son
style est dans la manière de Palestrina.
BESOZZI (Alexandre), fils aîné de Joseph
Besozzi, musicien, naquit à Parme, en 1700. 11
se livra de bonne heure à l'étude du hautbois, et
acquit une grande habileté sur cet instrument.
Vers 1730, il passa au service du roi de Sardai-
gne, et'devint premier hautboïste de sa chambre
et de sa chapelle. Lorsque le docteur Burney le
vit , en 1772, il avait plus de soixante-onze ans,
et néanmoins il jouait encore du hautbois avec
une perfection rare. Il ne s'était jamais marié,
et vivait dans une douce intimité, depuis plus de
quarante ans, avec son frère, Jérôme, célibataire
comme lui. La confonnité de leurs goftts était
telle, qu'ils se vêtaient exactement de la même
manière. Depuis leur entrée au service du roi
deSardaigne, ils n'avaient quitté Turin que deux
fois; l'une, pour un voyage fort court à Paris ;
l'autre pour revoir le lieu de leur naissance. Leur
position était fort aisée : ils avaient maisons de
ville et de campagne, et toutes deux étaient or-
nées de fort bons tableaux. Alexandre est mort à
Turin, en 1775. On a gravé de lui, tant à Paris
qu'à Londres, six œuvres de trios et de soles
pour violon et pour hautbois.
BESOZZI (Antoine), frère puîné d'Alexan-
dre, naquit à Parme en 1707. 11 devint premier
hautboïste de la cour de Dresde en 1740, et se
•.rouvait encore dans cette ville en 1772, lorsque
le docteur Burney y arriva. Après la mort de son
frère Alexandre, il se rendit auprès de Jérôme à
Turin et y mourut en 1781. Ses compositions
pour son instrument sont restées inédites.
BESOZZI (Jérôme), né à Parme, en 1713,
s'adonna à l'étude du basson, sur lequel il acquit
un degré d'habileté égal à celui de ses frères sur
le hautbois. Sa longiie habitation avec Alexandre
(l'oy. ci-dessus), et les études qu'ils firent en-
semble, leur donnèrent à tous deux un fini d'exé-
cution qu'ils n'auraient peut-être pas eu s'ils
eussent travaillé séparément. Ils avaient com-
posé ensemble de la musique pour hautbois et
basson, uniquement consacrée à leur usage, et
qui n'a point été publiée après eux. Jérôme est
mort peu de temps après son frère Antoine. I
BESOZZI (Gaétan), le plus jeune des qua-
tre frères, naquit à Parme, en 1727. Il entra d'a-
bord au service delà courdeNaples comme haut-
boïste ; de là il passa à celui delà cour de France,
et enfin se rendit à Londres, où il se trouvait encore
en 1793. Quoiqu'il eût alors 68 ans, il étonnait par
la précision de son jeu et le fini de son exécution.
Il ne paraît pas qu'il ait fait imprimer ses con-
certoSi
BESOZZI (Charles), fils d'Antoine, naquit
à Dresde, en 1745. Élève de son père pour le
hautbois, il le surpassa en habileté, et devint le
rival de Fischer. Le docteur Burney, qui l'en-
tendit en 1770, fut charmé de la beauté du son
qu'il tirait de son instrument. On ignore l'é-
poque de sa mort. Je possède deux concertos de
hautbois de cet artiste : ils sont inédits.
BESOZZI (Jérôme), fils de Gaétan, et comme
lui hautboïste, entra au service du roi de France
vers 1770. Le docteur Burney, qui l'entendit, en
1772, au concert spirituel, vante son style et sa
qualité de son. Il est mort à Paris en 1785, lais-
sant un fils, qui a été flûtiste à l'Opéra-Comique
et qui s'est retiré plus tard à Versailles. Ce-
lui-ci eut un fils, qui eslTobjet de l'article sui-
vant.
BESOZZI (Louis-Désiré), né à Versailles,
le 3 avril 1814, reçut de son père les premières
leçons de musique, puis il entra au Conserva-
toire de Paris, le 18 juillet 1825. Confié aux soins
d'un professeur de solfège, il obtint un second
prix au concours de 1829. Deux ans auparavant il
avait été admis dans le cours de piano de Zim-
merman. En 1830 le deuxième prix de cet ms-
trument lui fut décerné au concours, et il par-
tagea le premiei prix avec Louis Lacombe et Po-
tier, en 1831. Dourlen lui enseigna riiarmonfc
et Lesueur la composition. En 183C, il se pré-
senta au grand concours de l'Académie des
Beaux-Arts de l'Institut, et y obtint le second
prix : le premier lui fut décerné l'année sui-
vante, et, devenu pensionnaire de l'État comme
lauréat de ce concours, il partit pour l'Italie au
mois d'octobre 1837. Diverses compositions de
cet artiste pour le piano ont été gravées à Paris.
BESSEGUI (Ange-Micuel). Voyez Be-
ZEGUI.
BESSEL (A.-M.-S.-E. de), amateur de musi-
que à Lingen, à la fin du dix-huitième siècle, a
publié dans cette ville : 1° Concerto pour le cla-
vecin, avec orchestre; 1790, in folio — 2" Douze
menuets et trios pour clavecin; 1791, in-4''. — 3°
Nouveaux menuets et trios pour clavecin, avec
accompagnement de deux violons, deux flûtes,
deux cors et basse; 1793, in-4o.
BESSE'MS (Antoine), violoniste et conipo--
BESSEMS — BETinSY
397
siteiir*. cfl ni', à Anvers, le 4 avril lft06, suivant
les registres dn conservatoire, ou le IV avril
1809, d'après la note que lui-même m'a fournie.
Dans son enfance il fut enfant de cliœnr à l'é-
glise des Jésuites, puis à- Notre-Dame. Déjà il
écrivait d'instinct de petits motets qu'il chan-
tait Ini-môme, et qui intéressèrent en sa faveur
son vieux maître de chapelle, dont il reçut des
leçons de violon, à l'âge de quinze ans. Trois ans
après il partit pour Paris, léger d'argent, mais
plein d'espoir dans l'avenir, comme on l'est
d'ordinaire dans la jeunesse. Le 24 octobre 1826
il fut admis comme élève de Baillot au conserva-
toire de musique. Après avoir reçu des leçons
de ce maître célèbre pendant trois ans , il se
retira de l'école en 1829. La place de premier
violon du théâtre Italien étant devenue vacante
et mise au concours, M. Bessems fut vainqueur
de quatorze aspirants à la même place, et obtint sa
nomination. Quelque temps après, il abandonna
cette situation pour voyager en Belgique, en
Allemagne, en Italie et en Angleterre, et y don-
ner des concerts. De retour à Paris, il y organisa
des séances de musique instrumentale et clas-
sique, dans lesquelles il interprétait avec intelli-
gence et sentiment les trios, quatuors et quin-
tettes des grands maîtres. En 1847, M. Bessems
fut rappelé à Anvers pour y diriger l'orchestre
de la Société royale d'Harmonie. Il remplit ces
fonctions pendant quatre ans. Il est retourné
de nouveau à Paris en 1852, et s'y livre à l'en-
seignement de son art. Les œuvres de cet ar-
. liste, tant publiées qu'inédites, forment la liste
suivante :, 1' Trois messes à quatre voix et or-
chestre; la 2">'' a été publiée chez Schotf, à
Mayence; les autres sont inédites. — 2° Deux
grands psaumes à quatre voix et orchestre. — 3°
Plusieurs motets avec orchestre ou orgue. — 4°
Cantiques, offertoires, élévations, graduels, avec
orchestre, orgue ou quatuor. — 5° 24 mélodies
pour une, deux, trois et quatre voix, avec ac-
compagnement de piano ; publiées à Paris. —
6° Romances, cantilènes, canzonettes, idem;
ibid. — 7° Hymne avec chœur et deux orches-
tres, composée pour l'inauguration de la statue
de Rubens, et exécutée à Anvers, au mois de
septembre 1840. — 8o Quatre livres de duos
pour deux violons, publiés à Paris. — 9" Dix
fantaisies pour violon , avec ace. d'orchestre ,
de quatuor, ou de piano, ibid. — 10° Deux livres
de duos pour violon-et violoncelle, ibid. — 11°
Douze grands duos de concert pour piano et
violon, en collaboration avec Jules Dejazet, ibid.
— H" Dix mélodies pour piano seul, ibid. —
13° Douze mélodies pour -violon, avec acc.de
piano, ibid, — ■ 14° Six chants dramatiques dé-
diés à S. M. la reine de; Crlgrs , ibid. — 15"
Deux quatuors pour 2 violons, alto et basse
(inédits). — !16° Trio pour violon , alto et violon-
celle (idem). — 17o Douze grandes éludes avec
piano (idem). — 18° Concerto pour violon, avec
orchestre (idem). — 19" Douze mélodies pour le
violoncelle, avec piano (idem).
BESSER(T.-G.), organiste à la collégiale de
Notre-Dame, et à Saint-Paul d'IIalberstadt, vere
la fin du dix-huitième siècle. On a de lui : 1°
Oden mit Melodien (Odes en musique) ; 1779. —
2° Die Frûhlings Feier (La fête du printemps) ;
1783. — 3° Klavierstûcke fur Anfanger
(Pièces pour le clavecin h l'usage des commen-
çans), premier cahier ; 1784. On connaît aussi
un oratorio de sa composition intitulé Adams
Erwachen (Le réveil d'Adam) ; 1795, Mss,
BESSON (Jacques), né à Grenoble, dans la
première moitié du seizième siècle , fut d'abord
professeur de mathématiques à Orléans, puis à
Lyon, où il vivait encore en 1581. Au nombre de
ses ouvrages est im Thcatrum instrumento-
rum et machinarum ; Lyon, 1578, in-fol., dont
Julien Paschalis a donné une édition augmentée,
et dont il y a des traductions en français, en
Italien et en allemand. Besson y traite des
instruments de percussion et en particulier
des cloches. Delandine, dans son livre sur les
Manuscrits de la bibliothèque de Lyon, indi-
que sous le no ^877 du catalogue un mémoire in-
folio sur le même sujet et sous le nom de Besson :
ce n'est vraisemblablemement qu'un extrait de
l'ouvrage cité plus haut.
BESSON (Gaeriel-Dias), maître de chapelle
du couvent des Carmes déchaussés de Madrid,
vers le milieu du dix-septièmesiècle. Le catalogue
de la Bibliothèque du roi de Port ugal Jean IV, indi-
que un traité de composition par cet auteur, in-
titulé : Compendio de musica ; mais il ne fait
pas connaître s'il est imprimé ou manuscrit.
BESSON (Gabriel), violoniste et composi-
teur, vivait à Paris au commencement du
dix-huitième siècle. 11 y a publié : Douze sonates
à violon seul, l'^'" livre, in fol.
BESTES (Godefroy-Ernest), l'un des meil-
leurs organistes de l'Allemagne, naquit à Berka
près de Weida, le 7 février 1B54. Jean Winten,
organiste de la cour à Altenbowrg, lui donna li^s
premières leçons de clavecin. En 1699, Bestes
succéda à son maître dans son emploi ; il mou-
rut en 1732, après avoir occupé cette place pen-
dant quarante-deux ans. L'on n'a rien imprimé
de ses compositions.
BETHISY (JEAN-LAtRENT he), né à Dijon,
le l^f novembre 1702, fut professeur de musique
à Paris, et se fit connaître par un ouvrage in-
398
BETHISY — BETTONI
titillé : Exposition de la théorie et de la pra-
tique de la musique, suivant les nouvelles dé-
couvertes; Paris, 1754, in-8°. 11 y a une seconde
édition de cet ouvrage; Paris, 175'i, in-S». L'au-
teur y expose la théorie de l'harmonie selon les
principes de Rameau ; mais il fait voir que ces
principes sont souvent en contradiction avec la
pratique. Toutefois, ses exemples sont mal écrits
et ne s'élèvent pas au-dessus de l'école fran-
çaise de son temps. Mattlieson a fait une criti-
que de cet ouvrage dans son Plus ultra, p.
465-471. Dans la Biographie Universelle de Mi-
chaud on attribue à Betliisy la musiqued'un opéra
intitulé : L'enlèvement d'Europe. On a aussi de
sa composition Le transport amoureux et Le
volage fixé, cantalilles ; Paris, in-(ol. sans
date. Bétliisy est mort à Paris, le 19 octobre
1781.
BETHMAIVIV (CnRiSTrAN), excellent facteur
d'orgues à Hanovre, né en 1783, est mort dans
cette ville, le 7 juillet 1833, à l'à^e de cinquante
ans. Au nombre de ses ouvrages se trouve un
nouveau Clavict/lindre, dont Chladni a rendu
compte dans la Gazette générale de musique de
Leipsick (1824, n» 51, pages 826-827). En 1825,
Betlimann a publié dans le même journal (no 36,
p. 607 et suiv.) ime réfutation d'un article que
Wilke, organiste et directeur de musique à Neu-
Ruppin, avait publié dans le numéro 43 de la
mCme gazette (page 690) , concernant la facture
des orgues. Wilke répondit à celte critique dans
le volume suivant; mais les observations de
Betlimann n'en subsistèrent pas moins.
BÉTHUIVE (Le comte de), poète et musi-
cien français du douzième siècle. Une chanson
de Hugues d'Oisy, qui lui est adressée, semble
prouver qu'il avait accompagné Philippe-Auguste
en France, à son retour de la Terre sainte. On
connaît douze chansons notées de sa composi-
tion : le Mss. 7222 de la Bibliothèque du Roi
en contient neuf.
BETTELLA (Paul), chapelain de la cathé-
drale de Padoue, dans la seconde moitié du
dix-septième siècle, eut pour maître de com-
position Simon Vesi, maître de Chapelle à Forli.
11 a fait imprimer un œuvre qui a pour titre :
Messa e Salmi a 1, 2, 3, voci concerlati, con
violini, op. l-''; Venise, 1677, in-4o
BETTIGIVIES (Jean de), maître des primi-
riers de l'église Notre-Dame de Tournay, dans
la première partie du dix-septième siècle, est
connu par deux rondeaux mis en musique à
quatre parties, lesquels sont insérés dans un re-
cueil qui a pour titre : La pieuse alouette avec
son lire-Zire; Valenciennes, 1510 et 1621. 2 vol.
in-S". Les rondeaux de Bettigniesse trouvent dans
le premier volume ; on trouve dans le deuxième
Le pieux chant de Vulouette, à quatre parties,
par J. J., maître des priiuiciers de l'église Notre-
Dame de Tournay ; ce qui a fait croire à M . de Cous-
semacker (Notices sur les collections tmisicales
de la bibl. de Cambrai, etc., p. 118), avec beau-
coup de vraisemblance, que Beltignies était mort
avant que le deuxième volume lût publié, en 1621.
BETTIIVI (Etienne) surnommé il Forna-
rino, parce qu'il avait été boulanger, fut un con-
trapiinliste distingué du seizième siècle. Il eut
pour maître Goudimel, et fut condisciple de
Jean Animuccia , de Palestrina , d'Alexandre
Merlo, et de Jean-Marie Nanini. En 1562 il fut
nommé chapelain chantre de la chapelle pon-
tilicale, à Rome. Ses compositions sont restées
en manuscrit. L'abbé Sanlini possède de ce mu-
sicien un Salvum me fac, et un Transeunte
Domino, motets à cinq voix.
BETTINI (GiROLAMC^, compositeur ilalien,
vivait dans la première moitié du dix-septième
siècle. Il a publié des messes à cinq voix; Ve-
nise, 1647.
BETTIIXI (Mario), .savant jésuite ilalien,
né à Bologne, le 6 février 1584, fut professeur de
morale, de philosophie et de mathématiques au
collège de Parme. 1-1 mourut à Bologne le 7 no-
vembre 1657. On trouve beaucoup de choses
relatives à l'acoustique et à la partie mathématique
de la musique dans ses livres intitulés 1 1° Apia-
ria universx philosophise, mathematicx, in
quibus paradoxa et nova pleraqtie mac/iina-
vienta ad usus exïmios traducta et /acillimis
demonstralionibus con/irmata exhibenlur, Bo-
logne, 1641-1645, 3 vol. in-foi. —2» Euclides
explicatus, 1642 et 1645 ; ouvrage qui fait aussi
partie du précédent — ^rarium philosophiœf
mathemathicae; Bologne, 1648, in-8°
BETTOIXI (L'abbé Bartuolomé), savant
italien, a publié un recueil de dissertations sous
ce titre : Osservazionni sopra i salmi ; Ber-
game, Locatelli, 1786, 2 vol. in-8°. La sixième
dissertation du premier volume traite de la mu-
sique des anciens, et particulièrement des Hi-
breux au temps de David et de Salomon. La
septième dissertation est aussi relative h desi
objets de musique et aux instruments des Hé-
breux.
BETTOMI (Nicolas), typographe italien, né
à Poito-Guaro, petite ville du royaume Lom-
bardo-Vénitien. Après avoir rempli divers em-
plois publics à Vérone, à Udine et à Brescia, il
quitta lacarrière administrative, et fonda diverses
iuiprimeries à Brescia, à Padoue, à Milan, et à
Porto-Guaro; mais ces entreprises ne furent point
heureuses, et Beltoni fut obbligé de chercher un
BETTONI — BEUTLFJl
309
refuge à Paris, où il établit une nouvelle imprime-
rie. 11 cnllivail les lettres. Au nombre des opus-
culcsqu'il apublics, on remarque celui-ci : Rossini
elsavnisique; Paris, Beltoni, 1836, 16 p. in-S".
BEÏTS (John), luthier anglais, a joui de
beaucoup de réputation dans son pays à la fin
•lu dix-huitième siècle et au commencement du
dix-neuvième. 11 travailla à Londres depuis 1787
jusqu'en 1823, époque de sa mort. Les instru-
ments qu'il fabriqua, et surtout le commerce
qu'il fit des anciens violons, altos et basses de
Crémone, lui firent acquérir une fortune consi-
dérable, dont ses neveux, John et Arthur Betts,
ont hérité. Ceux-ci continuent sa lutherie et
ont obtenu une médaille à l'exposition de 1851,
pour des imitations de violons d'Amati.
BETTS (Arthur), neveu du précédent, vio-
loniste anj^lais, naquit dans le comté de Lincoln,
vers 1780. Son frère, fabricant de violons à Lon-
dres, l'appela près de lui, et lui fil donner les
premières leçons par Hindmarsh, violoniste mé-
diocre;mais, après quelques mois, il eut le bon-
heur de passer sous la direction de Violti. Il re-
çut aussi des leçons d'Eley et de Russel pour
l'harmonie, et il fut un des plus habiles profes-
seurs de l'Angleterre. On a de lui plusieurs ou-
vrages pour le piano et pour le violon.
BETZ ( Suzanne-Jacobine), connue sous le
nom de M"' Jungert, née à Augsbourg, en 1745,
y prit des leçons de musique de J. G. Seyfert,
et devint une cantatrice excellente. Vers 1768,
elle passa au service de la cour de Munich, en
qualité de première chanteuse des concerts, et
y réunit tous les suffrages. Elle vivait encore à
Munich vers 1811.
Une autre cantatrice de ce nom. M^i* Émilia
Betz, née à Cobourg, s'est fait remarquer comme
cantatrice douée d'un beau talent, à son début
en 1845, dans La Fille du régiment, jouée au
théâtre de la cour de Saxe-Cobourg. L'éduca-
tion vocale de M"* Betz avait été faite à Vienne
et à Paris.
BEUF (Jean le). Votj. Lebeuf.
BEURHUSIUS (Frédéric), philosophe al-
lemand, né à Menertzhagen, était corecteur à
Dortmund, en 1573. On a de lui : Erotematinn
musica: libri duo, ex oplimis hujus arlis
scriptoribus vera perspicuaque melhodo des-
cripti ; Nuremberg, 1551 , in- S". Forkel n'a pas
eu connaissance de cette édition, qui esta la Bi-
bliothèque Mazarine. Il y a des éditions de cet
ouvrage datées de Nuremberg 1573, 1580, 1585
et tôOl, toutes in-8o. Celle de 1585 est accom-
pagnée d'une préface de Jean-Thomas Freig,
recteur à Altorf. Toutes ces éditions sont éga-
lement rares. L'ouvrage de Deurhusius n'e.st
pas sans intérêt pour l'histoire de la musique.
BEURSE ( Pierre ou Pierquin), organiste
de la chapelle de Charles le Téméraire, duc de
Bourgogne, paraît pour la première Ibis dans
l'état (le cettechapelle, dressé au mois de novem-
ble 1474. Son nom est inscrit dans les registies
sous ces formes Beurse , Beurst , Bursin et
Veurse (1). Beurse se trouve encore dans les
états de la chapelle ducale de Bourgogne en 1480
et l48l ; mais il n'est plus dans celui de novem-
bre 1492, et Gomart, surnommé Nepofis , y est
inscrit comme son successeur dans la place d'or-
ganiste. Une chanson à trois voix, sous le nom
de Beurt se trouve dans un manuscrit qui a ap-
partenu à Pixérécourt {voy. ce nom) et qui est
passé en Angleterre : il est vraisemblable qu'elle
appartient à l'artiste dont il s'agit ici.
BEUTLER ( Jean-Georces-Bernard), co-
recteur à l'école de Mulhausen, a publié en
1788, chez Breitkopf et Hœrtel, à Leipsick, des
Conversation!! musicales pour le piano, en
deux parties. H arrangea ensuite à quatre parties
d'anciennes mélodies chorales du dix-septième
siècle, sur lesquels Demme avait mis de nouvelles
paroles. Après avoir soumis ce travail au savant
organiste Umbreit, il le publia sous ce titre r
Nouveaux cantiques de Demme sur d'excel-
lentes mélodies anciennes, arrangées avec ac-
compagnement de piano ou orgue, Golha,
Beckerl799, in-4o. On a aussi soui le nom de
Beutler des Menuets brillants pour le piano;
Leipsick, 1800.
BEUTLER (Benjamin), né à Miihlhausenle
2 décembre 1792, est mort le 2 janvier 1837
dans la môme ville, où il remplissait les places
de directeur de musique et de secrétaire du
gymnase. Après avoir terminé ses premières
études dans ce collège, il alla suivre les cours de
l'université de Gottirigue, où il s'adonna parti-
culièrement à la théologie. L'amour de la mu-
sique le lia avec Forkel. De retour à Mùhlhausen,
il succéda à son oncle en 1814 dans la place
d'organiste à la Marienkirche ( l'Église de
Sainte-Marie). Quelques années après, le ma-
gistrat de la ville le nomma directeur de musi-
que et sous-recteur du gymnase. Il devint en
quelques années l'âme du mouvement musical
à Miihlhausen, établit des chœurs de garçons et
de filles dans les écoles, et fut le fondateur d'une
société de chœurs d'hommes, en 1830. Enfin il
organisa à Miihlhausen de grandes fêtes musicales,
dont il fut le directeur. Homme religieux et
d'une moralité sévère, il jouissait de l'estime
générale. 11 a été l'éditeur, conjointement avec
(1) Collection des lettres patentes de l'Audience, aux ar-
chives du royaume de Belgique.
400
BEUTLER — BEVm
HiUlebrand, des mélodies chorales pour le livre
de chant de Mùhlhausen, sous ce titre : Choral-
Melodieen fier das Mûhlhauser Gesangbiich
zum Gebrauch in Schulen, in Kirchen und
der hauslichen Andacht ; Mùlilhausen, Fried,
Heinriclis Hofen, 1834, in-8o.
BEUTLER (F...), musicien de la chambre
de la cour de Bavière, violoniste et virtuose sur
le piano, né à Munich, vers 1798, a vécu à Berlin
vers I3l9,puis à Zuricti, ets'eslfixé à Lausanne,
où il a été nommé directeur de musique en
1825. Il s'y trouvait encore en 1833. Il s'est fait
connaître par quelques compositions parmi les-
quelles on remarque : 1° Allegretto pour le piano;
Beriin, Grobenchùtz. — 2° Pot-Pourri, op. 2; Mu-
nich, Faller. — 3o Six variations et coda. cp. 4 ;
ibid. ; — 4° Six variations et rondo sur un thème
original, op. 6; ibid. — 5° Neuf chansons al-
lemandes; ibid. — 6° Pot-Pourri pour le violon,
sur un thème de la Dame Blanche, avec or-
chestre, op. 15;Leipsick, Breilkopf et Hœrtel.
— 7" 3 chants de société pour 4 voix d'hornmes.
op. 13; ibid. — ^o Allegro poco andanlino,
pour piano, Hambourg, Schubert. En 1829,
Beutler a fait exécuter une ouverture à grand
orchestre de sa composition, el une autre ou-
verture sur l'air français : ô ma Pairie.
BEUZIIV (J. G.), écrivain allemand, incon-
nu à tous les bibliographes, de qui l'on a un
opuscule intitulé : Beurleilting der païUomi-
mischen Oper des hem JSiccolini (Ciiti(iue de
l'opéra pantoraimique de M. Niccolini); lirlùrt,
1751, m-4>' de 4 feuilles.
BÊVEîilNI (François), musicien, né vrai-
semblablement à Rome, vers le milieu du
quinzième siècle, est cité comme auteur de la
musique d'une espèce d'opéra , ou plutôt d'un
Mystère, dont le sujet était la Conversion de
Saint-Paul. Ce mystère fut représenté à Rome
en 1480, par ordre du cardinal Raphaël Riari.
Bonnet {Histoire de larmtsique, tom. 1, p. 256)
et Blankenburg, dans le supplément à la théorie
des beaux-arts de Sulzer (t. 2, p. 457), disent
que celte pièce a été chantée d'un bout à l'autre,
et se fondent sur un passage de l'épître <lédica-
toire de Jean Suipicius, auteur de la pièce, au
cardinal Riari, où il est dit que jusqu'alors on
n'avait jamais entendu à Rome une semblable
exécution en forme de chant. La question reste
néanmoins indécise; mais quoi qu'il eu soit, il
est certain que la musique de Beverini a dû être
dans le style du contrepoint d'église de son
temps.
BEVILAQUA(M.), flûtiste et virtuose sur
la guitare, est né en Italie, et a vécu longtemps
à Vienne. Plus de soixante œuvres de musique
portent son nom. Parn.i ses productions, on re-
marque : 1° Trois duos toncertanls pour deux
(lûtes; — 2° Trois trios pour deux clarinettes
et basson, — 3" Quatuor pour guitare, violon,
flûte et violoncelle, op. 18. — 4° Neuf varia-
lions pour guitare et flûte sur l'air : La Bion-
dina. — 5° Variations sur un air allemand,
pour guitare et flûte ou violon, op. 62. — 6» So-
nate pour piano et flûte (en sol), op 63. Tous
les autres ouvrages de Bevilaqua consistent
en duos pour guitare et flûte, piano et violon :
ils ont été gravés à Vienne et à Rome. Les au-
teurs de la nouvelle Encyclopédie musicale, pu-
bliée à Stuttgard, disent que les productions do
cet artiste portent le cachet de connaissances
solides en musique. L'un de ses derniers ouvrages
est une Méthode de guitare. On n'a plus rien
imprimé de Belivaqua depuis 1827.
BEVIN (Elway), habile compositeur anglais,
vivait vers la fin du règne d'Elisabeth, il était
du pays de Galles; mais on ignore le lieu et la
date de sa naissance, ainsi que celle de sa mort.
Tallis fut son maître de composition et l'eut
pour successeur dans sa place à la chapelle
royale, en 1589. Peu de temps après, il fut aussi
nommé organiste de la cathédrale de Bristol;
mais il perdit ces deux emplois en 1637, parce
. qu'on découvrit qu'il était de la communion ro-
maine. On trouve dans la collection de Bar-
nard intitulée .• First Book nf selected Churh
Musick (iêii), un service de musicpie d'église
qui y a pour titre : M. Elway Bevin's first ser-
vice ofi und à parts. Celte composition, la seule
qu'on connaisse aujourd'hui de Bevin, a été re-
produite dans la grande collection de Boyce inti-
tulée Cathedral Music. Mais l'ouvrage qui a
fondé la réputation de ce musicien est un traité
de composition intitulé : A brief and short
Introduction to the art of Musicke, to teacli
liov) to make discant of ail proportions tlial
are in use : very necessary Jor ail such as
are désirons to atlaine to Knowledge in the
art, and may by practice, if they can sing,
soon be able to compose three, four, andfive
parts, and also to compose ail sorts of canons
that are tisual, by thèse directions, of two
or three parts in one , upon a plain song
(Courte introduction à l'art de la musiqu<',etc.) ;
Londres, 1631, in-4'' de 152 pages. Ce livre est
devenu très-rare. On y trouve des règles
pour la construction de toutes les espèces de
canons, avec des exemples jusqu'à six parties.
Kollmann a rapporté et e\pliq\ié cinq canons
extraits de l'ouvrage de Bevin dans son Essay
on practical musical composition, chapitre IX,
et planches 40 et 41. Bevin fut le maître du
BEVIN
BETLE
401
Dr. William Ciiild. Biiriiey a dit de lui ( llis-
tory o/ Music, vol. III, p. 327) : « IJcviii fut
« réelleinenl un homme de génie : il est regret-
« table qu'un plus grand nombre de ses coiiipo-
« sitions n'ait pas été conservé. »
BEYER (Jean-Samuel), né à Gollia, vers
1680, lut d'abord canlor à l'école de Weis-
senfels, et ensuite directeur de musique à
Freyberg, où il demeura depuis 1703 jusqu'à sa
mort, arrivée en 1744.11 s'est lait connaître
également comme compositeur et comme écri-
vain didactique. Ses principaux ouvrages sont :
1° Primx iinex viusicx vocalis, dass ist
kurze, teichte, grûndliche und richtige An-
weisung , wie die Jmjend , so wohl in den
ceffentUchen Schulen, ah auch in der Priva t-
Information, ein musikalisches Vokalstûck
ti'o/d und richtig singen zu lernen , aufs
ktirtz te kann unterrichlet loerdcn, mit un-
terschicdlichen Canonibus, Fugen, Soliciniis,
Biciniis, Arien und einem Appendice, wo-
rinnen allerhand lateinische, franzœsische
und italixnische Termini musici zii finden,
etc. (Introduction courte, facile, londamentale et
exacte à la musique vocale, etc.) ; Freyberg, 1703,
14 feuilles in-4° obi. Une seconde édition a été
publiée dans le même format à Dresde, en 1730,
mais réduite à la moitié, par la suppression des
exemples de canons, de fugues, etc. — 2° Mu-
sikalischer Vorrath neu variirter Feslchoral-
Gesœnge, an/ dem Clavier, in Canto undBasso,
zuni Gebrauch sowohlbeym oc/Jenllichen Got-
tesdienst, als beliebiger Haîis-Andacht {Ma-
gasin musical de nouveaux chants simples variés,
pour clavecin avec soprano et basse, etc.), pre-
niière partie; Freyberg, 1716, in-4''; deuxième
partie, 1716; troisième, idem, 1719. — 3" Ge(.5-
tlich-musikalische Seelen-Freude, hestehend
aus 12 Concert-Arien von 1 vocal und 5 ttn-
terschiedlic/ien Jnstrumental-Stimnien, au/
aile Sonn-und Fest-Tage' zu gebrauchen.
(L'âme joyeuse, spirituelle et musicale, consistant
en soixante-douze airs concertants pour deux
voix et cinq instruments, etc.); Freyberg, 1724.
in-4°
BEYER (...), physicien, Allemand de nais-
sance, domicilié à Paris, y inventa un instrument
composé de lames de verre frappées par des
marteaux, dans la forme d'un piano, et qui
fut appelé Glass-churd par Franklin. Un pia-
niste, nommé Schunck, le joua en public pen-
dant quinze jours, au mois de novembre 1785.
Cet instrument a été employé avec succès à
l'Opéra, dans les Mystères d'I.sis, pour rem-
placer la flûte enchantée. C'est ce môme instru-
ment, dépouillé de son clavier, et frappé par un
SIOGR. UNlV. DES MUSICIENS. - T. I.
simple marteau de liège, qui a été rendu popu-
laire à l'uris.
BEYER (Ferdinand), l'un des fabricants
les plus actifs de cette musique de piano sans
idées et sans valeur, sur des danses ou des airs
d'opéras, que l'époque actuelle voit éclore chaque
jour. Les renseignements me manquent sur sa
personne. Il a commencé à se faire connaître
vers 1840, et déjà on a imprimé sous son nom
quelques centaines de morceaux (en 1859) ; ce
pendant Gassner n'en parle pas dans son lexique,
qui a paru en 1849. La plupart des productions
de M. Beyer ayant été publiées chez Schott,
à Mayence, et chez Simrock, à Bonn, il est vrai-
semblable qu'il habite dans quelque ville des
bords du Rhin.
BEYLE (Marie -Henri) (1), littérateur
français qui s'est caché sous plusieurs pseudo-
nyn>es, notammentsous celui de S/endAa/, naquit
à Grenoble , le 23 janvier 1783, et mourut à Pari.s
le 23 mars 1842. Fils d'un avocat au parlement
de Grenoble, il eut d'abord pour précepteurs des
prêtres, qui lui firent prendre enaversion leur en-
seignement sévère ; puis il entra à l'école centrale
de sa ville natale en 1795, en suivit les cours
pendant quatre ans, et y obtint des succès.
En 1799 il se rendit à Taris, et y trouva un lo-
gement dans la maison de M. Daru, allié de sa
famille. Il se destinait à entrer à l'École poly-
technique ; mais ennemi du travail, il ne put se
mettreen état d'y êlreadmis. M. Daru essaya alors
de le placer dans l'administration : il y montra
la même incapacité, et en sortit pour aller étudier,
dans l'atelier de Regnaull, la peinture, qui ne lui
réussit pas mieux. Fn 1800, il suivit M. Martia
Daru en Italie. Arrivé à Milan, il essaya de
nouveau de l'administration dans les bureaux
du gouverneur de la Lombardie, s'en dégoûta
bientôt, et entra comme maréchal des logis
dans le sixième régiment de dragons : six mois
après il obtenait par ses protecteurs l'épaiiletle
de sous-lieutenant, et en cette qualité il prit part
aux combats que l'armée française livra en Ita-
lie. La carrière militaire n'ayant pas pour lui
plus d'attrait que toutes celles qu'il avait essayées,
il donna sa démission à la paix d'Amiens, en l SOî,
(1) Dans la première éilition de la li'iographie universello
des Musiciens , j'ai donné a Be.vle les pronoms de Louis-
Alexandre César; d'après la hrance Littéraire de M. Qné-
rard (t. i"',?. 323). M. P. Colomb-des-Batlus l'appelle Ar-
thur-Louis .llexandre César, dans son Cataloytic des
Dauphinois dignes deMémoire il810, in 8") ; mais M. Qné-
rard assnre {dans La Littérature contemporaine, xix' siè-
cle, t.), p. 44'j, note) que le véritable prénom de Beyle
est Henri, et la Nouvelle Biographie universelle de MM.
Mlchaud, à laquelle j'emprunte les détails Biographi-
ques de cette notice, le nomme jVarie- Henri. ÇT. V,
col. ssn.)
402
BEYLE
et retourna à Grenoble reprendre l'existence oi-
sive pour laquelle il avait un penchant décidé. Ce-
pendant, sans fortune, il avait besoin d'un état :
on essaya de lui en donner un en le faisant en-
trer dans une maison de commerce à Marseille,
en 1805; il n'y put rester une année entière. De
retour à Paris, il partit pour l'Allemagne, avec
M. Daru, en 1806, et, grâce à son protecteur, il
fulnommé intendant des domaines de l'empereur,
à Brunswick, puis, en 1807, adjointd'un commis-
saire des guerres. En 1810, il entra au conseil d'É-
tat comme auditeur, et fut peu après chargé des
fonctions d'inspecteur de la comptabilité du mo-
bilier et des bùtiments de la couronne, fonctions
qu'il abandonna en 1812, pour accompagner M.
Daru, en amateur, dans la campagne de Russie.
En 1814, il retourna à Grenoble avecle titre d'ad-
joint au commissaire extraordinaire; mais immé-
diatement après la première invasion de la France,
il alla se fixer à Milan, où il passa sept années,
trouvant ses moyens d'existence dans les nombreux
articles qu'il fournissait aux revues françaises et
auj^laises. H s'y trouvait parfois des révélations
sur la situation de laLombaniie qui fixèrent l'at-
tention de la police aulricliienne : elle l'obligea
à retourner à Paris en 1821. Il y resta jus-
qu'en 1830, uniquement occupé de travaux litté-
raires. La révolution de juillet lui fut favorable en
lui procurant, le 25 septembre 1830, le brevet
de consul de France à Trieste. M. de Metternich
lui ayant refusé Vexequatur, il alla à Civita-
Vecchia remplir les mêmes fonctions, qu'il exerça
jusqu'à sa mort. J'ai connu IJeyle en 1830, dans
les bureaux delà rédaction du journal Le Temps :
c'était un gros homme, fort insouciant, fort som-
meillant, et dont la conversation n'indiquait pas
l'esprit qu'il amis dans ses livres. Il ne savait
causer que la plume à la main.
Beyle débuta mal dans la littérature ; car ce fut
par un plagiat. Un livre intéressant de Carpani
avait été publié sous ce titre : Le Haydine, ov-
vero lettere su la vita e le opère del maestro
Ghtseppe Haydn {Voyez CARPA.\r) : il tomba
entre les mains de Beyle, qui le traduisit en
français, et le publia sous le pseudonyme de
fiombet, et sous ce titre : Lettres écrites de
Vienne en Autriche sur le célèbre compositeur
Joseph Haydn, suivies d''une vie de Mozart,
et de considérations sur Métastase et l'état
présent de la musique en France et en Italie;
Paris, Didot, 1814, in-S" de 460 pages. Cette
traduction, achevée à Londres, fut elle-même
traduiteen anglais quelques annéesaprès. Le titre
de la version anglaise est : Lives of Haydn
aud Mozart, in a séries of letters, translated
from thefrench; London, Murray, 1817, in-S"
(le 493 pages. La supercherie était trop évidente
pour que Carpani gardât le silence. Il attaqua
le plagiaire pseudonyme avec autant de force que
de vivacité dans deux lettres écrites de Vienne,
les 15 et 20 août 1817, qui parurent.dans laiVwo-
va série del Giornale deW Italianaletteraturaf
t. X, Padova, 1817, p. 124-140, avec ce titre :
Lettere due dell'autore délie Haydine, Giu-
seppe Carpani, milanese, al sig. Alessandro
Cesare Bombet, francese, sedicente autore
délie medesime. A ces lettres étaient jointes
des déclarations de Salieri, Weigl, Frieberlh,
du conseiller de légation saxone Griesinger, et
de M'ie Kurzbeck, lesquelles disaient que Car-
pani était le véritable auteur des Haydines, et
que le livre de Bombet n'en était qu'une simple
traducti(Tn. Quelques journaux littéraires de
l'Allemagne reproduisirent la réclamation de
Carpani, et le Journal de Paris en donna
un extrait au mois d'octobre 1817, avec des ré-
flexions désagréables pour Beyle , qui n'essaya
pas de répondre à ces attaques, mais qui ne re-
produisit pas moins son livre avecle titre de Vies
de Haydn, Mozart et Métastase. Paris, De-
launay, 1817, in-S". Cette fois il avait changé le
pseudonyme de Bombet en celui de Stendhal.
M. Quérard s'est trompé (dans la France Litté-
raire, t. r'., p. 325) lorsqu'il a considéré les
Lettres écrites de Vienne et les Vies de Haydn
et de Mozart comme des ouvrages différents. Il
n'a pas connu non plus le titre exact de la pre-
mière édition. Carpani semble avoir été destiné
à être pillé ou imité par Beyle. Il avait fait in-
sérer dans les journaux d'Allemagne et d'Italie
depuis 1818 jusqu'en 1822, diverses lettres sur
Rossini et sur plusieurs autres compositeurs du
même temps, particulièrement sur Tancredi et
sur Freyrchùtz ; ses lettres ont été réunies de-
puis lors avec quelques autres morceaux du même
aut^r, sous ce titre ■• Le Rossiniane ossia let-
tere musico-teatrali. Or, Beyle publia, en 1823,
une Vie de Rossini (Paris, Bouland, deux parties
in-8°), qu'il reproduisit l'année suivante, comme
une édition nouvelle, au moyen d'un nouveau fron-
tispice. Ce livre, mis au jour sous le nom de Sten-
dhal, renferme une grande partie des opinions
exprimées par Carpani sur Tancrède de Ros-
sini, sur FreychiitZy de Weber, sur Otello, et
sur beaucoup d'autres productions de l'école mo-
derne. Le reste, particulièrement la partie bio-
graphique, a pour base des anecdotes recueillies
à la légère par l'auteur, et quelques faits em-
pruntés aux almanachs de spectacles publiés à Ve- .
nise et à Milan. Tout cela est rempli d'inexactitu-
des. Quanta la forme de l'ouvrage, on y remarque
le même désordre que dans toutes les autres pro-
BE\'LE — BIANCUI
403
duclions de Beyie. Quelques pnfjes ont le cachet
du talent qu'on ne peut refuser à récrivaln, et qui
a fait le succès de ses romans, de ses peintures
de mœurs et (le SCS brochures; mais les contra-
dictions y fourmillent; les jugements elles cri-
tiques accusent une ignorance complète de l'art
et un espiit tout rempli de préjugés ; enlin, en dé-
pit de son goilt apparent pour la nouveauté, on
y voit que Beyle a des habitudes et des affec-
tions pour les souvenirs de sa jeunesse. Le pro-
fesseur Wendt, qui a publié à Leipsick, en 1824,
une traduction allemande du livre de Beyle, en a
corrigé les inexactitudes dans des notes, il en a
été fait une traduction anglaise, publiée à Lon-
dres, en 1826, 1 vol. in-12. Des éditions en ont
été faites en Belgique; et il en a été publié une
nouvelle à Paris, en 1854, un vol. in-12, avec
quelques additions. Les ouvrages de Beyle,
étrangers à la musique, sont : l^Une Histoire
delà Peintureen llalie;PaT\s,is~7,2 vol.in-8o,
reproduite plusieurs fois avec des changements
de titres cd\«me des éditions nouvelle**. — 2°
Rome, Naples et Florence en 1817 ; Paris, 1817,
in-S". — 3° De VAmour; Paris, i722, 2 vol.
in-12; production audacieuse et immorale. — 4°
Annance, roman; Paris, 1827, 3 vol. in-12. —
5" Promenades dans Rome; Paris , 1829, 2 vol.
in-S". — 6° Rouge et Noir, chronique du dix-
neuvième siècle; Paris, 1831, 2 vol. in-8°. —
7° Mémoires d'un Touriste ; Pari?., 1838, 2 vol.
in-8". — 8°. La Chartreuse de Parme; Paris,
1839, 2 vol. in-80. C'est la meilleure production
de l'auteur. — 9° Quelques brochures de cir-
constance, etc.
BEYSSELIUS (Jodocus), conseiller impé-
rial, philosophe, orateur et poète, né à Aix-la-
Chapelle, vécut de 1454 à 1494. Au nombre de
ses écrits, Tritliême(/)e Script. Eccles., p. 395),
place un dialogue Z)e optimo génère musicorum,
lib.I.
BEZEGUI (Ange-Michel), compositeur et
bon violoniste, né à Bologne en 1G70, vint à
Paris vers 1684, etdevintchef de la musique de
l'agon, surintendant des finances. Il eut le mal-
heur de se casser le bras, et son protecteur lui
assura une existence aisée, mais qui ne le con-
sola jamais de son accident. Il mourut en 1744.
On connaît de lui : Sonate a violino solo e
violoncello o basso continua, op. 1", Amster-
dam, Roger, in-fol. obi. , et un livre de pièces
de clavecin.
BIAGGI (Al\m4nno) , compositeur italien ,
né en Lombardie, a fait ses études musicales au
Conservatoire de Milan. Fixé à Florence vers
1838, il y occupe les positions de maîlre de
chapelle de l'institut musical de cette ville, et
de premier violon de la cour de Toscane. Son
début <lans la composition dramatiipie eut lieu
au théâtre de la Pergola, à Florence, le 15 sp[)-
teud)re 1840, (lar Vo\)éi;\ intitulé [ Petromïani
ed i Geminiani, dont le libretto n'était autre
que celui de la Secchia rapita, mis précédem-
ment en musique par Zingarelli et plusieurs
autres compositeurs. Biaggi avait écrit une ou-
verture à grand orchestre, pour un concert du
Conservatoire de Milan, qu'il a ensuite arrangea
pour le piano à quatre mains, et qui a été jiu-
bliée chez Ricordi. On connaît aussi de lui une
messe de requiem à quatre voix et orchestre, en
partition ; Florence, Ferdinand Lorenzi, in-fol. Les
joiuTiaux italiens ont annoncé, en 1855, la re-
présentation, au théâtre Léopold de Florence, de
l'opéra Gonzalvo di Cordova, musique com-
posée par Alessandro Biagi : il est vraisem-
blable qu'il y a là une crre\ir typographique, et
qu'il faut Wvq Alamanno Biaggi.
BIAGIOL1 (Nicolas-Josapuat), grammai-
rien et littérateur, né en 1761, à Vizzano, dans
l'état de Gênes, lit ses études à Rome, et fut pro-
fesseur à l'université d'Urbino dès l'âge de dix-
sept ans. Après avoir été préfet de Rome pen-
dant l'occupation de l'Italie méridionale i)ar les
armées de la République française, il fut obligé
de se réfugier à Paris, en 1798, et d'y ouvrir des
cours de langue et de littérature italienne pour
vivre. Il y mourut des suites d'une Quxion de
poitrine, le 13 décembre 1830. On a de Bia-
gioli des éditions estimées du Dante et de Pé-
trarque, une grammaire italienne qui a eu beau-
coup d'éditions, des poésies latines et italiennes,
ainsi que plusieurs autres ouvrages sur lesquels
on peut consulter le supplément de la Biogra-
phie universelle de MM. Michaud. Biagioli n'est
cité ici que pour un poème intitulé : La nascilà
del gran ifossini ; Paris 1823,1 feuille in-4°.
BIAGIOLI (...) une petite sonate pour le
piano, intitulée La Caccia, a été publiée sous ce
nom, chez Ricordi, à Milan.
lîIANCA (...), maître de chapelle à Naples,
naquit dans cette ville en 1788. Artiste sans génie,
il a donné plusieure opéras qui sont déjà ou-
bliés ; on n'a le nom que d'un seid, Zoraïde e
Corradino. De 1S15 à 1825, il a fait, comme
chanteur, un long voyage en Allemagne, en An-
gleterre et en France; mais il n'a pu réussir à
se faire remarquer.
BIANCm (Pierre-Antoine) , compositeur ,
né à Venise, vers 1530, fut d'abord chanoine
régidier de Saint-Sauveur dans cette ville, et
ensuite chapelain de l'archiduc Ferdinand d'Au-
triche. On a de lui : 1" H primo libro délie
canzoni Napoletanc a tre voci; Venise, 1572,
26.
404
BIANCHI
in-B". G. Alberici dit {Catal. brève degl illust.
Scritt. Veneziani, p. 77) qu'un autre ouvrage
de Bianclii a été publié à Venise, vers 1605,
mais il n'en indique ni la nature, ni le titre. Enfin
on a de lui : — 2° Sacri concentus, octovocïbus,
tum vivx vocis, ium omnium tnstrumento-
rum generi decantandi; Venise, 1609, in-4°.
Abraham Schad a inséré des motets de ce com-
positeur dans son Pi'omptuarium musicum.
{Voy. Schad.)
BIAIXCHI (Jacqdes), compositeur italien,
vécut dans la seconde moitié du seizième siècle,
»'t paraît avoir été attaché au service des ducs
de Bavière. Un recueil de motets de cette
époque qui se trouve en manuscrit à la biblio-
thèque Royale de Munich, sous le numéro 41,
renferme, .sons le nom de ce musicien, le motet
à huit voix Verbum iniquum et dolosum.
BIANCHI (Anuré), né à Sarzana, dans le
pays de Gènes, vers 1580, fut d'abord musicien
au service d'un noble Génois nommé Carlo
Cibo, et ensuite organiste de la collégiale de
Chiavari. Il a fait imprimer divers ouvrages de
sa composition : 1° Motetli e Messe a otto voci;
Venise, 161 1, in-4°. — 2° Motelti a due, tre e
quattro voc\ ; Anvers, 1626, in-4''. Ce dernier
ouvrage doit être une deuxième édition. On
trouve des motets d'André Blanchi dans le
Promptuarium musicum d'Abraham Schad.
{Voyez ce nom.)
BIANCHI (Jules-César), compositeur ita-
lien du dix-septième siècle, a publié Motetli de
IJeata Virgine a 1-5 voci, e Missa a quattro
voci; Venise, 1620. Une seconde édition a paru
à Anvers, 1637, iu-4°. On Ut au titre de celle-ci :
1537 ; mais c'est évidemment une faute d'impres-
sion, car on trouve, à la suite des motets de
Blanchi, des litanies à six voix de Cl. Monteverde.
' BIANCHI (Christophe), compositeur, né à
Rome au conuuencement du dix-septième siècle,
a (ait imprimer dans cette ville, vers 1650, une
sorte detraité de composition sous ce titre : Ta-
vela dHmparare a formare passagi e fugfie
ed intavolarli per il liuto, gravicembalo, vio-
lone e viola da gamba (vid. Mersen. lib. 1.
De Instrum. harm. Prop. 7).
BIANCHI ( Le P. Jean-Baptiste), moine de
l'ordre de Saint-Augustin, naquit à Gênes, vers
le milieu du dix-septième siècle, et fit ses vœux
au couvent de Bologne. Il était organiste et
compositeur. On a imprimé de sa composition :
Madrigali a due être voci. op. P, Bologne,
Jacques Monti, 1675, in-4o.
BIANCHI (EusÈBE),.en latin Blancus, cor-
dt'lier, entra fort jeune dans son ordie, au cou-
vent de Modène. Il était né à Milan, vers le mi-
lieu du dix-septième siècle. Argelati et Piccînelli
vantent son savoir dans les langues hébraïque,
grecque, allemande, française et espagnole, ainsi
que dans les mathématiques, l'architeclure et
l'astronomie. On croit qu'il est mort vers 1725.
Au nombre de ses ouvrages se trouve le suivant :
Regole per fabricar un organelto, che anco è
gravicembalo, quale a forza di riiote da per
se suona due o tre ariette. Argelati, qui indique
cet écrit [Bibl. Script. Mediolan., t. 2, 2'' part.,
col 180. B.), ne fait pas connaître s'il est im-
primé.
BIANCHI (Jean), compositeur de musique
instrumentale, né à Ferrare, vers 1660, vivait
encore à Milan en 1710. Le catalogue de Roger,
d'Amsterdam , indique les ouvrages suivants de
sa composition : \° Dodici sonate a tre, op. l,
in-folio. — T Sei concerti da chiesa a quat-
tro stromenti , op. 2. — 3° Sei sonate a tre
op. 3.
BIANCHI (François), compositeur drama-
tique et maître de chapelle à Crémone, naquit
dans cette ville en 1752. Il vint à Paris en 1775,
et y fut attaché comme claveciniste au Théâtre-
italien, où il donna, dans la même année, La Ré-
duction de Paris, en un acte, et Le Mort marié,
en 1777. Trois ans après, il quitta son. emploi
pour aller composera Florence l'opéra de Castor
e Polluce, qui réussit. Cet ouvrage fut suivi de
]l Trion/o délia Pace, à Venise, en 1782. —
3° Démo faon te, 1783. — 4° Arbace, 1783. —
5° Cajo Mario, à Naples , 1784. — 6° Briseide,
à Turin, 1784. — 7° La Caccia d'Enrico IV,
à Venise, 1784. — i" Asparde principe Dat-
triano, 1784, à Rome. — 9° Il Medonte, àReg-
gio, en 1785. C'est dans cette même année, 1785,
que Bianchi obtint la place d'organiste du second
orgue de la chapelle ducale de Saint-Marc à Ve-
nise. 11 n'avait aucune pratique de l'orgue, dit
M.Cafri,et était complètement inhabile à rem-
plir cet emploi ; de plus il avait pour concurrents
des hommes de talent tels que Gazzaniga, Salva-
tor Perillo, le savant compositeur Furlannetto
et d'autres; mais la protection prévalut en faveur
de Bianclii, et il obtint la place, sans concours,
par un décret des procurateurs de la chapelle,
en date du 21 janvier 1785. Bien qu'il en touchât
le traitement , il n'en remplit jamais les fonctions.
Le scandale de son incurie à cet égard devint
tel , que , dans leur ressentiment; les procurateurs
rendirent un décret, le 20 novembre 1791, par
lequel la démission de sa place lui était donnée
2}otir avoir méconnu les devoirs de son emploi,
et qui ordonnait qu'il cessâtde recevoir les émolu-
ments attachés à cette place. Mais cette fois encore
la protection l'emporta sur la justice, et le 29 fé-
BIAJXCHI
405
vrier 1793 son emploi Ini fut rendu. Ce ne fut que
pour un petit nombre d'années; car la rép\ibiique
de Venise cessa bientôt d'exister. Ijianchi fut aussi
attaché comme maître au conservatoire des Men-
dicanti, et épousa Bianca Saclietti, une de ses
élèves les plus distinguées dans l'art du ciiant,
sur le piano et sur la harpe. — \o° Il Dissertore ,
à Venise, en 1785. Cet ouvrage avait été écrit
pour Paccliiarotti , qui parut sur la' scène avec
l'habit de soldat français, ce qui déplut tant aux
Vénitiens, qu'ils refusèrent d'entendre l'ouvrage
jusqu'au bout; mais, peu de temps après, la du-
chesse de Courlande, passant par Venise, désira
d'entendre cet opéra, qu'on joua par condescen-
dance pour elle, et dont la musique excita de tels
transports d'admiration, que l'ouvrage devint le
favori du même public qui l'avait d'abord rejeté.
— li" La Villanella rapila, en 1785. — 12° Pi-
ramoet Tlsbe, en 1786. — 13° Xa Verginedel
Sole, en 1786, à Venise. — 14° Scipione A/ri-
cano, à Naples, 1787. — 15° La Secchia r api ta,
1787. — I6o L'Orfano délia China, à Venise,
1787, — 17° P««arro, à Venise, 1788. — 18°i/e-
«enzio, à Naples, 1788. — \^'' Alessandro nelV
Indie, à Brescia, 1788. — 20° Tarara, un de
ses plus beaux ouvrages. — 21° Il Rilraito, à
Naples, 1788. — 22° L'Inglese stravagante,
1789, à Bologne.— 23°// Ga«o, 1789, à Brescia.
— 24° La Morte di Giulio Cesare, 1789, à Ve-
nise. — 25° VArviinio, 1790, à Florence. —
26° La Dama bizzarra, à Rome, 1790. —
27° Cajo OsliUo, à Rome, 1791. — 28° Agar,
oratorio, à Venise, 1791. — 29° Joas, oratorio,
1791. —30° llfinio Astrologo, 1191. — 31° Za
Capricciosa ravvedicta, 1793. — 32° VOlan-
dese in Venezia, en 1784. — 33° Lo Strava-
gante, 1795. Vers 1796, Bianchi se rendit à
Londres, où il écrivit, en 1797, Zenobia; dans
la même année il donna Inez de Castro, pour
M* Billington, et ensuite Aci e Galatea. La Se-
miramide fut écrite, en 1798, pour la signora
Baftti, et, l'année suivante, Bianchi donna Mérope,
le meilleur de ses ouvrages. Le style de ce com-
positeur est gracieux, mais n'a rien d'original.
Ce n'est qu'une imitation de la manière de Pai-
sicllo et de celle de Cimarosa. De tous ses opéras,
le seul qui ait été représenté à Paris est La Vil-
lanella rapj^a, joué d'abord, en 1790, authéâlre
de Monsieur, et repris en 1804 et en 1807. Bianchi
avait écrit un traité théorique sur la musique,
qu'il envoya à Paris pour être soumis à l'examen
de Lacépède, de Ginguené et de M. de Prony,
lorsque (^ paix d'Amiens eut ouvert les commu-
nications entre la France et l'Angleterre ; mais la
guerre étant sur le point d'être déclarée de nou-
veau, le manuscrit fut renvoyé à son auteur. Cet
ouvrage a été confié par sa veuve (plus tard
M'icLacy) à l'éditeur du Qtcarterly musical
Eeviev), avec la permission d'en publier des
extraits, qui ont paru, en effet, dans ce journal, en
commençant au vol. il, pag. 22. Bianchi est mort
à Bologne, le 24 septembre 1811. M. Cafli croit
que ce fut à Londres qu'il cessa de vivre dans
une situation peu fortunée; mais il a été mal in-
formé.
Un autre compositeur plus ancien, nommé
François Bianchi, et qui vécut vraisemblable-
ment dans le dix-septieme siècle, a écrit un ora-
torio latin qui a pour titre : Sacrificiiim Abrahx,
aciio sacra cum quatuor vocibus , et inslru-
mentis. Une copie de cet ouvrage est dans la
bibliothèque du Conservatoire de Naples, et ime
autre dans la collection de l'abbé Santini à Rome.
BIANCHI (Adamo), né en 1764, à Bergame,
piemier ténor de la basilique de Sainte-Marie-
Majeure de cette ville, était âgé de vingt et un ans
lorsqu'il fut attaché à cette chapelle en 1785. Ce
chanteur fut estimé pour la pureté de son intona-
tion et l'expression qu'il mettait dans son chant.
Il a chanté avecsuccèssur lesprincipaux Ihéàtres
de l'Italie et de l'étranger. En 1791, il se fit enten-
dre avec beaucoup de succès, à Vienne, dans l'opéra
La Morte di Cleopatra, en concurrence avec
Rubinelli, et deux ans après à Bologne, dans La
Morte di Semiramide, avecCrescentini. En 1804,
il fut appelé à Paris pour chanter au théâtre de
la cour à l'occasion du couronnement de Napo-
léon. Peu de temps après il se retira dans sa ville
natale, et continua d'être attaché à l'église S;iinte-
Marie-Majeure, en qualité de premier ténor. Une
étroite amitié l'unissait au maître de chapelle
de cette église, Simon Mayer. Le 1*"^ août 1835,
l'anniversaire de cinquante ans de services de
Bianchi dans cette chapelle fut célébré par une
messe dans laquelle il chanta encore , à l'âge de
soixante-onze ans.
BIANCtn (Antoine), chanteur et composi-
teur, naquit à Milan, en 1758, et y lit des études
de chant, d'harmonie et de contrepoint. Après
avoir chanté à Gênes, à Hanovre et à Paris, avec
les bouffons du théâtre de Monsieur, il entra au
service du prince de Nassau, en 1792, et l'année
suivante il alla à Berlin , où il fut engagé au
théâtre national. Ne connaissant la langue alle-
mande que d'une manière imparfaite, Bianchi
ne joua que dans de petits intermèdes italiens lels
que UAvaro, Il Maestro di cappella, de Haydn,
Il Calzolaro de Cimarosa, et quelques autres
ouvrages semblables ; mais ces pièces, écrifes
dans le style simple de la musique italienne (Je
cette époque, eurent peu de succès dansime ville
où l'on était accoutumé à la manière vigoureuse
406
BIANCHI — BIANCIIINI
<!c l'École allemande, et Bianchi rompit son enga-
gement, après avoir fait représenter son opéra
iVAlcinc, le IC février 1794. 11 fut plus heureux
à Hambourg, en 1797, et peu de temps après il
alla à Breslau , où il chanta les mêmes intermèdes
qu'à Berlin et à Hambourg. Il y fit jouer un petit
o|)éra de sa composition intitulé : Fileno e Clo-
n«f/c;puis, en 1798, il visita Dresde, Ujipsick
et Brunswick. Au commencement de l'année 1800
il retourna en Italie; depuis lors on ignore ce
qu'il est devenu. Outre les deux opéras qui
ont été cités précédemment, on connaît de sa
composition : lo Douze chansons françaises; Ber-
lin, 1793; — 2° Douze chansons françaises avec
piano; Hambourg, 1796. — "i" Ef rennes pour les
dames, douze chansons italiennes, avec piano et
guitare; Hambourg, 1798.
BIANCHI (Jacques), ciianteur italien el pro-
fesseur de chant à Londres, vers I8()0, était né
à Arezzo, en 17C8. Il s'est fait connaître comme
compositeur par les ouvrages suivants: 1° Sel
duettl a soprano e contralto con acc.dicemh.
op. 1; Londres, 1799. — 1° Sei eanzonette con ace.
di arpa o cembalo, op. 1 ; ibid. — 3° The celé-
brated fughe in II Con.ùglio imprudente ; ibid.
— 4*' Ode upon the King's provïdentïal protec-
tion from assassination; Londres, 1800. —
5° Ariette italienne, op. 4; Vienne, 1803.
BIANCIII ( Eliodoro), ténor de quelque mé-
rite, naquit le 6 mai 1773 à Cividate, dans la pro-
vince de lîergame. Il était encore enfant lorsque
ses parents allèrent s'établir à Palazzolo, près de
Brescia. Doué d'heureuses dispositions pour la
musique, il en apprit les éléments, y compris ceux
de l'harmonie, sous la direction de son père, assez
bon organiste. Plus tard il se rendit à Naples et
reçut de Tritto des leçons de contrepoint. Ce fut
aussi dans cette ville qu'il apprit l'art du chant
et qu'il fit .ses débuts au théâtre. H s'y trouvait
encore, lorsque l'armée française fut obligée d'é-
vacuer le midi de l'Italie, en 1799, et il écrivit
une cantate à cette occasion, pour célébrer le re-
tour du roi Ferdinand IV dans la capitale de .ses
Étais. C'est dans cette même année que Bianchi
commença à se faire entendre sur les théâtres
principaux de l'Ilalie. En 1 803, il chanta au théâtre
de la Scala, à Milan, pendant toute la saison.
Engagé à l'Opéra Italien de Paris, il épousa dans
cette ville M"« Crespi, prima donna, d'une
beauté supérieure à son talent. De retour en Italie,
il fut engagé pour le printemps et l'automne de
1809 à la Scala de Milan. En 1812, il était à Fer-
rare, où Rossini écrivit i)our lui tm rôle dans son
Ciro in Babilonia. Au carnaval de 1814, ce
compositeur écrivit encore pour lui dans son
Aureliano in Palmira, el, en 1819, dans
Edtiardo e Cristina, à Venise. Quelques années
après cette dernière époque, Bianchi a quitté le
théâtre, et s'est établi à Milan, où il a fondé une
école de chant. Au nombre des élèves qui s'y sont
formés, on remarque le ténor russe Iwanoff. Dans
l'été de 1836, Bianchi s'est retiré à Palazzuolo,où
s'était passé le temps de sa jeunesse, et y a vécu
dans le repos. Sa femme, Caroline Crespi (fille
de la prima donna Louise Crespi, qui mourut
à Milan au mois de mars 1824, à l'âge de cin-
quante-quatre ans), lui a donné une fille, José-
phine, et un fils, ^n^e^o, qui tous deux ont cul-
tivé l'art du chant. On a de cet Angelo Bianchi,
troisairspourso/);ano,avecacc. de piano; Milan,
Riconli.
BIANCHI (Joseph), compositeur et chef
d'orchestre, né à Florence, a fait jouer au théâtre
de Spolelte, dans l'été de 1842, Romilda ed
Ezelinda, opéra en deux actes dont il avait écrit
la musique, et qui fit une lourde chute.
Un autre artiste , nommé Joseph Bianchi , a
chanté comme ténor sur les théâtres de la Lom-
bardie, à Gênes, à Florence, et à Berlin, pen-
dant les années 1842 à 1846. Il existe aussi une
basse-chantante du nom de Bianchi, qui s'est
fait connaître dans le môme temps sur les théâtres
de la Hante-Italie.
BIANCHINI (Dominique), célèbre luthiste
du seizième siècle, fut appelé communément
// Rossctto, parce qu'il était roux. Ses compo-
sitions pour le luth ont été publiées sous les titres
de Intabolatiira di lauto , Venise, in-4° obi.;
et Madrigaii e canzon.fr an cese, napolitane et
balli. Lib. I. Venise, Ant. Gardane, 1540, in-4"
obi.
Un autre luthiste du seizième siècle, appelé
Bianchini (François), a fait imprimer une Ta-
bulature de lutz en diverses formes de fan-
taisies, chansons, psalmes , basses-dames,
pavannes et gaillardes; Lyon, par Jacques
Moderne (s. d.),in-4"' obi.
BIANCHINI (Jean-Baftiste), compositeur
de musique d'église, né à Rome vers le milieu du
dix-septième siècle, fut nommé maître de chapelle
de Saint-Jean de Latran, au mois d'avril 1684,
et en remplit les fonctions jusqu'à sa mort, qui
eutlieu au mois de septembre 1708. Ses ouvrages,
qui consistent en messes et motets à qualre,
cinq, six et huit voix, sont en manuscrit.
BIANCHINI (François), savant italien,
naquit à Vérone le 13 décembre 1062. Il fil ses
études dans sa patrie et à Bologne , et fut reçu
docteur en théologie à l'université de Padoue;
puis il se fixa à Home, en 1688, et fut pourvu
de plusieurs canonicats et bénéfices par Iiîs papes
Alexandre VlU et Clément XI : ce dernier le fit
BIANCHINI — BIBL
407
son cam(^rior. ï,nnocenl XIII, qui succéda à Cl(^-
ment XI, nomma Bianchini référemlaire des si-
gnatures pontificales et prélat intime ou domesti-
que. Il partagea presque toute sa vie entre ses
travaux sur l'astronomie et l'étude de l'antiquité.
Une liydropisie causa sa mon , le 2 mars 1720.
On a de ce savant une dissertation posthume,
imprimée par les soins de Joseph Bianchini , son
neveu, etintitulée : De tribus generibus tnstru-
menlorum musicse veterum organicœ ;V^omii ,
1742, in-4». On y trouve quelques recherches
curieuses, mais où l'érudition brille plus que le
savoir en musique. On a sous le nom d'Alessan-
dro Mazzolini, Vita di Francesco Bianchini,
Veronese ■,Yérone, 1735, iu-S".
BIAJVCIARUI (François), né à Casola,
château de Sienne, dans la seconde moitié du
seizième siècle, fut académicien intronato, et
maître de chapelle de la cathédrale de Sienne.
Le Père Ugurgieri Azzolini {Pompe Sanesi,
part. 2, tit. 22, n» 7) assure que ce musicien
mourut à l'âge de trente-cinq ans. Ses princi-
paux ouvrages sont : 1° Trois livres de motets à
quatre, cinq, six et huit voix; Yenise, Gardane,
1596-1607.-2" Quatre livres de motets à deux;
trois et quatre voix, avec orgue; 1599-1608. —
3° Trois livres de motets sans orgue ; Venise,
Gardane, 1600. — 4° Deux livres de messes
à quatre et huit voix, sans orgue; Venise, Gar-
dane, 1604-1605. — 5=" Salmi a qiiatlro voci;
Venise, 1604. Piltoni, dans ses notices manus-
crites sur les contrapuntistes , dit que Bian-
ciardi fut un organiste très-habile. Banchieri
(Moderna pralica jnusicale, \en\se, 1613) cite
aussi ce maître comme un des premiers auteurs
qui ont écrit sur la basse continue, et le nomme
à cet égard conjointement avec Louis Viadana et
Agazzari. Voici comment ils'exprime: Ludovico
Viadana, Francesco Bianciardi, e Agostino
Agazzari soavissimi compositori de' nostri
tempi : hanno questi dottamente scritto il
modo che deve tenere l'organista in sonare
r et lamente sopr a il basso continuo, seg'uente,
o baritono, che dire lo vogliamo. Ou ignore
quel fut le litre de l'ouvrage de Bianciardi dont
Banchieri parle dans ce passage.
BIANCONI ( Jeaj)- Louis ) , philosophe et
in/^decin, naquit à Bologne, le 30 septembre
1717. Ayant été reçu docteur en médecine en
1742, et membre de l'institut de Bologne l'année
suivante, le landgrave de Hesse-Darmstadt ,
prince et évèqiie d'Augsbourg, l'appela auprès
dt! lui en qualité de médecin. Bianconi resta
six ans dans cette cour, et se rendit, en 1750,
à celle de Dresde, où Auguste 111, roi de
Pologne , le nomma conseiller aulique , l'admit
dans son intimité, et l'employa dans diverses
missions importantes-. En 1764, ce prince l'en-
voya à Rome en qualité de ministre résident. Il
mourut subitement à Pérousc, le l*^*" janvier
1781. Bianconi adressa à son ami, le célèbre
marquis Maffei, Due lettere di Fisica, Ve-
nise, 1746, in-A", dans lesquelles il traite:
délia diversa velocita del suono. Un extrait
en allemand de cet opuscule a paru dans le
Magasin d'Hambourg, tora. 16, p. 476-485.
BIASI (...)• Un compositeur de ce nom, né
vraisemblablement en Sicile et élève de Rai-
mondi, a fait représenter au théâtre de Messine,
pendant le carnaval de 1H42, un opéra bouffe
intitulé : Marlino primo délia scala.
BIBEK (Frakçois-Henri de), écuyer tran-
chant et maître de chapelle de l'archevêque de
Salzbourg, naquit vers 1038 à Wartenberg, sur
les frontières de la Bohême. Virtuose sur le vio-
lon, il charma par son talent l'empereur Léo-
pold !*'■, qui l'anoblit et lui donna une chaîne
d'or. Les princes Fenlinand-^Iarie et Maximi-
lien-Emmanuel de Bavière ne le traitèrent pas
moins bien, et l'attachèrent à leur cour Cet ar-
tiste mourut à Salzbourg, en 1698, à l'âge de
soixante ans. On a publié les ouvrages suivants
de sa composition : 1° Six sonates pour le violon
avec basse continue; Salzbourg, 1681, in-fol.
gravé. — T Fidicinium sacro-profanum, con-
sistant en douze sonates à quatre et cinq parties,
in-fol. — 3° Harmonica artificioso-ariosa in
septem partes vel partilas distributa, pour
trois instruments, Nuremberg, in-fol. ; gravé.
— 4° Sonatx dux tam avis quam aulis ser-
vientes partit. 9; Salzbourg 1676, in-fol. — 5°
Vesperx longiores ac breviores , nna cnm
lilaniis Lauretanis a quatuor vocibus, duolms
violin. et duabus violis in concerto. Additis
quatuor vocibus incapellâ atque tribus trom-
bonis ex ripienis desunvendis ad libitum ;
Salzbourg, 1693, in-fol. Le portrait de Biber a
été gravé en Allemagne, lorsqu'il était dans sa
trente-sixième année.
BIBERG (...), Suédois, était étudiant à
l'université d'Upsal, lorsqu'il y soutint une
thèse sur la nature du son, sous la présidence du
recteur Samuel Klingenstjerna. Cette thèse a été
publiée sous ce titre : Disputatio de sono; Up-
sal, 1742, in-4°.
BIBL (Andké), organiste de l'église métropo-
litaine de Saint-Étienne, à Vienne, est né dans
cette ville, le 8 avril 1807. Élève d'Emmanuel
Aloys Fœrster, il a appris de ce maître le
piano, l'harmonie et le contrepoint. Bibl est
considéré comme un des meilleurs organistes
de rAllemagne méridionale. Laborieux artiste, ii
408
BIBL — BIECHTELIiR
a publié en peu d'années beaucoup d'œuvres de
musique d't^glise el d'orgue, parmi lesquelles
on remarque : I. Musique c'Oegce : 1° 1 2 Préludes
pour l'usage des messes solennelles allemandes,
op. 3; Vienne, DIabelli. — 2° 32 Versets pour
l'orgue, op, 7 ; ibid. — 3" 32 Cadences pour
l'orgue ou le piano, op. 10; ibid. — 4° 3 Prélu-
des faciles pour l'orgue, op. Il ;ibid. — 5° Pré-
ludes à l'usage des fêles du culte catholique, op.
12, en 2 parties; ibid. — 6° 3 Préludes pour
orgue ou piano, op. 13; ibid. — 7° 3 Préludes
pour l'orgue, op. 15; Vienne, Haslinger. —
8° 20 Préludes pour les messes de Reqiiiem, op.
16; Vienne, Diabelli. — 9° Fugue (en ut) , op.
17; ibid. Cette fugue a été reproduite par Koer-
ner dans la troisième partie de son Postludien-
Jiiich. — 10" Prélude et fugue sur le thème :
Vidi aquam, op. 23; ibid. — 11° Deux fugues
tirées des compositions d'église d'Albrechtsherger;
Vienne, Diabelli. — 12° Deux fugues sur des
thèmes des compositions religieuses de PreindI ;
ibid. — II. Musique d'Église : 13° Sa/fe Regina
à 4 voix et orgue, op. 5; Vienne, Mechetti. —
14" 3 Ave Maria idem, op. 6 ; ibid. — 15°
Deux Tantum ergo à 4 voix et orgue, op. 8 ;
Vienne, Diabelli. — 16° Graduel : in te Domine
speravi , à 4 voix , 2 violons, alto , violoncelle,
contrebasse et orgue, op. 9; ibid. — 17° Offertoire
{Lxtamini in Domino) pour ténor soZo, chœur,
2 violons, alto, violoncelle, contrebasse, orgue,
2 hautbois, 2 trompettes, trombones et timbal-
ies, op. 18; ibid. — 18° Graduel {Ave Maria),
à 4 voix, 2 violons, alto, violoncelle, contre-
basse, orgue obligé, 2 clarinettes et 2 bassons.
op. 19; ibid. — 19» Messe à 4 voix, 2 violons,
alto, basse, 2 clarinettes, 2 cors, 2 trompettes,
timballes et orgue, op. 20; Vienne, Haslinger.
— 210 Tantum ergo pour soprano , cUoiur et
orchestre, op. 21. ibid. — 22» Tantum ergo
(en mi bémol) pour contralto solo, chœur et or-
chestre, op. 22; ibid.
BICUE-LATOUR (Achille-Laurent),
compositeur et littérateur-musicien , est né à
Cordeaux, le 8 novembre 1816. Admis au Con-
servatoire de Paris, le 18 octobre 1838, il y sui-
vit les cours préparatoires de contrepoint pro-
fessés par MM. Millaut et Elwart; puis il devint
élève de Halevy pour la composition. Après six
années employées à ces études, il sortit du Con-
servatoire le 6 novembre 1844. En 1841, l'Ins-
titut historique de Paris lui a décerné une mé-
daille d'or, pour son mémoire sur celte ques-
tion : Déterminer Vordre de succession d'après
lequel les divers éléments qui constituent la
musique moderne ont été introduits dans la
composition ; signaler lescauses quiont donné
lieu à celte introduction. Ce mi^rnoire a été
inséré dans le recueil de i'inslitut Historique, et
publié séparément, Paris, 184?, in-S» de 32
pages. On trouve une analyse de ce mémoire
dans la Revue et Gazette musicale de Paris,
•J'ne année, n° 18, p. 192-193, par M. Maurice
Bourges.
BIDEAU (Dominique), violoncelliste au théâ-
tre italien de Paris, fui élève de Trikiir, pre-
mier violoncelliste de la cour électorale de
Dresde, auquel il a dédié, en 1809, des airs va-
riés et dialogues. Ses autres ouvrages consistent
en six duos pour violon et violoncelle, op. l et
2, Paris, 1790; une symphonie à grand orches-
tre, n° 1, Ibid.; trois grands divertissements
concertants pour violon et violoncelle ; une
grande et nouvelle méthode raisonnée pour
le violoncelle, Paris, 1802; un thème varié pour
violoncelle avec orchestre ; un air écossais varié
avec quatuor; des duos faciles pour deux violon-
celles, et quelques autres productions du même
genre.
BIDERMAIVN (Jean-Gottlieb ou Tuéo-
piiile), était étudiant à l'université de Frieberg;
lorsqu'il publia le programme d'une thèse intilulé :
De //oraZîo?nMsico. Frieberg, sans date (i7C8),
in-4'' de 8 pages.
BIDON (....), compositeur français, vivait
vers la fin du quinzième siècle ou au commen-
cement du seizième. Il fut chantre de la cha-
pelle pontificale, sous Léon X, comme on voit par
ces vers macaroniques de Théophile Foiengo,
connu sous le nom de Merlin Coccaie {Maca-
ron., lib 25. Prophelia).
O Félix Bido, Carpentras, Silvaque Broier,
Vosque Leoninae cantorum squadra capellœ,
Josquini quoniam cantus frisolabitis illos,
Quos Deus auscultans cœlum monstrabi t apertu m.
Etc., etc.
Les ouvrages de ce musicien sont restés en
manuscrit.
BIECHTELER (BenoIt), fut, au commen-
ccuient du dix-huitième siècle, professeur au cou-
vent de Wlhlingen, prèsd'Ulm, et pas.sa ensuite,
en (pialitéde maître des enfants de chœur, dans la
collégiale de Kempten. Parmi les ouvrages qu'il a
publiés, on connaît les suivants : 1" Six messes
brèves, dont une pour les morts, in-fol. — 2° Vox
suprema Oloris Parthenii, quater vigesies
Mariam salutaniis in voce, chordis et organo
per consuetas ecclesiai antiphonas , videlicet
sex Aima redemptoris, sex Ave regina cœlo-
rum, sex Salve Regina; atlernalim voce sola
a canto vel alto decantandas, vel cum organo
concertante solum, vel cum violino et basso
BIECllTELER — BIEL
409
generali ordinnrio; Auf;sboiirg, 1731, in-fol.
lllEDEiXFELD (Le baron de), est autour
d'un livre qui a pour titre : Die Kœmische Oper
dcr Ilaliener, der Fvanzœsen und der Denis-
c/ieii. Ein flilchtiger Bl'ick in die Wdt, uHe sic
war und isi (l'Opéra comique des Italiens, des
Français et des Allemands, etc.); Lcipsick,
Weigel, 1842, in-8°. On n'a point de renseigne-
ments sur l'écrivain auquel on doit cet ouvrage.
BIEDERMANN (Jacques), jésuite, né
à Eliingenen Suède, enseigna d'abord la pbiloso-
phie à Dillingen, et ensuite la théologie à Rome.
Il est mort dans cette dernière ville, le 20 août
1639. On a imprimé sous son nom, après sa mort,
un livre intitulé : U(opia,seu Sales musici. qui-
bits hidicra mixtim et séria denarrantiir ; Dil-
lingen, lG40,in-12. J'ignore quelle est la nature
de cet ouvrage.
BIEDEUMANN (JEAN-TnÉopuiLE), recteur
à Fi'iebeig en Misnie, naquit à Naumbourg, le
5 avril 1705. Après avoir fait ses études dans
l'université de Wittemberg, il obtint, en 1717, la
place de bibliotbécaire de la ville. Il retourna à
Naumbourg, en 1732, pour y diriger l'école pu-
blique, et, en 1747, il passa àFrieberg, en qualité
de recteiK. Ce savant mourut le 3 août 1772. Au
nombre de ses ouvrages on trouve celui-ci :
De VUa musica ad Plauti Mostellariam, act.
m. Se. Il, V. 49; Frieberg, 1749, in-4° d'une
feuille. Biederniann a rassemblé dans cette dis-
sertation tout ce qui a été dit de plus dur contre
la musique et les musiciens. Il en résulta pour
lui une polémique qui lui causa beaucoup de
chagrins. Le premier écrit dans lequel on l'atta-
qua fut un petit ouvrage anonyme intitulé :
Au/richlige Gedanken ùber Johann Gottlieb
IHedermann's Programma De Vita musica
und der darûber gefallten L'r/Aei/e (Réflexions
sincères sur le programme De Vita musica de
J.Cx. Biedermann, etc.); St.-Gall, 1749, in-4°.
[îiedermann répondit à son antagoniste dans un
écrit de deux feuilles, sousce titre: Abgenœlhigte
Elirenrellung wider die unverchàmtcn Laos-
tcrungen ùber eine Einladimgsschrijt : De
VUa 7nusica (Apologie contre les médisances
Effrontées d'un ennemi, sur un écrit intiîulé : De
Vila musica, etc.); Leips^idi, 1750, in-4o. Mat-
lliL'son l'attaqua de nouveau dans une brochure
qui a pour litre : Bewxhrle Panacea, als eine
Zugabe zu seinem musikalischen Mithridat
Vberaus heilsam wider die leidige Kachexie
irriger Lehrer, schwermilthiger Verœchterund
goltloser Schœnder der Tonkunst. Erste
Dosis; Hambourg, 1750, in-8° (Panacée, etc.,
etc., pour guérir les détracteurs de la musique,
première dose). Biedermann fit une seconde ré-
ponse intitulée: Nachgedanken ûber sein Pro-
gramma De Vita musica, etc., elc. Frieberg,
1750, in 4°. (Nouvelles reflexions sur le pro-
gramme De Vita musica). Peu de temps après
[larut im autre pamphlet sous ce titre : Verthei-
digung rechtmàssige, wider die griiben Las-
terungen ivelche Herr M. Job. Gottl. Bie-
dermann, in seinem Programma De Yita mu-
sica unverschàmter aitgetham (Défense légi-
time contre les grossières injures que M. Jean-
Théophile Biedermann a publiées impudemment
dans son programme De Vita musica); in
Z)e?'/5c/;anrf (en Allemagne), I750,in-4o. Le plu*
violent de tous les écrits publiés contre Bieder-
mann, à cette occasion, a paru sous le pseudonyme
Steffen Fidelbogen (1), et a pour titre : Sends-
clireiben an N. J. G. Biedermann, rector zu,
Frieberg, sein Progi-amma belrejfend De Vita
musica (Lettre à M. J. G. biedermann, recteur
à Frieberg, concernant son programme De Vita
musica); Prague (s. d.),in-4ode 15 pages. L'au-
teur de cette diatribe prend le Wire A' Éttidiant de
V Université de Prague. Enfin, Frédéric Gotthilf
Freitag, bourgmestre de Naumbourg, a diiigè
contre le prograumie de Biedermann un pamphlet
intitulé: Quid sit musice vivcrel léna, 1750,
in-4°. Les journaux du temps furent remplis ds
cette querelle, donton peut voir les détails dans le
premier chapitre de 1' Anleitung zur musika-
lischen Gelahrtheit (Introduction à la science
musicale), d'Adlung. On trouve la vie et le ca-
talogue exact des ouvrages de Biedermann dans
les Vitœ philologorum de Harles, ainsi que dans
l'éloge intitulé Memoriâ Joan. Gottl. Bieder-
manni, par D. Gotlhielf-JeanHiibler. Frieberg,
1772, in-4''.
BIEDERMANN (...), receveur de bailliage,
au château de Beichlingen, en Thuringe, vers
1786, s'est fait connaître par la grande habileté
qu'il avait acquise sur un instrument commun et
méprisé, la vielle. 11 était parvenu à en jouer
avec une perfection inconnue jusqu'à lui, et que
personne n'a été tenté d'imiter. Il possédait plu-
sieurs vielles perfectionnées qui avaient été cons-
truites sur ses plans,
BIEGO (Paul), compositeur dramatique, né
à Venise, vers le milieu du dix-septième siècle,
est connu par les opéras suivants de sa composi-
tion : Ottone il Grande, représenté en 1688;
Fortuna tra le disgrazie ; Pertinace,en 1689.
BÎEL (Jean-Chkistophe), pasteur à l'église
Saint-Uldaric et Saint-Jean de Brunswick, a fait
insérerdansletroisième volume des il/(5ce//. Lip-
siens, nov. un écrit intitulé : Diatribe philolo-
(1) Fidelbogen signifie à la lettre archet de cordes, ou
archet de vioioc.
410
BIEL — BIEREIGE
çica de voce Selah. Il est question dans cette
(lisserlalion d'une inscription de psaume qu'on
croit relative à la musique des Hi^breux,
BIEL (Charlks). Un musicien de ce nom,
Allemand de naissance, s'est fait connaître vers
IS'.'.O par quelques œuvres de musique instru-
mentale qui consistent principalement en varia-
tions et danses pour le piano. Ces légères pro-
ductions ont été publiées à Leipsick et à Dresde.
BIELATI (Alexandre), compositeur dra-
matique, né à Gênes, a fait représenter, en 1841,
dans la petite ville de Saint-Pierre d'Arena
(Piémont), Il Conscritlo , opéra bouffe de sa
composition qui a obtenu un brillant succès. Le
même artiste avait alors en portefeuille un autre
opéra intitulé J5';^ore Fieramosca, qui ne paraît
pas avoir été représenté. On a publié de lui des
variations pour piano sur un tliême de l'opéra
Scaraimcccia ; Milan, Ricordi ; et des varia-
tions pour piano et violon sur la ballade de
Lucrezia Borgia, ibid.
BIELING (Fra>çois-Icnace), né à Viel, fut
nommé organiste du chapitre de Kemplen , en
1710. Il composa beaucoup de musique d'église,
qui fut estimée en Allemagne, de son temps. On
place l'époque de sa mort, en 1757. On n'a im-
primé de lui que les ouvrages suivants : 1° Six
ariettes dans le style moderne à l'usage de
tous les temps, op. 1; Augsbourg 1720, in-fo-
lio. — 2" Six litanies de la V. M. et deux Te
Deum a qxiatre voix, avec accompagnement
d'instruments à cordes et à vent, ibid. 1731,
in-folio.
BIELING (Joseph), fils et élève du précédent,
naquit à Kempten, en 1734. Aprèsavoir commencé
ses études musicales sous la direction de son père,
il fut envoyé à Salzbourg, pour se perfectionner
dans l'école de Léopold Mozarl, et ses progrès
furent si rapides, qu'en 1755 il fut appelé à
Kemplen pour y succéder à son père dans ses
fonctions d'organiste. Dans la suite, il fut nommé
directeur de la chapelle du chapitre. Il vivait en-
core en 1811 , et quoique l'âge eiU diminué la
légèreté de ses doigts, il avait un talent si solide,
que les amateurs se rendaient en foule à l'église
pour l'entendre, lorsqu'il touchait l'orgue. Il a
beaucoup écrit pour l'église et pour son instru-
ment, mais aucun de ses ouvrages n'a été pu-
blié.
BIENAIME (...), horloger mécanicien à
Amiens, naquit dans cette ville d'une famille
honorable dont le chef était entrepreneur de bâ-
timents. Il inventi, en 1824, un nouveau mé-
tronome basé sur les mêmes principes que ceux
du métronome de Maëizel, mais dont les modili-
«-'alions de mouvement se réglaient par une ai-
guille mobile qui se plaçait aux divers degrés .le
vitesse marqués sur un cadran. Ce métronome
avait un mécanisme particulier qui faisait enten-
dre les temps forls des mesures à deux, à trois,
à quatre temps, à six-huit, etc., à volonté. Une
description de cet instrument, avec l'approbation
du Conservatoire de musique et les appréciations
des journaux, a été publiée sous ce titre : Notice
du métronome perfectionné de Bienaimé;
Amiens, Ledieu-Canda, 1828, in-8°.de 16 pages.
Le prix élevé de cette machine a nui à son succès.
BIE^'AIMÉ (Paul-Émile), de la même fa-
mille que le précédent, et professeur d'harmonie
et d'accompagnement pratique au Conservatoire
de musique, né à Paris le 7 juillet l802,aj)prit les
éléments de la musique à la maîtrise de la cathé-
drale, puis fut admis comme élève au Conserva-
toire, et suivit un cours d'harmonie, sous la direc-
tion de Dourlen. Devenu élève de l'auteur de cette
notice pour le contrepoint, il se distingua dans
ses études par son aptitude pour cette science, et
obtint le premier prix au concours par la compo-
sition d'une très-bonne fugue à quatre parties, en
1825. Une des places de professeurs d'harmonie
et d'accompagnement étant devenue vacante au
Conservatoire, en 1828, M. Bienaimé fut appelé à
la remplir, et depuis lors il a formé beaucoup de
bons élèves. Pendant plusieurs années, M. Bien-
aimé a été maître de chapelle de l'église métro-
politaine de Paris. En 1844, il a publié un bon
ouvrage d'un genre neuf, sous le titre de Cin-
quante études d'harmonie pratique; Paris,
Troupenas, 1 vol. grand tn-4"'. Ce livre, adopté
pour l'enseignement dans les conservatoires de
Paris, de Bruxelles et de Liège, est un recueil
de basses chiffrées tel que ceux de Fenaroli et
du P. Mattei ; mais son objet est plus étendu,
en ce que les basses d'un certain nombre d'exer-
cices sont conçues dans le système de l'har-
monie moderne, avec toutes ses altérations et
combinaisons de tout genre. Il en résulte que
M. Bienaimé, ayant voulu représenter toutes
les circonstances harmoniques par des chiffres
et des signes accessoires, a dû multiplier c€ux-ci.
BIERBAUM (Chrétien-Jean), professeur
de musique à Bonn, a fait imprimer un petit
traité des éléments de cet art sous ce titre :
Kurzer Leitfaden zum Vnterricht im Gesànge
fur Elemcntarschulen (Guide abrégé pour l'ins-
truction dans le chant, à l'usage des écoles pri-
maires). Bonn (s. d.), 1846, in-12.
BIEREIGE (Jean), organiste à Yollsberg,
bourg près d'Eisenach, dans la Thuringe, occu-
pait ce poste vers 1620. En 1622, il fut nommé
organiste et second professeur au collège de Mul-
liausen. On a de lui: 1° Motetta, etc., à huit voix.
EIKREIGE — BIEREY
411
F.rriirf, IG^O. ' — ?" I\rvsikaHxc}icn Kirchcn-
freitde, consistant cii vinut-cinq pièces à cinq ,
six et Imit voix, ff partie; EilïJrf, 1622.
lilEREY (Gotti.ob-Benoît), directeur de
ninM(|iiean tlicâtre national de Breslau , naquit
à Dresde le 2.') juillet 1772. Son père, professeur
(le musique dans cette ville, lui donna les pre-
mières leçons de chant, lui fit apprendre le violon
et le hautbois, et lui lit donner des leçons d'har-
monie et de composition par le directeur de mu-
si(|ue Veinling. Toutes ses études occupèrent le
jeune musicien jusqu'à l'âge de dix-sept ans.
Après avoir dirigé la musique de plusieurs troupes
d'opéras amhidants, Bierey se rendit à Vienne au
mois de juillet 1807; il y fut chargé d'écrire la
musique de l'opéra intitulé TF/adi»?iJr, joué le.
25 novembre de cette année. Précédemment il
avait composé deux antres opéras sur des livrets
de Breszner; Der Schlaflrank (le somnifère),
et Rosette. L'ouvrage donné à Vienne par Bierey
fut Tobjet de grands éloges et de critiques assez
vives; le résultat en fut toutefois avantageux pour
l'artiste, en ce qu'il lui procura son engagement à
Breslau, comme directenr de musique et maître
de chapelle. Il alla occuper sa nouvelle position
an mois de décembre 1807. Pendant vingt ans il
remplit ces emplois, et s'y montra compositeur
laborieux, artiste zélé et directeur de musique
excellent. En 1824, il prit la direction du théâtre
de Breslau; mais fatigué par des travaux mul-
tipliés, il y renonça au conmiencement de l'année
1828, et se démit aussi de ses fonctions de di-
recteur de musique. Il mourut à Aslhma, près de
Breslau, le 5 mai 1840, à l'âge de soixante-liuit
ans. Outre les opéras cités précédemment, Bierey
a écrit tous ceux dont les titres suivent : 1° Le
chasseur de Chamois. La musique de cet ouvrage
est facile et légère; le sujet est bien rendu, la
mélodie est gracieuse et l'instrumentation élé-
gante. Le sextuor final est rempli d'expression.
— 2" La Fille invisible , en un acte. — 3^ Le
lièfjne de la Force. — 4° V Amour dans le
camp, en un acte. — 5" Phaedon et Naïde. —
6° Le Voleur de jDommes, de Breszner. — 7o Le
Marché de femmes, un acte, de Herklots. —
,8» Rira bien qui rira le dernier, de Grosmaim.
— 90 Jery et Bàtely, de Gœthe. — 1 0° la Mé-
chante femme, de Herklots. — 11° Les Candi-
dats de Kaffka, en un acte, en 1798. — Mo Le
Pays de l'Amour, on 1798. — 13° La Fille des
Fleurs, texte de Rochlitz, en 1802. La par-
tition pour piano de ce joli ouvrage a été publiée
à Leipsick, chez Breilkopf et. Hœrtel. —
14° Clara, duchesse de Bretagne, en trois actes,
textede Breszner, représenté en 1803, à Leipsick.
— là" La Surprise, opéra en un acte, représenté
au théâlre de Breslau, le 12 octobre 1809, —
\i'>° Elias liips Hups, en un acte, texte de
Hœscr. Cet ouvrage, joué à Breslau en 1810,
décèle une verve comique peu commune. —
17° Les Pantoufles, en un acte, joué à Vienne
en 18tO. — IS» Pyrame et Thisbé. — 19° La
Forêt enchantée. — 1Q° Le Trompeur trompé.
— 21° La Querelle. — 22" Almazinde, opéra
en trois actes, représenté à Breslau en 1816. —
23° Les Réjouissances patriotiques , en deux
actes. — 240 Profit et gain, prologue. — 250 Le
Sacrifice , en un acte. — 26^ Les Saxons au
camp , cantate. — 27" Le Sacrifice de ihuma-
nifé, idem. — 28° La Fête du printemps, idem.
— 29° Le triomphe de l'amour, idem. —
30° Cantate sur la mort de Ferdinand de Bruns-
wick. — .31° La Fêle des moissons, cantate. —
32" L'Inverno ovvero la provida pastorella,
éantate de Métastase. — 33° Le Marquis dans
Vembarras, ballet. — 34° Chœurs pour Marie
deMontalban. — .35° Chœurs pour le drame des
Bohémiens. — 36° La Bergère suisse, opéra de
Breszner. — 37° Le Hasard, opéra en trois actes.
Les opéras de Bierey qui ont été publiés en par-
titions réduites pour le piano sont : La Fille
des Fleurs, VVladimir, Le Trompeur trompe,
La Bergère suisse. Le Hazard , Elie Bips
Raps, Les Pantoufles, et La Querelle. Parmi les
autres compositions de cet artiste, on remarque:
— 1° Messe composée pour le prince Nicolas
Esterhazy, à Vienne. — 2° Psaume latin. —
3° Osiercaniate , partition publiée à Leipsick,
chez Br. et Hserlel. — 4o Kyrie et Gloria
à 2 chœurs avec orchestre ; ibid. — 5° Des
marches pour orchestre et |)our harmonie ; Bres-
lau, Fœrster. — 6° Deux œuvres de sonates
faciles pour le piano; Leipsick et Breslau. —
7" Introduction et variations sur la polonaise
d'Oginski; Bonn, Simrock. — 8° Plusieurs
marches pour le piano ; Leipsick et Breslau. —
— 90 Plusieurs recueils de chants avec accom-
pagnement de piano; Berlin, Leipsick et Breslau.
— 10° Grande symphonie arrangée pour piano et
violon; Brunswick, 1801. — 11° Six chants de
francs-maçons en chœur; Leipsick, 1802. —
12° Cantate funèbre pour la mort de AVeiss;
Leipsick, 1805. On a publié un grand nombre
d'ouvertures, de marches, d'airs de danse et
d'autres morceaux tirés des opéras de Bierey,
pour l'orchestre, en harmonie, et arrangés pour
le piano ou divers autres instruments. On a aussi
de lui une ouverture à gi-and orchestre pour le
drame Stanislas, une autre, pour celui de
Henri IV devant Paris, et uneouvertiire mili-
taire dont la première partie exprime le calme
nocturne d'une ville, la seconde, une attaque,
412
BIEREY — BIGATTI
et la troisième, une marche funèbre. Cette der-
nière a été publiée à Leipsick, chez Br. et Hœr-
tel. Cierey a laissé en manuscrit une instruclion
tort étendue sur la basse chiffrée et l'harmonie.
L'eslime dont il avait joui pendant sa vie lui fit
rcnilre de grands honneurs à ses ol)sèques.
BIEI\MA.NIV (Jean Hermann), fut orga-
niste à Niechemberg, vers 1720, et ensuite à Hil-
desheim. Il a publié des cantiques sous ce titre :
Organographia specialis Hildesiensis , Hiides-
lieim, 1738, in-4", quatre feuilles. Cet ouvrage
est <le la bonne école.
BIFERI (François), ou BIFFERI, né à Na-
ples, en 1739, vint à Paris en 1767, et y publia -.
Traité de la musique, dans lequel on traite
du chant, de l'accompagnement, de la compo-
sition et de la fugue, Paris; 1770, iu-fol. II n'y
a point de plan dans cet ouvrage, et les exemples
en sont mal écrits.
BIFFI (Joseph), compositeur né à Cesano
dans le Milanais, vers le milieu du seizième siècle,
fut d'abord maître de chapelle du cardinal André
IJdltori, et ensuite compositeur de la cour du duc
de Wurtemberg. Il a fait imprimer : 1° Libre di
madrigali da cantarsi a quattro voci ; Bres-
cia, 1582, in-4o. — 2° Cantiones sex vocum ;
Nuremberg, 159G. — 3° Libro di madrigali da
cantarsi a cinque voci, con due sopran i ; Venise
1599. — 4° Libro di madrigali da cantarsi a
sei voci ; Nuremberg. — 5° Libro di madigrali
da cantarsi a cinque voci; Milan. — 6° Madri-
gali a sei voci, libro terzo; Noribergae, Kauff-
inann, 1600, in-'i°. On ne trouve pas dans les
compositions de Biffi la pureté d'harmonie qui
brille dans les ouvrages des maîtres de l'école
romaine qui vécurent de son temps, ni l'imagi-
nation qui distinguait alors les productions de
quelques compositeurs de l'école de Venise. Son
style est froid sans être correct.
BIFFI (Don Antonio), Vénitien, maître de
chapelle à l'église de Saint-Marc, fut élève de Le-
grenzi, succéda dans cette place à Dominique Par-
tenio, Ie5 février 1701, et fut aussi maître au Con-
servatoire dei Mendicanti. Il mourut au mois de
mars 1736. Biffi , d'abord chantre de Saint-Marc
en voix de contralto, fut élevé, le 6 juillet 1692,
aux appointements de 100 ducats. Sept joursaprès,
un décret des procurateurs lui conféra le titre de
maître de chapelle adjoint, avec un supplément
(le 30 ducats. Il a donné, sur le théâtre de Venise,
un opéra sous le titre de : Il Figliuolo prodigo,
en 1704. Ses autres compositions sont moins con-
nues. La bibliothèque royale de Berlin possède
de ce maître, en manuscrit, sept psaumes à 2
et à 3 voix, avec basse continue. La collection de
Tabbé Santini, à Rome, eu renferme un plus !
grand nombre, ainsi que des motets à 3 voix.
BlFFl ( Le Père Égide-Marie ), grand corde-
lier, a laissé en manuscrit un traité décomposi-
tion intitulé : /?ego^e pnr il conirapunto, cité
par le père Martini ( Storia délia Mus., t. I,
p. 450. ) C'est tout ce qu'on sait de ce musi-
cien.
BIFFIDA (Jean ), compositeur né à Sienne,
vivait vers la findu seizième siècle. On connaîtde
lui : Canzonette a tre; Nuremberg, 1596, in-4°.
BÏGA.GLIA (Le Père Diogenio), composi-
teur et religieux bénédictin au monastère de
Saint-Georges-Majeur, naquit à Venise vers la
fin du dix-septième siècle. Un grand nombre de
ses ouvrages se trouve dans son couvent. On a
publié de sa composition Dodici sonate a violïno
solo ossia flauto; Amsterdam, in-fol., 1725. Il a
composé un opéra intitulé : Giaele, qui fut re-
présenté en 1731. Le catalogue de Breitkopf in-
dique aussi une cantate : Siam soli Erminia,
pour soprano, et le motet ; In screna cœli scena,
pour alto solo, deux violons, viola, violoncelle
et orgue, tous deux en Mss.
BIGAIVT (N.), amateur de musique et li-
braire, à Paris, vers la fin du dix-huitième siècle,
a publié, sous le voile de l'anonyme : Domino
musical, ou VArt du musicien mis en jeu;
Paris, Bigant, 1779, in-S".
BIGATTI (Charles), maître de chapelle du
sanctuaire de Sainte-Marie, à Milan, né en cette
ville, le 12 février 1779, mort au mois de no-
vembre 1854. Il était fils d'Aquilini Bigatti,
peintre d'histoire renommé. A l'âge de sept ans,
il reçut les premières leçons de piano de Vincenzo
Canobbio , Milanais; quelques années après, il
fut envoyé par son père à Bologne, dans l'école
du P. Mattei, pour y apprendre le contrepoint.
Il alla ensuite àLorette, oii il reçut des leçons
de Zingarelli. En 1801 il passa en France, et se
fixa pendant quelques années à Marseille, où il
donna, en 1804, un opéra bouffe intitulé : Il
Fanatico. Au mois d'août 1808, il fit pour le
grand théâtre de cette ville la musique d'un
opéra français intitulé : Théodore et Jenny. De
retour à Milan, il composa pour le théâtre de la
Scala, en 1809, VAmante prigionicro, et dans
le carnaval de 1811, l'Albergo magico, qui fut re-
présenté au théâtre de Sainle-Radegonde. Depuis
lors il a donné La Scoperta inaspettata , et
Astuzie contra asluzie. En 1819 il a fait re-
présentera Venise l'opéra bouffe intitulé : IFurbi
al eimento. On a de lui plusieurs symphonies
à grand orchestre, des morceaux de musique vo-
cale et instrumentale, de messes et des vêpres.
On a gravé de cet auteur : l" un Thème avec
huit variations pour le piano; à Offenluieh,
liriATTI — BILBERG
4t3
cliez Anilié. — 2° Une Siimphonic concertante
pour deux cors, avec orc/icstre; ihid., — 3" 0
sacrum Convioium, à trois voix, sans accoinpa-
f^neinent ; ibid. — 4° Une cavaline de l'Amante
prifjioniero, à Milan, chez Ricordi.
BIGOT (Marie), née Kiéné, vit le jour à
Colmar, le 3 mars 1786. Douée de l'organisation
la plus heureuse pour la musique, elle se livra
de bonne heure à l'étude du piano, et parvint <à
nn degré d'habileté très-remarquable sur cet ins-
trument. Mais c'était surtout par le sentiment
du beau dans l'art, qu'elle était destinée à se placer
au premier rang des virtuoses. Une exquise sen-
sibilité la faisait entrer avec un rare bonheur dans
l'esprit de toute belle composition, lui fournissait
des accents pour tous lesgenres d'expression, et,
se communiquant à l'enveloppe nerveuse de ses
doigts, donnait à sa manière d'attaquer le clavier
un charme indéfinissable dont elle seule a eu le
secret à cette époque. En 1804, elle épousa
M. Bigot, qui la conduisit à Vienne. Là, elle vit
Haydn, et se lia avec Beethoven et Salieri. Le
commerce de ces grands artistes électrisa son
ame de feu, et donna du développement à ses
idées. Un mot, indifférent en apparence, était
pour elle une source de réflexions et l'occasion
de nouveaux progrès. Elle était à peine dans sa
vingtième année, et déjà son talent original s'é-
tait développé dans toute la beauté du caractère
qui lui était propre. La première foisqu'elle joua
devant Haydn, l'émotion du vénérable vieillard
fut si vive, que, se jetant dans les bras de celle
qui venait de la faire naître : Oh! ma chère /llle,
s'écria-t-il, ce n^est pas moi qui ai fait cette
musique, c'est vous qui la composez\ Puis, sur
l'œuvre même qu'elle venait d'exécuter, il écri-
vit : Le 20 février 1805, Joseph Haydn a été-
heureux. Le génie mélancolique et profond de
Beethoven trouvait en M"'" Bigot une interprète
dont l'enthousiasme et la sensibilité ajoutaient
de nouvelles beautés à celles qu'il avait imaginées.
Un jour, elle jouait devant lui une sonate qu'il
venait d'écrire ; « Ce n'est pas là précisément,
« lui dit-il, le caractère que j'ai voulu donner
« à ce morceau, mais allez toujours -. si ce n'est pas
« tout à fait moi, c'est mieux que moi. »
Les événements de la guerre de 1809 conduisi-
rent M. Bigot à Paris et l'y fixèrent. Il n'était pas
possible que le talent de sa compagne n'y prodîii-
sît point une vive impression ; tout ce qu'il y avait
d'artistes distingués dans la capitale de la France
rendit hommage à ce talent admirable. Baillot,
Lamarre, Chérubini, Auber, devinrent ses
amis et formèrent avec elle le centre de l'acti-
vité musicale de cette époque. Qui n'a en-
tendu les belles compositions de Bach, de
Haydn , de Mozart et de Rcothoven exécutée
par M'"" Bigot, Lamarre et Baillot, ne sait jus-
qu'où peut aller la perfection de la musique ins-
trumentale, démenti , Dussek et Cramer appré-
cièrent le talent de M™° Çigot et le considérè-
rent comme un modèle de perfection. Après
avoir exécuté avec elle les sonates à quatre
mains de Mozart, Cramer lui dit, dans l'exalta-
tion du plaisir qu'il venait d'éprouver : « Ma-
« dame, je n'ai jamais rien entendu de pareil !
« Disposez de moi à toute heure; faire de la
« musique avec vous sera toujours pour moi
« une bonne fortune sans |)rix. »
Jusqu'en 1812, la musique n'avait été pour
M"" Bigot qu'une .source des plus pures jouis-
sances ; après la malheureuse campagne de
Russie, qui la priva de la protection de son mari,
retenu prisonnier à Wilna et dépouillé de ses
emplois , cet art devint la ressource de sa fa-
mille. Elle donna des leçons de piano, et ses
succès dans l'enseignement furent tels, que
bientôt elle ne put suffire à l'alfiuence de ses
élèves. Le désir d'assurer l'aisance de sa famille
lui faisait oublier les ménigements ([u'elle de-
vait à sa santé. Son courage lui faisait illusion
sur ses forces; et, quand les premiers symptômes
d'une maladie de poitrine se déclarèrent, elle
ne mesura pas le danger qui la menaçait. Son
père, sa mère et sa sœur, établisdepuis longtemps
en Suisse, venaient d'être appelés près d'elle;
ils n'arrivèrent à Paris que pour recevoir ses
derniers embrassements : elle expira le 16 sep-
tembre 1820, à peine ûgée de trente-quatre
ans. Sa perte plongea dans la douleur tous ceux
que son talent et les qualités de son coeur avaient
laits ses admirateurs et ses amis.
M""* Bigot, qui avait fait ses études d'har-
monie et de composition avec Chérubini et Au-
ber, a écrit quelipies œuvres pour le piano. Elle
a publié à Paris : 1" Études pour le piano, liv.
1*''. — 2° Rondeau pour piano seul. Douze valses
pour le même instrument ont paru sous son
nom, mais je doute qu'elle en soit l'auteur.
BIIILER (François). Voyez Buhler.
BIHLER (Grégoire) , moine bénédictin, à
l'abbaye de Sainte-Croix , et compositeur à Do-
nawert, vers la fin du dix- huitième siècle, a fait
imprimer de sa composition : 10 Kleine und
leichte Klavierstilckke mit untermischen Lie-
dern (Dix petites pièces faciles pour le clavecin,
etc.), Landshut, en Bavière, 1796.
BILBERG ou BILLBERG (Jean), né à
Marienstadt, vers 1640, fut professeur de ma-
thématiques à Upsal, depuis 1679 jusqu'en 1689,
et ensuite docteur en théologie. En 1601, il fut
nommé évêque de Strœgnœs, en Suède, où il est
4t4
BILBERG — BILLET
nioil en 1717. Il a fait imprimer un trailé de la
danse des anciens et de la musique qui y servait,
sous le titre de : Orchestra, seu de saltationibzis
veterum, Upsal, 1685, in-8". C'e-it un fort bon
ouvrage où la matière est traitée avec beaucoup
d'érudition.
BILD (ViTus), moine bénédictin, né en 1481,
à Ilochstadt ou Hochstett , en Bavière, fit ses
études sous la direction de savants hommes tels
que Jacques Lœxlier, appelé VAtni des Muses,
Nicolas Poil, Jean Slab et quelques autres. En
1503, il entra dans l'ordre de Saint-Benoît, au
couvent d'Augsbourg; il reçut les ordres l'an-
née suivante. En 1511, il eut l'autorisation d'aller
passer quelque temps au couvent de Tegernsée
dans la haute Bavière ; mais quelques différends
qu'il eut avec le supérieur de ce monastère l'o-
bligèrent à en sortir. Il se retira dans une soli-
tude de l'Autriche, puis il retourna à Hoclistadt
en 1512, et s'y livra, pendant tout le reste de sa
vie, à des travaux sur les sciences, particulière-
ment sur les malhématiques. Tourmenté de la
goutte, il souffrit presque sans relâche de ses
atteintes, et mourut le premier août 1529. Bild
était un savant homme qui parlait plusieurs lan-
gues modernes et possédait bien les littératures
latine, grecque et hébraïque. Il a laissé, à sa
mort, trois volumes in-fol. d'ouvrages manus-
crits de sa composition, où l'on trouve des
traités de morale, d'histoire, de mathématiques,
des poésies, des ouvrages ascétiques, des lettres,
des Observations sur divers sujets de tnusiqiie
(Musica quiipdam) , en réponse à des demandes
de Conrad, sous-prieur du couvent de bénédic-
tins d'Inspriick, et de Grégoire de Melk; enfin,
un autre trailé de musique qui a été imprimé
sous ce litre ; Stella musicae Juvenibus artis-
que ejusdem Novellis. Vera propter prlncipia
inde nanciscenda, édita. Après ces mots on
trouve douze vers saphiques suivis de la sous-
cription F. V. Bild, et à la fin du livre on lit :
Complétas feliciterque finitus est liber hic
ingeniosus per calcographos Erhardum Oglin
Jeoriumque Nadler cives Augustenses , 1508,
2i) die Martii.
Distichon ad lectorem.
Fœlicem lector finem nunc conspice Libri ;
Et superis gratus sis memor alque mai.
F. Y. Bild.
Ce livre, imprimé, corameonvoit, àAugsbourg,
en 1508, en un volume petit in-4» de vingt-qua-
tre feuillets sans pagination, mais avec des si-
gnatures, est de la plus grande rareté comme
tous les produits des presses d'Erhard Oglin.
J'en ai trouvé un exemplaire à Nuremberg en
1849, et j'ai pu en faire l'acquisition. Il a été in-
connu à Waltlier, à Forkel, <i Lipowsky, qui n'a
point parlé de Bild dans son lexique des musi-
ciens de la Bavière, et à tous les historiens de la
musique. Il contient un traité des éléments de
cet art et des huit tons du chant ecclésiastique;
les exemples notés sont gravés en bois, d'une
manière assez grossière. Le libraire Fr. Ant.
Veiht a donné une notice très-détaillée sur la vie
et les ouvrages de Bild, dans sa Bibliothcca Au-
gustana (p. 10-33).
BILDSTEIi\ (JÉRÔME), compositeur alle-
mand du dix-septième siècle, né à Bregenz, sur
le lac de Constance, a publié des motets h cinq
et à six voix, sous ce titre : Orpheus Chrislia-
nus, seusymphoniarumsacr arum Prodromiis,
Augsbourg, 1624, in-4".
BILHOIV (Jkan de), ou deBILLON, compo-
siteur français, vivait vers la fin du quinzième
siècle, et au commencement du seizième. 11 fut
chantre de la chapelle pontificale. Dans les ar-
chives de celte chapelle se trouvent des messes
de la composition de Bilhon , sur des thèmes
d'anciennes chansons françaises. Ces messes
sont inédites. On trouve des ouvrages de ce mu-
sicien dans les recueils intitulés : F Missarum
dominicalium quatuor vocum lib. 1 , H, llf;
Parrhisiis, 1544, Petr. Attaingnant , petit
in-4° obi. — 2" Liber sextus. XIII quinque
ultimorum tononim Magnificat continent;
MA. 1534, in-4° obi. — 3" Terlius liber Mo-
tectorum cum quatuor vocibus; impressiim
Lugduni per Jacobum Modernum de Pin-
guenlo, 1539, in 4" obi. — 4° Quinlus liber
Mottetorum quinqiie et sex vocum opéra et
solertia Jacobi Modernl ( alias dicti grand
Jacques) in umtm coactorum et Lugduni pro-
pe phanumdivx Virginis de Confort, ab eo-
dem imprcssorian, 1543, in-4° obi.
Billet (Alexandre-Puilippe), pianiste et
compositeur, est né à Saint-Pétersbourg, d une
famille française, le 14 mars 1817. Arrivé en
France à l'âge de seize ans, il fut admis comme
élève au Conservatoire de Paris, le 17 décembre
1833. A cette époque son instrument était le
violon ; mais après une année, il l'abandonna pour
se livrer exclusivement à l'étude du piano, sous
la direction de Zimmerraan. Le second prix lui
fut décerné au concours de cet instrumejif,
en 1835. Au mois de juin de l'année suivante, il
sortit de l'école avec son frère, qui y fréquen-
tait le cours de violoncelle, pour aller s'établir
à Genève. Il y passa plusieurs années, pendant
lesquelles il perfectionna son talent, et commença
à écrire ses premières compositions pour le fiiano.
En 1841, il visita l'Italie, et publia quelques-uns
de ses ouvrages, à Milan, chez Ricordi. Pos-
BILLET — BILLINGTON
41i
férieurement il s'est fixé à Londres, où il se
livre à i'enseignemenl du piano et donne cha-
que anndedes concerts et des matinées musicales.
Billet a publié environ 80 œuvres pour le piano,
lesquels consistent en études, op. 22, 24, 34, 57 ;
Fantaisies, op. 25, 27, 32, 35, 36, 37, 38, 48;
Nocturnes, op. 29, 55,64; caprices, op. 26, 40,
variations, divertissements et rondos.
BILLI (Lucio), moine camaldule, né à Ra-
venne, vers (575, a publié de sa composition. —
i° Missae et motetti octo vocibus, lib. 1 ; Venise
sans date. Il y en a une deuxième édition de
Venise, 1601,in-4°. — 2° Idem, lib. 1 ; Venise,
1623. — 3° Canzonnette con stromenti,lib. 1.
— ^"Canzonnette a tre con siroinenttj^iib. 2.
— 5° Il primo libro de madrigaii a cinque
voci con undialogoa otto; \enise, Ricciardo
Amadino , 1602, in-4''. On a aussi de lui une
collection de chansons italiennes, sous ce titre :
GU amorosi affetti; Venise, Ricciardo Ama-
dino.
BILLINGTON (Elisabeth), cantatrice cé-
lèbre, était fille de Weichseil, musicien allemand,
né à Freyberg, en Saxe. Elle naquit à Londres ,
en 1765. Sa mère, qui était une cantatrice de
quelque mérite, mourut jeune laissant sa fille et
un fils, C. Weichseil, bon violiniste, dans un âge
fort tendre. Destinés, dès leur naissance, à la
carrière musicale, ces deux enfants firent des
progrès si rapides, qu'à l'âge de six ans ils pu-
rent se faire entendre en public, sur le piano et
sur le violon , dans un concert donné au bé-
néfice de M"e Weichseil, au théâtre de Haymar-
ket. Le premier maître de Mme Billinglon fut
Schrœter, excellent pianiste allemand. Son père
surveilla son éducation musicale avec une sévé-
rité que les progrès de l'élève ne justifiaient pas.
A peine âgée de sept ans, elle exécuta des concer-
tos de piano au théâtre de Haymarket, et peu
de temps après elle fit quelques essais de com-
position qui indiquaient d'heureuses dispositions
pour l'avenir. Mais bientôt elle négligea ses ta-
lents d'instrumentiste et de compositeur pour s'oc-
cuper de l'étude du chant et du développement
de la belle voix quelle avait reçue delà nature.
Ce fut le compositeur Jean-Chrétien Bach qui
développa son talent par ses leçons. A qua-
torze ans elle chanta en public à Oxford, et à
seize elle épousa Billiugton, contrebassiste, qui
avait été son maître de vocalisation, et qui
l'emmena à Dublin peu de temps après. Son
premier début eut lieu dans l'opéra d^Orphée;
mais quelle que fût la beauté de sa voix, elle
éprouva, dès les premiers pas dans la carrière
du théâtre, que le succès dépend quelquefois
plutôt d'un caprice du public que d'un jugement
éclairé : une cantatrice (Mi.ss Wlieoler) bien in-
férieure à M""" Billin;;foii, excitait alors IVn-
thousiasme des habitants de Dublin, et cellf-ci
fut à peine remarquée. Sensible et fière, M"'" Bil-
linglon ne pouvait niiUKiucr d'être blessée do
cette injustice : peu s'en fallut môme qu'elle ne
renonçât pour toujours au théâtre. La réputa-
tion de Miss Wheeler lui ayant procuré un en-
gagement de trois ans au théâtre de Covent-
Garden, M""' Billiugton la suivit à Londres, dé-
cidée à ne rien négliger pour éclipser sa rivale.
Mais de nouveaux chagrins lui étaient réservés.
Les entrepreneurs du théâtre ne voulurent l'en-
gager qu'à l'essai : lorsqu'il fallut régler ses a|)-
pointements , on lui fit entendre qu'elle ne pou-
vait prétendre à d'aussi grands avantages que
Miss Wheeler, dont la réputation était faite. Cette
malheureuse comparaison ébranla de nouveau
le courage de M^e Billinglon; mais, enfin, le
triomphe du succès devait effacer la honte des
humiliations : elle le sentit, accepta toutes les
conditions, et débuta par le rôle de Rosette dans
l'opéra Love in a village (l'Amour dans un vil-
lage), du docteur Arne. Jamais voix plus pure,
plus sonore, plus étendue ne s'était fait enten-
dre; jamais vocalisation plus brillante n'avait
frappé les oreilles anglaises; jamais aussi l'en-
thousiasme ne fut porté plus loin. Le nom de
M"ie Billinglon était dans toutes les bouches :
celle qui lui avait causé tant de tourments fut
pour jamais oubliée. Les entrepreneurs du théâ-
tre n'attendirent point que les douzes icjirésen-
tations d'essai fussent achevées [lour contracter
un nouvel engagement avec la virtuose : elle exi-
geait mille livres sterling et une représentation
à son bénéfice pour le reste de la saison : tout
lui fut accordé; ou ajouta même une repré.sen-
tation à celle qu'elle avait demandée, par recon-
naissance pour le gain considérable qu'elle avait
procuré à l'administration. Toutefois, M"'e Bil-
linglon, sans se laisser éblouir par tant de suc-
cès, travaillait avec ardeur, et prenait assidûment
des leçons de Morelli, habile professeur de chaut,
qui demeurait à Londres. Dès que le théâtre fut
fermé, elle profita de cette vacance pour se ren-
dre à Paris, où elle reçut des conseils de Sac-
chini. De retour en Angleterre, en 1785, elle
chanta au concert de l'ancienne musique. M'i'c
Mara venait d'arriver à Londres : on dit qu'elle
n'entendit point sans dépit celle qu'on lui oppo-
sait comme rivale. Dès lors il s'éleva entre elles
des disputes indignes de deux grands talents,
quoique cela ne soit que trop commun en pa-
reille circonstance. La réputation de Mi"e Bil-
linglon continuait à s'étendre : elle était de tons
les concerts, attirait la foule à Covent Garden,
416
BILLINGTON.
et chantait aux mémorables réunions de l'ab-
baye de Welsminster, pour la coniinémoration de
Hœndel. Malgré tant de siiecès, elle prit en 1793
la résolution d'abandonner la scène et voulut
voyager sur le continent, dans le dessein de
dissiper la mélancolie qui lui était habituelle. Ses
dépenses excessives avaient proinptement dis-
sipé les gains considérables qu'elle avait faits;
le scandale de sa conduite avec ses amants lui
avait en quelque sorte imposé l'obligation de se
faire oublier. En Italie, elle réussit pendant quel-
que temps à garder l'incognito ; mais arrivée à
Naples, l'ambassadeur anglais, W. Hamilton, la
reconnut, et parvint à la déterminera chanter,
d'abord à Caserla, devant la famille royale, et
ensuite au théâtre de Saint-Charles. Elle y dé-
buta, au mois de mai 1794, dans Iriez- de Castro,
que Blanchi avait composé pour elle. Son succès
fut complet; mais im événement nialbeureux
arrêta le cours de ses représentations : lîilling-
ton fut frappé d'une apoplexie foudroyante au
moment où il allait accompagner sa femme au
théâtre. 11 courut des bruits singuliers sur
cette mort, et les journaux anglais laissèrent
soupçonner un assassinat exécuté par le poi-
son ou par le stylet. On supposait qu'un nou-
vel amant de la belle anglaise avait voulu la
venger des accès de jalousie quelque peu brutale
de son mari ; mais il est certain que Biilington
expira après un dîner copieux en descendant
l'escalier de son hôtel pour se rendre au théâtre.
Dans le même temps, une violente éruption du
Vésuve éclata, et les superstlieux Napolitains
attribuèrent cette calamité à ce qu'une hérétique
avait chanté à Saint-Charles. Les amis de M'"e
Biilington conçurent même des craintes sérieuses
.sur les suites que pouvait avoir cette opinion
chez un peuple fanatique; heureusement l'érup-
tion cessa, le calme reparut et le talent deM"ie
Biilington acheva de triompher des préventions
des Napolitains. En 1796, cette grande canta-
trice se rendit à Venise : après sa première re-
présentation, elle tomba sérieusement malade et
ne put chanter pendant le reste de la saison.
L'air de cette ville étant nuisible à sa santé, elle
partit pour Rome, et visita ensuite les principaux
théâtres de l'Italie. Arrivée à Milan, en 1798,
elle y épousa M. Felissent, fournisseur de l'ar-
mée française; mais elle conserva toujours son
nom de Biilington lorsqu'elle parut en public. A
son retour en Angleterre, les directeurs de Drury.
Lane et de Covent-Gaiden mirent tant d'empres-
sement et de ténacité àcontracter un engagement
avec M'ue Biilington , qu'on fut obligé de s'en
rapporter à un arbitre, qui décida qu'elle chan-
terait alternativement sur les deux tliéàircs. Son
séjour en Italie avait perfectionné son talent;
aussi excila-t-elle la plus grande admiration dans
VArtaxerce de Arne, où elle introduisit un air
d'Inez de Castro, qui lui fournit l'occasion de dé-
ployer toute l'étendue desa belle voix. A cette épo-
que, la fameuse cantatrice Banti arriva à Londres;
son début eut lieu dans le rôle de Polyphonie
de la Mérope de Nazzolini : M™e Biilington jouait
celui de Mérope. La réunion de ces deux beaux
talents i)roduisit un tel effet, que la salle ne pou-
vait contenir le«i spectateurs, et que la scène
même en était remplie. Un effet semblable eut
lieu le 3 juin 1802, jour où l'on entendit pour
la première fois M'"^^ Biilington et Mara chanter
ensemble dans un duo composé expressément
pour elles par Blanchi. Ce qui ajoutait encore
à l'empressement du public, c'est qu'on savait
que cette soirée était la "dernière où l'on en-
tendrait M"ie Mara. Rien ne peut donner une
idée du fini de l'exécution de ces deux grandes
cantatrices, de leur verve, et de l'effet qu'elles
produisirent sur les spectateurs. La réputation de
M"ie Biilington allait toujours croissant. Cha-
que entreprise de théâtre cherchait à l'engager,
et pendant six années consécutives, elle chanta
à l'Opéra Italien, au Concert du Roi , à celui d'Ha-
nover-Square, et dans une foule de concerts par-
ticuliers. Entin, ayant amassé une fortune con-
sidérable (1), et s'apercevant que sa .santé s'altérait,
elle se retira délinitivementen 1S09, etne chanta
plus en public qu'une seule fois, dans un con-
cert donné au profit des pauvres, à Whitehall.
En 18 17, elle quitta l'Angleterre et se rendit à
une terre qu'elle venait d'acquérir près de Ve-
nise; mais elle jouit peu de temps des avantages
de sa nouvelle position, car, le 2.5 août 1818, elle
mourut d'une maladie aiguë, laissant un nom
illustre dans les fastes du théâtre lyrique. 11 existe
un beau portrait de M™c Biilington, gravé par
Ward d'après une peinture de Reynols. On a
publié la vie de la célèbre cantatrice sous le titre
de Meinoirs of Mistress Élizabeth Biilington,
Londres, 1S12, in-8^. Ces mémoires, dont on at-
tribue la rédaction à Miûe Biilington elle-même,
ont été traduits en français par M. Adolphe Tbiers.
Paris, 1822, in 8°.
BILLIi\GTOJ\ (Thomas), mari de la célè-
bre cantatrice de ce nom, fut d'abord contrebas-
siste attaché à divers théâtres de Londres et de
Dublin, et se livra ensuite à la compo.sition. il
mourut d'apoplexie à Naples, au mois de mai
1794. Les catalogues de Preston (Londres 1793)
et de Clénicnli (ibid., 1790) font connaître de
lui les ouvrages dont les litres suivent : r 12
(l)Én'.iron iin million six cent mille livres.
BILLINGTON
BINaiOIS
417
cnnznnelte /o»' ^voïccs. — 2" ù songs. — 3°
Céladon and Ametin, tiré des Saisons de
Thompson. — i" 6 sona(as for the piano forte,
witli accompaniment. — 5" Sonate à quatre
mains. — G" Sonate pour le clavecin avec
violon, arrangée par Mozin, Paris, 1796. —
7° Gray's élégies — s" Moria's evenings ser-
vice. — 9" Eloisa to Abelard. — 10° Pope''s
Elegy. — 1 1° Prior's Garland. — 12° Children
in the Wood. — 13° Young's Night Thoughts.
— 14o Glees.
BILI^Y (Jacques de), jésuite, néàCompiègne,
le 18 mars 1602, entra dans son ordre en 1G19.
Il enseigna la pliiloso|iJiie pendant trois ans, les
mathématiques pendant sept autres années, et
fut successivement recteur des collèges de Sé-
nones et de Dijon. Il mourut dans cette dernière
ville le 14 janvier 1679. On a de lui : De propor-
tione AarmoH/cfl, Paris, 1658, in-4°.
lîILLROTH (Gustave), professeur de phi-
losophie à Hall, né à Luheck, le 11 février 1808,
mort à Halle, le 28 mars 1836, fut amateur dis-
tingué de musique. Il a donné, avec Charles-Fer-
dinand Becker, une édition de chants chorals des
seizième et dix-septième siècles, qui a été publiée
àLeipsicken 1831. On a aussi de liillrotli une
dissertation sur l'emploi des imitations et du
contrepoint dans les chants à plusieurs voix. Ce
morceau a paru dans l'écrit périodique intitulé
Ccccilia (t. 10, p. 159-141).
BIÎVCHOIS (GiLLEB ou Égide), conlrapun-
tiste du quinzième siècle, fut contemporain de
Guillaume Dufay et de Dunstaple. Il partage avec
ces artistes la'gloire d'avoir perfectionné l'art d'é-
crire, l'harmonie, et la notation de la musique.
Les renseignements ont manqué jusqu'à ce jour
sur le pays où Binchois a vu le jour, sur l'époque
précise où il a vécu, sur les fonctions qu'il a rem-
plies et sur ses ouvrages. Les anciens auteurs de
traités de musique, tels que Tinctor, Gafori et
Hermann Finck, qui en ont parlé, ne nous ont
conservé que soniiom. ïinctor le cite avec Dufay
et Dunstaple commeayanteu pour élèves quelques-
uns des plus grands musiciens du quinzième
siècle, tels que Jean Ockeghem, J. Régis, Ant.
Busnois, Firmin Caron et Guillaume Faugues:
lit Joannes Ockeghem (dit-il, dans le prologue
de son traité du contrepoint), Joannes Régis,
Anthonius Busnois, Firniinus Caron, Guillel-
mus Faugues, qui novissimis temporibus vita
functos Joannem Dunstaple, Egidium Bin-
chois, Guillermum Dufay, se prœceptores ha-
buisse in hac arte divina glorianttir. Her-
mann Finck est moins satisfaisant encore lors-
qu'il cite Binchois parmi les noms de plusieurs
musiciens qui sont venus longtemps après lui ;
lîIOGR. UNIV. des musiciens. T. I.
Postea [Pratica Musica,c. I.) alii quasi novi
invenlores secutisunt, qui propitis ad nosira
tempora accédant, ut : Joh. Griesling, Fran-
chimis, Joh. Tinctoris, Dufay, Busnoe , Bu-
choi [sic] Caronle, et alii multi,etc. (Ensuite
sont venus de nouveaux inventeurs, qui appro-
chent davantage de nos jours, tels que J. Greis-
ling , Franch. Gafori, Jean Tincloris, Dufay , Bus-
nois, J9Jnc/io/5, Caron, etbeaucoup d'autres, etc.)
Gafori ne parle de Binchois que pour invoquer
son autorité conjointement avec Dufay et Dims-
taple (Musicautriusque cantus practica, lib.
3, c. 4), sur l'emploi d'un intervalle dissonant.
Martin le Franc, poète français qui écrivit, de 1436
à 1439, un poème intitulé : Le Champion des
Dames (l), nous fournit dans cet artiste un
renseignement important (troisième livre, hui-
tième paragraphe, strophe sixième),.'» cause delà
date où furent écrits les vers, et parce que le
poète vécut au temps de Dufay et de Binchois;
enfin, parcequ'il nous fait connaître les noms des
musiciens français les plus renommés qui précé-
dèrent ces deux maîtres. L'argument du paragra-
phe, ou du chapitre, où se trouve ce passage est
conçu en ces termes : LeChampion euvre et dé-
\ claire que la légiereté des engins de mainte-
nant argue la fin du monde, et sur ce parle de
la per/eclion des arts présente. Puis viennent
cinq strophes sur la musiipie et les musiciens
français de ce temps. On y trouve ce pa.ssage :
Tapissier, Carmen. Ccsaris (2)
N'a pas long-temps si bien chantèrent
Qu'ilz esbahirent tout Paris
Kt tous ceulx qui les fréquentèrent ;
Mais onquesjour ne ileschantèrent ,
En mélodie de tels chois,
(Ce m'ont dit ceulx qui les hantèrent)
Que Guillaume Du/a;/ et Binchois.
Car ilz ont nouvelle pratique
De faire frisque concordance
Eu haulteeten basse musique.
En fainte, en pause et en niuaiice,
El ont prins de la contenance
Angloise et ensuy Punsiable;
Pour quoy merveilleuse playsimce
Rend leur chant joyeux et stable.
Des découvertes nouvelles sont enfin venues
dissiper nos doutes concernant la patrie de Bin-
chois, fixer le temps précis où il vt-cut, et nous
faire connaître quelle fut sa position. Gilles de
(1) La preniière édition de cet ouvrage sans date (in
fol., Gotti.), est sortie (suivant l'opinion de Bruiiet dans
son Atanuel du libraire, t. 2, p. 50) des presses de Vé-
rard, de Paris, de 1490 à 1H09.
(2) Noms de trois musiciens compositeurs du quatorzième
siècle qui n'ont été connus d'aucun historien de la must-
que.
27
418
BINCHOIS
Jlins (Binciie, petite ville du Ilairiaut), dit Bln-
chois, est le second chapelain de la cliapelie de
Philippe le Bon, duc de Bourgogne , d'après un
<'t;it <le celte chapelle dressé en 1452 (Registre
II'' 1921, fol. yii^^ ij (142) de la chamhre des
comptes, au\ archives du royaume de Belgique,
à Bruxelles). J'ai exposé dans la première édi-
tion de cette biographie les motifs qui me fai-
saient considérer ce musicien comme Français,
et même comme Picard de naissance ; mais toutes
les conjectures disparaissent en présence des faits
authentiques. Biuchois était Belge ; il était né dans
iine ville de l'ancienne Belgique proprement dite,
dont le nom sous lequel il est connu est l'indi-
cation, et conséqiiemment il était compatriote de
Dutay. De plus, il fut chapelain-chantre au ser-
vice du prince souverain de sa patrie. Tels sont
les premiers faits établis.
On vient de voir que la position de Binchois
étaitcellede second chantre de lachapelle de Phi-
lippe le Bon, en 1452. Dans l'état de cette cluipelle
dressé en la môme année, le premier chapelain
est Messire Nicolas Dupuis, etlonvoitligureren
(jualrième, dans la listcde Ces chapelains-chantres,
Jehan de la Tour, qui était maître des enfants
(le chœur de la même chapelle dès 1427. Or,
Binchois l'avait certainement précédé; car, dans
tous les états de chapelles souveraines que j'ai vus
en Belgique, en France et en Allemagne, la po-
siliondes chapelains-chantres est établie par ordre
d'ancienneté. On peut donc affirmer que Binchois
était an service de la chapelle des ducs de
Bourgogne dès 1425. D'ailleurs, il existe un do-
cument qui prouve sa présence dans celte cha-
pelle longtemps avant 1452. Ce document est une
pièce signée par Philippe le Bon, par laquelle ce
prince accorde à Binchois une prébende à l'é-
glise Sainte-Waudru, de Mons, et le dispense
d'acquillcr les droits du sceau. M. Pinchart, em-
ployé des archives du royaume de Belgique, qui
a fait la découverte de cette pièce, en fixa la date
entre 1438 et 1440, par des motifs qu'il serait
trop long de détailler ici (1).
Binchoi:!, contemporain de Dufay , mais qui
était plus jeune que lui, ne vivait plus en 1465,
car il ne figure plus dans un étal de la chapelle
de Philippe le Bon, dressé dans cette année
(Registre n» 19?.2, fol. CXXX recto de la cham-
bre des comptes, aux archives du royaume).
Il mourut donc entre 1452 et 1464.
(1) Cette piùce est ainsi conçue : n Maistre Jehan Hibert ou
« son clerc, délivrez ù Bincliois, nostre chappelain, une
«retenue de secrétaire aux honneurs et une lettre de la
•' prébende de Saincte-Wauldrut de Mons, que lui avons
« nouvellement donné, saiiz de tout ce prendre droit de
K socl (Collection des acquits des droits du grand sceau.
Il au archives du royaume de Belgique;. »
Un document intéressant découvert par le
savant archéologue M. Slephen Morelot, dans
un manuscrit de la bibliothèque de Dijon (I)
nous fournit des renseignements sur la vie de
Binchois qu'on a ignorés jusqu'à ce jour. Ce do-
cument eil une défloration sur la mort de cis
musicien, mise en musique à trois voix. Une
des voix chante des paroles latines qui se ter-
minent par ces mots :
Pie Jesu Domine,
Dona ei requiem.
Une autre voix fait entendre des paroles fran-
çaises, dont les plus remarquables sont celles-ci:
Mort, tu as navré de ton dart
Le père de joyeuselé
En d(^ployant ton étendart
Sur Binchois, patron de bonté.
En sa jeunesse il fut soudart
D'hoiwrable mondanité,
Puis a es]u la meilleur part.
Servant Dieu en humilité.
Il est donc avéré que Binchois fut d'abord
soldat, et qu'il embrassa plus tard l'état ecclé-
siastique. Tout chantre d'église était prêtre au
tenifis où il vécut, et tout compositeur était
chantre. L'épithète Père de joyeuselé indique
qu'il était le plus habile compositeur de chan-
sons de sou époque; et patron de bonté no
laisse pas de doute sur l'excellence de son ca-
ractère.
Les citations honorables des noms de Bin-
chois, de Dufay et de Dunstaple, par les musi-
ciens savants des quinzième et seizième siècles,
ne sont pas les seuls témoignages que nous
ayons de la grande réputation dont ils ont joui
parmi leurs contemporains ; car plusieurs lit-
térateurs et poètes les ont cités en des termes
qui prouvent la popularité de leur nom.
Jusqu'à l'époque présente , on n'avait pas
trouvé dans les manuscrits de compositions de
Binchois. Un seul fragment très-court, à deux
parties, rapporté par Tinctoris, était tout ce qu'on
connaissait de lui; mais au mois de novembre
183'(, un manuscrit précieux a été vendu avec
la bibliothèque de M. Reina , de Milan, chez
M. Silvestre, libraire de Paris, et ce manuscrit,
indiqué au numéro 1350 du catalogue sous ce
titre : Chansons italiennes, provençales et
(i) Voyez sa Notice sur vn manuscrit de la Biblio-
tliéque de Dijon, contenant deux cents chansons fran
çaises du quinzième siêde. Dijon, 1856, ia-i".
BINCHOIS — BINDERNAGPX
119
frfinçaise.i, vùscs en musique (petit in-folio
cartonné, de lli) reuillels, Mss. du quinzième
siècle), renferme, dit-on, des chansons à trois
voix, de Binciiois. Un autre manuscrit, vu et
collationné par MM. Danjou et Moreiot à la
bibliothèque du Vatican, à Rome, en 1847, ren-
ferme un bon nombre de chansons et do motets
à trois voix, lesquels portent les noms de Duiis-
taple et de Binchois. Kiesewetter a publié, dans
son livre sur la destinée et la nature de la musi-
(|uc mondaine dans le moyen âge (1), la tra-
duction en notation moderne d'une chanson à
trois voix de Binchois, qui commence i>ar ces
mots : Ce mois de mai. Bien que je ne con-
naisse pas l'original, je n'hésite pas à déclarer
cette traduction mal faite et remplie de fautes, car
les horreurs inharmoniques qui s'y tiouvent n'ap-
partiennent plus au temps de Dufay et de
Binchois. Kiesewetter n'entendait rien à la no-
tation noire du quatorzième siècle et <hi com-
mencement du quinzième. Il a pris pour des
notes réelles les ornements du chant appelés
appogialnres et groupes {gnipelti) , et les a
fait entrer dans l'harmonie, où ils produisent
des effets affreux. J'ai découvert depuis peu,
dans un manuscrit de la bibliothèque royale de
Bruxelles, une messe entière à trois voix de Bin-
chois, avec un Kyrie farci. Ce monument inté-
ressant sera publié.
LtlNUER (Chrétien-Sigismond), organiste de
la cour à Dresde, naquit dans un village de la Saxe
inférieure au commencement du dix-huitième
siècle. Il fut d'abord élève de Hebenslreit, et se
livra à l'étude du pantalon, instrument fort dif-
ficile, inventé par son maître. Plus tard , il l'a-
bandonna pour l'orgue et le clavecin, où il ac-
quit beaucoup d'habileté. En 1759, il publia six
sonates pour le clavecin, et quatre ans après,
six trios pour le môme instrument, avec accom-
pagnement de violon : ce sont les seuls ouvrages
de sa composition qui ont été imprimés; mais
on connaît en manuscrit vingt -quatre sona-
tes, quelques fugues et dix-huit concertos pour
clavecin, avec accompagnement d'orchestre. Ce
musicien est mort en 1788.
BINDER (AuGUSTE-SnîiSMCND), fils du pré-
cédent, né à Dresde, en 1761, fut élève de son
père pour l'orgue et la composition. En 1783, il
fut nommé organiste à Neustad t, et , six ans
après, il succéda à son père dans la place d'orga-
niste de la cour à Dresde. 11 a écrit des sonates
pour le clavecin, des cantates et de la musique
religieuse; mais il n'a rien fait imprimer.
(1) Sckicksale und Beschaffenheit der iveltlichen Cesan-
ges vom FrUhen Mittelalter, elc, n° 16 des exemples de
musique.
Un autre fils de Cbrétien-Sigismond lî'ndcr,
nommé Charles-WiUu'lm, naquit à Dresde en
I7G4, et fut fabricant d'instruments de musique
à Weimar. 11 s'était fait de la réputation dans
la facture des liarfies.
BINDEU (Je\n-Frédértc), baron de Krie-
c.ELSTEiN, mort à Vienne le 4 juin 1790, est
conim par des écrits philosophiques, qui ont été
réunis et publiés à Prague en 1783, 2 vol, in-S".
On a aussi de lui un petit ouvrage très-ori-
ginal, inconnu à Forkel et à tous les bibliogra-
phes musicaux, lequel a pour titre : Die wan-
(Icningen Génies, oderivûnderbare Fata eines
Schauspielers , Dichters, und Componisten
(Les génies voyageurs, ou destinées singulières
d'un comédien, d'un poète et d'un compositeur).
Vienne, 1782, in-St^ de 128 pages.
BINDER (Cn.\RLEs), compositeur, fut d'a-
bord directeur de musique, puis devint chef
d'orchestre du théâtre de Josephsiadt à Vienne,
en 1839. Après avoir rempli ces fonctions pen-
dant huit ans, il renonça à sa place et se rendit à
Hambourg, où il ne resta que six mois, ayant
été choisi pour diriger l'orchestre du théâtre de
Presbourg à la fin de 1847. il a écrit la unisique
de plusieurs mélodrames pour le théâtre de Jo-
seplistadt, une scène caractéristique intitulée : Der
Wiener Schusterhut , le petit opéra Die drei
Wittfraiien (Les trois veuves) , un opéra-vau-
deville qui avait pour titre Purzel, ainsi que
l'ouverture et les chœurs du drame intitulé
Elrnar. Les jouinaux de l'époque ont accordé des
éloges au talent déployé par le compositeur dans
ces ouvrages. On connaît aussi de Binder des psau
mes à grand orchestre, et des chants à voix
seule avec piano, publiés à Vienne, chez lias-
linger.
BINDER (JosF.pH-SÉBASTfEN), né à Prague
en 1792, eut en Allemagne la réputation d'un té-
nor distingué. Il débuta au théâtre de sa ville
natale en 1818, et y chanta avec succès pendant
dix années. Engagé au théâtre de Berlin, en
1829 , il n'y resta qu'un an; puis il se fit enten-
dre à Weimar, à Mannheim, et entra au tliéâ-
tre impérial de l'Opéra allemand de Vienne, à
la fin de 1830. L'affaiblissement de sa voix l'o
hligea à quitter la scène en 1842, et à acceptei
les places de professeur de l'association de cbaflt
à Pesth et de l'école du théâtre de cette ville. Il
mourut, jeune encore, le 5 juin 1845, suivant les
Gazettes de musique de l'Allemagne, ou le 15 du
même mois, selon Gassner (Universal Lexikon
der Tonkunst). La femme et la fille de Binder
(Élise) furent attachées au théâtre de Prague
comme cantatrices.
BINDERNAGEL (Joseph), musicien al-
27.
42f)
BINDERNAGEL — BINl
l('ni.in<l et professeur de musique à Paris , vers
la fin du dix-huitième siècle, a publié dans
cette ville •• — l° Grande sonate pour le vio-
lon avec accompagnement de basse, op. 2, 1799 ;
— 2° Trois duos concertants pour deiix violons,
op. 4, 1800;— 3o Trois sonates avec accompa-
gnement de basse, op. 5. Il ne faut pas confondre
ce musicien avec un autre du même nom, qui
fut élève de Georges Benda ; celui-là fut cantor
dans un village de la Thuringe, et a composé une
année entière de musique d'église sans accompa-
f^nement, et un oratorio intitulé : Die Auferste-
hung Jesu (La résurrection de Jésus). Il est
mort vers 1803. lly eut aussi, vers 1800, à Gotha,
un facteur de harpes et de guitares du même
nom. ToU'* ces artistes paraissent avoir été de la
même famille et Être nés à Gotha ou dans les
environs.
BING (Jacques), compositeur, aveugle de
naissance, naquit à Eschenbach, dans le royaume
(le Wurtemberg, le 16 juillet 1821. A l'âge de
sejit ans il entra à l'institut des aveugles à Fri-
boiirg en Brisga\i , où l'on prit soin de son édu-
cation. Ses rares dispositions pour la musique
s'étant bientôt manifestées, on lui (it commencer
l'étude de cet art, et quelques années de travail
suflirent pour lui faire acquérir de l'habileté sur
le piano et sur le violon. A l'âge de douze ans,
il avait déjà produit de petites compositions qui
annonçaient du génie. Trois ans après il écrivit
une ouverture à grand orchestre, et une messe
f solennelle qui fut exécutée dans l'église de la
cour, le 29 août 1836, à l'occasion du jour de
naissance du grand duc de Bade. Dans un court
espace de temps il produisit deux trios et qua-
tre quatuors pour des instruments à cordes, trois
trios pour piano, violon et violoncelle, deux noc-
turnes et deux caprices pour le piano, neuf lie-
der à voix seule avec piano, et huit chants reli-
gieux à quatre voix. Un caractère d'originalité
règne dans ces productions, dont on n'a imprimé
que quatre lieder avec piano, chez Heckel, à
Mannheim, et deux nocturnes pour piano, chez
Schott, à ISIajence. Cette heureuse organisation
s'est éteinte axKint le temps; car la mèredeBing
ayant cessé de vivre en 1840, il en eut un chagrin
si profond, que sa santé s'alléra rapidement; une
maladie de poitrine se déclara, et le 1 7 avril 1 84 1 , il
expira, n'ayant pas encore atteint l'âge de vingt ans.
BINGIIAM (Joseph), né en 1667, à Wake-
fteld, dans le Yorkshire, fit ses études à Oxford,
et fut pasteur à Headburn-Worty, près de Win-
chester. Il mourut en 1723, par suite d'un excès
de travail. Dans ses Origines ecclésiastiques,
publiées en anglais, et <Iont la seconde édition
a paru à Londres en 1726 (2 vol. in folio), tra-
duites ensuite en latin par J. H. Grichow. avec
les notes de J. François Budée; Halle, 1724-38,
11 vol. in-4°, il a traité (livre III, ch. VII)
de Psalmistis seu Cantoribus. Il y démontre
par une foule de passages des Pères de l'Église,
que l'orgue n'était point en usage dans les assem-
blées religieuses des premiers clirétiens, et que
le mot organa signifie, non des orgues, mais en
général les instruments de musique des Hébreux.
BINGLEY (Le Révérend William), mi-
nistre anglican, né dans la .seconde moitié du
dix-huitième siècle, vivait à Londres vers 1802.
Il a publié sous le voile de l'anonyme un livre
qui a pour titre : Musical Biographij , or Mc-
nuiirs oj the lives and ivritings of Ihe most
eminent musical composers and writters icko
hâve jlourished in the différent countries of
Europa during the last three centuries (Bio-
graphie musicale, ou Mémoires de la vie et des
œuvres des compositeurs et écrivains les plus
éminents qui ont vécu dans les diverses contrées
de l'Europe pendant les trois derniers siècles).
Londres, Henri Colburn, 1814, 2 vol. in-8o. L'au-
teur de ce livre dit dans la préface qu'il l'a
commencé pour son propre amusement, et qu'il
a employé douze années à sa rédaction. La plus
grande partie de cet ouvrage est empruntée aux
histoires de la musique de Hawkins et de Burney ;
cependant il s'y trouve des notices (jui ont été
faites d'après des mémoires originaux. Bingley
n'a point adopté l'ordre alphabétique pour son
ouvrage, mais l'ordre chronologique.
BIIMÏ (Pasqualino), né à Pesaro, vers 1720,
un des meilleurs élèves deTartini pour le violon,
entra dans l'école de ce virtuose à l'âge de quinze
ans, sous la protection du cardinal Olivieri. Il y
travailla avec tant d'ardeur, qu'au bout de trois
ou quatre ans il parvint à se familiariser avec
toutes les drfficullés que présentent les com-
positions de Tartini. Lorsque ses études musi-
cales furent terminées, le cardinal Olivieri le fit
venir à Rome, où il étonna tous les professeurs
par la hardiesse et la pureté de son jeu. On dit
que Montanari fut si affecté de la supériorité de
Bini, qu'il en mourut de chagrin. Tartini avait
beaucoup d'estime pour son élève : Burney
rapporteà ce sujet {A. Gen. hist. ofmusic,t. 3,
p. 562) qu'un anglais, nommé M. Wiseman, ayant
voulu prendre des leçons de violon, s'adressa à
Tartini, qui lui indiqua Bini, en lui disant : lo lo
mando ad un mio scolaro che suonapiù di me,
e me ne glorio per essere un angelo di costume
e religione. Vers 1757, Bini passa à Stuttgard,
comme maître dechapelledu duc de Wurtemberg :
on ignore l'époque de sa mort.
BINI (David), né à Pise vers 1812, s'est tait
BINI — BIORDI
<2f
connailie comme compositeur par l'opéra intitulé
Ildcgonda, représenté sur le tliéàtre de sa ville
natale, au mois de février 1836. L'ouvrage l'ut
accueilli avec entlionsiasuic par les concitoyens
de l'auteur; néanmoins ce premier essai de son
talent ne paraît pas avoir été suivi d'autres com-
positions.
BION, surnommé Borysthenite, philosophe
et sophiste grec, naquit à Borysthène, sur les
bords du fleuve de ce nom. Il alla se fixer à
Athènes, s'attacha d'abord à Cratès, et adopta la
philosophie cynique, puis reçut des leçons de
Théodore l'athée et de Théophraste : il finit par
se faire des principes qui n'étaient ceux d'aucun
autre philosophe. Il mourut à Chalcis. Possevin
le place parmi les écrivains sur la musique
(liv. XV de sa Bibliothè(]ue choisie, t. 2, p. 223),
et Gesner {Biblioth., p. 12t ) cite un traité de
sa composition intitulé Muslca, qui existerait
dans la Bibliothèque impériale de Vienne, et qui
serait relié avec les Harmoniques dePtolémée. Je
doute de l'existence de cet ouvrage.
BIONDINI (Locis), bon chanteur basse, né
en Toscane, commença sa carrière sur le théâtre
de Lucques, en 1821. En 182.3, il était à Flo-
rence, où il resta pendant trois ans. Puis il chanta
à Milan, dans les années 1826, 27, 28, et 29.
Appelé à Lisbonne dans cette dernière année, il
y chanta pendant trois ans, et reparut à Milan en
1833. L'année suivante il était à Modène et à
Bome. 11 resta dans cette dernière ville pendant
les années 1834, 35 et 36. La direction du théâtre
italien de Madrid l'engagea au commencement
de 1837, et le conserva jusqu'au printemps de
1840. Alors Biondini se rendit à Vérone et de là
à Naples, où il chanta pendant toute l'année
1841. Peu de temps après, il s'est retiré de la
scène.
lilO^JI (Antoine), compositeur dramatique,
né à Venise, en 1698, y étudia le contrepoint et
l'harmonie sous la direction de Jean Porta. Ses
premières productions furent l'opéra de Climène,
en 1721, et Z7rfine, en 1722. Appeléà Ferrare au
printemps de 1722, il y fit représenter un opéra
intitulé Cajo Mario, qui fut applaudi. Dans la
même année, il écrivit Mitridate. En 172-3, il
composa L'Orlando furioso, qui fut représenté
à Bade en 1724, et à Breslau en 1725. Une troupe
de chanleurs italiens ayant été formée en 1726
pour cette dernière ville, Bioni l'accompagna en
qualité de directeur de musique et de composi-
teur. Il y déploya tant d'aeîivité que, dans l'espace
de neuf années, il écrivit vingt et un opéras, dont
quelques-uns, particulièrement celui d'Endi-
}nione eurent beaucoup de succès. Bioni tenait
le premier clavecin aux représentations ; le second
fut occupé successivement par D. Th. Trcu, Geor-
ges-Jean Hoffman.et G<!bel. En 1730 Bioni prit
la direction générale du tlx^àtre italien de Breslau,
mais .sans cesser de composer. Sa réputation s'é-
tait étendue en Allemagne; en 1731 l'électeur de
Mayence lui donna le titre de compositeur de sa
chapelle. Deux ans après, la troupe de chanteurs
italiens fut dissoute, et Bioni quitta Breslau. Il
paraît qu'il retourna en Italie; cependant il y a
lieu de croire qu'en 1738 il était à Vienne, où fut
représenté son opéra de Gtrïta. Les ouvrages
écrits par lui pour le théâtre de Breslau sont : —
\° Armida'abandonaln, en 1726, — 1° Armida
al campo (1726). — 3o Endimione, pastorale
( 1727 ). — 4° Lucio Ve.ro ( 1727). — 5" Ario-
dante{\in). —6° Attale ed Arsinoe{M21 ).
— 7" Artabano (1728). — 8o Fitindo, paslo-
raleeroica (1728). — 9° j\issaed Elpino (1728) .
— 10° Merope. Bioni ne fit que les récitatifs et
quelques airs de cet opéra; le reste était un pas-
tiche extrait des œuvres d'Alberti, Caldara,Treu,
Finazzi , Lotti , Menaglietti , Porta , Vinci , et Vi-
valdi. — 11" ia fede traditaevendicata (1729).
— 120 Engelberla ( 1729). — 13° Andromacca
( 1729). — 14° Ercole sul Termodonle ( i730 ).
— 15° Lucio Papirio ( 1731 ). — 16° Siroe , re
di Persia (1731). — il" Silvin H73{). — \8'> La
verità sconosciuta (1732) — 19" Alessandio
Severo (1733). — 20" VOdio placato (1733). —
21° Alessandro nelC Indie ( 1733). — 22° Une
sérénade composée pour l'électeur de Mayence,
exécutée à Breslau en 1732.
BIORDI (Jean), compositeur, né â Rome
dans la seconde moitié du dix-septième siècle,
fut élu chapelain-chantre de la chapelle pontifi-
cale en 1717, et se distingua par ses œuvres de
musique sacrée, soit dans le style alla Palcstrina,
soitdans le style accompagné. En 1722 il obtint au
concours la place de maître de chapelle à l'église
Saint-Jacques des Es[)agnols, et l'emporta sur
Porpora. Voici comment l'anecdote de ceconcours
est rapportée dans un manuscrit qui fc trouve
dans la bibliothèque de la maison Corsini alla
Lungara : La place de maître de chapelle étant
devenue vacante, les administrateurs résolurent
d'ouvrir un concours public le 8 janvier 1721, et
l'avis en fut donné par les journaux du temps.
Les conditions étaient d'écrire une fugue à huit
voix improvisée sur un sujet pris au hasard dans
un livre de chant grégorien. Six concurents se
présentèrent! ce furent Nicolas Porpora, Rolli,
Jérôme Chili, Monza, Califfi et Biordi. Les six
pièces du concours furent envoyés successivement
à Benoît Marcello, au P. Ferdinand Luzari, maître
de chapelle à S. -François de Bologne, à Jacques
Antoine Perti, niaïtre de S. -Pétrone, dans la même
^22
BIORDI — BIRCHENSHA
ville, et à Charles Baliani, maîtrede lacatliédiale
rie Milan : d'après l'avis de ces qualres ni.iîlres,
la place vacante ftit donnée à Biordi. Sa fugue
se trouve dans la bibliothèque de la maison Cor-
sini. Les arcliives delà plupart des églises de Rome
contiennent des ouvrages de ce compositeur, et
l'on en exécute encore à la chapelle pontificale.
On trouve dans la collection de Tabbé Santini, à
Rome, les compositions de Biordi dont voici l'in-
dication : — 1" Motteti e sahni, à 4 voci. —
T Miserere à deux chœurs. — 3° Lauda Sion à
deux chœurs. — 4» Litanies à 4 voix. —
î)0 Lxtatus sum à 6, composé pour la chapelle
papale. — G» Christus factus est à 6, avec un
chœur de ripieno.
BIOT (JiiAis -Baptiste), de l'Académie des
Sciences, professeur de physique mathématique
au collège de France, de la Société Royale de
Londres et de beaucoup d'autres sociétés savantes,
est. né à Paris en i774, et a fait ses études au
collège de Louis le Grand. Au commencement
de la révolution , il servit dans l'artillçrie, mais
il entra ensuite comme élève à I "école polytechni-
que. Nommé professeur de matbématiques à
Beauvais, il occupa cette chaire pendant quelques
années et revint à Paris en 1800. En 1816 il a
l'ublié à Paris un Traité de Physique en A vol.
iii-S". Le livre 3% tom. II, p. 1—190, traite de
l'acoustique. Depuis lors il a donné un abrégé
de ce traité sous le titre de Précis élémentaire
de Physiqiie expérimentale, Paris, 1820, in-8o,
dont la troisième édition a paru en 1823, en
2 vol. in-8o. Il y traite aussi de l'acoustique,
liv. ."i^, tom. 1, p. 350— 4C8. Ce livre est divisé
en 10 chapitres qui sont intitulés : — \° De la
production et de la propagation du son. —
5" De la perception et de la comparaison des
sons continus. —3° Vibrations des cordes élas-
tiques.— 4° Approximations usitées en musique
pour exprimer les intervalles des sons: néces-
sité d'altérer la justesse de ces intervalles dans
les instruments à sons fixes ; règles de ce tempe-
rament. — i>° Exposition des divers procédés
qu'on peut employer pour mettre les corps so-
lides dans l'étal de vibration sonore , et pour
constater la natiire des mouvements qu'ils exé-
cutent lorsqu'ils se trouvent dans cet état. —
6" Vibrations des verges solides, droites ou
courbes. — 7° Vibrations des corps rigides où
flexibles agités dans toutes leurs dimensions.
— 8° Des instruments à vent. — 9° Sur la
communication des mouvements vibratoires.
— 10° Organes de l'ouïe et de la voix. Ce livre
est un bon résumé des connaissances acquises
sur ces divers objets; mais il n'a pas fait faire un
seul pas t> la science, et bien des choses y reposent,
quant à la musique, sur les ba.ses d'une fausse
théorie, comme je le ferai voir ailleurs. On doit
aussi à M. Biot • — lo Théorie mathématique
de la propagation du son : dans le Bulletin des
Sciences, prairial an x (mai 1802). — 2° Expé-
riences sur la vitesse du son ; elles sont consi-
gnées dans les Mémoires de. la Société d'Arcueil,
t. 2, p. 403 — 3" Expériences sur la propaga-
tion du son à travers les corps solides, da7is
l'air, et dans les tuyaux cylindriques très-
atlongés (Journal des Mines, t. xxiv, 1808). —
4° Sur le jeu des anches (Nouveau bulletin des
Sciences, juillet 1816 ). — 5° Remarques sur les
sons que rend un même tuyau d'orgue rempli
successivement par différents gaz. (Idem, no-
vembre 1816). — 6° Expériences sur les sons
des tuyaux cylindriques qui contiennent deux
gaz superposés (Annales de physique et de
chimie, t. vu, 1817 ).
BlOW (Henri), amateur de musique, né à
Christiana, en Norwège, est auteur d'une Es-
quisse biograjihique du violoniste Ole-Bull, qu'il
a publié sous ce titre : Ole Bull. Eine biogra-
phische S/iisse von //. Bihw ; Hambourg, J. C.
S. Witt, 1838, in 80 de 28 pages.
BmCIIEl\Sll.\ (Jean), musicien né en
Irlande, résida d'abord à Dublin, dans la mai-
son du comte de Kilnare ; mais après la rébellion
de 1641, il se rendit à Londres, où il enseigna
à jouer de la viole. Burney le représente comme
lui charlatan qui était bien loin de posséder la
science musicale dont il se vantait {voy. General
history of imisic, t. 3, p. 472). Il lit paraître,
dans les Transactions Philosophiques de 1672
une pompeuse annonce d'un livre qu'il intitulait ;
Syntugma Musicx , treating of music philo-
sophically, malhematically and practically,
et qui, selon lui, était supérieur à tout re qui
existait dans la littérature musicale; mais cet
ouvrage n'a point paru. En 1664, il |)ubiia à
Londres une traduction anglaise de l'Elemcntate
Musicum d'Alsf.ed, sous ce titre Templum vai-
sicum, or the musical synopsis ofthe learned
and fumons J . H. Alstedius. Ilawkins lui attri-
bue aussi un petit traité de composition en une
feuille d'impression, intilidé : Rules and direc-
tions for composing in parts; mais, sans indi-
quer le lieu ni la date de l'impression. J'ignore si
ce petit écrit était le prospectus d'un autre ou-
vrage de Birchensha, dont le manuscrit original
a |)our titre Rules of composition (Règles de la
composition). Ce volume appartenait en 1695
au violoniste Corbett, dont il porte la signature ;
puis il passa en la possession du comte do Do-
négall, dont les armes sont sur le voUnne Plus
tard, il fut acquis par MM. Calkin et lîudd, li-
RIIICIIENSIIA — BIRNBACH
423
biairos et inaiclidiuls de musique ancienne à
Londres, de qui je Kai arliete on 1851. La valeur
scientiliqiiede ces règles de compo«ilion est nulle.
Birclienslia a placé aussi une préface en tête de
ÏEssa'j (o advancement of music, de Salmon,
Londres, 1672.
CIRCHERODA (Je\n), professeur de tliéo-
logie, naquit à Bircherod en Zélande, en 1023,
et en prit son nom : il mourut à Copenhague en
1683. Il a donné quelques renseignements sur la
musique des anciens dans son ouvrage intitulé :
Exercitalio de ludis gymnicis , prxcipue de
certaminibus olympicis. Copenhague, 1635, et
1664 in-4''.
BIRD (Wiluam) : Voyez BYRD.
BIRKEIVSTOCK (Jean-Adam), maître de
chapelle à Eisenach, naquit à Alsfeld, le 19 fé-
vrier 1Ô87. En 1700, il suivit son père à Cassel,
et y étudia la musique pendant cinq ans sous la
direction du maître de chapelle Rugieri Fedeli.
Ensuite ie Landgrave l'envoya à Berlin, où il prit
pendant un an des leçons de Volumier; puis il
alla à Bayreuth pour y perfectionner son talent
sur le violon auprès de Fiorelli, et enfin, en 1708,
à Paris, pour y terminer son éducation musicale.
De retour à Cassel, en 1709, il fut nommé mu-
sicien de la cour,; en 1721, on lui donna le titre
de piemier violon solo, et en 1725, celui de
maître des concerts. Quelques années aupara-
vant cette dernière date, il avait fait un voyage
à Amsterdam, y était resté sept mois, et y avait
puhli('! son premier œuvre de sonates. Pendant la
vie du duc de Hesse-Cassel Birkenstock jouit de
sa faveur; mais ce prince étant mort en 1730,
on n'eut plus pour lui les mêmes égards, ce
qui le détermina à entrer au service de la cha-
pelle d'Eisenach. 11 mourut dans celte ville le
26 février 1733. On a de ce musicien -. i" douze
sonates pour violon seul et basse continue ; Ams-
terdam, 1722. — 2° Douze idem ; ibid., 1730.
— 3" Douze concertos à quatre violons obligés,
alto, violoncelle, et basse continue ; ibid., i730.
BIRNBACH (Charles-Joseph) , naquit en
1751, au village de Kœpernick, près de Neisse.
Ses parents l'envoyèrent à l'école du village ; les
progrès de Birnbach dans la musique furent ra-
pides, et à l'âge de dix ans il fut en état d'aller faire
des études plus fortes au gymnase de Neisse. Il
donnait déjà des leçons de musique; par son zèle
et par son économie il amassa une somme assez
considérable |)our pouvoir faire reconstruire, à
l'âge de quinze ans, la petite maison de ses pa-
rents, qui avait été détruite par un incendie. Tou-
ché de ce trait de piété filiale, le maître de cha-
pei.e Dittersaorf se chargea de perfectionner le
(aient du jeune artiste sur le violon et dans la
composition. Après avoir quitté le gymnase, Biin-
bach serendità Breslau, et entra dans la musique
du comte de Hoym, où il cul de fréquentes occa-
sions d'augmenter ses connaissances en musique.
Quelques années après, il entra à la cour de l'ar-
chevéqne, oùonlui confia un emploi pour toute sa
vie. Ce fut vers cette éi>oque qu'il se maria avec
CarolineGuillelmini! Rœhn, dont il eut quinze en-
fants. A la mort <le rarclievôque , le 5 janvier
1795, la place de Birnbach fut supprimée comme
inutile : il intenta nn procès au prince de Hohen-
lobe Bartenstein, héritier de l'archevêque, [lour
l'exécution du contrat qu'on avait fait avec lui;
mais, bien qu'il eût gagné sa cause aune première
juridiction, ce procès ne fut jamais jugé défini-
tivement, et Birnbach perdit une somme de
5500 thalers (environ 20,000 franco) qui lui était
due légitimement. Pendant plusieurs années, il
n'eut d'autre ressource, pour nourrir sa nom-
breuse famille, que de donner des leçons de
musique à Berlin. Son talent distingué sur le
violon le fit admettre à la chapelle royale; mais
en 1803, il quitta Berlin pour aller avec son (ils
Henri à Varsovie, où il s'établit, après avoir
obtenu une pension de 300 thalers. Bientôt mé-
content desa nouvelle situation, il la quitta encore
pour être directeur de musique au théâtre alle-
mand de Breslau. Il ne jouit pas longtemps des
avantages de celte place, car il meurut le 29
mai 1805.'
Birnbach a écrit beaucoup de musique. On
connaît de lui vingt quatuors pour le violon,
plusieursquintettes pour des instruments à cordes,
dix concertos pour le violon, quinze solos pour
le même insfrument, dix symphonies pour l'or-
chestre, seize concertos pour le piano, vingt-
cinq sonates pour le même instrument, avec et
sans accompagnement, plusiems cantates et ora-
torios, plusieurs messes, et deux opéras, Sapliira
et La Femme du pécheur, composés pour le
théâtre de Breslau. De tout cela, on n'a gravé que
trois quintettes , cinq concertos pour le piano,
quelques sonates, et douze airs avec accompa-
gnement de piano. Le premier ouvrage de Birn-
bach qui fut imprimé est un concerto pour le
piano, avec orchestre : il parut à Breslau en 1783.
BIRJXBACH (Henri-Auguste), (ils du pré-
cédent, est né à Breslau en 1788. Quoiqu'il
fût catholique, il commença son éducation à
l'école réformée. En 1792, il partit pour Berlin
et y commença l'élude du piano et du violon-
celle. Dix ans après, il se rendit à Vienne, où il
fut placé au théâtre de l'Opéra, comme vio-
loncelliste. Là, il perfectionna son latent snus la
direction d'Antoine Kraft. En 1804, il entra
dans la chapelle du prince Lubomirsky, à Lnnd-
42^
BIRNBACH — BIRNBAUM
«liut, en Callicic; mais l'ennui qu'il éprouvait
<iaiis cette situation le ramena à Vienne en 1806.
Il y fut nommé violoncelliste du lli(^âlie royal,
tl ce fut vers cette époque qu'il publia neuf
marches et six airs varies pour la guitare. En
1812, il voulut faire un voyage en Russie; mais
la guerre ayant écliité pendant qu'il traversait
la Hongrie, on lui refusa le passeport qu'il de-
mandait, et il fut obligé d'accepter la place de
premier violoncelle du théâtre de Pesth. Il pu-
blia à cette époque deux pots-pourris et des va-
riations pour la guitare, six écossaises pour le
piano, et deux concertos pour le violoncelle,
avec accompagnement d'orchestre. 11 se maria
à Pesth, retourna à Vienne en 1822, et y resta
jusqu'en 1824. Pendant ces deux années, il se
livra à l'élude d'un nouvel instrument appelé
Chilarra colV arco par son inventeur, Georges
Staufl'er. En peu de temps il acquit une ha-
bileté remarquable sur cet instrument, et
composa pour lui un concerto avec orchestre,
qu'il fit entendre avec succès. En 1825, il partit
pour Derlin, où il était appelé comme membre
de la chapelle royale; il y joua de sa nouvelle
guitare dans quelques concerts, et se (it applau-
dir. Depuis ce temps, Birnbacii a vécu tranquil-
lement à Berlin. Son fils, âgé de huit ans, y a joué
avec beaucoup de succès un concerto de violon
composé par Kreutzer, dans un concert qui a
été donné le 5 mars 1827.
BIRNBACII (Josepu-Bf-njamin-Henui), le
plus jeune des fils de Charles-Joseph, est né à
Breslau en 1793. Il est connu généralement
.sous le nom de Henri- Birnbach. Lorsqu'il eut
atteint l'âge de sept ans, son père lui donna les
premières leçons de musique, et ses progrès fu-
rent si rapides, que deux ans après il put jouer
des concertos de Mozart sur le piano. En 1 803,
il se fit entendre avec son père dans un concert
à Berlin ; il partit ensuite pour Breslaii , et y exé-
cuta plusieurs morceaux avec succès dans des
concerts publics, voyagea, et enfin arriva à
Varsovie, au mois de janvier 1804. Ayant perdu
son père l'année suivante, il résolut de retourner
dans sa ville natale, et de s'y livrer à l'enseigne-
ment. Il y vécut jusqu'en 1813, époque où il
alla rejoindre son frère en Hongrie. A Pesth, il
joua pour la première fois un concerto de .«^
compo.sition qui lui valut sa nomination de di-
recteur de musique de rO|>éra. En 1815, Birn-
bach retourna avec sa mère à Breslau ; il y
resta jusqu'en 1821. Dans cet intervalle il écrivit
un grand nombre d'ouvrages ; entre autres quatre
concertos pour le piano, sept concertos pour la
clarinette, un concerto de violon, un concerto de
cor, un concerto de guitare, une symphonie con-
certante pour deux pianos, une symphonie pour
l'orchestre, plusieursouvertures, six marches pour
la musique des Janissaires, deux quintettes pour
piano et instruments à cordes, trois sonates
pour piano avec violon obligé, trois petites so-
nates pour le piano, plusieurs variations pour
différents instruments. En 1821, Birnbacli.se ren-
dit à Berlin : il s'y maria en 1824. Plusieurs
maladies graves dont il futattaqué dans cette ville
ne lui ont pas permis de travailler autant qu'il
l'avait fait auparavant; cependant il y a écrit un
grand quintette i)our piano, plusieurs airs et
une cantate pour quatre voix d'hommes, un
concerto de piano avec orchestre , un hymne
pour l'académie de chant deZelter, et, enfin, un
traité sur la théorie de la musique. Il a été pen-
dant plusieurs années attaché à la rédaction de
la Gazelle mu>;icale de Berlin. Les ouvrages de
Birnbach qui ont été publiés sont : 1° Trois .'so-
nates pour le piano ; Breslau, Fœrster, et Leip-
sick , Breitkopf et Hœrtel. — 2o Six allemandes
à quatre maiois; ibid. — 3° Quintette pour
piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse,
Leipsick , Breitkopf et Hœrtel. — 4° Sonate
pour piano avec hautbois ou violon obligé ; ibid. —
60 Variations pour le piano ; ibid. — 7° Troisième
sonate avec violon obligé. — 8" Thcoretïsch prak-
tische Clavier-schule fur Anfdnger (Méthode
théorique et pratique de piano pour les com-
mençants) ; Berlin, s. d.,in-fol. obi. — 9" Der
Vollkonimene componisC (Le parfait com|)osi-
teur) ; Berlin, 1832, Cosmar et Krause, 2 vol.
in-8''. Cet ouvrage est un traité d'iiariuonie em-
prunté à plusieurs auteurs, avec quelques no-
tions de la forme des pièces de musique.
BIRNBAUM (Jean- Abraham) , magister à
Leipsick, vers le milieu du dix-huitième siècle,
a publié des observations sur un passage du
Musicien-antique de Scheibe, dirigé contre les
compositions et le jeu de J . S. Bach : Cet opus-
cule, de vingt-deux pages, est intitulé: Un-
partheiische Anmerkuncjen iiber eine be-
denkliche Sicile des khstischen Musïcus
(Observations impartiales sur un passage di-
gne d'attention du Musicien-critique), 1738,
in-8°. Mitzler a inséré cet écrit dans sa Bi-
bliothèque musicale (t. I, part. 4, p. 62); on
le trouve aussi dans l'un des numéros du Mu-
sicien-critique avec des remarques (p. 833).
Ces remarques furent publiées d'abord séparé-
ment par Scheibe, à Hambourg, 1738, in-8°.
Birnhaum y répondit dans un écrit de six feuil-
les d'impression, intitulé: Verificidi(jung sciner
unpartheiischen Anmerkungen ilbereine be-
denkliche, etc. (Défense des observations impar-
tiales, etc.) ; Leipsick, 1739, in-8°.
KIROLDI — RISCHOFF
425
BIROLDI (Euc^.NF.), liabileconstnicteur d'or-
gues, naquit sur le territoire de Varèse, dans la
Loinbardie, le IG novembre 1756. Il s'est égale-
ment distingué par l'importance de ses instru-
ments , leur qualité de son, et la variété de leurs
jeux. La ville de Milan en renlermecinq, savoir :
celui de Sainte-Marie, près do Saint-Celse; ctilui
de Sainte-Marie-Secrète; celui de Saint-Laurent-
Majeur; celui del Carminé, et celui de la basi-
lique de Saint-Ambroise.
BISACCIA (...), un des compositeurs napo-
litains sortis du collège royal de musique depuis
1850, et qui ont essayé de se faire connaître du
monde musical par des opéras qui, malheureu-
sement , disparaissent de la scène presque im-
médiatement après s'y être produits. On connaît
de M. Bisaccia les titres desopéras : Trenf artni
di mistern, et Lo SolachianeUo di Casoria.
BISCARGUI(GoNZALEz-MAnTiNEz de). Votj.
ViSCAIlGUI.
BISCd (Jean), né en 1757, dans un village
|)rès de Cologne, apprit la musique à laiiiaîtiise
de la cathédrale de cette ville, se rendit à Paris
dans sa jeunesse, s'y fixa, et y donna des leçons
de solfège et de violon. Plus tard, il s'établit à
La Rochelle, comme professeur de musique. En
1802, il y publiaun livre sous c% {Mv^ -. Explica-
tion des principes élémentaires de la musi-
que, t vol. in-4o. Il y a une deuxième édition
de cet ouvrage imprimée à Paris, avec les ca-
ractères deGodefroi. On connaît aussi de Bisch
deux suites de marches et de pas redoublés à six
et dix parties ; Paris, Imbault.
BISCHOFF (Melciuou), filsd'un cordonnier ,
né à Possneck, le 20 mai 1547. fut d'abord maître
d'école à Rudolstadt, en 15C5. 11 devint ensuite
cantork Altenbourg, puis diacre dans le lieu de sa
naissance; pasteur à Gceckeuheim eu 1574; cinq
ans après, il s'établit à Thundortf, puisa Possneck
pendant six ans; ensuite il fut prédicateur de la
cour à Cobourg; surintendant spécial à Eisfeld, en
1597, et enfin surintendant général à Cobourg,
en 1599. Il mourut dans ce lieu, le 19 décembre
1614. Bischoff est compté parmilesbons composi-
teurs de l'Allemagne pendant le seizième siècle.
Bodenchatz a inséré un motet à huit voix de sa
composition, dans ses Florilerjii Musici. C'est
un morceau fort bien fait.
BISCHOFF (JEAN-GEoncEs), l'aîné, trom-
pelle du magistrat d'Anspach, naquit à Nurem-
berg, en 1733. Il fut considéré comme un des plus
habiles violonistes de son temps. Outre le violon
et le talent de trompettiste, il était aussi très-fott
sur la timbale, dontil jouait souvent quatre à la
lois. Il fut élève d'Anderle pour le violon. En
1760, il quitta sa place d'Anspach pour retour-
ner à Nuremberg. On croit qu'il est auleir d'un
concerto de violon qu'on trouvait autrefois ma-
nuscrit dans les magasins de musique d'Alle-
mn;;nc.
BISCHOFF (Jean-Georges), frère cadet du
précédent, né à Nuremberg, en 1735, jouait du
violoncelle et de la trompette. On. lui attribue
six solos pour violoncelle, op. 1, et un air varié
pour le môme instrument, qui ont paru à Amster-
dam, en 1780.
BISCHOFF (Jean-Frédéric), habile timba-
lier, cinquième frère des précédents, naquit à Nu-
remberg, en 1748. En 1790, il était à Anspach
timbalier de la cour, delà garde, et du régiment du
cercle de Franconie. Meusel assure, dans son Dic-
tionnaire des artistes qu'il jouaitdes concertos
sur dix-sept timbales accordées.
BISCHOFF (Georges-Frédéric), est né le
21 septembre 1780, à Ellrich, petite ville du
comté de Hohenstein. Son père fut son premier
maître de musique, puis il reçut des leçons de
Welling, maître des concerts à Nordhausen, oti
il acheva ses humanités en ISOfl. Après avoir
passé deux ans à étudier la théologie à l'uni-
versité de Leipsick, il fut appelé en 1802 à Frau-
kenhausen en qualité de chantre. Actif, ardent et
passionné pour la musique, il conçut le projet
d'instituer de grandes fêtes musicale en Allemagne,
<à l'imitation de celles qu'on donnait en Angle-
terre. Aucune difficulté ne l'arrêta, et le premier
essai de son projet fut réalisé à Frankenliaiisen
en 1804, par la réunion de beaucoup d'amateurs
et de professeurs de musique des villes voisines.
Mais ce fut surtout en 1810 qu'il atteignit le but
qu'il s'était proposé par l'exécution de la Créa-
tion du monde, de Haydn, et de plusieurs autres
belles compositions, sous la direction du maître
de concerts Fischer, d'Erfurt. Bischoff ne recula
pas "même devant le sacrifice de sa fortune pour
fonder cette institution; celle qu'il avait reçue de
sa femme, bien que considérable, fut dissipée à !a
réalisation de cette noble pensée. Successive-
ment, par les soins de cet artiste zélé, Hanovre,
Quedlinbourg, Hildesheim , Helmstadt, Bùcke-
bourg et Pyrmont eurent leurs fêtes musicales, et
la Société des bords de l'Elbe fut constituée.
Eu 1816, Bischoff fut nommé directeur de mu-
sique, cantor et instituteur à Hildesheim : de-
puis lors, il n'a plus quitté cette situation. Comme
compositeur et comme pianiste, il mérite des
éloges. On connaît de lui -. 1° Grande polonaise
(en ré), pour le piano ; Berlin, Schlesinger. — 2°
Variations sur des airs allemands ; Hanovre et
Brunswick. — 3" Trois marches pour le piano ;
Leipsick, Hoffmeister. — 4" Deux recueils do
soixante chants à plusieurs voix, pour l'instruc-
426
BISCHOFF — BISHOP
lion dps ^'lèves des écoles publiques ; Hanovre,
Baclinianii. — à" Trois recueils de chants à voix
seule, avec accompagnement de piano; Hano-
vre, Bachmann, et Wolfenbùltel,Hermann. Sur
la demande de Bisciioff, le consistoire de Hano-
vre a décidé que tous les élèves qui se destinent
à l'étude de la théologie seraient obligés d'ap-
prendre la musique et le chant. Bisciioff est
mort à Hildesheim, le 7 septembre 1841.
BISCHOFF (Le Docteur L.-Frédéric-Chri?-
tien), fils de J.-C. Bischoff (musicien de la
chambre du duc d'Anhait-Dessau et violoncelliste
estimé), est né à Dessau, le 27 novembre 1794.
Dès sa jeunesse , il s'adonna avec ardeur à l'é-
tude des langues anciennes. En 1812, il se ren-
dit à l'université de Berlin : mais, dans l'année
suivante, le soulèvement de toute l'Allemagne
conlre la domination française l'enleva à s.es étu-
des; il entra, comme volontaire, dans le régiment
de cavalerie légère de la garde prussienne et fit les
campagnes de 1813 et de 1814. Ayant été fait pri-
sonnier à Laon, son extrême jeunesse et l'éten-
due de ses connaissances le firent bien traiter
lar l'élat-major de l'empereur. Napolc-on l'inter-
rogea lui-môme sur la position du corps d'armée
auquel il appartenait; mais, sans trahir les inté-
rêts de sa patrie, Bischoff se tira habillement de
ce pas difficile. Après que la paix eut été conclue,
il mil à i)ro(it son séjour à Paris pour continuer
ses études philologiques , qu'il alla terminer à
Berlin. Ayant cultivé la musique avec succès
depuis son enfance, il en donna des leçons dans
cette ville, et forma parmi ses condisciples de
l'université une société de concerts dont il fut
le directeur. En 1818, il fut nommé professeur
d»^ l'école cantonale d'Aarau , en Suisse; mais
il n'y resta que peu de temps, ayant été appelé,
dans l'année suivante , au célèbre institut de
l-ellenberg , à Hofwyl, près de Berne, en qua-
lité d'inspecteur des études. Rappelé à Berlin, en
1821, comme professeur du gymnase (collège)
rriedrichswerder, il en remplit les fonctions
jusqu'en 1823, et ne quitta cette position que
pour aller prendre la direction du collège <le
Wesel. Après vingt-cinq ans d'exercice de cet
emploi supérieur, M. Bischoff demanda sa re-
traite, fut pensionné, et s'établit à Bonn, en 1849.
Ce fut alors qu'il conçut le projet de fonder un
Journal (le musique destiné à la mission qu'avait
remplie avec tant d'honneur la Gazette générale
de musique de Lcipsick, pendant un demi-
siècle, c'est-à-dire au maintien des traditions de
l'art classique, pur et grand, en opposition aux
tendances novatrices, aussi audacieuses qu'im-
puissantes, d'une coterie dont \eNeiic Zeitschrift
fur 3hisik, fondé en 1834 par Scliumano, s'é-
tait fait l'organe. Musicien instruit, homme de
grand mérite comme littérateur, aimant l'art
avec passion, et doué d'une grande vigueur de
caractère, M. Bischoff avait les qualités néces-,
saires pour l'œuvre qu'il voulait entreprendre :
il la réalisa en 1850 et fonda la Rheinische Mii-
sikzeitung (Gazette musicale du Uhin), qui parut
pendant trois ans à Cologne chez l'éditeur de
musique Schloss. En 1853, la librairie Dumont,
ayant attaché M. Bischoff à la rédaction du
Journal de Cologne, entreprit aussi la conti-
nuation de sa Gazette musicale, qui prit dès
lors le titre de Niderrheinische Musikzeitung
(Gazette musicale du Rhin inférieur). Ce jour-
nal jouit à juste titre de beaucoup d'estime en
Allemagne ; l'art y est traité d'une manière sé-
rieuse, avec dignité, et selon les meilleures doc-
trines. Depuis 1853, M. Bischoff s'est fixé à
Cologne.
BISEGHÏIVO (Jean), compositeur, né à
Mantoue, au commencement du dix-septième
siècle, a fait imprimer des madrigaux à cinq
voix, sous ce titre : Amarissime dolcezze, mn-
drigali a cinque, lib. 1 ; Venise.
BISHOP (Jean), musicien anglais, vivait
vers le milieu du dix-huitième siècle. Rosiu-
grave lui enseigna la composition. En 1750, il
était orgasiisle de la cathédrale de Winchester;
il devint ensuite chantre du Collège royal de
Cambridge, et occupa cette place jusqu'à sa
mort. On a de sa composition : 1° Harmonia
lents, airs pour deux flûtes. — 2° Psalmes, lib.
I et H ; Londres (sans date).
BISHOP (Henrv ROWLEY), naquit à Lon-
dres en 1782, et fut placé de bonne heure sous
la direction de François Blanchi , pour apprendre
la composition. H débuta, en 1806, i)ar la musi-
que d'une partie du ballet qui fut représenté au
Théâtre du Roi, sous le litre de Tamerlan et Ba-
jazet. Il écrivit ensuite la musique d'un autre bal-
let intitule : Narcisse et les Grâces. Après un in-
tervalle de deux saisons, il donna à Drury-Lane
un grand ballet d'action appelé Caractacus;
mais son premier ouvrage de quelque importance
fut un opéra qui avait pour titre : Circassian
JJride (La Fiancée circassienne), et qui fut repré-
senté à Drury-Lane, le 22 février 1809. Malheu-
reusement le théâtre fut brûlé la nuit suivante, et
la paitilion du nouvel opéra devint la proie des
flammes. Toutefois cet événement ne nuisit point
à la fortune de Bisliop, car les propriétaires de
Covent-Garden, qui connaissaient son mérite, lui
firent un engagement de cinq ans pour compo-
ser et diriger toute la musiquede leur théâtre. Il
entra en fonctions dans la saison de 1810à 181î.
Le premier ouvrage qu'il composa, par suite de
BISIlOP
427
cet arrangement, fut iindiaino intitulé: Knlght
of Stiowdown (Le. Clicvaliei' de Snowdovvii), tiré
(II' la Daine du Lac, de Waller-Scott. Le,s Anglais
le considèrent comme un cliel-d'œii vre. Un nouvel
engagement de cinq ans succéda au premier, en
1SI8, entre M. Bisliopetia direction de Covent-
Garden. Devenu propriétaire des Oratorios l'année
suivante, il partagea cette entreprise avec M. Har-
ris; mais, en 18M, il resta seul chargé de cet
établissement. Lors de l'institution de la Société
riiilliarmonique, M. Bisliop en fut nommé l'un
des directeurs : il faisait aussi partie de l'Acadé-
mie royale de musique, comme professeur d'har-
monie. Pendant plusieurs années, il a été con-
ducteur ou chef d'ortliestic des conceits de
la musique ancienne ; puis il a été nommé di-
recteur de la musique de la reine Victoria. Le
titre de baronet lui a été conféré par celle
|irincesse en 1842. Nommé professeur de mu-
sique de l'université d'Edimbourg dans l'année
suivante, il ne conserva pas cette position. En
1839 il avait obtenu le grade de bachelier en
musique à l'université d'Oxford; par le cré-
dit du prince Albert, chancelier de cette univer-
sité, il y fut nommé professeur de musique, en
1848, et dans le même moment le grade de doc-
teur lui fut conféré. Il est mort à Londres le 30
avril 1855. Les ouvrages dramatiques auxquels
Bishop a travaillé sont au nombre de plus de
soixante-dix ; et dans ce nombre, plus de la moi-
tié est entièrement de sa composition. Outre
cela, il a écrit les chœurs et les ouvertures de
trois tragédies : 1° The Apostate (L'Apostat). —
— 2o The Rétribution. — 3" Mir'andola. On
a aussi de lui unegraiule quantité de duos, d'airs
et de glees. Il a arrangé le premier volume des
Mélodies de diverses nations, ainsi que les ri-
tournelles et les accompagnements de trois vo-
lumes de Mélodies nationales. Voici la liste de
ses compositions dramatiques : 1° Tamcrlan et
Bajazet, ballet, 1806. — 2° ?iarcisse et les
Grâces, juin 1806. — 3° Caractacus, ballet
d'action, 1806. — 4° Love in a tub (L'Amour
dans un tonneau), 1806. — 5" The Mijsterious
Bride (La Fiancée mystérieuse) , juin 1808. —
50 The Circassian Bride (La Fiancée circas-
sienne), 1809. — 7" The Vintagers (Les Ven-
dangeurs), 1809. — 80 The Maniac (Le Ma-
niaque), 1810. — 90 Knight of Snowdown (Le
Chevalier de Snowdown), I8tl. — 10» Virgin
o/" //ieSi<H (La vierge du Soleil , 1812.-11° The
Œtiopy, 1812. — 12° Thc Renégate (Le René-
gai), 1812. — 130 Haroun Al Raschid, 1813.
— 14" The brazen Bust (La Tète <le bronze),
181.Î. — 15° Harryle Roi, 1813.-16° The Mil-
ler andhis men (Le Meunier etsesgniçon^), 1813.
— 17" For Englnndho! 1813. — 18° The Fer-
mer wife (La fermière), 1814.— 19° The waii-
dering Boys (I^es Garçons errants), 18I4. —
10° Jado/i and Kalasrode {\e i^' acte ) , 1S14.
— 21° The Grand Alliance, 1814. — 22"' Doc-
tor Sangrado (Le (locteur Sangrado), ballet,
1814. — 230 The Forest Bondy (La Forôt de
Bondy), mélodrame, 1816. — 24° The Maid of
the mill (La Fille du moulin), opéra, 1814.
— 25° John o_f Paris (Jean de Paris), composé
en partie avec la musique de Boieldieu, 1814. —
26» Brother and Sister (Le Frère et la Sœur)
en société avec M. Reeve, 1815. — 27o The
noble Outlaw (Le noble Proscrit), 1815. —
Telemachus, 1815. — 29° L'ouverture et quel-
ques morceaux de Cymon, 1815. — 30° Quel-
ques morceaux de Cornus, 1815. — SI» Mid-
mmmer night's Dream (Le Songe d'une nuil
d'été), opéra, 1816. — 32° Giiy Mannering, mé-
lodrame, 1816. — 33° Who wants a wifeP (Qui
veut une femme?), mélodrame, 1814. — 34°
Royal nuptials (Les Noces royales ), intermède,
1310. — 35° The Stoe (L'Esclave), opéra, 1810.
— 36° Heir of Verona (L'Héritier de Vérone),
en société avec WittaKer, 1817. — 37° Humo-
rous Lieutenant (Le Lieutenant joyeux), 1817.
— 38» The Libertine (Le Libertin), arrangé
avec la musique de Bon Juan de Mozart, 18 17.
— 39" Duke of Savoye (Le duc de Savoie),
opéra, 1817. — 400 The Father and his chil-
dren (Le Père et ses enfants), mélodrame, 1817.
— 410 Zuma, en société avec Braliam, 1818. —
420 The illustrious T/'aveZ^- (L'illustre Voya-
geur), mélodrame, 1818. — 43° December and
May (Décembre et Mai ), opérette, 1818. —
44° L'ouverture et quelques airs du Barbier de
Sécille, 1818. — 45° Le Mariage de Figaro ,
composé en partie, et arrangé avec la mu-
sique de Mozart, 1819. — 46° Fortunatus,
mélodrame, 18 1 9. — 47° The heart qf Mid-
Lothian, opéra, 1819. — 48" A Rowland for
an oliver {\]a ruban pour un olivier), 1819. —
48° Swedisch Patriotism ( Le Patriotisme sué-
dois), mélodrame, 1819. — 50° The Gnome King
(Le Roi des Gnomes), opérette, 1819. — 51° The
Comedy of Errors (La Comédie des Erreurs),
opéra, 1819. — 52° The Antiquary (L'Anti-
quaire), 1820. — 53° The Baille of BothxoeVs
bridge (La bataille du pont de Cothwell), 1820. —
54° Henri IV, opéra, 1820. — 55° The Twelfth
Night (La Douzième nuit), idem, 1820. —
56° Tivo Gentlemen of Verona (Deux Gentils-
hommes de Vérone), 1851. — 57° Monlrose 1822.
— 58° The Law 0I Java (La Loi de Java) 1822.—
b9° Maid 3îarian (La tille Marianne) 1822. —
60° Clari, 1823.-61° Thc bcacon oflibcrty (Le
428
BISHOP
signal de la liberté), 1823. — GT Cortez, 1S9,3. —
G3" Native Land (Le Pays natal), 1824. — 6'»°
Charles W, 1824. — 65° Asyoulike i< {Comment
l'aimez-vous ?) en décembre de la môme année.
— 00" TheFallof Algiers, 1825, à Drury-Lane.
— fw" Faustns, 1825. — 68"' William Tell,
1 825. —69° Masaniello, 1825.-70° Coronation
of Charles X (Le Couronnement de Charles X),
1825. — 1\° Aladin, 1826.-72" Knighls of the
Cross ( Les Chevaliers de la Croix ) , 1 826. —
73° The Englishman in India (L'Anglais dans
l'Inde), 1827. — 74" Edward the Black Prince
(Edouard ou le Prince Noir), 1828. — 75° Don
Pedro, 1828. — 70° Yelva, or the Orphan of
Rmsin {Ye\\a, ou l'Orpheline de Russie), 1829.
— 77° Home, sweet Home (Patrie, douce Pa-
trie), 1829. — 78° The Mght be/ore the Wed-
dlJirj (La Nuit avant la Noce), 1829. — 79° Ni-
netta, 1830. — 80° Wo/er, 1830. —8 1° The Ro-
mance of a Day (Le Roman d'un Jour), 1831.
— 82° Under the Oû!A(Sous le Chêne), au Waux-
hall, I83I. — 83° William and Adélaïde, ibid.,
1831. — 84° The magie Fan (L'Eventail ma-
{iique), ibid., 1832. — 85° The Sedan Chair (La
Chaise à porteurs), ibid., 1832. — 80° The
Botlle of Champagne {Ldi bouteille de Champa-
gne), ibid., 1832. — ?,7°Naufred, à Covent-Gar-
den, 1834. — 88° The Foriunate Isles (Les Iles
Fortunées), ibid., 1840. M. Bishop a arrangé pour
la scène anglaise Faust, de Spohr; Don Juan,
<le Mozart; la Sonnanbula, de Bellini; La Gazza
Ladra et Guillaume Tell, de Rossini ; Le Phil-
tre, et Le Dieu et la Dayadère, d'Auber; Robert-
le- Diable, de Meyerbeer. M. Bishop jouit d'une
grande renommée en Angleterre ; toutefois, on
n'aperçoit point dans ses ouvrages de qualités
assez remarquables pour la justifier. La plupart
de ses ouvrages ne sont guère que des vaude-
villes ou des mélodrammes dans lesquels il a
introduit beaucoup d'airs anglais, irlandais ou
écossais. Le genre où il réussit le mieux est ce-
lui des petits airs et des glees. Dans les opéras,
il a plus souvent arrangé les morceaux de quel-
que importance, d'après des partitions italiennes,
allemandes ou françaises, qu'il ne les a com-
posés.
BISHOP (John), organiste et littérateur mu-
sicien, est né le 31 juillet 1817 , à Cbeltenbani,
dans !e comté de Gloucester. Dès ses premières
années, on lui fit apprendre les éléments de la
musique et du chant. Dans l'été de 1824, il fut
placé dans un pensionnat à Oxford, où il reçut
les premières leçons de piano de l'organiste de
St. Peters in the east, de cette ville, nommé
Daniel Feldow. M. Bishop resta sous sa direc-
tion pendant deux ans et demi. Son second maî-
tre fut M. Arnold Merrick, organiste de l'église
paroissiale de Cirencester, et traducteur des œu-
vres théoriques d'Albrechtsberger en langue
anglaise. En dernier lieu, il devint élève de
M. Thomas Woodward, organiste de l'église pa-
roissiale de Cheltenham, et reçut de lui pendant
cinq ou six ans des leçons de piano, d'orgue et
d'harmonie. Lorsque la nouvelle église de Saint-
Paul fut ouverte, en 1831, M. Bishop, âgé seule-
ment de quatorze ans, en fut nommé organiste :
il occupa cette position jusqu'à la fin de 1838,
et ne la quitta que pour aller à Blackburn, dans
le comté de Lancastre, en qualité d'organiste
de l'église paroissiale; mais le séjour de cette
ville ne lui ayant pas été agréable , il retourna
dans l'été de 1839, à Cheltenham, où, depuis lors,
il a fixé sa résidence, à l'exception de quelques
séjours momentanés à Londres. Avant son dé-
part pour Blackburn, il avait complété son ins-
truction musicale sous la direction de Miglio-
rucci, élève de Zingarelli, qui avait passé plu-
sieurs années au service du roi de Portugal. A
la même époque, Pedrotti lui avait enseigné la
langue italienne, et l'avait aidé dans son étude
de la langue française. Plus tard, Bishop apprit
également la langue allemande, dans le but desa-
tisfaire son goût pour la littérature musicale. La
théorie de l'harmonie et de la composition,
l'histoire de la musique et la critique des pro-
ductions de cet art, lui offraient un attrait irré-
sistible. Dès ce moment, il s'attacha à réunir une
collection nombreuse d'ouvrages anglaiset étran-
gers relatifs à cette littérature, qui est devenue
l'objet principal de ses travaux, dans les inter-
valles de liberté que lui laissaient les fonc-
tions d'organiste de l'église de Saint-James (Saint-
Jacques), de la chapelle catholique et de l'église
de Saint-John (Saint-Jean), qu'il a remplies jus-
qu'à la fin de l'année 1852. Parmi ses publica-
tions principales, on remarque : l" An Elemen-
tary and abridged Method of Harmony and
accompaniment , from the Frcnch of F.
J. Fétis; Londres, Rob. Cooks. — 2° ^4 School
of practical composition , from the original
Mss. of Cari Czerny; ibid. 3 vol. in-fol. —
3" Les traductions anglaises des méthodes de
violon de Spohr et de Campagnoli ; ibid. —
4° La traduction de la méthode de violoncelle
de Duport ; ibid. — 5° Otto's treatise on the
structure oftlie violin, etc. ; ibid. — 6o Trea-
tise on Harmony, by Reicha, traduction lais-
sée en manuscrit par feu M. Merrick, terminée
et publiée par M. Bishop; ibid., 1853. — 7° La
belle édition de la traduction anglaise de la théo-
rie de la composition de Gottfried Wcber, par
M. Warner, de Boston, avec les additions tiréef=
6ISII0P — EITTONI
4L'!)
fie la dernière (édition allemande, sous ce litre :
Tlie Thtorij of musical Composition, \treated
wilh a View ta a nnlurallij consécutive arran-
gements of tapies; Londres, MM. Rob. Cocks
andcomp. 1851, 2 vol.gr. in-S".— S''De nouvelles
éditions augmentées et améliorées des catéchis-
mes musicaux de Hamilton (voy. ce nom). —
9" Une édition nouvelle du livre de Thomas Tallis
intitulé : The Order o/the dailij Service of the
united Church of England and Ireland, etc. ;
Londres, Robert Cocks and comp.; volume dont
l'éditeur a fait une élégante reproduction de l'ou-
vrage original. — 10° La méthode de violon de
Baillot, traduite sur l'édition française. — 11° La
traduction du traité de Duport sur le doigter
du vioJoncelle. Outre ces travaux, on a aussi de
M. Bisliop des éditions revues avec soin de beau-
coup d'œuvres de grands maîtres, telles que les
oratorios, messes et autres ouvrages de Haendel,
Haydn, Mozart, , Beethoven, trios de Corelli,
ainsi que des ouvrages pour l'oigue de J. S.
Bach, Rmck, etc. Depuis 1839, MM. Rob. Cocks
et C'e ont confié à M. Bisolip la révision de tou-
tes les éditions d'œuvres classiques qu'ils pu-
blient. Cet estimable littérateur-musicien a mis
beaucoup d'exactitude dans ses traductions, et
les a souvent accompagnées de notes intéres-
santes.
BISON! (Antoine), maître de chapelle à Lugo,
s'est fait connaître, en 178S, par une messe à
quatre voix, AoiAY Indice dé" Spettacoli Tea-
trali (1788) a rendu compte.
BISOZZi (Jacques), médecin italien, fixé en
Allemagne, est, auteur d'un petit ouvrage inti-
tulé : hie menschliehe Stimme und ihr Ge-
braueh fur Sànger und Sdngcrinnen {La voix
liumaine et son usage poin- les chanteurs et le ■
cantatrices) ;Leipsick,W. Engelmann, 183S, pe-
tit in-S» de 112 pages avec une planche. Ce petit
livre, écrit sous la forme de lettres, est un des
meilleurs qu'on possède sur le sujet qui y est
traité.
BISSE (Thomas), docteur en théologie, chan-
celier du collège de Hereford, mort en 1732, a
fait imprimer nn discours académique , sur la
musique, sous ce titre : On Musick sermon ,
Londres, 1729, in-8°.
BISSOIV (Louis), musicien à Paris, adonné :
l'J Chansons réduites de quatre parties en
duo, sans rien changer à la musique des su-
périeures , excepté quelques pauses, Paris,
Nicolas du Chemin, 1567. — 2°Trente chansons
à deux parties, par E. Gardane, A. de Villers,
et L. Bisson; Paris, Nicolas du Chemin, 1567,
in-80.
BISSONE (Jean-Ambroise), maître de cha-
pelle de la cathédrale de Verceil, en Pii^mont,
vécut dans la première moitié du dix-huitième
siècle. Il s'est fait connaître par quelques com-
positions pour l'église, dont les i)lus importantes
sont celles-ci : — 1° Missx brèves oclo vn-
cibus concinnatx, op. 2; Bologne, Silvaiii,
1722 — 2° Salml brevi per tutto Vanno a
otto voci piene,conuno a due organi, op.
3 ; ibid. 1724. — 3° Missx brèves octo vocïbiis,
lib. II, op. IV; ibid., 1726.
BISSONI (Antoine), compositeur de l'école
bolonaise, vécut au commencement du dix-hui-
tième siècle, et fut attaché à une des églises de
Rome. Il a laissé en manuscrit des motets à trois
et quatre voix. On trouve dans la collection de
l'abbé Santinijà Rome, les motets de ce maître :
Dominus Jésus ; Sepulto Domino; et 0 vos om-
îtes, à 4 voix ; Adoravius te Christe, à4 ; Libéra
me Domine, pour 2 ténors et basse.
BITTIIEUSER(F.-R.), moine de l'abbaye
de Trienfenstein, près de "VViirtzbourg, dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle, a publié ;
6 Sonatœpro clavichordio, Vfavizhom^, In-fol.
rnax.
BITTI (Martinello), violoniste et composi-
teur au service du grand-duc de Toscane, vi-
vait à Florence, en 1714, lorsque le maître de
chapelle Stœizel passa dans cette ville. On a
de lui un livre de sonates pour hautbois et basse
continue, et douze sonates pour deux violons et
basse.
BITTOIVl (Bernard), compositeur italien,
naquit à Fabriano, dans l'État de l'Église, en
1755. Son père, Mario Bittoni, Bolonais, était
établi en cette ville comme maître de chapelle
de Saint- Venanzio. Ce fut par ses .soins et par
les leçons d'un maître nommé Lombardi, que
Bernard Bittoni développa ses heureuses facul-
tés pour la musique. Ses progrès furent si rapi-
des, qu'àl'âgede dix-huit ans il fut désigné comme
maître, à Rieti. Après y avoir passé une longue
suite d'années dans ses fonctions magistrales, il
fut rappelé à Fabriano pour y occuper la même
position. Il hésita d'abord entre sa ville natale,
où il était désiré, et Rieti, où il laissait de nom-
breux amis; mais enfin il se décida pour Fa-
briano, où il passa le reste de sa vie. Il mourut
d'apoplexie à l'âge de près de soixante quatorze
ans, le 18 mai 1829. Doué <le l'instinct de l'art,
Bittoni aurait pu se faire une brillante réputation,
s'il fût sorti du cercle étroit de deux petites vil-
les, où toutes les ressources lui manquant , il n'en
pouvait trouver qu'en lui-même. Il avait acquis
une habileté remarquable sur le violon, et ne
connaissait pas de dilficulté qu'il ne put exécuter
immédiatement. Ses improvisations dans le goût
430
BITTONI — BLAES
toui-à-toiir italien, français et allemand, exci-
taient l'admiration des étrangers qui l'enten-
daient. Il était également habile organiste et
jouait, dit-on, d'un bon style; ce qui est mainte-
nant inconnu dans toute l'Italie. Les églises de
Rieti et de Fabriano possèdent de cet artiste : 1°
Une antienne et une hymne à 4 voix, pour la
neuvaine de Saint-Josepli. — 2° Une litanie à
\ avec les réponses du peuple. — 3° Plusieurs
Tantum ergo à voix seule et à 4 voix, —
4» Salve Hegina à 4 voix avec instruments. —
5» Le psaume Lauda Jérusalem, composé à Rieti
en 1781, à 4 voix et instruments, — 6° Un
Magnificat, idem, où se trouve une fugue ma-
gistrale sur les paroles In ssecula saeculorum.
Amen. — 7» Un Credo à 4 voix et orchestre,
composé à Rieti , en 1796. — 8° Christus factus
est, en sol mineur, à 4. — 9° Un Miserere, éga-
lement en sol mineur, ouvrage très-distingué.
— 10° Messe de Requiem à 4 voix avec instru-
ments, terminée le 16 mars 1811. — 11" Beatus
vir à 4, avec instruments. — 13° Messe solen-
nelle à 8 voix avec orchestre, composée au mois
de mars 1820. — 12" Enfin, beaucoup de mo-
tels , d'offertoires et de répons pour la se-
maine sainte, ainsi que des sonates pour l'or-
gue.
BIUMI (Jacques-Philippe), compositeur, né
à Milan, fut d'abord organiste à l'église de la
Passion, et ensuite de Saint-Ambroise. Il occupa
cette dt-rnière place jusqu'à sa mort, arrivée en
1C52. Ses compositions consistent en un livre de
Magnificat àquatre, cinq, six, sept et huit voix ;
un livre de Fantaisies à quatre parties; un
livre de Motets à deux, trois et quatre voix;
Canzoni da suonar alla francese a quattro
e otto voci ; Milan, 1647. Biumi était encore très-
jeune, lorsque Bonometti {voy. ce nom) inséra des
motets de sa composition dans la collection in-
titulée : Parnassus musicus Ferdinandœus ;
Venise, ICI 5.
BIZARRO (....), compositeur, vivait à
Rome au commencement du dix- septième siècle;
il fut membre de l'Académie des Capricciosi.
On connaît de lui : — 1° Trastulli estivi a due,
tre e quattro voci concerlati, op. l; in Vene-
zia, ap. Aless. Vincenti, 1620. — 2° Il seconda
libro de Trastulli estivi concertati à 2, 3, e
^voci; ihid. 1621, \n t". — 3° Madrigali a due,
tre e quattro voci, Venise, Aless. Vincenti, 1621.
— 4° Moletti a cinque, lib. 1, op. 3 ; Venise,
Vincenti, 1623, in- 4°,
BLACKWELL (IsAAc), musicien anglais,
vécut dans la seconde moitié du dix-septième
siècle. On conserve quelques pièces de musique
sacrée de sa composition à la chapelle royale et
à Tahhaye de Westminster; plusieurs morceaux
de lui se trouvent aussi dans la collection intitulée :
Choice Ayres, Songs and Dialogues to the
theorbo, Ittte and bass-viol; Londres, 1675,
in-fol.
BLAES (Arnold-Joseph), virtuose sur la
clarinette, professeur de cet instrument au Con-
servatoire royal de Bruxelles, est né dans cette
ville, le 1"' décembre 1814. Destiné d'abord au
commerce, il n'apj-rit la musique dans sa jeu-
nesse que conmie un délassement de ses autres
occupations. Après avoir été commis négociant,
il entra comme employé au ministère des finances,
et y remplit les fonctions d'expéditionnaire pen-
dant neuf années. Cependant la carrière admi-
nistrative lui était antipathique, et ses penchants
le portaient vers la culture de la musique; ntais
bien (pie son père eût été bon amateur de mu-
sique, il ne consentit pas à ce qu'il se livrât à la
profession de cet art. Blaes avait commencé l'é-
tude de la clarinette, mais n'avait pu y consacrer
assez de temps poiw que ses progrès fussent ra-
pides. Parvenu à l'âge de treize ans, il écarta
tous les obstacles qui s'opposaient à sa voration
et entra au Conservatoire en 1827, sous la di-
rection de Baclimann, clarinettiste solo dn grand
théâtre, et professeurdans cette école. Les progrès
de Blaes furent rapides, et le second prix de son
instrument lui fut décerné en 1829; mais la ré-
volution de 1830 ayant fait fermer le Conserva-
toire, cette école ne fut rouverte qu'au mois
d'avril 1832. Cependant les études de Blaes n'a-
vaient point été interrompues; son talent avait
i2randi, et lorsqu'il se présenta au concours en
1S34, il y obtint le premier prix. A celte époque
il jouait ia petite clarinette solo dans les concerts
de la société nommée la Grande harmonie;
mais il reconnut bientôt que cet instrument exer-
çait une fâcheuse inlluencesur sa qualité de son
lorsqu'il jouait la grande clarinette, et il cessa
d'en jouer. Après s'être fait entendre dans quel-
ques concerts à Bruxelles et dans les autres
villes de la Belgique, il partit pour Paris, et y (it
la connaissance de Béer, dont les conseils furent
très-utiles à son talent. Les succès qu'H obtint
alors dans quelques salons, parle charme des sons
qu'il tirait de son instrument, furent les pré-
curseurs du succès plus éclatant qui l'attendait
dans cette grande ville. De retour à Bruxelles,
il y donna un brillant concert à la suite duquel
les titres de professeur honoraire au Conseiva-
toire et de clarinettiste solo de la musique du roi
lui furent accordés.
En 1839, Blaes retourna à Paris, et cette fois
il fut admis à s'y faire entendre dans un concert
donné dans la salle du Conservatoire par l'asso-
BLAES — BLAHETKA
431
f.ialion <lo3 artistes de cet établissement, connue
sons le nom de Société des Concerts. Son ta-
lent y fit une vive impression, et les journaux de
musique, organes de l'opinion piililique, s'expi i-
mèrent à cette (époque en termes admiralifs sur
l'effet qu'il avait produit. Quelques jours après,
la Société des Concerts lui en donna un nouveau
témoignage, en lui offrant une médaille d'hon-
neur. En 1840, Blaes parcourut la Hollande, pour
y donner des concerts, qui furent aussi fructueux
pour son talent que pour sa bourse; puis il partit
pour la Russie, où l'attendaient de nouveaux et
brillants succès. 11 y passa près d'une année;
mais il fut rappelé à Bruxelles , vers la fin de
1842, après la mort de Bacbmann, pour lui suc-
céder dans la place de professeur de clarinette au
Conservatoire. Depuis lors , Blaes a fait plusieurs
voyages en Hollande, en Allemagne, et en Suisse
pour y donner des concerts, et s'est fait partout
a|)plaudir comme un artiste de premier ordre.
BLAES (M'"<' Elisa), cantatrice distinguée,
connue d'abord sous le nom de jW"e Meerti, qui
estcelui ilesa fiimille, est née à Anvers, vers 1820.
Douée d'une voix sympathique et expressive, elle
s'adonna fort jeune à l'art du chant, et débuta
avec succès dans les concerts à Anvers, à Bruxel-
les, et dans d'autres villes de la Belgique. En
1840, M'i*' Meerti fit un voyage en Allemagne, où
l'altendaient de nouveaux succès. A Leipsick,
Mejidelsohn, charmé par son talent, la fit chanter
dans plusieurs concerts de la Gewandhaus, qu'il
dirigeait alors, et elle y produisit une vive sensa-
tion. Dans l'année suivante, elle se rendit à Saint-
Pétersbourg, où elle chanta pendant toute une
Siiison. Ayant épousé son compatriote M. Blaes,
elle a fait avec lui depuis lors plusieurs voyages
en Hollande, dans les provinces rhénanes, en Al-
lemagne et en Pologne : partout elle s'est fait
applaudir. Fixée à Bruxelles depuis plusieurs
années, M"i« Blaes-Meerti s'y livre à l'enseigne-
ment de son art.
BLAESIIVG (David), professeur de mathé-
matiques à Kœnigsberg, et membre de la Société
royaledesSciencesde Berlin, naquit à Kœnigsberg,
le 29 décembre 1660. Ha publié une dissertation
intitulée : De Spkœrarum Cœlestium sijmpho-
nia; Kœnigsberg, ,in-4°; 1705. Le sujet de ce mor-
ceau est puisé dans le commentaire de Macrobe
sur \e Songe de Scipion. Blaesing est mort le 9 oc-
tobre 1719.
BLAGRAVE ( Thomas ), musicien de la cha-
pelle de Charles II, roi d'Angleterre, a composé
quelques morceaux pour léchant; on les trouve
dans les Select ayres and dialogxies; Londres ,
1G69, in-folio. Son portrait se conserve dans
l'école de musique à Oxford.
BLAIIA (Vincent nr. ), docteur en philoso-
phie, médecin et professeur de technologie, d'his-
toire naturelle et de géographie à Prague, naquit
dans cette ville en 1764, Dans sa jeunesse, il pas-
sait pour un des musiciens les plus instruits do
la Bohême; mais les auteurs de la nouvelle En-
cyclopédie musicale l'accusent de n'avoir été
qu'un charlatan dont rinfluence fut plus nuisible
qu'utile à l'art. En 1795, il construisit un piano
en forme de clavecin, auquel il appliqua: —
1° Une musique turque complète, cachée derrière
des rideaux de soie, et composée de cymbales,
triangle, sonnettes, grosse caisse, etc. — 2° Un
registre lie jeu de flùle avec un clavier particulier.
— 3" Un tambour avec un fifre. — 4" Une ma-
chine qui , mise en mouvement par une pédale,
imitait parfaitement le bruit de l'ouragan, de la
grêle, du tonnerre. — 5° Une autre machine pour
imiter la cornemuse elles castagnettes espagnoles.
— 6" Un cylindre creux rempli de dragées dont
le mouvement de rotation imitait le bruit d'une
forte pluie d'orage. — 7" Enfin, une trompette
mise en vibration par un soufflet. Celle curiosité
excita pendant quelque temps un intérêt assez vif;
mais on finit par l'oublier si bien, qu'on ne sait
plus même aujourd'hui si le piano de Blalia existe
encore.
BLAHACK ou BLAIÎAK (JosEPn), corn-
positeur et maître de chapelle de l'église Saint-
Pierre, à Vienne, né en 178o, à Raggendorf, en
Hongrie, est mort à Vienne, le 15 décembre
1846. Ses compositions pour l'Église sont: 1° Of-
fertoire (Domine in auxilium) , pour soprano
solo, avec 2 violons, alto, violoncelle et C. lî.,
op. 1 ; Vienne, Diabelli. — 2° Quatre Tantiim
ergo, pour 4 voix et orgue, op. 2 ;ihid. — 3° Of-
fertoire ( Coiifitebor tibi. Domine), pour ténor,
2 violons, alto, violoncelle, C, B. et orgue, op.
ibid. — 4° Offertoire (Salve maria), pour so-
prano, idem, op. 4; ibid. — 5° Offertoire (Sa/«;e
Jesu pie) , i>o\ir soprano et violon solo, avec 2
violons, allô, violoncelle, C. B. et orgue, op. 5 ;
ibid — 6° Offertoire (Justus et Palma /lorebit),
pour basse et orchestre, op. 6; ibid. — 7" Of-
fertoire (Beatiis vir), pour ténor avec quatuor
d'instruments à cordes, op. 7; ibid. — 8" Pater
noster, pour 4 voix et orchestre , op. 8 ; ibid. —
9° Offertoire (Clamavi ad te), pour soprano et
clarinette solo avec quatuor d'instruments à cor-
des.op. 9; ibid. — 10° Offertoire (Domine exaudi
me), pour basse solo, avec quatuor d'instru-
ments à cordes, op. 10; Vienne, Hasiinger.
BLAHETKA (Léopoldine), pianiste d'un
talent remarquable, fille de Joseph Blahetka,
professeur de mathématiques, est née à Gun-
tramsdorf, près de Vienne, le 15 novembre 1809-
432
BLAIIETKA — BLAimiLLE
Les premières leçons de iniisi(|iie lui furent don-
nées par M""" Traeg ; puis elle fut confiée aux
soins de M™*^ de Cibbini, née Koïelucb, pour le
piano. Lasage direction de cette dame développa
rapidement les rares dispositions de son élève.
Joseph Czerny acheva l'édifice de son talent.
MU" Blahetka n'était âgée que de huit ans quand
elle joua pour la première fois en public; son
habileté prréoce excita l'étonnement de tous
ceux qui l'entendirent; et, ce qui est plus rare,
cette (leur hâtive se transforma plus lard en
un beau fruit artistique. Au talent de pianiste
que possédait la jeune virtuose , Payer ajouta
par ses leçons celui de jouer du physharmo-
nica avec beaucoup de goût , de délicatesse et
d'expression ; et Simon Sechter compléta cette
brillante éducation musicale par un cours d'har-
monie et de composition. Dans sou enfance,
M"'' Blahetka faisait de petits voyages aux envi-
rons de Vienne, pour s'y faire entendre; plus
tard elle a voyagé dans toute l'Allemagne, en
Hollande, en iMance, en Angleterre, et partout
elle a été considérée comme un des beaux ta-
lents de l'époque actuelle. Ivalkbrenner et Mos-
chelès se sont plu à lui donner des conseils pour
conduire à la perfection ce talent déjà si remar-
quable. En 1840, elle s'est fixée à Boulogne, et s'y
est livrée à l'enseignement jusqu'à ce jour.
M"'' BlahelKa a beaucoupécrit pour le piano : ses
œuvres publiées sont au nombre d'environ 70.
Parmi ses compositions on remarque : 1° Va-
riations concertantes pour piano et violon. —
2" Variations brillantes pour piano et orchestre,
op. 4 et 14. — 3° Variations et rondeaux, avec
quatuor, sur des thèmes d'opéras. — 4° Un trio
|)Our piano, violon et violoncelle, op. 5. — 5° So
nates avec violon obligé, op. 15. — C" Beau-
coup de variations pour piano seul, sur des thè-
mes connus. — 7" Six chansons allemandes,
avec piano. — 8° Une pièce de concert, avec ac-
compagnement de quatuor; un duo pour piano
àquatre mains. — 9° Des polonaises pour piano
et violon et pour piano seul, etc. Tous ces ou-
vrages ont été gravés à Vienne, Leipsick, Bonn
et Hambourg. En 1830, M'-'' Blahetka a fait jouer
au théâtre de la Porte de Carinlhie, à Vienne,
un opéra de sa composition intitulé Les Brigands
et le Chanteur, dont quelques morceaux ont été
applaudis.
BLAIN {...), né à Lyon, dans la première
moitié du dix-huitième siècle , a soumis à l'exa-
men de l'Académie de cette ville une Méthode
typographique dit Bureau musical, dont le
manuscrit est à la bibliothèque de la ville de
Lyon, sous le n" 0G5 , in-iolio. Celle méthode,
imitée du Bureau /jjpoyraphique de Dumas
(Antoine-Joseph), pour l'enseignement de la
musique, est un véritable plagiat;car le livre
de celui-ci, publié en 1753, est antérieur de
plusieurs années à la rédaction de l'ouvrage de
Blain. (Voy. Dumas.)
BLAIIXVILLE (Charles-Henri), violon-
celliste et maître de musique à Paris, naquit
dans un village près de Tours, en 1711, et mou-
rut à Paris en 1769. Les circonstances de sa vie
sont ignorées : on sait seulement qu'il fut pro-
tégé par la marquise de Villeroy, à qui il en-
seignait la musique. Les compositions publiées
par cet auteur sont : 1" Bouqïcet à la mar-
quise de Villeroy. — 2" Les Plaintes inutiles,
cantatille. — 3o Symphonies à grand orches-
tre, op. 1 et 2, — 4° Les grandes sonates de
Tartini arrangées en concerti grossi, à sept
parties. Ses ouvrages théoriques sont : 1° L'Har-
monie théoricopratique ; Paris, 1751, in-4°,
oblong. — 2" Vesprit de fart musical; Ge-
nève, 1754, in-8°. Une traduction allemande de
ce petit ouvrage a été insérée dans les notices
(Nachrichten), de Hiller, p. 308-473,, sous ce
titre : Das Wesentliche der musikalischen
Kunst, oder Betrachtungen iiber die Mustek.
— Z° Histoire générale, critique et philologi-
gue de la musique; Paris, 1767, in 4°. Quelques
biographes, notamment RL Quérard (La France
littéraire, t. 1, p. 340), indiquent sous la date
de 1761 cet ouvrage, et donnent le titre d'un
autre livre de Blainville de cet manière -. His-
toire générale et particulière de la Musique
ancienne et moderne ; Paris, 1707, in-4°. C'est
ime double erreur ; car il n'y a pas d'exemplaires
du premier de ces ouvrages avec la date de
1701, et le second n'existe pas. Tous ces écrits
sont au-dessous du médiocre. En 1751, Blainville
annonça dans tme brochure intitidée : Essai
sur un troisième mode, la découverte d'un
mode nouveau, qu'il appelait mode mixte on
mode hellénique, {i^rce qu'il tenait le milieu
entre le majeur et le mineur. Ce prétendu mode
mixte n'était que le plagal du troisième ton du
p!ain-chant, ou, si l'on veut, le mode mineur de
la, dont il avait banni la note sensible, et qu'il
faisait procéder delà dominante à la tonique. Jl
fit l'essai de son mode ilans une symphonie qui
futexécutéeau concert spirituel, le 30 mai 1751.
J. J. Rousseiiu écrivit à l'abbé Kaynal, alors ré-
dacteur du Mercure, en sortant du concert, ime
lettre qui parut dans ce journal au mois de juin
suivant, et dans laquelle il exaltait la découverte
de I>lainville. Serre, de Genève, écrivit aussi à
l'abbé Raynal une lettre où il prouvait que le
nouveau mode est illusoire. Celte lettre parut
dans le Mercure de seplembie de la même
BLÀINVILLE — BLANC
433
année. Blainvillc y répondit par des Observations,
insérées au MercM/e de novembre 1751. Serre
démontra la futilité de ces observations dans une
autre lettre à laquelle Blainvillc répondit encore
par ime Dissertation siir les droits de l'har-
monie et de la mélodie. Cette dis|Mite, où tout
l'avantage fut du côté de Serre, se termina par les
Essais sur les principes de l'harmonie que ce
dernier publia en 1753. {Votjez SEUitE.) Blainvillc
a composé la musique de David et Jonathan
et de Midas , ballets non représentés à rOi)éra.
BLiVISE (...), basson de la Comédie Ita-
lienne, entra à l'orclieslre de ce tbéàtre en 1737,
et fut cliaigé l'année suivante de la couiposition
des diverlisscnients qu'on y mêlait aux comé-
dies. En 1738, il écrivil les ballets d'Orphée et
des Filets de Vulcain. Ces pièces furent sui-
vies du Pédant, des Amours de Cupidon,de.
Psyché, et de quelques autres ballets. Dans les
intervalles de ces ouvrages. Biaise écrivait des
luarclies.pas de danse, symphonies et entr'actes
pour des comédies. En 17,59, il composa la
musique d'Isabelle et Gertrude, opéra de Fa-
\art, qui obtint un brillant succès, puis Annette
et Lubin, ouvrage du même auteur qui ne fut
l»as moins bien accueilli. On connaît aussi de lui
Le Trompeur trompé , opéra en mi acte. l':n
1754, Biaise a publié trois recueils d'airs qu'il
avait écrits pour la Comédie Italienne. Grinnn
s'exprime avec beaucoup de mépris sur la mu-
sique de cet autour dans sa correspondance lit-
téraire; cependant on trouve des éloges de ses
divertissements dans le Mercure de France, du
mois de décembre I75S (p. 2887), et Cafliaux
parle de cet artiste comme d'im homme de mé-
rite, dans son histoire manuscrite de la musi-
(jue. Biaise est mort à Paris en 1772.
BL.AIÎE (Benjamin), né en 1751 à Kingsland,
«oiumençarétude du violon en I7G0. En 17(18, il
se renditàLondresoii il reçutdes leçons d'Antoine
Tbanraell , violoniste bohème d'un grand talent.
11 s'adonna aussi plus tard à l'étude du piano, et
reçut des conseils de démenti. Entré à l'orches-
tre du Théâtre-Italien, il en fit partie pendant
dix-huit ans. Eu 1789, il quitta cette place pour
entrer, en qualité de professeur, dans une école
puhliqueà Kensington; mais en 1810, ime ma-
ladie l'obligea à se retirer. Il a publié : 1" Trois
œuvres de six duos pour violon et alto. — 2° Six
sonates aisées pour le piano, avec accompagne-
ment de violon. — 3° Neuf divertissements
pour piano, avec accompagnement de violon. —
4° Collection de musique sacrée avec accompa-
gnement d'orgue. — 5° Duo i)our violon et alto.
— 6° Trois solos pour l'alto avec accompagne-
ment de basse.
lilOCR. UNlV. DES MUSICIENS. — T. I.
BLAMONT (FrançoisCOLÏIVDE), surin-
tendant de la musique du roi, naquit à Ver-
sailles, le 22 novembre 1090. Son père, qui
était musicien du roi, lui donna les premières
leçons. A l'ige de dix-sept ans, Blamont fut
admis dans la musique de la duchesse du Maine,
qui lui continua toujours sa protection. Son dé-
but dans la composition fut la cantate de Circé
dontJjalande fut si satisfait, qu'il se chargea sur-
le-champ de donner à l'auteur des leçons d'har-
monie et de contre-point. Fagon, intendant des
finances, lui fournit en 1719 les moyens de
traiter avec Lulli fils de la charge de surinten-
dant delà musique du roi. Quatre ans après il
donna à l'Opéra Les Fêtes grecques et romai-
nes, qui établirent sa réputation, et qui lui va-
lurent le cordon de Saint-Michel. Blamont passa
jus(|u'à l'âge de soixante-dix ans une vie tran-
quille et honorée, et mourut d'une hydropisie de
poitrine, le l4 féviier 17G0. Ses principaux ou-
vrages sont : 1° Les Fêtes grecques et romai-
nes, 1723.-2° Les fêtes de Thétis, ballet ou
trois actes. — 3" Diane et Endijmion, 1731. —
4° Les Caractères de l'Amour, 1738. — it" Ju-
piter vainqueur des Titans, pour le mariagi-
du Dauphin, eu 1745. — 6° Les Amours du
printemps. — 7° Le Retour des dieux sur la
terre, 1725. — 8° Cantates françaises, premier,
deuxième et troisième livres. — 9° Cinq recueils
d'airs sérieux et à boire, à une et deux voix.
— 10° Deux livres de motets, gravés à Paris.
Blamont avait écrit aussi la musique de plu-
sieurs ballets pour le service de la cour : ils
n'ont point été joués à l'Opéra. En voici la liste :
1" Fêtes ou divertissements, 1721. — 2^ Les
Présents des dieux, 1727. — S"" Les Fêtes du
Labyrinthe, 1728. — 4° La ISymphe de la
Seine, 1739. — 5 ie Jardin des Hesperides,
1739. — 6° Zéphire et Flore, novembre 1739.
— 7° L'Heumix Retour de la reine, 1744. —
8° Les Regrets des beaux-arts. — 9° Il Paslor
fldo. L'harmonie de Blamont est assez correcte
pour le temps où il écrivait, mais son chant est
faible et dépourvu de verve. Outre ses composi-
tions, on connaît aussi de lui un petit écrit in-
titulé : Essai sur les goûts anciens et moder-
nes de la musique française; Paris, 1754, in-
8°. Blamont, devenu vieux , plaidait dans cet
écrit la cause delà musique surannée à laquelle
ses ouvrages appartenaient, contre les partisans
de la musique italienne, et en particulier contre
les attaques de J.-J. Rousseau.
BLA.i\C (DmiKR F.e), musicien français du
seizième siècle, a donné : Airs des plus excel-
lents musiciens de notre temps, sur aucunes
poésies de Bayf, Bellean, du Bellay, Janun,
28
434
BLANC — BLANCHARD
Desportes, mis à quatre parties. Paris ; Adrieo
Le Roy, 1579.
BLAIVC (HuBEKT Le). Voyez Leblanc.
BLANC ( Adolphe ), violoniste et composi-
teur, né à Manosque (Basses -Alpes), le 24 juin
1828, fut envoyé à Paris à l'âge de treize ans, en-
tra au Conservatoire en 1841 dans une classe de
violon, et y obtint au concours nn prix de cet
instrument. 11 y fil ensuite des éludes de com-
position sous la direction d'Halévy. Ce jeune ar-
tiste se distingue par le genre sérieux de ses
compositions, exception fort rare en France dans
ce temps de musique futile. Ses oHvrages les
plus importants sont: _ lo Trio pour piano,
violon et violoncelle. — 2" Trio pour piano,
ilûle et violoncelle. — 3» Trio pcwr piano,
clarinette et violoncelle. — 4« Trio pour violon,
allô et violoncelle. — 5° Trois quatuors pour
instruments à cordes. — 6» Quatuor pour piano,
violon, alto et violoncelle dodié à Rossini , et
publié avec une lettre de cet homme célèbre,
à Paris, chez RichauH. — ?« Z quintettes pour-
2 violons, 2 altos et violoneelle. — S" 3 quin-
tettes pour 2 violons, alto, violoncelle et con-
trebasse. — 9° Deux sonates pour piano seul.
10° Trois sonates poiu- piano et violon. —
1 1» Quintette de concert pour piano, violon, alto,
violoncelle et contrebasse. — 12o Quintette pour
llûte, clarinette, cor et basson. Gn a aussi de
M. Blanc une sérénade pour piano et violon ; étude
pour violon seul; deux romances pour violon-
celle ; la Far/alla, petit scherzo pour l'alto avec
accompagnement de piano obligé ; des chœurs sans
accompagnement; 6 pensées fugitives pour piano;
air varié pour le même instrument avec an pe-
tit rondo. Quelques-unes de ces compositions ont
été exécutées avec succès à Paris dans les séan-
ces de quatuors et de quintettes. Toutefois il est
à craindre qu'il n'y ait un peu trop de hâte dans
te travail de M. Blanc : avoir fait tant de choses,
dans un genre diflicile, à trente et un ans ! C'est
beaucoup. A trente ans, Beethoven avait publié
trois trios de piano, et avait condamné à l'oubli
les autres productions de sa jeunesse.
BLA.NCAIM (Joseph), en latin Blancanus,
jésuite, né ii Bologne en 1576, fut professeur de
mathématiques à Parme, et mourut dans cette
ville, le 7 juin 1624. 11 a expliqué les problèmes
harmoniques d'Aristote dans un livre qui a pour
titre : Ariatotelis Loca viathematica ex uni'
ttersis ejus operïbus collecta et explicata. Bo-
lof.ne, 1615, in-4". Les explications de Blancani
ne sont guère moins obscures que les problèmes
du philosophe de Stagyre. On a publié après sa
mort un ouvrage de sa composition, intitulé :
Echometria, sivc tractatus de Echo ; Modène,
1653, in-folio.
BLANCHARD (Esprit-Joseph- Antoine) ,
abbé, l'un des maîtres de la chapelle du roi, dut
le jour à un médecin de Pernes, dans le Comtat,
et naquit le 29 février 1696. Après avoir été en-
fant de chœur à la métropole d'Aix, sous la di-
rection de Guillaume Poitevin, il fut nommé
maître de musique ducliapitre de Saint-Victor, à
Marseille, à l'âge de vingt et un ans. De là il passa
à Toulon, puis à Besançon et à Amiens. En 1737
il fit chanter devant le roi le motet Laudale
Doviimim, de sa composition, dont on fut si con-
tent qu'on lui donna une des quatre charges de
maîtres de la chapelle du roi , vacante par la
mort de Bernier. Il obtint aussi un prieuré en
1742, avec une pension sur une abbaye, et en
1748, on le fit directeur des pages de la musique.
Le roi lui accorda en 1764 le cordon de Saint-
Michel, vacant par la mort de Rameau. Blan-
chard est mort à Versailles, des suites d'une
fluxion de poitrine, le 10 avril 1770. La Biblio-
thèque impériale de Paris possède un recueil ma-
nuscrit de motets de cet auteur. Caffiaux rap-
porte dans son histoire de la iimsi(iue (Mss. de la
même Bibliothèque), l'anecdote suivante : « Un'
« nwisicien de la chapelle de Versailles m'a ra-
n conté qu'un des plus grands maîtres d'Italie
n étant venu rendre visite à l'abbé Blanchard, et
« ayant examiné quelques-unes de ses parti-
« tions , fut si surpris , que n'ayant point de
« termes assez forts pour marquer son admira-
« tion, il se prosterna aux pieds du musicien en
<t posture d'admiration, avouant qu'il n'avait ja-
« mais rien vu de si beau. » Je ne sais quel pou-
vait être ce grand maître d'Italie, mais j'ai exa-
miné la musique de l'abbé Blanchard, et je Par
trouvée assez plate et mal écrite.
BLANCHARD (Henri-Lolis), violoni.ste,
compositeur, littérateur et critique, né à Bor-
deaux (Gironde), le 7 février 1778, mort à Paris
le 18 décembre 1858. Son père lui donna les
premières leçons de violon, et Beck dirigea ses
premières études dliarmonie. Plus tard il reçut
des conseils de Rodolphe Kreutzer pour son ta-
lent de violoniste. Arrivé jeune à Paris, il étudia
le contre-point et la fugue sous la direction
de Waltcr, qui se disait élève de Haydn, puis
deMélud et deReiclia. Devenu chef d'orchestre
du Théâtre des Variétés en 1818, Blanchard con-
serva cet emploi jusqu'en 1829, et dans celte
partie de sa carrière il composa une multitude
d'airs de vaudeville pour les pièces nouvelles,
où l'on remarquait des mélodies faciles que rele-
vait un certain cachet d'élégance et de dis-
tinction. La plupart de ces airs sont deve-
BLANCHARD — BLANCHET
435
nus populaires. Le talent de Blanchard pour ia
composition ne se bornait pas à ces légères pro-
ductions, car ses études l'avaient conduit à écrire
avec correction, et à la connaissance des formes
scientifiques de ia musique. Il a écrit des duos
de violon, des quatuors pour alto principal, des
concerlini pour violon, des airs variés pour cet
instrument, une fantaisie pour violon et liarpe,
des quatuors pour quatre violons, dont un est
terminé par une fugue à quatre sujets. Malheu-
reusement pour cet artiste, né avec une heu-
reuse organisation, il éprouva longtemps la fu ■
nesle inflnence de la vie de coulisses des petits
théâtres; influence presque irrésistible et qui
conduit à l'insouciance et à la dissipation d'un
temps précieux. Blanchard eut un autre mal-
heur, ce fut de disperser l'action de ses facul-
tés sur des objets différents, au lieu de la concen-
trer uniquement sur la musique. Homme d'esprit
et d'instruction, il avait du penchant pour la
littérature dramatique, et n'y portait pas moins
de facilité que dans ses œuvres musicales. Il
avait beaucoup écrit avant de rien publier; mais
ayant obtenu la direction du Théâtre Molière,
après la révolution de Juillet 1830, il profita de
celte circonstance pour vider son portefenille.
Don Pedre, et V Homme libre, drames en 5 ac-
tes, fiuent rc|jrésentés au théâtre dont leur au-
teur avait la diiection et obtinrent environ
cinquante représentations chacun. Un autre
drame intitulé Les Milanais, ou les Carbonari,
était en repétition lorsqu'il fut dénoncé comme
un ouvrage dangereux au ministre qui avait la
police des théâtres dans ses attributions : le ré-
sultat de cette dénonciation fut la clôture forcée
du théâtre dirigé par Blanchard. Dans le même
temps (1831), celui-ci faisait représenter au Thé-
âtre Français un autre drame dont le sujet était
Camille Desmoulins, ou les partis en 1794.
L'ouvrage était parvenu à sa quarantième repré-
sentation, quand l'autorité retira l'autorisation
de le jouer. D'autres grandes pièces dramatiques
composées par Blanchard n'ont pu être repré-
sentées à cause de leurs allusions politiques. 11
se consolait de ces contrariétés en écrivant la
musique de quelques opéras. Un de ces ouvrages
intitulé Diane de Vernon, en un acte, fut re-
présenté au théâtre des Nouveautés, le 4 avril
1831. L'/lno5<e, en 2 actes, et un antre opéra
comique du môme artiste, tiré de la comédie
des Précieuses ridicules, de Molière, n'ont point
été joués jusqu'à ce jour et ne le seront vraisem-
i)lablement jamais; mais un trio comique de ce
dernier ouvrage a été chanté au Conservatoire par
l'auteur, M""* Damoreau et M"^ Mancel, avec un
brillant succès. C'est dansla critique musicaleque
Blanchard laissera les preuves les plus solides do
son mérite, parce que c'est là qu'il a porté le plus
de persévérance et d'activité. Ses premiers essais
dans cette partie de l'art parurent dans la Pan-
dore,en 1838; puisilfutcollaborateurder£'«rope
littéraire et musicale de Paris en 1833, du jonr-
nal des théâtres Le Foyer, qu'il fit presque seul ,
du Monde dramatique, en 1835, et enfin de La
Revue et la Gazelle de Paris, à laquelle il Ira-
vailladepuis son origine, et qui renferme une im-
mense quantité d'articles de tout genre dus à sa
|)lume féconde et spirituelle. La critique de Blan-
chard est celle d'un musicien instruit : elle se fait
remarquer d'ailleurs par sa politesse et sa bien-
veillance , bien que parfois malicieuse et rail-
leuse jusqu'à l'épigramme. On lui doit quelques
bonnes biographies imprimées dans les recueils
précédemment nommés, particulièrement sur
Fr. Beck, Berton, Chérubini, Garât et d'autres.
Ces notices ont été tirées à part. Vers la fin de
sa vie, son talent de critique s'était beaucoup
affaibli.
BLANCHET (L'abbé Joseph ), né à Tournon,
le 10 septembre 1724, est mort à Paris en 1778.
Il n'était pas musicien ; mais ayant fait des re-
cherches sur l'organe de la voix et sur son mé-
canisme, il publia un livre intitulé : V Art ou les
Principes philosophiques du chant ; Paris, 1750,
in-12, 2" édition, 1762, in-12. Il y prétend que
Bérard ( Voyez ce nom) lui a volé une partie de
son manuscrit pour en composer son Art du
chant. On aperçoit, eu effet, quelque analogie
dans la méthode de ces deux écrivains, et beau-
coup dans le style ; mais Bérard se montre plus
véritablement musicien que son antagoniste. Au
reste les deux ouvrages sont également oubliés
maintenant.
BLANCHET (François-Étienne), habile
facteur de clavecins, vivait à Paris vers 1650. !1
était surtout renommé pour l'égalité de ses cla-
viers. Sa fille épousa Armand-Louis Couperin,
organiste de la chapelle du roi et de Notre-Dame.
— Blanchet (Armand-François-Nicolas), petit-
fils du précédent, et élève de Pascal Taskin
(Voyez ce nom), naquit à Paris en 1763, et
mourut dans cette ville le I8 avril 1818. 11 fut
aussi facteur et accordeur de clavecins et de
pianos, et attaché en cette qualité à la musique
du roi et au Conservatoire de musique, pendant
trente-cinq ans. Il a publié une i)etite brochure
sous ce titre : Méthode abrégée pour accorder
le clavecin elle piano; Paris, au IX (ISOI),
in-S". Son fils (Nicolas) lui a succé<lé dans ses
divers emplois. Il s'était associé à Boller pour la
fabrication des pianos obliques. Plus tard, ayant
réalisé sa fortune, il s'est fixé en llnlic.
28.
43G
BLANCHIN — BLANGINI
BLANC.IlliV (FnvNçois), musicien français
du seizième siècle, né à Lyon, a publié: Tabu-
lature de Luth en diverses formes de fantai-
sies, chansons, basses-danses , pavanes, et
gaillardes. Lyon, Jacques MoJerne (sans date).
BLAKCKEI\MÛLLER (Georges), com-
posileur allemand qui llorissait dans la première
moitié du seizième siècle, paraît avoir vécu à
Augsbourg. On trouve des pièces de sa compo-
sition dans les recueils intitulés : 1° Selectis-
siinx nec nonfamiUarissimœ Cantionesnlti-a
centum, varïo idiomate vocum, tain multipli-
cium quam etiam paiicarum. Fugec quoqtie
lit vocantur, a ^ex usque ad duas voces : Sin-
gulx tum artiftciose, tum etiam mire jucon-
ditatis. Augustx Vindelicornm, Melchior
h'riesstein excitdebat, 1540, petit in-S" ohl. —
2" Concentus novi, triumvocum, Ecdesiarum
usui in Prussia prœcipue accomodatt, Joanne
Kugrlmnnno, Tubicinx Symphoniarnm au-
thore, ihid. 1540. Outre les pièces de Kusel-
mann, on en trouve dans ce recueil sous les noms
de Jean Hen/.el, Thomas Stôltzer, Jôrg (sic)
lîlancUenmiiller, et Yalentin Scluieilinger. —
3" Concentus octo, scx, quinqite et quatuor vo-
cum, omniuin jucundissimi , nuspiam antea
sic cditi. Augustx Vindelicorzinif Phiiippîis
Uhtardus excudebat, 15'i5, petit in-V ohl.
Gerber, qui a fait deux articles de Blanken-
millier et de Blanc/imuller (J...L...), cite un
recueil de chansons mondaines, imprimé vers
1548, dont il existe un exemplaire dans la bi-
bliothèque de Zwickau, et qui a potu- litre;
Saïutnluny ircltliclier Linlcr fur ^ Stimmcn,
in-i" ; mais il ne fait pas connaître le lieu de
rimpression. Ou trouve dans cet ouvrage des
pièces de Blanckmûller, nom mal orthographié
par rimprimeiir.
BLAKCUS (Jacques). Yoy. BIANCHl (Jac-
ques).
BL.AIVCUS (Curistopife). Voij. BIANCHl
(Ciiristopue).
BLAIVDRATI (Jean Pierre), compositeur
«le l'École romaine, vers la fm (\\\ seizième siècle,
(lit maître de chapelle de la cathédrale de Gio-
vona/.zo, dans le royajïime de Naples, et membre
(le l'Académie des Zelanli. Il s'est fait connaître
l>ar un ouvrage qui a pour titre : Sacrx can-
liones 2, 3 e<4 vocum, op. III. Roma, Roblolti,
1025, et Venise, Bart. Magni, 1027, in-4".
BLAMGIIVl (Josepu-Marik-Féux), né à
Turin, le 18 novembre i78l, a fait ses étuiles mu-
sicales comme enlaiit de cho'ur à la cathédrale
de Turin , sous la direction de l'abbé OItani,
maître de chapelle de celte église. Doué de dis-
po. liions précoces, Blangini fit de rapides progrès
dans la connaissance de ia musique et de l'har-
monie. A l'âge de douze ans il lit exécuter dans
l'église de la Trinité un motet et un Kyrie de sa
composition. Il avait atteint sa seizième année,
lorsque le Piémont fut envahi par les armées fran-
çaises en 1797. La cour de Turin se réfugia en
Sardaigne, et la famille de Blangini, demeurée
sans appui, prit la résolution d'aller chercher des
ressources en France. Arrivée à Nice, elle s'em-
barqua et se rendit à Marseille. Là, Blangini
donna des concerts dont le succès le détermina à
parcourir le midi de la France, Lyon, le Dau-
phinéet la Suisse. Arrivé à Paris en 1799, il s'y
lit connaître par la publication d'un grand nombre
de romances el de nocturnes qui eurent beau-
conp de succès, et s'adonna à l'enseignement du
chant et à la composition dramatique. Son premier
cs.sai au théâtre fut la Fausse Duègne, que
Della-Maria avait laissé imparfait, et qu'il acheva.
Cet ouvrage fut représenté en 1802 au théâtre Fey-
deau. Son second opéra fut joué au même théâtre
en 1803, sous le titre de Chimère et Réalité. Les
îôles priiïcipaux de ce petit ouvrage étaient joués
par tlleviou, M'"^ Saint-Aubin elMi^c Gavaudan,
avec nus perfection qui en fit la fortune. Peu de
temps après, il donna seul Zélic et Terville, qui
eut |)eu de succès, el plusieurs autres ouvrages,
tant à rOpéra-Comiqiie, qu'à l'Académie royale
de musique. La vogue qu'avaient obtenue quel-
ques-unes des romances de Blangini lui lit bientôt
une brillante réputation dans la haute société de
celte épo(]ue. Toiit( s les femmes à la mode vou-
laient l'avoir pour maître de chant ; car alors l'art
du chant cousislait, pour le monde parisien, à
bien dire des romances. Blangini avait organisé
des matinées musicales dans sa maison de la ru<^
Bas.se- (lu-Rempart, où se réunis'-ait l'élite de la
société. Il y faisait entendre de bonne musique
italienne chantée d'une manière agréable, et ses
romances nouvelles, dont il faisait ainsi la répu-
tation. Appelé à Munich en 1805, il y fit repré-
senterunopéraintitu!é£'«coreînî lourde Calife,
qui lui valut le titre de maître de chapelledu roi
de Bavière. L'année suivante, la princesse Bor-
ghèse, sœur de Napoléon, le nomma directeur
de sa musique et de ses concerts; en 1809, le
roi de Westplialie lai conféra le litre de maître
de sa chapelle et de directeur de sa musique.
Rentré eu France en 1814, Blangini y a succes-
sivement obtenu les titres de surintendant hono-
raire de la musique du roi, de compositeur de la \
musique particulière de S. M , et de |)rofesseur de
chant à l'Fcole royale de musique et de déclama-
tion; mais il lut privé de ce dernier emploi par
nu arrèlé du vicomte île Ln Rocliofoucaiilt , qui
avait alors la direction des beaux -arts au miMi»-
BLANGINI — BLANKENBURG
437
lève de laninison du roi. La liste des ouvrages de
lUangini se compose de cent soixante-quatorze
romances en trente-quatre recueils; de cent
soixanletlix nocturnes à deux voix; de dix-sept
recueils de CanzonetCi, pour une et deux voix;
de six motets; de quatre messes à quatre voix et
orcliestre, et des opéras suivants : La Fausse
Duègne (avec Della-Maria), en trois actes, en
1802; Zélle et TerviUe, eu 1803; Chimère et
Réalité, en un acte, 1803; Encore vn toïir de
Calife, en un acte, à Municii, 1805 ; Nephtali, ou
les Ammonilcs , en 3 actes, à l'Opéra (ie Paiis,
1806; Inès de Castro, en 3 actes (non repré-
senté); les Fêles laccdémoniennes , en 3 actes
(non représenté); /e S«cr)7îce d'Abraham, en
3 actes, à Cassel, 181 1 ; les Femmes vengées, eh
un acte, au théâtre Fcydeau, 1811; l'Amour
philosophe, en 2 actes, à Cassel, 1811 ; le JS'au-
/rage comique^ en 2 actes, ibid., 1812; lu Fée
Urgèle, en 3 actes, ibid., 1812 ; la Princesse de
Cachemire, en 3 actes, ibid., 1812; 'Irajano lu
Dacia,en 2 actes, à Munich, 18t4; l-a Soiirde-
Muetle, en 3 actes, au théâtre Fcydeau, 1315;
ia Comtesse de Lamark, en 3 actes, au même
théâtre, 1817; le Jeune Oncle, en un acte, au
même théâtre, 1820 ; Marie-Thérèse, en 4 actes,
répété à l'Opéra, en 1820, mais non représenté;
te Duc d'Aquitaine, en un acte, au théâtre Fey-
deau, 1823 ; le Projet de pièce, en un acte, au
mêmetliéàtre, 1825; la Saint- Henri , en un acXe,
joué au théâtre de ia cour, 1825; l'Intendant ,
en un acte, idem, 1826 ; le Coureur de veuves,
en 3 actes, au théâtre des Nouveautés, 1827;
le Jeu de Cache-Cache , en 2 actes , au même
théâtre, 1897; le Morceau d'ensemble, en un
acte, idem, 1825; l'Anneau, de la Fiancée, en
S actes, ibid., 1827; le Chanteur de Société ,
en 2 actes, au théâtre des Variétés, 1830. Une
partie delà musique de la Marquise de Brinvil-
tiers , eu 3 actes, à l'Opéra Coiuii|ue, 1831 ; Un
preinier pas , en un acte , idem , 1832 ; les Gon-
doliers , en 2 actes, ibid., 1833; te Vietix de la
Montagne, en 4 actes, écrit pour l'Opéra, mais
non représenté. Peut-éire trop tôt oublié, Bkiii-
gini méritait qu'on gardât le souvenirde quelques
unes de ses compositions. Il y a de la grâce, de
l'élégance et de l'expression dans ses nocturnes
et dans ses romances. Quelques-unesdecespetiies
pièces, entre autres : Il est trop tard, les Sou-
venirs, M'aimeras-tu? Il faut partir, ont un
charme irrésistible. Il y a aussi du mérite dans
quelques morceaux de son opéra de Nephtali ,
dont un air a été (liante avec beaucoup de succès
dans les concerts.
La fortune fut longtemps souriante pour Blan-
gini,. Sa taille était pelite; mais, élégant et gra-
cieux, il plaisait aux feuwncs qui le protégeaient.
Il eut pour élèves de chant la reine de Bavière,
la reine de Westphalie, le roi de Hollande ( Louis
Bonaparte), la reine Horlense, la princesse Pau-
line Borghèse, pour qui, suivant ses indiscrétions,
il fut quelque chose de plus qu'un maître de
chapelle ; la duchesse de Berry, enfin, un nombre
inuuense de dames de la plus haute noblesse de
toute l'Europe. Ces relations lui procurèrent des
avantages de tout genre. Le temps du Consulat
et de l'Empire fut surtout pour lui une source
de prospérité. Sous la Restauration, il trouva en-
core de la protection par l'appui de M"'c la du-
chesse de Berry ; mais après 1830, il n'y eut plus
que malheur pour le pauvre Blangini. 11 perdit
alors toutes ses places à la cour; des faillites de né-
gociants lui enlevèrent des sommes considérables,
fruit de ses économies ; il voulut réparer ses pertes
en travaillant activement pour le théâtre; mais
le succès ne couronna pas ses travaux. La plu-
part de ses opéras tombèrent ou n'eurent qu'une
courte existence. Dans ses dernières années, sa
tristesse était habituelle. Il mourut à Paris, le
18 décembre 1841, à l'âge de soixante ans. Plu-
sieurs années auparavant, M. Maxime de Ville-
marest, son ami , et littérateur connu par divers
ouvrages, avait rédigé sur ses notes un volume
quia paru sous le titre de: Souvenirs de F . Blan-
gini, maître de okapelte du roi de Bavière,
membre de la Légion d'honneur et de l'Insti-
tut historique de France (1797-1834). Paris,
Allardiu, 1834, 1 vol. in-8° de 394 pages. Il y a
beaucoup de vanité dans ces souvenirs; mais on
doit la pardonner à un artiste que tant de succès
et de faveurs avaient caressé ■dans ses beaux
jours. D'ailleurs la plupart des personnages dont
pai le Blangini intéressent ou par leur mérite, ou
par les événements auxquels leurnom est attaché.
BLANKEXBURG (Quirin Van), licencié
en philosophie et en médecine, né en 1654, à
Gouda, en Hollande, fut organiste de la nou-
velle église reformée à la Haye, et mourut en
1739. 11 est auteur des ouvrages suivants : 1°
Elementa musica, of niew licht tôt het wel-
terslaan van de Musiec en de Bas-continuo
(l';:éments de musique, ou nouvelle lumière sur
la musique et la basse continue), La Haye, 1739,
iu 4" de deux cents pages. — 2° Clavicimbel
eu Orgelboek der Psalmen en lierkgezangen ,
met dezelfde nolen die de gemeinte zingt ,
toi vioegende maatzangen gemakt, in styl ^
en fioogte bepaald , met cieradvn vourzien en
met kunst vcrnjkt , tweede druk, vermeer-
dcrt niecl een inslructie of ondenvyzinge tôt
de Psalmen f regelen composilie van de Bass,
alphabet voor de blïnden, en volkomen
438
BLAWKENBURG — BLASIUS
van drukfouten gezxiivert (Livre d'orgue ou
de clavecin pour accompagner le chant des
psaumes dans les églises réformées, etc.). La
Haye, 1732, gr. in-4''. La troisième édition a
paru dans la même i^ille en 1772, in-4°. On a
aussi de cet auteur des pièces de clavecin qui
peuvent se jouer en retournant le livre, sous
ce titre : La double harmonie d'une musique
qui en fait deux en tournant le papier et
prouve comment deux font un et un fait deux,
à Voccasion du mariage de S. A. R. Monsei-
gneur le prince d'Orange avec la princesse
royale d'Angleterre. Augmentée de plusieurs
fugues, allemandes, courantes, sarabandes,
bourrées, gavottes, menuets et autres pièces
de clavecin. La Haye, Laurent Betkoske (s. d.)
in-4". Blankenburg l'ut un musicien instruitdont
les ouvrages peuvent être consultés avec fruit.
Son portrait, gravé par Creite, se trouve en tête
de ses Elementa musica.
BLANKENBURG ( Chrétien - Frédiîric
dk;, naquit à Colbcrt, en Poméranie, le 24 jan-
vier 1744. Après avoir servi en Prusse pemlant
vingt et un ans, il demanda sa retraite et l'obtint
avec le grade de cipitaine. 11 se retira à Leip-
sick, où il se livra à la liltéralure. En ITSC), il
publia un Supplément à la théorie universelle
des beaux-arts de Sulzer, Leipsick, quatre par-
ties in-8°, dont il a donné une nouvelle édition à
Leipsick, en 1792-94. Onarefondu depuis lors ce
supplément dans l'ouvrage de Sulzer. Toutes
les notes relatives à la littérature musicale qui
sont jointes aux principaux articles de Sulzer sont
de Blankenburg. Celui-ci est mort le 4 mai
179G. Toute la partie de la musique est traitée
d'une manière fort remarquable dans le supplé-
ment de Blankenburg à la Théorie générale des
beaux-arts de Sul/er, et l'on peut aflirmer que
tous les lexicographes de cet art sont restés in-
férieursà l'auteur de ce supplément. Blankenburg
connaissait également bien et l'histoire de la mu-
sique et sa littérature.
BLASI (Luc), célèbre constructeur d'orgues,
né à Pérouse, florissait vers la lin du seizième
siècle. H a construit à Rome, vers 1600 un or-
gue de seize jeux dans la Basilique de Constan-
tin. Plusieurs anciennes orgues ont été aussi ré-
parées par lui.
BLASIS (Virgime), fille de François Bla-
sis, professeur de chant et compositeur, connu
par la musique de quelques ballets, naquit à
Marseille, en 1804. Élèvede son père pourléchant,
el possédant une très-belle voix de soprano, elle
chantait avec correction, mais sans chaleur et
«ans génie. Engagée au théâtre Italien de Paris, j
eprès la retraite de M™c Pasta, elle y tint l'em- 1
p!oi de prima donna pendant quelque temps, et
chanta aussi au théâtre du roi à Londres. En 1830,
elle retourna en Italie, et clianta sur les théâties
de Turin, de Crémone, de Plaisance, de Trévise,
de Florence avec de brillants succès, particuliè-
rement dans la Béatrice di Tenda. Une maladie
aiguë l'enleva, dans cette dernière ville, pendant
la nuit du 11 au (2 mai 1838, à l'âge de trente-
quatre ans. Un monument lui a été élevé dans
l'église de Santa-Croce : on y voit son tombeau
sur lequel le sculpteur Pampaloni l'a représentée
agenouillée.
BLASIUS (Matuieu-Frédéric), excellent
chef d'orchestre du théâtre de l'Opéra-Comique,
1 naquit le 23 avril 1768 à Laiiterbourg, départe-
I ment du Bas-Rhin. Son père, Michel Blasius,
lui enseigna les premiers principes de la musi-
que et les éléments de l'harmonie. Venu jeune
à Paris, Blasius s'y fit connaître par ses composi-
tions pour les instruments à vent, et notamment
par des suites d'harmonie qui eurent un très-
grand succès. Admis au nouibre des professeurs
du Conservatoire lors de la formation de cet
établissement, il fut compris dans la réforme de
l'an X (1802). Ce fut aussi vers le même temps
qu'il quitta le corps de musique de la garde des
consuls, dont il avait été le chef pendant plusieurs
années. 11 se borna dès lorsà diriger l'orchestre de
l'Opéra-Comique, ce qu'il fit de la manière la plus
remarquable pendant vingt-cinq ans. Tous les com-
positeurs se sont rappelé longtemps avec plaisir
le soin qu'il apportait dans l'exécution des ouvra-
ges qui lui étaient confiés; son aplomb, son sang-
froid, et la délicatesse de son oreille, qui lui
faisait discerner à l'instant la partie où une faute
avait été commise. 11 a été admis à la pension
en 1816 et s'est retiré à Versailles. Blasius était
également distingué par son talent d'exécution sur
le violon, sur la clarinette, sur la flûte, et sur lebas-
son. Il a composé pour tous ces instruments. Ses
principaux ouvrages sont : 1° Aouvelle Méthode
pour clarinette, Paris, 179C. — 2° Symphonie
concertante pour deux cors, Paris, Ozi. — 3"
Harmonie à six parties, Paris, Pleyel. — 4° Har-
monie tirée des opéras nouveaux , première,
deuxième et troisième suites, Paris, Janet. — 5"
Journal d'harmonie à l'usage des musiques mi-
litaires, dixième et onzième livraisons, Paris, Le-
duc. — G" Divers recueils de marches et pas re-
doublés. — 1° Premier concerto de violon, en
sol, Paris, Leduc. — 8° Deuxième idem, en la,
ibid., Pleyel. — 9° Troisième idem, ^nut, ibid.,
Érard. — 10° Trois quatuors pour deux violons,
alto et basse, op. 1, Paris, Sieber. — 11° Trois
idem, op. 3, ibid., Louis. — 12" Trois idem, op.
12, ibid., Sieber. — 13" Trois idem, op. 19, ibid.,
BLASIUS — BLAVET
439
0?.i. — 14°Troislrios pour d«u\ violonsel basse,
op. 48, livre 1 et 2. — 15" Dix œuvres de duos
pour deux violons, op. 8, 28, 29, 30, 32, 33, 39,
43, 53, liv. 1 et 2. — 16° Quatre œuvres de
sonates pour violon et basse. — 17° Trios pour
flûte, clarinette et basson, op. 31. — 18° Quatre
concertos pour clarinette. — 19° Trios pour le
même instrument,liv. 1 et 2.— 20° Sept œuvres
de duos, idem, op. 18, 20, 21, 38, 40, et 46. —
21° Concerto pour basson. — 22° Six quatuors,
idem. Blasius a fait représenter à l'Opéra-Comi-
que : Pelletier de Saint- Fargeau, on le premier
martyr de la république française, en deux
actes, 1793, et V Amour Ermite, en un acte,
1793. On lui doit enfin l'arrangement en quatuors
pour deux violons, alto et basse, des sonates de
Haydn pour le piano. Il a composé la musique
d'un ballet, en 1791, mais cet ouvrage n'a pas
été représenté. Blasius s'est retiré de l'Opéra Co-
mique au mois de mars 1816, après vingt-cinq
ans de service, et a cessé de vivre en 1829. Une
erreur introduite dans le Manuel de la Littéra-
ture musicale deWhistlinga été répétée dans l'En-
cyclopédie de la musique de Schilling. On y dit
que l'artiste dont il est question dans cet article
.s'appelait Blasius, en français Blaze. Jamais le
nom de Blaze n'a été donné en France à Bla-
sius. Il est dit aussi ilans ce même ouvrage que
Blasius se rendit en France avec son fière qui
jouait fort bien du basson ; mais le bassoniste,
le clarinettiste, le violoniste et le compositeur du
nom de Blasius ne sont qu'une seule et même
personne.
BLA.TT (FRANçois-TnADÉE), directeur ad-
joint et professeur au Conservatoire de Prague,
est le plus célèbre clarinettiste existant en Alle-
magne à l'époque actuelle. Né à Prague, en 1793,
il se livra d'abord à l'étude de la peinture, d'après
le désir de ses parents, et suivit les cours de
l'Académie impériale de Vienne, où son père
avait été placé comme employé, en 1796. On lui
fit éludier aussi la musique pour laquelle il
avait d'heureuses dispositions. Son père ayant
cessé de vivre, en 1807, Blatt retourna à Pra-
gue avec sa mère ; et peu de temps après il
abandonna la peinture pour se livrer en liberté à
son penchant pour la musique. Admis comme
élève au Conservatoire de musique de sa ville
natale, il reçut des leçons de l'habile clarinettiste
Farnick , et le directeur de cette institution,
F. D. Weber, lui enseigna les éléments de l'har-
monie et de la composition. Parvenu à l'âge de
vingt et un ans, en 1814, il entreprit de longs
voyages en Allemagne et dans le nord de l'Eu-
rope, dans le dessein de se faire connaître et d'ac-
croître son habileté et ses connaissances dans
.«ion art. A son retour h Prague , il entra comme
(première clarinette solo à l'Opéra de cette ville,
et en 1820, il devint professeur au Conservatoire.
Depuis lors il a réuni à ce titre celui de directeur
adjoint. Comme instrumentiste, Blatt jouit dans
sa patrie d'une haute renommée. On s'accorde à
donner des éloges au brillant extraordinaire de
son jeu, à la l)eauté du son qu'il tire de la clari-
nette, et à sa manière expressive de chanter sur
cet instrument. Ses compositions sont aussi con-
sidérées comme fort bonnes en leur genre. On re-
marque particulièrement celles dont les titres sui-
vent : 1° Douze caprices en forme d'études potii
la clarinette, livres 1 et 2 ; Leipsick, Breitkopfet
Haertel. — 2o Trios pour trois clarinettes, op. 3 ;
Prague , Berra. — 3° Variations brillantes pour
clarinette et quatuor (en w^ mineur et en sol mi-
neur); Bonn, Simrock. — 4° Introduction et
variations pour clarinette et orchestre, ibid. —
5" Introduction et variations brillantes sur un
thème du Barbier de Séville , avec orchestre,
op. 28 ; Leipsick, Breitkopfet Hssrtel. — 6" Trois
duos concertants pour deux clarinettes, op. 29;
ibid. — 1' Caprices amusants pour une clarinette
seule, op. 26, ibid. — 8° Études , op. 33; ibid.
— 90 Méthode complète pour la clarinette;
Mayence, Scliott. Ouvrage bien conçxi et bien
exécuté. — 10° Vingt-quatre exercices, premier
et deuxième supplément à la Méthode; ibid. —
1 1° Mt'thode abrégée, théorique et pratique de
chant; Prague, I^udl. Blatt a écrit aussi quel-
ques morceaux pour le hautbois et pour le cor
anglais.
BLAU (Henri de), ténor à la cour du duc de
Bavière, en 1593, sous le fameux maître de cha-
pelle Roland de Lassus. Il était vraisemblable-
ment Français.
BLAVET (Michel), flûtiste et compositeur
de musique, naquit à Besançon, le 13 mars 1700.
Fils d'un tourneur, il suivait la profession de son
père, lorsqu'une flûte, tombée par hasard dans ses
mains , lui révéla le secret de son talent. Sans
autre maître que lui-même, il apprit à jouer de
cet instrument , et ses progrès furent si rapides
qu'il n'eut bientôt plus de rival en France. Le
duc de Lewis, l'ayant entendu, l'engagea à se
rendre à Paris, où il fut bien accueilli par tous les
amateurs. Admis à l'orchestre de l'Opéra, il tra-
vailla continuellement à perfectionner son talent,
et publia plusieurs œuvres qui augmentèrent sa
réputation. Quelques années après, il fil un voyage
en Prusse; Frédéric II, alors prince royal, qui
jouait aussi de la flûte, voulut entendre Blavet, et
en fut si content, qu'il l'engagea à rester près de
lui, promettant d'avoir soin de sa fortune : Quanlz
n'était point encore au service de ce prince.
440
BLAVET — BLAZE
Blavet préféra revenir à Paris , où le prince de
Carignan lui accorda un logement dans son hôtel
et une pension. 11 devint ensuite surintendant de
la musique du comte de Clermont, pour qui il
mit en musique Églé, pastorale de Laujon; les
Jeux Olympiques, 1753, ballet du comte de Sen-
neferre; la Fêle de Cijthère, opéra du chevalier
de Laurès; le Jaloux corrigé, de Collé et Flo-
rian, 1752. Blavet était aussi très-habile sur le
basson. Il est mort à Paris, le 28 octobre 1768.
On trouve son éloge par M. François, dans le
Nécrologe de 1770.
BLAVIER ( André- JosEPFi), né à Liège, dans
les premières années du dix-huitième siècle, y
fit ses études musicales, et lut maître de musique
à Saint-Pierre de cette ville. En 1727 il obtint au
concours la place de maître de chapelle de l'église
Notre-Dame d'Anvers, et en prit immédiatement
possession. En 1741, il composa une messe à
4 voix, 2 violons, alto et basse continue, dont le
manuscrit existe dans les archives de cette église.
Blavier a été le maître de Gossec, lorsque ce-
lui-ci était enfant de chœur de la collégiale.
(V. Gossec.)
BLAZE (Henri-Sébastien), né à Cavaillon,
petite ville du département de Vaucluse, en 1763,
apprit les premiers principes de l'art musical d'un
organiste de sa ville natale, nommé Lapierre,
Conduit à Paris pour y finir son éducation, il y
arriva pendant la guerre des Gluckistes et des
Piccinistes , ce qui contribua encore à augmenter
le goût qu'il avait pour la musique. Aidé des
conseils de plusieurs maîtres et des leçons de
Séjan, organiste de Saint-Sulpice, il acquit des
connaissances dans la composition ; mais, obligé
d'embrasser la profession de notaire, il ne put
se livrer à son penchant pour cet art que dans
des moments de loisir. Blaze a néanmoins écrit
plusieurs messes à grand orchestre, d'autres
avec accompagnement d'orgue seulement ; un
opéra intitulé V Héritage, qui fut mis à l'étude au
tliéâlre Favart; une Scmiramis, dont il avait ar-
rangé le livret d'après le plan de Voltaire, et qui
n'a pas été représentée, à cause de sa ressemblance
avec l'opéra du même nom dont Catel avait fait
La musique , ouvrage reçu par l'administration de
l'Opéra avant que Biaze présentât le sien. De
retour dans sa province, Blaze alla s'établir à
Avignon, et partagea son temps entre l'exercice
de sa profession et ses travaux de musicien. Bien-
tôt troublé dans son état et dans ses plaisirs par
le régime de terreur qui pesa sur la France dans
les années 1793 et 04, il fut obligé de se sous-
traire par la fuite aux poursuites dont il était
l'objet. Après la réaction du 9 thermidor, il fut
oomnié administrateur de son département. En
1799, il fit un second voyage à Paris, et profit;»
de son séjr.ur en cette ville pour y publier (piel-
ques-ims de ses ouvrages. Il s'y lia d'amitié avec
Mébul et Grétry ; l'Institut le nomma son corres-
pondant, en remplacement de l'abbé Giroust.
Les compositions de Blaze qui ont été gravées
sont : 1° Deux œuvres de sonates pour le piano.
— 2" Un œuvre de duos pour harpe et piano.
— 3° Plusieurs messes en plain- chant. —
4° Quelques pièces fugitives. Blaze s'est fait
connaître par un roman intitulé -. Julien, ou le
Prêtre; Paris, 1S05, 2 vol. in-12. Il a cesse de
vivre à Cavaillon, le 11 mai 1833.
BLAZE (François-Henri-Joseph, dit CAS-
TIL BLAZE), fils du précédent, est né à Cavail-
lon, le 1"'' décembre 17S4. Destiné aubarreau, il fit
danssa jeunesse lesétudes nécessaires pourla pro-
fession d'avocat, ce qui ne l'empêcha pas de cul-
tiver la musique , dont les prenu'ères leçons lui
furent données par son père. Arrivé à Paris eu
1799, pour y suivre les cours de l'école rie droit,
il les négligea quehjuefuis pour ceux du Conser-
vatoire. Après y avoir achevé l'étude du solfège,
il reçut de Perne des leçons d'harmonie, et il se
préparait à compléter son éducation musicale,
lorsqu'il lui fallut renoncer à ses penchants pour
s'occuper exclusivement de son état. Devenu
successivement avocat, sous-préfet dans le dé-
partement de Vaucluse, inspecteur de la librai-
rie, etc., il lui restait peu de temps à donner à
la culture de l'art qu'il aimait avec p.ission. Ce-
pendant il jouait de plusieurs instruments et avait
composé beaucoup de romances et d'autres pièces
fugitives qui avaient été publiées, lorsqu'il prit
tout il coup la résolution de renoncer au barreau,
à la carrière administrative, à tout ce qui pou-
vait enfin mettre obstacle à ses penchants; con-
fiant dans l'avenir, il prit la route de Paris, avec
sa femme et ses enfants, plus soigneux de son
bagage de partitions et de manuscrits que du reste
de sou mobilier. Deux projets l'amenaient dans
la ville des arts : il voulait y faire représenter le
Don Juan de Mozart et quelques autres opéras
qu'il avait traduits et arrangés pourla scène fran-
çaise, et y publier un livre, espoir de sa lulure
renommée. Ce livre parut sous le titre de l'Opéra
en France (Paris, 18?.0, 2 vol. in-8°). Homme
d'esprit, écrivain plein de verve, Castil-Blaze at-
taquait avec force dans cet ouvrage certains pré-
jugés qui s'opposaient en France aux progrès de
la musique dramatique. 11 y signalait les défauts
des livrets d'opéras, les vices de l'administration
intérieure des théâtres , la mauvaise distribution
des rôles, la classification fausse et arbitraire^des
voix , toutes les causes enfin qui mettaient alors
obstacle à la bonne exécution de la musique. Il
BLAZE
-14 (
faisait aussi la guerre au goût passionné deg
Français pour les ciiansons, !•; considérant avec
laison comme un obstacle aux progrès de l'art.
Enfin , il ne ménageait pas les productions qui
lui paraissaient appartenir plutôt au genre du
vaudeville qu'à celui du véritable opéra. Ajoutons
que la ferveur de son zèle l'avait entraîné jusqu'à
l'injustice envers des compositeurs français qui,
bien que faibles liarmonisles, avaient pourtant
fait pieuve de mérite par le naturel des mélodies
et la vi'tilé dramatique de leurs ouvrages.
On ne lisait guère en France de livres sur la
musique à l'époque où Caslil-Blaze publia le
sien; il n'eut donc pas alors le retentissement
qu'il aurait eu s'il eût paru quelques années plus
tard; néanmoins l'auteur en recueillit le fruit,
parce que le mérite de cette production le fit
ciloisir comme rédacteur de la chronique musi-
cale du Journal des Débats. Jusqu'au moment
où Castil-Blaze commença cette suite d'articles
piiiuants signés de XXX qui fondèrent sa répu-
tation, des littérateurs, ignorants des premiers'
éléments de la musique, s'étaient arrogé le droit
d'émettre seuls dans les journaux des opinions
fausses, qu'ils prenaient pour des doctrines, sur
un art dont ils ne comprenaient pas même le
but : c'est à cette cause qu'on doit attribuer les
préjugés qui régnaient dans la plus graniie partie
de la population contre l'Iiarmonie, le luxe d'in-
strumentation et ce qu'on appelait la musique
savante. I.'auteur de la chronique musicale sut
bientôt se faire remarquer par la spécialité de ses
connaissances ; il imposa silence au bavardage des
gens de lettres, et parvint à initier le public au
langage technique dont il se servait, par l'entrain
de sa verve méridionale. Quels que soient les
progrès que puisse faire en France l'ait d'écrire
sur la musique dans les journaux, on n'oubliera
pas que c'est Castil-Blaze qui, le premier, l'a na-
turalisé dans ce pays.
En 1821, ce littérateur musicien publia un
Dictionnaire de musique moderne (Paris, 2 vol.
in-8°). Cet ouvrage, formé par la réunion des
matériaux que l'auteur avait rassemblés pour son
livre de l'Opéra en France, offre des notions
justes des diverses parties de l'art; cependant, la
rapidité qui avait présidé à sa rédaction y avait
laissé glisser quelques négligences dans plusieurs
articles importants -. elles ont été corrigées dans
des cartons qui ont fait reproduire l'ouvrage avec
un nouveau frontispice , comme une deuxième
édition (Paris, 1825, 2 vol. in-8"). Depuis lors
Mées, professeur de musique à Bruxelles, a donné
une réimpression du Dictionnaire de musique
<lo Castil-Blaze, précédé d'un Abrégé historiqxie
sur la 7nusique moderne, et d'une Biographie
des théoriciens , compositeurs, chanteurs et
musiciens célèbres qui ont illustré C École fla-
mande et qui sont nés dans les Pays- lias;
par ordre alphabétique (RrnwWc^, i vol. in-8",
182S). On a reproché à l'auteur de ce diction-
naire d'avoir reproduit textuellement un grand
nombre d'articles du Dictionnaire de J.-J. Rous-
seau, après avoir montré beaucoup de mé|»ris
pour ses connaissances en musique ( Foy. d'Ou-
trepont): l'accusation est malheureusement fon-
dée ; mais on a eu tort de dire que sa nomenclature
est incomplète en ce qu'elle ne contient pas cer-
tains articles sur la musique ancienne; car il ne
fallait pas oublier que le titre du livre est :
Dictionnaire de musique moderne. Le traité de
V Opéra en France, augmenté d'un Essai sur le
drame lyrique et les vers rhythmiques, a été
remis en vente en 1826, comme une deuxième
édition. Après avoir rédigé pendant plus dedix ans
la Chronique musicale du Journal des Débats,
Castl-Blaze a quitté ce journal, en 1832, pour
travailler au Constitutionnel ; mais il n'a pas fait
longtemps les articles de musique de celui-ci.
Pendant plusieurs années il a rédigé la partie mu-
sicale de la Revue de Paris. Il a fourni aussi
quelques articles au Ménestrel, journal de mu-
sique, à la Revue et Gazette musicale de Paris,
à la France musicale, et au Magasin pittores-
que. En 1832, il a fait imprimer deux ouvrage.s
dont l'un a pour titre : Chapelle musique des
Rois de France (Paris, Paulin, un vol. in-12),
eti'autre : La Danse et les Ballets depuis Bac-
chus jusqu'à mademoiselle Taglioni (Paris,
Paulin , un vol. in-12 ). Ces deux volumes sont
formés d'une réunion d'articles que l'auteur avait
publiés en 1829 et 1830, dans les tomes IV et VU
de la Revue de Paris. Le premier est une sorte
d'histoire abiégée d'une part, et mêlée de digres-
sions de l'autre, de ce qui concerne la chapelle
des rois de France. Les documents authenliques
ont manqué à Castil-Blaze pour donner à son livre
l'intérêt dont il était susceptible. On trouve beau-
coup de choses relatives à la musique dans l'ou-
vrage sur la danse et les ballets. Eu 1831, il a
annoncé le projet qu'il avait de réunir un choix
de ses Chroniques musicales pour en former un
livre : la première livraison de cette collection a
été publiée en 1831, en six feuilles in-8° ; mais
l'entreprise n'a pas eu de suite.
Des traductions des Noces de Figaro, de Don
Juan, de la Flûte enchantée et du Mariage
secret avaient été faites par Castil-Bhize avant
qu'il vînt se fixer à Paris; il les publia dans cette
ville en 1820 et dans les années suivantes. Les
succès de la musique de Rossini à cette époque le
déterminèrent à continuer ses travaux de tra-
442
BLAZE
(ludion, afin de faire jouir les villes de province
du plaisir d'entendre les principaux ouvrages du
maître dePesaro, et successivement il fit paraître
ie Barbier de Séville, la Pie voleuse [Gazza
ladra), Otello, Moïse, Gi V Italienne à Alger . 11
a aussi arrangé Anne de Boulen pour la scène
française, d'après le libnilo de Romani et la par-
tition de Donizetti. Quelques pastiches furent
aussi essayés par lui et formés d'une réunion de
morceaux puisés dans des partitions de Rossini,
de Mozart, de Paèr et de quelques autres maîtres.
Le théâtre de l'Odéon de Paris ayant été spécia-
lement destiné, en 1822, à la représentation des
opéras allemands et italiens traduits, tous les
ouvrages qui viennent «l'être cités y furent jwiés
et obtinrent de brillants succès; mais celui que
le public accueillit avec le plus d'enthousiasme
fut le Freyschiitz, de Weber, traduit sous le
titre de Eobin des Bois. La vogue de cet opéra
ne fut pas moindre en iManre qu'en Allemagne;
lorsqu'il a été reprisa l'Opéra-Comique, en 1835,
le public a montré le même empressement à l'en-
lendre. l.atraductiond'É'MrïflH^/ie, faiteaussipar
Castil-Blaze, a été moins heureuse lorsqu'elle fut
représentée à l'Opéra, en 1831. 11 a fait jouer en
province une traduction de VObcron du même
compositeur sous le titre de Huon de Bordeaux,
ainsi qu'un ai rangementde Fidelio, île Beethoven,
auquel il a rendu son titre primitif de Léonore.
La traduction de Don Juan, retouchée par lui et
par son fils, obtint du succès, nonobstant les
altérations faites à l'immortel ouvrage de Mozart.
Castil-Blaze s'est fait connaître comme composi-
teur par quelques morceaux de musique reli-
gieuse, des quatuors de violon, gravés à Paris,
des trios pour le basson, dont il avait joué autre-
fois, et un recueil de douze romances dans lequel
on remarqua le Chant des Thermopyles, vl la
jolie romance du^oj René. 11 ne s'est pas borné
a ces essais, car il a abordé le théâtre pour
son propre compte, et a fait représenter à l'O-
péra-Comique Pigeon vole, dont il avait com-
posé les paroles et la musique, et qui ne réussit
pas. C'est le même ouvrage dont il a fait graver
la partition sous le titre de la Colombe. Posté-
rieurement il a fait jouer sur les théâtres des dé-
partements Belzébuth, ou les Jeux du roi René,
grand opéra en quatre actes, et un opéra bouffon
en trois actes intitulé : Choriste et Liquoriste.
Les partitions de ces ouvrages ont été publiées par
lui. On lui doit aussi les Chants de la Provence,
recueillis et arrangés avec accompagnement de
piano; Paris, chez l'auteur. Castil-Blaze se ha-
sardait quelquefois à écrire des airs, duos ou
choeurs pour ses traductions d'opéras italiens et
allemands, ou pour les pastiches formés de mor-
ceaux pris dans les partitions de grands maîtres;
pastiches dont les plus connus sont : Les Folies
amoureuses, la Forêt de Senart, la Fausse
Agnès, d'après la pièce de Destouclies, et Mon-
sieur de Pourceaugnac, d'après la comédie de
Molière. Se frottant les mains , il disait en secret
à ses amis que ses propres morceaux avaient tou-
jours fait plus d'effet que les autres. Une deses ju-
bilations étaitqu'unchœurdelaFo?-e7 de Senart,
donné par lui comme étant tiré d'un opéra de
Weber, quoiqu'il en fût l'auteur, avait été chanté
dans les concerts du Conservatoire de Paris, rede-
mandé souvent, et toujours applaudi avec enthou-
siasme, comme une production originale de l'au-
teur du Freyschiitz.
Dans ses dernières productions littéraires, le
talent de Castil-Blaze s'est affaibli. Souvent il s'y
abandonne à des saillies de mauvais goût; son
style prend une teinte vulgaire; le sérieux de la
musique n'est plus ce qui l'occupe; à chaque
instant il se perd dans de longues excursions en
dehors de son sujet, et les anecdotes où il se com-
l)laît ne sont pas toujours contenues dans les
bornes delà décence. L'objet principal de ses tra-
vaux est encore l'opéra, comme au début de sa
carrière; mais au lieu d'idées puisées dans le do-
maine de l'esthétique, il s'amuse à prendre dans
les recueils inédits de Beffara ( royp:; ce nom)
des faits, des dates, des aventures graveleuses,
et à en faire des travaux de spéculation. C'est dans
cette catégorie qu'il faut ranger les ouvrages sui-
vants : 1° L'Académie royale de musique de-
puis Cambert, en i&69, jusqztes et y compris
Vépoque de la Restauration. Ce travail, publié
en onze articles dans la Revue de Paris, depuis
1834 jusqu'en 1838, est rédigé d'après les ma-
nuscrits de Beffara. Il en a été tiré quelques
exemplaires sous ce titre : Mémorial du grand
Opéra, 1 vol. in-S". — 2° Le Piano, histoire de
son invention, de ses améliorations succes-
sives, et des maitres qui se sont fait un nom
sur cet instrument , in-8°. Ce travail a paru
dans la Revue de Paris , en 1835) et 1840. Il est j
emprunté, en grande jrartie, à une suite d'articles
publiés par l'auteur de cette notice, dans sa Revue
musicale, en 1830. — 3° Molière musicien,
notes sur les œuvres de cet illustre maître,
et sur les drames de Corneille, Racine, Qui-
nault, etc. ; Paris, 1852, 2 vol. in-S". Le titre de
cet ouvrage n'a presque aucun rapport avec son
contenu, composé de toutes .sortes de sujets, et
toujours puisé dans les sources de Beffara, comme
les suivants : — 4° Théâtres lyriques de Paris.
V Académie impériale de musique, histoire
littéraire, musicale, chorégraphique , pitto-
rcsqtie, morale, critique, politique et galante
BLAZE — BLEIN
443
de ce ikMtre ; rans , 1855,2 vol. in-S", et un
{l-ros volume in-4° de nuisiqiic. — 5° Théâtres
lyriques de Paris. L'Opéra italien, de 1548 à
1856 ; Paris, 185C, 1 vol. in-8°. L'auteur avait le
dessein de publier ensuite l'Iiistoirc de l'Opéra-
Comique, à laquelle il travaillait.
A cet aperçu de la vie prodigieusement active
de Castil-Blaze, il faut ajouter le travail d'éditeur
de ses propres ouvrages ainsi que de ceux des
compositeurs dont il avait arrangé les partitions;
car il faisait tout lui-même, arrangements pour le
piano et pour tous les instruments, dispositions
des planches pour les graveurs, choix du papier,
soins de l'impression , corrections des épreuves ,
tenue des livres de commerce , correspondance
universelle, et cela sans un seul commis. Parvenu
par ses travaux à une aisance qu'on pouvait
appeler du nom ûe. fortune, avant que des re-
vers fussent venus le frapper, il allait volontiers
faire de longs séjours dans le midi de la France,
dont le climat était favorable à sa santé, et dont
les habitudes lui étaient sympathiques. Plus lard,
il crut à la nécessité de se remettre au travail pour
réparer des pertes, et il vint se confiner à Paris
dans la petite pièce étroite et basse dont il avait
l'ait son cabinet, et qu'il ne quittait presque ja-
mais. Sa santé, qui avait reçu de rudes atteintes
depuis quelques anni^es , lui rendait nécessaires
l'air et l'exercice; néanmoins il s'obstinait à ne
respirer que dans un espace de quelques pieds
carrés et à ne se donner de mouvement que
celui de sa plume entre ses doigts. Une maladie
de quelques jours le mit au tombeau, le 11 dé-
cembre 1857.
BLAZE (Hemu), baron de BURY, lils du
précèdent, n'est pas né à Cavaillon, comme le
ditQuerard (voy. Za Littérature française con-
temporaine, t. I, p. 616), mais à Avignon, en
1813. Après avoir terminé ses éludes à Paris,
il s'est fait connaître par des poésies et par des
morceaux de littérature et de critique qui ont été
insérés dans la Revue des Deux-Mondes, dans
la Revue de Paris, et dans d'aulies recueils.
Ses premiers essais parurent en 1833 et 1834.
Plus tard il fut attaclvé à une ambassade près
d'une des cours du nord de l'Europe : ce poste
lui lit obtenir des décorations depUisieurs ordres
et le titre de baron. De retour à Paris, il y a re-
pris ses travaux littéraires. Au nombre de ses
ouvrages on remarque les productions dont voici
les titres : 1° Etudes littéraires sur Bec-
t'ioven (dans \aRevue des Deux-Mondes ; 2" sé-
rie, t. II, 1833). — 2° Musique des drames de
.Shakspcare ( ibid. 4^ série, t. 1er ^ i835). —
3° Revue musicale, suite d'articles (ibid., t. I
a XXX, 1835 à 1842). Tous ces morceaux ont
I été publiés sons le pseudonyme de Mans Wrr-
ner. — 4° Poètes et Musiciens de V Alle-
magne : Uhland et M. Dessauer (ibid., t- IV,
183,5). — M. Meyerbeer (ibid., t. V). 11 est as-
sez remarquable que l'illustre compositeur a été
déchiré par M. Blaze père dans ses écrits, tan-
dis que le lils exalte son mérite. — 5° Delamu-
sique des femmes. La Esmeralda (de M"e
Louise Berlin), ibid, 4* série, t. Vlll, 1836.
— 60 Lettres sur les musiciens français :
M. Halévy (Guida et Ginevra), ibid., t. XIII;
— De l'École fantastique et de M. Berlioz,
ibid., t. XVI, 1838. — 7° Adolphe iXourrit,
ibid-, t. XVII, 1839. — 8° M^e Sophie Loewe,
ibid., t. XXV, février 1841. —9° La Reine de
Chypre, musique de M. Halévy, ibid , t. XXIX,
janvier 1842. — 10° La Vestale, deMercadante.
— Le Stabat de Rossiui, ibid., t. XXIX, février
1842. — 11° Vie de Rossini; Paris, 1854, I vol.
in-12. Cette biographie a paru d'abord en une
suite d'articles dans la Revue des Deux-Mondes.
On a aussi publié sous le nom de M. Blaze de
Bury un volume intitulé : Musiciens contempo-
rains ; Paris, Michel Lévy frères, 1856, in-12 de
285 p. Ce volume est formé de morceaux donnés
par M. Blaze à divers recueils littéraires. Les
artistes dont il y est parlé sont Weber, Men-
dclsohn, Spolir, Jleyerheer, Niels-Gade, Cho-
pin, .Jenny Lind, Paer, Spontini, Cherubini,
Rossini, Bellini, Donizelti, RIercadante, Verdi ,
Auber, Hérold , Halévy, Félicien David , Adol-
phe Nourrit, La Pasta, La Malibran, La Sonlag.
BLAZOIV(TniBAUTDE), trouvère du treizième
siècle, était gentilhomme attaché à Thibaut,
roi de Navarre et comte de Champagne. Il se
(wurrait qu'il fût parent de Thomas de Blazon,
qui était sénéchal de la Rochelle en 1227 (Voy.
Usage des fiefs, par Brusset, t. P"", p. 490). Il
nous reste de lui neuf chansons notées : les ma-
nuscrits de la Bibliothèque impériale en ont con-
servé huit.
BLEI1\ (JM. le Baron François - Ance-
Alexandre), ancien officier général du génie, né
à Bourg-lès-Valence (Drôme), le 25 novembre
1767, apprit la musique dans sa jeunesse, et
entra comme élève à l'école des Ponts et Chaus-
sées , dont l'institution précéda celle de l'école
Polytechnique. Ses études terminées, il fut admis
conmie officier dans le corps des mineurs, et, de
grade en grade, parvint à ceux de maréchal de
campet d'inspecteur général du génie, après avoir
servi dans toutes les guerres de la République, du
Consulat et de l'Empire. Admis à la retraite en
1815, M. le baron Biein se fixa d'abord à Paris,
puis à Choisy-ie-Roi,oùil vécut, réunissant à la
fois dans ses travaux et ses études la musique.
444
BI.EIN — BLÊRNACK
îes matliématiques et l'économie politique. Après
•avoir lu quelques traités de composition et d'har-
monie, il fut conduit à se demander quels sont
les fondements naturels des lègles du contre-
.point, et ses recherches eurent pour objet de
résoudre ce problème. Après beaucoup d'expé-
riences et de calculs, il crut avoir trouvé les
Jois dont il pressentait l'existence dans les phé-
nomènes de vibration de corps sonores de di-
verses formes et dimensions. Cinq à six raé-
anoires sur cet objet furent présentés et lus en
partie dans les séances de l'Académie des sciences
de l'Institut, en 1823, 1824 et 1825, et des com-
missaires, au nombre desquels étaient Lacépède,
]MM. de Prony et Dulong , furent nommés. Plu-
sieurs circonslances s'opposèrent à ce que le
rapport sollicité par M. Clein fût fait. En 1827,
il crut ne devoir plus l'attendre, et il fit pa-
raître un extrait de ses mémoires sous cetilre :
Exposé de quelques principes nouveaux su7'
Vacoustique et la théorie des vibrations , et
leur application à plusieurs phénomènes de
la physique (Paris, 1827, in-4° de six feuilles
avec une planche). Une deuxième édition de ce
résumé , corrigé et augmenté, a été publiée chez
Bachelier, à Paris, en 1832, sous le litre de : Théo-
rie des vibrations, et son application à divers
phénomènes de phtjsiqiie. Les principes expo-
sés par JM. Biein rians cet ouviage sont basés
«l'une part Sur le phénomène du troisième son,
<léjà présenté comme fondement d'une théorie de
riiarmonie parTartini; de l'autre, sur deux phé-
nomènes de résonnance d'un cylindre et d'un
plateau métallique carré, qui, selonM. Blein, font
«ntendre l'un, la sixte dérivée de l'accord pai-
fait mineur; l'autre, le triton ou quartemojeure,
intervalle constitutif de l'harmonie dissonante de
la dominante, et principe de la tonalité moderne.
L'auleur de cette biographie, analysant le travail
de M. Blein, dans le deuxième volume de la Bé-
vue musicale (p. 49 à 56), a fait remarquer que
les phénoniènes observés par ce physicien, fus-
senl-ils démontrés, on ne pourrait en conclure,
comme le fait l'auteur du mémoire, que sur eux
repose la Ihéorie de l'harmonie et de la composi-
tion ; car la science de l'harmonie et l'art d'écrire
ont moins pour base des accords ou groupes iso-
lés de sons que des lois de succession établies sur
<les rapports d'affinité ou de répulsion. M. Blein
ciul devoir adresser au rédacteur de la Revue
musicale quelques lettres en réponse aux objec-
tions qui lui avaient été faites; elles [larurent
dans le même volume (p. 135, 224 et 365). Leur
objet principal était de déduiie les conséquences
<lcs principes émis par l'auteur dans son premier
mémoire. M. Troupenas, amateur de musique
et mathématicien insiniil, attaqua, dans une
lettre insérée au même recueil (p. 510-515) et
les expériences de M. le général Blein, et ses
calculs, et les résultats qu'il en déduisait. A l'é-
gard des |)hénomènes produits par la résonnance
du cylindre et d'un plateau carré, il faisait voir
qu'on n'en peut rien conclure quant au mode
mineur et à l'harmonie du triton, puisque des pla-
teaux hexagones, pentagones et ortogones four-
niraient d'autres harmonies de sixte, un peu plus
fortes que la sixte mineure, et môme la sixte ma-
jeure, etc. Les calculs de proportions d'intervalles,
et la construction de la gamme chromatique de
M. Blein n'étaient pas plus ménagés dans la
lettre de M. Troupenas, à laquelle le général ré-
pondit par une autre lettre ( lievue musicale ,
p. 562-564). Plus tard, poursuivant l'objet de
ses recherches, qui n'était autre que la construc-
tion d'une théorie rationnelle de la musique con-
sidérée sous le triple rapport de la tonalité, de
la mélodie et de l'tiarmonie, M. le général Blein
travailla à la réforme de la gamme diatonique,
et proposa de nouvelles dénominations pour ses
divers degrés et une nouvelle manière de l'écrire,
dans une lettre insérée en 1828 au quatrième vo-
lume de la Bévue musicale (p. 537). Enfin, ré-
sumant tous les faits qu'il considérait comme les
principes fondamentaux de l'art et de la science,
il rédigea un corps complet de doctrine dont les
publications antérieures n'étaient que les prolé-
gomènes, et le fit paraître sous ce titre : Prin-
cipes de mélodie et d^harmonie déduits de
la théorie des vibrations ( Paris, Bachelier,
1832, in-8° de cent pages, avec plusieurs plan-
ches et tableaux). La lecture de cet ouvrage met
à nu le néant de la théorie de Blein sous le dou-
ble aspect de la mélodie et de l'harmonie. Trou-
penas a fait en 1832, dans. Isl Revue 7nusicale
(p. 121 et suiv.), une analyse un peu dure, mais
juste, des erreurs fondamentales échappées à l'au-
teur de cette théorie. Le général Blein est mort à
Paris, le 10 juillet 1845.
BLERiXACK (Joseph), maître de cha-
pelle de l'église paroissiale de Saint-Pierre, à
Vienne, est né en 1780, àRaggendorf, sur la fron-
tière de la Hongrie. Son père , instituteur en
cet endroit, le destinait à la carrière de l'ensei-
gnement, et lui donna des leçons de musique et
de littérature. En 1798, Blernack suivit à Vienne
les cours de l'École Normale; mais le penchant
pour l'art musical l'emportant dans son esprit
sur tout autre, il renonça à la profession d'ins-
tituteur, pour prendre celle d'artiste dramatique.
En 1802, il entra au théâtre Léopoldstadt comme
premier ténor. Sa belle voix et son exécution
pleine de goût et d'expression lui assurèrent là
BIXRNACK
BLIESENER
4-4&
favenr constante lUi iiublic. Pemlant ilix-sept
ans il remplit aussi les fondions de ténor solo à
l'église Saint-Pierre, sons la direction <iu maître
de chapelle Preindl, dont il fut le successeur
en 1824. A dater de ce moment, lîlernack se li-
vra exclusivement à la composition de la mu-
sique d'église, pour laquelle il avait montré de
tout tein|)s un goût prédominant. Les ouvrages
qu'il a produits en ce genre, dans l'espace de dix
ans, consistent en quatorze messes, dont dix brè-
ves et quatre solennelles, vingt-cinq graduels,
vingl-neuf offertoires, dix Tanlum ergo, et deux
Te Deum. Quelques-unes de ces compositions
ont été publiées.
BLEWITT (JoN\s), organiste ii Londres,
vers la (in du dix-huitième siècle, estmorten 1805.
Il est auteur du premier traité de l'orgue qui ait
été publié en Angleterre, sous ce titre : Trcadse
on the organ with explanatorij voliintarics,
op. 4. Londres, Droderip. On a aussi de lui ; Tcn
Vnliuitaries, or pièces for the Organ, in easrj
inid fmniliar style; equallij adapledfor the
Church or chamber ivith Organ, proper direc-
tions for the ttse of the Stops (Dix fantaisies,
ou [lièces pour l'orgue, dans un style aisé et fa-
milier; adaptées à l'orgue d'église ou de cham-
bre, avec des instructions pour l'usage des jeux),
op. 5, et Tu cire cas y and familiar move-
ments for the Organ, ivhichmay be used ei-
ther seperatclg or in continuation, so as ta
form one complcle Voluntary ( Douze mor-
ceaux aisés et agréables pour l'orgue, lesquels
peuvent être joués séparément, ou se lier dans
la forme d'une fantaisie complète), op. G.
BLEWITT (Jonatuan), fils du précédent,
est né à Londres en 1782.11 commença son édu-
cation sous la direction de son père, et fut en-
suite placé dans l'école de Jonathan BattishiU,
son parrain. Ses progrès furent rapides, et à l'âge
de onze ans il se trouva en état d'être nommé
remplaçant de son père. 11 devint ensuite orga-
niste de Black-Heafh, d'où il passa à Ilaverhill,
dans le comté de SuM'olk. Vers 1S02, il quitta ce
lieu pour aller à Brecon , oii il succéda à Caui-
pion.' Il y demeura trois ans, et ne quitta cette
pl.ice que pour se rendre h Londres, où il es-
pérait succéder à son père qui venait de nwu-
rir. Il voulait aussi faire représenter à Drurv-
Lane un opéra qu'il venait d'achever; mais ce
lliéâtre fut brûle précisément dans le même temps,
et quelques circonstances l'empêchèrent d'ob-
tenir la place qu'il sollicitait. Ces contraiiélés
l'obligèrent à quitter Londres pour prendre
possession de la place il'organiste de Shelfield,
qu'il avait obtenue au concours. En 18tl,il
visita l'Irlande, et devint directeur et coiuiio'^i-
tcur du théûlrc royal de Dublin. Il fut ensuite
organiste de l'église de Saint-André dans la môme
ville. On vantait ses improvisations sur l'orgue,
principalement dans le styhi fugué. Parmi ses
nombreuses compositions, on distingue les sui-
vantes : 1° The Corsaire (le Corsaire), opéra.
— 2" The Magician (le Magicien). — 3° The
Island of Saints (l'Ile des Saints), opéra. —
4° Concerto pour le piano. — 5° Grande sonate
pour le piano. — (i° Divertissement royal écos-
sais. — 7° Duos pour piano. — 8" The vocal
Assistant. — Q<^ Simplilicalion de modulation et
d'accompagnement. — 10° Caprice pour l'or-
gue, etc., etc.
BLEYER (Nicolas), fut musicien de ville
à Lubeck, pendant trente-sept ans , et mourut
dans cette ville le 3 mai 1058, âgé de soiNante-
huit ans. 11 a publié : Nene Paduanen, Gagliar-
den, Canzonen und Sinfonien (Nouvelles pa-
vannes, gaillardes, chansons et symphonies);
Leipsick , 1624,in-4o. Ce sont des pièces de
musique inslnmientaleà quatre parties, d'un as-
sez bon style.
BLEYER (Georges), musicien et secrétaire
du comte de Schwartzbourg-Rudolstadt, vers
lf.60, naquit, selon Walther, à Saalfedt, et selon
Wolfram, à Lubeck. Il a fait im|)rimer les ouvra-
ges suivants de sa composition : 1° Lust-Musik
in vierstimmigen verschiedenen Slûcken bes-
tehend (Musique joyeuse à quatre parties, con-
sistant en pièces de différents genres), première
et deuxième partie, Leipsick, 1G70, in-4".^ 2"
Mitsicaliscfie Andnchten nher die Sonn-und
FesttagS'Evangclien, bcstehcnd in 4, 5, 6 und
8 Stinunen (Dévotions musicales sur les Évan-
giles des dimanches et fêtes, à 4, 5, 6 et 8 voix)
Jena, in-4o.
BLIESEi\ER (Jean), violoniste, né en
Prusse, vers 17G5, fut élève de Jainowick. Admis
dansla musique particulière de la reine de l*iusse,
en 1791, il resta attaclié au service de cette prin-
cesse jusqu'après la bataille de Jena, en 1805;
époque 011 la musique de la cour fut dispersée.
J'ignore quel a été l'emploi de Bliesener depuis ce
temps. En 1801, il annonça qu'il avait inventé
un alphabet musical composé de cinq ligures, au
iiuiyen de quoi on pouvait, en quelques heure*,
apprendre à communiquer ses idées par le jeu
iiiccaniqiie d'un instrument quelconque. Il n'a
point révélé son secret; mais il y a lieu de croire
qu'il y avait quelque analogie entre sou inven^
lion et un système d'écriture mélodique publié
précédemment par Woldemar(?;o(/. ce nom), et
plus encore peut-être avec la langue musicale
inventée plus tard par M. Sudre [voy. ce nom)-
Li's compositions publiées par Bliesener sont •.
446
BLIESENER — BLONDEAU
10 Trois duos pour deui violons; Berlin, 1789.
— 2" Trois quatuors concertants pour deux
violons, alto et violoncelle, op. 2; Berlin,
Hummel, 1791. — 3° Trois idem, op. 3; ibid.,
1792. — 4° Trois duos pour deux violons,
op. 4 ; ibid. 1795. — 5» Trois quatuors concer-
tants pour deux violons, alto et violoncelle,
op. 5; ibid., 1797. — 6° Trois ident), op. 6; ibid.
1799. — 7° Trois duos pour violon et alto, op.
7 ; ibid., 1800. — 8° Concerto pour violon prin-
cipal, avec accompagnement d'orchestre, op. 8 ;
ibid., 1801. Ce musicien a écrit aussi quelques
ouvrages pour la flûte, et trois duos pour deux
violons, oeuvre 15 ;Leipsick,Breitl<opf et Haertel.
11 est mort à Berlin au mois de février 1842, à
l'âge de soixante-dix-sept ans.
BLIESENER (Louis), fils du précédent,
clarinettiste distingué, vit à Berlin. Il n'a rien
publié de sa composition.
BLIi\ (M. S.), organiste de la catliédrale de
Paris, naquit à Beaune, le 19 juin 1757. Son
nom de famille était Lacodre; mais orphelin
dès l'âge de quatre ans, il fut confié aux soins
d'un parent nommé Blin, organiste de l'église
des Dominicains de Dijon, qui l'éjeva et lui donna
son nom. A l'âge de onze ans, il remplissait
déjà les fonctions d'organiste d'une commande-
rie dite du Saint-Esprit, près de Dijon. Legros,
chanteur de l'Opéra, ayant entendu le jeune or-
ganiste, en 1771, l'engagea à se rendre à Paris.
Blin suivit ce conseil et fut accueilli favorable-
. ment par Balbastre, qui le confia aux soins de
l'abbé Roze, alors maître de musique des In-
vocen/s, pour qu'il lui enseignât la composition,
f t le plaça ciiez M. Godelroi de Villetaneuse, où
il eut souvent occasion de faire de la musique
avec J.-J. Rousseau. Les connaissances de l'ar-
tiste dans l'art de jouer de l'orgue furent com-
plétées par les conseils qu'il reçut du célèbre or-
ganiste Séjan. En 1779, Blin fut nommé or-
ganiste des Dominicains de lame Saint-Honoré;
en 1791, il obtint l'orgue de Saint-Germain-
l'Auxerrois. Enfin, en 1806, il succéda à Desprez
comme organiste de la métropole. La manièie
dont il remplit ses fonctions lui mérita l'estime
de tous les artistes instruits. Possédant une con-
naissance profonde de la nature et des ressour-
ces de l'orgue, il savait en varier les effets. Ses
compositions étaient correctes, d'un style élégant
et pur. Il a publié quelques morceaux dans le
Journal de Leduc, entre autres des variations
pour le piano sur l'air : Ah! vous diraî-je, ma-
man ! Beaucoup de pièces d'orgue , compo-
sées et exécutées par lui , sont restées en
manuscrit. Bliu est mort à Paris, le 9 février
1834.
BLOCKLAIVD ( Corneille de ). Voyez
Brockland.
BLOIVDEAU (PiERRE-AuGusTE-Louis), com-
positeur, écrivain sur la musique, et professeur
de composition, né à Paris, le 15 août 1784, entra
au Conservatoire de musique au mois de frimaire
nnviii (janvier 1800) dans la classe deBaillot,où
il se livra à l'étude du violon. Après avoir étudié
le contre-point sous la direction de Gossec, il de-
vint élève de Méhul pour la composition, et rem-
porta, en 1 808 , le premier grand prix au concours
de l'Institut; ce qui lui procura la pension du
gouvernement pour aller à Rome et à Naples.
Le sujet de la cantate proposé pour le prix était
Marie Stuart. De retour à Paris, Blondeau est
entré à l'orchestre de l'Opéra, comme alto. Il
s'est retiré en 1842. Cet artiste a publié de sa
composition sept œuvres de quatuors pour violon,
de trois quatuors chacun; trois livres de trios
pour 2 violons et basse, ou violon, alto et basse ;
douze livres de duos pour divers instruments;
deux livres de sonates pour violon avec ace. de
basse ; trois livres de nocturnes pour piano et
violon; trois airs variés pour violon; un con-
certo pour clarinette (en fa) avec orchestre; un
concerto pour basson (en ut) avec orchestre ; des
morceaux détachés pour piano ; trois livres de
sonates de Beethoven pour piano arrangées en
quatuors pour 2 violons, alto et basse; trois li-
vres de basses chiffrées pour l'accompagnement •
des romances et des chansonnettes avec accom-
pagnement de piano. Tous ces ouvrages ont été
gravés à Paris. Sa cantate de A7aî7eS<?<a/'< a paru
en 1809 dans le Journal hebdomadaire de Le-
duc, n°^ 45-48. Comme écrivain sur la musique,
Blondeau a fait imprimer : lo Revue musicale,
ou nouvelle méthode dédiant, Paris, Eberardt,
1 vol. in-80. — 20 Traité des principes élémen-
taires et constitutifs de la musique; Paris,
Richault. — 3" Traité d^harmonie; ibid. —
4o Traité du contre point, de l'imitation et de
la fugue; ibid. — 5° Histoire de la musique
moderne, depuis le premier siècle de l'ère chré-
tienne jusqu'à nos jours; Paris , Tantenstein et
Cordel, 1847,2 vol. in-8". Blondeau a fait repré-
senter ou exécuter de grandes compositions qui
n'ont pas été imprimées, entre autres: 1° Te
Deum, à quatre voix et orchestre, exécuté
à l'église du Panthéon, à Rome, en 1810, à l'oc-
casion de la fête de l'empereur Napoléon. — 2°
Te Deum, à 4 voix et orchestre, exécuté aux Ba-
tignolles près de Paris, le 31 décembre 1846, à
l'occasion du mariage du duc de Montpensier
avec l'infante d'Espagne. — 3» Messe à 8 voix
en 2 chœurs avec orgue, exécutée à l'église
Saint- Thomas d'Aquin, à Paris, en 1814.
BLONDEAU — BLOW
417
— 4° Cosi si fà a' Gelosi, opéra boirffe en deux
actes, représenté à Penigia, en 1812. — 5° Al-
manzor, ballet pantomime en trois actes , repré-
senté snr le théâtre do Lisbonne, en 1814. —
Co Trois ouvertures à grand orcliestre, exécutées
aux concerts de M"* Calalani , en 1815, à Paris.
Blondeau a laissé en manuscrit une messe à six
voix avec orchestre; une messe à sept voix avec
orchestre ; un Te Deum à cinq voix avec orclies-
tre ; quinze offertoires à cinq voix avec orchestre;
des duos de violon ; des cantates; des romances;
une traduction française du Prince de Machiavel ;
une traduction de l'histoire des Pays-Bas, de
Owicciardini; des poésies; environ quinze volu-
mes d'observations philosophiques, politiques, es-
thétiques, etc.
BLOiXDEL ou BLOiXDIAUX DE NES-
LES? trouvère dont il nous reste seize chansons
notées dans les divers manuscrits de la Bibliothè-
que impérialede Paris, notammentdans ceux qui
sont cotés 65 et 66 (fonds de Cangé). Ginguené ,
qui a donné une notice sur ce musicien poète,
dans la continuation de Y Histoire littéraire de
la France des Bénédictins (tome XV, p. 127),
pense que c'est le même qui tira de sa prison Ri-
chard Cœur-de-Lion. Tout ce qu'on sait de sa
personne, c'est qu'il était né dans la petite
ville de Nesle, en Picardie. L'époque où il vit le
jour doit être vraisemblablement (ixée vers 1 160,
car il était encore jeune quand il passa en An-
gleterre pour s'attacher à Richard, qui rlionta sur
le trône vers tl89. Tout le monde connaît le
dévouement du trouvère pour son maître. Sé-
daine, qui a fait de ce personnage le sujet d'un
opéra devenu célèbre par la musique de Grétry,
a suivi le récit d'une ancienne chronique rap-
portée par Fauchet dans son livre des Poètes
français, liv. i. Je ne puis résister au désir
d'en rapporter un fragment intéressant par sa
naïveté : «■ Quand le Roi Richard eust esté faict
« prisonnier, Blondel pensa que ne voyant son
« seigneur il lui en estoit pis, et en avoit sa vie
'< à plus grantmésaise; et sy estoit bien nouvelles
« que il estoit party d'ontremer , mais nus ne
« savoit en quel pays il estoit arrivé, et pour ce
« Blondel chercha maintes contrées, sçavoir se
(i il en pourroit ouyr nouvelles. Sy advint aprez
« plusieurs jours passez, il arriva d'aventure en
« une vile assez prez du chastel ; et l'hoste lui dit
« qu'il estoit au duc d'Autriche. Puis demanda
'< se il y avoit nus prisonniers, car lousiours en
« enqueroil secrètement où qu'il aliast: mais il ne
« savoit qui il estoit, fors que il avoit esté bien
«■ plus d'un an. Quant Blondel entendist cecy, il
'< tist tant qne il s'accointa d'aucuns de ceux du
" chaste!, comme ménestrels s'accointent légiè-
« rement; mais il ne pustvoir le roy, ne savoir
« sy c'estoit il. Sy vint un iour en droit d'une fe-
<c nestre où estoit le roy Richard prisonnier, et
« commença à chanter une chanson en françois,
« que le roy Richard et Blondel avoient une fois
« faicte ensemble. Quand le roy Richard enten-
« dist la chanson, il cognent que c'estoit Blondel;
■c et quarMl Blondel ot dicte la moitié de la
« chanson, le roy Richard se prist à dire l'autie
« moitié et l'acheva. Et ainsy sceut Blondel que
« c'estoit le roy son maître. Sys'en retourna en
« Angleterre, et aux barons du pays conta l'ad-
« venture. «Blondel fut contemporain du clià-
telain de Coucy, et l'on peut ranger ses chansons
parmi les pins anciennes de la langue française.
Laborde en compte vingt-six ; mais dans ce
nombre il y en a plusieurs dont l'authenticité
n'est pas démontrée. A l'égard des mélodies de
ces chansons, leur caractère ne diffère en rien
de celui des chansons du châtelain de Coucy.
BLONDEL (Locis-NicoLAs), musicien de la
chapelle de Louis XIV, a publié des Motets à
deux, trois et quatre parties avec la basse con-
tinue, propres pour les concerts et pour
toutes les dames religieuses, Paris, 1671, in-
4" ohlong.
BLONDET (Abraham), chanoine et maître
de musique de Notre-Dame à Paris, naquit dans
cette ville, vers 1570. On connaît de lui un re-
cueil intitulé : Officium D. Cacciliœ virginis
ctmartyris musicorum patrona: concentibus
expressum ; Paris, 1611, in-4o. On y trouve les vê-
pres de Sainte-Cécile à quatre voix, des psaumes
à cinq et des messes à dix. Blondet a composé, en
1606, pour l'Académie royale, la niusique d'un
ballet intitulé : Céciliade, qui ne fut représenté
qu'à la cour.
BLOW (Jean), docteur en musique, né à
Nortii-Collingham, vers I64S, fut placé comme
enfant de chœur à la Chapelle royale, après la
restauration. Son premier maître de musique fut
Capitaine Cook. Il prit ensuite des leçons de
Hingeston, et en dernier lieu de Christophe Gib-
bons. A la mort de Humphrey, arrivée en 1674,
Blow re.çut le titre de maître des enfants de la
Chapelle royale. Il y joignit celui de compositeur
de la chambre du roi en 18So; il paraît qu'a-
lors ce titre était purement honorifique. On
ignore à quelle époque il devint aumônier et
maître des choristes de Saint-Paul; mais on sait
qu'il se démit de cette place en 1693, en faveur
de son élève Jérémie Clark. Blow n'était gradué
d'aucune université, mais le docteur Sancroft,
en vertu deson pouvoir comme archevêque de
Canterbury, lui conféra les degrés de docteur en
uiusi lue à Lambeth. La plare d'organiste de-
448
BLOW ~ BLUM
l'ahbaye de Westminster étant devenue vacante
en 1693, par le décès de Purcell, Blow en fut
pourvu, et la conserva jusqu'à sa mort, arrivée
le l" octobre 1708. On a du docteur Blow beau-
coup de musique d'église répandue dans la
Cathedral Music de Boyce, dans la Sacred
music de Stevens, dans la Musica antiqua de
Smitli, dans la collection de Clifford, et dans
VHarmonia sacra. Le succès de VOrphœus
Britannicus de Purcell détermina Blow à pu-
blier un ouvrage du même genre, sous ce titre :
Amphion Anglicus, contaïning Compositions
for one, two, titrée and four voices , with
accompanyments of instrumental Music, and
a Thourough bass, figured for the Organ,
Barpsichord , or Theorbolute (Ampliion an-
glais, contenant des compositions pour une,
deux, trois, quatre voix avec acconipagneraentde
musique instrumentale, etc.) ; Londres, 1700. Il a
aussi fait imprimer une collection de pièces de
clavecin sous le litre de : A sel of Lessons for
the Harpsicliord or Spinett, et a mis en mu-
sique une ode à sainte Cécile, par Oldham, qui
fut exécutée en 1684, ainsi qu'ui.e autre sur la
mort de Purcell, par Dryden. Le docteur Bur-
ney dit que le style de Blow est élevé et liardi,
mais qu'il est inégal, et souvent malheureux
dans les essais d'une harmonie et d'une modula-
tion nouvelle. Le poitrait de ce compositeur se
trouve en tcte àeVAmphion anglicus, dans
VjJniversal Magazine, et dans le quatrième vo-
lume (le l'histoire de la musique de Hawkins.
BLUIIER (CUKÉTIEN -GOTTLIEB- AUGUSTE),
compositeur et cantorà Gorlitz, naquit dans cette
ville, et y mourut le 25 mai 1839, dans un âge
peu avancé. 11 avait dirigé la fête musicale de la
société de chant de la Lusace supérieure, le 7
octobre 1835, et avait été nommé directeur de
musique à Gorlitz en 1838. On connaît de lui
un Sanctus et un Kyrie pour un chœur de voix
seules qui furent exécutés à la fête musicale de
Gorlitz en 1835, et six chants faciles pour so-
prano, alto, ténor et basse ; Leipsick, Breitkopf
et Hœrtel. On a aussi de ce musicien un traité
élémentaire de musique intitulé : Kurzer Ele-
mentar-JJnterricht in Gesange; ibid., 1833,
in-4°.
BLUIIME (Jean), musicien de la chapelle
du roi de Pologne, llorissait en 1729. Le cata-
logue de Breitkopf indique un recueil manus-
crit de la composition de ce musicien, sous ce
titre : IV Concerti a liuto concertante , due
violini, viola e basso . liaccolla T.
BLUM (Charles- Blume, dit), poète et mu-
sicien, compositeur titulaire de la cour du roi
de Prusse, est né à Berlin en 1788, suivant
M. Ch. Ferd. Becker (Die Tonkûnstler des
19" Jarhh., p. 78), en 1790, d'après le même
{Sijstem. Chronol. Darstellung der musical.
Literatur, p. 346) , le lexique universel de
Schilling et celui de Gassner, et enfin, en 1786,
si l'on s'en rapporte au Conversations- Lexikon ,
édit. de 1832. Cette dernière date est la plus vrai-
semblable. En 1805, il .>ntra dans une troupe de
comédiens dirigée par Quandt, et s'y fit remar-
quer comme chanteur ; ensuite il alla à Kœnigs-
berg, et y étudia la composition sous le directeur
de musique Hiller ((ils de Hiller de Leipsick).
Plus tard il retourna à Berlin, et y (it représenter,
en 1810, son premier opéra, Claudine de Villa-
^fi^to. Cet ouvrage fut accueilli avec beaucoup
de faveur par les Beilinois. Dès ce moment
Blum écrivit beaucoup de musique instrumen-
tale et de chant. En 1817 il alla à Vienne, où il
trouva un ami et un professeur éclairé en Salieri.
C'est en quelque sorte sous la direction de cet
artiste qu'il écrivit son opéra Da5 Rosen Hiitchen
(Le petit chapeau de roses). Cet ouvrage, qui eut
trente-neuf représentations consécutives, fut suivi
du ballet û' Aline, représenté au théâtre de la
cour. En 1820, le roi de Prusse nomma Blum
compo.sifeur de la chambre. Vers le même temps
cet artiste se rendit à Paris pour y étudier les
styles de Boieldieu, de Cherubini et d'Auber. En
1822, il retourna à Berlin, où l'administration du
théâtre royal de l'Opéra lui fut confiée pendant
quatre ans. 11 prit ensuite celle du théâtre de
Kœnigstadt; mais il la quitta après la deuxième
année de sa gestion. Depuis lors, il a fait plu-
sieurs voyages en Allemagne, en France et en
Italie. Vers le mois de lévrier 1830, il était à
Paris. De retour à Berlin, il n'a plus accepté
d'emploi fixe ; son occupation principale est deve-
nue la traduction de beaucoup d'ouvrages dra-
matiques qu'il a arrangés pour la scène allemande.
Il a fourni aussi des articles relatifs à la musi-
que à plusieurs journaux. Ses traductions d'o-
péras et de vaudevilles sont considérées comme ■
préférables à toutes les autres , et les Alle-
mands y reconnaissent un mérite de stylé
fort rare. En 1830, il a publié à Berlin, chez
Schlesinger, une traduction allemande de la pre-
mière édition du livre de l'auteur de celte bio-
graphie, intitulé ; La musique mise à la portée
de tout le monde, sous ce titre ; Die Musik,
Handbuch fur Freunde und Liebhaber dieser
Kunst (un vol. in-12). Cet ouvrage est écrit en
général d'une manière élégante.
Les principaux opéras de Blum sont : 1° Zo-
raïde, ou la Paix de Grenade, dont la partition
a été gravée à Mayence, chez Schott. —- 2° Les
Pages dti duc de Vendôme. — 3° Canonicus
BLUM — BLUMENTHAL
449
Schuster (lo Chanoine cordonnier). — 4° Die
Nachtwandlerinn (la Somnambule). Jl a ar-
rangé aussi la musique de plusieurs petits opé-
ras ou vaudevilles, par exemple, VOurs et le
Pacha, Le Mariage de douze ans, etc. Le style
de Blum est gracieux, léger, l)ien adapté à la
scène, mais dépourvu de force et d'originalité.
On a de lui une grande quantité de chansons
allemandes, de romances et d'autres pièces tu-
gilivcs pour une voix seule, avec accompagne-
ment de piano, et des recueils de chants à |)lu-
sieurs voix d'hommes et de femmes, qui ont été
publiés à Vienne, Berlin, Hambourg, Leipsick et
Mayence. Parmi ses compositions instrumentales
on remarque : 1» Trois sérénades pour flûte,
clarinette, cor, deux violons, alto et basse,
œuvres 49, 50 et 51; Majence, Scliott. — 2°
Beaucoup de morceaux en quatuors, trios, duos
et solos pour la guitare, instrument dont Blum
jouait avec habileté. — 3° Quelques ballets à
grand orchestre, particulièrement Achille et
Aime. — 4° Quelques morceaux pour piano,
entre autres un Rondeau à la turque pour piano
et llùte, op. 33. On a aussi de lui une grande
méthode complète pour la guitare, divisée en
deux parties, dont la première est didactique
t't la deuxième pratique; Berlin, Schlesinger.
Blum est mort subitement à Berlin, le 2 juillet
1844.
BLUM (Robert), chantre de l'église catho-
lique à Nanmbourg (Prusse), s'est fait connaître
par l'ouvrage intitulé : Gebet-und Gesaugbuch
fur deulsch- Katholische-ChristenundChoral-
melodien (Livre de prières et de chant avec les
mélodies chorales pour les chrétiens catholiques
allemands); Naumbouig, 1843.
BLUiVlBEUGEN (Bakbf,), cantatrice cé-
lèbre par son talent et sa beauté, na(iuita luitis-
bonne. Charles-Quint, qui la vit en 1546, pen-
dant la diète de l'empire, en devint amoureux
et eut d'elle Don Juau d'Autriche. Dans la suite
il la maria à De Requel ; mais celui-ci étant mort,
en 1578, elle se retira au couvent de Saint-Cy-
prien, à Ma/otta, en Espagne. Elle n'y resta que
quatre ans, et elle fit un voyage à Lorette, oii
elle mourut eu 1589.
BLUME (Joseph), né en 1708 à Munich,
où son père était violoniste à la chapelle de la
cour, fut d'abord au service de l'électeur de Ba-
vière, et ensuite à celui du prince Lubomirski,
en Pologne, d'où il passa à la chapelle du [)rince
royal de Prusse en 1743. Il est mort à Berlin
en 1782. Ses caprices pour le violon lui ont fait
imegrande réputation en Allemagne.
BLUME (Henri), frère de Charles Blum, né
à Bt-ilin en 1788, fut chanteur dramatique es-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS, l. — I.
timé en Allemagne. Sa voix était un baryton
étendu. Après avoir fait ses études de chant sous
la direction de Gern, il débuta au théâtre royal
de Berlin en 1808, dans le Sacrifice interrompu,
de Winler. Son rôle de prédilection fut celui de
Don Juan : il le joua pour la première fois le 2
juillet 1812, et y produisit beaucoup d'effet. Re-
tiré du thé;\tro en 1848 avec une pension, après
quarante années de service, il a chanté pour
la dernière fois dans la représentation à son bé-
nétice, le 7 octobre de le même année.
BLUMENUOEDER (Charles), composi-
teur et directeur de musique à Nuremberg, est
né dans cette ville, vers 1789. Il était âge d'en-
viron vingt et un ans, lorsqu'il (it représenter au
théâtre royal de iMunich, en 1810, l'opéra de Tu-
randot, avec une musique nouvelle: l'ouvrage
eut peu dj; succès. Dans la même année, il donna
au même théâtre, pour la fête du roi de Bavière,
La Chasse, opéra-comique, qui fut mieux ac-
cueilli. Ayant été nommé directeur de musique
dans sa ville natale en ISlC, il imprima à la cul-
ture de l'art plus d'activité qu'elle n'en avait
auparavant chez les habitants de Nuremberg, et
organisa des concerts qui obtinrent les applaudis-
sements detousles amateurs. En 1824 il lit repré-
senter un nouvel opéra de sa composition inti-
tulé : Die Bilrcjschaft (La Bourgeoisie), qui eut
beaucoup de succès. Blumenrceder a dirigé les fê-
tes musicales de la Bavière à Nuremberg, en 1834
et 1835. On a imprimé de cet artiste : Douze
chants funèbres à quatre voix, à Nuremberg, en
18.14, chez Riegel et Wiesmcr.
BLUMEiX'TIIAL (Joseph de), est né à
Bruxelles le 1"'' novembre 1782. Sou père, qui
avait un emploi <lu gouvernement autiiihien, se
rendit à Prague, à l'époque de la révolution bra-
bançonne. Le jeune Blumentlial apprit à jouer du
violon, ainsi que ses deux frères Casimir et Léo-
pold. Ils eurent tous trois l'abbé Vogler pour
maître de composition. Lorsque ce compositeur
alla à Vienne écrire son opéra de Samori (en
1803), il recommanda ses élèves au directeur du
théâtre, et sur son témoignage, ils furent admis
dans l'orchestre, Joseph comme alto, les deux
autres comme violonistes. Pendant vingt ans
environ, Joseph écrivit beaucoup de musique
dramatique dont une partie a été attribuée à ses
trères. Ses principaux ouvrages sont : 1" Don
Sylvio de Kosalba, opéra romantique. — 2" Le
deuxième acte de l'opéra féerie Der hurze
Manlel (Le Manteau court). — 3° Desentr'acteset
chœurs pour un grand nombie de drames, tels
que Colomb, Le Roi Lear, Turandot , Kàth-
chen von Heilbronn ( La petite Catherine de
Heilbronn) , Fcrnand Cortez, etc. — Les mé-
•29
450
BLU3IERTHAL — BOCCABADATI
lodrames Camma, et Mennsko et Elwina. —
5" Un ballet pantomime. — 6° Plusieurs sym-
phonies à grand orchestre. — 7° Des quatuors
faciles pour deux violons, alto et basse, op. 38.
— 8° Des variations sur différents thèmes, entre
autres sur un air de )a Cenerentola de Rof^-
sini, op. 32 ; Vienne, Medietli. — 9" Des trios
pour deux violons et violoncelle, op. 34; Vienne;
Haslinger. — 10° Duos faciles pour deux vio-
lons, œuvres 18, J9 et 20 j ibid. — 11° D'autres
duos concertants, et des variations sur diffé-
rents thèmes, pour deux violons. — 12° Une mo-
Ihoile théorique et piatique de violon ; ibid. —
13° Quatuors brillants pour flûte op. 31 ; Vienne,
Artaria. — 14° Des messes et autres composi-
tions religieuses. — 15° Des cantates d« circons-
tance. — IG» Des chants à plusieurs vois et à
voix seule, et beaucoup d'autres composilions.
Joseph Blumenthal était directeur du chœur à
l'église des Piaristes lorsqu'il mourut à Vienne,
le 9 mai 1850, à l'âge de soixante-dix ans et
quelques mois. Son frère Casimir a été direc-
teur de musique à Zurich; il est mort à Lau-
sanne en 1849, et Léopold fut attaché à la mu-
sique d'un grand seignein- en Hongrie. Tous deux
ont publié des solos de violon, des airs variés
pour le môme instrument, et divers autres ou-
vrages.
BLUMENTHAL (Jacques), pianiste et
coin[iositeur pour son instrument, est né à Ham-
bourg, le 4 octobre 1829. Avant l'âge de dix ans
il commença l'étude du piano sous la direction
du professeur Grand, et dans sa quatorzième
r.nnée il se rendit à Vienne, où il eut pour maître
de piano Bocklet, et pour professeur de com-
position Simon Sechter. Arrivé à Paris en 1840
il y continua ses études de composition dans le
cours de Halévy, au Conservatoire. Il était alors
âgé de 17 ans; c'est à cette époque qu'il com-
mença à se faire connaître par quelques légères
productions pour le piano, au nombre desquelles
on remarque La Source, petite pièce élégante
qui obtint un succès de salons. Les événements
Dolitiques de 1848 obligèrent Blumenthal à s'é-
loigner de Paris pour aller s'établir à Londres,
ûinsi que beaucoup d'autres artistes. Ce chan-
gementde position, qu'il considérait alors comme
im malheur, devint la source de sa fortune. Dis-
tingué parla reine d'Angleterre et par le [irince
Albert, il eut bientôt le patronage de toute la
haute société anglaise, et devint le pianiste en
vogue. Depuis lors il ne s'est plus éloigné de
Londres, que pour fiiie des voyages sur le con-
tinent. On a publié à Paris, chez Bramlus, à
Milan et en Aliemngne, des fantaisies, des noc-
turnes, des mélodies et des marches pour le
piano, de la composition de Blumenthal. Son
trio pour piano , violon et violoncelle, op. 26,
est considéré comme son meilleur ouvrage.
BLYMA (François-Xavier), bon violoniste,
était chef d'orchestre du théâtre de Moscou eu
1796. Il paraît avoir quitté cette place en 1801.
]lmourutàKiew,aumois de mai 1822, dans la po-
sition de chef d'orchestre du comte de Combur-
ley, amateur passionné de musique. Blyma était
artiste distingué comme violoniste, comme chef
d'orchestre, et comme compositeur de musique
instrumeniale. Sa symphonie en ré, œuvre
deuxième, pourrait être encore entendue avec
plaisir, nonobstant les développements que ce
genre de musique a reçus depuis l'époque où
elle fut écrite. Le catalogue de Traeg (Vienne,
1799) indique un Concerto de violon avec accom-
pagnement iVorchestre , en manuscrit, de sa
composition. 11 a publié : l" Grande symphonie,
op. 1; Moscou, Lieschold. — 2° Symphonie eurfi,
op, 2^; Bonn, Simrock. — 3° Plusieurs œuvres
de solos et de pots-pourris pour le violon avec or-
chestre. — 4° Trois airs varii's pour violon, avec
accompagnement de violon et basse ; Leipsick,
Bn'itkopfet Ha-rtel.
BOBHOWICZ (Jean-Népomucène de),
guitariste i>olonais et compositeur pour son ins-
trument, est né sur les frontières de l'Ukraine,
au commencemtînt du dix-neuvième siècle. Après
les événements qui ont désolé la Pologne en
1831, il s'est réfugié à Leipsick, s'est fait enten-
dre dans les concerts comme virtuose, et s'y est
livré à l'enseignement de la guitare. Il y vivait
encore en 1842, et y avait publié environ 40
œuvres de pièces de tout genre parmi iesquelleson
remarque: Thèmes divers variés, op. 0, 7, 10,
12, 13, IC, 18, 20, 28, .30; Leipsick, Breilkopf
et Ilacrtel. — Sonvenir de la Pologne, pot pourri
pour guitare et violoncelle; ihid. — Marches,
op. 19 et 25; ibid. — Rondeau brillant, op. I7j
ibid. — Valses et Polonaises, op. Il, 24; ibid.
BOCAIV. Voy. CORDIER (Jacques).
BOCCABAD.\TI (Louise), cantatrice, née
à Parme où elle fit son éducation vocale dans
un couvent, débuta en 1817 au théâtre de celle
ville avec un brillant .succès. Après avoir chanté
sur plusieurs théâtres de l'Italie, elle fut appelée
à Munich, où sa belle voix et son excellente mé-
thode firent une impression très-favorable sur le
public. De retour en Italie, elle chanta à Venise,
en 1823 , à Rome dans l'année suivante, à Milan
en 1826, et retourna à Rome en 1827. Partout
elle était accueillie aux applaudissements des
Dileltnnti. Son talent était remarquable parti-
culièrement dans l'opéra bouffe, qui alors avait
encore de chauds partisans. I^es entrepreneurs de
BOCCABADATI — BOCCHERINI
451
tous les grîinds lliéi\tres reclicrcliaient M™* Boc-
cabadati, à cause de sa verve dans les ouviages
de ce genre. Naples voulut la conserver pendant
les années 1829, 30 et 31. Le compositeur Des-
préaux écrivait de Naples , le 17 février 1830, une
lettre dans laquelle on lit ce passage : « La Boc-
« cabadati fait fureur. C'est une petite femme
« sèche et noire, qui, sans (>tre vieille, n'est
« pas non plus dans son printemps. Elle exécute
« bien les difficultés; mais elle manque d'élé-
« gauce, de giàce, et ne charme pas. Sa voix,
« qui a de l'étendue, est un peu criarde dans le
« haut, mais du reste fort juste (voij. la Revue
« musicale, t. VII, p. 172). » Berlioz, qu'on ne
peut accuser de partialité en faveur des mu-
siciens de l'Italie, était plus favorable àM"*^ Boc-
cabadati,en 1832, lorsqu'il écrivait {Lettres d'un
enthousiaste, dans la Revue musicale, t. XII,
p. 75) : « M""^ Boccabadali est un fort beau ta-
'<■ lent qui mérite peut-être plus que sa réputa-
« tion. » En 1833, elle chantait à Londres, puis
à Turin, où elle fut rappelée pour trois saisons.
A Lisbonne elle excita l'enthousiasme pendant
les années 1840, 41 et 42. Rentrée dans sa patrie,
elle chanta à Turin en 1843, à Gênes en 1844,
et à Palerme dans l'année suivante. Après cette
époque, elle dispara!! de la scène, et les rensei-
gnements manquent sur sa personne et la suite
de sa carrière. M"'*' Boccabadali avait épousé un
M. Gazzuoli, dont elle a eu un fils et une (ille
(Augîistine Boccabadali- Gazzuoli), qui chanta
à Paruie, en 1844, à Gènes en 1845, et à Rome
en 1846. Louise Boccabadali est morte à Turin,
le 12 octobre 1850.
BOCCACliM (JosEPu), compositeur, ré à
Ancone, en 1797, y a fait représenter en 1820
l'opéra bouffe / Prctendenti ridicoii, qui n'eut
pas de succès. Il a composé beaucoup de mu-
sique d'église, qui est restée en manuscrit. Au
mois de mars 1832 il était à Bologne et y obtint
le titre de membre de l'académie philharmo-
nique de cette ville.
Il y a eu un bon ténor de ce nom (François
Boccacini), qui commença à briller vers 1820.
En 1823, après avoir chanté à Parme, il entra au
service de la cour dé Dresde, et y fut attaché
jusqu'en 1825. Le climat de la Saxe ayant été
défavorable à sa voix, il demanda sa démission,
et dans la même année il chanta à Turin. En
1826 il était à Rome; puis il retourna à Turin.
En 1830 on le retrouve à Palerme ; |iuis il chanta
au théâtre de Messine pendant la saison du
carnaval, en 1833. Après cette époque, les ren-
seignements manquent sur cet artiste.
BOCCHERINI (Loois), compositeur d'un
génie fécond et original, naquit à Lucques, le 14
janvier 1740. Admis au nombre des élèves du
séminaire desa ville natale, il reçut les premières
leçons de musique de l'abbé Vannucci, maître de
chapelle de rarchevêché. Un goût invincible le
poussait à l'élude du violoncelle, il s'y livra sans
réserve, et ses progrès sur cet instrument furent
rapides. C'est au penchant que Boccherini avait
pour ce môme instrument, et à l'habileté qu'il
y avait acquise, qu'il faut attribuer le choix qu'il
en a fait pour ses quinletti, et les diflicullés qu'il
a mi.ses dans sa partie, nonobstant le désavantage
qui devait en résulter pour la popularité de sa
musique. Assez instruit dans l'art pour apprécier
les heureuses dispositions du jeune musicien, le
père de Boccherini, contrtba.ssiste à la métropole
deLucques, ne voulant pas quedes qualités si pré-
cieuses ne portassent point leurs fruits, envoya son
fils à Rome pour y apprendre l'art d'écrire, et
pour perfectionner son talent sur l'instrument
qu'il avait choisi. La nature avait été si libérale
envers lui, qu'elle avait laissé peu de chose a
faire à ses maîtres. Toutefois, c'est peut-être à
son séjour à Rome qu'il fut redevable de la déli-
cieuse naïveté qui se fait remarquer dans toutes
ses compositions. De son temps on faisait de la
musique dans toutes les églises de Rome; dans
quelques-unes, il y avait des instruments mêlés
aux voix, et les œuvres qu'on exécutait étaient
dans le style concerté; mais dans plusieurs au-
Ires, et particulièrement à la chapelle Sixtine,
on entendait habituellement la musique de l'an-
cien style, appelé osservato, où Palestrina a mis
un charme, une douceur, dont l'elTet était encore
augmenté à celte époque par la réunion des plus
belles voix, et par une exécution parfaite. Boc-
cherini a souvent exprimé en termes pleins d'en-
thousiasme le plaisir qu'il avait éprouvé à l'au-
dition de cette musique; vers la (in de sa vie,
l'impression qu'il en avait reçue ne s'était |ioint
encore affaiblie. 11 est remarquable que le cer-
tain vague qui plaît tant dans la musique de Pa-
lestrina n'est pas sans analogie avec celui qui
caractérise les compositions de Boccherini.
De retour à Lucques, après quelques années
d'absence, le jeune artiste y trouva Manfredi,
élève de Nardini pour le violon , et son compa-
triote. Il se lièrent de l'amitié la plus étroite,
et partirent ensemble pour l'Espagne, alors le
pays de l'Europe où l'on trouvait les plus grands
artistes réunis. D'abord ils se rendirent à Turin ,
où leur talent comme compositeurs et leur habi-
leté comme instrumentistes excitèrent la plus
vive admiration.
Boccherini venait de produire ses premiers
trios |)our deux violons et basse : ils étaient en-
core en manuscrit, et les amateurs considé-
29.
452
BOCCHERINI
raient comme une faveur précieuse la permis-
sion d'en obtenir des copies. Dans une notice
très-bien faite sur Boccherini, M. L. Picquot re-
marque que ces trios sont le seul œuvre produit
par cet artiste dans l'intervalle de 1702 à 1767;
ce qui indique que l'excursion de Bocciierini et de
Manfredi se prolongea pendant plusieurs an-
nées. Après avoir visité quelques villes de la
Lonibardie, du Piémont et du midi de la France,
lesjeunes artistes arrivèrentà Paris vers 1768(1).
L'éditeur La Cbevardière, qu'ils euren| occasion
de connaître dès leur arrivée, les présenta au
baron de Bagge, cliez qui ils trouvèrent' l'élite
des artistes français de cette époque. Le charme
des compositions de Boccherini, qu'ils y firent
entendre, leur procura un succès qu'ils n'au-
raient pas obtenu par le seul mérite de leur
exécution. 11 en fut de*même au Concert spiii-
tuel, où ils jouèrent les mêmes compositions, aux
grands applaudissements de l'assemblée. Le len-
demain, l'éditeur Venier vint trouver Boccherini,
lui (it beaucoup d'offres de services, et demanda
la faveur de graver ses ouvrages. Les éditeurs
sont les mêmes dans tous les temps : le succès
de l'œuvre décide de leur intérêt pour l'auteur.
Quoi qu'il en soit, Boccherini saisit avec em-
pressement l'occasion qui se présentait de révé-
ler au monde musical les trésors de son génie :
il dédia son premier œuvre de quatuors à Ve-
nier, qui le publia, et acquitta la dette de sa re-
connaissance envers La Chevardière, en lui dé-
diant aussi ses premiers trios, qui parurent, chez
cet ('dileur (2)- Bientôt recherché avec empres-
sement par les amateurs d'élite, que ciiai niaient
ses inspirations originales, Boccherini satislit à
leur ei(ii)ressement par l'abondance de sa verve.
Au nombre de ses productions qui appartiennent
à la même époque, il faut signaler les six sona-
tes pour clavecin et violon dédiées à M'"" Brillon
de Jouy, claveciniste distinguée {voy. ce nom),
qui était alors au premier rang des amateurs
français.
Séduitparles espérances de faveur et de fortune
que leur donnait l'ambassadeur d'iispagne à Paris,
(1) .l'ai dit dans la première édition de cette Biosirapliie
que ce fut en mi;mais M. Picquot a démontré par
IVnivre cinquième de Boccherini, qu'il était a Paris en
17CS, car 11 porte précisément cette date.
(2/ Pour n'avoir pas à me répéter, je déclare ici que je
suis redevable des rectifications de la Biographie de Boc-
cherini à rexcellcntc notice de M. Picquot. Cet amateur
distingué a eu à sa disposition pour la faire les éditions
originales des œuvres de ce grand artiste, et, ce qui est
plus précieux encore, le manuscrit autographe du Catalo-
gne chronologique fait par Boccherini lui-môuie avec un
soin minutieux. M. Picquot a fait usage de ces docu-
ments a\ec beaucoup d'intelligence et de discerne-
Bien!.
Boccherini et Manfredi se dirigèrent vers Madrid
à la fin de l'année 17C8 ou au commencement de
1769. Ce qui est certain, c'est que Boccherini
y était dans cette même année, car un concerto
a pin stromenti etc. composta per la corte di
Madrid, gravé à Paris chez Venier, porte au
frontispice : compo.séen 1769, œuvre 8 de VaU'
teur. Manfredi n'était allé à Madrid que dans lo
dessein d'y amasser des richesses; il ne négligea
rien de ce qui pouvait lui en faire acquérir; mais
Boccherini, préocriipé de l'amour de son art, et
doué d'ailletirs de cette insouciance qui était au-
trefois un des traits caiactéristiques des hommes
de génie; Bocciierini, dis-je, plus ému à la pen-
sée de sa gloire qti'à celle <ie sa fortune, ne
songea guère à ce qui pouvait assurer celle-ci.
ConforiTiément à la tradition, j'ai dit, dans la
première édition, que Boccherini fut attaché ait
service du roi et à celui du prince des Asturies;
mais, coinme tous les biographes, j'ai été induit en
erreur. « Boccherini (dit M. Picquot) apporta avec
« lui en Espagne son troisième livre de trios
« (gravé, op. 9), qu'il s'empressa de dédier au
« prince des Asturies (plus tard Charles IV).
« Immédiatement aptes il coinposa, per la corte
« di Madrid, un concerto apiu stromenti obli-
« qnti (gravé, op. 8). Quel effet produisirent ce.s
« deux ouvrages sur l'esprit du roi et de son fils
n aîné en faveur de Boccherini 7 On ne saurait le
« dire exactement; mais il est hors de doute tpie
« le grand compositeur n'obtint pas ladislinclioiv
« due à son mérite, puisque ni le roi, ni l'héritier
« piésomplif ne sont;èrent à se l'attacher. Ce fut
« l'infant Don Louis, frère de Charles III, qui
» répara cette in justice. Eneffct,on remarquequp,
« dès celte même année l709, Boccherini écri-
« vit pour son prolecteur six qnartetti (gravés,
« op. G) qu'il lui dédia en prenant le litre de
« compositore e virtuoso di caméra di S. .L
« R. Don Luigi infante d'Ispagnia. Tous les
« manuscrits de l'auteur reproduisent invaria-
« blement, sur leur feuille de tête, cette qualifi-
<< cation unique, sans qu'il y soit fait jamais
« mention d'autres titres jusqu'à la mort de l'in-
« fant , arrivée le 7 août 1785- A partir de cette
« époque, au rontiaire, on voit Boccherini étaler
n avec une sorte de complaisance les dilTérenls
« litres dont il était revêtu. Ainsi, par exemple,
« on lit assez fréquemment : Composti da
« Luigi Boccherini, professore di musica alV
« altiial servizio diS. M. C; Compositore di
i( camcradiS.M. Prussiana ; Direttoredelcori-
>< ccrto deW eccellenlissinid senora, confessa
« di Benevente,duchessadi Ossuna, Grandia,
« etc., etc. .Mais souvent aussi il néglige la pln-
•<. part de ces titres pour ne conserver que celui
BOCCHERINI
4;. 3
*. rîe compositeur de la cliaiuhic du roi Fiédé-
« ric-Gniilamne II, dont il était |.eiisionné, et
n pour lequel il écrivit, de 1787 à 1797, tous les
« ouvrages que son génie (il éclore pendant cette
« période. «Les faits exposés dans ce paragra-
phe par M. Picquot prouvent bien que le roi
d'Espagne n'employa pas Bocclierini comme
compositeur, mais non qu'il ne l'attacha pas à
sa maison : car la qualité que l'artiste pre-
nait sur ses ouvrags après la mort de don
Louis démontre précisément le contraire. All^
atiual servizio ne peut signifier pensionné;
car ces mots indiquent précisément un service
actif. Ce service, dit IM. Picquot, n'était qu'un
vain titre d'organiste in partibus; mais il ne
rapporte aucune preuve de ce fait et ne l'appuie
par aucun document. Ce qui ressort de tout cela,
c'est que Bocciierini fut attaché à la cour du roi
d'Espagne dès 1785, et qu'il resta dans la même
position après que Charles IV eut succédé à son
père, le 14 décembre 1788. Ce n'était donc point
une pension qu'il recevait : c'était un traitement.
Plus tard, vraisemblablement , te traitement fut
converti en pension.
Lorsqu'il arriva en Espagne, le prince hérédi-
taire avait à sou service Gaetano Brunetti, vio-
loniste habile et compositeur agréable. Cet ar-
tiste n'avait publié que des ouvrages médiocres
jusqu'à l'époque où il arriva à Madrid; plus
tard son style se transforma, et tout porte à croire
que l'effet [iroduit sur lui par les compositions de
. Bocciierini et les conseils de ce grand musicien
exercèrent la plus heureuse induence sur ses
inspirations. Cependant la jalousie et la crainte
de se voir supplanter dans sa position par un
homme dont la supériorité n'était pas contes-
table, lui firent payer de la plus noire ingra-
titude les services qu'il en avait reçus. Bocciie-
rini avait sur Brunetti l'avantage du génie;
mais celui-ci, doué de l'esprit le plus fin et le
plus adroit, prenait sa revanche dans l'intri-
gue. Le digne artiste voyait bien que soa
élève employait toute son adresse à lui nuire
dans l'esprit du prince des Asturies; mais il
n'avait pas l'habileté nécessaire pour déjouer ses
manœuvres. Une anecdote rapportée par le vio-
loniste Alexandre Boiîcher, qui fut longtemps au
service de la cour d'Espagne, prouve jusqu'où
allaient les préventions qu'avait fait naître
Brunetti dans l'esprit du prince contre Boc-
cherini et contre sa musique. Suivant cette
anecdote, reproduite par Castil-Blaze à sa ma-
nière dans la Biographie de Boucher (Revue de
Paris, mai 1845, page 10), don Louis, oncle lie
Charles IV, alors prince des Asturies, conduisit
un jour Boccherini chez son neveu pour lui faire
entendre de nouveaux quintettes de son maître
favori. Dans l'exécution d'un de ces morceaux,
le prince jouait le premier violon ; un passage de
sa partie , où la môme forme se répétait long-
temps avec monotonie, lui déplut; il le joua en
ricanant, et finit par se lever, en déclarant la
musique détestable. Boccherini se défendait de
son mieux : il finit par faire entendre au prince,
avec beaucoup d'inconvenance, que pour juger
du mérite d'une œuvre de musique, il est néces-
saire de s'y connaître. A peine ces mots sont pro-
noncés, que le prince, doué d'une force hercu-
léenne, saisit Boccherini par ses habits, et, le
passant en dehors d'une fenêtre, le suspendit au-
dessus de l'abime. Un cri de h princesse des
Asturies le rappela à lui-même, et il rejeta vio-
lemment l'artiste à l'extrémité de l'appartement.
Un pareil acte de brutalité n'a rien qui étonne
de la part d'un prince qui poursuivait un ministre
du roi son père l'épée à la main, qui donnait
des soufflets h un autre et des coups de bâton à
un troisième; qui, enfin, se mesurait souvent
avec des palefreniers et des portefaix ; mais on a
peine à comprendre qu'un Ijomme doux et poli,
comme l'était Boccherini, y ait donné lieu par
une réponse dont l'inconvenance prenait un ca-
ractère très-grave par le rang de celui à qui elle
s'adressait. Quoi qu'il en soit de l'exactitude de
l'anecdote, il est certain que l'influence mauvaise
de Brunetti sur l'esprit de son maître ne cessa
pas après que celui-ci fut monté sur le trône, et
qu'elle se fait reconnaître dans l'abandon et dans
la misère où vécut Boccherini jusqu'à la (in de
ses joure. A Tabri du besoin tant que vécût son
protecteur, l'infant don Louis, il connut les
soucis d'une existence précaire après la mort
de ce prince. En 1787 il dédia un de ses ouvrages
au roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, grand
amateur de musique et protecteur des artistes.
Une lettre gracieuse, le diplôme de compositeur
de la chambre du roi et une tabatière de prix
remplie de frédérics d'or furent la récompense
de cette dédicace. Dès ce moment , Boccherini
n'écrivit plus que pour le roi de Prusse, comme
le prouvent .ses manuscrits depuis 1787, ainsi que
cette note de son catalogue thématique auto-
graphe, sous la même année ; Tutti le seguenti
opère sono state scritte espressamente per
S. M. il Re di Pnissia. Les dix années qui
suivirents'écoulèrentsansapporlerde changement
dans la fortune du compositeur; mais Frédéric-
Guillaume Il mourut le 16 novembre 1797,
et de nouveaux embarras assaillirent Boccherini
C'est dans ces circonstances que Lucien Bona-
parte fut envoyé comme ambassadeur de la Bé-
[lublique française à Madrid. Homme d'une hacie
4Ô4
BOCCHERINI
intelligence, amateur éclairé des arts, et |ilein de
générosité, il récompensa magnifiquement l'hom-
mage de six quintettes pour le piano dédiés à
la nation française que Boccheiini mit sous son
patronage, et douze autres quintettes pour deux
vicions, deux altos et violoncelle, belles com-
positions, les seules qu'il a écrites en ce genre,
et qu'il dédia à son nouveau protecteur. La
mauvaise fortune qui avait poursuivi l'illustre
artiste pendant la plus grande partie de sa vie
vint encore le visiter alors; car Lucien Biuia-
parte fut bientôt rappelé à Paris, et avec lui
disparurent les ressources momentanées dont
Boccherini avait joui peu de temps. Une seule
lui restait dans le marquis de Benavente, dont il
avait fait la connaissance vers 1796, et qui,
amateur passionné de guitare, lui avait demandé
des compositions avec une partie obligée pour cet
instrument. Satisfaisant à cette demande, Boc-
cherini avait arrangé de cette manière un assez
grand nombre de ses anciens ouvrages; mais tout
cela avait un terme, et les besoins d'une famille
n'en ont pas. Parvenu à la vieillesse, et envisa-
geant avec effroi le sort qui lui était réservé pour
ses dernières années, Boccherini avait songé à
«luitter l'Espagne pour la France, certain qu'il
(■tait de trouver à Paris de la sjmpathie et des
ressources pour son talent : mais pour faire
une longue route avec une famille, il fallait de
l'argent qu'il n'avait pas. M""' Gail le vit à Ma-
<lrid, dans un voyage qu'elley fit en 1803. N'ayant
alors qu'une seule chambre pour son logement
<t celui de toutesa famille, troublé dans ses tra-
vaux par le bruit que faisaient incessamment ses
enfants, il avait imaginé de faire construire une
espèce d'appentis en bois, oii il se retirait au
moyen d'une échelle, lorsqu'il voulait travailler
en repos. Néanmoins sa gaîté ne l'avait point
abandonné. Heureux par l'art qu'il aimait avec
passion, quoiqu'il ne lui procurât pas même
en Espagne les jouissances de l'artiste, c'est-à-
dire celles de l'amour-propre; travaillant pour
lui-même, sans autre but que celui de se plaire
à ce qu'il faisait, et de procurer un morceau de
pain à sa famille, il avait conservé l'active ima-
«j;inalion de la jeunesse, et tous ses maux étaient
oîîbliés dès qu'il pouvait se livrer en liberlé à ses
inspirations. Doué d'une douceur inaltérable,
jamais il ne montrait le moindre mouvement
d'impatience contre la mauvaise fortune. Telle
était d'ailleurs sa probité délicate, que, dans cette
triste position, il refusa cent louis que M"'^ Gail
était chargée de lui offrir pour son S/abat, parce
que ce morceau lui avait été demandé par une
autre personne qui ne le lui payait que soixante
piastres (environ 2S0 francs). Cependant les
dernières années de sa vie furent remplies par
un travail sans relâche, devenu pénible pour un
vieillard, et si mal payé, que l'indigence de l'ar-
tiste était extrême lorsqu'il expira, le 28 mai
1805, à l'âge de plus de soixante-cinq ans, sui-
vant l'acte de décès inscrit dans les registres de
la paroisse Saint-Juste, à Madrid. On a dit que
la cour et les grands honorèrent ses funérailles;
mais, d'après les renseignements que s'est pro-
curés M. Picqnot, son convoi se fit au contraire
sans pompe, et ne fut accompagné que d'un petit
nombre d'amis dévoués.
Boccherini avait été marié deux fois. Il ne fut
pas plus heureux comme père et comme époux
qu'il ne l'était comme artiste ; car il eut le mal-
heur de perdre deux filles déjà grandes, et sa
seconde femme mourut à ses côtés, frappée
d'apoplexie foudroyante. Tous ses autres enfants
l'ont suivi dans la tombe. Le dernier, don José,
archiviste du marquis Sérall)o, est décédé en
1847, laissant un fils, don Ferdinando Bocche-
rini, professeur à l'académie des arts de Ma-
drid, qui a fourni à M. Picquot quelques ren-
seignements sur son illustre aïeul.
Jamais compositeur n'eut plus que Boccherini
le mérite de l'originalité : ses idées sont tout
individuelles, et ses ouvrages sont si remarqua-
bles sous ce rapport, qu'on serait tenté de croire
qu'il ne connaissait point d'autre musique que
la sienne. La conduite, le plan de ses composi-
tions, leur système de modulation, lui appar-
tiennent en propre comme les idées mélo(li.)ues.
Admirahie par la manière dont il sait suspendre
l'intérêt par des épisodes inattendus, c'est tou-
jours par des phrases du caractère le plus simple
qu'il produit l'effet le jdus vif. Ses pensées,
toujours gracieuses, souvent mélancoliques, ont
un charme inexprimable par leur naïveté. On a
souvent reproché à Boccherini de manquer de
force, d'énergie : c'est ce qui a fait dire au vio-
loniste Puppo que ce compositeur était la/emme
de Haydn; cependant plusieurs de ses quintetti
sont empreints d'un caractèie de passion véhé-
mente. Son harmonie, queltpiefuis incorrecte,
est féconde en effets piquants et inattendus. Il
fait souvent usage de l'unisson, ce qui réduit par-
fois son quintette à un simple duo; mais, dans
ce cas, il tire |)arli de la différence des timbres
avec une adresse merveilleuse, et ce qui serait
un défaut chez un autre, devient chez lui la
source de beautés qui lui sont propres. Ses
adagios et ses menuets sont presque tous déli-
cieux ; ses finales seules ont vieilli. Chose singu-
lière! avec un mérite si remarquable, Bocche-
rini n'est connu maintenant qu'en France. L'Al-
lemagne dédaigne sa simplicité naïve, et l'opi-
BOCCnERINl
453
nion qu'en ont les artistes de c« pays se résume
dans un mot prononcé par Spolir à Paris, dans
une réunion musicale où l'on venait d'exécuter
quelques-uns des quiutetti du maître italien. On
demandait au célèbre violoniste et compositeur
allemand ce qu'il en pensait : Je pense, ré-
pondit-il, que cela ne mérite pas le nom de
musique I 11 est fâcheux que la manière de
sentir se formule comme les idées chez les
i^rtistes, et qu'un homme de mérite, (lassionné
pour les transitions fréquentes, soit arrivé au
point de ne plus trouver de chai me aux choses
simples et naturelles; et, ce qui est bien plus
triste encore, à devenir insensible au mérite de
créations toutes originales et individuelles. Heu-
reux l'artiste qui sait certaines choses qu'on
);^norait un siècle avant lui ; mais malheureux
cent fois celui dont le savoir se transforme en ha-
Liludes, et qui ne comprend que ce qu'on (ait
de fon temps. L'art est immense; gardons nous
de le circonscrire dans une forme et dans une
époque.
Baillot , interprète admirable des œuvres de
tous les grands maîtres, avait su conserver à
celles de Boccherini tout le charmede la jeunesse.
Après lui, cette musique ravissante a été négli-
gée par les jeunes artistes. Bientôt elle sera
tombée dans un profond oubli; car le nombre
d'amateurs intelligents qui la connaissent et en
sentent les beautés diminue chaque jour. Je fais
ce qui est en mon pouvoir pour en perpétuer
l<î souvenir, en la faisant exécuter par les jeunes
artistes du Conservatoire de Bruxelles; mais
bientôt je ne serai plus ; Dieu sait ce qui en
adviendra quand j'aurai fermé les yeux.
Doué d'autant de fécondité que d'originalité,
iioccherini a produit trois cent soixante-six com-
jKJsitions instrumentales, dont les formes pri-
jjiitives sont classées de cette manière : 6 so-
t4at€s pour piano et violon; 6 idem pour vio-
lon et basse ; 6 duos pour 2 violons ; 42 trios
jvour 2 violons et violoncelle, dont 2 sont iné-
dits; I2idem pour violon, ailoet violoncelle; 91
quatuors pour 2 violons, alto et violoncelle; dont
24 inédits; 18 quintettes pour flûte ou hautbois,
2 violons, alto et violoncelle; 12 idem pour
flûte, 2 violons, alto et violoncelle; 12 idem
pour piano, 2 violons, alto et violoncelle;
113 idem pour 2 violons, alto et 2 violoncelles,
dont 20 inédits; 12 idem pour 2 violons, 2 al-
tos et violoncelle, tous inédits; 16 sextuors pour
divers instruments, dont 2 inédits; 2 octuors idem
inédits ;20 symphonies, dont 11 inédites ; 8 sym-
phonies concertantes ; l concerto de violoncelle.
Ces compositions, disposées en œuvres, n'unt pas
été faites dans l'ordre des numéros qu'où leur
a donnés en les publiant. Les divers arrange-
ments qui en ont été faits et auxquels on a donné
des numéros, comme s'ils étaient des œuvres
originales , contribuent aussi à jeter du dé-
sordre dans leur suite chronologique; enfin,
des supercheries commerciales ont fait figurer
piirmi les productions de Boccherini quelques
(ruvres apocryphes. M. Picquot, qui a réuni la
plupart des éditions primitives, toutes peut-être,
et qui a eu connaissance des autres, les range
dans l'ordre suivant : Op. 1 : Sc.i sinfonie o sia
qunrtetli per due vioiini, alto e violoncello,
dedicati a veri dilcttanti e conoscilori di
musica; Paris, Venier; Amsf., Hummel. —
Op. 2 : Six trios à 2 violons et violoncelle; Paris,
La Cbevardière. —Op. 3 : Six idem, 2" livre;
ibid. M. Picquot considère cet œuvre comme
apocryphe. — Op. 4 : Sei sinfonie a Ire, per due
vioiini e violoncello ; Paris, Venier, S'ouvre. —
Op. 5 : Six duos pour 2 violons; Paris, La Chevar-
dière. — Op. 6 : Sei sonate di cembalo e vio-
lino obligato dedicate a Madama Brillon de
Joîiy; Paris, Venier; coni|)osés en 1768, op. 5 de
l'auteur. — Op. 6 •.{\m)Sei quartetti per due vio-
iini, alto e violoncello ; Paris, Venier; Amster-
dam, Hummel, avec indication d'op. 2; com-
posées en 1769, op. 8 de l'auteur. — Op. 7 : .Set
conversazioni a tre, per dite vioiini e violon-
cello, dedicate a gli amatori délia musica,
Paris, Miroglio, au bureau d'abonnement musical,
4*" livre de trios. Ces trios ne ligurent pas dans
le catalogue thématique des œuvres de Bocche-
rini dressé par lui-même; cependant, quoique
des doutes se soient élevés sur leur authenticité
et qu'on les ait attribués à Marescalchi, mar-
chand de musique à Naples, M. Picquot n'hésite
pas à les reconnaître pour appartenir à l'illustre
compositeur. — Op. 8 -.Concerto apiu stromenti
concertanti, due vioiini, oboe, violoncello, alto
ebasso obligati, due vioiini, fagotti ecornidi
ripieno, composta per la corte di Madrid; Pa-
ris, Venier; composé en 1769, œuvre 7 de l'au-
teur. — Op. 9 : Sei terzetti per due vioiini e
violoncello, i\éà\ésdi\\ prince desAsturies; Paris,
Venier; composé en 1676, of. 6 de l'auteur.
— Op. 10 : Sei quartetti per due vioiini, alto
e violoncello, dedicati alli Signori dilettanli
di Madrid; Paris, Venier; Amsterdam, Hummel,
avec indication d'op. 7 ; composé en 1770, op. g
de l'auteur. — Op. It : Sei divertt menti per due
vioiini, alto e violoncello ; Paris, Venier; Ams-
terdam, Hummel, avec indication d'op. 8; com-
pose en 1772, op. 15piccola del'auteur. — Op. 12:
Sei quintettiper due vioiini, viola e due vio-
Zo?2ceMi; Paris, Venier ; composé en 1771, op. 10
de l'auteur. — Op. 13 : Sei quintettiper due vio-
456
BOCCHERINI
Uni, viola e due violoncelli; ibid.; composé en
1771, op. 1 1 de l'auteur, — Op. 14 : Set terzetti
perviolino, viola e violoncello; Paris, La Che-
vardière; composé en 1772, op. 14 de l'auteur. —
Op. 15 : Sei divertiinenti per dueviolini,Jlauto
obligato, viola, due violoncelli, e basso di ri-
pieno, espressamente composti per S. A. R.
don Liiigi, Infante di Spagnia; Paris, La Clie-
vardière. Composé en 1773, op. 16de l'auteur. —
Op. i& : Six symphonies à pliisieursinstruments
récitants, composées pour S. A.R. Vinfant Don
Louis d'Espagne ; \hiii., in \, op. 12 de l'auteur.
— Op. 17 : Seiquintetli per due violini, viola
e due violoncelli ;\bk\., 1774, op. 18 de l'auteur. —
Op. 18 et 19: inconnus. — Op. 20 : G idem; Paris,
Venier, 1772; op. 13 de l'auteur. — Op. 21 : Six
quintetti pour flûte, 1 violons, alto et violon-
celle; Paris, La Clievardière, 1773, op. il piccola
de l'auteur. — Op. 22 : Sei sinfonie per due vio-
lini, viola e basso , oboi oflauti ecorni; Paris,
Sieber, l775,op. 21 de l'auteur.— Op. 23 : Sei
quintetti per due violini, viola e due violon-
celli; Paris, Veiller, 1775, op. 20 de l'auteur. —
Op. 24 -.Seisestettl concertanti per due violini,
due violée due violoncelli ; Paris, Sieber, 1776,
op. 23 de l'auteur. — Op. 25 : Sei quintetti
pour flûte , deux violons, alto et violon-
celle ; Paris, La Clievardière, 1774, op. 19 de
l'auteur. — Op. 26 : Sei quartetti per due violini,
alto e basso, liOro quinto di quartetti ; ihid.,
1776, op. 22 de l'auteur. — Op. 27 : Sei quartetti
concertantipcr duo violini, altoe violoncello ;
Paris, Sieber; Amsterdam, Hammel, avec indica-
tion d'op. II; 1777, op. 24 de l'auteur.— Op. 27 'bis:
Concerto pour flûte; Paris, Frère; ouvrage apo-
cryphe et sans mérite. — Op. 28. Sixtrios dialo-
gues pour deux notons et violoncelle ; Paris,
Laiileux. Supercherie mercantile.— Op. 29, 30,
31, inconnus. — Op.32: Six quatuors à deux vio-
lons, viole et basse obligés, production peu digne
de Botcherini, écrite en 1778, op. 26 de l'au-
teur. — Op. 33 : Six idem à deux violons, ailo et
violoncelle; Paris, Sieber, 1780, op. 32 de l'au-
teur— Op. Zi: Concerto per il luoloncello obli-
gato ; Amslcr<lsLm,Uemûnii,;Vienne,C3Lp[)'].— Op.
35: Six trios pour deux violons et violoncelle ;
Paris, lîoyer, 1 781 , op. 34 de l'auteur. — Op. 36 :
Trois quintetti pour deux violons, altoetdeux
violoncelles; Paris, ImhauU, 1778, op. 25 de
l'auteur. Cet ouvrage était composé de six quin-
tettes; les autres ont été reportés dans des publi-
cations postérieures. — Op. 37 : Six duos concer-
tants pour deux violons; Paris, Barbieri. Super-
cherie de commerce : Agus (voy. ce nom)estl'au-
tcurdeces duos.— Op. 37 bis : Vingt-quatre nou-
veaux quintetti à deux violons, alto et deux
violoncelles ;Pâr\s, Pleyel. Collection formée d'un
choix fait dans les œuvres composés par Boc-
cherini depuis 1778 jusqu'en 1795. Il faut lire la
note de M. Picquot sur cette collection : à l'aide
du catalogue thématique original de l'auteur, il
y indique les œuvres auxquels appartient chaque
numéro, avec la date de la composition. Une
erreur singulière est échappée à cet amateur dis-
tingué, lorsqu'il dit que le numéro 42, écrit en
1793, est un développement d'un motif du duo
Cara, cara,A{\ Matrimonio segreto, et fait à
ce sujet un rapprochement et un éloge chaleu-
reux du génie des deux compositeurs : il a ou-
blié que le Matrimonio segreto ne fut composé
à Vienne que dans cette même année 1793, et
qu'à cette époque aucune communication n'était
possible entre l'Allemagne et Madrid. Nul doute
que la ressemblance des deux motifs n'ait été
fortuite. — Op. Z^: Six trios pour violon, alto et
violoncelle ; Paris. Pleyel, huitième livre, 1793,
op. piccola 47 de l'auteur. — Op. 39 : Douze qua-
tuors pour deux violons, alto et violoncelle,
première, deuxième, troisième et quatrième livrai-
sons; Paris, Pleyel. Collection formée de composi-
tions prises dans diverses œuvres de l'auteur. —
Op. kO:Six quartettini pour deux violons , alto
et violoncelle ; Paris, Pleyel. 1796, op. piccola
53de l'auteur. —Op. 41 : Symphonie concertante
à huit instruments obligés , deux violons,
deux violoncelles, alto, hautbois ou flûlp, cor
et basson; Paris, Pleyel, 1797, op. piccola 38 de
l'auteur. — Op. 42 : Premier sextuor pour deux
violons, alto , cor et deux violoncelles; Second
sextuor pour violon, viole, basson, hautbois ou
flûte, contrebasse et cor ; Paris, Pleyel, 1797,
op. 3S piccola del'auteur.— Op. 43 : Ouverture
à grand orchestre pour deux violons, deux
altos, violoncelle, contrebasse, deux hautbois,
deux cors et basson; ibid., 1790, op. 43 de
l'auteur. — Op. 44 : Six trios pour deux violons
et violoncelle ; Paris, Pleyel, neuvième livre,
1796, op. 54 de l'auteur. Deux trios de cet œu-
vre original ont été supprimés par l'éditeur et
remplacés par deux autres trios tirés de l'œuvre
35 ;puis les deux trios supprimés ont été arrangés
en duos et publiés comme tels par le même édi-
teur. — Op. 45 : Six nouveaux quintetti pour
flûte ou hautbois, deux violons, alto et violon-
celle; Paris, Pleyel, 1797, op. piccola 55 de
l'auteur, composé pour Barli, excellent lianl-
boïste italien attaché à la musique du roi d'Es-
pagne Charies IV. — Op. 46 (1) : Six duos pour
deux violons ; ibid. — Op. 46 bis : Six quintetti
pour piano, deux violons, alto et violoncelle ;
(11 Voir pour cet teuvrc la remarque sur l'oeuvre 4V
BOCCHFillNI
457
ibid., 1797, op. 56 de l'auleur.— Op. 47 : Z)ow:;e
nouveaux qu'mtctti pour deux violons, viole
et deux violoncelles, en 4 livraisons; ibid. Col-
lection formée de quintettes <;boisis dans divers
œuvres. — Op. 4S : Six quinletli ideyn; ibid.
Môme observation que pour les précédents. —
Op. 49 : Six quinteltini pour deux violons,
alto et 1 violoncelles ; ibu\., 1779, op. 27
de l'auteur. — Op. ;")0 : Six quartetti, idem, n"
82 à 87 de la collection publiée par Janet et
Cotelle, 17SS,op. 40 de l'auteur. — Op. 5t : Six
idem, seizième livre, n°' 88 à 93 de la même
collection, 1779-1795, op. 50 de l'auteur. Il n'y
a point d'œuvres connus sous les n"* 52 à 57.
— Op. 58 : Six quartetti à deux violons, allô et
violoncelle ; Paris, Sieber; 1799, op. 58 de l'au-
teur.— Ouvrages publiés sans numéro d'œuvre :
1° Première symphonie à quatre parties obli-
gées, cors de chasse ad libitum, del signor
Bouqueriny (sic), imprimée avec les nouveaux
caractères, par Grange; Paris, 1767, in-fol. Su-
percherie commerciale. — 1° Six sonates à
violon seul et basse ; Paris, La Clievardière. —
3° — Quatre concertos pour violoncelle , n°^ 1
à4; Paris, Miroglio, Boyer. Même observalion. —
4° Sérénade à deux violons , deux hautbois,
deux cors et basse, composée à l'occasion du
mariage de l'inlant don Louis d'Espagne (le 25
juin 177G), petit format obi; Lyon, Guerra. Môme
observation. — 5" Six sonates en trios pour le
clavecin ou piano-forte, avec ace. de violon
et basse; Paris, La Clievardière; Boyer. Même
observation. — 6° Trois trios pour (lùte, violon
et basse; Paris, Boyer. — 7° Trois trios pour
flûte, violon et basse. Livre deuxième; ibiii.
— 8" Trois quatuors pour flûte, violon, alto
et basse, livre premier ; ibid. — 9° Trois qua-
tuors, idem; ibid. Ces quatre ouvrages ont
été fabriqués avec des fragments des pre-
mières compositions de Boccherini. — 10° Six
sonates pour piano et violon ; Paris. Ouvrage
arrangé d'après des quatuors et quintettes. —
11" Trois idem, op. 2 ; Offenbacli, André. Ces
sonates sont extraites et arrangées des premiers
trios pour violon, alto et violoncelle, op. 14. —
12" Trois idem, livre 3 ; Paris, Sieber.— 13° Trois
idem , liv. 4 ; ibid. — 14° Six sonates idem, livre
cinquième; Amsterdam, Hummel. — \.h° Six
idem. Vienne, Artaria. H n'est pas douteux que
tout cela est supiiosé ou arrangé. — 16" Trois
quatuors pour flûte, violon, alto et violoncelle,
œuvre cinquième pour la flûte; Paris, Pleyel.
Arrangés d'après les quintetti n" 44, 45 et CO
de la collection Janet et Cotelle. — 17" Première
symphonie périodique à grand orcbestre; Paris,
Pleyel. Ouvrage original, 1792, op. 45 de l'au-
teur. — 18° Deuxième symphonie périodique,
idem; ibid., 1792, op. 47 de l'auteur. — 19" S/a;
quintetti spécialement composés pour lepiano
forte avec ace. obligés de deux violon.':, deux al-
tos et violoncelle ; œuvre posthume, dédié à M™^
la duchesse de Berry; Paris, Nau/.on. Ce sont les
quintettes dédiés à !a nation française et mis
sous le jjatronage de Lucien Bonaparte. — 20"
Douze nouveaux quintetti pour dexix violons,
deux altos et violoncelle, composés à Madrid
pour le marquis de Benavente. Œuvre pos-
thume. Première livraison; Bordeaux, Leduc
père ; Paris, Auguste Le<luc. Supercherie mercan-
tile. Ces quintetti sont desarr.ingements dans les-
quels la partie de guitare a été transformée
en partie d'alto. — 21" Stabat Mater à trois
voix (deux soprani et ténor), avec deux violons,
alto, violoncelle et contrebasse; Paris, Sieber,
1804, op. 61 de l'auteur. — Indépendamment
(les arrangements indiqués précédemment , on
connaît encore : Trois sonates pour piano ,
violon et violoncelle, tirées des nouveaux quin-
tetti de Boccherini, par Ignace Pleyel; Paris,
Pleyel. Ces sonates sont les quintettes n"' 45,
55 et 64 de la collection publiée par Janet et
Cotelle. Une seconde suite, qid n'a pas été com-
plétée, ne contient que le n" 65 de la même col-
lection. — Trois sonates pour piano, violon et
«^^0, tirées des noiiveauxmanuscritsde Bocche-
rini, par Héroldpère, op. H; ibid. Ces sonates sont
arrauLîées d'après lesn"^ 44, 50 et 63 de la même
collection. — Quintetto de Boccherini en ré
mineur, arrangé en trio pour piano, violon et
basse, par le marquis de Louvois; Paris, Sclilesin-
ger. — /f/e??î,en 50^ mineur, arrangé pour les mêmes
instruments, pour le même; ibid. (1) Une coUec-
(1) Il faut lire les notes intéressantes de M. Picquotsur
toutes ces publications. Cet amateur distingué a fait en
quelque sorte l'occupation de sa vie du soin de rassembler
les œuvres de Boccherini , de les étudier et d'en suivre la
filiation. On lui voit poursuivre pend.int dix-liuit :ins la re-
cherclie d'un ouvrage qui lui manquait, et écrire à ce sujet
une multitude de lettres. D'ailleurs l'.ivant.ige qu'il a eu
de posséder le catalogue thématique dressé par Bocche-
rini de toutes ses coiupositions lui a fourni le moyen de
rectiljer un grand nombre d'œuvres échappées aux bio-
graphes, et amoi-uièinc dans la première édition de cette
Bioijraphie vniverselle des Musiciens. Il est un point ce-
pendant sur lequel je ne puis lui céder, parce que ma
certitude est inébranlable : il s'agit d'un passage où j'ai dit
que Cambini a écrit pour l'Ieyel, éditeur, des imitations
de compositions de Boccherini qu'on a pubTiées parmi les
œuvres originales de ce grand artiste. Outre l'opinion
générale à ce sujet, lorsque j'étais élève au Conservatoire de
Paris, j'ai pour preuve le témoignage de Cambini Ini-inènie.
Je dînais avec lui chez l'éditeur Auguste I.educ, et avec
Choron, alors associé de celui-ci. C'était , si j'ai bonne
mémoire, en 1807. Dans la conversation, Choron dit tout
à-coup : ■■ Est-il vrai, père Cambini, que vous ave/, fa-
« briqué du lîocchcrini pour les marchands, notamment
458
BOCCHERINI — BOCHSA
tiondequaîre-vingt-quinzequintettideBocclierini
a été publiée par Janet et Cotelle, à Paris. Elle
est fort belle, mais malheureusement incorrecte.
Les mêmes éditeurs ont publié une autre collec-
tion de cinquante-trois trios du même composi-
teur.
La notice de Boccherini par M. Picquot ren-
ferme un catalogue thématique des ouvrages
inédits de ce maître, rangés par ordre chrono-
logique. On y trouve l'indication de trente-cinq
quinletli, dont douze pour deux violons, deux
altos et violoncelle; de vingt-trois quatuors grands
et petits; de deux trios; de onze symphonies
pour l'oichestre; de deux sextuors; de deux
octuors, de douze airs de concert pour voix et
instruments; d'une cantate sur le sujet d'/nè5 de
Castro; d'une messe à quatre voix et instru-
ments ; d'une cantate pour la Nativité, à quatre
voix, chœur et orchestre, dédiée à l'empereur de
Piussie ; de VUhancicos (motets pour la fête de
Koël) à quatre voix et orchestre , composés en
1783, et d'un opéra ou mélodrame {la Cle-
mentina).
liOCCHI (François), né à Florence en 1348,
fut un des écrivains les plus féconds de cette
ville. Il mourut dans sa patrie en 1618, et fut
inhumé dans l'église de Saint-Pierre le Majeur.
Au nombre de ses ouvrages on compte: Dlscorso
sopra la musica, non seconda Varie di quella,
ma seconda laragione alla politicapertinente ;
Florence, 1681, petit in-S". Ce titre indique sut-
lisamment la nature de l'ouvrage. Il n'est point
<lueslion, en effet, de l'art eu lui-même «dans ce
4liscours sur la musique : c'est un morceau dans
le goût de Platon, où régnent quelques idées
<ie mysticisme.
BOCCOMINI (...), guitariste italien , né à
Florence, a publié une m.élhode pour son instru-
ment, sous ce titre : Grammatica per chitarra
francese, ridotta cd accresciuta ; Roma, presso
Pialti, 1812. On connaît aussi de lui quelques
morceaux pour la guitare, entre antres : 1° Aria
di Rossini {Tu clie accendi) ridotta a sonata;
Milan, Ricordi. — 2° Six valses, Leipsick ,
Peters.
BOCCUCI (Joseph). Vorj. Bococs.
BOCHART (Samuel), ministre protestant
et savant orientaliste, naquit à Rouen, en 1599.
Après avoir fini ses humanités et sa rhétorique,
il étudia la philosophie et la théologie à Sedan;
« pour Pleyel? — Très-vrai ; et j'ai eu tort; car on me
« payait bien pou pour cela. — Si l'on avait voulu payer
« plus cher, dit Leduc, on se serait adressé à Bocclic-
« rini. — Qui n'aurait pont Ofre pas si bien réussi , dit le
« bonhoinuie , avec sa sufiis.ince habituelle. >• Voilà la
vérité : rien ne peut l'ébranler pour uiol.
de là il se rendit à Londres, puis à Leyde, et re-
vint enfin en France, où il fut nommé pasteur à
Caen, en 1C28. Ses ouvrages lui ayant fait un»
grande réputation, Christine, reine de Suède, lui
écrivit pour l'engagera venir à Stockholm; Bo-
cliart s'y rendit en 1652. De retour à Caen, il s'y
maria, et n'eut de son mariage qu'une lille, dont
la mort prématurée causa celle de Bochart, le
16 mai 1667. Parmi les dissertations réunies dans
ses Opéra 0TO?ufl, Leyde, 1712,3 vol. in-fol.,on
en trouve une intitulée De Sistro. Elle est de peu
de ressource pour l'histoire de cet instrument.
BOCHSA (Cbables), d'abord musicien
de régiment, puis hautboïste du grand théâtre
de Lyon et ensuite de celui de Bordeaux, s'est
fixé à Paris, vers 1800, et y a embrassé la pro-
fession de marchand de musique. Il est mort
dans cette ville en 182t. On a de lui : 1" Trois
quatuors pour clarinette, violon, alto et basse,
livre 1 ; Paris, Janet. — i" Trois idem., livre 2 ;
Paris Momigny. — 3° Trois idem, op. 3; Paris,
Sieber. — 4'^ Trois nocturnes en quatuors, liv. 1
et 2. — 5° Trois quatuors pour hautbois, liv. I. —
6° Deux idem ,liv. 2 7° Trois idem, liv. 3.—
8° Six duos concertants pour deux hautbois,
op. 5, liv. 1 et 2 ; Paris, Pleyel. — 9° Méthode
de flûte avec des airs ; Paris, Omont. — 10» Mé-
thode de clarinette, ibid.
BOCHSA (Robert-Nicolas-Charles), fils
du précédent, est né le 9 août 1789, à Montiné.di,
département de la Meuse. Il reçut de son père
les premières notions de musique, et ses progrès
furent si rapides, qu'à l'âge de sept ans il put
exécuter en public un concerto de piano. Bientôt
son goût pour la composition se développa : à l'âge
de neuf ans il avait fait une symphonie; à onze,
il joua un concerto de flûte de sa composition;
à douze, il avait écrit plusieurs ouvertures pour
des ballets, et des quatuors, sans autre connais-
sance de l'harmonie que ce que lui indiquait son
instinct; à seize ans, il mit en musique un opéra
de Trajan, pour la ville de Lyon, lors du passage
de Napoléon. Vers le même temps, il s'appliqua
à l'étude de la harpe, et cet instrument lui était
déjà devenu familier quand il suivit sa famille à
Bordeaux, où il reçut des conseils de François
Beck pour la composition. H travailla sous cet
habile maître pendant un an, et écrivit sous ses
yeux le ballet de la Bansomanie, et un oratorio
intitulé Le Déluge universel. Enfin, en 1806, il
vintà Paris, etentraauConservatoiie de musique
pour y étudier l'harmonie sous la direction de
Catel : les leçons de ce maître le mirent en état
d'obtenir dans la même année le premier prix au
concours. Il continua de travailler la harpe sous
la direction de Nadcrman et de M. de Marin ; et ,
BOCHSA - BOCKEMEIER
4r,0
quoiqu'il n'ait pu acquérir sur cet instrument un
jeu bien correct, il s'y est fiiit néanmoins beau-
coup (le réputation par la verve de son exécu-
tion. Ce qui d'ailleurs a contribué à sa renommée,
c'est la musique brillante qu'il a composée
pour son instrument, dont le répertoire avait
été jusqu'à lui fort borné. Sa fécondité en ce
Kcnre était si prodigieuse, que la liste exacte et
complète de ses ouvrages, tels que concertos, so-
nates, duos, nocturnes, fantaisies, etc., etc.,
occuperait [ilusieurs pages de ce dictionnaire.
On y compte cinq concertos, deux syn-pbonics
concertantes; plusieurs trios et quatuors pour
harpe, piano, violon et violoncelle; quatorze
duos et f;mtaisie.^ pour liarpe et piano; vingt
sonates avec accompagnement de violon, de flûte
on de clarinette ; douze nocturnes pour harpe
et violoncelle , en collaboration avec Duport ;
ouvrages qui ont eu le plus grand succès; plus de
vingt sonates pour harpe seule; enfin une quantité
presque innombrable de leçons progressives, de
caprices, d'airs variés, de fantaisies et de pois-
pourris. On a aussi de lui une Méthode pour la
harpe. Outre cela il a fait représenter au théâtre
deTOpéra-Comique: 1° Les Héritiers de Paini-
pol, opéra comique en trois actes, 1813. — 1° AU
j)honsed\Aragon, trois actes, 1814.— 3° Les Hé-
ritiers Michau, un acte, 1814. — 4° Les Noces de
Camache , trois actes, 1815. — â" Le Bol et la
Ligue, deux actes, 1815. — 6° Ln Lettre de
change, un acte, 1815. — 7° Ln Bataille de De-
nain, trois actes, 1816. — ^ 8" Un Mari pour
élrcnns, un acte, 1816. En 1816, Bochsa, com-
promis par des fautes qui ont été l'objet des ri-
gueurs de la justice, est passé en Angleterre,
et s'est (ixé à Londres. En 1829, il y dirigeait
la musique du tln'âtre du roi. Ayant enlevé
ftt'iie Bisliop, en 1839, il a parcouru l'Europe
avec elle, a vécu en Italie pendant plusieurs
années, et y a publié un assez grand nombre de
morceaux j)our la harpe siw des thèmes d'o-
péras (Milan, Ricordi). En 1848, il est passé en
Amérique, s'y est livré à tous les genres d'exploi-
tation de son talent fort déchu, et enfin est mort
à Melbourne, en Australie, le? janvier 185G, dans
sa soixante-septième année, ou selon d'autres
renseignements fournis par Themusical World,
à Sidney, le G du môme mois. On lit dans une
correspondance de ce journal: « Le pauvre Bocli.sa
.< est mort ici (Sidney), dimanche 6 janvier (1856);
" il y avait un mois environ qu'il était arrivé de
« la Californie avec IM'''^ Anna Bisliop. Quand
<• je le vis alors, j'acquis la certitude qu'il laisse-
« rait ses os parmi nous. Son mal élait une
" hydropisie mêlée d"asthme : il doit avoir beau-
« coup soiiffyrt. Deux jours avant sa (in, il coni-
« posa un 1\equier)n\\i\ a été exécuté à ses funé-
« railles, et qui a [)roduit une grande impression,
« Le jour même de sa mort, il me fit appeler,
« et sur ses instantes prières je mis en ordre tous
« ses manuscrits, tous ses morceaux de musique,
« dont- il avait des malles pleines. Jamais je n'avais
« vu un homme aussi changé par la maladie que
« ce pauvre Bochsa, que j'avais connu jadis un
« des plus beaux hommes de son temps, et aussi
« un des meilleurs musiciens. Son esprit seul
« n'avait rien perdu de son activité et de son
« énergie. Par quelles tristes circonstances un
« aussi grand artiste est-il venu mourir dans
« cette partie reculée du monde? «Une vie agitée
n'a pas permis à Bochsa de développer les avan-
tages de son organisation musicale, qui était as-
surément fort belle. Il a fait trop et trop vite;
car dans ses productions les mieux inspirées, la
précipitation et la négligence se font apercevoir
partout : on y voit le patrimoine d'un artiste dis-
tingué dissipé en pure perte.
BOCKEMEIER (Henri), compositeur es-
timé, et savant écrivain sur la musique, naquit à
Immensen, près de Celle, au mois de mars 1679. Il
fréquenta d'abord l'école de ce lieu, puis celle de
Burgdorf. Depuis 1693 jusqu'en 1099, il continua
ses études dans les collèges de Brunswick, et en
1702, il se rendit à l'université de Helnistadt pour
y étudier la théologie. Admis comme cantor à
l'église Saint-Martin de Brunswick, en 1704, il
crut devoir s'occuper de la nmsique plus sérieu-
sement qu'il ne l'avait fait jusque-là, et il prit des
leçons de composition chez le directeur de mu-
sique G. Œsterreicht. En 1713, il fut appelé en
qualité de cantor à Husuni, dans le comté de
Schleswig. Dans cette position , il se lia d'amitié
avec le maître de chapelle Baith. Bernhaidi, qui
le décida à se détacher de plus en plus de la
théologie, et à se livrer entièrement à la musique.
En 1716, il donna sa démission de cantor à
Husum ; l'année d'après il se rendit à Brunswick,
et de là à Wolfenhiittel, où il prit possession de
la place de cantor, qu'il gnrda jusqu'à la fin de .ses
jours. Les ouvrages de Mattheson lui fournirent
la première occasion de se faire connaître comme
écrivain sur la musique. Mattheson s'était pro-
noncé contre l'usage des canons dans la compo-
sition, et les avait considérés comme inutiles dans
son Nouvel Orchestre (T II, p. 139). Bockemeier
se fit le défenseur des canons, dont i! faut pour-
tant bien avouer que les anciens maîtres ont
q\ielquefo.is abusé. Les lettres qu'il écrivit sur ce
sujet à Maltheson, et les réponses de celui-ci se
trouvent dans la Critica musica de ce dernier
(p. 240 et suiv., et 257 et suiv. ). Chose rare, le
résultat de la discu.ssion fut une amitié constante
460
BOCKEMEIER — BOCKSHORN
«nfre les antagonistes. Bockemeier rectifia ses
idées d'après celles de Mattlieson, et fitenquelque
sorte une rétractation de ses premières opinions
dans VEssai sur la Mélodie, qu'il fit insérer au
deuxième volume delà Criiica musica (p. 254).
Ce furent aussi ses nouvelles doctrines qui lui dic-
tèrent son écrit intitulé : Kern melodischer VVis-
senschajt (Nœud de la science mélodique), qu'il
présenta en 1736 au consistoire de Wolfenbiittel,
et qui fut inséré parextrait dans le deuxième vo-
lume de la Bibliothèque musicale de Mitzler. Les
premières compositions de Bockemeier pour l'é-
glise avaient été dans le style ancien; mais après
sa dispute sur les canons il changea aussi son
style, et en adopta un plus léger. Bockemeier avait
conçu, en 1725, le plan d'une association musicale
qui fut réalisé en 1738, par Mitzler : celui-ci pré-
senta cette idée comme la sienne, ce qui n'em-
pêcha pas Bockemeier de devenir membre de cette
association en 1739. llmourutle 7décembrel751.
Le pasteur Dommrich, de Wolfenbijttel, écrivit
son éloge, et le lit imprimer l'année suivante, sous
ce titre : Memoria Henr. Bockemeieri posteri-
tate tnidita ; Wolfenbiittel, 175'i, in-4°. On a de
Bockemeier un traité de chant divisé en quatre
parties, daté de 1724, mais qui n'apasélé publié.
Les compositions de ce musicien sont restées en
manuscrit etsetrouventaujourd'hui difficilement,
même en Allemafjne.
BOCIÏllOLTZ-FALCOIVl (Anne), can-
tatrice, née à Francfort vers 1820, a commencé
à se faire connaître en chantant au concert du
Conservatoire «le Bruxelles en 1S44 ; puis elle s'est
fi-vée à Paris comme professeur de cliant. Elle s'y
«st fait entendre dans les concerts de musique
ancienne organisés par le prince de la Moskowa,
«n 1845, et en diverses autres circonstances. Les
<5vénements de 1848 lui ont fait quitter cette ville
«t passer en Angleterre. Elle a chanté ensuite en
Italie, puis elle fut attachée au théâtre de Cobourg
pendant quelques années , et enfin elle est re-
tournée à l'aris en 1856 et s'y est fixée. M'ie Bo-
ckholtz a publié des chants détachés de sa com-
position avec accompagnement de piano , à
Leipsick, chez Breilkopf et Haertel, et à IVIayence,
chez Scliolt. Parmi ces chants, on remarque deux
Lieder gracieux intitulés Abendlied (Chant du
soir), Geisterstimmen (les Voix surnaturelles).
BOCKLET (CuAEiLES-MARiE de), pianiste,
violoniste et compositeur, né a Prague, en 1801,
étudia le piano sous un maître de cette ville
nommé Zawora, eut pour professeur de violon
Vrédéric-Guillaunie Pixis, et reçut des leçons
d'harmonie de Dionys Weber. En 1821, il se
rendit à Vienne, et y obtint la place de premier
violon au ïhéâtre-sur-la-Vienne. Il a brillé aussi
dans les concerts comme pianiste distingué. On
a publié de sa composition des variations pour le
piano, op. 1, Vienne, Artaria.
BOCIÎMÛllL (Robekt-Émile), professeur de
violoncelle à Francfort, est né dans cette ville en
1 820. Laborieux artiste, il a publié pour son instru-
ment avec accompagnement d'orchestre, de qua-
tuor ou de piano, environ soixante-dix œuvres
de fantaisies, variations, divertissements et ron-
deaux sur des thèmes d'opéras ou d'airs nationaux,
à Offenbach chez André, à Francfort, à Leipsick
et à Mayence. Son ouvrage le plus important est
celui qui a pour titre : Études pour le développe-
ment du mécanisme du violoncelle; adoptées
pour l'étude élémentaire de cet instrument au
Conservatoire royal de musique de Bruxelles,
et au Conservatoire de musique de Bavière, à
Munich, œuvre 17, livres 1, 2,3,4, 5;0flenbach,
André. Ces études sont une application du lu-
mineux système de mécanisme d'archet in-
venté pour le violon par M. Meerts, excel-
lent professeur du Conservatoire de Bruxelles
(Fo2/. Meerts).
BOCKSHORN ( Samuel ), dont le nom lati-
nisé mis en tête de la plupart de ses ouvrages
est Capricornus (Bélier), naquit en 1629, fut
d'abord directeur de musique d'une église de Pres-
bourg, et passa, en 1659, à Stuttgard, en qualité
de maître de cliapelle de l'électeur de Wurtemberg,
llmourutavant I670;carson Opus aureum Mis-
s«n<m, publiédans cette année, estindiqué comme
un œuvre posthume. On connaît de lui les ou-
vrages suivants : 1" Opiis Musicum 4-8 vocibics
concertaniibus et instrumentis variis, ad-
juncto choro plenioris in ripieno; Nuremberg,
1655, in-fol. — 2" Geistliche Harmonien von
3 Stiimnen , und beygefûgten Instrumcnten
(Harmonie spirituelle à trois voix), Stuttgard ,
l'« partie, 1659; 2^ id., 1660, 2,^ 1664, in-4°;
cet ouvrage est composé de motets allemands
pour soprano, ténor et basse, avec accompagne-
ment de deux violons et basse continue pour
l'orgue. — -. 'i°Opîis aureum Missarum 1, 3, 4, et
5 vocum; Francfort, 1670, in-fol. — 4" Opus
aureum Missar^im à 6, 8 ef 12 voc ; ibid.
1670, in-fol. — 50 Scella musicale , o la prima
opéra d'eccellenti motetli. Waltlier qui cite
cet ouvrage (Zearic.orferwmsiAfl/. Bibl.,p. 141),
ignorait le lieu et la date de son impression. —
6° Sonate, Caprices, Allemandes , Courantes,
Sarabandes, etc.; Vienne, 1708, in-fol. —
7" Theatri musici pars I auctior et correc-
^jo?-; Wùrzbourg, 1670, in-fol. -r- 8° i\eu an-
gestimmte und er/reuliche Tafclmusik mit 2,
3 und 6 vocal Stimmen und Basso continuo
(Musique de table nouvelle et gaie, à 2, 3, 4
B0CKSHOP.N — BOCQUILLON-WILHEM
4Qt
cl 5 voix et basse continue); Francfort, 1070,
in - folio; — 9» Contimùrfe ncu ange-
stlmmle, eic; Dillingen, lC71,in-lbl. — 10° Deux,
cliants de la Passion et de la mort de Jésus,
«listribués en six morceaux pour deux voix et.
quatre violons; Nuremberg. — 11" Jubiles
Bernhardi in 24 partes distributas, à 5 voix
concertantes et 4 violons ; Nuremlierg, 1G60, in-4°.
— 12° Raptiis Proserplnx; Stuttgard, 16G2,
in-4°. On croit que cet ouvrage était un opéra ;
cependant il est plus vraisemblable que c'était
une cantate. On trouve dans ie catalogue- de
IJreitkopf un motet manuscrit de Capricorne :
O quanti Inbores , etc. Le portrait de ce corn-
positeiwa été gravé à l'âge de trente ans, en 1650,
par Philippe Kilian. La bibliothèque royale de
Berlin renferme (fonds de Poelchau) les pai litions
manuscrites des quatre morceaux suivants de
Bockshorn : l» Miserere à 5 voix et instruments.
— 2" Miserere à 8 voix, quatre violons et basse
continue. — 3" Ecce quam bonus , motet à 5
voix et instruments. — 4° 0 bone Jesii, à 5 voix
el 5 violes.
BOCOUSou BOCCUCJ (Joseph), littéra-
teur, né à Barcelone, le 30 octobre 1772, a voyagé
en Italie dans sa jeunesse et se trouvait à Milan,
en 1792; puis il alla à Madrid, où il vécut pen-
dant quelques années, écrivant des comédies,
depuis 1797 jusqu'en 1799; puis il lit un second
voyage en Italie, et sV'tahlit à Florence. Arrêté
dans cette ville en sa qualité d'Espagnol, lorsque
l'empereurNapolcon porta laguerredanssa patrie,
il fut envoyé à Dijon en surveillance; mais il
obtint en 1813 l'autorisation de se rendre à Paris.
Arrivé dans cette ville, i! y publia des romans, des
pamphlets politiques, et des mémoires historiques.
Bocons a fourni aux premiers volumes de la Bio-
graphie universelle, publiée par les frères Mi-
chaud , des notices sur quelques musiciens, les-
quelles sont extraitesou abrégéesdu Dictionnaire
des Musiciens de Choron elFayolle, et qui renfer-
ment beaucoup d'erreurs. Ce littérateur a annoncé,
par un prospectus, en 1823 , un ouvrage qui au-
rait eu pour titre: Le Théâtre Italien sous
les rapports gui le concernent, ou Mémoires
et voyages d'une virtuose, enrichis d'anecdotes
historiques, écrits par elle-même, quatre vol.
)n-l2. Ce livre n'a point paru. Les mémoires
dont il s'agit devaient être ceux de madame Ca-
lalani. Deveiiu vieux et infirme, Bocous fut ré-
duit à accepter les secours de sa vertueuse ser-
vante. Quand elle eut épuisé ses ressources, cette
bonne tille emmena son maître en Suisse, .sa
patrie; mais à la vue de cet étranger, sa famille
lui fil mauvais accueil. Altéré par cette dernière
adversité, Bocous gagna péniblement l'Italie, et
alla mourir, vers 1835, chez une sœur qu'il avaiC
à Florence.
BOCQUAY(Jacqcf.8), luthier français, né à
Lyon, vécut à Paris sous les règnes de Henri IV
et de Louis XIU. 11 a laissé quelques bons vio-
lons qui sont cependant inférieurs à ceux de
Pierret, compatriote et contemporain de Bocquay.
Celui-ci produisit trop d'instruments pour avoir
le temps deles finir avec soin. Les autres lulliier.s
français qui vivaient du temps de Bocquay et de
Pierrot étaient Despons et Véron. Les violons de
ce dernier sont encore estimés.
BOCQUILLOA-WILIIEM (Glillaume-
Locis), lilsde François Bocquillon, commandant
de la citadelle de Perpignan, naquit à Paris, le
18 décembre 178 1. A l'ûge de dix ans il suivit
son père à l'armée du Nord, et diins l'invasioa
de la Hollande, en 1793. Enrégimenté, quoiqu'à
un âge si tendre, et supportant avec courage la
fatigue et les privations, il continua de suivre la
carrière militaire jusqu'au mois de juillet 1795,
époque où il entra à l'école de Liancourt, fondée
par le duc de Larochefoucauld. Il y étudia lut
grammaire, les mathématiques et la musique.
Cet art devint bientôt en lui l'objet d'un goût pas-
sionné; les progrès qu'il y fit lui ouvrirent les
portes du Conservatoire de Paris, où il entra le
19 février 180t. Tl ensuivait les cours avec succès
depuis près de deux ans lorsqu'il fut appelé à
l'école militaire de Saiut-Cyr, près de Versailles,
en qualité de répétiteur de mathématiques, puis
de professeur de musique. Après cinq années
passées dans cette situation, il sentit de jour en
jour un désir plus vif de se livrer en liberté, à
Paris, à la culture de la musique et de la compo-
sition ; mais les moyens d'existence lui manquaient
pour réaliser ses projets; enfin, M. Jomard, qui
plus tard fut membre de l'Institut de France,
lui procura, en ISOfi, un emploi dépendant du
ministère de l'intérieur, dans les bureaux formés
pour la publication de la grande Description de
V Egypte, aux frais de l'État. Ce fut dans cette
place que Bocquillon-Wilhem eut occasion de se
lier d'une amitié intime avec l'illustre poète Bé
ranger, dont il mit les premières chansons en
musique. Quelques-unes de ces pièces, entre autres
la Vivandière, et la Bonne-Vieille, eurent alors
un succès de vogue. C'est aussi dans le même
temps qu'il commença à se livrer à Fenseigne-
nienl. En 1810, il eut le titre de professeur de
musique du lycée Napoléon, devenu plus tard le
collège de Henri IV, et il conserva cette place
jusqu'à la fin de ses jours.
L'introduction de l'enseignement mutuel en
France, dans les écoles populaires, vint préoc-
cuper, en i&15,Bocqiailon-W'ilhem de l'idée que
462
BOCQUILLON-WILHEM
ce mode J'enseignement pouvait être appliqué à
la musique. Ses premiers essais furent faits dans
des écoles particulières fondées par lui etdansdes
pensionnats de jeunes gens des deux sexes. Ses
succès dans sa nouvelle carrière fixèrent bientôt
l'attention du conseil d'instruction primaire du
département de la Seine; une proposition lui fut
faite, le 23 juin 1819, par le baron de Gérando,
pour que l'élude de la musique fût introduite
dans l'enseignement primaire à Paris, et Boquil-
lon-Williem fut désigné pour en organiser le sys-
tème. L'école de Saint- Jean de Beauvais, oii plus
de trois cents enfants étaient réunis, devint alors
le centre de son enseignement. Incessamment
occupé du soin d'en perfectionner les détails, il
porta dans sa mission un zèle égal à son intelli-
gence et à sa patience dans la rechercbe des
procédés les plus utiles, nonobstant les difficultés
qu'il rencontrait à chaque pas. Il comprit que la
division des éléments d'espèces différentes devait
être son point de départ : de proche en proche
ces divisions se multiplièrent dans sa méthode.
Les beaux résultats qu'il obtenait à l'école modèle
de la ville le firent choisir, au commencement de
1820, pour enseigner le chant aux élèves de l'école
Polytechnique. La confiance qu'il inspirait à
juste titre à l'autorité le fit charger en 1820 de
l'organisation et de la direction d'une école nor-
male de musique, par le ministre de Tintérieur.
Chaque année accrut le nombre des écoles élé-
mentaires placées sous sa direction : en 1830, ces
écoles étaient déjà au nombre de dix à Paris , et
des dispositions étaient faites pour eu organiser
douze autres. La société pour l'enseignement
élémentaire récompensa les travaux et le zèle
du professeur par une grande médaille d'or
qu'elle fit frapper en son honneur.
Dès 1821 Bocquillon-Williem avait publié l'ex-
posé de sa méthode, avec des tableaux d'exer-
cices pour les élèves. Les éditions multipliées de
ces ouvrages prouvent le succès qu'ils ont obtenu.
Mais une idée heureuse de cet homme distingué
vint donner un nouvel éclat à sa renommée
lorsqu'il imagina des réunions périodiques des élè-
ves de toutes les écoles en un seul chœur, qu'il
désigna sous le nom à'Orphéon. Le premier es-
sai de cette institution (ut fait au mois d'octo-
bre 1833; les prodiges d'ensemble et de fini
dans l'exécution par un si grand nombre de
chanteurs excitèrent le plus vif enthousiasme
parmi les artistes et les amateurs. Des écoles d'a-
dultes furent également instituées, [wur fournir
à l'ensemble la réunion de tous les genres de
voix, et les progrès des ouvriers rassemblés dans
ces écoles furent si rapides , qu'on les vit , en
moins de deux ans, lire. toute espèce de musique
à première vue, et l'exécuter avec autant d?in-
telligence que de sentiment. Tant de persévé-
rance dans la création d'une grande amélioration
sociale , tant d'idées ingénieuses mises en pra-
tique pour la réaliser, et tant de zèle dans l'exer-
cice de fonctions pénibles, trouvèrent leur ré-
compense dans la nomination de Bocquillou à
la place de directeur général de l'enseignement
dans toutes les écoles primaires de Paris, avec
un traitement annuel de 6,000 francs ( le 6 mars
1835), et dans sa promotion à la dignité de che-
valier de la Légion d'honneur (30 avril suivant).
En (1839, il fut désigné par le gouvernement pour
l'inspection de l'enseignement universitaire du
chant, et dans l'année suivante, on lui confia les
mêmes fondions près de l'école normale de Ver-
sailles. De jour en jour l'emploi de ses procé-
dés d'enseignement devenait plus général ; ils
avaient été introduits dans les écoles de la doc-
trine chrétienne en 1840 et 1841 ; des Anglais,
qui étaient venus à Paris étudier sa méthode, la
naturalisèrent dans de grands établissements po-
pulaires à Liverpool et à Londres. Usé de bonne
'heure par la fatigue et le travail, Bocquillon-Wil-
liem sentit ses forces diminuer vers la fin de
1841. Au mois d'avril 1842, une fluxion de poi-
trine vint le surprendre dans cet état de dépé-
rissement, et le 26 du même mois, il cessa de
vivre, à l'âge de soixante ans et quelques mois.
Le nombre des élèves instruits par la méthode
de cet homme distingué qui se trouvaient dans
les écoles de Paris au moment de sa mort était
d'environ douze mille, et celui des adultes, pres-
que tous ouvriers , s'élevait à quinze cents.
C'est parmi les plus habiles de ses élèves qu'il
choisissait les chanteurs des séances de VOr-
phéon, où il les réunissait quelquefois jusqu'au
nombre de douze ou quinze cents; l'exécution
atteignait le dernier degré de perfection dans
ces concerts du peuple. Honneur à t'homme de
bien dont la vie entière a été consacrée aux tra-
vaux qui ont produit de tels résultats.
Voici la liste des ouvrages de Bocquillon-Wil-
hem etdeleursdiverses édifions. L Compositions:
loBomances, paroles de Parny (Bina; Balla;
Le plaisir des rois; Angélinej ; Paris, Le Duc.
— 2° Idem, paroles de Béranger {Marie Stuart ;
Adieu de Charles Vil; Brenmis; La Vivan-
dière; La Bonne Vieille; Beaucoup d'amour;
Si fêtais petit Oiseau; Parnij n'est plus);
ibid. —3' Idem, paroles de B. Aiitier {V Adieu
de ma bien- aimée; Amour ; Silence; LeRelotir
de Barcelone) ; Md. — 4° Choix de mélodies
des psaumes rhythmées et disposées à (roin
parties pour voix égales ou inégales ; Paris ,
183G, in-12 de 48 pages.— 5" Nouveauchoix de
BOCQUILLON — lîODE
463
mélodies des psaumes, rhythmées et disposées à
trois parties, pour le consistoire de V Église ré-
formée de Paris; Paris, 1836, in-^12 ile 168 pa^es.
Une quatrième édition de ces chants, contenant
tous les psaumes à 3 voix, a paru à Paris, chez
Risler, en 1S3S, 1 vol. in- 12 de 500 pages. — 6"
Les psaumes de David à voix seule , suivis de
cantiques sacrés; Paris, 1839. — 7° Orphéon,
Répertoire de musique vocale en chœur sans
accompagnement d'instruments, à l'usage des
jeunes élèves et des ailiiltes, composé de pièces
inédiles et de morceaux choisis dans les meil-
leurs auteurs; Paris, Perrotin et Hachette, i837-
1840, 5 vol. in-8o. La dernière édition de V Or-
phéon, publiée à Paris, en 1847, chez les mômes,
forme dix volumes. — II.Ocvkagesklémejjtaikes:
8" Guide de la méthode élémentaire et ana-
lytique de musique et de chant, divisé en
deux parties, etc.; Paris, 1821-1824, un vol.
in-S" de 284 pages. Cet ouvrage est divisé en
plusieurs cours gradués; la première partie
renferme le texte; la deuxième les exercices de
musique. On trouve des exemplaires de celle
première édition avec le litre suivant : méthode
élémentaire analytique demusiqueet dechant
conforme aux principes ^t aux procédés de
l'enseignement mutuel, adoptée par la so-
ciété d'instruction élémentaire. Les tableaux
in-folio qui accompagnent cette premièi'e édition
sont au nombre d'environ 160. La deuxième édi-
tion du guide parut en 1827, à Paris, l vol. in-8°
avec des tableaux d'exercices in-fol. On trouve des
exemplaires de la même édition avec la date de
1832. Le frontispice des tableaux a été aussi
changé. La troisième édition a pour titre : Mé-
thode, ou instructions szir l'emploi simultané
des tableaux de lecture musicale et de chant
élémentaire ; Paris, L. Hachette, 1835, in-8°
de ^4 pages, avec deux suites de tableaux
in-fol, la première, pour le premier cours, en 50
feuilles, et la deuxième, pour le second cours,
en 23 feuilles. Enfin , une quatrième édition
a paru sous le titre de Gui^ie complet de la
Méthode B. - Williem, ou instructions , etc. ;
Paris, L. Hachette, 1839, un vol. in-8° , réuni
aux tableaux de l'édition de 1833. La sixième
édition du Guide complet a été publiée en
1845, chez Perrotin et Hacbelte, un volume
in-80 de 156 pages. — 9° Tableaux de lec-
ture musicale et d^cxécution vocale, con-
formes aux principes et aux procédés de l'en-
seignement simultané; etfc. Paris, 1827-1832,
in-fol. composé de 74 tableaux en 137 feuilles.
~- 10" Nouveaux tableaux de lecture musi-
cale et de chant élémentaire, ou méthode
graduée en deux cours, eXc; Paris, Haclictte,
1835, in-fol. On trouve des exemplaires de celte
édition avec un nouveau fronlis|)ice daté de 1838,
et avec l'indication de quatrième éifition. — 1 1°
Manuel musical à l'ulage des collèges, des
institutions, des écoles et des cours de chant,
comprenant, pour tous les modes d''enseigne-
ment, le texte et la musique en partition des
tableaux de la méthode de lecture musicale
et de chant élémentaire, prender et deuxième
cours; Paris, Perrotin et Haciiette, 1836, 2 vol.
in-8°.Unedeuxième édition a paru ciiez les mômes
libraires en 1839, une troisième en 1840 ; la cin-
quième estde 1845, la sixième de 1847, et la sep-
tième de 1849. A l'époque où parut cette dernière
édition, quarante-trois mille exemplaires de
l'ouvrage avaient été vendus. Bocquillon-Wilhom
a publié dans le Dictionnaire des Découvertes,
une notice sur les travaux de Perne, et une Notice
nécrologique sur M . J .-B. Morel {voy. cenoni);
Paris, sans date, in-8°.
M. Jomard, un des présidents honoraires de la
société pour l'enseignement élémentaire, a pu-
blié un Discours stir lavie et sur les travaux
deG.-L. B.-Wilhem, prononcé à rassemblée
générale de la société pour V instruction élé-
mentaire, le 5 juin 1842, avec un appendice ,
un chant funèbre à deux chœurs, musique de
M. J. Hubert, un portrait de B.-Wilhein, un
fac-similé de son écriture, et une note histori-
que sur l'introduction du chant dans les écoles
de France ; Varis, Perrotin et Haclielte, 1842,
in-S" de 126 pages. On a aussi sur l'inventeur
de la méthode d'enseignement mutuel et simul-
tané de la musique : Notice historique sur la
vie et sur les ouvrages de Guillaume- Louis
Bocquillon-Wilhem, par M"ie Eugénie INi-
boyet; Paris, 1843, in-12. — Notice sur Guil-
laume-Louis Bocquillon- Wilhem, par J. Adrien
de Lafage. Paris, 1844, in-S".
BOCRISIUS (Jean- Henri), professeur de
philosophie à Schweinfiirt, né à Eberbach le 19
novembre 1687, fit ses études à léna, fut nommé
correcteur en 1709, professeur à Schweinfurt ci)
1715, et mourut dans ce lieu le 17 octobre 171G,
âgé de trente ans. On trouve de lid dans les Mis-
cell. de Leipsick, tom. IV, p. 56-68 , et dans le
Thesaur. antiquit. sacrar. d'Ugolini,t. XXXII,
p. 059, une dissertation intitulée Observatio de
musica prx exercitamento Hebrxorum, etc.
BODE (JEAN-JuACiiiM-CuRiSTOPnE), littéra-
teur, compositeur, et l'un des chefs de la secte
des illuminés, naquit à Brunswick, le 16 janvier
1730. Ancien soldat retiré dans un village, son
père s'était fait ouvrier dan* une fabrique de
tuiles. Le jeune Bode ne put le soulager dans
ses travaux, à cause de sa l'ailile saiilé. A
4 près-
464
BODE
avoir appris à lire et à écrire dans l'école
lia village , il fut envoyé chez son grand-père
qui le chargea du soin de garder les trou-
jieaux ; mais il se montra si inhabile aux oc-
cupations qui lui étaient contiées, qu'on ne
l'appelait dans sa famille que Christophe l'im-
bécile. Bode avait pourtant une vocation ,
c'était celle de la musique iiour laquelle il se
sentait un goût passionné. A l'âge de quinze ans,
il obtint qu'on l'envoyât étudier cet art chez le
musicien Kroll, à Brunswick, aux frais d'un oncle
maternel. L'ardeur dont il était animé lui fit
surmonter les dégoûts de la condition presque
servile où il était placé chez son maître. Après
sept années d'études, il jouait de presque tous
les instruments à vent et à cordes. Une place de
hautbois lui fut accordée dans l'orchestre de
Brunswick. Alors il se maria ; mais cette union ,
loin de le rendre heureux, comme il l'avait es-
péré, le jela dans des embarras de fortune qui
le déterminèrent à s'éloigner de Brunswick et à
se rendre à Helmstadt auprès de Stolze, pour y
perfectionner son talent sur le basson, son ins-
trument favori. Là, un de ses amis, Schlabeek,
lui enseigna les langues française, italienne et
latine, et le professeur Stockhausen l'initia à la
théorie des beaux-arts, et à la connaissance de la
langue anglaise. Plus tard, Bode appelait l'aca-
démie de Helmstadt la nourrice de son esprit ,
et c'était toujours avec émotion qu'il se rappe-
lait les heureux instants qu'il y avait passés.
Trompé dans son espoir d'être admis à la cha-
pelle de la cour de Brunswick, il alla se fixer à
Celle, en qualité de premier hautbois. C'est dans
cette ville qu'il écrivit des solos et des concertos
pour le basson, des symphonies pour l'orchestie,
et de la musique vocale. En 17.54, il publia le
premier cahier de ses Odes et chansons sérieu-
ses et hadines (Sciierzund ernsthafte Oden und
Lieder) ; le second parut en t756. La mort pres-
que subite de sa femme et de ses enfants lui
ayant rendu pénible le séjour de Celle, il forma
le projet d'aller à Hambourg, et partit pour cette
ville avec des lettres de recommandation de
Stockhausen. H s'y lia particulièrement avec le
docteur Olde et le prédicateur Alberli , qui lui
procurèrent l'entrée des meilleures maisons pour y
donner des leçons de langues et de musique. Ce fut
vers ce temps qu'il fit paraître ses premières tra-
ductions de romans français et anglais. Eu 1762,
il fonda le journal appelé Le Correspondant de
Hambourg, traduisit quelques oratorios de Mé-
tastase, et arrangea plusieurs ojjéras de Piccinni
et d'autres composiieuis italiens pour la scène
allemande. Au milieu de tous ses travaux , il
donnait beaucoup de leçons, diriaeait des con-
^ certs, et s'occupait avec activité de tout ce
qui lui paraissait de nature à contribuer aux
progrès de la musique. Vers le même temps il
tut reçu franc-maçon, et son ardente imagina-
tion lui fit consacrer une partie de sa vie à cette
institution. Dans les visites qu'il rendait aux
différentes loges de l'Allemagne, il eut occasion
de connaître Weishaupt, chef de la secte des illu-
minés, s'attacha à lui, et adopta ses principes.
Devenu l'objet de poursuites sérieuses, Weishaupt
piit la fuite, et Bode le remplaça jusqu'à l'extinc-
tion d'une société secrète qui avait excité la sé-
vérité des gouvernements de l'Allemagne. Une de
ses anciennes élèves, jeune, belle et riche, voulut
l'épouser, et lui donna sa fortune; mais, après la
mort prématurée de cette jeune femme, Bode
fit preuve de beaucoup de générosité et de dé-
licatesse, car il rendit à ses parents la plus grande
partie de ce qu'elle lui avait laissé. Néanmoins
ce qui lui restait de bien pouvait lui assurer une
existence agréable et indépendante ; il aima
mieux l'employer à des entreprises de librairie
qui ne réussirent pas. Il s'était associé avec Les-
sing, son ami; mais ni l'un ni l'autre n'avaient
les qualités nécessaires aux négociants, qualités
presque toujours incompatibles avec celles de
l'artiste et de l'homme de lettres.
En 1773, Bode traduisit en allemand le voyage
musical de Burney en Allemagne et dans les
Pays-Bas, y ajouta beaucoup de notes, et le pu-
blia en deux volumes in-8", à sa librairie de
Hambourg. Le voyage musical en Italie du même
auteur avait été traduit et publié l'année^ pré-
cédente par Ébeling. Partageant sou temps entre
la littérature et la musique, il fit paraître beau-
coup d'autres traductions d'ouvrages célèbres et
de livres originaux. Son œuvre deuxième, com-
posé de six symphonies à dix parties, fut publié
à Hambourg, en 1780. 11 paraît que c'est à cette
époque de sa vie qu'il faut rapporter aussi la
composition d'un concerto pour violon, de six
trios pour le même instrument, et de plusieurs
autres productions de musique instrumentale qui
sont restées en manuscrit. Dans les dernières an-
nées de sa vie, il écrivit encore un concerto pour
le violoncelle et quelques solos pour la viole
d'amour.
En 1778, la comtesse de Bernstorf, veuve du
célèbre ministre danois , qu'il avait connue à
Hambourg, le choisit pour son homme d'affaires,
et l'emmena à Weimar. Successivement honoré
des titres de conseiller de la cour de Saxe-Mei-
nuugen, de conseiller de légation du duc de
Saxe-Gotha, et de conseiller privé du margrave
de Hesse-Darmstadt, il fit un voyagea Paris, en
1787, comme député des loges- maçonniques de
BODE — BODENSCIIAIZ
4G5
i'AlIcmagne. De retour daii'^ ce pays, il publia
encore quelques brocimrcs, dont une, inlilulée
Mehr Noten als Text (i)lus de notes que de
texte), eut un brillant succès. Il survécut peu de
lempsàcette publication, et le t3 décembre 1793,
il mourut à Weiniar.
BODE (Louis), compositeur à Municb, n'est
connu que par un Requiem à quatre voix et or-
chestre, op. 10, publié dans cette ville chez Falter,
et quelques cahiers de chants.
BODE (F.), chanteur allemand, a été attaché
au théâtre de Leipsick dans les années 1831-
1S35, puisa Altenbourg et à Gottia, On a pu-
blié de sa composition quatre Lieder pour mezzo
soprano ou baryton, avec piano, Leipsick, Schu-
bert.
BODEL (Jean), poète et musicien, naquit à
Arras, dans le treizième siècle, et fut contempo-
rain d'Adam de La Halle, auquel il survécut,
d'où il suit qu^il mourut postérieurement à l'an-
née 1587. Après avoir suivi saint Louis dans sa
première croisade, il allait l'accompagner dans
sa seconde expédition, lorsqu'il fut atteint de la
lèpre, en 12(î9, et se vit réduit à s'ensevelir dans
une retraite profonde, loin de ses semblables. Il
a composé sur le malheur dont il était frappé,
une pièce touchante dans laquelle il fait ses adieux
à ses concitoyens, et qui a pour titre Li Congiés
Jehan Bodel. On la trouve dans les Fabliaux
et Contes, édition de Méon (t. I, p. 136). Il nous
reste cinq chansons notées de sa composition ,
que le manuscrit 7222 de la Bibliothèque impériale
nous a conservées. Jean Bodel est aussi l'auteur
d'une sorte de drame entremêlé de chant qui
est intitulé -.LiGieus du Pèlerin. On le trouve
dans un manuscrit de la même bibliothèque,
coté 2736 (fonds de la Vallière). MM. Francis-
que Michel et Monmerqué, qui ont publié cette
petite pièce dans leur Théâtre français au
viorjen âge (p. 97 et suiv.), ne lui ont point
donné de nom d'auteur, et semblaient même l'at-
tribuer à Adam de La Halle; mais ils ont publié
une autre pièce de Jean Bodel intitulée : Le jeu
de Saint-Nicolas (Li jus de Saint-Nicholai, p.
162 et suiv.) Cette pièce n'a point de chants.
BODEIVBURG (Joachim-Christopbe), rec-
teur du collège du Cloître, à Berlin, né en 1691,
est mort le 5 février 1759, à l'âge de soixante-huit
ans. Il a fait imprimer deux opuscules sous les
titres suivants : lo Von der Musik der Alten,
sonderlich derEbrseer und der berûhmtesten
Ton/iûnstlern des Alterthunis (De la musique
des anciens, principalement des Hébreux , et des
plus célèbres musiciens de l'antiquité) ; Berlin,
1745, in-4o de 16 pages. Voy. Mittag, Hist.
Abbandl. v. dcn Orgeln , p. 5. — 2» Von der
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. I.
Musik der milllern und ncitern Zeitcn (De
la musique du moyen Age et des temps moder-
nes) ; Berlin, 174C, in-4'' de 14 pages.
BODEMSCHATZ (Mac. Ekhardt), né vers
I 570 à Lichtenstcin, petite ville près de Zwickau,
dans la Misnie, fut d'abord chantre à l'école
de Pforte. En 1606, il se trouvait à Rehausen en
qualité de pasteur, et enfin, vers 1618, il passa à
Osterliausen, pour y remplir les mêmes fonctions.
II estmortdansce lieu, en 1636. On connaît de lui
un Magnificat allemand à quatre voix, publié en
1599; mais l'ouvrage par lequel il a rendu un
service signalé à l'art musical est une collec-
tion de motets, en deux parties, qu'il a publiée
sous ce litre : Florilegium Portense , Pars
prima continens VXV cantiones selectissimas
4, 5, 6, 7, 8 vocum, prxstantissimorum seta-
tis nostras auctorum, in illustrissimo Gijm-
nasio Poriensi unie et post cibum sumptum
nunc femporis usitatas, adjuncta bassi gê-
nerait ad organum accomodata ; Leipsick ,
1603, in-40. — Pars 2* qux exhibet concentus
selectissimos centum et quinquaginta 5, 6,
7, 8 et iO partibus ; Leipsick, 1606, in-4"'. En
1618, Bodenschatz donna une seconde édition
de la première partie, et la deuxième parut en
1621 ; toutes deux furent publiées à Leipsick.
Cette précieuse collection contient deux cent
soixante-cinq pièces, et fait connaître les noms
et les ouvrages de quatre-vingt-treize composi-
teurs de la fin du seizième siècle et du commen-
cement du dix-septième, parmi lesquels on re-
marque ceux d'Adam Gumpelzhaimer, Michel
et Jérôme Prcetorius, Chrétien Erbach, Se-
thus Calwitz,Léon Hasler, Martin Rothe, Met-
chior Franck, etc., etc. On y trouve aussi plu-
sieurs motets à six et huit voix de la composi-
tion de Bodenschatz même. C'est au moyen de
cette collection, jointe à celles d'Abraham
Schad et de Donjrid (voyez ces noms) qu'on
peut faire l'histoire critique de la musique
des seizième et dix-septième siècles en Alle-
magne. On a aussi de Bodenschatz : 1° Psalte-
rium Davidis, juxta translationeni veterem
una cum canticis, htjmnis et orationibus ec-
clesiasticis , 4 vocibus composit.; Leipsick,
1605, in-S". — 1° Harmonia angelica cantio-
num ecclesiasticarum , oder evangelische
Freudenlieder und geistliehe Kivchen-Psal-
men D. Lutheriund anderer mit 4 Stimmen
componirt; Leipsick, 1608, in-S". — 3° Bicinia
XC Selectissima, accomodata insignioribus
dictis Evangeliorum dominicalium et prxci-
puorum festorum totius anni, composita in
ustim Scholasticsp, juventutis; Leipsick, 1615,
in-8". — 4° Florilegium selectissimorum
30
466
BODENSCHATZ — BOECE
hijmnorum 4 voc. qui in Gymnasio Portensi
decantantar; Leipsick, 1624, in-8°, 1687, in-8° ;
Naumbourg, 1713, in-8°. Il y a aussi d'autres édi-
tions de cette collection.
BODEIXSCBATZ (Charles -Henri), pro-
fesseurde musique au séminaire de Scliwabacii, en
Bavière, est né le 4 janvier 1807, à Markt-Selbifz,
près de Hof, dans le Voigtiand. Il a fait ses études
musicales sous la direction de Stunz , maître de
chapelle à Munich. L'éditeur Kœrner a publié quel-
ques préludes et une fugue pour l'orgue, de la
composition de cet artiste, dans le nouveau
journal d'orgue, et dans le recueil de pièces fina-
les intitulé: Postludien-Buch ; Erfiirt (s. d.),
in4°, obi.
BODIIX (François-Etienne), né à Paris le 16
mars 1795, futadmis, comme élève,au Conserva-
toire, le 30 octobre 1806,etentra dans une classe
de solfège. Devenu élève de Pradherpour le piano,
28 juillet 1807, il ne se lit pas remarquer par le
brillant de son exécution dans les concours
annuels pour cet instrument; mais, bon musi-
cien et esprit méthodique, il fut choisi pour
remplir les fonctions de répétiteur dans l'école.
Devenu professeur de piano et d'harmonie à
Paris , M. Bodin a médité longtemps sur les
moyens de perfectionner l'enseignement, et après
avoir mûri ses idées sur ce sujet pendant qua-
rante ans, les a exposées dans l'ouvrage qui a
pour titre : Traité complet et rationnel des
principes élémentaires de la musique, ou in-
troduction à toutes les méthodes vocales,
instrunientales, et à tous les traités d'harmo-
nie; Paris, imprimerie d'E. Duverger, 1850,
1 vol. in-4°. 11 y a de fort bonnes choses dans cet
ouvrage, quoiqu'il y règne peut-être un esprit
un peu trop systématique. M. Bodin s'y montre
penseur exercé et exprime ses idées en fort bons
termes. Rien ne peut mieux faire connaître le
but qu'il se propose, que ce début de la préface
de son livre : « Toutes les méthodes de musi-
" que, vocale et instrumentale, sont précédées
"■ d'un exposé des principes élémentaires. Mais
« ces opuscules sont rédigés en général avec
« une telle négligence et une si complèle ab-
« sence de logique, qu'ils sont souvent plus dan-
« gereux qu'utiles , et plus capables de fausser
-< le jugement que d'éclairer sur le sujet qu'ils
« se proposent d'enseigner. On a, avec juste
« raison , reproché aux artistes de ne voir de
« beautés que dans leur art, et de n'éprouver
« que de l'indifférence pour les autres connais-
« sauces humaines. Ils ont en partage le sentiment
« et l'imagination ; et ils pensent que ces facultés
« leur suffisent, puisque par elles seules ils peu-
« vent produire des chefs-d'œuvre. Cette asser-
« tion est fort contestable ; mais en l'admettant
« comme vraie pour l'artiste compositeur, elle
" cesse certainement de l'être pour le professeur.
« Le professeur tient plus du savant que de
« l'artiste : ce n'est pas l'inspiration qui le di-
« rige, c'est la raison et la réflexion. Le pro-
« fesseur est essentiellement observateur; plus il
« est éclairé, plus il est capable. Les connais-
« sances qu'il doit posséder dans les sciences
« étrangères à son art lui apportent de nouvelles
« lumières et le mettent dans des conditions
« meilleures pour enseigner : s'il a beaucoup
« appris, il sait mieux se faire comprendre. »
BODIIMI (Séb.\stien), maître des concerts du
margrave de Bade Dourlacli, vers 1756, était au-
paravant musicien de la chambre et de la cha-
pelle du duc de Wurtemberg. Il a fait imprimer
à Augsbourg six œuvres de six quatuors et trios
pour divers instruments, sous ce litre : Musi-
kalisches Divertissement oder in das Gehœr-
gerichtet Trio, etc.
BOECE (Anicius-Manlius-Torquatus-Sévé-
RiNus BOETIUS, ou), issu d'une des plus illustres
familles consulaires de Rome , et célèbre par ses
vertus, ses talents et ses malheurs, naquit dans
cette ville vers 470. Il commença dans sa patrie
de brillantes études, qu'il termina à Athènes. De re-
tour à Rome, il y fut créé patiice ; et Théodoric, roi
desGoths,s'étantemparéde l'empire peu de temps
après, le fit maître du palais, et l'éleva au con-
sulat ; il posséda cette dignité trois fois, et la der-
nière, en 510, par une distinction unique, ce fut
sans collègue. Boëce ne se servit de son crédit
que pour le bonheur des peuples soumis à la do-
mination des Goths. Théodoric régna longtemps
par ses conseils; mais des courtisans envieux
étant parvenus à le rendre suspect à ce prince,
il fut arrêté, et enfermé dans un château écarté,
où il fut mis à mort. Il composa dans sa prison le
livre De la Consolation philosophique, qui est
le plus célèbre de ses ouvrages. On lui doit aussi
un traité de musique divisé en cinq livres, qui
est une sorte de répertoire des connaissances des
anciens dans cet art. Boèce est le plus ancien
auteur qui nous ait lait connaître la notation par
les lettres romaines. Le premier livre de son traité
de musique, divisé en trente-quatre chapitres,
contient l'exposition du système général de l'ait
chez les anciens, de la constitution des modes,
des proportions des intervalles d'après Pythagore,
et de l'ordre des cordes de l'échelle. Le second
livre, divisé en vingt-neuf chapitres, est un déve-
loppement de la matière du premier, particuliè-
rement en ce qui concerne les intervalles. Dans
le troisième, qui renferme seize chapitres, Boëce
a donné l'analyse des systèmes de musique de
BOECE — BOECK
4Gi
quelques (écrivains grecs , dont la aoctrine est op-
posée à celle de Pythagore, tels que ceux d'Aris-
toxène, d'Architas et de Pliilolaiis. Le quatrième
livre, divisé en dix-iiuit chapitres, est relatif h la
double notation grecque et latine de la musique,
à la nature de quelques cordes principales des
modes grecs, et à la division du monocorde. Le
chapitre XII, où il est traité des cordes stables
et des cordes mobiles, est de grande importance
pour l'intelligence de la musique des anciens.
Le cinquième livre, qui renferme dix-huit cha-
pitres, est particulièrement consacré à l'analyse
du système de Ptolémée, comparé à ceux de Py-
thagore, d'Architas et d'Aristoxène. La doctrine
de Boëce est purement pythagoricienne : elle fut
suivie par tous les théoriciens de la musique jus-
qu'à la réforme attribuée à Guidod'Arezzo. Plus
tard elle conserva encore toute son autorité pour
les proportions des intervalles jusqu'au seizième
siècle, où Fogliani de Modèneet Zarlino y substi-
tuèrent les proportions fausses de Didyme et de
Ptolémée. La grande influence du traité de mu-
sique de Boëce, jusqu'au douzième siècle, explique
l'abondance des manuscrits de cet ouvrage qui
sont répandus dans toutes les grandes bibliothè-
ques. La première édition du Traité de musique de
Boëce, réuni à son Arithmétique et à sa Géométrie
a été publiée sous ce titre : Ariihmetica, Geome-
tria et Musica Boethli ; Venetiis , Grcgorii ,
1492, in-fol. gothique. Cette édition, inconnue à
Forkel, à Lichtenthal, et à la plupart des biblio-
graphes, est à la Bibliothèque impériale de Paris
(in-fol. V. 612 ). Quant aux diverses éditions de
ce traité indiquées par Forkel et Lichtenthal sous
les dates de Venise 1491-1499, il y a confusion
dans ce qu'ils en disent. Les frères Grégori ont
publiéen 1491 le livre Delà Consolation philoso-
phique avec celui de la Dkcipline scolaire et les
Commentaires de saint Thomas; en 1492 ils ont
donné divers opuscules de Boëce au nombre de
dix-neuf, dont ceux que j'ai cités précédemment
font partie. Ils ont réuni plus tard tous ces ou-
vrages pour en former la première édition com-
plète des œuvres de Boëce. En 1499, les mêmes
imprimeurs ont donné une autre édition complète
des mômes œuvres, en deux parties , et le traité
de musique se trouve dans la seconde. La troi-
sième édition, publiée à Bàle, eu 154C, est |>eu
estimée ; on y trouve des multitudes de fautes
d'impression. La meilleure édition est celle qui a
été donnée par Glaréan, à Bâie, en 1570, in-fol.,
chez H. Petrina. Le savant éditeur s'est servi
de bons manuscrits, particulièrement de ceux de
l'abbaye de Saint-Biaise, ety a joint des commen-
taires. Néanmoins bien des fautes s'y trouvent
encore -. j'en ai corrigé un giand nombre d'aiirès
un excellent manuscrit de la Bibliothèque
royale (le Bruxelles ( Fonds des ducs de Bour-
gogne), et un aulre bon manuscrit du quin-
zième siècle, de ma bibliothèque. J'ai lait aussi
une traduction française des cinq livres de la
Musique, d'après ce manuscrit et d'autres de
la même bibliothèque et de la mienne, avec des
notes critiques et des commentaires. Si le temps
ne me manque pas , j'achèverai ce travail et
je le publierai. Charles-Frédéric Borgstedt,
savant suédois, a publié une bonne notice bio-
graphique et critique intitulée : De vita et
scriptis A. Mania Torquati Severini Boethii
DiSsertatio;W\>%d\, 1842, in-S".
BOECK (Jean-Ébeuhard), né à Passaw, vers
1745, fut d'abord violon solo au service du prince
évêque, et ensuite directeur de ses concerts; il
était d'une habileté extraordinaire sur son ins-
trument, et rivalisait avec Lolli. Il a composé
beaucoup de musique vocale et instrumentale;
mais rien n'en a été publié.
BŒCK (Ignace et Antoine), frères, nés à
Hof, le premier en 1754, et le second en 1757.
Dès l'âge de dix ans ils apprirent à jouer du cor,
et reçurent des leçons de Joseph Vogel, musicien
de la cour du prince de La Tour et Taxis, àRa-
tisbonne, et l'un des premiers cornistes de son
temps. Ayant acquis sur cet instrument une belle
qualité de son et une giande habileté dans l'exé-
cution, les deux frères firent, en 1775, un voyage
à Vienne, où ils furent engagés au service du
prince de Bathiany, primat de Hongrie, auprès
duquel ils demeurèrent trois ans et trois mois.
En sortant de chez ce prince, ils commencè-
rent à voyager et visitèrent toute l'Allemagne,
la Suède, le Danemarck, la Prusse, les villes
anséatiques, Venise et toute l'Italie, la France,
l'Angleterre, la Russie; puis ils retournèrent en
Italie et revinrent enfin à Munich , où ils fu-
rent placés au service de la cour, en 1790. Par-
tout leur exécution parfaite et leur ensemble
admirable leur procui-èrent des applaudissements
et des récompenses. La république de Venise les
honora d'une médaille d'or. A JNaples, ils eurent
le plus grand succès dans un air accompagné de
deux cors concertants, qu'ils exécutèrent avec la
fameuse Banti. Ils étaient encore, en 1812, au
service do la cour de Municli. On a gravé de
leur composition : 1° Concertante pourdeux cors.
— 2° Duos pour deux cors. — 3° Cantate alle-
mande pour quatre voix d'hommes et deux cors;
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. — 4° Dix pièces
pour deux cors et basse, œuvre 6, Leipsick, 1803.
— 5° Sextuor pour deux violons, alto,, deux cors
et violoncelle, œuvre 7; ibid., 1804. — C° Idem,
œuvre 8; ibid., 1804.
30.
468
BOECKEL — BOECI.ER
BOECIÎEL (Ernëst-Gottfried-Adolphe),
docteur en tliéoloj^ie et pasteur de l'église Saint-
Jacques à Greifswalde, au commencement du dix-
neuvième siècle, a fait imprimer un sermon sur
l'érection de l'orgue, qu'il avait prononcé le
22 septembre 1822. Ce morceau remarquable a
paru sous ce titre: Orgelweihpredigt am 16.
Sonntag nach Trinit. in der Jacobikirche zu
Greifswalde gehalten. Greilswalde, Kuhnike,
1822, in-S'de 32 pages.
BCMîCKH ( Alguste), savant helléniste et
antiquaire , professeur d'éloquence et de poésie à
l'université de Berlin, est né àCarlsruhe, en 1783,
et a fait ses études à Halle. Il n'était âgé que de
vingt-deux ans lorsqu'il obtint la chaire île phi-
lologie à Heidelberg, en 1811; il fut ensuite ap-
pelé à Berlin. Après la mort de Solger, ou lui a
confié la direction du séminaire des Instituteurs.
Vers le même temps, l'Académie des sciences de
Berlin l'a admis au nombre de ses membres.
Bœclili est considéré à juste titre comme un des
plus savants hommes de l'Allemagne, et ses tra-
vaux jouissent de la plus haute estime. Son
excellenle édition grecque et latine de Pindaie
{Pindari Opéra qiias supersunt, 1. 1, in-4'', Leip-
.sick, 1811 ;t. II, part. l,ibid., 1819; part. 2,ibid.,
1821), contient un beau travail sur le rhythme
musical des poésies grecques, et sur la musique
des anciens en général , sous le titre : De Metris
Pindari (t. I, op. 2", p. 1-340). Les chapitres
6-12 du 3" livre de ce travail (p. 199-2C9) trai-
tent particulièrement de la musique des Grecs,
et sont ce qu'on a écrit de meilleur sur cette
matière, sauf quelques erreurs en ce qui con-
cerne l'usage de l'harmonie chez les anciens.
Les chapitres les plus intéressants du travail
de Bceckh sont ceux qui ont pour titres :
1° Deharmonia Grxcorum. Brevisintroductio
in harmoniam veterum. L'auteur, dans cette
partie de son ouvrage, attache au mot har-
monie le même sens que les anciens auteurs
grecs, — 2° De progressu modorum liarmonix
apud Grxcos ac de] vera indole modorum
veterum. Comparatio modorum quindecim.
Celle discussion des modes de l'ancienne mu-
sique grecque, et l'examen de l'analogie de ces
modes avec les tons de la musique de l'église
grecque moderne, sont remplis d'intérêt. —
3° De Siglis veterum (p. 244-250). — 4° Va-
rietate melopœix ac de symphonia. Ce sujet
est traité par M. Bœckh en érudit plutôt qu'en
musicien. Il est facile de voir qu'il y était à la
gêne, car il s'y est livré à beaucoup moins de
développements que dans les autres chapitres. Sa
conclusion est que, si les anciens ne faisaient pas
un usage constant de l'harmonie, cette harmonie
n'était pourtant pas absolument bannie de leur
musique, et qu'en [liusieurs cas elle y était em-
ployée. 11 croit trouver la preuve dans le 17'^ vers
delapremièreolympique dePindare, que l'accord
de la tierce mineure était particulièrement connu
des Grecs. — 5° Quœdam de instrument\s vete-
rum, inprimis de magadide. Excellent travail
où se trouve éclaircie d'une manière très-satisfai-
sante une question épineu.se qui a donné la tor-
ture à bien des savants. — 6° Examen melodix
veteris Pythiicarminis primi. Ce chapitre con-
tient quelques vues ingénieuses, mais il est regret-
table que l'auteur ne lui ait pas donné plus de dé-
veloppement. Au nombre des ouvrages de Bœckh
se trouve une .savante dissertation intiluiée : Die
Entxuickelung der Lehren des pythagoràr Phi-
lolaus (Développements des doctrines du pytha-
goricien Philolaiis) ; Berlin, 1819, in-8°. Cet ou-
vrage renferme des recherches sur les proportions
musicales de Philolaiis conservées dans le traité
de musique de Boëce. Bœckh est mort à Berlin
en 1854.
BOECKLIN DE BOECKLIASAU (Fran-
çois-Frédéric-Sigismond -Auguste, baron), doc-
leur en philosophie et conseiller du grand-duc de
Bade, naquit à Strasbourg, en 1745, et mourut à
Fribourg en Brisgau, Ie2juin 1813. Amateur des
arts, particulièrement de la nmsique, il avait vi-
sité l'Italie dans sa jeunesse, et avait été nommé
membre de l'académie des Arcades de Rome,
ainsi que de plusieurs autres sociétés savantes.
On a du baron de Bœcklin un assez grand nombre
d'écrits sur diverses matières : il n'est cité ici que
pour ceux qui concernent la musique. Le premier
a pour titre . Beiiràge ziir Geschichte der Mu-
sik, besonders in Deutschland, etc. (Essai pour
l'histoire de la musique, particulièrement en Al-
lemagne, etc.); Fribourg en Brisgau, 1790, 1^8"
de 150 pages. Cetouvrageconsisteen vingtiettres
sur la situation de la musique dans les villes prin-
cipales de l'Allemagne, à l'époque où elles furent
écrites. Le second opuscule du baron de Bœcklin
est intitulé : Fragmente zur hôhern Musik ,
undfur asthetische Tonliebhabcr (Fragments
concernant la musique transcendante , pour les
amateurs d'esthétique musicale); Fribourg et
Constance, 1811, in-S" de 83 pages. Bœcklin
reproche avec raison à Forkel , dans ce petit
ouvrage, d'avoir manqué de philosophie dans la
conception de son Histoire générale de la mu-
sique. Malheureusement ce morceau de critique,
où l'on trouve des vues élevées, est défiguré par
une multitude de fautes d'impression.
BOECLER (Jean), docteur en médecine à
Strasbourg, naquit à Ulm,le 20 octobre i651, et
mourut à Strasbourg, le 19 avril 1701. Il a publié
BOFXLER — BOEHM
469
dans cefle ville une disserfation De Sono, 1693.
BCffiDFXKER (Philippe-Frédéric), com-
|iositeur et organiste de la cour à Stuttgard , (lo-
rissait vers le milieu du dix-septième siècle. Il a
l'ait imprimer un recueil de motets pour soprano
nvec la basse continue sous ce titre : Partitura
sacra; Strasbourg, 1651, in-fol.Ony trouve trois
motets de Casati et un de Monteverde, outre
ceux de Bœdecker. Ce recueil contient aussi une
sonate à violon seul avec basse continue et So^
yiaia sopra la Monica, a fagotlo solo con
basso continno. Bœdecker a laissé en manuscrit
un Manuduciio nova meihodico-practica, qui
a été publié après sa mort (Stuttgard, 1711, in-
fol.) par son fils, Philippe-Jacques, qui lui avait
succédé dans la place d'organiste de la cour. Ce
recueil contient des pièces d'orgue à trois parties.
BCffiHM (Georges), né à Prague, entra chez
les jésuites en 1636, à l'âge de quinze ans. Il y
enseigna les humanités pendant quatre ans, la
pluJosophie pendant trois , les mathématiques,
neuf, et la théologie, cinq. Il mourut à Znaym le
^ 7 novembre 1 666. Au nombre des ouvrages de
ce savant, on en trouve un qui a pour titre :
Proposiliones mathematico-musurgicas ; Pra-
f^ue, 1650, in-4''.
BOEHM (Georges), compositeur et organiste
à l'église de Saint-Jean à Lunebourg, vivait en-
core en 1728, selon Walther ( Musik. Lex.).
Il était né Goldbach, dans la Tburinge. Wal-
ther et Adlung (Musikal. Gelnhrtheit) disent
que ses préludes d'orgue pour des chants cho-
rals étaient comptés parmi les meilleurs de son
temps. Il ne paraît pas qu'on les ait publiés.
BOEHM (Godefroi), cantor à Tragheim près
de Kœnigsberg, vers le milieu du dix-huitième
siècle, est connu par une ouverture pour le
clavecin publiée à Nuremberg en 1744, et par
trois solos pour flûte, ibid., 1760. On a gravé
aussi une fugue pour clavecin de sa composi-
tion, à Amsterdam ; enfin, il a laissé en manus-
crit deux concertos pour clavecin seul.
BOEHM (Iwan), violoniste de la chapelle du
roi de Prusse, né à Moscou, en 1713, fit ses pre-
mières études musicales sous la direction de Pian-
lanida, et reçu t ensuite des leçons de Graun l'ainé.
On croit qu'il est mort vers 1760. Il a composé
plusieurs solos et trios pour le violon qui n'ont
pas été publiés, mais qu'on trouvait dans le ma-
gasin d'Emmanuel Breitkopf, en 1766.
BOEHM (Elisabeth) , habile cantatrice qui
devint la femme de Joseph Cartellieri, naquit
à Riga, en 1756, et parut pour la première fois
sur le théâtre, en 1783. En 1788, elle chanta au
théâtre National de Berlin, mais elle n'y parut
que sous le nom de Bœhm.
BOEHM (Jeaî)), virtuose sur le violon, fut
directeur de musique de plusieurs troupes d'o-
péra allemand, vers la fin du dix-huitième siècle
et au commencement du dix-neuvième. C'est
tout ce qu'on sait delà vie de cet artiste, l'ins-
tabilité de son séjour n'ayant pas permis d'avoir
de plus amples renseignements. Il jouissait de
beaucoup d'estime comme directeur de musi-
que et comme violoniste. Il s'est fait aussi quel-
que réputation par la composition de plusieurs
opéras, parmi lesquels on remarque : 1° Das
Meester der Liebe ( le Modèle d'amour ). —
2" Die Jiraut im Schleier (la Nonne fiancée).
— .•}" rhUander. — 4" Philémon et Baucis.
La plupart de ces ouvrages sont écrits pour de
petit* orchestres.
BOEHM ( Joseph ) , membre de la chapelle
impériale de Vienne, et premier professeur de
violon au Conservatoire de cette ville, est né en
1768 à Pestli, en Hongrie. Son père fut son
premier maitre pour le chant et pour le violon.
A l'âge de huit ans, il partit avec sa famille pour
la Pologne, où il avait déjà passé quatre années
lorsque Rode y arriva, quittant la Russie pour
retourneren France. Le célèbre violoniste, charmé
des heureuses dispositions du jeune Rœhin ,
voulut bien lui donner des leçons, et le mit sur
la voie de cette belle école du violon que lui-
inôme tenait de Viotti. En 1815, Bœhm se ren-
dit à Yienne, et se fit entendre au théâtre de
la cour, en présence de l'empereur. Trois ans
après, il visita les villes principales de l'Italie,
et se fit entendre au théâtre de la Scala à Mi-
lan. A son retour dans la capitale de l'Autriche,
il obtint la place de professeur au Conservatoire,
et deux ans après le brevet de violoniste de la
chapelle de la cour. En 1823, il entreprit une
grande excursion en Allemagne et en France, et
se lit entendre dans des concerts à Prague, Mu-
nich, Stuttgard , etc. Après avoir employé près
de deux années à ce voyage d'art, il est re-
tourné à ^Menne. Bœhm a publié environ vingt
œuvres de musique pour son instrument. Parmi
ces ouvrages on remarque : 1" Polonaise pour le
violon, avec quatuor : œuvre l*'; Vienne, Has-
linger. — 2° Variations brillantes, idem., op. 2;
Vienne, Mechetti. — 3" Clément, Helmsber-
ger, S.-Lubin, Mayseder, Schiippanzigh, va-
riations sur un thème de Beethoven, pour vio-
lon et piano; ibid. — 4» Deuxième polonaise
poin- violon principal, avec deux violons, alto et
basse, op. 4 ; Vienne, Haslinger. — 5° Cinq va-
riations pour violon et orchestre, op. 8 ; Vienne,
Artaria. — 9° Quatre variations sur un thème
de Rossini, pour violon et orchestre, op. 9; ibid.
— 7° Concerlino pour violon , op. 10 ; ibid. ♦■
470
BOEHM
8° Quatuors pour 2 violons, alfo et basse, ibid.
Plusieurs bons élèves ont été formés par Cœlun
dans le Conservatoire devienne. En 1837, il s'est
établi à Saint-Pétersbourg comme professeur
et premier violon du théâtre allemand. Il y vit
encore (1858). Ses meilleurs élèves sont Ernst
et Joachim. Son fils (Louis), violoniste comme
lui, et son élève, s'est fait entendre à Pétersbourg
dans un concert, en 1840. Il donnait alors des
espérances comme artiste futur.
BOEHM (TnÉoBALD), célèbre flûtiste alle-
mand, né en Bavière, vers 1802, est membre de
la chapelle et delà musique particulière du roi à
Munich. Aucun autre renseignement ne m'est
parvenu sur cet artiste, considéré comme un des
plus habiles flûtistes de l'époque actuelle en
Allemagne; je sais seulement qu'il s'est rendu à
Loml res, dans l'automne de l'année 1 834, et qu'il
s'y trouvait encore dans les premiers mois de
1835. D'après les éloges qui lui sont accordés
l)ar les artistes qui l'ont entendu, il paraît que
Bœhmse distingue également et par sa belle ma-
nière de chanter ïadagio, et par le brillant de
son exécution dans les diflicullés. En 1849, je le
vis à Munich; il y était plus occupé de la fia-
briciifion des llûtes d'après le nouveau système
auquel il a donné son nom, que de son talent
d'exécution. Théobald Bœhm était depuis long-
temps à la recherche des moyens de perfection-
ner lu llùte sous les rapports de la justesse et
du doigter pour l'exécution de certaines dilli-
cultés et de certains trilles qui étaient inexécu-
tables sur l'ancienne flûte. Dans le même tem[)s,
un Anglais, M. Gordon (voy. ce nom) s'occupait
des niêmc^ recherches et avait commencé la ré-
solution du problème par un système d'anneaux
réunis par une tige mobile, dont les combinai-
sons atteignaient à peu près le but. Bœhm, ayant
eu des relations avec Gordon, comprit le mérite
de celte invention, la perfectionna, et en fit des
applications à la musique destinée à la flûte.
Les instruments fabriqués par lui dans ce sys-
tème sont devenus les modèles suivis par la
plupart des facteurs, et leur usage s'est étendu
de proche en proche. Cependant quelques flû-
tistes distingués de l'ancienne école se sont posés
en adversaires de l'innovation de Bœhm : à leur
tête s'est placé Tulou ; mais les avantages de la
nouvelle llùte sont tels, que rien ne pourra em-
pocher son adoption universelle dans une épo-
que rapprochée. Déjà il ne reste plus qu'un très-
petit nombre d'opposants. En 1849, Bœhm en-
treprit une nouvelle réforme du tube de la flûte,
en renversant sa construction de telle sorte, que
la tête devint conique de cylindrique qu'elle étail,
et que, dans la grande pièce du milieu, le cône a
fuit place au cylindre (Voyez mon nappnrf
sur la fabrication des instruments de inusi-
que mis à f exposition de Paris, en 1855, Pa-
ris, imprimerie impériale, 185G, tome It, pages
C5'J-660 des Bapports du jury mixte interna-
tional, et dans le tiréà-part, pages 5 et 6).
Bœhm a fait aussi de grands travaux pour le per-
fectionnement du hautbois et du basson ; il en a
beaucoup amélioré la justesse, le doigter et l'é-
galité (voyez le rapport ci-dessus) ; mais la qua-
lité du son du hautbois s'en est modifiée.
On a de la composition de Bœhm : Des concer-
tos pour flûte publiés chez Aibl à Munich. — Des
variations sur l'air de la Sentinelle. — D'autres
variations sur le thème i\eZ cor jaiw non misento.
— Un andante et polonaise pour flûte et or-
chestre, op. 3; Vienne, Artaria. — Un divertis-
sement sur un tlièinede Carafa, op. 6; Munich,
Falter. — Une polonaise pour flûte et orchestre,
op. 9; Paris, Scliott. — Une autre grande polo-
naise, op. 16. — Unefanlaisieconcertantepourflûte
et piano sur une polonaise de Carafa, œuvre 8:
Munich, Falter. — Des variations sur un thème de
Freysckiiiz ; ibid. — Un divertissement sur un air
de Poissl, op. 13; ibid. — Un Rondo brillant,
op. 12; ibid. — .32 Études; ibid. Première Fan-
taisie pour flûte et orchestre sur des thèmes suis-
ses, op. 23 ; Mayence, Schott, Deuxième idem,
op. 24; ibid. — Grande polonaise pour flûte et
orcliesfre, op. 16; Munich, Falter. — Variations
idem sur la marche de Moïse, op. 17; ibid. —
Idem sur un air tyrolien, op. 20; ibid. — Idem
sur un air allemand, op. 22; ibid. — Fantaisie
sur l'invitation à la valse, idem, oj). 21; ibid.
Bœhm est aussi auteur d'un petit écrit intitulé :
Ueber dcn Flôtenbau und die nenesten Vrr-
besserungen desselben (Sur la construction de
la flûte et ses nouveaux perfectionnements);
Mayence, Schott, 1847, in-8°de 57 pages.
BOEHM (CuARLES-LÉopoLD), violoncelliste
distingué, né à Vienne, le 4 novembre 1806, fut
admis comme élève au Conservatoire de cette
ville, et y fut élève de Joseph Merk, pour son
instrument. Attaché d'abord à rorc!}estre du
théâtre de Josephstadi, puis du Théâtre An-
der Wien (Sur-la-Vienne), il quitta ce der-
nier, le 3 septembre 1828, lorsqu'il fut appelé à
Donauschingen pour taire partie de la cha-
pelle du prince de Fiirstenberg, dirigée parKal-
livvoda {voy. ce nom). Profitant de quelques con-
gés qui lui furent accordés, il fit des voyages pour
se faire connaître, et joua avec succès à Bàle,
Zurich, Genève, ainsi que dans un granJ nom-
bre de villes d'Allemagne. Plusieurs sociétés mu-
sicales delà Suisse, de l'Allemagne et de la Hon-
grie lui décernèrent le titre de membre hono-
BOEHM — BOEHMER
471
rairc, en considération de son talent. La clia-
|)t;!ie(lu prince de Viirslenberg ayant été dissoute
an mois d'août 1349, par snite de la révolution
(lu grand-duché de Bade, Breinn alla s'établir à
Strasbourg, y entra à l'orcliestrcilu théâtre, et y
donna des concerts ; puis il passa l'été aux eaux
de Vichy, et y obtint de brillants succès. De re-
tour à Strasbourg, vers la lin de 1850, il reprit sa
place dans l'orciiestre du théâtre. Bientôt après,
une décision du prince de Fûrstenberg ayant
rappelé neuf membres de l'ancienne chapelle pour
former une nmsique de chambre, sous la direction
(le Kallivvoda, Bœhin, compris dans ce nombre,
retourna à Donauschingen, le 30 avril 1S51.
Bœhm est considéré à juste titre comme un de.s
violoncellistes les plus remarquables de l'Alle-
niagne. Les premières compositions de cet ar-
tLste, lesquelles consistent en variations, polo-
naises, fantaisies, etc., ont été publiées à Vienne
chez Artaria et chez Mechetli ; ses ouvrages d'une
date postérieure, plus importants, tels qu'un
concerto en ré mineur pour violoncelle et or-
chestre, des fantaisies également avec orchestre,
et des duos pour deux violoncelles, ont paru à
Leipsick, chezPéters.
DOEIIM (Jean-Wiuielm), écrivain sur qui
l'on n'a pas de renseignements biographiques :
on sait seulement qu'il était à Prague au com-
mencement de 1S30, et qu'au mois de septem-
bre de la même année il était à Vienne. On a de
cet auteur un livre intéressant intitulé : Analyse
des Schônen der Musik itnd des Tanzes (Ana-
lyse du beau dans la musique et dans la danse);
Vienne, Scbramel, 1830, in-8° de 207 pages, avec
deux planches. Lecritéririm de la théorie du beau
musical, suivant M. Bœhm, est celui de la sim-
plicité des rapports numériques ; principe déjà
traité par Euler, dans son Tentamen Théorie
»n7(.sicce, mais qui a conduit M. Bœhm à de nou-
veaux résultats. On trouve dans son livre une
curieuse formule mathématique sur les opé-
rations de l'entendement dans le jugement des
lapports harmoniques des sons. Cet ouvrage
ne me paraît pas avoir été remarqué comme il
méritait de l'être.
BOEHM (F.- A.), musicien à Vienne, vers
1830, y a publié des Danses en harmonie à six
parties, Haslinger ; des duos pour deux flûtes,
ibid. ; des danses pour le même instrument, ibid. ;
des duos pour deux clarinettes, op. 2 et 5, ibid.;
la Clémence, andantino pour piano à quatre
mains, op. 6 , Vienne, Diabelli; une grande po-
lonaise pour piano seul, op. 23 , Leipsick, Peters,
et quel((nes autres ouvrages.
BOEHME (Jean-Chrétien), né à Dresde
vers 1G50 , fut d'abord second organiste de la
chapelle de l'électeur de Saxe, vers 1GS2 , puis
organiste en titie. Il occupa cette place jusqu'en
169», époque de sa mort. Il a laissé plusieurs
|)ièces de musique d'église qui n'ont pas été im-
primées.
BOT^IIME (CharlesGotti.ob-Henri), direc-
teur du séminaire des instituteurs des écoles po-
pulaires à Berlin, est né dans cette ville, le 10 oc-
tobre 1783. Il a publié un guide pour l'enseigne-
ment du chant dans les écoles populaires, sous ce
litre : Leitfaden beim Gesangsunterricht in
Volksscfmlen,gv. in-4°, Berlin, Eusiin, 1819.
BCffiHME (A.) , pianiste de Vienne, a publié
quelques ouvrages pour son instrument, entre
autres six variations sur un thème original, op.
5, Vienne, Haslinger, et huit variations brillantes
sur la Marche de Fidelio, op. 6 , Vienne, Cappi.
BCHEHMER (Dav;d-Abuaiiam), virtuose sur
le ba<:«on, au service du duc de Saxe-GOtha, na-
quit à Muskau, dans la haute Lusace, le 9 mai
1709, et commença à l'âge de cinq ans l'étude
du violon chez son père; mais à douze ans il
quitta cet instrument pour le basson, sur lequel
il acquit une grande habileté. En 1726 , il entra
avec son père (Samuel Bœhmer, né à Schlich-
tingsheim , ville de la grande Pologne, le 3 oc •
tobre 1678), au service du comte de Schiienaich
Carolath. Celui-ci prit tant d'intérêt à ce jeune
virtuose, qu'il l'envoya à Berlin pour y prendre
des leçons du célèbre bassoniste Guttofsiky al:n
de se perfectionner. Après le décès de son père,
il alla à Gotha et s'y établit. Il y est mort en
1786. Sa sœur, Eslher-Hélène, née le 18 août
1724, fut [très-habile violoncelliste. Bœhmer a
laissé en manuscrit quelques solos pour son ins-
trument.
Un autre musicien nommé Bœhmer (Jean-
Sébastien), musicien de la chambre du roi de
Saxe, mort à Dresde le 23 mai 1819, a publié
des polonaises pour le piano, à Hanovre, chez
Kruschwilz.
BOEHMER (Charles), fils de Jean-Sébas-
tien, est né à Dresde en 1802. Il n'était âgé que de
treize ans, lorsqu'ildonna, au mois de janvier 1815,
des concerts à Berlin, dans lesquels il fit ad-
mirer son habileté sur le violon. Fixé dans cette
ville depuis cette époque, il y a été employé à
l'orchestre du théâtre royal; mais il s'est attaché
postérieurement à l'alto, dont il joue avec un
talent remarquable. Bœhmer s'est fait connaître
comme compositeur par la musique de quelques
petits opéras, entre autres die Zauberruthe
(la Baguette enchantée), et der Meerkônig
und sein Liebchen (le Roi de la mer et sa mat-
tresse), dont les ouvertures à grand orchestre
ont été publiées à Berlin, chez Bote et Bokc. Ou
472
BOEHMER — BOEHNER
a aussi de lui quelques thèmes variés et des
fantaisies pour violon et orchestre ou qua-
tuor, op. 19, 21 et 30, ibid., des duos concer-
tants pour deux violons, op. 8, 12, 10, 22, 39, et
40, ibid., des duos pour piano et violon, op. 6,
7, ibid., etc. ; des ouvertures et entr'actes pour
orchestre, op. 43 et 55 ; Berlin, Haecker.
BOEHMER (Jean-Georges) , cautor et di-
recteur de musique à Lauban , dans la première
moitié du dix-neuvième siècle, a fait insérer dans
l'écrit périodique publié à Breslau , sous le titre
Eutonia, une dissertation sur la musique d'é-
glise considérée comme moyen de sanctification
du culte évangélique (t. V, p. 23-43). Dans le
même recueil il a donné une autre dissertation
sur l'usage du chant dans les funérailles {Euto-
nia, 1832, t. VII, p. 1-15), et une troisième sur
les collections de musique à l'usage du culte
évangélique (ibid., p. 97-118).
BCfflHNER (Jean-Locis) , pianiste, orga-
niste distingué, et compositeur, est né le 8 jan-
vier 1787, à Toesselslœdt, dans le duché de
Gotha. Son père, né à Dietharz, dans la forêt de
ïhuringe, et qui fut pendant plus de quarante
ans organiste à Toesselslœdt, lui donna les pre-
mières leçons de musique. Le talent qu'il avait
reçu de la nature se développa avec tant de ra-
pidité, qu'à l'âge de dix ans il jouait avec ha-
bileté de l'orgue, du clavecin et du violon, et
que, sans avoir reçu aucime leçon d'harmonie
ou de contre-point, il écrivait de la musique dans
le style d'église. Ayant été envoyé à Erfurt pour
y faire des études au gymnase, il négligea les
lettres et les sciences pour la musique, qui était
pour lui l'objet d'une véritable passion. Kluge lui
donna des leçons d'orgue, et il apprit la compo-
sition sous la direction du maître de concert
Fischer. Les fréquentes occasions qu'il eut d'en-
tendre Kittel , un des meilleurs élèves de J.-S.
Bach, exercèrent sur son talent la plus heureuse
influence. Déjà il avait acquis de profondes con-
naissances dans son art, lorsque Spohr fut en-
gagé au service de la cour de Gotha ; cette cir-
constance détermina Bœhner à aller fixer son
.séjour dans cette ville. En 1808, il alla à léna,
oii son talent le fit rechercher par tous les ama-
teurs de musique : il y fit la connaissance de
Gœlhe et de Falk, et ces deux hommes célèbres
goûtèrent la tournure de son esprit. C'est à cette
époque que l'originalité de Bœhner, sa sauva-
gerie, sa naïveté, commencèrent à être remar-
quées; toute sa personne,et même la gaucherie
de ses manières, contribuaient à faire de lui un
être extraordinaire dont l'esprit observateur
de Hoffmann fut frappé. Cet écrivain de génie
eut bientôt aperçu le parti (jiril pouvait tirer
d'un tel modèle : il en fit le type de son excel-
lente création du maitre de chapelle Kreissler.
L'originalité de leur esprit et le goût du vin ,
qu'ils avaient tous deux, eurent bientôt rappro-
clié ces deux hommes singuliers : ce fut, dit-on,
dans leurs fréquentes libations que le célèbre
romancier fit des études sur Bœhner pour son
bizarre maître de chapelle.
Décidé à ne pas se mettre dans la dépendance
d'une cour, d'une école publique ou d'une
église, Bœhner voulut chercher dans le li-
bre exercice de son talent des ressources pour
son existence, et les voyages et les concerts
lui parurent le moyen qui pouvait le mieux réa-
liser ses vues. Il écrivit alors plusieurs mor-
ceaux, notamment son concerto de piano en ut
majeur (œuvre dixième) pour l'usage de ces con-
certs, et, après les avoir terminés, il visita Erfurî ,
Meinungen, Hildburghausen, Cobourg, Nurem-
berg, Erlangen, Wiirzbourg, etc., recueillant par-
tout des applaudissements et quelque argent que
le cabaret ne lardait point à lui enlever. Quelque-
fois il .s'arrêtait, séjournait dans l'endroit qui lui
plaisait, et vivait du produit des leçou.s qu'il
donnait aux amateurs. De retour à Gotha, il y
resta peu de temps, et entreprit un second voyage
plus étendu qui le conduisit à Stuttgard, Stras-
bourg, Colmar, puis à Bâle, Zuricb et dans pres-
que tontes les villes de la Suisse. Les troubles
politiques et le mouvement des armées l'obligè-
rent à s'arrêter et à suspendre l'exécution du
projet qu'il avait conçu d'un long voyage en Ita-
lie. 11 retourna à Nuremberg, y fut accueilli avec
empressement, et y vécut pendant cinq ans, par-
tageant son temps entre la composition et les
I leçons qu'on lui demandait de toutes parts. Il y
; . écrivit trois concertos de piano, et un opéra
' Der Dreijherrensteïn, qui n'a jamais été repré-
. sente ni imprimé, et dont on n'a publié que l'ou-
( verture. Pendant son séjour en cette ville, il fit
un voyage sur le Rhin, visita Manheim, Heidel-
berg, Darmstadt et Francfort , donnant partout
des concerts d'orgue, et faisant admirer son ha-
bileté sur cet instrument. Puis l'inconstance de
ses goûts le ramena à Gotha, et en 1819 il re-
commença ses voyages, se rendit à Hambourg,
et de là passa en Danemark. L'année suivante il
se retira dans le lieu de sa naissance, et depuis
lors, il y a vécu seul , éloigné de toute société ,
n'ayant pour exister que le faible produit de ses
ouvrages, et faisant consister tout son bonheur
dans l'exercice de son art, et dans ses prome-
nades solitaires au sommet des montagnes ou
dans les bois. Toute contrainte, toute obligation,
ordinaire de la vie lui est insupportable. On
assure qu'il occupe une partie de son temj)s a
BOEHINER — BOELY
473
écrire sa propre biographie sous le point de vue
original où il se considère lui-ni^ine ; si cet ou-
vrage parait un jour, il ne manquera pas d'exci-
ter la curiosité, quel que puisse être d'ailleurs le
talent de l'écrivain. En 1840, Boeliner a reparu
sur la scène du monde musical, par les concerts
d'orgue qu'il a donnés à Francfort-sur-le-Mein.
Comme instrumentiste, les éloges accordés par
les Allemands à Bœhner ne laissent point de
doutesurson habileté : comme compositeur, il ne
se recommande guère que par une bonne facture,
et l'art de développer des idées peu remarquables.
L'originalité manque à sa pensée, et ce n'est pas
un médiocre sujet d'étonnement que de ne trou-
ver que des idées ordinaires dans les productions
d'un homme si peu semblable aux autras. La fé-
condité est, dit-on, un des signes caractéristiques
du génie ; chez Bœhner, elle n'a été que le résultat
des travaux. Singularité assez remarquable, loin
de prendre la teinte de l'état morose de l'âme de
l'artiste, sa musique est empreinte d'un carac-
tère de gaieté. Parmi ses nombreux ouvrages,
on remarque : 1" Sérénade pour deux violons,
alto, flûte obligée, deux cors, basson, violon-
celle et contre basse, op. 9; Leipsick, Breitkopf
et Haertel. — 2° Trois marches en harmonie
militaire; Augsbourg, Gombart. — 3° Deux re-
cueils de danses à grand orchestre ; ibid. — 4"
Des quatuors pour deux violons, alto et ba.sse.
— 5° Une fantaisie avec variation pour clarinetle
et orchestre, op. 21; Leipsick, Breitkopf et
Haertel. — 6° Variations pour cor, avec qua-
tuor, op. 24 ; Mayence, Schott. — 7° Concertos
pour le piano avec orchestre, oeuvres?, 8, 11 ;
Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 8" Concerto en
fantaisie, op. 13; Leipsick, Hofmeister. — 9°
idem , op. 14; ibid. — 10° Quatuor pour piano,
violon, alto et basse, op. 4; Leipsick, Breitkopf
et Haertel. — 9° Sonate pour piano et violon, op.
37 ; Copenhague, Lose. — 12° Walses à quatre
mains; Leipsick, Hofmeister. — 13o Sonates
pour piano seul, op. 15 ; ibid. — 14» Fantaisies,
caprices, bagatelles, etc., pour piano, op. 19,
22, 31, 91, 92; Leipsick, Hambourg, Francfort
et Augsbourg. — IS" Variations pour le même
instrument, op. 3, 6, 12,20,51,53, 55; Leipsick,
Cobourg, Offenbach, Bonn et Nuremberg. —
16° Recueils de danses et de walses pour lepiano,
op. 4, 36,43, 44, etc.; Leipsick, Bonn, Offenbach,
Hambourg, Erfurt et Augsbourg. — 17° Plusieurs
recueils de chansons allemandes, avec accompa-
gnement de piano. — 18° Des pièces d'orgue. —
19° Des ouvertures à grand orchestre. — 20° Un
opéra intitulé : Der Dreyherrenstein. — 21° Des
motets. Son dernier ouvrage, qui porte le nu-
méro d'œuvre 120, consiste en variatious pour
le piano avec orchestre, sur une valse suisse.
BOELSCHE (Jacques), bon organiste et
compositeur, né à Muhen près de Celle, dans le
Hanovre, fut d'abord organiste au bourg d'Hoya,
près de Burgdorff, ensuite à Brunswick, vers
1669. Il mourut dans cette ville en 1684. Wal-
ther dit qu'il avait écrit des pièces de clavecin
fort bonnes.
BOELY (Jean-François), est né en 1739 à
Pecquigny, en Picardie, et a fait ses études mu-
sicales et littéraires, comme enfant de chœur, à
la cathédrale d'Amiens. Lorsqu'ileut atteint l'âge
de vingt ans il se rendit à Paris et entra à la
sainte chapelle du palais, en qualité de haute-con-
tre. Il y restajusqu'à l'âge de trente-six ans, et dut
prendre la tonsure , le titre et le costume d'abbé;
mais une place de chanteur delachapelle du roi,
à Versailles, lui ayant été donnée, il alla se fixer
dans cette ville, et reprit l'habit séculier. Devenu
libre de se marier par son changement de posi-
tion, il épousa la fille de Levesque, musicien or-
dinaire de la chapelle du roi, gouverneur des
pages de la musique, et l'un des éditeurs du
solfège d'Italie. Après avoir perdu sa iemme, il
se retira à la maison de Sainte-Perrine de Chail-
lot, en 1809, et y mourut au commencement de
l'année 1814. Boëly, auteur de motets et de di-
vers morceaux de musique d'église, avait appris
les règles de l'harmonie d'après les principes de
Rameau, et son admiration pour le système de
la basse fondamentale allait jusqu'au fanatisme.
Choqué de voir écarter ce système de l'ensei-
gnement de l'harmonie, dans le traité que Catel
avait composé pour l'usage du Conservatoire et
qui avait paru en 1802, il écrivit une longue
critique de cette nouvelle théorie, et lui donna le
titresuivant : Le Partisan zélé du célèbre fonda-
teur de V harmonie aux antagonistes réforma-
teurs de son système fondamental, ou Obser-
vations rigoureuses sur les principaux, articles
d'un nouveau traité, soi-disant d'harmonie^
substitué par le Conservatoire de Paris à
l'unique chef-dœuvre de l'art musical. Boëly
démontrait assez bien dans cet écrit, quoiqu'en
fort mauvais style, que les bases du système de
Catel, prises dans les divisions arbitraires du
monocorde qui donnent l'accord de neuvième
majeure de la dominante, sont illusoi:«:sen fait,
et insuffisantes dans leur application. Il envoya
son manuscrit à Gossec, qu'il considérait comme
le chef du Conservatone, l'invitant à lui en donner
son avis. Assez irritable dans son amour-propre,
Gossec répondit, le 24 octobre 1806, une lettre
courte, sèche, injurieuse et peu sensée, au parti-
san de la basse fondamentale, qui de son côté
accabla de son indigaation son antagoniste muU
474
BOELY — BOESSET
nvisé, etfitimprimer foute lii correspondance avec
l'ouvrage qui l'avait fuit naître. Son livre parut
sous ce titre singulier : Les véritables causes
dévoilées de Vétat dHgnorance des siècles
reculés, dans lequel rentre visiblement au-
jourd'hui la théorie pratique de l'harmonie,
notamment la profession de cette science.
Offres généreuses de Ven faire sortir prompte-
ment, faites à M. Gossec, chef des professeurs
en cette imrtie, au Conservatoire impérial de
musique, qui n'a point eu la modestie de les
accepter. Réponses indécentes de ce chef aux
lettres suivantes sur ces différents objets, par
M. Boëly, ancien artiste musicien, retiré à
lamaison de Sainte- Pcrrine, àChaillot ; Paris,
1806, un vol. in-8° de xxx et 157 pages. Cette
publication n'eut pas i'eflet que l'auteur s'en
était promis. Le style du livre était inintelliyble,
et personne ne le lut.
BOELY (Ale\andre-Pierre-Fr\nçois), (ils
du précédent, est considéré par tous les artistes
qui ont connu son talent comme un pianiste
Irès-distingné, et comme un hon organiste dans
la manière classique. 11 est né à Versailles, le
19 avril I78j. Dès l'âge de cinq ans, il apprit la
musique sous la direclion de son père et de sa
mère ; puis il continua l'étude du solfège con-
jointement avec les pages de la musique du roi.
Admis plus tard comme élève au Conservatoire
de musique, il se livra à l'étude du violon, et
reçut des leçons de piano de Ladurner. A l'âge
de quinze ans il dut sortir du Conservatoire
pour suivre son père, que des circonslances dif-
ficiles obligeaient à aller vivre en province. Il y
passa deux années privé de tout secours de bons
professeurs. De retour à Paris, il espérait ren-
trer au Conservatoire; mais il n'y put parvenir,
à cause de la rancune qu'on y avait contre son
père. Il s'en consola en se livrant seul à des
études persévérantes sur un art qui avait été
toujours pour lui l'objet d'une ardente passion.
Son père lui avait donné quelques leçons d'har-
monie d'après le système de RaméSu; il dut
réformer par la lecture des bons ouvrages clas-
siques les faux principes qu'il y avait puisés.
L'exécution des belles œuvres de Bach, de Ilaen-
del, de Haydn et de Mozart lui en apprit pour
la pratique plus que tout ce qu'il avait lu dans
les livres. Cette étude a donné à son talent un
caractère particulier presque entièrement ignoré
de nos jours et très-diftérent de la manière des
autres pianistes. Comme compositeur, M. Boély
n'a pas recherché les succès populaires; mais il
a conquis l'estime de tous les connaisseurs. Sa
musique est grave, en général correcte, profon-
dénseut pensée, et l'on y trouve partout le sen- I
timent consciencieux de l'artiste qui obéit à son
instinct au lieu de suivre les formes à la mode.
Vers 1830, il s'est livré spécialement à l'élude
de l'orgue, et a acquis sur cet instrument un ta-
lent distingué, mal apprécié à Paris, où le style de
l'orgue est soumis comme toute autre musique
aux futilités de la mode. M. Boëly a été pendant
plusieurs années organiste de l'église Saint-Ger-
main l'Auxerrois. Ses ouvrages publiés sont :
Op. 1 , Deux sonates pour piano seul, dédiées à
Ladurner; Paris, chez l'auteur. — Op. 2, Trente
caprices, ou Pièces d'étude, dédiés àM"'<; Bigot;
Paris, Janet et Cotelle. —Op. 3, Air de Richard,
varié pour piano et violon ; Paris, Pleyel. —
Op. 4, Duo pour piano à 4 mains; Paris, Ri-
chault. — Op. 5, Trois Trios pour violon, alto et
violoncelle ; ibid. — Op. 6, Trenteétudes, dédiées
à Kalkbrenner ; ibid. — Op. 7, Deux caprices
à4mainsetun àS mains; Paris, Prilip. — Op. 8,
Caprice pour piano seul ; Paris, v^ Launer. —
Op. 9, Quatre oliértoires pour l'orgue; Paris, v«
Canaux. — Op. 10 , Messe de Noël pour orgue;
ibid. — Op. 11, Quatorze pièces d'orgue; ibid.
— Op. 12, Vingt-quatre pièces d'orgue; ibid. —
Op. 13 , Troisième suite d'études pour piano, dé-
diée à Cramer, Paris; Richault. — Op. 14, Douze
petites pièces pour l'orgue expressif; Paiis, v» Ca-
naux.— Op. 15, Quatorze cantiques de Druizet
pour l'orgue avec pédale obligée; ibid. Boëly
est mort à Paris le 27 décembre 1858, à l'âge de
soixante-treize ans.
BOEIV (Jea\), écrivain du moyen âge sur
la musique, est auteur d'un traité sur cet ait que
M. Danjou {voy. ce nom) a trouvé parmi les ma-
nuscrits de la Bibliothèque du Vatican, à Rome ;
mais jusqu'à ce jour il n'en a pas fait connaître
le contenu.
BOENiCKE (Hekmann), professeur de mu-
sique et organiste de l'église Saint-Benoît à
Quedlinbourg, est né à Endorf, le 26 novembre
1821. Krerner a publié des pièces de la compo-
sition de cet artiste dans son Journal d'orgue
(Erfurt, sans date, in-4" obi.).
BOERItlS (Nicolas). On a sous ce nom un
poëme latin et allemand sur léchant desoiseaux
et sur ses rapports avec la musique, sous ce ti-
tie : Ornithofonia, sive Uarmonia mcticarum
avium, juxta naturas, virtutes et proprie-
tales suas; Brème, 1695, in-4°.
BOESSET (Antoine), sieur deVilledieu,
écuyer, intendant delà musique du roi Louis XIII,
paraît être né vers 1585. En 1615, il fut nommé
intendant de la musique de la reine, puis maî-
tre de la musique du roi en 1617, intendant de
sa musique en 1627, surintendant de la musique
du roi et de la reine en 1G32-I6'i3, conseiller
BOESSET
47i
du roi en ses conseils, et son maître tl'liôtel.
i.a liorde M {Essai sur la Mus'kiuc) qu'An-
toine Boessel niournl en 1G8G; mais c'est évi-
demment une erreur, car il aurait eu alors
environ cent ans, étant déjà intendant de la mu-
sique de la reine soixante-onze ans auparavant.
D'ailleurs un acte porté sur le registre de décès
de Saint-Eustaclie, le jeudi 10 décembre IC43,
et découvert par M. Beffara, contient ce qui
suit : a Couvoi et service complet de 50 s.
« pour défunt M. Boesset, vivant conseiller du
a roi, surintendant de la musique des chambres
« du roi et de la reine , demeurant rue Vivien
« (Vivienne), et son cor[)S en l'église de Mont-
» martre, 45 livres. » Boesset avait épousé la fille
deGuedron, qui fut aussi surintendant de la mu-
sique de Louis XIII. Cet artiste a joui d'une
grande célébrité en France, à cause de ses airs
à plusieurs parties : 1" Le premier recueil de ses
compositions a paru sous ce titre : Airs de cour
à quatre et cinq parties ; Paris, Ballard, 1617,
in-S" obi. — 1° Deuxième livre d'airs de cour à
quatre et cinq parties, ibid., 1C20. — 3° Troi-
sième livre d'airs de Boesset à quatre et cinq
parties; ibid., 1621, in-8° obi. — 4° Quatrième
livre d'airs de cour à quatre et cinq parties par
Antoine Boesset, intendant de la musique du roi
et de la reine ; ibid., 1624.— 5» Cinquième livre
idem; ibid., 1626, in-8°obl. — 6° Sixième livre
idem; ibid., 1629, in-S» obi. — 7° Septième li-
vre idem; ibid., 1630, in-8" obi. - 8° Huitième
livre idem,! ibid., 1632, in-8'' obi. —9" Neu-
vième livre idem; ibid., 1642. Ces neuf livres ont
été réimprimés chez Ballard en 1689, in-8°obl.
Le dixième livre a pour titre : Airs de cour
en tablature de luth; il n'a été publié qu'a-
près la mort de Boesset. Une traduction an-
glaise du premier livre de ces chansons a été
publiée sous ce titre : Court-Ayres, tvifh their
duties englished; Londres, 1629. La Biblio-
thèque impériale, à Paris, possède un recueil de
motets manuscrits de cet auteur. Boesset a écrit
aussi la musique de beaucoup de ballets pour la
cour, dans l'exercice de ses fonctions auprès du
roi et de la reine. Voici ceux dont on a recueilli les
titres : 1° Ballet (sans nom), en 1613 ou 1614.
— 2" Ballet des Dix Verds, en 1614, en collabo-
ration avec Gabriel Bataille. — 3" Ballet (sans
nom), en 1615. — 4° Ballet ( sans nom), en 1616
ou au commencement de 1617. Ce ballet a été
dansé par Louis XIII, le 29 janvier 1617. Boes-
set en avait composé la musique avec Guedron
et Mauduit. — 5° Ballet (sans nom), en 1618. —
6° Ballet de la reine, en 1620. — 7° Apollon,
ballet, en 1621. — 8° Ballet du Soleil, en 1621.
9" i.e récit de la vertu à la reine, dans le
Ballet sans lilre, 1621.-10° Ballet du l'oi, en
1622. — ir Ballet de Monseijncur le Prince,
iG9.2.— n" Ballet de la reine, 1622. — 13" Les
Villageois tireurs de bottes, 1622. — 14° Les
airs du ballet des Bacchanales, 1623. — 15° Les
Fêtes de Junon, 1623. — 16°Z,e Ballet des vo-
leurs, 1624. — 17' Les Fêtes des forêts de
Saint-Germain, 1625. — 18" B^cit du grand
ballet delà douairière Billebahault, 1626. —
19" Ballet de Monsieur, 1627. — 20" Les Nym-
phes bocagères, 1627. — 21° Le Sérieux et le
Grotesque, 1627. — 22° Ballet des Triomphes,
1635. — 23° Petite pastorale. — 24° Bécit
ù'Orphée.
BOESSET (Jean ou Jean-Baptiste) , fils
d'Antoine, né en 1612, chevalier, seigneur de
Ilault, gentilhomme ordinaire du roi, conseiller,
maître d'hôtel du roi et de la reine, maître et
surintendant de la chambre, en survivance de
son père. En 1635 il fut titulaire de cette place,
aux faibles appointements de 450 livres. Il joignit
à cette charge, en 1665, celle de maître de la mu-
sique de la reine mère. 11 mourut le 25 décembre
1685, et non en 1686, comme le dit La Borde,
qui n'a pas connu l'existence de Jean-Baptiste
Boesset, etqui l'a confondu avec Antoine. Un pre-
mier livre d'airs à trois et à quatre parties, com-
posé par Jean-Baptiste, a été publié chez Ballard
en 1669; le deuxième a paru en 1671, chez le
même imprimeur. Ce musicien a aussi composé
la musique des ballets dont les titres suivent :
1° Ballet du temps {\Gbk), en collaboration avec
Molière, musicien de la chambre. —1'^ Alcidione
(1658), avec le môme. —3" La Mort d'' Adonis.
— 4° Le Triomphe de Bacchus dans les Indes
(1666), avec d'autres compositeurs. — b° Con-
certs de la musique de la chambre de la reine,
1667. Antoine Boesset et Jean-Baptiste, son fils,
ont eu aussi la charge de maître des enfants de
cbœnr, avec 720 livres de gages.
BOESSET (Clalde-Jean-Baptiste), fils de
Jean-Baptiste et de Marguerite Loret, né vers
1636, écuyer, seigneur de Launay, fut nommé
surintendant de la musique de la chambre du
roi en survivance de son père, le 10 septembre
1667. En 1674, Louis XIV donna à Boesset fils
la survivance de la ciiarge de maître de la musi-
que de la reine mère ; Boesset la vendit à Lo-
renzani, compositeur romain, qui avait été pré-
cédemment maîtie de chapelle à Messine {voy.
le Journal et Dictionnaire des bienfaits du roi ,
Mss. de la Bibliothèque impériale de Paris) Claude
Boesset a écrit pour le service de la cour:
1° Alphée etAréthuse, ballet, au mois d'octobre
1686. —2° Divertissement pour le retour du roi
à Versailles, en 1687. On a de lui un recueil.
476
BOESSET — BOHDANOWICZ
d'airs à deux voix, dans la manière de Lambert,
sous le titre de Fruits d'automne; Paris, Bal-
lard, 1684, in-S" obi.
BOETTICHER (....), bonne basse clian-
tante, né à Mùiilliausen, dans la Tburinge, se (it
d'abord connaître dans sa ville natale, où il était
encore en 1835; mais dans l'année suivante il fut
attaché au théâtre royal de Berlin, et y brilla
jusqu'en 1847. Il chanta aussi avec succès dans
les voyages qu'il fit à Prague en 1838, à Vienne
en 1841, et à Hambourg en 1842. Retiré du théâtre
de Berlin en ! 848, il paraît avoir disparu du monde
musical depuis cette époque.
BOETTIGER (Charles-Auguste), conseiller
de cour à Dresde, né à Reichenbach le 8 juin
176?, mort à Dresde le 17 novembre 1835, s'est
fait connaître par divers écrits au nombre des-
quels onremarqueune dissertation sur l'invention
de la (lùte (en allemand), qui a été insérée dans
le Muséum attique de Wiehnd, tome l", n° 2.
Cette dissertation a pour titre : Abhandlung
ûber die Erfindting der Flote.
BOETTiVER ( Jean-Chkétien), organiste à
Hanovre et professeur de musique au séminaire
royal de celle ville, a publié, en 1787, des pré-
ludes d'orgue pour des chants chorals, sous ce
titre : Choralvorspiele fur die Orgel. Un recueil
manuscrit d'autres préludes, daté de 1794, est in-
diqué dans le catalogue de Westpiial. Cet artiste
est mort à Hanovre en 1795
BOEUF (LE), organiste d'Argenleuil, des
dames de Saint-Thomas, desrécolletsdela rue du
Bac, et de l'église de Sainte-Geneviève de Paris,
succéda à Dornel dans cette dernière place. II
était né vers 1730. On a de lui un recueil de canta-
tilles françaises; Paris,sansdate. lia publié aussi :
Traité d''harmonie et règles d'accompagnement
servant à la composition , suivant le système
de M. Rameau; Paris, 1768, in-4°obl. M.Qiiérard
indique une édition de cet ouvrage sous la dale de
1774, in-S"; je la crois imaginaire. Le Bœuf vivait
encore en 1782.
BOGENHARDT (Gustave-François), né
à Biiclia, près de Memmleben en Saxe, le 3 no-
vembre 1809, fut d'abord cantor et directeur
d'un chœur d'hommes à Lodersleben, près de
Querfurt. Il occupait cette place en 1833. Trois
ans pins tard il fut appelé à Hildburghausen,
comme professeur de musique du séminaire. On
ignore les motifs qui lui firent abandonner cette
position pour aller s'établir à Erfurt comme pro-
fesseur de chant, en 1842; mais il retourna bien-
tôt après à Hildburghausen, et y mourut le
31 juillet 1845. On a imprimé de ce professeur
im recueil de chants pour une ou plusieurs voix,
à l'usage des écoles, sous ce titre: 120 ein-und
mehrstinmiige Liederfûr Schulen. Hilburghau-
sen, Kesselring, s. d. ( 1842).
BOGENTANTZ (Bernardin), né à Licgnilz,
en 1494, fut professeur de musique à Cologne.
Il s'est fait connaître par un traité élémentaire
de musique et de chant, dont la première édition a
pour titre : Collectanea utriusque çantus Ber-
nardini Bogentantz Legnitii Musicam discere
cupientibus oppido necessaria. Petit in-4° de
le feuillets non chiffrés, imprimé en caractères
gothiques, sans nom de lieu et sans date. L'épître
dédicatoire est datée de Cologne, le 10 des ca-
lendes d'octobre 1515. La deuxième édition est in-
titulée; Rudimenta utriusque cantus ;Co\ogne,
1528, petit in-4"'.
BOHAK (Jean-Baptiste), très-bon facteur
d'orgues et de pianos, à Vienne, vit le jour à
Necbaniez, en Bohême, le 3 juin 1755. Dans sa
jeunesse, il fut mis en apprentissage à Keckno,
près de Jaranowicz, chez le fadeur d'orgues
Schreier, qu'il quitta quelque temps après pour
se rendre chez le fameux facteur Joseph Strus-
sel , de Krulich, dans la Transylvanie. Devenu
habile ouvrier, il retourna à Vienne, puis se
rendit à Raab, où il avait construit un orguf
neuf avec son maître en 1777 et 1778. Plus tard
il s'établit à Vienne ; vers 1795, il y jouissait de
la réputation d'un habile constructeur d'instru-
ments. On connaît de lui de belles orgues en
Moravie et en Autriche, et ses pianos sont ré-
pandus en Hongrie, dans la Croatie, la Dalma-
tie, et à Venise. Boliak mourut à Vienne en 1805.
BOHDANOWICZ ( Blaise de) , violoniste
et compositeur, naquit en Pologne en 1754. Père
de huit enfants, il cultiva avec soin leurs dispo-
sitions pour la musique. Depuis plusieurs a/inées
il était fixé à Vienne, lorsqu'il imagina de tirer
parti du talent de ses enfants dans un concert
extraordinaire qu'il annonça par une affiche où
toutes les ressources du charlatanisme avaient
été réunies. On y disait d'abord que rien de com-
parable n'avait été entendu dans le monde; puis
venait l'énumération pompeuse de toutes les cu-
riosités de ce concert d'espèce nouvelle. Le pre-
mier morceau était une sonate pour violon seul
exécutée par trois personnes sur un seul instru-
ment, avec douze doigts et trois archets. Cette so-
nate avait pour titre : Les Prémices du monde.
Elle était suivie d'un andantino avec des varia-
tions exécutées par les quatre sœurs Bolidano-
viifz sur un seul piano avec huit mains ou qua-
rante doigts , et d'une symphonie vocale sans
paroles pour neuf voix. Le troisième morceau
était un trio pour deux voix et un silfleur, avec
accompagnement d'orchestre, de trompette
obligée et de cymbales. Puis venaient des raor-
BOHDANOWICZ — BOIIRER
'477
ceaux avec des imitatioas de chants d'oiseaux
et de ciis de didercuts animaux. Tous les mor-
ceaux de ce concert avaient été composés par
Bolidanowicz. En 1798, il avait déjà publié à
Vienne un duo pour piano à quatre mains inti-
tulé : Daphnis et Phtlis ; plus tard il fit paraître
un recueil de polonaises, trois duos pour deux
violons, et plusieurs morceaux détachés. On cite
aussi de lui une symphonie intitulée : Die Hcr-
mannsschlacht (la Bataille deHermann) pour
trois orchestres sans violons, et une ouveiture
militaire avec coups de pistolets, décharges de
mousquelerie et coups de canons. Cet ai'tisteest
mort à Vienne en 1319, ou, suivant d'autres ren-
seignements, en 1814.
BOHLEIV (Adrien), compositeur, naquit le
19 octobre 1079, à Aurich en Ostfrise, où son
père était chantre. Les premiers principes de la
musique lui furent enseignés dans la maison pa-
ternelle; Druckmùller, organiste à Norden, lui
donna ensuite des leçons de clavecin. En 1097,
il se rendit à Wittemberg pour y étudier la
théologie, et trois ans après il obtint le cantorat
de sa ville natale. En 1702, il passa à Hambourg,
où il fut nommé directeur de nuisique; enfin,
en 1705, il fut appelé à Jever en qualité de
canlor. II est mort dans ce lieu le 17 mars i727.
Bohien a laissé en manuscrit plusieurs années
complètes de musique d'église.
BOHRER (Gaspard), chef d'une f;imille
d'artistes qui s'est rendue célèbre, naquit à
Manheim en 1744. Il fut attaché à l'orchestre <ie
la cour en qualité de trompette; mais Aloïsio
Marioni lui ayant enseigné la contrebasse , il
acquit un si beau talent sur cet instrument, qu'il
laissa loin de lui tous ses prédécesseurs et ses
contemporains. 11 l'ut appelé à Munich pour y
remplir les fonctions de première contrebasse à
l'orchestre de la cour, vers 1778, et mourut dans
cette ville, le 14 novembre 1809.
BOHRER ( Antoine ), troisième fils de Gas-
pard, naquit à Munich, en 1783 (1). Il reçut de
son père les premières leçons de musique, et
étudia la composition sous le maître de chapelle
François Danzi. Ayant fait un voyage à Paris avec
Cannabich, il reçut des leçons de violon de
(1) On lit dans l'Encyclopédie musicale , publiée par
M. Sciiiling, que Maï Bohier naquit en 1790 et Antoine en
1791; c'est une double erreur; car Antoine est l'ainé des
deux frères. Quant aux dates de leurs naissances, Je les ai
prises dans le Lexique des musiciens bavarois de Lipowsky.
Cet auteur écrivait à Munich en 1810; il était à la source
des renseignements, et a du être mieux informé. D'ailleurs,
tes dates qu'il indique coïncident mieux avec la réputation
qu'avaient déjà acquise les frères Bohrer en 1801.
Gassner fait naître Antoine Bohrer en 1791, et Max en
1793. ( Voy. Vniversal- Lexikon der Tonkunst, p. 1«.)
R. Kreutzer. De retour dans sa pairie, il y fut
nommé violon de l'orchestre de la cour, et peu
de temps après il fit avec son père un voyage
en Autriche et en Bohême. L'année suivante il
partit avec son frère Maximilien, et visita la
Suisse, une partie de la France, les villes de la
confédération du Rhin, la Saxe, la Prusse, etc.
Les deux frères donnèrent des concerts dans
toutes les grandes villes de ces divers pays, et
partout ils obtinrent des applaudissements. De
retour à Munich, ils se préparèrent à des excur-
sions lointaines par, des éludes d'ensemble qui
ont été l'origine des succès qu'ils obtinrent en-
suite. En 1810 ils entreprirent le grand voyage
qu'ils méditaient depuis plusieurs années. Après
avoir visité les grandes villes de l'Allemagne,
ils se rendirent en Hollande , retournèrent en-
suite en Allemagne, parcoururent la Hongrie,
la Bohème, la Pologne et la Russie. Une maladie
dont Antoine fut atteint à Kiew retint les deux
frères dans cette ville pendant quatre mois. Ils
visitèrent ensuite Moscou, d'où ils s'enfuirent à
l'approche des Français; mais ils furent arrêtés
par un parti de Cosaques qui les conduisit chez
le général Seblowsky. Ce général avait ordre de
faire conduire en Sibérie tous les prisonniers
allemands, et surtout les sujets du roi de Ba-
vière, contre qui l'Empereur conservait beaucoup
de ressentiment. Les deux artistes furent sauvés
par leur talent. Amateur passionné de musique,
le général Seblowsky ne put résister au plaisir
que lui faisaient éprouver les frères Bohrer; il
leuraccorda la liberté dese rendre à Pétersbourg ;
et, pour les soustraire au danger du voyage, il
les y envoya en qualité de courriers du gouver-
nement. Après une année de séjour dans cette
ville, ils parcoururent la Finlande, la Suède, le
Danemarck, et se rendirent à Hambourg, où ils
s'embarquèrent pour Londres. Vers la fin. de
l'année 1814, ils retournèrent à Munich pour y
visiter leur famille. L'année suivante, ils firent un
nouveau voyage en France, et vinrent à Paris,
où ils donnèrent des concerts dans lesquels ils
firent entendre des fantaisies pour violon et vio-
loncelle sans accompagnement, qui obtinrent le
plus brillant succès, tant à cause de l'originalité
des thèmes, que par l'ensemble parfait qui régnait
dans l'exécution. A la vérité, ce succès fut dû
principalement au talent de Maximilien Bohrer:
le jeu d'Antoine , quoique agréablement fini , ne
pouvait produire de vive sensation dans une ville
où l'on a l'habitude d'entendre des violonistes
du talent le plus remarquable. Antoine Bohrer
tirait peu de son de son instrument, et son style,
bien qu'élégant et gracieux, manquait d'élévation ;
mais il secondait bien son frère dans les mor-
478'
BOHRER
ceatix concertants qu'ils jouaient ensemble. Ces
morceaux sont tous composés par Antoine. 11 a
jiuhlié plusieurs œuvres de quatuors, fie trios,
de concertos, etc., pour le violon. Après avoir fuit
un deuxième voyage en Angleterre , les frères
Bolirer revinrent à Paris et s'y firent entendre
de nouveau aux concerts spirituels de la semaine
sainte. Au mois de mai de la môme année, ils
se rendirent à Berlin , où Antoine obtint le tilre
de maître des concerts et Max celui de premier
violoncelliste de la chambre. Un nouveau voyage
fut entrepris par les deux frères en 1820 ; ils jiar-
coururent toute l'Italie , donnèrent des concerts
à Milan, Vérone, Rome, Naples, etc., et retour-
nèrent à Berlin, en 1824. Des discussions s'étant
élevées entre eux et Spontini, ils quittèrent le
service du roi de Prusse dans l'année suivante.
Antoine détermina son frère à l'accompagner à
Municli par Hambourg. Arrivés dans la capitale
de la Bavière, les deux frères y épousèrent deux
pianistes distinguées, filles de Diilken, facteur
d'instrument de la cour : Max devint le mari de
l'aînée (Louise, née à Munich en 1805), etFanny
(née dans la même ville en 1 807), devint l'épouse
d'Antoine. Ces liens formèrent entre tons ces
virtuoses une nouvelle association artistique dont
on a depuis lors admiré les résultats à Paris. De
retour dans cette ville en 1827, les frères Bohrer
s'y firent entendre avec de nouveaux succès; et,
après avoir fait quelques voyages de peu d'impor-
tance, ils donnèrent dans l'hiver des séances de
quatuors et de quintettes dans les salons de Pape,
où ils firent entendre, avec MM. Tilmant et
Urlian, les derniers quatuors de Beethoven. Ces
séances furent remarquables par la perfection de
l'ensemble et la délicatesse des nuances. La ré-
volution de 1830, funeste aux artistes, détermina
les frères Bohrer à quitter Paris, et, pour la pre-
mière fois, ils se séparèrent. Après avoir fait
quelques voyages, Antoine a obtenu en 1834 le
titre de maître de concert de la cour de Hanovre.
Il est mort dans cette position en 1852. Sa fille
Sophie, né à Munich, en 1828, eut un talent de
pianiste très remarquable, et brilla, avant même
d'être sortie de l'enfance, à Paris, Vienne, Berlin
et Pétersbourg. Elle se trouvait dans cette der-
nière ville en 1848, avec son père. Une mort
prématurée est venue frapper cette jeime fille
qui aurait pris un rang distingué parmi %s ar-
tistes les plus célèbres, si elleeût vécu.
Les compositions de Bohrer sont très-nom-
breuses; elles se font remarquer en général par
le goût et la pureté de style. Parmi ses ou-
vrages, on compte des symphonies concertantes
pour violon et violoncelle, Paris, Pleyel ; quatre
concertos pour violon et orchestre, œuvres 9,
12, 17, et 37, Offenbach et Paris; des quatuors
pour deux violons, alto et basse, op. 23; des trios
brillants pour deux violons et violoncelle, op. 13;
six grands duos brillants pour violon et violon-
celle; un très-grand nombre d'airs variés pour
violon , avec accompagnement d'orchestre , de
quatuor ou de piano; des caprices ou études pour
le violon; des trios pour violoncelle, violon et
alto, op. 14 et 15; et beaucoup d'autres œuvres
de musique instrumentale. Antoine Bohrer a eu
une grande part dans la composition des ou-
vrages pour le violoncelle qui portent le nom de
son frère.
BOHRER (Maximilien), le plus jeune des fils
de Gaspard, naquit à Munich, en 1785, et y prit
des leçons de violoncelle du professeur Antoine
Schwaitz. Il fit des progrès si rapides sur cet
instrument, qu'à l'âge de quatorze ans, en 1799,
il fut admis à l'orchestre de la cour. Il a fait avec
son frère tous les voyages dont nous avons parlé
dans l'article précédent. AprèsavoirenlenduRom-
berg à Vienne , il prit la résolution de choisir
ce grand artiste pour son modèle; mais en éludiant
les parties les plus importantes du talent de ce
virtuose, il les modifia par ses qualités person-
nelles. Lorsqu'on l'entendit pour la première fois
à Paris, son jeu causa autant d'êtonnement que
de plaisir. Les qualités essentielles de son talent
étaient une justesse parfaite, un son pur, et une
facilité extraordinaire à exécuter les passages les
plus difficiles ; mais sa manière manquait de gran-
diose. Après avoir quitté Paris, en 1830, Maxi-
milien Bohrer a fait quelques voyages en Alle-
magne; en 18:'.2 il a obtenu le titre de premier
violoncelliste et de maître des concerts de la cour
de Stuttgard ; et sa femme a été nommée pianiste
de la même cour et maîtresse de pfano des prin-
cesses. En 1838, il fit un second voyage à Péters-
bourg; deux ans ans plus tard il visita toute l'I-
talie, et alla jusqu'en Sicile donner des concerts à
Messine et à Palerme. Dans les années 1842-18^3
il parcourut l'Amérique. En 1847 il entreprit un
dernier voyage dans le Nord , puis se rendit en
Hollande , en Belgique et parcourut l'Angleterre.
Il n'était plus alors que l'ombre de lui-même. Ou
a sous le nom de Maximilien Bohrer trois con-
certos pour le violoncelle , publiés à Paris et à
Berlin , des airs variés pour cet instrument, une
fantaisie avec orchestre sur des airs nationaux
russes, op. 21, Leipsick, Hofmeister, un Rondo-
letto avec quatuor, op. 22, ibid., et des duos
pour violoncelle et violon.
FIN nu TOME PREMIER.
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